128-2 Les abords du Marais Girard

Samedi 29 Octobre, An III (Suite)

Max : « Mon bonome, on remonte en haut de l’estran là. Tu nous emmènes voir quoi ? »

Le chevalier : « Vous verrez 🙂 »

Max : « C’est une surprise ? »

Samuel : « J’aime bien les surprises moi. »

Léo : « Avec le chevalier c’est toujours des bonnes surprises. »

Max : « Regardez un peu derrière nous… »

Léo : « Au premier plan ce sont les coulées de rhyolites. Elles viennent du tout début de la distension de la croûte terrestre, dans Rodinia. Après il y a eu les volcans basaltiques qui ont donné l’océan Centralien. De l’autre côté il y eut Armorica. »

Max : « On a pas dit que quand Rodinia s’est fragmenté il a donné des plaques dont le Gondwana. Ici c’est le Gondwana. Dis bonome, on avait dit que tu répondrais à tes collègues que tu partais en vacances au Gondwana avec tes petizours. Et tu l’as pas fait. »

Le chevalier : « Je n’y ai pas pensé 🙂 »

Max : « Il faudra le faire. On va bien rigoler en voyant leur tête 🙂 »

Léo : « C’est pas tout le monde qui va en vacances au Gondwana 🙂 »

Max : « Dis donc Léonou, on vient pas du même continent tous les deux ! »

Léo : « C’est vrai ça ! Moi je viens du Gondwana alors que toi tu viens d’Armorica ! »

Samuel : « Et moi ? Je viens de quel continent ? »

Max : « Bonome ? Il vient d’où Samuel ? »

Le chevalier : « Pfff… Rodinia s’est fragmenté. Il y a eu une plaque qui correspond à l’ensemble formé par l’Amérique du Nord et le Groenland. Cette plaque s’appelait Laurentia. Elle s’est soudée à Baltica et à Avalonia ce qui a donné la Laurussia. Ces collisions de plaques ont formé la chaîne calédonienne. »

Samuel : « Alors je viens de Laurentia qui a donné Laurussia. »

Le chevalier : « Le nom de Laurentia vient du fleuve saint-Laurent. »

Max : « Bonome, tes trois petizours viennent de trois continents différents 🙂 »

Le chevalier : « Mes trois petizours viennent surtout de ma poche 🙂 Nous voici en haut de l’estran. Regardez moi ça ! »

Max : « Qu’est ce qu’on doit regarder ? »

Le chevalier : « Ben… Là ! »

Léo : « Bonome, j’ai dit à Samuel qu’avec toi les surprises étaient toujours bonnes. Tu me fais passer pour un menteur. »

Max : « Qu’est ce que tu veux qu’on regarde ? La dune ? Les poteaux en bois ? »

Léo : « Ooooh ! Quels beaux poteaux ! »

Le chevalier : « Léo, te moquerais-tu de moi ? »

Léo : « Moi ? Noooonnn… »

Max : « Bonomou, quand vas-tu te décider à mettre ta casquette ? Tu sais bien que le soleil c’est pas bon pour ton cerveau. Après il est tout fondu et tu fais n’importe quoi. »

Samuel : « Chevalier, pourrais-tu nous dire ce qu’on doit regarder ? »

Le chevalier : « Là ! La tourbe fossile ! »

Léo : « La tourbe fossile ? »

Max : « Qu’est ce que c’est que ça ? »

Le chevalier : « Déplaçons-nous un peu… Voilà ! »

Max : « Ah oui, d’accord… Bon, les cousins, ça y est ! Bonome va plus bien du tout dans sa tête. Il a trop réfléchi ce matin et le soleil a achevé son cerveau. »

Léo : « Et il nous montre ça… »

Max : « Qu’est ce qu’on va faire ? »

Léo : « Il est plus sous garantie… »

Max : « On peut pas l’échanger… »

Léo : « On le ramène à Princesse ? »

Max : « Non ! Elle le mérite pas ! Même tout fichu du cerveau. »

Léo : « On le garde alors ? »

Max : « Ou on le laisse là, en face de l’espèce de machin qu’on sait pas ce que sait qu’il vient de nous montrer. Il a l’air d’aimer ça. »

Léo : « Il pourra se creuser un terrier. »

Samuel : « Chevalier, tu les laisses dire ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Ils m’amusent 🙂 »

Samuel : « Tu m’expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Viens… »

Samuel : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « De la tourbe fossile. »

Samuel : « Je sais pas ce que c’est la tourbe moi. »

Le chevalier : « La tourbe est de la matière organique fossile qui se forme par accumulation de matière organique dans un milieu saturé en eau et acide. »

Samuel : « C’est quoi la matière organique ? »

Le chevalier : « De la matière qui provient d’êtres vivants ou, plutôt, de la matière qui contient du carbone. »

Samuel : « Alors ça, c’est une accumulation de matière d’êtres vivants riches en carbone. Elle se forme comment la tourbe ? »

Le chevalier : « Il faut imaginer un milieu très humide sur sol acide. Peu de végétaux réussissent à se développer. Il y a surtout des sphaignes, des carex ou des joncs. Il se forme alors une tourbière. C’est très beau mais dangereux comme milieu. »

Max : « On pourra en inspecter une un jour ? »

Le chevalier : « Elles sont de plus en plus rares… Les végétaux qui meurent ne se décomposent presque pas et la matière organique s’accumule. »

Samuel : « Alors là, il y avait une tourbière ? »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Samuel : « C’était quand ? »

Le chevalier : « Les datations donnent deux datations. Un premier niveau daterait de l’interglaciaire Mindel-Riss (410 000 à 370 000), le second de l’interglaciaire Riss-Würm (135 000 à 125 000 ans avant nos jours). »

Max : « Interglaciaire ? Mendel ? Russe ? Késtudi encore ? »

Léo : « Interglaciaire c’est entre deux glaciations. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Mais les noms ? C’est quoi ces noms ? »

Le chevalier : « Le noms des épisodes glaciaires. »

Max : « D’accord. Alors l’interglaciaire Mendel-Russe c’est entre la glaciation Mendel et la glaciation russe. »

Le chevalier : « Oui mais ce n’est ni Mendel ni Russe mais Mindel Et Riss. »

Max : « Donc ça, c’est une tourbière fossile. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On te doit des excuses alors. »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Si. Bonomou nous te présentons nos plus plates excuses. Nous n’aurions pas dû tout ça tout ça. »

Le chevalier : « Vous m’amusez tous les deux 🙂 »

Léo : « Tu peux nous expliquer un peu plus la tourbière fossile s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Asseyez-vous alors. D’abord il faut savoir qu’elles n’ont été découvertes que dans les années 1990. »

Max : « On les connaissait pas avant ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Et d’un coup il y a des tourbières fossiles !? »

Léo : « Elles viennent d’où ces tourbières ? Ça arrive pas comme ça une tourbière fossile ! »

Le chevalier : « Effectivement. Les sites ont été dégagés par les fortes tempêtes d’hiver. Le sable a été emporté, le trait de côte a reculé et les tourbières sont apparues. »

Max : « C’est vrai que la mer grignote la terre… »

Léo : « C’est à cause du réchauffement climatique. »

Max : « C’est à cause des zoms ! »

Léo : « Mais ils veulent pas le reconnaître. »

Max : « Ils veulent surtout rien faire ! »

Léo : « Sauf dépenser des sous pour essayer de lutter contre le recul des côtes. »

Max : « Ils vont jamais y arriver et ce sera bien fait pour eux ! »

Samuel : « Chevalier, tu sais encore des choses sur les tourbières ? »

Le chevalier : « Étudions d’abord la coupe qui est en face de nous. »

Le chevalier : « A la base de la coupe il y a une couche gris-vert. Ce sont des argiles. Elles témoignent d’une transgression marine lors de l’interglaciaire Riss-Würm. »

Léo : « Sam, une transgression c’est quand le niveau de la mer monte. Elle recouvre les plaines côtières très basses et on dit que la mer transgresse. Là, elle a transgressé parce que la glace des pôles et des continents a fondu et l’eau a coulé dans la mer. »

Samuel : « Merci cousin Léo 🙂 »

Le chevalier : « Au début de la glaciation Würm il y a eu un dépôts de limons bruns. On les repère sur cette coupe grâce aux petits graviers qu’ils contiennent. Puis une tourbière s’est formée. »

Léo : « C’est la couche noire au sommet de la coupe ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Savez-vous qu’on a découvert des traces d’araire au sommet de cette couche ? »

D’après Jean-Marc Large, docteur en archéologie

Max : « Ben non. On sait même pas ce que c’est une araire. »

Le chevalier : « On dit parfois que c’est l’ancêtre de la charrue. »

Léo : « C’est pour retourner la terre ? »

Le chevalier : « L’araire fonctionne avec un soc symétrique alors elle fend la terre, elle ne la retourne pas. En général les araires sont utilisées sur des sols fins et peu profonds et elles nécessitent peu de force pour les tracter. Un âne suffit. Alors que pour certaines charrues il faut un attelage de bœufs. »

Max : « Bonome, si il y a des traces d’araires sur la tourbe c’est que des zoms ont fait l’agriculture ici. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « C’étaient des zoms préhistoriques ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « On a trouvé des restes ici ? »

Le chevalier : « Des artefacts en silex de faciès Moustériens, type levallois. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Tu me fatigues. J’en peux plus de toi. Je crois que je vais te renvoyer au château… »

Le chevalier : « J’ai fait trop compliqué ? »

Max : « Répète s’il te plaît et écoute ce que tu dis. »

Le chevalier : « Des artefacts en silex de faciès Moustérien, type levallois. »

Max : « Tu t’es entendu ? Ça te paraît normal comme phrase ? Tu crois que quelqu’un comprend ce genre de phrases ? »

Le chevalier : « Effectivement. Pardonnez moi mes charmants petizours. Des outils en silex ont été retrouvés. Ils datent forcément d’après la glaciation Würm. Leur style les classe dans la culture moustérienne nommé ainsi car découverte dans une grotte de Le Moustier, en Dordogne. La culture moustérienne a duré de 250 000 ans à 28 000 ans avant nos jours. Évidemment, pendant une si longue période les techniques ont évolué et celle qui a été utilisée ici est de type levallois. Il s’agit d’une méthode de débitage moderne des outils en silex à partir d’un nucleus dont on fait sauter des éclats… »

Max : « Oui bonome. On a trouvé des outils en silex des zoms de Neandertal. Quoi d’autre ? »

Le chevalier : « Des poteries campaniformes datées de 2900 à 1900 ans avant notre ère. La culture campaniforme se caractérise par des poteries en argile décorées de motifs géométriques. Les traces d’araire datent de cette période. »

Léo : « Alors si j’ai bien compris il y a eu des tailleurs de pierres néandertaliens et des hommes modernes agriculteurs. »

Le chevalier : « Oui, de l’âge du bronze. »

Samuel : « C’est toujours comme ça avec vous ? »

Léo : « Comment ça ? »

Samuel : « Tout à l’heure on a vu des volcans qui explosaient en annonçant l’ouverture d’un océan entre le Gondwana et Armorica et maintenant on voit les zoms préhistoriques qui taillent la pierre et qui font l’agriculture avec des araires. C’est toujours comme ça ? »

Max : « Non petit Sam. Là je crois que le séjour va être assez dense 🙂 »

Samuel : « Parce que déjà en Charentmaritimie on a vu beaucoup des zoisos. »

Léo : « C’est vrai que nous sommes allés au Royaume des Paons. 54 espèces d’un coup. »

Max : « Et une bonne vingtaine dans les autres Royaumes. »

Léo : « Ça fait beaucoup quand même pour commencer. »

Max : « Pauvre petit Sam. Tu sais, c’est pas grave si tu comprends pas tout. On révisera tout ça en gravant mon blog et on reviendra. Après tu seras un grand naturaliste. »

Léo : « Et on te trouvera un sacado. »

Max : « Ça te plaît quand même ? »

Léo : « Oh oui ! Mais c’est un peu compliqué. »

Le chevalier : « Si ça peut te rassurer, pour moi aussi c’est assez dense 🙂 »

Samuel : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. Et c’est compliqué. Ne t’inquiète pas. Max et Léo ont raison. Nous réviserons et nous reviendrons. »

Léo : « Tu as tout dit sur la tourbe fossile ? »

Le chevalier : « Une dernière information. Des dents d’éléphants ont été exhumées de cette tourbe. »

Max : « Des dents d’éléphants ? »

Le chevalier : « Oui de l’espèce Palaeoloxodon antiquus. Il était un peu plus grand que les éléphants d’Afrique actuels. »

Max : « Bonome, on peut chercher des dents d’éléphants ? »

Le chevalier : « Je préfère que vous laissiez ça aux spécialistes. Et puis la tourbe fossile va disparaître petit à petit alors n’accélérons pas le phénomène en cherchant des fossiles dont nous saurions que faire. »

Max : « Bonome, comment tu fais pour être raisonnable tout le temps ? »

Le chevalier : « Je ne le suis pas Max. Tu devrais le savoir. »

Samuel (à lui même) : « Des néandertaliens, des zoms de l’âge de bronze, des éléphants… Tout ça dans la tourbe… »

Léo : « C’est impressionnant, en effet. »

Max : « Je suis sûr que les zoms qui passent sur la plage savent même pas tout ça et qu’ils trouvent que c’est de la boue moche. »

Le chevalier : « Quand je vous ai demandé d’observer la coupe vous avez pensé que mon cerveau m’avait coulé par les oreilles. »

Max : « C’est vrai. On a pas été malins. »

Le chevalier : « Ne soyez pas méprisants pour les gens qui ne savent pas. »

Max : « J’étais pas méprisant bonome. Je trouvais ça dommage que les zoms passent là sans savoir. Il faudrait mettre des panneaux avec des informations. Pour éduquer et sensibiliser à la conservation du site. »

Le chevalier : « Bonne idée Maxou. Elle t’honore. Tu pourras écrire un rapport pour Princesse. »

Max : « Oui. Le plus tôt possible. »

Le chevalier : « Bon, nous avons déjà bien travaillé ce matin. Que diriez-vous de nous mettre en quête de zoisos ? »

Léo : « Oh oui ! Et ça nous reposerait un peu le cerveau. »

Le chevalier : « Alors allons-y 🙂 »

Max : « On grimpe sur la dune ? »

Le chevalier : « Oui, un chemin le permet. »

Léo : « Nos zoisos-gardiens ! »

Max : « Des chardonnerets rigolos ! »

Léo : « Il y a des juvéniles ! »

Max : « Et à droite ce sont des adultes ! »

Samuel : « Et en plus vous avez des zoisos-gardiens… »

Max : « Oui, en charentmaritimie ce sont les chardonnerets rigolos. »

Léo : « Normalement ce sont des chardonnerets élégants, Carduelis carduelis, Fringillidés. C’est Maxou qui les a surnommés les chardonnerets rigolos. »

Max : « Et en Bretagne nos zoisos-gardiens c’étaient les bécasseaux sanderlings. »

Le chevalier : « Max, j’ai relu ton blog récemment, surtout les articles traitant de la Bretagne. Ce n’était pas les bécasseaux sanderlings mais les pipits maritimes nos zoisos-gardiens. »

Max : « Les pipits maritimes ? »

Le chevalier : « Oui. C’est toi qui l’as dit. Nos zoisos-gardiens viennent nous voir tous les jours et nous avons vu des pipits maritimes tous les jours. »

Max : « Mais tu as dis que deux bécasseaux sanderlings étaient prêts à décoller pour avertir les secours quand tu es tombé ! Tu m’as menti ? »

Léo : « Je crois comprendre. Les bécasseaux ont vu qu’il y avait pas de pipit sur la digue de Kameled alors ils se sont dévoués. En fait, tous les zoisos c’est nos zoisos-gardiens. »

Samuel : « Ils sont beaux les chardonnerets rigolos. »

Max : « Regarde celui là bonome… »

Max : « On peut s’approcher ? »

Le chevalier : « Essayons… »

Max : « Il se laisse faire. On dirait qu’il nous attend. »

Max : « Bonome, tu parles le zoisos n’est ce pas ? »

Le chevalier : « C’est toi qui le dis. »

Max : « Tu parles le zoisos et le chardonneret est venu te faire un rapport. C’est pour ça qu’il s’est laissé approcher d’aussi près. Les chardonnerets rigolos se laissent pas approcher comme ça normalement. En plus, les autres se sont sauvés et pas lui. Il t’a fait son rapport discrètement, en zoisos, et toi tu fais comme si il s’est rien passé. »

Le chevalier : « Vous aimez la musique n’est ce pas ? »

Max : « Oui, surtout quand c’est toi qui la fais. »

Le chevalier : « Vivaldi a écrit une pièce, appelée Il gardellino, qui est censée imiter un chardonneret 🙂 »

Max : « Tu pourras la jouer ? »

Le chevalier : « Non, mais je vous la ferai écouter. »

RV 428 op.10 n°3, Il gardellino

Max : « Léo, pourquoi tu t’arrêtes ? Qu’est ce que tu regardes ? »

Léo : « Là… Le papillon sur la jolie fleur… »

Samuel : « Ooooh ! C’est bôôôô ! »

Max : « Samuel, on va te présenter les Lépidoptères. »

Samuel : « Les Lédipoptères ? C’est quoi les Lédipoptères ? »

Max : « C’est le nom scientifique des papillons. »

Léo : « C’est un mot compliqué que personne connaît à part Max et qu’il utilise pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé mais il y a que lui qui croit ça 🙂 »

Samuel : « Cousin Léo, pourquoi tu dis ça de cousin Max ? C’est pas gentil. »

Le chevalier : « Samuel, Léo imite Max. Ton cousin à casquette a souvent dit cela de moi 🙂 »

Samuel : « Alors c’est Max qui est pas gentil ? »

Léo : « Max aime beaucoup nous taquiner et se moquer gentiment. Maxou, tu te rends compte que tu parles comme bonome parfois ? »

Max : « Je m’en rends compte… Et j’allais expliquer l’étymologie de Lépidoptère en faisant le grékancien… »

Léo : « Ben voilà ! Tu peux pas t’en empêcher ! Une demi-heure s’est écoulée ! On s’en fiche du grékancien de la Grèce ancienne que personne connaît à part toi ! »

Samuel : « 🙂 Cousin Max, c’est bien fait pour toi ! »

Léo : « Maxou, tu veux que je fasse l’étymologie ? »

Max : « Si tu veux… »

Léo : « Lépidoptère veut dire qui a des écailles sur les ailes. Parce que les papillons ont des petites écailles colorées sur leurs ailes. Elles sont toutes petites ces écailles. On les voit pas à l’œil nu mais si on touche les ailes d’un papillon il restera une fine poudre sur nos pattes. Mais il faut pas toucher les zanimos. On pourrait les blesser ou les stresser. »

Max : « Tu as pas dit que ce sont d’abord des Insectes. »

Léo : « C’est toi qui as commencé l’explication. »

Max : « Tu pouvais corriger ! »

Léo : « Et toi tu as même pas dit que ce sont des Arthropodes ! »

Max : « Je peux pas tout faire tout seul ! »

Léo : « Alors tu critiques pas ! »

Samuel : « Chevalier, Max et Léo se chamaillent comme des foulques 🙂 »

Max : « Pfff… Je parle comme bonome, je chamaille comme une foulque… »

Samuel : « Je connais déjà les Arthropodes Insectes moi. Les papillons ont une cuticule et des pattes articulées. Trois paires de pattes et une paire d’antennes. Et des ailes. C’est pour ça que ce sont des Arthropodes Insectes. Et comme il y a des écailles sur les ailes ce sont des Lédipoptères. »

Max : « Des Lépidoptères Samuel, Lé-pi-do-ptè-res. »

Samuel : « Lépidoptère, Lépidoptère, Lépidoptère… »

Léo : « Chevalier, c’est qui ce papillon ? »

Max : « Tu peux remontrer la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est un papillon du genre Colias. Famille des Piéridés, sous famille des coliadinés. »

Léo : « Tu donnes que le genre ? Tu connais pas l’espèce ? »

Le chevalier : « Il y a deux espèces qui se ressemblent beaucoup : le soufré (Colias hyale) et le souci (Colias croceus). Le soufré a une large bordure noire aux ailes antérieures. »

Léo : « On voit pas de bordure noire. »

Max : « Alors c’est un souci. »

Samuel : « C’est beau les papillons. »

Léo : « Oui petit Sam, c’est très beau les papillons. »

Max : « On voit bien l’estran d’ici… »

Léo : « Il doit y avoir des beaux zoisos sur les rochers là-bas… »

Max : « Mais on ira pas. Je veux pas. »

Léo : « Je sais Maxou. »

Max : « On dit même pas qu’il doit y avoir des beaux zoisos. Il y a rien du tout là-bas. Il y a même pas de là-bas. Et même si bonome voulait y aller on irait pas. »

Léo : « Oui Max, bien Max 🙂 »

Max : « Allez, on redescend. Parce que la journée est pas finie et on doit aller sur l’estran tout là-bas. Et moi je veux pas que la marée nous emporte. »

Le chevalier : « Alors pochez-vous. Nous irons plus vite si vous êtes dans ma poche. »

Max : « On grimpe. »

Léo : « Chevalier, on pourra marcher au bas de l’estran, à la limite des rochers ? S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Tu espères y voir des oiseaux ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 »

Le chevalier : « Moi aussi 🙂 »

Max : « Alors on va le long des rochers. »

Léo : « Une mouette qui rigole… »

Samuel : « Chroicocephalus ridibundus. Samuel : 2 points ! »

Max : « Elle a baillé ! Bonome, tu l’as fotoé quand elle baillait ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Je crois qu’on l’a réveillée… »

Max : « Zutalor ! Peut-être qu’elle rêvait de petizours 🙂 »

Léo : « Elle s’est envolée… »

Max : « Pfff, elle s’est posée deux mètres plus loin. Bonome, on va la voir. »

Léo : « Elle s’est encore envolée… »

Max : « Bon, elle avait pas envie de papoter. Et le chardonneret a déjà fait son rapport alors elle a peut-être rien à dire de plus. »

Samuel : « Larus melanocephalus, Laridés. Samuel : trois points ! »

Léo : « Bien vu Sam ! »

Max : « Il va encore nous ratatiner ! »

Léo : « C’est parce qu’il est très attentif. Il parle pas tout le temps lui alors il peut voir les zoisos. »

Max : « On peut pas le laisser nous battre à chaque fois ! »

Léo : « Et pourquoi pas ? »

Max : « Parce qu’on va passer pour des néophytes ! Des béotiens incultes ! »

Léo : « Je m’en fiche moi. Tant mieux si c’est Sam qui gagne. On a pas parlé de la mouette mélanocéphale. »

Samuel : « Elle ressemble beaucoup à la mouette qui rigole mais elle a pas de noir au bout de la queue. Et son rouge est plus rouge que celui de la mouette qui rigole. »

Léo : « Oui Sam. Mais on dit qu’elle a du noir sur la queue mais c’est pas vrai. Ce sont les bouts des ailes qui ont pas de noir. Les rémiges primaires. Et sur les fotos on voit que le bec est un peu anguleux dessous. »

Max : « Egretta garzetta, Ardéidés ! »

Samuel : « Max : 2 points ! »

Max : « Et là, Charadrius hiaticulata, Charadriidés. Max : trois points ! Et na ! Non mais ! »

Léo : « Là aussi il y a un grand gravelot. »

Samuel : « Tu donnes pas le nom en scientifique ? »

Léo : « Max vient  de le faire. »

Samuel : « Mais tu marquerais un point. »

Léo : « M’en fiche moi de gagner. Je vois des zoisos et ça me suffit. »

Max : « Bonome, on retourne à notre monture pour aller au rocher Sainte-Véronique ou on y va à pattes ? »

Le chevalier : « Nous irons en chevauchant. Ce n’est pas très loin mais ça nous laissera plus de temps sur le terrain avant que la marée nous en chasse. »

Max : « Tu feras bien attention. On sait pas nager nous. »

Le chevalier : « Je n’ai pas envie non plus de me faire coincer par la marée Maxou. »

Samuel : « Quel beau zoiso ! »

Max : « Où ça ? »

Samuel : « Au dessus de nous. »

Max : « C’est un Laridé juvénile. »

Léo : « Mmmmm… Vu son envergure je pense à un goéland marin… »

Samuel : « Larus maritimus, Laridés. »

Léo : « Mais je suis pas sûr. »

Max : « On arrive à notre point de départ. »

Léo : « J’ai l’impression d’avoir déjà marché une journée complète. »

Max : « Forcément, avec tout ce qu’on a déjà vu. »

Léo : « Et on en est qu’à la première partie de la matinée 🙂 »

Samuel : « Il y a un zoiso là-haut. »

Max : « Oups, il est parti. Apparemment il avait pas envie de discuter. »

Léo : « Mais là c’est un tarier pâtre. »

Samuel : « Saxicola torquatus, Muscicapidés. »

Léo : « Samuel : 4 points ! »

Max : « Allez, on va au Rocher Sainte Véronique. »

Continuer la promenade

128-1 La Normandelière

Dans la cabane du chevalier alors que Max est face à l’ordinateur pour graver son blog…

Max : « Bonome, tu es disponible deux minutes ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Que puis-je pour toi ? »

Max : « Tu te souviens de notre séjour à Roubignolles ? »

Le chevalier : « A Brétignolles-sur-Mer Maxou. Oui, je m’en souviens. »

Max : « On y est restés combien de temps ? »

Le chevalier : « Nous sommes arrivés le vendredi soir et nous sommes repartis le mardi matin. »

Max : « C’est bien ce que je me disais… Et le dimanche nous n’avons pas inspecté… »

Le chevalier : « Non. Nous sommes allés à la messe. »

Max : « Et tu as fait une longue promenade à vélo. Ce qui laisse que deux jours… »

Le chevalier : « Oui. Tu as l’air contrarié… »

Max : « Ben oui. Bonome, dans mon dossier Brétignolles j’ai 10 sous-dossiers de fotos. On a fait 10 sites en 2 jours ? »

Le chevalier : « Mmmm… Si tu le dis… Nous sommes allés deux fois à l’observatoire et deux fois au Rocher Sainte Véronique. »

Max : « A l’observatoire on a pas vu grand chose. Et Sainte Véronique c’était très compliqué. Le temps d’observer et de comprendre, avec la contrainte de la marée… »

Léo : « Vous papotez ? »

Le chevalier : « Max commence à rédiger les articles de Brétignolles… »

Léo : « La Vendée ? Rhooo c’était bien ! Tu veux que je t’aide Maxou ? »

Max : « Ben oui. C’est mieux à deux 🙂 Mais j’ai un problème à cause qu’on est allés plusieurs fois aux mêmes endroits. »

Léo : « C’est pas un problème. On regroupe les sorties sur le même site et on est pas obligés de respecter l’ordre chronologique. »

Max : « Tu penses ? »

Léo : « Ben oui. Montre un peu… »

Le chevalier : « Bon, je vous laisse travailler. N’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin de mon aide. »

Max : « Merci bonome. On va avoir besoin de toi. Parce que c’était compliqué la géologie. »

Léo : « Mais c’était bien ! Rholala ! »

Samedi 29 Octobre, An III

Max : « Booonooomouuuuu… Mon bonooome… Il faut te réveiller ! »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Bonome, on est à Brétignolles et il faut aller inspecter. »

Le chevalier : « Déjà ? »

Max : « Ben oui. A cause de la marée. Il faut y aller sinon la mer va nous noyer en remontant. »

Le chevalier : « C’est vrai… J’ai mal dormi moi. »

Max : « Mon pauvre petit bonome. Tu sais où tu nous emmènes ? »

Le chevalier : « Oui. Ce matin nous allons sur l’estran au sud-est de la ville. Puis nous irons au nord-ouest, au Rocher Sainte-Véronique, jusqu’à ce que la marée nous en chasse. Puis nous irons faire une promenade dans les marais. »

Max : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Et la zoisologie ? »

Le chevalier : « Aussi 🙂 »

Le chevalier : « D’accord. Allez, lève-toi et dépêche toi sinon on verra rien du tout. Je vais prévenir les cousins que nous partons bientôt. »

A la Normandelière…

Max : « Nous sommes enfin sur l’estran 🙂 »

Léo : « On va étudier les rochers couverts d’algues ? »

Max : « Bonome, tu vas pas marcher là dessus ! Je veux pas. Ton épaule est pas encore vraiment réparée. Tu vas pas aller glisser sur les algues. Je suis pas d’accord ! »

Le chevalier : « Max, je n’irai pas sur les rochers glissants. J’ai peur… »

Léo : « Tu as encore peur ? »

Samuel : « Et tu as mal ? »

Le chevalier : « Oui j’ai peur de tomber Léo. J’ai peur de me faire mal. Mais mon épaule va mieux. »

Max : « Tu es pas guéri bonome. C’est le réparateur d’épaule qui l’a dit. Il faut encore 6 mois. Au moins… Tu sais, c’est pas grave si on peut pas faire la géologie. »

Le chevalier : « Nous en ferons. Les roches sont accessibles en haut de l’estran. Nous ne verrons pas tout mais ce sera suffisant. »

Max : « Tu fais attention. »

Samuel : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés. Samuel : un point 🙂 »

Max : « On joue aux zoisos ? »

Léo : « On joue toujours aux zoisos 🙂 »

Samuel : « Ooooh ! Regardez ! »

Léo : « C’est bôôôô ! »

Max : « Bonome, fais des fotos ! »

Léo : « Il voit tout le petit Sam 🙂 »

Max : «  C’est à cause de l’eau qui coule du haut de l’estran ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Le plus étrange c’est qu’on trouve des structures similaires à la surface de Mars. En bien plus grand évidemment. »

Max : « Sur Mars ? La planète ? »

Le chevalier : « Oui, la planète Mars. »

Max : « Mais bonome, ces structure sont dues à l’écoulement de l’eau. Il y a de l’eau sur Mars ? »

Le chevalier : « Actuellement il y en a sous forme de glace. Il y a une calotte à chaque pôle de la planète. Et il y a de la glace dans le sol ou le sous-sol. »

Léo : « Mais la glace coule pas ! »

Le chevalier : « Si, cela arrive. Les glaciers avancent. »

Max : « Et ils creusent des vallées en U. Mais ils font pas des réseaux comme celui là ! »

Le chevalier : « On peut supposer qu’il y a eu de grandes quantités d’eau liquide sur Mars autrefois. Suffisamment pour créer ces structures. »

Max : « Tu pourras nous trouver des images de ces canaux martiens ? »

Le chevalier : « Je vais chercher… »

Max : « Tu vois Samuel, il est comme ça bonome. Toi tu vois une jolie structure dans le sable et lui il est sur Mars. Il voit pas comme nous je te dis. »

Samuel : « Je commence à comprendre 🙂 »

Léo : « Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés. »

Max : Ou ça ? »

Léo : « En l’air ! »

Samuel : « C’est qui Phalacrocorax carbo ? »

Léo : « Le grand cormoran. On le voit pas bien en vol. »

Max : « On va probablement en voir d’autres. On te le présentera. »

Léo : « Vous avez vu les roches de l’estran ? Il y a comme des cassures dedans. Ce sont des failles ? »

Le chevalier : « Pourriez-vous expliquer à Samuel ce que sont les failles ? »

Max : « Oui, on peut. Léo, veux-tu le faire ? »

Léo : « Si tu veux. Ou toi… »

Max : « D’accord. Samuel, il y a une faille quand un bloc de roches se casse en deux et que les deux morceaux se déplacent l’un par rapport à l’autre. Mais il faut que le bloc au départ soit grand. »

Samuel : « Grand comment ? »

Max : « Grand comme très grand oulala ! »

Samuel : « Alors là, les roches de l’estran, avant, elles étaient pas cassées en deux et il y a eu une cassure et le bloc de gauche s’est déplacé par rapport à celui de droite. »

Max : « Oui Samuel. »

Samuel : « Et comment ça se casse ? On peut savoir le mouvement des blocs ? »

Max : « Alors ça se casse parce que les plaques tectoniques ont la bougeotte. Elles se déplacent tout le temps. Et parfois, elles entrent en collision ou elles se séparent en deux. On t’expliquera au fur et à mesure de nos explorations. »

Samuel : « D’accord. Mais les mouvements ? On peut savoir les mouvements ? »

Le chevalier : « Là, je ne peux pas vous dire. Mais c’est parfois possible. Et plus que de failles, je parlerais ici de fractures. Les roches sont effectivement cassées mais je ne pense pas qu’elles se soient déplacées.»

Max : « D’accord bonomou. Mais tu nous as pas parlé des roches. C’est quoi ces roches ? »

Le chevalier : « Maxou, puis-je ronchonner un peu ? »

Max : « Bien sûr bonome 🙂 »

Le chevalier : « Brétignolles est un site très intéressant pour la géologie mais très compliqué. Et tu ne m’as prévenu que la veille de notre départ que nous viendrions ici. Je n’ai pas eu le temps de me documenter. »

Max : « Oui, je vois. Alors tu connais rien du tout. »

Le chevalier : « Si, un peu. Mais c’est dommage. J’aurais pu bien mieux me préparer. »

Max : « C’est mieux comme ça. »

Le chevalier : « Pourquoi ? Je ne comprends pas. »

Max : « On va pas tout voir et on va pas tout comprendre. Ça va t’énerver et te contrarier et tu vas vouloir revenir. Et on fera un autre séjour en Vendée 🙂 »

Léo : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Nous sommes sur le terrain que depuis quelques minutes et vous prévoyez déjà un retour… »

Max : « On est malins nous 🙂 »

Léo : « Bon, les roches. Tu les connais ces roches ? »

Le chevalier : « Allons voir… »

Léo : « Elles sont belles… »

Max : « Vertes et rouges… »

Léo : « Elles ont l’air penchées. »

Max : « Et on dirait qu’il y a des couches dedans mais ça fait pas comme les roches sédimentaires… »

Le chevalier : « Bien observé. Approchons nous encore… »

Max : « Il y a des grains dans la roche. Ce sont des cristaux. »

Samuel : « C’est quoi les cristaux ? »

Max : « Bonome, aurais-tu l’obligeance de répondre à cousin Samuel s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Et simplement, de préférence ? »

Max : « Ben oui. Quand même ! »

Le chevalier : « Bien… Asseyez-vous, j’ai peur d’être long. »

Le chevalier : « La matière est constituée d’atomes. Du grec ancien… »

Max : « Et voilà ! Le grékancien ! Tu as tenu une demi heure ! Tu peux pas t’en empêcher ! Pfff ! »

Samuel : « On s’en fiche de ce que dit Max, chevalier. Dis nous le grékancien. »

Le chevalier : « Atome veux dire qui ne peut être coupé. C’est un savant grec, Leucippe, qui eut l’intuition que la matière était constituée de petits grains. Et il a nommé ces grains atomes puisque, selon lui, ils étaient les plus petites particules de matière. »

Léo : « Chevalier, je sais pas bien les atomes, moi. Mais on peut pas les voir. Ils sont bien trop petits. Comment il a fait pour les découvrir ? »

Le chevalier : « Il me semble que c’est uniquement à partir de l’observation de la dilatation des corps. Il avait observé qu’un corps se dilate quand il est soumis à la chaleur. Son volume augmente. Selon Leucippe la seule explication possible était que la matière était constituée de ces petits grains. »

Max : « Il était malin Leucippe mais il a dit des erreurs. »

Léo : « Quoi comme erreur ? »

Max : « Il y a pas que les atomes. Parce que l’eau, si j’ai bien compris ce qu’enseigne ta gentille collègue de physique-chimie, est une molécule. Et l’eau se dilate ou se contracte. »

Le chevalier : « C’est vrai Maxou. Tu as bien compris. Mais Leucippe ne savait pas tout ça et son intuition est quand même assez géniale. Il fallait y penser ! »

Max : « Oui. C’était un de tes amis ? Il a vécu quand ? »

Le chevalier : « Entre 460 et 370 avant notre ère il me semble. »

Samuel : « D’accord. Mais quel rapport avec les cristaux ? »

Le chevalier : « J’y arrive Samuel. La Terre est constituée d’une dizaine d’éléments chimiques appelés éléments majeurs. »

Max : « Tu les connais ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… Oxygène, silicium, aluminium, fer, calcium, sodium, potassium, magnésium, titane… Ces éléments peuvent former des espèces minérales et si les conditions de températures et de pressions sont favorables ils s’assemblent de façon ordonnée, ce qui donne des cristaux. »

Max : « Bonome, aurais-tu un exemple simple ? »

Le chevalier : « Oui. Le plus simple est avec le carbone. »

Max : « C’est pas un élément majeur ! »

Le chevalier : « Certes 🙂 Il peut cristalliser sous forme d’hexagones plans faiblement reliés les uns aux autres dans un cristal qui s’appelle le graphite. C’est la mine des crayons. Sous fortes pressions et à hautes températures, il cristallisera sous une autre forme : le diamant. »

Léo : « Un autre exemple s’il te plaît. »

Le chevalier : « Plus géologique cette fois. Prenons l’oxyde de silicium. Les molécules de silicium peuvent s’assembler de façon bien ordonnées ce qui donne des cristaux de quartz. Si elles passent de l’état liquide à l’état solide sans avoir le temps de s’ordonner il se forme un verre qu’on appelle le verre 🙂 »

Samuel : « Alors si je comprends bien le graphite et le diamant, c’est du carbone tout pareil mais pas rangé de la même façon. Le quartz c’est bien rangé et le verre c’est du désordre. »

Le chevalier : « 🙂 Oui Samuel. On peut le dire comme ça. »

Max : « On s’est un peu éloignés de nos roches de l’estran là… »

Le chevalier : « Pas tant que tu le penses. Les grains gris clair à l’aspect de gros sel que vous voyez dans la roche sont des grains de quartz. Et il me semble voir quelques feldspaths. »

Max : « Des feldspaths. Bien sûr ! Léo, tu les avais vus toi aussi je suppose. »

Léo : « Absolument ! J’allais justement dire : ‘Quels beaux feldspaths que ces feldspaths que nous voyons là ! ’ »

Le chevalier : « 🙂 Ce sont les cristaux roses. »

Max : « Évidemment ! Bonome, voyons ! »

Samuel : « Chevalier, c’est quoi les feldspaths ? »

Le chevalier : « Mon petitours, ce sont d’autres cristaux. Ici, je suppose qu’il y a de la sanidine et de l’albite. »

Max : « Forcément ! Bonome, pour qui nous prends-tu ? Bien sûr qu’il y a Sabine qui l’habite ! »

Léo : « Max, t’es trop bête 🙂 »

Max : « Parce que tu as compris quelque chose toi ? »

Léo : « Ben… Il y a des cristaux roses avec des noms bizarres que personne connaît à part bonome… »

Max : « Ben voilà ! Même Léo comprend rien du tout ! »

Le chevalier : « D’accord. Léo, il me semble me souvenir que tu avais aimé la chimie avec les formules. »

Léo : « En Bretagne ! Oui ! On avait fait la chimie au four à chaux ! »

Le chevalier : « Je pourrais peut-être me faire comprendre en vous donnant les formules chimiques. »

Léo : « Oh oui ! »

Le chevalier : « Commençons par le quartz. Ce n’est pas très difficile puisque c’est un oxyde de silicium : SiO2. Quant aux feldspaths… L’albite contient du sodium (NaAlSi3O8) et la sanidine contient du potassium (KAlSi3O8). »

Léo : « Il y a aussi du silicium dans les feldspaths. »

Le chevalier : « Oui. Cette roche est très riche en silice. C’est un autre nom pour le quartz. Vous suivez ? »

Max : « C’est quand même pas très facile. »

Le chevalier : « Je sais Max. Mais vous avez des sacados 🙂 »

Max : « On est des naturalistes et on veut comprendre les roches. Continue bonome. »

Léo : « Dis, entre les cristaux, il y a pas de cristaux. Tu nous as déjà expliqué quelque chose comme ça en Bretagne. Pour les roches des volcans. Il y a des cristaux, du sans cristaux et des petites bulles. »

Le chevalier : « Bien Léo. Des cristaux, une pâte sans cristaux, également appelée verre volcanique, et des vacuoles qui sont des bulles qui ont été bloquées lors du durcissement de la lave en roche. »

Léo : « Alors là, il y a des cristaux et du verre volcanique. Mais pas des vacuoles. C’est une roche volcanique ? »

Le chevalier : « C’est 🙂 »

Samuel : « On est sur un volcan ? »

Le chevalier : « Sur des roches émises par un volcan. Le volcan ne doit pas être très loin. »

Max : « En Bretagne c’était des volcans qui faisaient rien qu’à exploser. Et ici ? »

Le chevalier : « Aussi. »

Max : « Tu nous racontes l’histoire du volcan ? »

Le chevalier : « Pas encore. Continuons l’inspection… »

Samuel : « Je peux poser une question avant ? »

Le chevalier : « Bien sûr Samuel. »

Samuel : « Il faudra tout me réexpliquer plus tard parce que je débute la géologie moi et c’est un peu compliqué. Mais tu as pas expliqué pourquoi les roches peuvent être vertes ou rouges. »

Max : « C’est vrai bonome ! Pourquoi ? »

Le chevalier : « Il y a un élément chimique dans ces roches dont je n’ai pas encore parlé. C’est le fer. »

Max : « Je sais ! Moi m’sieur ! Moi ! »

Le chevalier : « Oui Max, nous t’écoutons. »

Max : « Le fer peut se combiner avec l’oxygène et ça donne la rouille. Et la rouille c’est brun. Alors je suppose que le fer des roches,  quand il est pas combiné avec l’oxygène,  il donne la couleur verte et quand il est combiné avec l’oxygène il donne la couleur rouge. »

Le chevalier : « Très bien Maxou. »

Samuel : « Max : 20/20 ! »

Le chevalier : « Oui, Max : 20/20 🙂 Bon, on peut dire que le fer s’oxyde et que la couleur des roches dépend de l’état d’oxydation du fer. »

Max : « Heureusement que tu as pas préparé l’inspection 🙂 »

Le chevalier : « Pour le moment ça va 🙂 Retenez bien l’aspect de cette roche. Il me semble que nous verrons plus loin une autre roche avec laquelle il faudra la comparer. »

Max : « Tu as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Alors tu nous remontreras la foto. »

Le chevalier : « Bien mon petitours. Pour le moment grimpez un peu sur ce rocher que je vous immortalise. »

Max : « Allez, ça suffit les fotos ! On continue. »

Léo : « Elles sont vraiment belles ces roches… »

Max : « Ben oui. C’est beau la géologie. »

Le chevalier : « Descendez de ma poche et allez un peu vous dégourdir les pattes… »

Max : « D’accord bonome ! Allez les cousins, on se laisse glisser… »

Léo : « C’est rigolo de glisser le long de ton pantalon 🙂 »

Samuel : « Ça fait un peu peur… »

Max : « Au début oui. Tu vas voir, avec l’habitude tu vas bien t’amuser toi aussi. Et puis, on est des peluches et on peut pas se blesser si on tombe. »

Le chevalier : « Pourriez-vous éviter de courir s’il vous plaît. »

Max : « Nous pourrions. »

Léo : « C’est de l’ordre du possible. »

Max : « Mais on a pas envie 🙂 »

Léo : « Samuel, viens voir ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Max : « Qu’est ce que vous avez… Ooooh ! Bonome regarde un peu ça ! »

Max : « C’est pas une roche volcanique. Ça me fait penser aux zèbres briochoriens. »

Léo : « Les schistes zébrés briovériens Max ! »

Max : « Oui, je sais, mais c’est moins drôle 🙂 »

Léo : « Les schistes zébrés briovériens… Alternance de fines couches claires et sombres qui, en s’érodant, donne un aspect zébré à la roche… C’est vrai que ça ressemble. »

Max : « Bonome, ici aussi ce sont des schistes zébrés ? »

Le chevalier : « Ces roches sont formées de fines couches de couleurs variées. Chacune de ces couches provient du dépôt de très fines particules argileuses, d’un diamètre de moins de 63 micromètres. Ces particules adhérent très bien les unes aux autres. »

Max : « Elles se sont déposées dans une mer calme. Parce que, comme elles sont très fines, le moindre courant les aurait remises en suspension dans l’eau. »

Léo : « Et il y a eu des pauses dans les dépôts. On dit des arrêts de sédimentation. »

Samuel : « Rholala ! Qu’est ce que vous connaissez comme choses fort savantes tous les deux… Pfff… »

Léo : « Pourquoi tu pfffes petit Sam ? »

Samuel : « Moi je connais pas tout ça alors vous allez penser que je suis bête et le chevalier va pas m’aimer. »

Max : « Samuel tu dis des bêtises. Tu connais pas parce que personne t’a expliqué et pas parce que tu es bête. Et puis bonome nous aime pas parce qu’on connaît des choses fort savantes mais parce qu’il nous aime. Et puis c’est tout. »

Léo : « Tu vas apprendre, tu vas voir. Et tu sais, on connaissait rien du tout au début nous non plus. On a déjà fait la géologie en Bretagne alors tu crois qu’on est savants. Il faut pas pfffer. »

Max : « Bonome, je pense qu’une calinothérapie s’impose pour Samuel. »

Le chevalier : « Oui, c’est une urgence. Viens ici mon petit Sam 🙂 »

Samuel : « Tu m’aimes même si je connais rien du tout à la géologie ? »

Le chevalier : « Bien sûr Sam. »

Samuel : « Tu voudras bien tout me réexpliquer plus tard ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « On t’aidera aussi Sam. »

Samuel : « Tu veux bien me gratouiller le front ? »

Le chevalier : « Je veux bien. »

Samuel : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Ça va mieux mon petitours ? »

Samuel : « Ouiiii 🙂 On reprend ? »

Max : « On reprend ! Regardons encore ces belles roches. »

Léo : « Nous en étions aux argiles qui se déposent dans une mer peu agitée. Comment on l’appelle cette jolie roche feuilletée colorée ? »

Le chevalier : « Ce sont des pélites. Ou plutôt des métapélites. Les spécialistes parlent d’argilo-siltites versicolores intercalées de bancs gréseux décimétriques et de lits de silexites. »

Max : « Ils disent ça les spécialistes ? »

Le chevalier : « Oui, ils disent cela. »

Max : « Alors ils doivent pas avoir d’amis. »

Léo : « Peut-être sont-ils amis avec des phytosociologues… »

Max : « Ben non. Ils peuvent pas se comprendre. De toutes façons personne les comprend. Fais attention à ce que tu dis bonome. Sinon tu va finir sans ami toi aussi. »

Le chevalier : « Oui Maxou, d’accord 🙂 Puis-je continuer ? »

Max : « Tu peux. »

Le chevalier : « Les métapélites ont été légèrement modifiées par la température et la pression. »

Léo : « C’est le métamorphisme. »

Max : « De quand elles ont été enfouies. »

Le chevalier : « Exact. Mais elles ont subi un métamorphisme de faible intensité. »

Max : « D’accord bonome. Fotoe encore s’il te plaît. »

Léo : « C’est quoi là-bas ? Il y a des roches qui dépassent. On va voir ? »

Max : « Bien sûr qu’on va voir ! »

Léo : « Attendez ! Regardez un peu ça… »

Max : « On dirait qu’il y a les métapélites dans les roches volcaniques. C’est possible ça ? »

Léo : « Ben… Si il y a un arrêt des éruptions la sédimentation argileuse peut reprendre… »

Max : « Bon sang mais c’est bien sûr ! Arrêt des éruptions, dépôts des argiles et reprise des éruptions ! »

Le chevalier : « Vous n’avez plus besoin de moi 🙂 »

Max : « Tu recommences ! Tu es terrible toi ! Bonome, combien de fois vais-je devoir te répéter que c’est pas une histoire de besoin ou pas besoin ! Tu es notre bonome ! »

Léo : « On a mis du temps à te dresser 🙂 »

Samuel : « Léo ! Ça va pas dans ta tête ? On dit pas ça à un chevalier ! »

Léo : « Si 🙂 »

Max : « Allez, venez. On va voir les roches qui dépassent. »

Max : « On voit mieux d’ici. C’est une couche blanche épaisse d’environ 60 cm. »

Léo : « C’est quoi cette roche ? »

Le chevalier : « C’est un filon de quartz. »

Samuel : « Le quartz, formule chimique : SiO2. »

Max : « Et là c’est que du quartz ? »

Le chevalier : « Dans le filon, oui. »

Max : « Et il vient d’où tout ce quartz ? »

Le chevalier : « Voyons ça… Oui, c’est ça. Regardez sur ces fotos. A gauche ce sont les argilites versicolores alors qu’à droite ce sont les roches volcaniques. »

Max : « Et le contact entre les deux a pas l’air normal… »

Le chevalier : « Non. Il y a une faille décro-chevauchante orientée à 280° par rapport au nord et penchée de 50°. »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Une faille quoi ? »

Le chevalier : « Décro-chevauchante. »

Max : « Oui d’accord. Et tu peux traduire ? Ou alors tu as décidé qu’on comprendrait rien du tout à ce que tu dis aujourd’hui. Mais préviens nous dans ce cas. Ce serait plus simple. »

Le chevalier : « J’explique. Décro vient de décrochante ou décrochement. Un décrochement c’est quand les deux blocs apparus suite à la formation de la faille se déplacent latéralement l’un par rapport à l’autre. »

Léo : « C’est un coulissement. »

Le chevalier : « Oui. Et chevauchante signifie que l’un des blocs est monté sur l’autre. »

Léo : « Alors ça a glissé comme ça et comme ça en même temps. Oulala ! »

Max : « Et d’après la pente du filon on peut supposer que c’est ce qui est à gauche qui est monté sur ce qui est à droite. »

Le chevalier : « C’est aussi mon hypothèse. Les argilites versicolores ont grimpé sur les roches volcaniques. »

Léo : « Et après le quartz s’est mis en place. »

Max : « Tu as pas dis les âges des roches bonomou. »

Le chevalier : « Je sais. Je vous les donnerai plus tard. Mais nous avons déjà des informations sur la chronologie des événements. Les roches se sont déposées, consolidées puis légèrement métamorphisées puis la faille décro-chevauchante est apparue. Et le filon de quartz s’est mis en place. Allez observer le filon. »

Max : « On grimpe ? »

Le chevalier : « Oui, vous grimpez. »

Max : « Chouette alors ! Viens Samuel, on va faire l’escalade 🙂 »

Le chevalier : « Léo, ne grimpe pas trop haut. »

Léo : « Siiii 🙂 »

Max : « Ça va Samuel ? »

Samuel : « Oui, c’est rigolo l’escalade 🙂 »

Max : « Oh ben ça alors ! Bonome, viens voir ! »

Le chevalier : « Je suis là 🙂 »

Max : « Regarde un peu ces stries sur le filon de quartz. »

Le chevalier : « Tiens, c’est intéressant ça… »

Max : « Et les reliefs sous le quartz là-haut, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Ces reliefs et ces stries montrent qu’il y a eu un mouvement après la mise en place du quartz. »

Max : « Tu as dit des erreurs alors ? »

Le chevalier : « Non. Il y a bien eu une faille puis la mise en place du quartz. Ensuite la faille a été réactivée le long du filon. »

Max : « Et tu tires quoi comme information de ces petits reliefs ? »

Le chevalier : « Le sens du déplacement. Le filon s’est déplacé vers la droite de la foto. »

Max : « Comme nous sommes assis sur les roches volcaniques, les argilites ont encore plus chevauché les roches volcaniques. »

Le chevalier : « Oui, il y a eu un mouvement de compression tardif. »

Max : « Tu comprends Samuel ? »

Samuel : « C’est quand même compliqué. Je comprends surtout que bonome voit pas comme nous 🙂 Tout le monde voit des roches et lui il raconte des volcans, des dépôts de toutes petites particules au fond d’une mer calme, des cassures et des mouvements des blocs… »

Max : « On t’avait prévenu 🙂 Bonome, il voit pas pareil. Et encore, là, il a pas eu le temps de se préparer. »

Samuel : « J’ai quand même une question. »

Le chevalier : « Oui Samuel, je t’écoute. »

Samuel : « Ça se forme comment un filon de quartz ? »

Le chevalier : « Vous avez dû comprendre qu’il y a beaucoup de silice dans le secteur. »

Max : « Il y a du quartz et les feldspaths contiennent aussi de la silice. »

Le chevalier : « J’ai oublié de vous dire que le verre volcanique aussi. La silice est peu soluble mais elle l’est quand même un peu. Elle peut donc se dissoudre. Mais quand elle arrive dans un espace vide elle se dépose très vite. »

Samuel : « Merci chevalier. J’ai compris 🙂 »

Max : « Bonomou, on avance un peu ? »

Le chevalier : « Oui, les prochaines roches sont quelques centaines de mètres plus loin. »

Max : « Les cousins : pochage ! »

Léo : « On grimpe ! »

Max : « Tu fotoes encore ? »

Le chevalier : « Oui, regardez. »

Samuel : « Le gros rochers est formé d’argilites. Et le filon montre la faille qui a bougé deux fois. Mais on voit pas les roches volcaniques. »

Max : « Samuel : 20/20 ! »

Samuel : « Je mérite pas 20/20. J’ai juste dit un tout petit résumé. »

Max : « Samuel : 20/20 quand même ! »

Léo : « Des ibis sacrés du Nil ! En Vendée ! Rholala ! »

Max : « Threskiornis aethiopicus, Threskiornithidés. »

Samuel : « Max : 1 point ! »

Léo : « Tu veux bien nous parler des ibis sacrés chevalier ? »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. Je sais de quel parc ils se sont échappés 🙂 Le parc animalier de Branféré, dans le Morbihan. C’était en 1988. Actuellement on compte 2 à 3000 couples nicheurs en France. »

Max : « Ils sont invasifs ? »

Le chevalier : « Ils sont considérés comme tels oui. Ce sont des prédateurs des nichées de cormorans, de sternes de Dougall et de guifettes. »

Max : « Ils détruisent leurs œufs… C’est pas bien ça. Déjà que les guifettes sont rares… »

Léo : « Les sternes de Dougall aussi. On les a même jamais vues. »

Le chevalier : « Donc les préfectures du Morbihan et de la Loire-Atlantique ont décidé d’autoriser la destruction des ibis sacrés. »

Max : « Ils sont tués ? »

Le chevalier : « Certains. »

Max : « J’aime pas que les zoisos soient tués. Même quand ils sont invasifs. »

Le chevalier : « D’autant qu’ils sont protégés par la convention de Berne de 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. »

Samuel : « En 1979 les ibis étaient pas en France. »

Le chevalier : « Tu as raison Samuel. Mais les textes n’ont pas été modifiés. »

Léo : « C’est pas facile de gérer les espaces naturels. Il faut parfois prendre des décisions difficiles mais nécessaires… »

Samuel : « Il est beau cet estran. »

Max : « On va voir la barre rocheuse de là-bas ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu flânes là bonome. »

Le chevalier : « Un peu 🙂 »

Max : « Tu profites du paysage. Je comprends. Mais il faut faire attention à la marée. On a un autre site à faire avant la marée haute. »

Le chevalier : « On arrive Maxou, on arrive. »

Léo : « Il y a un zoiso sur les rochers. On dirait un pipit du genre Anthus. »

Max : « On connaît rien aux pipits. »

Léo : « Ben si. Le gentil spécialiste en zoisos nous a bien dit qu’en bord de mer, sur les rochers, c’est presque toujours des pipits maritimes. »

Max : « Anthus petrosus, Motacillidés ? »

Léo : « Oui, c’est fort probable. Et il ressemble bien. »

Max : « On dit que c’est un pipit maritime alors ? »

Léo : « J’en assume la responsabilité 🙂 »

Max : « Bonome, tu es d’accord ? »

Le chevalier : « Je le suis. »

Samuel : « Anthus petrosus Anthus petrosus Anthus petrosus Anthus petrosus… »

Léo : « On arrive aux roches. »

Max : « Elles ont l’air plus massives que celles de tout à l’heure. »

Samuel : « Mais elles sont roses aussi. »

Max : « On dirait qu’elles penchent. »

Léo : « On peut aller voir de près ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Léo : « Alors il y a des cristaux gris de quartz, des cristaux roses de feldspaths et des cristaux blancs de je sais pas quoi. Autour des cristaux il y a le verre volcanique. Mais il y a pas des vacuoles. Des cristaux et du verre ça indique que c’est une roche volcanique. Mais c’est pas pareil que celle de tout à l’heure. »

Le chevalier : « Les cristaux blancs sont aussi des feldspaths. Une roche formée de cristaux et d’un verre volcanique ont une structure microlithique. Souvent, les cristaux sont invisibles à l’œil nu. Là, ils sont bien visibles. On peut dire que c’est une roche porphyrique. »

Max : « Ô bonomou, grand maître de la géologie, prince des zoisoteurs, guide suprême des naturalistes… »

Le chevalier : « Oui votre sublimité 🙂 »

Max : « 🙂 D’après ce que Léo et toi disiez, les roches de tout à l’heure et celles-là ont la même composition chimique. Alors pourquoi sont-elles pas pareilles ? »

Le chevalier : « Revoyons deux fotos côte à côte… »

Max : « On voit bien que c’est pas pareil. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Par laquelle je commence ? »

Max : « Celle de tout à l’heure. »

Le chevalier : « Nous voyons clairement que cette roche est constituée de petits morceaux de lave soudées à chaud avant leur refroidissement. »

Max : « Ah ben oui, c’est clair ! Tout le monde le voit bonome, cela fait aucun doute. »

Le chevalier : « Ce n’est pas évident ? Ah… Bien, vu la composition de la roche, riche en silice, je peux dire que la lave était acide et donc visqueuse. C’est à dire qu’elle s’écoulait mal. On peut dire que c’est une ignimbrite rhyolitique. »

Max : « Tu peux le dire. Personne ici ne pourra te contredire. »

Le chevalier : « Ignimbrite vient du grec ancien… »

Max : « Ah, une demi-heure s’est écoulée… Tu parles du grékancien en moyenne toutes les demi-heures 🙂 »

Le chevalier : « Ignimbrite vient donc du grec ancien ignis qui signifie feu et de imber qui veut dire pluie. »

Léo : « Il y a eu des pluies de feu ? »

Le chevalier : « C’est une image. Il y a eu des éruptions explosives qui ont projeté de grandes quantités de fragments de lave chaude. Ces fragments se sont soudés alors qu’ils étaient encore chauds et ont donné ces roches. »

Léo : « D’accord. C’est pas ce qu’on appelle des nuées ardentes ? »

Le chevalier : « Si Léo. La nuée ardente est le mélange de laves et de gaz expulsé horizontalement par un volcan explosif à très haute vitesse. Souvent plus de 400 km/h.  L’ignimbrite est la roche qui se forme suite à la nuée ardente. »

Max : « Et ici ? Il y a pas eu la nuée ardente si il y a pas des ignimbrites. »

Le chevalier : « Effectivement. Ici ce sont des coulées massives de rhyolite. On peut voir par endroits que ces coulées sont superposées ce qui indique qu’il y a eu de nombreuses éruptions. »

Max : « On sait l’épaisseur des roches ici ? »

Le chevalier : « Difficile à dire par le fait qu’elles sont penchées. Environ 200m d’ignimbrites et autant de coulées de rhyolites. »

Max : « 400m de roches volcaniques ! Oulala ! Il était en forme le volcan ! »

Samuel : « J’ai encore une question. »

Léo : « Petit Sam parle pas beaucoup mais il écoute et il pose de bonnes questions 🙂 »

Samuel : « J’espère que je t’embête pas chevalier. »

Le chevalier : « Bien sûr que non 🙂 »

Max : « Bonome, il aime bien qu’on lui pose des questions comme ça il se croit intéressant. »

Samuel : « Max, tu es pas gentil ! Chevalier, elle vient d’où la lave ? »

Le chevalier : « Léo a raison. Tu poses de bonnes questions. D’après la composition chimique des roches volcaniques que nous avons observées, je peux affirmer qu’elles proviennent de la fusion partielle de la croûte terrestre à quelques kilomètres de profondeur. »

Samuel : « Alors les roches fondent en profondeur et ça donne de la lave. Et après il y a des éruptions. »

Le chevalier : « C’est un peu plus compliqué que ça. »

Léo : « Oui, la fusion des roches donne du magma. Parce qu’il y a des gaz aussi. Et le magma est chaud alors il remonte. Plus il remonte plus les gaz forment des bulles et les bulles remontent en entraînant la lave vers le haut. »

Le chevalier : « Exact Léo. Mais avec les magmas visqueux les bulles ont du mal à s’échapper. D’autant qu’ils se solidifient rapidement. Alors les bulles s’accumulent et finissent par se libérer brutalement. »

Max : « Le volcan explose et il y a la pluie de feu et des ignimbrites partout. »

Léo : « Alors pourquoi des fois il y a des coulées qui explosent pas ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Bonome mmmmme en se grattant la tête 🙂 »

Léo : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Le volcan doit être alimenté en lave de façon plus régulière. »

Max : « Moi aussi j’ai une question. »

Le chevalier : « Je t’écoute Maxou. »

Max : « Il y a eu d’abord les coulées ou les nuées ardentes ? »

Le chevalier : « Je dirais qu’il y a d’abord eu des coulées visqueuses mais régulière puis des nuées ardentes. »

Max : « Merci bonome. Les petizours avez-vous d’autres questions ? »

Léo : « Oui 🙂 Là, on a collecté des données et on les a un peu expliquées. Mais en géologie, après, il faut raconter l’histoire de la région grâce aux données collectées. Tu pourrais nous raconter l’histoire s’il te plaît ? En donnant les âges. »

Samuel : « Oh oui ! Comme ça on comprendra mieux ! »

Max : « Bonome, si tu veux éviter une révolte de petizours tu dois raconter l’histoire. »

Le chevalier : « Je me demande si je ne préfère pas la révolte de petizours… »

Max : « On fera la bagarre tous les quatre après 🙂 »

Léo : « C’est compliqué ? »

Le chevalier : « Je ne connais pas bien… »

Max : « Raconte bonome. »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous de Rodinia ? »

Max : « Si je me souviens bien c’est le supercontinent qui s’est formé à la fin du précambrien. »

Le chevalier : « Bravo Maxou ! Quelle mémoire ! »

Max : « Merci mon bonome 🙂 »

Léo : « Et Rodinia s’est fragmenté. En Bretagne tu nous as expliqué qu’il y a deux petits morceaux qui s’en sont détachés : Avalonia et Armorica. Et entre ces morceaux il y a eu des océan. L’océan Rhéïque et l’océan centralien. »

Le chevalier : « Vous m’impressionnez tous les deux. La formation d’un océan débute par un étirement de la croûte continentale. Les rhyolites marquent une phase très précoce de cette distension crustale intra-continentale. Elles viennent de la fusion partielle de la croûte en raison d’un flux de chaleur qui provient de la remontée du manteau supérieur. Ces rhyolites datent du Trémadoc c’est à dire du tout début de l’Ordovicien (il y a environ 500 millions d’années). Ensuite, en continuant à remonter, le manteau supérieur fond et donne un magma basaltique qui donnera de la croûte océanique. C’est ce genre de basalte que nous avons observé en Bretagne. »

Max : « Vous vous rendez compte ? Là, on est sur Rodinia et la croûte s’amincit et ça fait des volcans qui font rien qu’à exploser. Et si on attend on va voir un océan se former et Armorica s’éloigner vers le nord. Puis, longtemps après, Armorica va de nouveau se rapprocher et il va se former la chaîne de montagnes. Rholala… »

Samuel : « On est assis sur un rocher en Vendée et on voit tout ça ! Tabarnak d’hostie de kalisse ! C’est vraiment bien la géologie 🙂 »

Léo : « Bonome, tu as pas parlé des argilites. »

Le chevalier : « Je sais. Retenons qu’elles chevauchent les rhyolites et qu’elle datent du Carbonifère. »

Max : « C’est quand déjà la carbonifère ? »

Le chevalier : « Entre 365 et 295 millions d’années. Si je me souviens bien elles datent plus précisément du Dinantien c’est-à dire la première moitié du Carbonifère. Mes petizours, je vous propose de faire une pause dans la géologie compliquée et d’aller observer le haut de l’estran. J’ai quelque chose à vous montrer. Puis nous grimperons sur la dune pour voir tout ça de haut et peut-être croiser quelques zoisos. »

Max : « D’accord bonome ! Mais on se poche ! »

Continuer la promenade

127 – Le Royaume des Sternes de Mer

Vendredi 28 Octobre, An III

Max : « Bonjour bonomou. As-tu bien dormi ? »

Le chevalier : « Très bien, merci. Et toi ? »

Max : « J’ai rêvé que le vent me faisait visiter le Pays des Zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Tu as fait de beaux rêves alors 🙂 Léo et Samuel ne sont pas encore réveillés ? »

Max : « Léo si, mais il veut pas se lever. Samuel dort encore et il est tout serré contre lui. Dis bonome, on fait quoi aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Nous partons pour Brétignolles. »

Max : « C’est vrai ? On y va aujourd’hui ? »

Le chevalier : «  Oui Maxou:) »

Max : « Je cours préparer mes affaires ! »

Le chevalier : « Tu as le temps. Nous ne partirons qu’en début d’après midi. »

Max : « D’accord. Je peux rester avec toi ? »

Le chevalier : « Voudrais tu que nous traînions au lit ? »

Max : « Ouiiii 🙂 En attendant que les cousins se lèvent. »

Le chevalier : « D’accord mon petitours. »

Max : « Dis bonome, si je dis pas des erreurs Brétignolles se situe au nord d’ici. »

Le chevalier : « Tu ne dis pas d’erreurs. »

Max : « Alors pour y aller, nous allons chevaucher sur la grande route qui passe pas loin du Royaume des Sternes de Mer… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Et au Royaume des Sternes de Mer il y a des beaux zoisos. Il plairait bien à Samuel ce Royaume. »

Le chevalier : « Et tu voudrais que nous nous y arrêtions. Mais seulement pour faire plaisir à ton cousin québécois. C’est bien ça ? »

Max : « Ben… C’est pas seulement pour cousin Samuel 🙂 »

Le chevalier : « Tu l’aimes bien ce Royaume. »

Max : « Oui, on s’installe sur la digue, on regarde les zoisos et c’est très beau. Tu veux bien s’il te plaît.»

Le chevalier : « Je veux bien. »

Un peu plus tard…

Léo et Samuel : « Bonjour chevalier. »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »

Max : « On part à Brétignolles aujourd’hui ! Et en chemin on s’arrête au Royaume des Sternes de Mer ! »

Léo : « C’est vrai ? »

Max : « Oui c’est vrai ! »

Léo : « Rholala ! Tu vas voir Samuel, on voit de beaux zoisos dans ce Royaume ! »

Samuel : « Mais vous dites tout le temps qu’on peut pas savoir ce qu’on va voir au Pays des Zoisos… »

Léo : « C’est vrai. Disons que nous avons toujours vu de beaux zoisos dans ce Royaume. »

Max : « Il y a pas de raison que ça change. Bonome, en attendant est-ce qu’on peut aller présenter Samuel à Mounette ? »

Samuel : « C’est qui Mounette ? »

Léo : « C’est le chat. »

Samuel : « Un chat ? Vous connaissez un chat ? »

Max : « Ben oui. On connaissait un chien aussi mais il est tout mort et c’est triste. »

Le chevalier : « Allez préparer vos affaires et ensuite vous avez quartier libre. »

Max : « Bien bonome ! »

Nous avons sagement rangé nos affaires et nous sommes allés dans le jardin pour voir Mounette. On l’avait pas encore vue pendant ce séjour. Je l’ai appelée plusieurs fois et elle est venue. Samuel était pas très rassuré. Mais quand il a vu qu’elle ronronnait quand je lui gratouillais le menton il s’y est mis aussi. Elle s’est couchée sur le dos et on l’a gratouillé tous les trois. Elle arrêtait pas de ronronner 🙂 Et puis elle s’est relevée et elle est partie.

Le chevalier : « Les petizours ! Il est temps de partir ! »

Max : « On arrive ! »

Léo : « On est prêts ! »

Samuel : « On peut partir. »

Pendant la chevauchée…

Max : « Tu vas voir Samuel, il est bien ce Royaume. »

Léo : « Et on marche pas beaucoup. »

Max : « Ben non, on s’installe sur la digue et on observe. On bouge presque pas. »

Léo : « Et bonome fotoe. Il fait des centaines de fotos. »

Max : « Des milliers de fotos ! Et après il faut des heures et des heures pour les regarder et les trier. »

Princesse, il faut que je t’explique un peu le Royaume des Sternes de Mer. Ce Royaume est un vaste estran vaseux qui occupe une grande baie délimitée par deux pointes rocheuses en calcaires durs. Au nord, c’est le premier épisode récifal du Kimmérdgien inférieur. Je t’ai déjà montré. Et au sud c’est la pointe formée par les calcaires du deuxième épisode récifal, toujours du Kimméridgien inférieur. C’est là que bonome m’a présenté le Kimméridgien il y a longtemps maintenant. Entre ces deux pointes de calcaires durs il y a une couche plus tendre qui a été tout érodée. C’est pour ça qu’il y a une baie. On sait pas bien ce que c’est, cette couche. Par endroits, sur l’estran, on aperçoit des argiles un peu dures. Peut-être que c’est ça. Ou alors ces argiles sont des dépôts un peu récents comme on a vu sur l’île d’Ut. On sait pas bien.

Sur l’estran vaseux, côté sud, il y a des cailloux tout cassés qui se sont accumulés. Ils forment de tout petits reliefs qu’on voit à peine à marée basse. Mais, quand la marée monte, ils sont un refuge pour les zoisos. Ils viennent se reposer après avoir bien mangé.

Le long de la baie, il y a une digue avec un beau chemin. Et un tout petit fleuve. On dit un étier. Pour passer cet étier il y a un pont. Enfin, normalement. Parce que là, la digue est en train d’être refaite. Pour bien protéger des grandes marées de tempête. Et il y a plus de pont…

Voilà, tu connais le Royaume des Sternes de Mer maintenant.

Ah… Je l’ai déjà dit. Dans ce Royaume, bonome fait des centaines et des centaines de fotos. Et après c’est très difficile d’en choisir pour mon blog. Alors, dans cet article, il y aura beaucoup de fotos. J’espère qu’elles te plairont Princesse.

Au Royaume des Sternes de Mer…

Max : « Bonome, c’est marée basse. Il y aura pas des zoisos… »

Le chevalier : « Nous pouvons nous promener le long de la digue pour patienter. »

Max : « Mais le chemin est fermé à cause des travaux ! »

Le chevalier : « Je peux aller sur l’estran. »

Max : « C’est l’estran vaseux ici. Tu vas être tout crotté. »

Le chevalier : « Est-ce si grave que ça ? »

Max : « Tu veux être tout crotté ? Libre à toi… »

Léo : « On y va alors ? »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Chouette ! »

Samuel : « Arenaria interpres, Scolopacidés ! »

Léo : « Bravo Sam ! Et ce goéland, tu le reconnais ? »

Samuel : « Mmmmm… Il a les pattes jaunes… Son dos est gris mais je vois pas bien si il est clair ou foncé… »

Max : « Pense qu’il y a beaucoup de soleil. »

Samuel : « Alors il est foncé mais on voit pas bien à cause qu’il y a beaucoup de lumière. Dans ce cas c’est un goéland brun : Larus fuscus, Laridés. »

Léo : « Bravo ! Samuel : 20/20 ! »

Max : « Là, il y a une aigrette garzette. »

Samuel : « Egretta garzetta, Ardéidés ! »

Max : « Oui Sam 🙂 Regarde, on voit ses chaussettes jaunes. »

Samuel : « Elle cherche du manger ? »

Léo : « A marée basse, elle peut se nourrir de Crustacés ou de Mollusques qui vivent sur l’estran. Mais quand la marée monte, elle chasse les poissons. »

Samuel : « Encore des tournepierres ! »

Max : « Eux restent souvent en haut de l’estran, là où il y a des pierres. »

Léo : « Ils les retournent pour chercher leurs proies. »

Max : « Ils vont parfois sur la vase mais c’est plus rare. »

Léo : « Et souvent c’est pas que de la vase. Il y a des pierres disséminées ça et là. »

Samuel : « Ben oui. Les tournepierres tournent les pierres. Sinon ce seraient pas des tournepierres. »

Léo : « Absolument Samuel. Tu as tout compris aux tournepierres à colliers 🙂 »

Max : « Une mouette qui rigole… »

Samuel : « Je me souviens plus de son nom en scientifique. C’est Chro quelque chose ridibundus. Mais je sais que c’est un Laridé et cousin Léo aime beaucoup les Laridés. »

Léo : « Chroicocephalus ridibundus. Il est pas facile à retenir ce nom là. »

Samuel : « Je répète dans ma tête… »

Léo : « Petit Sam, reconnais tu ce zoiso ? »

Samuel : « C’est un grand gravelot. »

Léo : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés. »

Samuel : « Tu connais bien les zoisos cousin Léo. »

Léo : « Max aussi les connaît bien mais il fait semblant d’être un mauvais élève. Ça l’amuse. »

Samuel : « Qu’est ce que tu regardes cousin Max ? »

Max : « Les bécasseaux variables. »

Samuel : « Calidris alpina, Scolopacidés. Tu cherches d’autres bécasseaux ? »

Max : « Ben oui. J’aimerais bien en voir… »

Samuel : « Tu en verras cousin Max. »

Max : « Oui, un jour… »

Léo : « Ils sont beaux les bécasseaux variables. »

Max : « Sam, pour les reconnaître, il faut bien regarder le bec. Il est long et légèrement courbé vers le bas. »

Samuel : « Merci cousin Max. »

Le chevalier : « Venez, allons au fond de la baie… »

Max : « Bonome, c’est loin et il faut passer le petit fleuve et le pont est pas encore réparé. Comment tu vas faire ? »

Le chevalier : « Je vais le traverser pardi ! »

Max : « Et tu vas ploufer tes pieds ! »

Le chevalier : « Non Max. Regarde, en s’avançant sur l’estran le petit fleuve s’élargit et il n’a presque pas de profondeur. »

Max : « Tu as réponse à tout ! Tu fais attention à la marée bonome parce que si la mer monte, on pourra plus revenir ! »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Alors toi ! Tu t’en fiches de ce que je te dis ? C’est ça ? »

Le chevalier : « Un peu… »

Max : « Ben voilà, tu es passé. Et comment on va faire au retour ? »

Le chevalier : « Nous verrons bien. La marée sera basse encore. »

Max : « Pfff… »

Léo : « Regardez ! »

Samuel : « Ooooh ! Tous les zoisos ! Tabarnak ! »

Léo : « Oh non ! On les a fait fuir ! »

Le chevalier : « Allons nous installer. Ils reviendront. »

Max : « Tu as raison bonome 🙂 Ils reviennent ! »

Max : « Léo, tu les as identifiés ? »

Léo : « En vol ? Pas tous ! »

Max : « Qu’est ce que tu as vu ? »

Léo : « Chevalier, as-tu réussi à fotoer ? »

Le chevalier : « Une seule foto… »

Léo : « Tu me la montres s’il te plaît ? »

Léo : « Merci. Le gros en vol au centre c’est une barge rousse, Limosa lapponica. Et il y a des bécasseaux… Des variables, des maubèches… et des sanderlings. »

Samuel : « Tu les reconnais en vol ? »

Léo : « En foto oui. En vrai ça va trop vite. »

Samuel : « T’es trop fort ! Et tu as dit la barge rousse ? On a jamais vu la barge rousse ! »

Léo : « En vol, elle a pas de barre blanche sur l’aile et le blanc remonte jusqu’au milieu du dos. C’est bien une barge rousse. »

Samuel : « Alors là ce sont des barges rousses ? »

Léo : « Voyons ça… »

Max : « Bonome, tu as vu passer la mouette ? »

Le chevalier : « Je crois que j’ai rafalé juste au moment de son passage 🙂 »

Max : « Rholala ! Et on la voit crier ! »

Samuel : « Elle est venue nous gronder ? »

Max : « Elles sont bien tes fotos ! »

Le chevalier : « J’ai eu de la chance qu’elle passe dans le cadre au moment où j’ai déclenché… »

Léo : « Revenons aux barges… Montre une foto s’il te plaît. »

Max : « Celle avec la mouette qui crie ! »

Le chevalier : « Bien Maxou. »

Léo : « Le bec est légèrement retroussé… Mais il devrait être tout noir. Pas orange et noir… Bon, le dos est pas vraiment uni. On voit bien qu’il est strié. Ce sont encore des barges rousses. D’après les couleurs du bec ce seraient des juvéniles mais je suis pas sûr. »

Samuel : « Tout ça de barges rousses… »

Léo : « Il faudrait en fotoer une en grand. Peut-être avec ton autre zoom ? »

Le chevalier : « Je vais essayer… Voilà Léo. Ça te va ? »

Léo : « Merci bonome 🙂 Je suis bête ! »

Max : « Ben oui, on sait ça ! Mais pourquoi nous le rappeler comme ça, d’un coup ? »

Léo : « Le bec tout noir, c’est seulement en plumage nuptial ! En internuptial il est bicolore ! C’est bien une barge rousse. Cette fois j’en suis certain. »

Max : « Et là c’est un pluvier argenté, Pluvialis squatarola, Charadriidés. »

Samuel : « C’est un beau zoiso. »

Max : « En plumage nuptial il est encore plus beau mais on l’a jamais vu. »

Léo : « Il vient chez nous après avoir changé de plumage. »

Max : « Pour le voir en plumage nuptial il faudrait aller tout au nord de l’Europe. »

Léo : « Et c’est bien trop loin. »

Samuel : « Il y en jamais qui viennent en plumage nuptial ? »

Max : « Ça doit bien arriver… »

Samuel : « Alors on en verra peut-être ! »

Max : « Samuel, j’admire ton optimisme 🙂 Il y a d’autres pluviers argentés… »

Léo : « Pas seulement ! Le deuxième à partir de la droite, ce serait un bécasseau maubèche ? »

Max : « Si ! »

Léo : « Le plus grand des bécasseaux… »

Max : « Calidris canutus. »

Samuel : « Calidris canutus, Scolopacidés et Pluvialis squatarola, Charadriidés. »

Léo : « Et là, il y a une barge, des maubèches, un pluvier argenté au fond à droite et des bécasseaux variables au premier plan… »

Samuel : « On en voit des beaux zoisos 🙂 »

Max : « Les bernaches ! Elles sont amerrir ! »

Le chevalier : « Amerrir ? Mais tu sais que ce mot existe Maxou ? »

Max : « Ben oui. Si un zoiso se pose sur la mer il amerrit. Tout le monde sait ça. Bonome, regarde ! »

Le chevalier : « Que dois-je regarder ? »

Max : « Le petit fleuve ! Ah ben ça c’est malin ! Et on fait comment maintenant ? »

Le chevalier : « Je peux encore traverser. »

Max : « Si tu te ploufes jusqu’aux aisselles ! Tu vas vraiment pas bien dans ta tête toi ! »

Léo : « Je suis pas d’accord pour que tu te ploufes jusqu’aux aisselles. »

Samuel : « Moi non plus ! »

Max : « Parce que ta poche est bien en-dessous de tes aisselles. »

Léo : « Et on serait tout noyés ! »

Samuel : « Tu veux pas nous noyer quand même ? »

Le chevalier : « Non, je ne veux pas vous noyer. »

Max : « Comment on va faire ? »

Le chevalier : « Je ferais le tour de la presqu’île. »

Max : « Mais il y a plusieurs lieues ! »

Le chevalier : « Ça, c’est mon problème. »

Max : « D’accord bonome. »

Le chevalier : « Bien, puisque nous sommes coincés ici, autant en profiter. Installons-nous et regardons la marée monter. »

Samuel : « Il y a un dortoir de zoisos ! »

Max : « Tu l’as fait exprès bonome ? »

Le chevalier : « Quoi ? Qu’ai-je fait exprès ? »

Max : « Tu as fait exprès de te faire coincer par le petit fleuve pour regarder le dortoir. Tu voulais une excuse pour rester là pendant des heures. C’est ça ? »

Le chevalier : « Max, je n’ai pas besoin d’excuses pour rester là pendant des heures. J’ai été négligent sur l’horaire de la marée. C’est tout. »

Max : « Tu es bizarre aujourd’hui. Tu vas bien ? »

Le chevalier : « 🙂 Oui merci Maxou. Je suis en vacances. Nous avons beaucoup marché ces derniers jours et là j’ai envie de me poser sur un rocher et d’observer les zoisos. »

Max : « Je comprends. Les cousins ! On s’installe sur les rochers ! »

Samuel : « On va regarder les zoisos ? »

Max : « Oui. On s’installe, on bouge plus et on se régale 🙂 Bonome, tu nous prêtes un appareil ? »

Le chevalier : « Je vous installe le gros. »

Léo : « Regarde par là Samuel. »

Samuel : « Ooooh ! Tout ça de zoisos ! »

Max : « Oui, ils mangent et font sa toilette. »

Léo : « Ce sont des bécasseaux variables et sanderlings. »

Max : « Ces cailloux vont être recouverts petit à petit par la mer et les zoisos vont se rassembler devant nous. Là… »

Samuel : « Il y en a déjà beaucoup ! »

Léo : « Ceux que nous avons déjà observés. Avec un peu de chance il y en aura d’autres… »

Max : « Il va y avoir des zoisos partout 🙂 »

Léo : « Ils commencent à arriver… »

Samuel : « On va rester longtemps ? »

Max : « Mmmmm… Il va falloir faire attention parce que je sens bien bonome redevenir sauvage… »

Léo : « Il faut le surveiller ? »

Max : « Oui oui. Et si vous voyez des signes de retour à l’état sauvage vous donnez le signal du départ. Sinon il va se creuser un terrier dans le petit marais derrière nous et on partira plus jamais d’ici. »

Léo : « Bonome, il y a des tournepierres qui font sa toilette ! »

Le chevalier : « Et tu veux que je fotoe ? »

Léo : « Oui, s’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien mon petitours 🙂 »

Max : « Et là-bas il y a des zoisos qui ont les pattes dans l’eau. »

Léo : « Ils ont pas envie de se déplacer. »

Max : « Ils vont bien être obligés ! La mer monte ! »

Samuel : « Ils se reposent encore. »

Max : « BONOME ! IL Y A MARTIN ! »

Léo : « Un Martin à la mer ! »

Max : « Il continue ! »

Samuel : « Ooooh ! Il vole sur place ! »

Max : « Il repère sa proie et après il lui ploufe dessus ! »

Léo : « Il s’est posé ! »

Max : « Rholala ! Martin à la mer ! »

Léo : « Je savais pas qu’il pouvait pêcher en mer. »

Max : « Ben, il habite peut-être dans le marais qui est juste là. Alors un petit poisson marin de temps en temps… »

Léo : « Il a décollé ! »

Max : « Bonome ! »

Le chevalier : « Fotoé ! »

Max : « Il continue ! »

Le chevalier : « Je vois Maxou. »

Max : « Rholala ! On a vu Martin ! »

Samuel : « Martin c’est vraiment un beau zoiso ! Et il vole sur place ! »

Max : « C’est sa technique de chasse. »

Léo : « Pendant ce temps, des zoisos sont arrivés. »

Max : « Il y en a de plus en plus. »

Léo : « Voyons un peu… »

Léo : « Toujours les mêmes : bécasseaux maubèches, variables et sanderlings et un pluvier argenté. »

Max : « Et là, les barges… »

Samuel : « Barges rousses, Limosa lapponica, Scolopacidés. »

Léo : « Il y en a une qui dort mais l’autre a l’air de se demander si elle va pas s’envoler… »

Max : « Là-bas il y a un goéland brun et deux bernaches cravants… »

Samuel : « Il y a des zoisos partout ! »

Max : « Et encore, on regarde pas derrière. Il doit y avoir des passereaux dans la haie. »

Léo : « Des fois, des rougequeues noirs viennent sur les rochers de la digue. Des bergeronnettes grises aussi. »

Max : « On peut pas tout voir… »

Samuel : « Des barges rousses viennent se poser ! »

Léo : « Rholala ! La chance ! Tout ça de zoisos ! »

Max : « Bonome, il faut bien observer. Il y a peut-être des bécasseaux qu’on a jamais vus. »

Le chevalier : « J’observe Maxou… Tu sais, moi aussi j’aimerais les voir. »

Samuel : « Là ! Avec le long bec recourbé ! »

Max : « Long bec recourbé ? Serait-ce un courlis ? »

Léo : « Oui, il est là ! »

Max : « Et il y en a un autre… »

Samuel : « Cousin Léo, tu connais les courlis ? »

Léo : « Il y en a deux espèces courantes et c’est comme les barges. Les deux espèces se ressemblent et ne sont pas toujours faciles à distinguer l’une de l’autre. »

Samuel : « Et toi cousin Max, tu sais les distinguer ? »

Max : « Léo, on essaye ? »

Léo : « Déjà fait 🙂 Sur le premier on remarque que la tête est unie. Il y a pas de sourcil clair. Et le bec est très très long. Ça se voit bien. Je dirais que c’est un courlis cendré, Numenius arquata, Scolopacidés. C’est le plus grand des Scolopacidés. Je pense même que c’est une femelle. Pareil pour le second. Mais en mâle cette fois. Qu’en penses-tu ? »

Max : « D’accord pour le premier. Mais tout à fait sûr pour le second. Le bec est pas très long. »

Léo : « C’est pour cette raison que je pense que c’est un mâle. »

Max : « Ça se tient. Et souvent les courlis sont en groupe. On a jamais vus de courlis tout mélangés ? »

Le chevalier : « Non, je ne pense pas. »

Max : « Ça a toujours été les cendrés avec les cendrés et les courlieux avec les courlieux. »

Le chevalier : « Oui Max. Mais… »

Max : « Oui, je sais. Ça pourrait arriver. »

Léo : « Un maubèche se pose… »

Samuel : « C’est beau tous ces zoisos. »

Léo : « La barge rousse se met la tête sous l’aile… »

Max : « Ils sont tranquilles ici les zoisos. »

Léo : « Il suffirait que le chevalier descende la digue pour qu’ils s’envolent tous. »

Max : « Tu crois ? Ils sont loin quand même. »

Samuel : « Et pourquoi il ferait ça ? »

Léo : « Lui, le ferait pas. Mais, tu sais, les zoms sont pas toujours malins… »

Max : « Toujours pas d’autres bécasseaux bonome ? »

Le chevalier : « Non, toujours des maubèches. L’un d’entre eux vient de s’envoler… »

Max : « On en avait jamais vu jusqu’à cette semaine et là ils se comptent pas centaines 🙂 »

Léo : « Peut-être que si on reprenait les anciennes fotos… »

Max : « Même pas en rêve ! Il faudrait des semaines pour toutes les regarder ! »

Samuel : « Anas platyrhynchos, Anatidés. »

Max : « Des colverts ? A la mer ? »

Samuel : « Oui Maxou. Regarde. »

Léo : « Max, je ne vois pas pourquoi tu es surpris. On en avait vu à la mer, en Bretagne. »

Max : « Ah oui ! Je m’en rappelle maintenant. »

Léo : « Eux aussi doivent vivre dans les marais. Il y a des marais partout ici. »

Samuel : « Le chevalier nous fotoe 🙂 »

Sam : « Il peut pas s’en empêcher 🙂 »

Samuel : « Vous vous tournez pas ? »

Sam : « On est occupés. »

Léo : « On observe les zoisos. »

Samuel : « Ben moi je prends la pause. »

Le chevalier : « J’aime beaucoup ce petitours blanc moi 🙂 »

Max : « On zoisote nous. »

Léo : « Là, il y a une barge rousse, un bécasseau maubèche et un pluvier argenté les pattes dans l’eau… »

Max : « Et là une barge, des maubèches, des variables et des sanderlings… »

Léo : « Et toi bonome, qu’est ce que tu observes ? »

Le chevalier : « Je fotoe des oiseaux isolés. Un pluvier argenté… »

Le chevalier : « Et un grand gravelot… »

Max : « C’est bien. Comme ça mes lecteurs pourront s’entraîner à les identifier. Parce qu’en groupe c’est pas facile. »

Léo : « Une arrivée de zoisos ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Max : « Il y a un retardataire 🙂 »

Léo : « D’autres arrivent ! »

Samuel : « Alors Maxou, tu trouves des bécasseaux ? »

Max : « Ben non… Il y bien des maubèches mais pas le moindre cocorlis ou violet… On va jamais les voir… »

Samuel : « Pauvre Maxou. »

Léo : « Il y a une barge qui en a assez d’avoir les pattes dans l’eau… »

Max : « Elle s’en va 🙂 »

Léo : « Oh ! Une barge unipattiste ! »

Max : « La pauvre ! Elle s’est fait croquer la patte ! »

Léo : « Qui est ce qui lui a croqué la patte ? »

Max : « C’est un congre. C’est méchant les congres ! »

Le chevalier : « Max, pas d’accusation en l’air s’il te plaît. »

Max : « Mais c’est méchant les congres ! »

Le chevalier : « Ce sont des prédateurs. Mais je ne vois pas pourquoi tu dis qu’ils sont méchants. »

Max : « Ils pourraient nous dévorer d’un coup ! »

Le chevalier : « Les congres ne sont pas petitoursophages. »

Max : « C’est toi qui le dis… »

Léo : « Regardez les maubèches. Ils vont bientôt se noyer 🙂 Bon, observons un peu de l’autre côté… »

Samuel : « La mer est bien montée. »

Léo : « Oui petit Sam. Les rochers sont recouverts petit à petit et les zoisos vont venir en face de nous. »

Samuel : « Il arrivent 🙂 »

Samuel : « Tout ça de zoisos ! Ooooh ! »

Léo : « On a en a jamais vu autant dans un dortoir. »

Max : « Surtout avec des bécasseaux maubèches 🙂 »

Léo : « Rholala ! »

Les petizours applaudissent…

Le chevalier : « Vous applaudissez maintenant ? »

Max : « Bonome, tu as vu ça ? »

Léo : « On va pas rholalaer tout le temps. »

Samuel : « Alors on applaudit. »

Le chevalier : « Mes petizours applaudissent les oiseaux en vol… »

Max : « Bonome, regarde un peu cette densité de zoisos. »

Léo : « Ils sont tout serrés. »

Samuel : « Mais il y en a d’autres qui vont venir. »

Léo : « J’aimerais bien aller avec eux. »

Max : « Oh oui ! »

Les petizours applaudissent de nouveau.

Léo : « Rholalaaaa ! »

Samuel : « Cousin Léo recommence à rholalaer 🙂 »

Max : « Regardez là haut ! »

Samuel : « Un sterne caugek ! Sterna sandvicensis mais on sait pas si c’est un Laridé ou un Sternidé. »

Max : « Tu as entendu bonome ? Il est doué cousin Samuel. »

Samuel : « J’ai de bons professeurs 🙂 »

Léo : « Il faut surveiller à gauche. On voit plus du tout les rochers. Les zoisos ont tous les pattes dans l’eau et ils vont pas tarder à s’envoler. »

Samuel : « Ils arrivent ! »

Samuel : « Pourquoi voit-on seulement une patte quand ils volent ? Ils sont tous unipattistes ? »

Léo : « Non petit Sam. Tu as dû remarquer que les zoisos se reposent sur une seule patte. L’autre est bien repliée et toute cachée. Parce qu’ils ont pas de plumes sur les pattes et c’est la zone de leur corps qui se refroidit le plus vite. Et quand ils s’envolent pour aller se reposer quelques mètres plus loin ils déplient pas la patte qui est bien au chaud. »

Samuel : « Et ils se posent sur une seule patte ? »

Max : « Ils peuvent déplier l’autre en urgence si l’atterrissage se présente mal. »

Samuel : « Qu’est qu’il y a comme zoisos ! »

Léo : « Et il en arrive encore ! »

Léo : « Chevalier, tu as dû remarquer que tous les bécasseaux maubèches avaient pas les mêmes couleurs sur les ailes. Certains ont du noir alors que d’autres ont les ailes entièrement grises. Comment tu expliques ça ? »

Le chevalier : « Il me semble que ce sont les juvéniles qui ont du noir sur les ailes. »

Léo : « Merci chevalier. »

Samuel : « Il en reste encore là-bas… »

Max : « Plus beaucoup. Ils vont pas tarder à venir. »

Samuel : « C’est impressionnant tout ces zoisos… »

Max : « J’avais déjà vu des images dans les livres… »

Léo : « Oui, les Charadriiformes forment souvent de grands groupes avec des zoisos tout mélangés. Surtout dans les dortoirs ou les reposoirs. »

Max : « Qu’est ce que tu appelles les reposoirs ? »

Léo : « Je sais pas si ça se dit. Les marais ou les étangs où ils vont se reposer après avoir mangé sur l’estran. »

Max : « Dis bonome, comment ils font pour aller manger quand la marée basse est la nuit ? »

Le chevalier : « Bonne question Max. Pour utiliser ton vocabulaire, ils s’en fichent qu’il fasse nuit. »

Max : « Ils s’en fichent ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Le seul rythme qui compte pour eux est celui de l’alternance des marées. »

Max : « Alors ils volent de nuit ? »

Le chevalier : « Oui. Ils ont une excellente vue de jour comme de nuit. »

Max : « Tu savais ça Léonou ? »

Léo : « Non. J’en apprends tous les jours 🙂 »

Max : « On pourrait venir une nuit de pleine lune quand la marée monte. »

Le chevalier : « Toi tu as envie de faire des sorties nocturnes. C’est la deuxième fois que tu le proposes. »

Max : « Oui, ça me plairait bien. Mais tu pourrais pas fotoer. »

Léo : « Je comprends pas pourquoi ils restent sur le bord, là où la mer remonte le plus vite. Pourquoi ils viennent pas tout de suite ici, tout près ? »

Le chevalier : « Bonne question. Peut-être se sentent-ils plus en sécurité loin de la terre… »

Max : « Oh ! C’est rigolo ça ! Vous avez vu comme le pluvier argenté a soulevé les ailes pour éviter la petite vague ? »

Léo : « Une arrivée de barges rousses… »

Max : « Et là ! Le goéland brun ! Il donne l’impression de surveiller le troupeau de zoisos 🙂 »

Samuel : « Tout ces zoisos… »

Max : « Il en reste quelques uns à gauche. Qu’est ce qu’ils attendent pour venir ? »

Léo : « Ce bécasseau en a assez des vagues. Il s’en va… »

Max : « Ce pluvier a l’air de se demander ce qu’il fait encore là… »

Léo : « La barge se le demande plus. Elle s’envole 🙂 »

Léo : « Si on ne regarde pas attentivement en passant sur la digue, on voit même pas qu’il y a des tas de zoisos. »

Max : « Il faut dire que leurs couleurs les camouflent bien. »

Léo : « Et ils sont pas très grands. Ils dépassent à peine des cailloux. »

Max : « Nous on observe attentivement, alors on les voit. »

Léo : « Et avec l’appareil du chevalier on peut les zoomer. »

Max : « Comment tu dis Léo ? ‘Rholala ! Rhooo la chance !’ C’est bien ça ? »

Léo : « C’est bien ça 🙂 »

Max : « BONOME ! Regarde un peu ça ! »

Le chevalier : « Tu as vu quelque chose de particulier ? »

Max : « Je sais pas. Regarde. Celui qui dort la tête sous l’aile, un peu en haut et à gauche du centre de la foto. Il a une patte orange. Et il a l’air plus foncé. C’est qui ? »

Le chevalier : « Avec une seule foto d’un oiseau qui dort la tête sous l’aile… Léo ? »

Léo : « Mmmmm… »

Le chevalier : « A ma connaissance le seul bécasseau qui a les pattes orange est le bécasseau violet en plumage internuptial. »

Max : « Léo ? »

Léo : « Je sais pas… »

Max : « Ce serait un bécasseau violet ? Bonome ? »

Le chevalier : « C’est un hypothèse. »

Max : « Alors sur cette foto il y aurait : des maubèches, des variables… Zutalor il y a pas de sanderling ! Et un bécasseau violet ! »

Léo : « Il a pas de sanderling mais il y a des barges rousses. »

Max : « Il s’appelle comment en scientifique le bécasseau violet ? »

Le chevalier : « Calidris maritima, Scolopacidés. »

Max : « Je peux aller le voir pour lui demander si il est bien violet ce bécasseau ? »

Le chevalier : « Tu parles le bécasseau ? »

Max : « Ah non… Tu veux pas y aller ? »

Samuel : « Çavapalatête ! Tous les zoisos s’envoleraient ! »

Léo : « Samuel a raison. »

Max : « Alors personne y va et on saura jamais si c’est un bécasseau violet ou pas. D’accord. »

Léo : « Là, il y a des tournepierres… »

Samuel : « Et là, une barge rousse se gratte 🙂 »

Max : « Mais pourquoi ils restent les pattes dans l’eau ceux-là ? »

Max : « Bonome, tu dis plus rien. Tu es pas en train de redevenir sauvage quand même ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Tu m’as parlé Maxou ? »

Max : « Les cousins ! On range tout et on s’en va ! »

Samuel : « On regarde plus les zoisos ? »

Max : « Non on regarde plus les zoisos. »

Léo (doucement à Samuel) : « Le chevalier peut redevenir sauvage à tout moment. Et là, il vaut mieux qu’on parte… »

Samuel : « Alors on regarde plus les zoisos ! »

Max : « Bonome, tu feras quand même quelques fotos des zoisos en chemin s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors en route pour Roubignolles ! »

Continuer la promenade

126-2 L’Île des Beaux Canards (seconde partie)

Jeudi 27 Octobre, An III (suite)

Max : « Bonome, as-tu terminé ton sandouich ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu t’es caféiné ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et tu as pétuné… »

Le chevalier : « J’ai 🙂 »

Max : « Alors si on reprenait ? »

Le chevalier : « Fin de la pause ? »

Léo : « Oui ! On va aux zoisos ! »

Le chevalier : « Alors c’est parti ! »

Max : « Euh… Bonome, on s’est pas pochés là ! »

Le chevalier : « Non, vous allez marcher un peu. Tu m’as l’air un peu serré dans ton pantalon. Je ne savais pas comment t’en parler. La marche te fera du bien 🙂 »

Max : « Tu te moques là ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Samuel : Chevalier ! Viens voir ! »

Léo : « Samuel a trouvé quelque chose d’intéressant ! »

Le chevalier : « Voyons ça… »

Samuel : « Qu’est ce que c’est ? »

Le chevalier : « Max ? Léo ? »

Max : « Mon petit Samuel ceci est une chenille, c’est-à-dire une larve de papillon. »

Léo : « Les papillons ont un développement avec métamorphose. Les adultes font des œufs qui seront pondus par la femelle. »

Max : « Les œufs éclosent et donnent des larves qui muent plusieurs fois. »

Léo : « Puis les larves, ou chenilles, se trouvent un bel endroit et se transforment en nymphe. »

Max : « Et plus tard, de la nymphe sort un adulte. »

Léo : As-tu des questions ? »

Samuel : « Œuf larve nymphe adulte – œuf larve nymphe adulte – œuf… »

Max : « Il apprend sa leçon 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu connais cette chenille ? »

Le chevalier : « Oui. Mais j’aurais dû mettre une échelle sur cette foto… »

Léo : « Pour donner une idée de sa taille. »

Max : « Elle est plus grande que moi. »

Le chevalier : « Elle peut atteindre treize centimètres de long. »

Max : « D’accord, elle est très grande, mais ça nous dit pas qui c’est. »

Le chevalier : « Une chenille jaune portant des V bleus sur le dos, une corne à l’extrémité de l’abdomen, très grande… C’est une chenille de sphinx à tête de mort, Acherontia atropos, Sphingidés. »

Max : « Tu pourras trouver une image de l’adulte pour mon blog s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui, Maxou. Nous demanderons à monsieur Internet. »

Max : « Ah oui, je comprends mieux son nom maintenant. Il a une tête de mort sur le thorax. »

Léo : « Chevalier, quelque chose me dit que le nom est intéressant. »

Max : « Aïe ! »

Samuel : « Tu t’es fait mal ? »

Max : « Non, je redoute le long exposé, interminable et soporifique, qui va suivre… »

Léo : « Tu es pas obligé d’écouter ! »

Le chevalier : « Je ne connais pas l’origine du nom de genre Acherontia mais je peux vous parler un peu d’Atropos. »

Léo : « Nous t’écoutons ! »

Le chevalier : « Par quoi commencer… Atropos est l’une des trois Parques. »

Samuel : « C’est qui les Parques ? »

Le chevalier : « Dans la mythologie grecque… »

Max : « Ben voilà ! Nous voici repartis dans la Grèce Antique… »

Léo : « Max, pourrais-tu ronchonner dans ta tête ! »

Max : « Je ronchonne si je veux ! »

Léo : « Néglige bonome, Samuel et moi t’écoutons. »

Le chevalier : «  Dans la mythologie grecque, les Parques président à la destinée des hommes. La plus jeune, Clotho, fabrique et tient le fil des destinées humaines. Lachésis déroule le fil et le met sur le fuseau. Atropos est celle qui le coupe. »

Samuel : « La naissance, la vie et la mort… »

Léo : « Atropos est celle qui tue. »

Le chevalier : « Elle met un terme à la destinée de l’homme… »

Max : « Je vois pas bien la différence. »

Le chevalier : « Il faut bien que la vie s’arrête Max. »

Max : « Oui, ben moi, je suis pas pressé que la vie s’arrête. »

Léo : « Et comment on peut faire pour qu’Atropos coupe pas trop vite notre fil ? »

Le chevalier : « Les romains vouaient un culte aux Parques. Je suppose qu’ils leur faisaient des offrandes… »

Max : « Léo, on s’en fiche des Parques. On est pas polythéistes de la Grèce antique. On est chrétiens nous et on croit pas aux Parques. »

Léo : « Oui, je sais Maxou. Je me renseignais 🙂 »

Max : « Bonome, pour une fois tu as réussi à faire bref. Tu peux nous parler un peu plus du sphinx à tête de mort s’il te plaît. »

Le chevalier : « Vous avez bien décrit son cycle de vie. »

Samuel : « Œuf larve nymphe adulte ! »

Le chevalier : « Oui Sam. La chenille se nourrit surtout de plantes de la famille des Solanacées : le datura, les pommes de terre, les solanums, ou Atropa belladonna… »

Max : « Bonome, les solanums ont en a déjà vues. Tu as dit qu’elles étaient toxiques. Pareil pour le datura. »

Léo : « Et je connais pas Atropa belladonna mais d’après son nom elle doit être dangereuse et mettre fin à la vie. »

Le chevalier : « Elle contient de l’atropine comme beaucoup de Solanacées. L’atropine a de nombreux effets sur le système nerveux. A faibles doses elle provoque une accélération du rythme cardiaque, une diminution des sécrétions (sueur et salive), un relâchement des muscles lisses et une dilatation de la pupille. C’est d’ailleurs ce dernier effet qui est à l’origine de son nom d’espèce. »

Max : « Je vois pas le rapport avec belladonna. »

Le chevalier : « Belle dame 🙂 Il se trouve qu’à la Renaissance les belles dames italiennes trouvaient qu’avoir la pupille dilatée était un critère de beauté. Elles se mettaient donc quelques gouttes de jus d’Atropa belladonna dans les yeux. »

Samuel : « Tu en connais des choses toi 🙂 »

Léo : « Tu as parlé des faibles doses. Et à fortes doses ? »

Le chevalier : « Arrêt du cœur. »

Léo : « Atropos coupe le fil de la vie… »

Max : « Revenons à notre papillon. »

Le chevalier : « La chenille se transforme en chrysalide dans le sol. Puis il sortira du cocon le deuxième plus grand papillon d’Europe derrière le grand paon de nuit. 6 cm de longueur et 13 d’envergure. En Europe on peut le voir voler d’Avril à Août. Ils sont présents presque partout en Europe et migrent en Afrique. »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Tu vois Samuel, bonome voit pas comme nous. Toi, tu vois une belle chenille. Lui, il voit la Grèce Antique et la Renaissance Italienne. »

Max : « Et le système nerveux. »

Léo : « Et tout ce qu’il nous a pas dit ! »

Samuel : « J’aimerais bien voir comme lui… »

Le chevalier : « Ça viendra Samuel. Sois patient 🙂 Max et Léo commencent à voir mieux qu’ils veulent bien le dire. »

Max : « On voit pas encore comme toi. »

Léo : « On en est loin ! »

Le chevalier : « Soyez patients vous aussi. N’oubliez pas que moi j’ai 15 milliards d’années 🙂 »

Max : « Tu es en forme pour un si vieux bonome 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Qu’est que tu as vu ? »

Léo : « Là-bas ! Sur les rochers qui dépassent à peine de l’eau ! »

Max : « Ben voilà ! Samuel, ça c’est un dortoir de zoisos. Les zoms passent et disent : ‘Tiens, il y a des mouettes !’ et ils s’arrêtent même pas. Nous, on est naturalistes alors on va aller observer ça de près et on va encore voir plein d’espèces. »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « Bonome, approche furtive ! Pas de mouvements brusques, un pas après l’autre ! Allez ! »

Léo : « Des zoisos ! Rhooo ! »

Max : « Léo, tu commences à voir ? »

Léo : « Oui 🙂 Il y a des Laridés 🙂 »

Max : « Léo aime beaucoup les Laridés. »

Léo : « Là ce sont des tournepierres à collier, Arenaria interpres, Scolopacidés. Mais on les voit pas bien. »

Samuel : « Ils dorment la tête sous l’aile. »

Max : « Ben oui, c’est le principe du dortoir Sam. Quand la marée monte, les zoisos qui ont bien mangé viennent faire la sieste sur ce genre de rochers jusqu’à ce qu’ils soient tout recouverts par la mer. Après, soit ils vont dormir sur l’eau, soit ils vont dans l’arrière littoral, dans les marais… C’est pratique les dortoirs parce qu’on peut voir plein de zoisos. »

Léo : « Bonome, il y a des goélands sur la gauche… »

Le chevalier : « Je fotoe… »

Léo : « Merci bonome 🙂 Tiens, regarde petit Sam. Ce sont des goélands argentés, Larus argentatus, Laridés. On voit pas bien à cause qu’il y a trop de lumière mais ils ont le dos gris clair et les pattes roses. »

Samuel : « Je vois. Alors on a vu les goélands bruns, marins, leucophées, cendrés et argentés. »

Max : « Tu en connais autant que nous. »

Samuel : « La chance ! »

Léo : « Et là… Les petits, devant, sont des bécasseaux variables. »

Samuel : « Calidris alpina, Scolopacidés ! »

Léo : « Oui petit Sam 🙂 Derrière il y a des tournepierres à colliers. Et il y a des mouettes… Des mélanocéphales ! Larus melanocephalus, Laridés. Mmmm… La première, un peu à droite au premier plan c’est une mouette qui rigole, Larus ridibundus. Un jeune. »

Samuel : « Comment tu sais que c’est un jeune ? »

Léo : « Pattes orange et un peu de sombre sur l’aile… »

Max : « Bonome, tu pourrais fotoer les deux espèces de mouettes pour montrer à Samuel s’il te plaît ? Sur la même foto si c’est possible. »

Le chevalier : « Si je trouve… Mmmm… Là… Voilà. »

Léo : « Bien joué bonome ! »

Max : « Tu vois Sam, les deux du fond ont les pattes noires et elles sont toute blanches. Pas de noir sur la queue. »

Samuel : « Je vois. »

Léo : « C’est le plumage internuptial. En plumage nuptial les pattes sont très rouges et la tête est noire. Mélanocéphale ça veut dire tête noire. »

Max : « L’autre, au premier plan, a quelques plumes sombres au niveau de la queue. En vrai ce sont les primaires des ailes. Et puis son bec est un peu plus long et plus pointu. C’est la mouette qui rigole. En plumage nuptial sa tête est couleur brun chocolat. »

Le chevalier : « Voici d’autres mouettes mélanocéphales… »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Chevalier, tu peux fotoer un peu plus large et me montrer ? »

Léo : « Oui… Là, regarde ! Il y a des pluviers argentés. »

Samuel : « Pluvialis squatarola, Charadriidés ! »

Léo : « Samuel : 20/20 ! »

Max : « Fotoe encore bonome. On fera le tri en rentrant. »

Le chevalier : « Bien Max, à tes ordres. »

Max : « Mais il faut nous montrer ! »

Le chevalier : « Je sais Maxou. Voilà… »

Léo : « Là ! Des sternes caugek ! »

Le chevalier : « Venez, décalons nous pour mieux les voir… »

Max : « Doucement bonome ! Il faut pas faire fuir les zoisos ! »

Le chevalier : « Je sais Maxou. Ils ont le droit de se reposer… Là… »

Samuel : « Elles sont belles ! »

Léo : « Oui, les Laridés sont de très beaux zoisos. »

Max : « Léo, on est même pas sûrs que ce soient des Laridés. Ce sont peut-être des Sternidés. »

Léo : « Oui, mais ce sont quand même de très beaux zoisos 🙂 Samuel, en scientifique ont les appelle Sterna sandvicensis. Il me semble que ce sont les plus grandes sternes que nous puissions voir. Là, elles ont juste le tour de la tête noir avec le front blanc. C’est le plumage internuptial. Sinon, toute la calotte est noire avec une huppe ébouriffée. La pointe du bec est jaune en tout plumage. Les sternes caugek peuvent pas se confondre avec d’autres sternes. »

Samuel : « Vous en connaissez d’autres ? »

Max : « La sterne pierregarin se reproduit par chez nous alors on la connaît bien. On a même déjà vu ses poussins. Et il y a la sterne naine. »

Léo : « Et on a pu observer des guifettes noires au Grand Étang. »

Max : « Qu’est ce que tu fotoes bonome ? »

Le chevalier : « Les zoisos… »

Léo : « Alors… En haut à gauche il y a une mouette qui rigole. Un peu derrière elle c’est une mélanocéphale. En diagonale ce sont des bécasseaux. De gauche à droite : sanderling, variable et sanderling. Et celui qui est sur une patte est un grand gravelot. »

Max : « Tu peux fotoer le grand gravelot tout seul ? »

Le chevalier : « Je peux 🙂 »

Léo : « Et là, il y a des tournepierres… »

Max : « Et des bécasseaux sanderlings ! Bonome, c’étaient nos zoisos-gardiens en Bretagne alors il faut bien les fotoer pour les remercier d’avoir veillé sur nous. Tu fais des belles fotos s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je fais de mon mieux Maxou mais je ne suis pas fotoeur moi. Je suis naturaliste. »

Max : « Oui oui, bien sûr. Et tes fotos sont moches. On sait bien. »

Léo : « On pourra montrer le dessin animé à Samuel ? »

Max : « Quel dessin animé ? »

Léo : « Piper, le petit bécasseau sanderling ! »

Max : « Oh oui ! Je pourrai le mettre dans mon blog ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Nous verrons… Vous avez bien observé les zoisos ? »

Max : « On peut rester un peu pour les bécasseaux sanderlings s’il te plaît ? »

Max : « Je crois qu’on a tout vu. »

Léo : « Ça t’a plu petit Sam ? »

Samuel : « Ils sont beaux les Laridés 🙂 Et j’aime beaucoup les bécasseaux sanderlings. »

Max : « Bonome aussi 🙂 Il aime quand la mer les fait danser… »

Léo : « Ça aussi on te montrera 🙂 »

Max : « Bon, on avance parce que je voudrais pas rater le bateau moi. »

Le chevalier : « Nous avons le temps Maxou. »

Léo : « Oh ! Fort Boyard ! »

Max : « C’est grâce à lui qu’il y a la bébé plage 🙂 »

Le chevalier : « Saviez-vous qu’il n’a jamais rempli sa première mission ? »

Max : « Vas-y, explique… »

Le chevalier : « Je vous rappelle que sa construction a débuté en 1804. En réalité elle a été envisagée dès la fin de la construction de la Ville-Arsenal en 1666. Mais édifier un tel bâtiment en pleine mer, avec les marées, était très difficile. »

Max : « Pourquoi construire un fort à cet endroit ? »

Le chevalier : « Pour protéger l’embouchure du Grand Fleuve d’Ici ! La distance séparant l’Île des Beaux Canards de l’Île d’O est d’environ 6 km. Il y a un fort sur l’Île des Beaux Canards, le Fort de la Rade, que nous verrons bientôt. Et un fort sur la côté orientale de l’Île d’O, le fort de Boyardville. Mais, à l’époque, les canons avaient une portée limitée à 1,5 km. Il fallait donc un site, à peu près à mi-distance des deux îles où poster des canons. »

Max : « D’où le Fort Boyard. »

Le chevalier : « Oui. Mais sa construction a été très longue. Il a été terminé en 1857. Or, entre temps, l’artillerie avait fait des progrès et la portée des canons était passée à plus de 6 km. »

Max : « Et Fort Boyard servait plus à rien dès la fin de sa construction. »

Le chevalier : « Et oui. Il fut surnommé Fort de l’Inutile par les populations locales et fut transformé en prison. »

Léo : « C’est bien beau tout ça mais tu as dit qu’on pourrait fossiler… »

Le chevalier : « Nous arrivons à la seconde barre. Il faut passer les première fortifications… »

Max : « C’est ça le Fort de la Rade ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas trop si le Fort de la Rade correspond à un fort ou si c’est le nom de la citadelle… »

Max : « Pas grave. Comment on appelle l’étude des forts ? »

Le chevalier : « L’étude des fortifications, de leur construction et de leur attaque s’appelle la poliorcétique. »

Max : « Ben on est pas là pour faire la poliorcétique. »

Le chevalier : « Nous voici sur la barre carbonatée supérieure à orbitolines… »

Léo : « C’est ici qu’on fossile ? »

Le chevalier : « oui. »

Max : « Si c’est le Cénomanien, il y a tes fossiles bizarres que personne connaît à part toi. Comment tu les appelles déjà ? Les rudistes triangulaires et les sphérites foliacées. »

Le chevalier : « Les Rudistes ! Ichthyosarcolithes triangularis et Sphaerulites foliaceus. »

Max : « Ben oui. C’est ce que je viens de dire ! »

Samuel : « C’est même pas vrai 🙂 »

Léo : « Viens Samuel, on va chercher ces fossiles ! »

Samuel : « C’est ça ? »

Léo : « Oui petit Sam. C’est un Sphaerulites foliaceus. »

Samuel : « C’est un gros fossile 🙂 »

Max : « J’en ai un aussi ! »

Samuel : « Bravo cousin Max ! »

Léo : « Et celui-là c’est juste le moulage. Il y a plus la coquille. »

Max : « Par contre là, il y a l’autre coquille. »

Léo : « Parce que les Rudistes sont des Mollusques Bivalves. Leur coquille est en deux parties mais elles sont pas du tout symétriques. »

Max : « Il y a altération secondaire de la symétrie. »

Léo : « Ben voilà, Max utilise des expressions compliquées que personne connaît à part lui ! »

Max : « C’est pas compliqué ! Ça veut dire que la symétrie existe plus. Mais l’ancêtre des Rudistes avait un plan de symétrie qui passait entre les valves. Et la symétrie a disparu. Il y a altération secondaire de la symétrie. Hopla ! »

Samuel : « Oui cousin Max. Hopla ! »

Léo : « Et là c’est un Ichthyosarcolithes triangularis. »

Samuel : « Il est bizarre ce fossile. »

Léo : « Oui, je comprends pas bien. Et puis on en trouve jamais des complets… »

Max : « Il y a rien qui ressemble à ça de nos jours. Alors on sait pas trop à quoi ils ressemblaient ces zanimos. »

Léo : « Mais on reconnaît quand même les fossiles. »

Samuel : « Et ils ont 100 millions d’années environ. Tabarnak ! »

Max : « C’est quand même moins vieux que bonome 🙂 »

Léo : « On continue la visite ? »

Le chevalier : « Tu ne parles pas d’inspection ? »

Léo : « On est un peu touristes aujourd’hui 🙂 »

Max : « Ben oui. C’est touristique ici. Et puis tu nous as expliqué les forts, la bébé plage et tout ça. »

Le chevalier : « Je vois. Alors continuons la visite. »

Max : « Là, il y a le sémaphore. »

Léo : « Et là les phares. »

Max : « Les sémaphores servent à envoyer des signaux optiques. Il y en a un dans la Ville-Arsenal. Comme ça ils pouvaient communiquer et réguler la circulation des bateaux sur le Grand Fleuve d’Ici. Pour pas qu’il y ait des embouteillages de bateaux ou des accidents. »

Léo : « Et les phares c’est pour signaler les îles ou les rochers. Pour pas que les bateaux s’échouent. »

Max : « Mais on sait pas pourquoi il y a deux phares. Bonome pourrais-tu nous expliquer ? »

Le chevalier : « Il n’y a pas deux phares. Il y a une tour qui porte une lanterne tournante et une tour portant un filtre rouge. »

Max : « Ah oui ! »

Le chevalier : « Ce phare, puisque les deux tours constituent un phare unique, est un phare à secteurs utilisant quatre blocs optiques tournant autour de la source lumineuse. Si vous observez bien vous verrez qu’il y a un autre filtre rouge posé sur la rambarde de la tour portant le feu. Ces filtres délimitent un secteur rouge d’une amplitude de 15°. Il couvre la longe de Boyard et les rochers d’Antioche. »

Max : « Il y a un feu rouge qui signale le danger. »

Le chevalier : « On peut le dire comme ça. »

Max : « C’est compliqué comme système. Mais si c’est efficace… »

Léo : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? »

Le chevalier : « Puisque nous avons le temps et que nous ne sommes pas en inspection je propose de trouver une taverne et de profiter du soleil. »

Max : « Tu veux profiter du café surtout 🙂 »

Léo : « Moi je veux bien. Si il y a une terrasse. »

Max : « Ben oui, sinon on profite pas du soleil. »

Léo : « On passe les fortifications… »

Max : « Tu nous racontes l’histoire du Fort de la Rade s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Non, j’en ai assez des forts. Allons à la taverne. »

Max : « Et mes lecteurs sauront pas l’histoire du Fort de la Rade ? »

Le chevalier : « Ils feront des recherches par eux-mêmes… »

Max : « Le chevalier chonchon est en manque de caféine 🙂 »

Léo : « Regardez sur cette maison ! C’est rigolo ça ! »

Max : « C’est de l’anglois ! »

Léo : « La dent de Jeanne ! Pourquoi c’est écrit la dent de Jeanne ? »

Max : « Et en anglois en plus ! »

Le chevalier : « J’ai entendu parler d’une explication mais c’est peut-être juste une légende. »

Léo : « Raconte 🙂 »

Le chevalier : « Nous sommes en 1867, un ingénieur est en poste à la Ville-Arsenal et son épouse possède cette maison familiale sur l’île. Il venait souvent ici et fit construire ce belvédère pour pouvoir surveiller l’avancée des travaux sur le Fort Boyard. »

Max : « En 1867 ? »

Le chevalier : « Je cite la légende Max. Il s’agissait peut-être d’une réfection ou d’une transformation… »

Léo : « Continue s’il te plaît. »

Le chevalier : « La légende dit que lors de la construction de ce belvédère le couple eut une petite fille, Jeanne, et, pour commémorer sa première dent, l’ingénieur fit poser cette inscription. »

Max : « Mais pourquoi en anglois ? »

Le chevalier : « Après des siècles de guerre entre les France et l’Angleterre, l’heure était à la détente. Ce n’était pas encore l’Entente Cordiale mais il était de bon ton dans l’aristocratie et la bourgeoisie de parler anglais. »

Max : « Heureusement que la petite a pas eu la diarrhée pendant la construction du belvédère 🙂 »

Léo : « Max, t’es trop bête ! »

Samuel : « Il est rigolo cousin Max 🙂 Il peut pas s’empêcher de dire des bêtises 🙂 »

Max : « Bonome, tu as bien mérité ton café. »

Léo : « Il y a une terrasse là. »

Max : « On y va ! »

On a fait une pause. Bonne s’est pris son grand café, comme d’habitude. Et on est restés comme ça, au soleil. C’était bien.

Max : « Tu veux pas nous raconter l’histoire du Fort de la Rade s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Non, c’est trop long. Il y a trois époques. Disons que la citadelle actuelle a été construite entre 1810 et 1814. »

Max : « Et avant ? »

Le chevalier : « Je vois. Tu ne me laisseras pas en paix tant que je n’aurais pas raconté. »

Max : « C’est possible… »

Le chevalier : « Bien. La première phase de construction a duré de 1692 à 1704 et c’est l’œuvre du grand Vauban. Il construisit une tour de 20 mètres de haut, le pont, le mole d’accostage, une caserne et les fondations de la demie-lune ainsi que le tracé du bourg actuel. Ces constructions ont été plutôt efficaces jusqu’en 1757 date de leur destruction par les anglais et du pillage de l’île. En 1778 un fort en bois est construit à l’emplacement de la tour Vauban. Mais il est mal conçu et sa destruction est décidé dès 1783. La troisième phase de construction est celle dont je vous ai déjà parlé. »

Max : « Merci bonomou. Veux-tu un second grand café ? Je te l’offre si tu veux. »

Le chevalier : « Avec quel argent ? »

Max : « Il va falloir reparler de notre argent de poche bonome. Ça peut plus durer comme ça ! Comment pouvons t’offrir des cafés si nous n’avons pas d’argent de poche ? »

Le chevalier : « C’est gentil Maxou mais je peux me les payer mes cafés. »

Max : « Et si on veut te faire un cadeau ? On fait comment ? »

Le chevalier : « Vous n’avez pas besoin de me faire de cadeaux. Vous êtes mes cadeaux. »

Léo : « C’est gentil ça 🙂 »

Max : « Alors pas d’argent de poche ? »

Le chevalier : « Je n’en vois pas la nécessité. »

Léo : « Tu dépenserais tout en chocolat ! »

Samuel : « Et tu rentrerais plus dans ton pantalon 🙂 »

Max : « Et on peut pas lui faire de cadeaux ! Tant pis pour toi bonomou. Bon, on va tourister ? »

Le chevalier : « Tu veux tourister ? »

Max : « Ben oui. Le bateau est dans longtemps et il y a la citadelle juste là ! Allez, on touriste ! »

Le chevalier : « Grimpez ! »

Léo : « On va à la citadelle ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « J’aime bien quand tu m’appelles mon petitours 🙂 »

Max : « Tu peux nous fotoer ? »

Le chevalier : « Pour montrer à Princesse ? »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Là, ça te va ? »

Max : « Pour le moment… »

Léo : « Samuel, qu’est ce que tu regardes comme ça ? Tu es tout penché sur les fotos. »

Samuel : « Il y a des graffitis ! »

Léo : « On en a vu des beaux à la Charmante Petite Ville. Étudions un peu ça… »

Max : « Ce sont des soldats qui ont laissé des traces de leur passage. »

Léo : « Petit Pierre a bien travaillé 🙂 »

Max : « Mais il y a pas de beaux dessins… On peut aller sur le talus ? »

Le chevalier : « Sans vous approcher du bord. »

Max : « Oui bonome. »

Max : « Samuel, tu vois les falaises tout là-bas ? »

Samuel : « Oui, je les vois. »

Max : « C’est le Petit Royaume des Barges. Les falaises datent du Kimméridgien. C’est plus vieux encore que le Cénomanien. Le Cénomanien c’est le Crétacé alors que le Kimméridigien c’est le Jurassique. Ça date de 157 à 153 millions d’années. »

Samuel : « Vous y êtes déjà allés ? »

Max : « Ben oui. Mais il y a pas beaucoup des fossiles et il y a des éboulis partout par terre. J’aime pas que bonome marche sur des éboulis. C’est instable les éboulis et il pourrait tomber et se tout casser encore. »

Samuel : « Il faut pas y aller alors. »

Max : « Non, il vaut mieux pas. C’est trop dangereux. Et il m’a raconté qu’un jour la falaise s’est effondrée juste derrière lui. Il a eu très peur à cause du bruit. Et il avait hésité à s’en approcher. Il aurait pu être tout crabouillé et tout mort. »

Léo : « C’est beau la citadelle. »

Max : « Léo a beaucoup de beauté dans les yeux 🙂 »

Léo : « Tu trouves pas que c’est beau ? »

Max : « Si Léonou, bien sûr. »

Samuel : « Un zoiso ! »

Max : « Oulala ! C’est un pipit du genre Anthus. »

Léo : « Et on a une seule foto, de trois quart face… »

Max : « Surexposée et pas tout à fait nette… »

Léo : « Et on est pas forts en pipits… »

Max : « Mon Léo, ne serait pas un ongle qu’on voit là ? »

Léo : « Un long ongle incurvé, celui du doigt arrière ? »

Max : « Oui. »

Léo : « Peut-être. Les pattes sont claires. »

Max : « C’est sûr ça. »

Léo : « Alors c’est un pipit farlouse ou un pipit des arbres… »

Max : « Si l’ongle est long et incurvé… »

Léo : « C’est le pipit farlouse, Anthus pratensis, Motacillidés. »

Max : « Mais on est pas sûrs. »

Léo : « On est jamais sûrs avec les pipits. »

Max : « Comme avec les pouillots… »

Léo : « Qu’est ce que tu en penses chevalier ? »

Le chevalier : « Je n’aurais pas fait mieux… »

Samuel : « Regardez ! On était là ! »

Léo : « C’est là qu’on a fossilé ! »

Max : « Oui. Bonome, tu surveilles l’heure ? »

Le chevalier : « Oui. Il est temps de nous rendre à l’embarcadère. »

Max : « On y va alors. »

Léo : « Je comprends pas bien le plan de la citadelle moi. Il y a des murs, des fossés… »

Max : « Il faudrait une vue aérienne. »

Léo : « Non, c’est pas grave. »

Max : « Le bateau est déjà là ! »

Léo : « Mais il part pas tout de suite. Bonome, on peut aller attendre sur le canon ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Mais vous ne chahutez pas. »

Max : « Non, on attend sagement. »

Le chevalier : « Seriez-vous fatigués ? »

Max : « Moi oui. On a pas seulement poché aujourd’hui. On a beaucoup marché aussi. »

Léo : « On a des petites pattes nous. Quand tu fais un pas on en fait des dizaines. »

Le chevalier : « Je sais 🙂 Vous êtes très courageux. »

Max : « On est tes petizours 🙂 »

Léo : « Il faut embarquer maintenant. On retourne tout devant ? »

Le chevalier : « Oui, je vais me faufiler. »

Au retour il y avait encore plus de vagues qu’à l’aller. C’était plus des embruns mais des morceaux de vagues qu’on se prenait sur la truffe. On était tout mouillés mais on a bien rigolé 🙂 Pendant la chevauchée on s’est endormis tout de suite. On était tout fatigués à cause qu’on a beaucoup marché. Mais c’était bien l’Île des Beaux Canards. En rentrant on est allés se débarbouiller et faire sécher nos vêtements. Et on est allés embêter bonome. On a fait la bagarre 🙂 Et comme d’habitude il a fait semblant de perdre à la fin. Il s’est mis sur le dos, avec la langue qui pendait pour faire croire qu’il était tout mort. C’est Samuel qui a commencé à le chatouiller. Il arrêtait pas de rigoler mon bonome 🙂 Et puis on est restés allongés en silence puis on est allés au lit. Bonome est venu nous dire bonnuit mais on était déjà endormis. Lui, il a personne qui lui dit bonnuit et c’est pas juste. 

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

126-1 L’Île des Beaux Canards (première partie)

Jeudi 27 Octobre, An III

Léo se réveille seul…

Léo : « Ben… Ils sont où ? Ils seraient pas partis sans moi quand même ! MAX ! SAMUEL ! »

Max (ouvrant un œil) ! « Mmmmm… Qui m’appelle ? »

Léo : « MAX ! SAMUEL ! »

Max : « On est là ! »

Léo : « Vous êtes avec le chevalier ? »

Max : « Oui… »

Léo : « Vous avez dormi avec lui ? »

Max : « On a surtout dormi loin de toi… »

Léo : « J’ai encore sifflé dans mon sommeil ? »

Max : « Non non, tu as rholalaé. Tu arrêtais pas de rholalaer alors on s’est expatriés et bonome nous a recueillis. »

Samuel : « Bonjour cousin Léo. Tu as fait de beaux rêves ? »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »

Max : « Tu es réveillé ? »

Le chevalier : « Tu es très observateur mon Maxou 🙂 »

Samuel : « Tu viens nous rejoindre cousin Léo ? »

Léo : « J’arrive ! »

Max : « Bon, nous voici tous réunis. C’est peut-être l’occasion de faire le planning de la journée. »

Le chevalier : « Pas la peine. Il est déjà fait. »

Max : « Tu sais où on va ? »

Le chevalier : « Là où tu voulais aller mon petitours. »

Max : « On va sur l’Île des Beaux Canards ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Rhoooo la chance ! »

Max : « Tu vas pas commencer toi ! »

Samuel : « Cousin Léo, si tu pouvais un peu limiter les rhoooo et les rholala aujourd’hui… »

Léo : « Oui, je vais faire un effort 🙂 »

Max : « On part à quelle heure ? »

Le chevalier : « Nous prenons le bateau de 10h30. »

Max : « 10h30 ? Et il faut chevaucher jusqu’à l’embarcadère ! Oulala ! Léo, tu prépares les sacados et la pochette ! Sam, tu vas aider Léo. Bonome, tu sautes dans tes chaussettes et moi je cours préparer le café ! Allez ! On se bouge ! »

Plus tard, à l’embarcadère…

Max : « On va batoer 🙂 Vous vous rendez compte les cousins ? On va batoer ! »

Léo : « La chance ! »

Max : « La traversée est longue ? »

Le chevalier : « Environ une demi heure. »

Max : « Tu as prévu des gilets de sauvetage ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Bonome, je te rappelle qu’on sait pas nager nous ! Comment on fait si le bateau coule ? »

Le chevalier : « Pourquoi coulerait-il ? »

Max : « Je sais pas moi ! Mais je veux un gilet de sauvetage sinon j’embarque pas. »

Léo : « Voilà le bateau 🙂 »

Samuel : « On va batoer ! »

Léo : « Bonome, on peut aller tout devant ? Je voudrais voir les vagues. »

Max : « Et mon gilet de sauvetage ? »

Le chevalier : « Je n’en ai pas. Tu viens sans ou tu restes là. »

Max : « Une bouée ? »

Le chevalier : « Non plus ! »

Max : « Des flotteurs ? »

Le chevalier : « Rien ! »

Léo : « Ça suffit Maxou. Viens, on embarque ! »

Samuel : « On va batoer cousin Max ! Et on va tout devant ! »

Léo : « On va prendre les embruns sur la truffe ! »

Samuel : « On va voir les vagues ! »

Max : « Bon, d’accord ! On y va ! »

Un peu plus tard…

Max : « Bonome, tu peux nous fotoer pour montrer à Princesse s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 »

Max : « On va sur le bastingage ! »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Ben si ! »

Le chevalier : « Non Max ! Vous n’irez pas sur le bastingage ! Et si vous tombiez à l’eau ? »

Max : « Ben oui, sans gilet de sauvetage… Tu vois ! Tu as pas voulu nous en donner ! »

Samuel : « Cousin Max est en forme aujourd’hui 🙂 »

Le chevalier : « Installez vous sur la caisse. »

Max : « Venez ! … Ça va comme ça ? Tu nous vois ? Tu vois la mer ? »

Le chevalier : « C’est parfait ! »

Max : « Sinon Princesse nous croira jamais ! »

Le chevalier : « 🙂 Voilà ! Tu veux voir ? »

Léo et Samuel : « Nous aussi ! »

Max : « Les petizours en bateau 🙂 »

Léo : « On voit même l’île ! »

Max : « Fais-en une autre bonome ! C’est pas tous les jours qu’on prend le bateau ! »

Le chevalier : « Voilà. Ça suffit maintenant. Profitez un peu de la traversée ! »

Léo : « Il y a des vagues ! »

Samuel : « On est tout secoués ! C’est rigolo 🙂 »

Léo : « Et il y a les embruns ! »

Max : « On va être tout salés 🙂 »

Léo : « On passe à côté d’un fort ! »

Max : « C’est lequel bonome ? »

Le chevalier : « Fort Enet. »

Max : « On peut aller le visiter ? »

Le chevalier : « Non, c’est une propriété privée. »

Max : « Il est à une famille ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Et ils habitent là ? »

Le chevalier : « Non, ils viennent pour les vacances. »

Max : « C’est une chouette maison de vacances ça 🙂 »

Léo : « Mais c’est pas pratique pour aller à la taverne 🙂 »

Max : « On pourrait pas aller aux zoisos si on habitait là. »

Léo : « Il nous faudrait un bateau. »

Max : « Et on mettrait notre monture sur le bateau ? Non, c’est pas une bonne idée. »

Samuel : « C’est bien le bateau ! »

Le chevalier : « Mais nous arrivons bientôt. »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « Dis chevalier, on va faire quoi sur l’île ? »

Le chevalier : « Nous allons en faire le tour. Vous verrez, son littoral est très beau. Et peut-être verrons nous des oiseaux. Nous longerons Fort Liédot. Ce fort est assez étrange. Il a été construit dans un cuvette artificielle et il est presque invisible. Puis nous ferrons le tour du Fort de la Rade avant de retourner à l’embarcadère. »

Max : « On va faire tout le tour de l’île ? »

Le chevalier : « Oui, tout le tour 🙂 »

Léo : « On arrive ! Le bateau ralentit. »

Samuel : « Il va accoster. »

Léo : « Tu vois Max, il a pas coulé 🙂 »

Max : « Je disais ça pour rigoler et pour embêter bonome. »

Léo : « C’est pas gentil ! Il fait tout ce qu’il peut pour nous satisfaire et toi tu l’embêtes ! »

Samuel : « C’est pas digne d’un gentillours. »

Max : « Si on peut plus rigoler… »

Le chevalier : « Mes petizours, il est temps de grimper dans ma poche. »

Max : « On y va ! »

Léo : « Voilà ! On est installés ! »

Le chevalier : « Alors en route ! »

Max : « Ben voilà ! Tu as fait fuir un zoiso ! »

Le chevalier : « Oui, mais je l’ai fotoé ! Regarde. »

Léo : « Un rougequeue noir ! Phoenicurus ochruros, Muscicapidés. »

Samuel : « On a déjà vu un Muscicapidé ! Le tarier pâtre, Saxicola torquata je crois. »

Léo : « C’est ça ! Bravo petit Sam ! »

Max : « Et bravo bonome ! Tu fotoes plus vite que ton ombre 🙂 »

Le chevalier : « Ouaip 🙂 »

Max : « Dis, tu vois là-bas ? »

Le chevalier : « Sur l’estran ? »

Max : « Oui, ce serait pas… »

Le chevalier : « C’est probable. »

Max : « Alors on y va ! »

Samuel : « Qu’est ce que vous avez vu ? Dites moi ! »

Max : « Un beau zoiso 🙂 Sois patient ! »

Léo : « J’ai vu ! »

Samuel : « On dirait des oies mais elles ont les pattes noires. Ce sont des bernaches. Et on les a même pas vues au Royaume des Paons. Les seules bernaches que nous n’avons pas vues sont les bernaches cravant. Ce sont des bernaches cravant ? »

Léo : « Oui petit Sam, Brenta bernicla, Anséridés. »

Samuel : « Elles sont belles ! »

Léo : « Oui, ce sont de très beaux zoisos. Mais elles sont loin. On s’approche ? »

Le chevalier : « Évidemment ! »

Samuel : « J’ai vu toutes les bernaches du beau livre de zoisos de Maxou 🙂 »

Max : « Bonome, il y a des bécasseaux ! Je vais voir ! »

Max se laisse glisser le long de la jambe du chevalier.

Le chevalier : « Max ! Ne… »

Léo : « Trop tard ! Il court 🙂 »

Le chevalier : « Il va s’arrêter en arrivant dans la vase. Rejoignons le. »

Max : « On peut plus avancer ! C’est l’estran vaseux… »

Léo : « On les voit quand même. »

Léo : « Ce sont des bécasseaux variables et des bécasseaux sanderling. »

Samuel : « Calidris alpina, Scolopacidés mais les autres je sais pas. »

Max : « Calidris alba. En Bretagne ils étaient nos zoisos gardiens. Il faut bien regarder parce qu’il y a parfois d’autres bécasseaux : des violets, des cocorlis et des tas d’autres… »

Léo : « J’en vois pas… »

Max : « Pfff ! On en voit jamais ! »

Samuel : « Max le ronchonneur ! »

Max : « Je ronchonne pas ! »

Samuel : Si tu ronchonnes ! Quand on pfff c’est qu’on ronchonne ! »

Max : « Je pfff si je veux d’abord ! »

Léo : « Bonome, ils se chamaillent là ! »

Le chevalier : « Il me semble bien 🙂 »

Léo : « Tu as une troisième foulque 🙂 »

Samuel : « Je suis une foulque ? Je chamaillais ? »

Léo : « Oui petit Sam, tu chamaillais ! »

Max : « Tu vois, je te l’avais bien dit que tu te chamaillerais toi aussi. Tu es un juvénile Sam et les juvéniles ça se chamaille. C’est une loi de la nature. »

Samuel : « Je chamaillais… »

Léo : « Mais c’est pas grave petit Sam ! C’est rigolo ! Allez, viens, il y a d’autres zoisos. »

Samuel : « On peut aller voir les bernaches cravant avant ? S’il te plaît ? »

Léo : « On y va ! Bonome, on court voir les bernaches ! »

Max : « Allez bonome ! On y va nous aussi ! »

Max : « Tu nous parles un peu des bernaches cravant s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Elles nichent sur les côtes de la Baltique, dans la toundra basse près de la mer et viennent passer l’hiver par chez nous. Il y en a beaucoup entre l’Île d’O et le continent. Elles peuvent se nourrir sur l’eau, en basculant le corps comme les canards. Elles ont l’air grandes mais le sont à peine plus qu’un canard colvert. Leur longévité est de 12 à 15 ans. »

Samuel : « Pourquoi certaines ont des traits blancs sur les ailes ? »

Max : « C’est vrai ça ! Montre encore la foto s’il te plaît. »

Max : « Oui, on voit bien. Certaines ont le dos tout gris et d’autres ont des liserés blancs. »

Le chevalier : « Il me semble vous l’avoir déjà expliqué… »

Léo : « Avec les liserés blancs ce sont les juvéniles. »

Le chevalier : « Bien Léo. »

Samuel : « Léo : 20/20 ! »

Max : « 🙂 Ils sont nés au printemps et sont venus ici à l’automne ! »

Léo : « C’est impressionnant les migrateurs. »

Samuel : « Ils ont 6 mois et ils ont déjà parcouru des milliers de kilomètres. »

Max : « Tiens, une barge ! »

Léo : « Le dos est uni, le bec est orange et noir… »

Max : « Barge à queue noire, Limosa limosa, Scolopacidés. Bon, on a vu tous les zoisos ici. On avance ! »

Samuel : « Max se prend pour le chef ! »

Léo : « Max se prend toujours pour le chef 🙂 »

Max : « C’est comme ça ! C’est le plus ancien dans le plus haut grade qui commande ! Et je suis le plus ancien des petizours. »

Léo : « Oui chef ! »

Samuel : « A vos ordres chef ! »

Max : « Petizours, à mon commandement : pochez vous ! »

Le chevalier : « Je peux avancer ? »

Max : « Tu peux ! En avant ! »

Léo : « On va vers une plage ! On va jamais à la plage normalement. »

Max : « Bonome, c’est pas le bon jour pour te faire bronzer. Il fait tout gris. »

Le chevalier : « Nous faisons le tour de l’île… »

Max : « Oui. Tu fotoes ? C’est pour montrer à Princesse la diversité des estrans. Estran vaseux, estran sableux… »

Le chevalier : « Je fotoe 🙂 »

Léo : « Tu me montreras la foto de là s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Voilà Léo. »

Léo : « Merci chevalier. Agrandis un peu… J’en étais sûr ! »

Max : « Qu’est ce qu’il a vu encore ce Léo ? »

Le chevalier : « Je zoome et je vous montre… Bien vu mon Léo. »

Léo : « Je commence à bien les reconnaître. Même de loin 🙂 »

Max : « Mais qui ? »

Le chevalier : « Regarde. »

Max : « Un goéland cendré ! Tu as repéré un goéland cendré d’aussi loin ! Comment tu fais ? »

Léo : « Je sais pas. Ils ont quelques chose d’un peu particulier… Leur démarche peut-être. »

Samuel : « Tu es très fort cousin Léo ! »

Léo : « Merci petit Sam. Il s’appelle Larus canus. »

Samuel : « Larus canus Larus canus Larus canus… »

Max : « Oui oui Samuel Larus canus. »

Léo : « Oh ! Vous avez vu là-bas ? »

Max : « Qu’est ce que tu as encore vu ? »

Léo : « Ouvre les yeux Max ! »

Max : « Ça c’est étrange ! On dirait une accumulation de coquilles de Mollusques ! Qu’est ce qu’elles font là toutes ces coquilles ? »

Léo : « Bonome, tu marches dessus ! »

Max : « Elles craquent ! »

Léo : « Il y en a beaucoup ! »

Max : « Ça y est ! Tu as traversé ! Il faut fotoer ça ! »

Léo : « On descend étudier ! »

Max : « C’est quoi ces coquilles bonome ? »

Le chevalier : « Ce sont des coquilles de crépidules, Crepidula fornicata, Calyptraéidés. Ce sont des Mollusques Gastéropodes originaires de la façade atlantique de l’Amérique du Nord. Les crépidules ont été introduites par deux fois en Europe. Une première fois au 19ème siècle quand les ostréiculteurs ont décidé de faire venir des huîtres de Virginie. La seconde introduction date du début des années 1970 avec l’introduction de l’huître du Japon Crassostrea gigas. »

Max : « C’est une espèce férale ou une espèce invasive ? »

Le chevalier : « Invasive ! Les crépidules prennent de plus en plus la place des huîtres et des moules. »

Max : « C’est embêtant pour une région ostréicole. Mais c’est bien fait ! Les ostréiculteurs avaient pas à faire venir des huîtres d’Amérique ou du Japon. Ils sont bien punis. »

Léo : « Comment ça se fait qu’elles prennent la place des huîtres et des moules ? »

Le chevalier : « Elles ont quelques avantages reproducteurs. Elles sont hermaphrodites successifs, c’est à dire qu’elles changent de sexe au cours de leur vie. La fécondation est directe alors que les huîtres et les moules libèrent leurs gamètes dans l’eau et les rencontres sont assez aléatoires. »

Max : « Du coup il y a peu de fécondations… »

Le chevalier : « Les crépidules pondent plusieurs fois par an. »

Max : « Contre une seule fois pour les huîtres… »

Le chevalier : « Et elles n’ont pas de prédateurs en Europe. »

Max : « Ben oui ! Forcément ! »

Léo : « Alors il y en a beaucoup des crépidules. »

Le chevalier : « D’après des études menées dans les années 90 il y aurait 18 gigantesques gisements en Charentmaritimie. Ils couvriraient 181 hectares entre la presqu’île de Fouras et l’Île des Beaux Canards et 615 hectares dans la baie de Marennes Oléron. J’ai lu qu’il y aurait 80 000 tonnes de crépidules. »

Léo : « Alors, tout à l’heure, le bateau est passé au-dessus d’un grand gisement de crépidules. On peut même supposer qu’il y avait que ça au fond de l’eau. Et quand elles meurent, leurs coquilles s’échouent ici. »

Le chevalier : « Ce qui expliquerait cette accumulation. »

Max : « Merci bonome, on peut toujours compter sur toi 🙂 »

Le chevalier : « J’ai oublié quelque chose ! Les crépidules sont des Gastéropodes. »

Max : « Tu l’as dit ! »

Le chevalier : « Oui, mais la plupart des gastéropodes ont une radula, une langue couverte de petites dents qui leur permet de brouter les végétaux. Les crépidules sont des filtreurs, comme les moules et les huîtres. Et comme il y a une nette tendance à l’eutrophisation des eaux… »

Max : « STOP ! Bonome, mon bonomou, souhaiterais-tu que je te crie dessus ? Je peux le faire si tu veux. »

Le chevalier : « Eutrophisation ? »

Max : « Ben oui ! Tu crois que tout le monde connaît eutrophisation toi ? »

Léo : « Max, nous on connaît ! Bonome nous a déjà expliqué. Les milieux eutrophes, mésotrophes ou oligotrophes… »

Max : « La phytosociologie ! Léo, fais attention à toi ! Tu sais ce qui va t’arriver si tu fais la phytosociologie. Tu vas dire des choses bizarres et tu auras plus d’amis. »

Samuel : « Cousin Max se moque de cousin Léo 🙂 »

Max : « Non, je le mets en garde ! C’est la pente savonneuse Léo. Attention ! »

Léo (à Samuel) : « Je t’expliquerai 🙂 Eutrophisation ça doit vouloir dire qu’il y a de plus en plus de matières organique et minérale dans l’eau et donc qu’il y a de plus en plus de nourriture. Alors les crépidules en profitent. »

Max : « D’accord. Bon, on arrête avec les crépidules, ça suffit les crépidules. On va pas faire toute une sortie sur les crépidules ! Allez, fin de la pause ! On avance ! »

Léo : « On arrive à l’estran rocheux. »

Max : « Des cailloux tout cassés… »

Le chevalier : « Le chemin chemine en haut de la falaise. Je n’irai donc pas sur les cailloux tout cassés. »

Max : « Tu vas t’ennuyer. »

Le chevalier : « Pas avec toi 🙂 »

Max : « Avec moi on s’ennuie jamais ! »

Le chevalier : « On ne se repose pas beaucoup non plus… »

Max : « Ben vas-y ! Dis que je suis fatiguant ! Insulte moi ! »

Léo : « Max ! Tu exagères ! Bonome t’a pas insulté ! »

Samuel : « Viens cousin Max, je vais te gratouiller le front 🙂 »

Léo : « On voit la mer entre les arbres. On est haut ! »

Le chevalier : « Vous voulez aller voir ? »

Léo : « De ta poche ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Bonome, t’approche pas trop du bord s’il te plaît. Si je me souviens, tu nous as expliqué que les falaises s’effondrent par le haut. Je veux pas être un éboulis, moi. »

Léo : « On va pouvoir étudier les roches ? »

Samuel : « Oh oui ! On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Plus loin, nous aurons l’occasion d’observer quelques roches et de fossiler un peu… »

Samuel : « Chouette ! »

Léo : « C’est bien la géologie ! »

Max : « Oui oui. Dis bonome, c’est quoi ces fruits rouges ? »

Le chevalier : « Ce sont des arbouses. Les fruits de l’arbousier, Arbutus unedo, Ericacées. »

Max : « Ça se mange ? »

Le chevalier : « Oui. Ces petites baies charnues sont comestibles mais elles n’ont pas vraiment de goût. Par contre elles sont riches en vitamines C. »

Max : « Mais on est fin Octobre, là. C’est pas un peu tard pour les fruits ? »

Le chevalier : « La preuve que non 🙂 Chez les arbousiers la floraison et la mise à fruits sont très tardives. Il n’est pas rare de trouver ces fruits même en plein cœur de l’hiver. »

Max : « Comme ça les zanimos ont de la vitamine C même l’hiver. »

Le chevalier : « Je devrais te fotoer dans l’arbousier. »

Max : « Tu peux pas ! Tu veux pas qu’on grimpe aux arbres ! »

Léo : « Pourquoi tu devrais le fotoer dans l’arbousier ? »

Le chevalier : « Pour faire une imitation du blason de Madrid 🙂 Pour une raison que j’ignore il y a, sur ce blason, un ours et un arbousier. »

Max : « Pourquoi tu veux pas qu’on grimpe aux arbre d’abord ? »

Le chevalier : « J’ai peur que vous vous blessiez. »

Max : « Bonome, je t’ai déjà dit : on est des peluches ! On peut pas être tout cassés si on tombe ! »

Le chevalier : « Mais vous pouvez vous déchirer ! Vous ne grimpez pas aux arbres et ce n’est pas négociable ! »

Max : « On peut jamais rien faire ! On peut pas grimper aux arbres. On peut pas chahuter avec les juvéniles… »

Samuel : « Max chonchon 🙂 »

Le chevalier : « Venez voir la vue… »

Léo : « C’est drôlement escarpé ! Rholala ! »

Max : « A marée basse on peut descendre ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. »

Max : « Il y a pas une belle plage ici ? »

Le chevalier : « Un peu plus loin… Nous y arrivons. »

Max : « On va aller la voir ? »

Le chevalier : « Oui, et nous pourrons observer un peu les roches. »

Max : « On marche beaucoup et on voit pas de zoisos… »

Léo : « Bonome marche beaucoup, pas nous. Et ça repose un peu de pas voir de zoisos parce que hier on en a vu beaucoup. Rhooo… »

Samuel : « Cousin Léo, il faut pas rhoooer 🙂 »

Léo : « Oups ! Pardon, mais je repensais à tous ces beaux zoisos… »

Le chevalier : « Nous approchons… Voyez par vous même ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Léo : « Cousin Samuel, il faut pas ooooher 🙂 »

Samuel : « 😀 »

Max : « Elle est toute petite cette plage ! »

Léo : « C’est une plage de petitours 🙂 »

Le chevalier : « C’est la bébé plage. »

Max : « Ah d’accoooord ! Elle va grandir alors ! Et il y aura une grande plage après ! D’accooord ! »

Samuel : « Cousin Max dit encore des bêtises 🙂 »

Le chevalier : « Bébé plage, c’est son nom. »

Léo : « On peut descendre sur la plage ? »

Le chevalier : « Oui, vous avez quartier libre pendant un quart d’heure. Puis rassemblement pour un peu de géologie. »

Max : « A vos ordres chef ! »

Les petizours courent sur la plage et se livrent à une manifestation groupale compulsive dans un espace interstitiel de liberté… Le quart d’heure s’écoule dans la joie et la bonne humeur malgré une certaine agitation…

Le chevalier : « Rassemblement des petizours ! »

Max : « On arrive ! »

Léo : « On est là ! »

Samuel : On est rassemblés ! »

Max : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Juste un peu. Venez voir… »

Max : « Alors… Au premier plan il y a des éboulis. Ils viennent d’un peu au-dessus. Puis on voit une couche jaune. On dirait du sable mais pas tout à fait. Et encore au-dessus, il y a une couche dure, grise, pas très épaisse et qui se débite en sphères… »

Le chevalier : « Bien Maxou. »

Samuel : « Max : 20/20 ! »

Le chevalier : « 🙂 Revenons à la foto précédente. »

Le chevalier : « Vous voyez que ce que vient de décrire Max est situé au dessus d’une autre couche dure et grise. »

Max : « Et ça t’aide pour nous dire à quel étage nous sommes ? »

Le chevalier : « Ça, je le sais. Nous sommes au Cénomanien inférieur. »

Léo : « Tu peux redire le Cénomanien s’il te plaît. Samuel connaît pas. »

Le chevalier : « C’est le premier étage du Crétacé supérieur. Il s’étend de 100 à 94 Ma avant nos jours. Il représente le plus haut niveau marin des 600 derniers millions d’années. Le niveau des mers était environ 150 mètres plus haut qu’actuellement. »

Max : « Le Cénomanien inférieur c’est comma Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés ! »

Le chevalier : « Exact. Regardez un peu cette coupe… »

Le chevalier : « Je pense que nous sommes sur la couche c, que la couche sableuse est la d et que les éboulis viennent de la couche e. »

Max : « Mais tu es pas sûr. »

Le chevalier : « Non… Mais d’après la carte géologique nous sommes ici sur la barre inférieure à orbitolines qui comprend les couches b, c et d. »

Max : « D’accord. Merci bonome. On vérifiera tout ça pour ma grande synthèse régionale. »

Le chevalier : « Tu vas vraiment la faire ? »

Max : « J’y travaille… »

Léo : « C’est vrai. Je l’ai vu faire. Il prend des notes. »

Max : « Mais c’est pas facile. »

Samuel : « On peut aller voir la mer ? »

Léo : « Tu veux aller voir la mer ? »

Samuel : « Oui, je voudrais m’asseoir sur un rocher et regarder la mer en silence. Vous voulez bien ? »

Léo : « On te suit ! »

On s’est assis comme le voulait Sam et on a fait silence. Au début on entendait que le bruit des vagues qui venaient mourir contre les rochers. Puis le vent s’est mis à souffler. Mais juste un peu, comme ça, pour dire bonjour. Alors on lui a officiellement présenté Samuel. Pour lui souhaiter la bienvenue il a fait une petite bourrasque et Samuel est tombé en arrière. Poum Samuel ! On lui a expliqué que c’était pour de rire et il a rigolé. Pour se venger il a soufflé très fort contre le vent. Et on a encore rigolé 🙂 Puis j’ai demandé au vent si il voulait bien qu’on raconte ses histoires à Samuel. Il a bien voulu. Et il nous en a raconté une belle sur la forêt fossile de l’Île des Beaux canards. On a pas pu l’observer cette forêt fossile à cause que c’était pas la bonne marée. Mais le vent nous a tout raconté. On peut pas te dire Princesse. Le vent veut pas. Il dit que tu devrais l’écouter parfois, que ça te ferait du bien. On est plus pareils une fois qu’on a écouté le vent. Je peux pas expliquer. Il faut essayer pour comprendre. Pendant qu’on écoutait la nature j’ai aperçu bonome, assis sur un rocher, un peu à l’écart. Encore une fois il faisait partie du paysage. Je sais pas si des zoms passant par là l’auraient vu. Il était parti dans sa tête mon bonome. Il devait être au Crétacé dans la forêt fossile pas encore fossilisée. Ou quelque part ailleurs… Et puis, il a fallu reprendre l’inspection. On pouvait pas rester indéfiniment comme ça, assis sur un rocher au bord de mer. C’est le vent qui a mis un terme à la pause. Il a fini son histoire et nous a dit de retourner vers notre bonome.

Max : « Bonome ! C’est fini la pause ! On reprend ! Allez ! Au travail ! »

Le chevalier : « Avançons un peu… Voilà. »

Max : « C’est la bébé plage 🙂 »

Le chevalier : « Savez vous que cette plage est artificielle ? »

Max : « Artificielle ? Ça veut dire qu’elle a été créée par les zoms ? »

Le chevalier : « Les zoms n’ont pas créé une plage mais ils sont à son origine. »

Max : « Là, il faut que tu expliques ! »

Le chevalier : « Vous connaissez Fort Boyard. »

Max : « Tu nous en as parlé. C’est le fort qui est dans la passe entre ici et la grande Île d’O. »

Le chevalier : « Bien Maxou. Il a fallu faire une plate-forme rocheuse pour pouvoir le construire. »

Max : « Pour faire ses fondations ? »

Le chevalier : « Plutôt une plate-forme rocheuse 🙂 Pour ce faire, il a fallu trouver des pierres. C’est ici qu’elles ont été prélevées. »

Max : « Ça veut dire que la petite anse est le résultat de l’exploitation des rochers du Cénomanien inférieur par les zoms ? »

Le chevalier : « Oui. Le sable est venu se déposer, ensuite est une plage est née. »

Léo : « C’est la première fois qu’on voit une plage artificielle. »

Samuel : « Dis donc chevalier, tu en connais des choses ! Tabarnak ! On apprend tout le temps avec toi. »

Le chevalier : « Tu ne regrettes pas d’être venu nous rejoindre ? »

Samuel : « Ah ben non alors ! Je suis là depuis quelques jours et j’ai déjà vu plus de 70 espèces de zoisos. J’ai touristé, inspecté des Royaumes, batoé… C’est bieeeen ! »

Le chevalier : « Ravi que ça te plaise mon petitours. »

Samuel : « Et en plus je suis déjà ton petitours. La chance ! »

Max : « Tu as été vite adopté toi 🙂 »

Max : « Bon bonome, je suppose qu’il va falloir prendre le bateau pour rentrer alors il faut pas traîner. On va pas rentrer à la nage quand même ! »

Le chevalier : « Ne t’inquiète pas. Nous avons le temps. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Nous allons observer Fort Liédot. Il est là, derrière les arbres. »

Max : « Alors on y va bonome, on y va ! »

Le chevalier : « Le voici… »

Max : « Ah oui… C’est un fort enterré. On se promène et d’un coup, paf ! Fort Liédot ! »

Léo : « On peut le visiter ? »

Le chevalier : « Il me semble qu’il y a des visites guidées mais je n’ai pas réservé. »

Léo : « On le visite pas alors. »

Le chevalier : « Tu aurais voulu ? »

Léo : « Je sais pas. Peut-être… »

Le chevalier : « La prochaine fois alors. »

Max : « On va revenir ? »

Le chevalier : « Oui, cette visite est une première approche, une découverte de l’Île. Et j’aimerais bien voir la forêt fossile. »

Max : « Chouette alors ! On va revenir ! »

Léo : « On arrive devant la façade principale. »

Max : « Bonome, il y a un panneau avec des informations. Tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas le fotoer et on le mettra dans mon blog. Ça t’évitera de tout raconter. »

Le chevalier : « Bonne idée Maxou 🙂 »

Max : « Tu peux faire un gros plan sur la carte s’il te plaît ? J’aime bien les cartes moi. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »Léo : « On en fait tout le tour de ce fort ? »

Le chevalier : « Oui, pour revenir d’où l’on vient et reprendre notre exploration du littoral. »

Léo : « On va voir des zoisos ? »

Max : « Léo, tu sais bien qu’on peut pas savoir ! »

Léo : « Mais on en a presque pas vu ! »

Max : « Il y a des jours comme ça. On y peut rien… Nous sommes revenus sur le sentier littoral. Qu’est ce que c’est beau ! »

Léo : « C’est encore la barre inférieure à orbitolines comme tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Je suppose… »

Max : « Bonome, tu pourras m’aider pour ma grande synthèse régionale s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Mais ce projet me paraît bien ambitieux et tu as déjà beaucoup de travail avec ton blog. »

Max : « J’aimerais bien le faire quand même. On est pas pressés. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Nous arrivons à un vaste platier. Je propose que nous fassions la pause déjeuner. »

Max : « Tu vas manger ton sandouich. Tu manges toujours des sandouichs pendant les inspections 🙂 »

Léo : « Ou des crêpes 🙂 Des galettes de sarrasin en Bretagne ou des crêpes au chocolat en Charentmaritimie 🙂 »

Le chevalier : « Et vous, vous mangez du chocolat. »

Max : « Tu en as pris ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 J’espère qu’il n’est pas tout fondu… »

Max : « Donne bonome ! Petizours, formez les rangs pour la distribution de chocolat ! »

Léo : « Bon appétit chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Bon appétit mes petizours 🙂 »

Continuer la promenade

125-3 Le Royaume des Paons (troisième partie)

Mercredi 26 Octobre, An III (troisième partie)

Max : « Alors Léonou, tu te remets ? »

Léo : « On a déjà vu beaucoup de zoisos quand même. »

Samuel : « 37 espèces. Des Charadriiformes, des Ciconiiformes, des Pélicaniformes, et des Gruiformes. Et les Ansériformes. »

Max : « Tu as tout retenu ? Me dis pas que tu pourrais réciter tous les noms d’espèces ! »

Samuel : « Ben non, quand même ! 37 noms d’espèces d’un coup ! »

Léo : « 37 espèces ! Rhoooo la chance ! Et on a même pas fini ! »

Max : « Ben non, parce que chez les Ansériformes il y a aussi les Anatidés ! Les canards ! Et on a pas encore vu les canards ! »

Léo : « Il y a pas que les canards Max. Il y a les fuligules, les nettes, les sarcelles… »

Max : « Oui oui, mais on met tout ça sous le même vocable. Ce sont les canards. »

Léo : « Ah oui ? Alors tous les zoisos blancs à la mer ce sont des mouettes peut être ? Max, on est naturalistes je te rappelle. Alors on dit pas c’est des canards et hopla ! On se doit d’être précis. »

Max : « Je vois que tu es de nouveau d’attaque 🙂 On peut continuer l’inspection. »

Samuel : « Oh oui ! »

Max : « Alors c’est reparti ! »

Les Anatidés

Les canards de surface.

Léo : « Un canard chipeau ! Anas strepera ! Rhooo ! On arrive jamais à s’en approcher d’habitude. »

Samuel : « Vous le connaissez ? »

Max : « On connaît quelques canards déjà. Mais je pense que nous allons avoir quelques belles surprises encore. »

Léo : « Petit Sam, il faut que tu saches que les canards peuvent se diviser en deux. »

Max : « Il y a les canards ploufeurs et les canards de surface. »

Léo : « Les ploufeurs ploufent pour aller chercher leur nourriture. »

Max : « Alors que les canards de surface restent en surface. Ils peuvent quand même mettre la tête sous l’eau mais ils ploufent pas. »

Léo : « Sinon ce seraient des ploufeurs 🙂 »

Max : « Le plus étrange est que certains canards de surface ploufent quand ils sont petits. »

Léo : « Mais après ils arrêtent. »

Max : « On sait même pas pourquoi. »

Léo : « C’est bien qu’il y ait des ploufeurs et des non ploufeurs comme ça ils mangent pas au même endroit. »

Max : « Et ils peuvent vivre ensemble. »

Samuel : « Et le beau canard chipeau, c’est un ploufeur ou pas ? »

Max : « Non non ! C’est un canard de surface. Comme le colvert que tu connais déjà. »

Léo : « On a encore oublié quelque chose ! Petit Sam, souvent, chez les canards, il y a un dimorphisme sexuel. Le mâle et la femelle sont pas pareils ! »

Samuel : « Alors sur les deux fotos il y a un mâle et une femelle ? »

Léo : « Ben oui ! Et, la plupart du temps, le mâle est coloré alors que la femelle est plutôt marron. Elle est discrète la femelle. »

Max : « Le problème c’est quand les mâles sont en plumage d’éclipse. Ils ressemblent beaucoup aux femelles. Et comme toutes les femelles se ressemblent un peu… »

Léo : « Tous les canards se ressemblent. Et c’est pas facile. »

Max : « Parce qu’il y a plus que des canards marrons. »

Samuel : « Vous connaissez bien les canards 🙂 »

Max : « C’est parce qu’on aime bien les Royaumes qui ont des étangs alors on voit souvent des zoisos aquatiques. »

Léo : « Regarde comme il est beau le mâle chipeau… »

Samuel : « Ooooh ! Il a du marron sur l’aile. »

Max : « Et il a les fesses noires. »

Léo : « Moi, j’aime beaucoup les plumes du cou… »

Max : « Un canard pilet ! »

Léo : « Anas acuta. »

Samuel : « Ooooh ! Lui aussi il a une tache colorée sur l’aile. »

Léo : « C’est le miroir alaire petit Sam. Je t’en ai déjà parlé. Chez le canard pilet il est vert sombre. »

Samuel : « Lui aussi c’est un canard de surface ? »

Max : « Oui oui. Il avance le bec dans l’eau et il la filtre pour récupérer les petits zanimos qui flottent. »

Léo : « Il peut manger des végétos aussi. »

Max : « Les canards sont pas très exigeants pour la nourriture. Ils mangent un peu tout ce qu’ils trouvent. »

Samuel : « Il y a en a un autre là. Il est coloré. J’en déduis que c’est un mâle. On voit pas la femelle ? »

Max : « C’est vrai ça ! Il y a pas de femelle ! Comment ils peuvent faire des œufs si il y a pas de femelle ? »

Léo : « Max, parle moins fort. Il dort ce canard. Tu voudrais pas le réveiller quand même ! »

Max : « Alors on va plus loin. Il doit y avoir d’autres canards. »

Samuel : « Ben oui, regardez. Vous savez sûrement qui sont ceux-là, avec leur gros bec aplati. »

Léo : « Gros bec aplati ? »

Max : « Ce sont des souchets. »

Léo : « Anas clypeata. »

Samuel : « Là, il y a des mâles et des femelles. Ils sont rigolos leurs gros becs aplatis 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Mais j’aime beaucoup ce canard. C’est encore un canard de surface. »

Léo : « Comme la sarcelle d’hiver, Anas crecca. C’est le plus petit des canards. »

Max : « Les mâles ont les fesses jaunes 🙂 »

Léo : « Tu parles toujours des fesses des canards toi. »

Max : « Non, même pas vrai ! Seulement pour le chipeau et la sarcelle d’hiver. Parce que l’un a les fesses noires et l’autre les a noires. »

Léo : « Mouai… Normalement tous ces canards sont des migrateurs. »

Max : « Mais là ils migrent pas… »

Léo : « Il y a la femelle ! Observe la bien petit Sam, parce que c’est pas tous les jours qu’on la voit aussi bien. »

Léo : « Normalement elle a un petit miroir alaire vert. Mais on le voit pas… »

Samuel : « C’est pas grave cousin Léo. C’est pas de ta faute. »

Max : « Ooooh ! »

Léo : « Qu’est ce que… Rhoooo ! »

Samuel : « Qu’ils sont bôôôô ! »

Léo : « On les connaît pas ! »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Ce sont des sarcelles élégantes, Anas formosa. Elles vivent normalement au nord et à l’est de la Sibérie. »

Max : « Encore des zoisos qui n’ont rien à faire là ! »

Le chevalier : « Encore des oiseaux d’ornements introduits dans les parcs et jardins. Je doute qu’il s’agisse d’oiseaux occasionnels qui arrivent là par hasard. »

Léo : « Pourtant elles sont dans le beau livre de zoisos de Max. »

Le chevalier : « Oui… comme oiseaux occasionnels… »

Léo : « Encore une fois, on voit pas la femelle ! Comment peut-on enseigner dans ces conditions ? Sam connaîtra jamais les sarcelles élégantes femelles ! »

Samuel : « Mais c’est pas grave cousin Léo. On va pas les voir souvent les sarcelles élégantes et si les femelles sont avec les mâles on les reconnaîtra. T’énerve pas. »

Max : « Si Léo s’énerve il faut lui gratouiller le front. Ça le calme 🙂 »

Samuel : « D’accord 🙂 Viens ici cousin Léo. »

Léo : « Je suis pas énervé. Et j’ai cru voir… oui c’est ça ! Venez ! »

Max : « Des carolins ! Aix sponsa ! On a déjà vu un mâle tout seul au Royaume des Mandarins. Mais là, il y a des femelles. Léo, tu vas pouvoir enseigner 🙂 »

Samuel : « Qu’est ce qu’il est beau ce canard ! »

Max : « Oh oui alors ! C’est dommage qu’il y ait pas le mandarin à côté. »

Samuel : « Le canard mandarin ? »

Léo : « On te le montrera. Il y a le Royaume des Mandarins pas loin de chez nous. »

Max : « Le carolin a une toute petite voix:) »

Léo : « Mais là, il dit rien du tout. »

Max : « Bonome, pourrais-tu me faire une jolie foto du mâle et une autre de la femelle s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je vais faire de mon mieux. »

Max : « Merci mon bonome. »

Léo : « Bon, on continue ? »

Max : « Ben oui ! Il faut finir l’inspection de ce Royaume. »

Samuel : « Vous avez vu là-bas ? »

Léo : « On dirait… chevalier, ce serait pas les nettes rousses ? »

Le chevalier : « Rhoooo ! »

Max : « Je propose une pause au bord de l’eau avant d’aller voir les canards ploufeurs. »

Léo : « Parce que les nettes rousses sont des ploufeurs Samuel. »

Le chevalier : « Pause ? »

Léo : « Je veux bien. Et toi petit Sam ? »

Samuel : « Oui. On voit tellement de zoisos… »

Max : « C’est presque trop. On peut même pas tous les présenter. »

Le chevalier : « Pauvre Max ! Il y a trop de zoisos 🙂 Je te maltraite vraiment. Dès demain je me présente aux gens d’armes de Princesse pour qu’ils me mettent en prison. »

Max : « Bonome, c’est pas bien de se moquer de son petitours. »

Samuel : « C’est bien fait ! Tu te moques de tout le monde toi 🙂 »

Léo : « Sam a raison ! Bien fait ! »

Max : « D’accord, je reconnais, je l’ai bien mérité. Mais quand même ! Tu imagines le travail pour graver tout ça ! Comment je vais faire, moi ? Et je suis sûr que tu as déjà fait 3000 fotos ! Juste pour les trier il va me falloir une semaine ! Je vais encore prendre du retard dans mon blog, moi ! »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. »

Léo : « On va t’aider nous. »

Max : « Vous allez m’aider ? »

Samuel : « Ben oui. »

Léo : « On va graver tous les trois ! »

Max : « Rhoooo, merci les cousins 🙂 »

Samuel : « On reprend l’inspection ? Je veux voir les nettes rousses, moi ! »

Max : « On y va ! »

Les canards ploufeurs

Léo : « Monsieur et Madame Nette rousse 🙂 »

Max : « Netta rufina. »

Léo : « Encore une fois la femelle est plus discrète. »

Max : « Comme tu peux le voir Samuel, les mâles ont la tête tout ébouriffée. On se demande si c’est à cause des plumes ou si son crâne a cette forme là. »

Samuel : « Ils sont rigolos les mâles 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Nous, on en a déjà vu au Grand Étang, mais de loin. »

Samuel : « Vous avez déjà vu beaucoup de zoisos, vous. »

Max : « Je me souviens d’avoir passé le centième zoiso dans mon blog. Mais je pourrais pas dire combien on en a observé. Bonome, tu sais toi ? »

Le chevalier : « Avant aujourd’hui ? Je ne sais pas. Environ 130 espèces… »

Samuel : « TOUT ÇA ! Tabarnak ! »

Léo : « Aujourd’hui tu vas nous rattraper d’un coup 🙂 Et tu en as déjà observés quelques uns depuis ton arrivée. »

Le chevalier : « Et ce n’est pas un concours. »

Max : « Bonome, on arrive aux fuligules ! »

Les fuligules

Léo : « Tiens ! Des fuligules milouins, Aythya ferina. Encore une fois on voit que les mâles. »

Samuel : « Ils ont les yeux rouges. »

Max : « Il y a beaucoup des zoisos aquatiques qui ont les yeux rouges… Mais pas tous… »

Samuel : « Il a ploufé ! »

Léo : « Oui petit Sam. Les fuligules sont des ploufeurs. Ils peuvent plonger à plusieurs mètres et rester sous l’eau environ une minute. »

Max : « Pendant nos inspections, bonome peut rester de longues minutes à fotoer les zoisos ploufer. »

Samuel : « Et lui il est fatigué et il fait dodo. »

Léo : « Les zoisos dorment souvent en mettant la tête sous l’aile. »

Max : « Et toi tu dors tout serré contre Léo 🙂 Léo c’est ton doudou 🙂 »

Léo : « Max, je t’ai déjà dit de pas te moquer de Samuel ! »

Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? Je me moque de toi, de bonome, de moi aussi. Alors pourquoi pas de Samuel ? »

Léo : « Je veux pas que tu lui fasses de la peine ! »

Samuel : « C’est gentil cousin Léo, mais je crois avoir compris cousin Max : il se moque avec affection. Il est pas méchant cousin Max. Alors ça me fait pas de la peine. »

Léo : « Tu es sûr ? Sinon je le gronde ! »

Samuel : « Il faut pas gronder Maxou. »

Léo : « Tu l’appelles Maxou ? »

Samuel : « Ben oui, comme vous 🙂 »

Max : « Maxou le gentillours 🙂 Là, ce sont des fuligules morillons, Aythya fuligula. »

Léo : « Eux ont les yeux jaunes. Et une petite huppe derrière la tête. Mais il y a encore que les mâles ! »

Max : « C’est pas grave. On voit souvent les fuligules milouins et morillons. On aura l’occasion de te présenter les femelles. »

Léo : « Ben ça alors ! Regarde Max ! »

Max : « Ils ressemblent aux morillons mais ce sont pas des morillons… »

Léo : « Le dos est plus clair chez les mâles. »

Max : « Et il paraît strié. »

Léo : « Et tu as vu le bec des femelles ? »

Max : « Oui, juste avant il y a un anneau blanc. »

Le chevalier : « Ce sont des fuligules milouinans, Aythya marila. »

Max : « Ils sont rares ? »

Le chevalier : « Assez peu nombreux. »

Max : « Où peut-on les voir ? »

Le chevalier : « En France ? Dans les milieux littoraux. »

Max : « On pourrait en observer en Charentmaritimie alors ! »

Le chevalier : « Certains sont signalés dans la Baie de l’Aiguillon. »

Max : « D’accord. Bon, bonome, il faut bien les fotoer. Le mâle d’abord. »

Le chevalier : « Voilà. »

Max : « Le bec est gris bleu, assez clair. Plus que chez les morillons. Tu peux fotoer le couple en train de dormir ? Et zoomer sur la femelle ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Max : « Bien, comme ça on aura des fotos de références. Merci bonome. »

Léo : « Ils vivent où sinon, les milouinans ? »

Le chevalier : « Ils nichent au nord de la Scandinavie et hivernent sur les côtes européennes. »

Léo : « Rhoooo ! Un autre fuligule ! »

Max : « Léo, je crois qu’il y en a d’autres encore… »

Léo : « Qu’ils sont bôôôô ! »

Le chevalier : « J’ai l’impression de me promener dans un beau livre de zoisos 🙂 »

Léo : « Ce sont des mâles ? »

Le chevalier : « Il me semble que mâles et femelles sont identiques. »

Max : « Ils sont tout pareils ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Il mmmmm en se grattant la tête 🙂 »

Samuel : « Attention à tes cheveux chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Voyons… »

Max : « Là, Samuel, tu assistes à une scène intéressante. Bonome est parti dans sa tête. »

Samuel : « Il est parti dans sa tête ? »

Max : « Oui, ça lui arrive. C’est fréquent quand il étudie les Odonates. Il va dans sa tête pour consulter ses livres. Parce qu’il a toute une bibliothèque dans sa tête. J’aimerais bien la visiter un jour. Il a son fauteuil, son café, son herbe à pétun. Il s’installe dans le fauteuil dans sa tête et il consulte ses livres. Pendant ce temps, ça sert à rien de lui parler. Il entend plus rien. Tiens, regarde. Bonome, Léo s’est fait dévorer par un brochet et un faucon a éventré Samuel. »

Le chevalier : « Mmmm… oui, c’est bien Maxou. Tu es un bon petitours… »

Max : « Et Princesse est là. »

Le chevalier : « Oui oui, tu auras du chocolat… »

Samuel : « Ah oui, c’est impressionnant. »

Le chevalier : « Revoyons la troisième foto. Regardez ! »

Max : « Ben il y a deux fuligules dont un flou. »

Léo : « Tu nous as même pas dit l’espèce ! »

Le chevalier : « Oh, pardon ! Aythya nyroca. Vous ne voyez pas la différence entre les deux individus ? »

Max : « Si. Il y en a un net et bien cadré et l’autre est flou et dans un coin. »

Le chevalier : « Oui, certes. Mais regardez mieux ! »

Léo : « VU ! L’un a les yeux bleus et pas l’autre ! »

Le chevalier : « Bravo mon Léo ! Le mâle a les yeux bleus ! »

Max : « C’est tout ? Il y a pas plus de dimorphisme sexuel ? »

Le chevalier : « En plumage nuptial le mâle est plus bordeaux que la femelle. »

Max : « D’accord bonome. »

Le chevalier : « C’est étrange… Je ne sais pas pourquoi je pense à des brochets et des faucons… Max, Léo, vous allez bien ? »

Max : « Oui bonome, t’inquiète pas. On va bien. »

Léo : « Tu t’inquiètes pas pour Samuel ? »

Le chevalier : « Non, excuse moi Samuel mais, un instant, j’ai cru que Max et Léo étaient en danger. Je suis fatigué moi. »

Max : « Ça arrive bonome, c’est pas grave. »

Eider

Léo : « Rholalaaaa ! »

Max : « Wouaaaah ! »

Samuel : « Hostie de kaliss ! »

Max : « Hostie de kaliss ? »

Le chevalier : « C’est un cran au-dessus de tabarnak 🙂 »

Léo : « Rhoolalaaaa ! »

Le chevalier : « Le mâle est en plumage nuptial… »

Léo : « Des eiders à duvet ! La chance ! »

Le chevalier : « oh oui ! Quelle chance ! Et le mâle est en plumage nuptial. Somateria mollissima. »

Max : « Tu l’avais déjà vu bonome. »

Le chevalier : « Une femelle, au Royaume des Grèbes. Mais un mâle en plumage nuptial ! »

Max : « Là tu as les deux 🙂 »

Samuel : « Rhoooo ! On voit vraiment de beaux zoisos avec vous. »

Max : « C’est pas tous les jours comme ça tu sais Sam. »

Léo : « Heureusement… Je crois que je survivrais pas très longtemps si on voyait autant de zoisos chaque jour. »

Max : « Bon, je renonce à découvrir le Royaume Secret. Léo supporterait pas. »

Le chevalier : « Des eiders à duvet… »

Max : « Tu as l’air surpris. On croise une espèce tous les trois mètres depuis des heures et c’est seulement maintenant que tu as l’air surpris. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Difficile à expliquer. Certains des oiseaux que nous avons rencontrés sont exceptionnels en France et pourtant… »

Max : « Parle nous un peu des eiders à duvet. »

Le chevalier : « Ce sont des canards marins qui s’observent normalement sur les côtes atlantiques, surtout au nord de l’Europe. Ils hivernent un peu sur les côtes de la Mer du Nord, de la Manche. Certains vont jusqu’en Bretagne. Chose étrange, il existe deux sites d’hivernage en Méditerranée : l’un vers la frontière franco-italienne, l’autre dans la région de Venise. »

Max : « C’est pour les eiders romantiques 🙂 »

Le chevalier : « Avez-vous remarqué que les eiders ont une pointe de plumes sur la base du bec ? »

Max : « Oui, on a vu. »

Le chevalier : « Des eiders à duvet… »

Max : « Bonome, il faut te remettre ! On a déjà perdu Léo. »

Le chevalier : « Léo s’est perdu ? »

Max : « Au sens figuré bonome ! Il arrête plus de rholalaer. Tu l’entends pas ? »

Le chevalier : « Léo, mon petitours. Viens ici. »

Léo : « Tu as vu ? »

Le chevalier : « Oui, j’ai vu 🙂 »

Léo : « On est tout morts ? On est au paradis ? »

Max : « Samuel, voici une deuxième scène intéressante. Quand Léo voit trop de zoisos, il pense qu’il est tout mort au paradis. »

Samuel : « Ça lui arrive souvent ? »

Max : « Non, heureusement. La dernière fois c’était sur l’île d’Ut je crois. Il faut dire qu’elle est magnifique cette île. Bon, bonome et Léo, vous allez défaillir ou on peut continuer ? Parce qu’on a même pas fini l’inspection ! »

Léo : « On va encore avoir des belles surprises ? »

Max : « Mon Léo, je crois que c’est fort probable 🙂 »

Léo : « Bonome, je peux rester contre toi ? S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Samuel, viens avec moi dans la poche. »

Samuel : « J’arrive cousin Max. »

Max : « Tu es bien installé ? C’est bon ? On peut continuer ? »

Le chevalier : « Oui Max. Allons-y. »

Max : « Ben voilà, on fait trois pas et on tombe sur une autre espèce ! »

Les harles

Max : « Bonome, c’est qui encore ces zoisos ? »

Le chevalier : « Je pense que ce sont des harles piette, Mergullus albellus. »

Max : « Des harles ? Je savais même pas que ça existait ! Ça existe les harles quint ? »

Léo : « Pfff ! La saproblague ! »

Max : « Ouiiii 🙂 »

Léo : « Bonome, tu peux nous parler des harles s’il te plait ? »

Le chevalier : « On appelle harles plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques de la famille des Anatidés. Autrefois, toutes les espèces de harles étaient regroupées dans le seul genre Mergus mais la systématique a fait des progrès et désormais, seules quatre espèces sont placées dans ce genre. Les deux autres sont classées chacune dans un genre qui ne compte qu’une espèce. »

Max : « Si je comprends bien il existe 6 espèces de harles dont deux qui sont pas vraiment des harles. »

Le chevalier : « Tu comprends bien 🙂 »

Léo : « Et lui, c’est qui ? Tu as pas donné son nom d’espèce. »

Samuel : « Si ! Il l’a dit ! Mergullus albellus, le harle piette ! »

Léo : « Oups pardon bonome. »

Max : « Mergullus ? Alors c’est pas un vrai harle. »

Léo : « C’est un beau zoiso quand même ! Vous avez vu son bec ? »

Max : « On dirait pas un bec de canard. »

Le chevalier : « Parce que les harles sont piscivores. »

Léo : « Piscivore ça veut dire qu’ils mangent des poissons.

Samuel : « Merci cousin Léo. Il vient d’où le harle piette ? »

Le chevalier : « De Scandinavie et du nord de la Russie. Il va hiberner sur les côtes de la Mer du Nord et de la Manche. Depuis quelques années il s’aventure jusqu’à l’estuaire de la Loire. »

Léo : « Ca m’impressionnera toujours ces petits zoisos qui volent sur de très longues distances. »

Max : « Vous savez qu’ils ne s’y prennent pas tous de la même façon. »

Léo : « Comment ça ? Explique toi Max. »

Max : « Prenons les hirondelles. Elles volent dix heures et font une pause d’une journée pour reconstituer leurs réserves de graisse. Parce que la graisse, c’est la forme de stockage de l’énergie et il faut beaucoup d’énergie pour voler. Puis elles revolent dix heures et ainsi de suite. Les chevaliers, eux, volent plusieurs jours puis font une longue pause. Quelquefois ils restent plusieurs semaines là où ils font leur pause. Ils reconstituent leurs réserves et repartent. Saviez-vous que les Royaumes de Charentmaritimie sont la dernière escale avant l’Afrique pour beaucoup de Scolopacidés que nous rencontrons ? »

Léo : « Je savais pas moi. Alors un chevalier peut faire trois mille kilomètres d’un coup d’aile, comme ça ! »

Max : « Il lui faut plus d’un coup d’aile Léo 🙂 Mais sinon, oui. Charentmaritimie Maroc sans escale. C’est pour ça que les réserves naturelles de Charentmaritimie sont très importantes. Si les zoisos peuvent plus faire de pause ils peuvent plus migrer. »

Léo : « Maxou, je dirai plus jamais que tu étudies pas assez. »

Max : « 🙂 On observe quand même qu’il y a de plus en plus de migrateurs qui vont plus jusqu’à leurs sites d’hivernage. Ils restent là où avant ils faisaient leur pause. »

Samuel : « Vous connaissez vraiment beaucoup de choses vous, tabarnak ! »

Léo : « Toi aussi tu en connaîtras beaucoup petit Sam. »

Max : « Tabarnak, hostie, kaliss… Il faudra m’expliquer pourquoi les québécois jurent en utilisant des mots tirés de la liturgie… Samuel, tu feras attention à ton vocabulaire quand nous irons à la messe. On dit pas ces choses là dans une église. »

Samuel : « Oui cousin Max, c’est promis 🙂 »

Léo : « Il est beau le harle piette… »

Max : « Et eux ? Ce sont des vrais harles ou pas ? »

Le chevalier : « Mergus merganster, ou harle bièvre. C’est un harle. Vous pouvez voir la femelle, à gauche, et le mâle, à droite. »

Max : « On s’en serait doutés. A cause des couleurs. Lui aussi est piscivore ? »

Le chevalier : « Oui. »

Samuel : « Pourtant cousin Max a expliqué que les Ansériformes ont un bec aplati avec des lamelles cornées pour pouvoir se nourrir en filtrant l’eau. »

Le chevalier : « Bonne remarque Samuel. Mais la nature sait comment faire pour s’adapter. Les lamelles cornées se sont transformées en petites dents cornées qui permettent aux harles d’agripper les poissons. »

Léo : « Des harles… On a vu des harles… »

Max : « Et c’est pas fini Léo 🙂 Regarde ! »

Léo : « Rholala ! »

Le chevalier : « Lophodytes cucullatus, le harle couronné. C’est normalement une espèce nord américaine qui ne s’observe qu’exceptionnellement en France. On ne sait pas si les individus rencontrés sont présents en raison d’une erreur de migration ou si ce sont des évadés 🙂 Les harles couronnés nichent dans des trous d’arbres à plusieurs mètres de hauteur. Ils n’hésitent pas à occuper un nid de canard carolin abandonné. Ces deux espèces se rencontrent fréquemment ensemble. »

Samuel : « Il y a des canards qui vivent dans les arbres ? »

Max : « Oui, plusieurs espèces. Je pense même que c’est assez fréquent. Ils utilisent souvent d’anciens trous de pics. Le problème, c’est quand les petits doivent sortir du nid. Ils sont obligés de se jeter dans le vide et poum le petit canard ! »

Samuel : « Mais ils doivent se faire mal ! »

Max : « Non, ils planent et comme ils sont tout légers, ils arrivent pas avec beaucoup d’énergie alors le choc est pas trop violent. En plus, ils sautent à un moment de l’année où il y a encore beaucoup de feuilles mortes au sol. Ça amortit la chute. En général tout se passe bien mais il y a quelques accidents à déplorer… »

Léo : « On voit bien le mâle et la femelle… »

Max : « Bonome, fotoe s’il te plaît. »

Le chevalier : « La femelle… »

Le chevalier : « … et le mâle. Voilà. »

Max : « Merci bonomou. Il y a encore des harles ? »

Le chevalier : « Apparemment non… »

Léo : « Qu’est ce qu’on va voir maintenant … »

Les érismatures

Max : « Le canard ! Là ! Il se jette à l’eau ! »

Léo : « Encore un qu’on connaît pas… »

Max : « Tu le connais pas ? Tu connais pas tout ton beau livre de zoisos ? »

Léo : « Je me rends compte de l’étendue de mon ignorance… »

Max : « Léonou, tu peux pas tout connaître. Il avance sur l’eau. On le voit mieux là. »

Le chevalier : « C’est une érismature à tête blanche, Oxyura leucocephala. Je ne comprends pas bien son plumage et ses couleurs. Normalement la tête est bien plus blanche et le bec est bleu. »

Max : « C’est une femelle ? Un juvénile ? Un mâle en plumage d’éclipse ? »

Le chevalier : « Une femelle adulte ou un juvénile… »

Léo : « Petit Sam, il faut savoir que souvent les juvéniles ressemblent aux femelles. »

Samuel : « D’accord. Je m’en souviendrai. »

Max : « Bonome, regarde… »

Léo : « Rholala ! »

Le chevalier : « Erismature rousse, Oxyura jamaicensis. Originaire d’Amérique. Ces deux espèces d’érismatures peuvent s’hybrider. »

Max : « Et les descendants sont féconds ? »

Le chevalier : « Il me semble, oui. »

Samuel : « C’est quoi hybrider ? »

Max : « C’est quand deux espèces se reproduisent entre elles. Un mâle d’une espèce et une femelle d’une autre. Normalement les descendants sont stériles. Ils peuvent pas faire des bébés. Mais parfois les hybrides sont féconds. Et on sait plus qui c’est. Mais on t’expliquera les espèces plus tard. Aujourd’hui on a déjà appris beaucoup de choses. »

Samuel : « Oui, je suis fatigué moi. »

Max : « C’est pas grave. Je crois qu’on a fait le tour du Royaume des Paons. »

Samuel : « C’était bien ! »

Léo : « Rholala oui alors ! Tout ça de zoisos ! »

Max : « C’est vrai qu’on en a vu vraiment beaucoup aujourd’hui. On va tout mélanger dans nos têtes… Et puis, quand on les verra dans la nature ce sera plus pareil. »

Le chevalier : « Pauvre Max. On a vu trop de zoisos… »

Max : « Tu vas pas recommencer à te moquer de moi ! »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Léo : « Tout ça de zoisos… Merci chevalier. »

Samuel : « Oh oui ! Merci chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Ne me remerciez pas. Moi aussi je suis enchanté de cette sortie. »

Max : « Toi, tu vas rêver d’eider à duvet 🙂 »

Léo : « Et moi de tous les zoisos 🙂 »

Max : « Aïe ! »

Samuel : « Tu t’es fait mal ? »

Max : « Non, j’ai peur de pas pouvoir dormir cette nuit. »

Samuel : « Pourquoi ? »

Max : « A cause de Léo le siffloteur ! Il a entendu plusieurs dizaines de zoisos et son inconscient a tout enregistré… »

Samuel : « Aïe ! On va pas dormir alors ! »

Léo : « Vous m’enfermez aux cabinets… »

Le chevalier : « Nous verrons cette nuit. Pour le moment il nous faut rentrer. »

Max : « D’accord bonome. Petizours, à mon commandement : pochage ! »

Le chevalier : « Vous êtes bien installés ? »

Max : « Tout va bien à bord ! »

Le chevalier : « Alors c’est parti ! »

Le soir, dans la cabane…

Le chevalier : « Vous vous êtes débarbouillés ? »

Max : « On est tout propres ! »

Léo : « On sent bon ! »

Max : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? »

Léo : « Et si on regardait les fotos ? »

Samuel : « Oh oui ! Pour réviser ! »

Max : « Et trier un peu… Il doit y en avoir des moches, des floues… »

Léo : « Soirée fotos ! »

Max : « Léo, tu vas allumer l’ordinateur ! Bonome, tu apportes les beaux livres de zoisos ! Samuel et moi on prépare les coussins ! »

Après quelques fotos…

Le chevalier : « Ils se sont endormis tous les trois… Bon, je range et je vais me coucher moi aussi. Quelle journée ! »

Un peu plus tard alors que le chevalier vient de s’endormir Max et Samuel viennent le rejoindre…

Max : « Bonome, tu dors ? … Bonomou… Booonooome !

Le chevalier : « Mmmmm… Max ? Tu ne dors pas ? Samuel est avec toi ? »

Max : « On peut venir avec toi ? »

Le chevalier : « Pourquoi ne dormez-vous pas ? »

Max : « Ben, c’est à cause de Léo. »

Le chevalier : « Il sifflote dans son sommeil ? »

Max : « Non, il rholalae. ‘Rholala, des cygnes noirs… Rhoooo des harles ! … Tout ça de zoisos… Rholala un eider à duvet…’ Il s’arrête plus. Et Samuel veut pas le réveiller. »

Samuel : « Ben non, il faut pas le réveiller si il rêve de zoisos. »

Le chevalier : « Alors vous venez me réveiller, moi… »

Max : « On voulait savoir si on pouvait dormir avec toi ? »

Le chevalier : « Dormir avec moi ? Vous n’avez pas peur que je vous écrase ? »

Max : « Avec ton gros ventre ? 🙂 »

Samuel : « S’il te plaît chevalier… »

Max : « S’il te plaît bonomou… »

Le chevalier : « A vos risques et périls 🙂 »

Max : « Merci bonome ! »

Voilà Princesse. Bonome nous a fait découvrir le Royaume des Paons. C’est un bien beau Royaume. J’espère que tu as aimé. Il y a beaucoup de zoisos dans ces articles mais c’est pas ma faute. Si j’ai bien compté, on a pu observer 54 espèces dont 27 nouvelles pour nous.Et c’est pas tous les jours qu’on voit ça 🙂

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

125-2 Le Royaume des Paons (deuxième partie)

Mercredi 26 Octobre, An III (deuxième partie)

Le chevalier : « Bien, je pense que la pause a assez duré. »

Max : « Léo a arrêté de rholalaer 🙂 On voit quoi maintenant ? »

Le chevalier : « J’aperçois un cygne… »

Max : « Alors on arrive aux Ansériformes. Allons-y bonome ! »

Les Ansériformes…

Max : « On va encore avoir le problème de la classification. Anatidés et Anséridés ou Anatidés avec des sous familles ? »

Léo : « C’est embêtant quand même. »

Le chevalier : « Continuons comme nous avons toujours fait. Tant pis si c’est une erreur. »

Max : « C’est pas bien de dire des erreurs bonome. »

Le chevalier : « Mais ça arrive. Tu le dis toi même. »

Max : « Oui bonome 🙂 Si on arrive aux cygnes c’est qu’on arrive aux Anséridés… »

Les Anséridés…

Les cygnes

Léo : « Là c’est un cygne tuberculé, Cygnus olor. Observe le bien petit Sam. »

Samuel : « Il est très beau. »

Max : « Tous les zoisos sont très beaux Sam 🙂 »

Léo : « 🙂 C’est à cause de la beauté qu’il a dans les yeux. Sam, tu remarqueras que le cygne tuberculé a le bec rouge orangé et qu’il a un tubercule noir. D’où son nom. »

Max : « Léo suppose que la femelle a un plus petit tubercule et que son cou est plus fin. Mais on est pas sûrs. »

Samuel : « D’accord. Et cet autre cygne là ? Son bec est jaune et noir. C’est pas un cygne tuberculé alors. »

Max : « Ben non. Bien vu Sam ! Bonome, tu le connais toi ? »

Le chevalier : « C’est le cygne chanteur, Cygnus cygnus. Normalement il s’observe très au nord de l’Europe, dans la toundra, les marais et les tourbières. Mais depuis quelques années sa population progresse un peu vers le sud. Il me semble qu’il est de plus en plus fréquent au nord de l’Allemagne. »

Léo : « Il y en aura peut-être un jour chez nous. »

Le chevalier : « Peut-être. »

Max : « Bonome, tu pourrais le fotoer s’il te plaît ? Parce que c’est pas tous les jours qu’on va le voir le cygne chanteur. »

Le chevalier : « Max, je fotoe tous les oiseaux que nous voyons 🙂 »

Max : « Oui, je suis bête. Tu as fait combien de centaines de fotos déjà ? »

Le chevalier : « Beaucoup 🙂 »

Max : « Et on a pas fini la visite… »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Quoi ‘Rhoooo’ ? »

Samuel : « Ooooh ! »

Max : « Ah oui ! Quand même ! Rholala ! »

Léo : « Des cygnes noirs. Rhoooo la chance ! »

Max : « Ils font sa toilette 🙂 »

Léo : « Des cygnes noirs… »

Le chevalier : « Cygnus atrata. »

Samuel : « Cygnus atrata Cygnus atrata Cygnus atrata Cygnus atrata… »

Max : « Pas la peine de répéter Samuel. Je pense pas qu’on le revoit dans la nature celui là. »

Samuel : « Mais c’est un beau zoiso ! Je veux savoir comment il s’appelle moi. »

Max : « D’accord 🙂 Il y a d’autres cygnes ? »

Le chevalier : « Non, et je crois entrevoir des oies. »

Max : « Ben oui, dans les Anséridés il y a les oies… »

Les oies

Max : « Une oie toute blanche ! C’est qui cette oie toute blanche ? »

Léo : « Regarde la mieux Maxou. Il y a des plumes noires derrière. Ce sont quelques primaires. »

Max : « Ah oui ! Ça t’aide bonome ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 C’est une oie des neiges, Anser caerulescens»

Léo : « Caerulescens ? Comme dans Cyanistes caeruleus ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Mais Cyanistes caeruleus c’est la mésange bleue ! Caeruleus ça veut pas dire bleu ? »

Le chevalier : « Si. Et je suppose que tu veux des explications. »

Léo : « Ben oui. Je veux comprendre moi. »

Le chevalier : « Mon petitours 🙂 Les oies des neiges existent sous deux formes. La forme claire, que nous avons sous les yeux, et la forme sombre qui est d’un joli gris bleuté. »

Léo : « Et c’est la forme sombre, légèrement bleutée, qui a donné son nom à l’espèce. Je comprends. Merci bonome. »

Max : « On a oublié quelque chose ! »

Léo : « Quoi ? Qu’est ce qu’on a oublié ? »

Max : « Ben, il faut bien dire que les oies ont les pattes orange. Ou rosées. Si on le dit pas Samuel saura jamais reconnaître les oies ! »

Léo : « Oubli réparé ! »

Max : « Il y a d’autres oies là-bas 🙂 »

Léo : « Oups, ce sont les oies grises. C’est pas facile les oies grises. Tu vas nous aider chevalier ? »

Le chevalier : « Je vais faire ce que je peux. »

Max : « Aloraloralor… »

Max : « Le bec est couleur chair avec un anneau blanc à sa base… Le ventre a des barres noires… Elle a un aspect trapu… Pfff… C’est laquelle ? »

Le chevalier : « J’opterais pour une oie rieuse, Anser albifrons. Mais je ne suis pas sûr de moi. »

Léo : « Anser albifrons, l’oie à front blanc. Enfin, peut-être… »

Max : « Et là ? »

Léo : « Petit bec de couleur chair, un cercle orbitaire jaune… Elle est petite cette oie. »

Le chevalier : « Une oie naine ? Anser erythropus ? »

Max : « C’est pas facile les oies grises. Il en faudrait une de chaque espèce côte à côte. Ce serait plus facile pour les distinguer. Parce que là… »

Léo : « Celles-ci on dirait bien des oies cendrées, Anser anser. »

Max : « Ouf ! Ça fait du bien de voir des zoisos qu’on connaît. Bonjour les oies cendrées 🙂 Vous avez de la famille au Royaume des Chevaliers. Si vous voulez, on les saluera de votre part. Et il y en avait deux au Royaume des Bernaches mais on en a perdu une. On sait pas où elle est. On est désolés. »

Samuel : « Regardez ! Elles se mettent en marche ! Elles vont par là ! »

Léo : « Ben ça alors ! Maintenant elles vont par là ! »

Max : « Elles vont pas bien dans leur tête ces oies cendrées ! Un coup par là, un coup par là ! Pfff ! »

Léo : « Vous avez vu ? Il y a une petite oie parmi elles. Chevalier, montre la foto s’il te plaît. Parce que la vraie bouge tout le temps… Merci. »

Léo : « Bec rose et noir, plutôt court… Serait-ce une oie à bec court ? Anser brachyrhynchus ? »

Le chevalier : « C’est probable mon Léo. »

Max : « Alors on a vu quatre espèces d’oies grises sur les cinq qu’on peut rencontrer en France ! »

Léo : « Rholala ! »

Max : « Il manque l’oie des moissons. Tant pis. »

Léo : « Quatre espèces d’oies grises ! Rhoooo ! En plus des trois espèces de cygnes et de l’oie des neige ! La chance ! »

Max : « Oulala ! Regardez là-bas ! Encore une espèce qu’on connaît pas ! »

Léo : « Pattes orange : ce sont bien des oies. »

Le chevalier : « Les oies à tête barrée, Anser indicus. »

Max : « Tu les connais ? »

Le chevalier : « Vues dans ton beau livre de zoisos et dans un documentaire mais jamais en vrai. »

Max : « Tu nous expliques l’oie à tête barrée s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si je ne me trompe pas elles vivent essentiellement en Asie. Elles passent l’été au nord de l’Himalaya et l’hiver en Inde. »

Léo : « Alors elles doivent passer au-dessus de l’Himalaya pour migrer ! »

Le chevalier : « Ce qui en fait les oiseaux les plus hauts du monde 🙂 Elles volent à plus de 8000 mètres d’altitude. »

Léo : « 8000 mètres ! Rholala ! Et en plus elles sont très belles. »

Samuel : « Il y en a d’autres là. Elles aussi elles sont très belles. »

Le chevalier : « Ce sont les oies empereurs, Chen canagica. On les appelle parfois Anser canagicus. »

Max : « Ben oui, si c’est une oie elle s’appelle Anser. »

Le chevalier : « Elle vit normalement en Alaska et migre dans les îles Aléoutiennes. »

Max : « Elle a rien à faire ici alors ! »

Le chevalier : « Non, mais comme vous l’avez fait remarquer, elle est très belle. Et, à ce titre, elle a tout à fait sa place dans un parc ornithologique. »

Max : « Et si elles se sauvent ça va donner une espèce férale de plus. Il faut bien les surveiller bonome. »

Le chevalier : « D’accord. Je propose que tu restes là à les surveiller. J’enverrai un rapport à Princesse pour l’informer. »

Max : « Tu envoies rien du tout ! Je reste pas ici moi. Je suis ton petitours et je reste avec toi ! Çavapalatête ! »

Le chevalier : « Bien Maxou 🙂 Et tant pis s’il y a une nouvelle espèce férale. »

Max : « Il y a des gardes ici. Et je suis convaincu qu’ils font bien leur travail. Pas la peine de surveiller les oies empereurs. Et pas la peine de me laisser là ! »

Léo : « Il y a d’autres oies blanches. Mais elles sont toutes blanches elles. Pas de primaires noires, rien que du blanc. »

Max : « Avec les yeux bleus. Ce sont des Anser bonomus 🙂 »

Le chevalier : « Ce sont des oies blanches du Poitou mais j’ignore leur nom scientifique. Ces oies domestiques sont connues depuis au moins le 12ème siècle. D’après ce que j’ai lu certains se battent pour que cette race soit protégée. »

Léo : « Rholala ! Tout ça d’oies ! Je sais même plus combien d’espèces on a vu… »

Samuel : « Huit. On a vu huit espèces d’oies. Vous voulez que je vous donne les noms ? »

Léo : « Tu te souviens de tous ? »

Samuel : « Euh… Anser caerulescens, Anser albifrons, Anser brachyrhynchus, Anser erythropus, Anser anser, Anser indicus, Chen canagica ou Anser canagicus et l’oie blanche du Poitou. Ça fait bien huit espèces. »

Max : « Bonome, tu as entendu Sam ? Il a retenu les huit noms d’espèces en scientifique ! »

Léo : « Il est fort ce petit Sam. Il va devenir un grand ornithologue. »

Samuel : « C’est quoi un ornithologue ? »

Léo : « Quelqu’un qui étudie les zoisos. »

Samuel : « Je sais pas si je vais être un grand ornithologue parce que je suis un tout petitours moi. Mais j’aime beaucoup les zoisos. »

Le chevalier : « Ce petitours m’en rappelle d’autres 🙂 »

Léo : « Huit espèces d’oies… »

Max : « Et c’est pas fini ! Il me semble apercevoir des bernaches par là-bas ! On y va ! »

Les bernaches

Léo : « Petit Sam, les bernaches ressemblent beaucoup aux oies mais elles ont les pattes noires. Si un jour tu vois un zoiso qui ressemble à une oie mais qui a les pattes noires tu sais que tu es en présence d’une bernache. Tu te rappelleras ? »

Samuel : « Oui cousin Léo. Merci cousin Léo. »

Max : « Ça c’est la bernache du Canada, Brenta canadensis. »

Léo : « On les connaît bien les bernaches du Canada. Elles ont un Royaume par chez nous. »

Samuel : « Moi j’en ai déjà vu 🙂 »

Léo : « Oui ! Tu nous as montré des fotos ! »

Max : « Mais c’est normal de voir des bernaches du Canada au Canada 🙂 Ici c’est une espèce férale. Bonome a dit qu’il y a un plan d’éradication des bernaches du Canada en France mais j’espère qu’il s’est trompé. »

Léo : « Ooooh ! »

Max : « Léo tu t’es trompé ! C’est Samuel qui dit ‘Ooooh’. Toi tu dis ‘Rhoooo rholala la chance !’ 🙂 »

Léo : « Il y a des bernaches nonettes, Brenta leucopsis ! »

Max : « Ah oui ! Rhoooo ! »

Léo : « On en a déjà vu une avec Brindille au Royaume des Bernaches. Comme elle était toute seule, les bernaches l’avaient accueillie. »

Max : « Comme l’oie à bec court de tout à l’heure. Elle était parmi les oies cendrées. »

Léo : « Ou l’oie cygnoïde au Royaume des Grèbes ! Les bernaches du Canada l’avaient prise parmi elle. »

Max : « On peut en déduire que les oies et les bernaches sont copines entre elles. »

Léo : « Et qu’elles laissent pas d’autres oies ou bernaches toutes seules. »

Samuel : « Elles sont belles les bernaches nonettes. »

Max : « Quelque chose me dit que vous pourriez rester des heures à les observer tous les deux. »

Léo : « Pas toi ? »

Max : « Si, mais on a pas fini l’inspection de ce Royaume. Alors je veux bien rester un peu mais il va falloir avancer si on veut tout voir. »

Léo : « On a même pas tout vu ! Rholala ! »

Samuel : « Tout ça de zoisos ! »

Max : « Samuel tu as bien choisi la date de ton arrivée 🙂 »

Léo : « Parce que c’est pas tous les jours qu’on voit autant de zoisos ! »

Max : « Encore un qu’on connaît pas ! »

Samuel : « Il ressemble à une oie mais il a les pattes noires. C’est une bernache. »

Max : « Il retient tout ce petit Sam 🙂 »

Le chevalier : « Oui, il retient tout. Comme son cou est roux on l’appelle la bernache à cou roux, Brenta ruficollis. »

Max : « Comme grébou ! Lui aussi a le cou roux et c’est pour ça qu’on l’appelle Tachybaptus ruficollis. »

Samuel : « Tous les zoisos au cou roux s’appelle ruficollis ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Samuel. Je ne connais pas tous les oiseaux de la terre tu sais. »

Samuel : « Ah bon ? Pourtant, depuis tout à l’heure, tu les connais tous. »

Léo : « Samuel, bonome dira jamais qu’il connaît tout. Il est trop modeste pour ça. Lui il dit qu’il connaît deux trois choses, comme ça, parce qu’il aime bien la nature et qu’il lit beaucoup. Mais il connaît tout. »

Max : « C’est un peu normal vu son grand âge. Il a plus d’un milliard d’années. »

Le chevalier : « Tiens, ça me fait penser… Depuis quelques temps vous dites que j’ai un milliard d’années. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, vous situiez ma naissance entre le Protérozoïque terminal et la base du Phanérozoïque, soit entre 600 et 500 millions d’années. »

Max : « On a revu les estimations. »

Léo : « On se demande même si tu as pas 15 milliards d’années. »

Le chevalier : « Ce qui fait que je serais né en même temps que l’Univers. »

Max : « Peut-être même un peu avant… »

Léo : « C’est notre dernière hypothèse… »

Max : « Parce que les Seigneurs du Temps ont vu la naissance de l’Univers. »

Samuel : « Vous allez pas bien dans vos têtes vous ! »

Max : « Tu verras Samuel. Il a l’air normal comme ça mais sa vraie personnalité s’exprime quand on fait la géologie. Tu pourras l’observer à Brétignolles. »

Léo : « Nous, quand on va arriver face aux falaises, on va rien comprendre du tout. »

Max : « Et lui, il va prendre un caillou par terre et il va nous expliquer que grâce à ce caillou on peut savoir qu’il y a un milliard d’années il y a eu une tempête dans une mer peu profonde peuplée de zanimos que tu sais même pas qui c’est. »

Léo : « Il est capable de voir si la mer était oxygénée ou pas. »

Max : « Il t’en donne la température au degré près ! »

Léo : « Et si par hasard il voit l’épave d’un bateau il te raconte son histoire et tu tout ce qui va avec. »

Max : « Plus les guerres avec les Anglais. »

Léo : « Et on te passe l’ouverture des océans, la sédimentation, les orogenèses et l’érosion des montagnes. »

Max : « Bonome, il voit pas comme nous. »

Léo : « Et la seule explication que nous ayons trouvée à ce phénomène est qu’il a tout vu de ses propres yeux. »

Max : « Depuis la création du monde. »

Léo : « Ce qui fait qu’il est légèrement plus vieux que l’Univers. »

Max : « CQFD ! »

Léo : « Notre raisonnement est irréfutable 🙂 »

Samuel : « Ce qui est irréfutable c’est que vous allez pas bien dans vos têtes ! »

Max : « Tu verras Samuel ! Tu verras ! »

Le chevalier : « Samuel, je pense que tu as fait le bon diagnostique 🙂 C’est deux petizours ne vont pas bien dans leur tête ! »

Max : « Hé ! Toi, le grand chevalier ! Tu trouves ça normal de te promener avec trois petizours dans la poche et de passer tes journées à leur expliquer la nature ? Tu trouves que c’est le comportement de quelqu’un qui va bien dans sa tête peut-être ? »

Le chevalier : « Si, au moins, ils me montraient de la reconnaissance et de la gratitude… »

Max : « Tu vas pas bien dans ta tête et puis c’est tout ! »

Samuel : « Vous dites trop de bêtises ! Viens chevalier, on continue les zoisos ! Moi j’ai de la reconnaissance et de la gratitude. »

Les tadornes

Le chevalier : « Allons-y Samuel. Connais-tu les tadornes de Belon ? »

Samuel : « Ben oui. On en a déjà vu. Tadorna tadorna. Il y en a juste en face de nous 🙂 »

Léo : « Ce sont des femelles. Parce que les mâles ont un tubercule sur le bec. »

Max : « Bonome, tu as pas dit que les adultes allaient muer sur les côtes de la mer de Wadden ? »

Le chevalier : « Si Maxou. »

Max : « Comment ils font ces tadornes ? Ils muent pas ? »

Le chevalier : « Peut-être muent-ils ici ? C’est fort probable. »

Léo : « Quand je pense qu’on a vu des bébés tadornes… »

Max : « Et même pas dans un parc ! »

Léo : « Au Royaume des Tadornes. On continue ? Il y a encore de beaux zoisos là. Ce sont encore des tadornes ? »

Le chevalier : « Effectivement, ce sont des tadornes casarca, Tadorna ferrugina. »

Max : « Ce sont des zoisos locaux ? »

Le chevalier : « Si je ne dis pas d’erreurs il y a une petite population férale dans le Marais Poitevin. Mais normalement ils nidifient autour de la Mer Noire et hiverne plus au sud ou en Afrique du Nord. »

Léo : « Vous avez vu comme ils se nourrissent ! »

Max : « Les Ansériformes se nourrissent souvent comme ça. Ils filtrent l’eau grâce aux lamelles cornées qu’ils ont en arrière du bec. C’est même un caractère qui définit les Ansériformes. Des lamelles cornées en arrière du bec. »

Samuel : « Et il y a quoi d’autre ? »

Max : « On en a déjà vu quelques uns alors je peux t’expliquer. Les Ansériformes on un corps adapté à la vie sur l’eau. Ils sont tout plat dessous. Et les pattes sont sous le corps, vers le milieu du corps. Et elles sont palmées. »

Léo : « Le cou est souvent long. Très long chez les cygnes, un peu moins chez les oies et les bernaches et encore moins long chez les canards. »

Max : « Le bec est aplati et possède des lamelles cornées qui permettent de filtrer l’eau. »

Léo : « Et souvent ils ont des plumes iridescentes. Ce sont de jolies plumes colorées qui ont comme un aspect brillant. »

Samuel : « Vous en connaissez des choses ! »

Max : « On étudie beaucoup et bonome nous explique alors, forcément, on apprend des choses. »

Léo : « Rhoooo ! Encore un zoiso ! »

Max : « Tu les connais bonome ? »

Le chevalier : « Ils me disent quelque chose… Oui oui ! Ce sont des tadornes d’Australie, Tadorna tadornoides. »

Max : « Ah… Eux non plus ont rien a faire là… Tu vois, les zoms ils mélangent tous les zoisos. Et après il y a des espèces férales, des espèces invasives et ça va plus du tout. Et toi tu veux rien faire ! »

Léo : « Que veux-tu qu’il fasse Maxou ? »

Max : « Qu’il éradique les zoms avec son épée ! »

Le chevalier : « Max, veux-tu bien cesser ? »

Samuel : « Viens cousin Max, on va voir ces autres beaux zoisos. »

Léo : « Rholala ! »

Samuel : « C’est qui ces zoisos ? »

Le chevalier : « Mmmm… Il me semble que ce sont des ouettes d’Egypte, Alopechen aegyptiaca. »

Max : « Ce sont des oies ? Des tadornes ? »

Le chevalier : « Des ouettes 🙂 Chen est un nom de genre d’oies. Alopechen est donc aussi un genre d’oies. D’ailleurs, on appelle parfois les ouettes d’Égypte des oies d’Égypte. »

Léo : « Tu connais des histoires de ouettes d’Égypte ? »

Le chevalier : « Que dire ? Les ouettes d’Egypte sont très répandues en Afrique tropicale. Elles ont été introduites en Grande-Bretagne, dans des parcs ou jardins de propriètés privées. »

Max : « Comme zoisos d’ornement je suppose, pour décorer… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Les zoms ! Pfff ! Et elles se sont échappées et maintenant elles vivent à l’état sauvage. »

Le chevalier : « Environ 500 individus en Grande-Bretagne. »

Max : « Bonome, pourrais-tu prévoir un plan d’éradication des zoms s’il te plaît. »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « S’il te plaît bonome ! J’en ai assez moi ! Ils prennent des zoisos là et les mettent là-bas ! Ils détruisent des milieux, font disparaître des végétos et des zanimos… »

Le chevalier : « Je ne le ferai quand même pas ! »

Max : « Et pourquoi, s’il te plaît ? »

Léo : « Max, tu es bête ! Bonome est un zom ! Et Princesse, Brindille, tonton Rico… Il peut pas s’auto-éradiquer ! »

Max : « Un plan de limitation des populations alors… »

Le chevalier : « Ce ne serait pas une mauvaise idée… Revenons à nos ouettes.  Dans l’Égypte antique elles représentaient une divinité et il y a un signe hiéroglyphique qui représente une ouette.»

Max : « Tu parles le hiéroglyphe ? »

Le chevalier : « Non Maxou, je ne parle pas le hiéroglyphe 🙂 »

Samuel : « Regardez ! Qu’est ce qu’elles font les ouettes ? »

Max : « Ça alors ! »

Léo : « Elles bougent la tête de manière coordonnée, déploient les ailes… Ça me rappelle quelque chose. »

Max : « La parade des grèbus ! »

Léo : « Chevalier, tu penses qu’on vient de voir une parade d’ouette d’Égypte ? »

Le chevalier : « C’est possible… »

Léo : « Rholala ! La chance ! Tout ça de zoisos et la parade des ouettes ! Rholala ! »

Max : « Léo se remet à rholalaer. Il est temps de faire une autre pause. Bonomou, pourrais-tu me donner mon beau livre de zoisos s’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Venez les cousins, on va regarder les Ansériformes ! Commençons par les cygnes… Vu, vu. Le cygne de Bewick on l’a pas vu. »

Samuel : « On peut pas tout voir ! »

Max : « L’oie des neige : vue ! Page suivante ! Oie rieuse, oie naine : vue et vue ! On tourne… On a pas vu l’oie des moissons. Tant pis ! Page suivante… Bernache du Canada, bernache nonette… »

Samuel : « On a pas vu la bernache cravant. »

Max : « Pas ici, mais on l’a déjà observée. On la reverra peut-être avant d’aller à Brétignolles. On tourne… »

Max : « Bernache à cou roux, tadorne de Belon, tadorne casarca, ouette d’Égypte et oie à tête barrée. Et après ce sont les canards ! Bonome, on a vu presque tous les Anséridés de mon beau livre de zoisos 🙂 »

Léo : « Rhoooo la chance ! »

Samuel : « Cousin Léo continue à rholalaer 🙂 »

Max : « Oui, il faudrait le débrancher et le redémarrer 🙂 On attend qu’il se remette et on va voir les canards ! »

Samuel : « Parce qu’on a pas tout vu ? »

Max : « Ben non ! Il y a forcément des canards ! Tu vas voir Samuel, c’est très beau les canards. »

Samuel : « On en a déjà observé. Tu te souviens pas ? Sur le chemin du Royaume des Chevaliers. »

Max : « C’est vrai ! Mais ici, je pense qu’il va u en avoir encore plus ! »

Léo : « Rholala ! »

Léo va se serrer très fort contre le chevalier.

Léo : « Merci chevalier de nous faire découvrir ce magnifique Royaume. »

Max : « Dites, je pense à quelque chose. Ce serait pas le Royaume Secret ? »

Le chevalier : « Non Max, ce n’est pas le Royaume Secret ! »

Max : « Comment tu peux savoir ? Tu savais même pas qu’il y avait un Royaume Secret ! »

Le chevalier : « Je ne crois toujours pas en son existence. Et puis, au Royaume Secret, s’il existe, il doit y avoir tous les zoisos. Or, ici nous n’avons pas vu de Scolopacidés, de Passéridés… »

Max : « Ni de dragon… Pfff ! On trouvera jamais de dragon… »

Samuel : « On fait une pause ? Je peux réviser grâce au beau livre de zoisos de Max ? »

Max : « Oui, on fait une pause le temps que Léo se remette 🙂 Viens Samuel, on va réviser tous les deux. »

Samuel : « Attends un peu Max. Regarde cousin Léo. »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Si c’est pas le Royaume Secret j’ose pas imaginer ce que c’est au Royaume Secret… »

Le chevalier : « Un dendrocygne veuf ! Je n’avais jamais vu de dendrocygnes ! »

Max : « Rholala la chance 🙂 »

Léo : « Moi, je savais même pas que ça existait les dendrocygnes… »

Le chevalier : « Dendrocygna viduata… »

Samuel : « Il vient d’où le dendrocygne veuf ? »

Le chevalier : « Amérique du Sud et Afrique subsaharienne… »

Max : « Bon, il faut absolument faire une pause parce que sinon même bonome va commencer à rholalaer. Allez Sam, on révise 🙂 »

Continuer la promenade

125-1 Le Royaume des Paons (première partie)

Mercredi 26 Octobre, An III

Le chevalier : « Mes petizours ! Réveillez vous j’ai une surprise pour vous 🙂 »

Max : « Mmmm… Ondorencor… »

Léo : « Zzzzzz… »

Samuel : « Zzzzzz aussi… »

Le chevalier : « Vous ne voulez pas vous lever ? Dommage, j’avais une belle surprise pour vous, avec des oiseaux… »

Léo : « Une surprise ? »

Samuel : « Avec des zoisos ? »

Le chevalier : « Oui, une surprise avec des oiseaux 🙂 »

Max : « Ondorplu ! »

Léo : « On est réveillés ! »

Samuel : « On est prêts 🙂 »

Le chevalier : « Allez vous débarbouiller et vous habiller. Je vous attends. »

Max : « En te caféinant 🙂 »

Léo : « Je suppose que tu as bu ton premier hectolitre avant de venir nous réveiller 🙂 »

Max : « Et tu vas attaquer le second… »

Le chevalier : « Allez vous préparer ! »

Quelques minutes plus tard…

Léo : « On est prêts ! »

Max : « On part quand ? »

Samuel : « On va où ? »

Max : « Je dois prendre les jumelles ? »

Le chevalier : « Non, pas la peine. Nous partons tout de suite pour un magnifique Royaume qui ne peut que vous plaire. »

Max : « Il y a des zoisos dans ce Royaume ? »

Le chevalier : « Oui, il y a des zoisos dans ce Royaume… »

Pendant la chevauchée…

Max : « C’est encore loin ? »

Léo : « On arrive quand ? »

Max : « Il s’appelle comment ce Royaume ? »

Léo : « Il est même pas en bord de mer ! »

Le chevalier : « Il est dans le Marais et nous arrivons dans quelques minutes. Si vous pouviez cesser de râler… »

Max : « On râle pas ! »

Léo : « On s’informe ! »

Max : « Si on peut même plus demander où on va… »

Léo : « Et quand on arrive… »

Max : « On est vraiment mal traités… »

Léo : « On va se plaindre… »

Max : « Je vais faire un rapport à Princesse et elle va te mettre en prison. »

Le chevalier : « Oui mes petizours. Je vous maltraite et Princesse va me mettre en prison. Bon, nous sommes arrivés. Samuel, que dirais-tu d’aller inspecter un superbe Royaume. »

Samuel : « Je suis d’accord moi. On laisse les duettistes sur la monture ? »

Le chevalier : « Oui, comme cela ils auront de vraies raison de râler 🙂 »

Max : « PAS D’ACCORD ! On vient avec vous ! Et toi, le petitours blanc, la prochaine fois que tu proposes de… »

Léo : « MAX ! Tu menaces pas Samuel ou je te mords ! »

Max : « Oulala ! Léo ! Comment tu me parles ! »

Le chevalier : « Bon, vous allez vous calmer. Nous sommes arrivés et je ne veux pas de petizours énervés. Max, Léo, chacun dans une poche ! »

Léo : « Et Samuel ? »

Le chevalier : « Avec toi je suppose… »

Max : « Ben voilà, et moi je suis tout seul. C’est pas juste. C’est encore moi qui suis puni alors que j’ai même rien fait ! Si on peut même rien demander… »

Comme j’étais tout seul Samuel et Léo l’ont pas vu, mais bonome a mis la main dans la poche et il m’a gratouillé discrètement le front. J’étais même pas puni. Alors je me suis serré très fort contre sa main. Je suppose que dans l’autre poche Samuel était serré très fort contre Léo. Et puis on l’a vu lui…

Léo : « Rhoooo ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Max : « Oulala ! »

Léo : « Rholalaaaa… »

Le chevalier : « Mes chers petizours, j’espère que vous allez varier les dialogues sinon je crains que les lecteurs de Max ne se lassent. »

Max : « On vient d’arriver ! On a encore rien dit ! »

Le chevalier : « Non, mais je m’attends à de nombreux Rhoooo, ooooh, oulala et rholala 🙂 »

Samuel : « C’est qui ce gros zoiso tout bleu ? Qu’est ce qu’il est bôôôô ! »

Max : « C’est un paon bleu, Pavo cristatus, Phasianidés. Bonome, tu as trouvé le Royaume des Paons 🙂 »

Le chevalier : « Oui, soyez les bienvenus au Royaume des Paons 🙂 »

Léo : « Et là, il y a les femelles ! Rholala ! Des paons bleus… »

Max : « Bonome, il y a des cages. Les zoisos sont en cage ! Ça va pas du tout ça ! »

Le chevalier : « Nous sommes dans un parc ornithologique Maxou. Certains zoisos sont en cage, d’autres dans des volières mais la plupart sont en liberté. Ils restent ici parce qu’ils sont bien traités et qu’ils se plaisent bien dans ce marais. Et tu sais, pour montrer les oiseaux et intéresser les gens à leur préservation il peut être utile d’en mettre quelques uns en cage. »

Max : « Ils sont bien traités ? Tu promets ? »

Le chevalier : « Oui Max, c’est promis. Tu verras, ils sont en bonne santé. »

Léo : « Un parc ornithologique c’est un parc avec des zoisos ! Rholala ! On va voir des tas de zoisos de tout près ! »

Le chevalier : « Oui, c’est le but 🙂 Venez voir un peu… »

Les Charadriiformes…

Max : « Un œdicnème criard ! »

Léo : « Rhooo ! »

Max : « Burhinus oedicnemus, Burhinidés. »

Léo : « On l’a déjà vu en vrai. »

Max : « Au Grand Étang. Il était pas loin. Les œdicnèmes sont les spécialistes de l’immobilisme. Ils peuvent rester dans la même position pendant des heures. »

Samuel : « Il est rare ce zoiso ? »

Léo : « Assez rare, oui. Au Grand Étang il y a des zoms qui font des lieues et des lieues pour venir les observer. Mais ils sont souvent très loin. Il faut une grande longue-vue pour les voir. Nous, on a eu beaucoup de chance qu’ils viennent si près. »

Le chevalier : « Il y a entre 5 et 9000 couples nicheurs en France. C’est une espèce considérée comme vulnérable en France. »

Max : « Il faut en prendre soin alors. Dis bonome, il y a beaucoup des zoisos dans ce Royaume ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors il faut pas tous les décrire avec précision. On donne quelques informations comme ça mais pas trop. D’accord ? »

Le chevalier : « Comme tu veux Max. »

Léo : « Là, il y a un vanneau huppé, Vanellus vanellus, Charadriidés. »

Max : « Eux, on les connaît bien. On en voit souvent. »

Samuel : « Mais ce sont des beaux zoisos quand même. »

Max : « Oui Samuel, ce sont des beaux zoisos 🙂 »

Léo : « Un huîtrier-pie ! Haematopus ostralegus, Haematopodidés ! »

Max : « Bonome, on est chez les Charadriiformes ici ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Samuel : « Vous connaissez l’huîtrier-pie ? »

Léo : « Oui, on le voit souvent au bord de mer. En Charentmaritimie, en Bretagne… Avec son gros bec il peut casser les coquilles des Mollusques. Mais pas les huîtres. C’est trop dur une coquille d’huître. »

Max : « Bonome, de la famille des Haematopodidés on connaît que l’huîtrier-pie. Il y a d’autres zoisos ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Mais ce sont tous des huîtriers. Il y a douze espèces il me semble mais la seule que nous puissions observer chez nous est celle-là. »

Samuel : « Ooooh ! Quel drôle de zoiso ! Qu’est ce qu’il a de longues pattes ! »

Léo : « Ça, c’est l’échasse blanche 🙂 De très longues pattes et un long bec tout fin. Max dit que ce zoiso s’est trompé de taille de pattes 🙂 »

Max : « Bonome, regarde un peu ses plumes. Elles sont très légèrement bordées de clair. Et puis ses pattes sont pas rouges. Ce serait pas un juvénile ? Là aussi ! »

Le chevalier : « Bien vu Maxou. Effectivement ce sont des juvéniles. »

Max : « Alors les zoisos se reproduisent ici ? »

Le chevalier : « Apparemment 🙂 »

Max : « C’est qu’ils sont bien traités et que tout va bien. Sinon ils feraient pas des œufs. »

Léo : « Samuel, là c’est un adulte. »

Léo : « Tu vois, le dos est plus unis et les pattes sont rouges. »

Samuel : « Rouge pâle alors 🙂 »

Léo : « Oui petit Sam, rouge pâle. »

Max : « Et là ! Des avocettes élégantes ! Recurvirostra avosetta, Récurvirostridés. Oulala ! »

Samuel : « Elles ont le bec courbé vers le haut. C’est rigolo 🙂 »

Léo : « Ben oui. Récurvirostridé ça veut dire bec courbé. A ce qu’il paraît c’est plus pratique pour attraper des petites proies aquatiques. »

Max : « Bonome, tu peux nous parler des Récurvirostridés s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Ce sera vite fait. Il n’y a que trois genres regroupant 10 espèces. Ces genres sont Himantopus (5 espèces), Recurvirostra (4 espèces) et Cladorhynchus (1 espèce). »

Max : « On a jamais vu de Cladorhynchus. »

Le chevalier : « Non, cette espèce ne s’observe qu’en Australie. »

Léo : « Blague de Brindille : Pourquoi ils mentent aux puces les échasses blanches ? »

Samuel : « Brindille a un drôle d’humour… »

Max : « Elle fait des sapro-blagues mais pas autant que bonome 🙂 »

Samuel : « C’est quoi une sapro-blague ? »

Léo : « Ça c’est Max ! Il peut pas s’empêcher d’utiliser des mots compliqués que personne connaît à part lui comme ça il se croit intelligent et cultivé 🙂 Sapro ça veut dire pourri en grékancien. Une sapro-blague c’est une blague tout pourrie 🙂 »

Max : « Alors, on a déjà vu : des paons bleus, des vanneaux huppés, des huîtriers-pies, des échasses blanches et des avocettes élégantes 🙂 »

Léo : « A part le paon, sinon ce sont des Charadriiformes. »

Samuel : « Cousin Max l’a déjà dit. C’est quoi les Charadriiformes ? Je connais les Charadriidés mais pas les Charadriiformes moi. »

Léo : « Si petit Sam. C’est un ordre les Charadriiformes. Il regroupe plusieurs familles. »

Samuel : « Ah oui ! Il y a les Charadriidés, les Scolopacidés. Et puis ceux qu’on vient de voir mais je me souviens déjà plus. »

Léo : « C’est pas grave. Je reprends. Il y a les Charadriidés, les Scolopacidés, les Burhinidés, les Haematopodidés, les Glaréolidés, les Alcidés et les Laridés. Mais on a jamais vu les Glaréolidés et les Alcidés. Les Charadriiformes sont également appelés petits échassiers. Ils aiment les milieux aquatiques où ils se nourrissent. Des fois on dit les limicoles mais c’est pas une vraie définition. »

Samuel : « Merci cousin Léo. Je crois que je vais pas tout retenir aujourd’hui moi. »

Le chevalier : « Ne t’en fais pas Samuel. Aujourd’hui nous allons voir de nombreuses espèces et personne ne pourra tout retenir. »

Max : « Bonome, on voit quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Je pense que nous arrivons aux Ciconiiformes. »

Les Ciconiiformes…

Léo : « Les Ciconiiformes sont les grands échassiers. Ils ont de longues pattes et un long cou. »

Samuel : « Comme les hérons ? »

Léo : « Oui petit Sam. Comme les hérons. »

Max : « Justement, il y a un héron cendré là. Ardea cinerea, Ardéidés. »

Léo : « On connaît bien les hérons cendrés. On va pas tout redire. »

Max : « On les admire en silence. »

Léo : « Max qui fait silence ! C’est tellement rare 🙂 »

Max : « Ben et toi ! Même dans ton sommeil tu sifflotes ! »

Léo : « Et toi tu râles tout le temps ! »

Le chevalier : « Les foulques ne sont pas des Ciconiiformes mais des Gruiformes. »

Max : « D’accord, on arrête. »

Léo : « On se chamaille plus. »

Max : « Mais c’est pas notre faute ! »

Le chevalier : « Oui, je sais, vous êtes des juvéniles et les juvéniles se chamaillent. C’est un loi de la nature et on y peut rien… »

Max : « Tout à fait ! »

Léo : « Absolument ! »

Max : « Oh ! Un héron pourpré ! »

Léo : « Vous avez vu ? Il est pas du bon côté du grillage et ça a l’air de bien l’embêter. »

Max : « Pourtant il est du côté de la liberté ! »

Léo : « Il pourrait s’envoler et repartir dans la nature ! »

Max : « Mais il cherche à retourner dans son enclos. »

Léo : « Les zoisos doivent vraiment se sentir bien ici 🙂 »

Samuel : « Vous avez pas donné le nom du héron pourpré en scientifique. »

Léo : « Ardea purpurea, Ardéidés. »

Max : « Tiens, un héron garde-bœufs ! Lui c’est Bubulcus ibis et c’est aussi un Ardéidé. »

Léo : « Ils auraient pu mettre un bœuf pour qu’il le garde. »

Max : « Il se sentirait utile au moins. »

Léo : « Parce que là, il est obligé de garder du rien du tout. »

Max : « Pour une fois c’est pas sa faute. »

Léo : « Mais il va finir par déprimer. »

Samuel : « Et là c’est une aigrette garzette. Egretta garzetta, Ardéidés. »

Léo : « Bien petit Sam. »

Samuel : « On voit bien la différence avec le héron garde-bœufs. Ses pattes sont noires et pas grises et son bec est noir au lieu de jaune. »

Max : « En plumage nuptial les garde-bœufs ont du orange aussi. Et c’est encore plus facile de les distinguer. »

Léo : « Si tu regardes bien les pattes des aigrettes garzettes tu verras qu’elles ont les doigts jaunes. »

Max : « On dirait qu’elles ont des chaussettes jaunes 🙂 »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Qu’est ce que tu as vu Léo ?  Ah oui ! Rhoooo ! »

Samuel : « C’est qui ce zoiso ? »

Max : « Je réponds parce que la mâchoire de Léo est encore tombée par terre. Le temps qu’il la ramasse et qu’il la remette en place… »

Léo : « Rholala ! »

Max : « Ce sont des bihoreaux gris, Nycticorax nycticorax, Ardéidés. Moi j’en ai déjà vu dans le Marais. Mais pas aussi bien. Ils faisaient la sieste dans des arbres et on les a dérangés sans le faire exprès. Bonome a réussi à les fotoer. On a vu des adultes et des juvéniles. Là, ce sont des adultes. Même qu’ils sont en plumage nuptial. Ça se voit aux longues plumes qu’ils ont derrière la tête. »

Léo : « Des bihoreaux gris… De tout près. Rholala ! »

Max : « Ça me fait quand même bizarre de les voir enfermés dans une volière. »

Le chevalier : « Ils vont bien Max. »

Max : « Oui, je le vois. Mais quand même ! Un zoiso ça doit pouvoir voler en toute liberté. »

Le chevalier : « Pense au côté éducatif. Si ça peut permettre de sauvegarder leurs milieux de vie. »

Max : « Oui bonome. Je sais tout ça… »

Léo : « Rholala ! Quatre espèces d’Ardéidés dont des bihoreaux gris… Rhooo ! »

Samuel : « Cousin Léo dit beaucoup ‘Rhooo’ 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Il rholalae aussi 🙂 Et sa mâchoire se décroche et tombe par terre. Mais il la remet très vite en place maintenant 🙂 »

Samuel : « Tu te moques de lui ! »

Max : « Avec affection 🙂 Regarde Samuel, une cigogne blanche. »

Samuel : « Ooooh ! »

Max : « Et oui 🙂 »

Léo : « Ciconia ciconia, Ciconiidés. Elle cherche du manger. »

Max : « On a écrit tout un article sur les cigognes blanches de Charentmaritimie. On te le fera lire. »

Samuel : « On pourra le lire ce soir ? »

Max : « Oui, si tu t’endors pas comme hier 🙂 »

Samuel : « Il faudra me réveiller. On continue ? »

Max : « Oui Sam. Ça alors ! Bonome ! Tu as vu ça ? Oui, tu as vu… Et Léo aussi 🙂 »

Léo : « Rholala ! Il y a des zoisos partout ! On tourne la tête et paf ! Une cigogne noire ! Ciconia nigra, Ciconiidés ! »

Max : « Je savais même pas qu’il y avait des cigognes noires. »

Léo : « Si tu étudiais un peu plus ton beau livre de zoisos tu le saurais. »

Max : « J’ai un blog à graver moi ! »

Léo : « On le fait ensemble depuis des mois ! »

Max : « Mais c’est moi qui renomme et classe les fotos ! »

Samuel : « Vous pouvez pas arrêter de vous chamailler ? »

Max : « On se chamaille pas ! On s’explique ! »

Les Pélicaniformes…

Samuel : « Regardez plutôt la spatule blanche, Platalea leucorodia. »

Léo : « Tu donnes pas la famille ? »

Samuel : « Je m’en souviens plus. »

Léo : « Famille des Threskiornithidés. Elle est pas facile à retenir celle-là.

Samuel : « Vous l’avez déjà vue d’aussi près ? »

Max : « Moi oui. Dans le Marais. On chevauchait et on l’a aperçue alors on s’est arrêtés pour la fotoer. Et une aigrette garzette est venue se poser juste à côté. »

Léo : « Moi c’est la première fois que je la vois de si près. »

Samuel : « On voit bien le bout du bec arrondi et jaune. »

Max : « Il est très sensible 🙂 »

Léo : « Et lui ? Tu peux nous dire chevalier ? Je le connais pas moi. »

Le chevalier : « C’est un ibis falcinelle, Plegalis falcinellus, Threskiornithidés. Il niche rarement en France. On compte moins de 1000 couples nicheurs. Il est donc intégralement protégé. Mais, dans le monde, la population est assez importante. Il peut s’observer en Europe méridionale et en Amérique du Nord. Ces deux populations migrent respectivement en Afrique subsaharienne, en Océanie et en Asie et en Amérique du Sud et aux Antilles. Il n’y a que la Floride qui accueille une population sédentaire. »

Léo : « Moins de mille couples nicheurs en France ! Et on le voit là, juste sous nos yeux ! La chance ! »

Max : « Ça, c’est un ibis sacré du Nil, Threskiornis aethiopicus, Threskiornithidés. »

Samuel : « Vous le connaissez ? »

Max : « Oui, j’en ai déjà vu dans le Marais. C’est à cause qu’ils se sont sauvés d’un zoo ou quelque chose comme ça. Depuis ils nichent en Charentmaritimie et un peu partout le long de la façade atlantique. Ils s’installent dans les héronnières. On dit que c’est une espèce férale. J’espère qu’elles va pas devenir invasive. »

Samuel : « Ils ont le crane chauve 🙂 »

Max : « Bonome pas encore. Mais ça vient 🙂 »

Léo : « On continue ? »

Le chevalier : « On continue 🙂 »

Les Gruiformes…

Léo : « Rhoooo… »

Max : « Ça c’est un très beau zoiso ! Oulala ! »

Samuel : « Qu’il est bôôôô ! »

Léo : « Il me dit quelque chose… N’est-ce pas une grue ? »

Le chevalier : « C’est 🙂 La grue couronnée, Balearica pavonina, GruidésElle vit normalement dans la savane africaine au sud du Sahara mais nidifie dans des zones plus humides. Je ne sais pas ce qu’elle fait dans ce parc. Normalement nous ne devrions y voir que des espèces fréquentes dans la région et quelques espèces occasionnelles. »

Max : « Elle devrait pas être là alors ? »

Le chevalier : « Non, mais c’est une belle occasion de l’observer. »

Max : « Il faut la fotoer bonome. »

Le chevalier : « Déjà fait 🙂 »

Max : « Montre nous. »

Léo : « Rholala ! »

Samuel : « Tabarnak ! »

Max : « Je vais mettre ces deux là dans mon blog ! Et celle-là en grand ! Bravo bonome ! »

Léo : « Et ça continue… Rhoooo la chance ! »

Samuel : « Tout ça de zoisos ! »

Max : « Bonome, tu as eu raison de nous réveiller dès potron-minet 🙂 »

Léo : « Rholala ! Encore des grues ! »

Max : « Je vous propose de nous asseoir quelques instants. Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Profitez du spectacle 🙂 »

Léo : « Là, ce sont les grues cendrées, Grus grus, Gruidés. »

Le chevalier : « Elles vivent en Europe du Nord et en Asie de l’Ouest. Les couples sont unis pour la vie et les poussins sont nidifuges. »

Léo : « Nidifuge ça veut dire qu’ils quittent le nid dès l’éclosion. »

Le chevalier : « L’hiver, elles migrent au sud de l’Espagne ou en Afrique du Nord. Certaines passent l’hiver en France notamment dans le parc naturel régional de la Forêt d’Orient. Les vols migratoires sont très beaux. Les grues forment de vastes V et elles crient toutes les 10 à 15 secondes. »

Léo : « J’aimerais bien voir un vol migratoire de grues… »

Le chevalier : « Peut-être un jour… »

Max : « Et là ? Ce sont encore des grues ? »

Le chevalier : « Des grues demoiselles, Grus virgo, Gruidés. Là ce sont des adultes. »

Max : « Et là un juvénile. Il est né ici ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. »

Léo : « Rholala tout ça de zoisos… »

Max : « Bonome, si Léo commence à rholalaer comme ça il vaudrait mieux faire une pause. Tu veux bien ? »

Le chevalier : « Je veux bien. »

Max : « Il y a un zoiso qui crie ! »

Léo : « Iléou ? »

Max : « C’est qui ce zoiso et pourquoi il crie ? Il est blessé ? »

Léo : « Il crie très fort ! »

Le chevalier : « C’est lui qui crie et il n’a rien. Voyez par vous mêmes. »

Max : « C’est qui ? Je sais même pas dans quelle famille il faut le mettre… »

Le chevalier : « C’est un râle ypéhaca, Aramides ypecaha, Rallidés. Il est originaire d’Amérique du sud. »

Léo : « Un râle ? On a jamais vu de râle. »

Max : « Mais on connaît des Rallidés : la poule-d’eau et la foulque. »

Samuel : « Oui, vous connaissez bien les foulques 🙂 »

Max : « Pfff ! »

Léo : « Et les Rallidés sont des Gruiformes. C’est normal de les voir avec les grues. »

Max : « Bon, cette fois on peut faire la pause. On s’installe et on laisse Léo se remettre. On fera la suite après. »

Léo : « Rholala… »

Max : « Samuel, tu devrais gratouiller le front de cousin Léo 🙂 »

Samuel : « D’accord 🙂 »

Continuer la promenade

124-4 Le Royaume des Chevaliers et l’Île

Encore le mardi 25 Octobre…

Samuel : « On va au Royaume des Chevaliers ? »

Max : « Oui Sam. »

Samuel : « Mais on y est allés hier. Le chevalier va pas en avoir assez ? »

Max : « Samuel, on est pas sûrs de voir les mêmes zoisos qu’hier. Il est pas la même heure, la marée est pas la même, la météo non plus… Et bonome pourrait venir ici tous les jours. »

Le chevalier : « Quand même pas, Max. »

Samuel : « Ça te dérange pas alors chevalier ? »

Le chevalier : « Non Samuel, ça ne me dérange pas. »

Max : « On arrive ! »

Léo : « Je suis curieux de voir… »

Samuel : « Ooooh ! Des oies cendrées ! »

Max : « Elles viennent nous voir 🙂 »

Léo : « Petit Sam, nous donnes-tu le nom des oies cendrées en scientifique ? »

Samuel : « Je me souviens plus. »

Léo : « Anser anser, Anséridés. »

Samuel : « Oui ! Vous l’aviez dit ! Merci cousin Léo. Anser anser Anser anser Anser anser… »

Max : « Pfff ! Encore un qui répète les noms… »

Léo : « Petit Sam, il vaudrait mieux que tu apprennes à répéter les noms dans ta tête si tu veux pas t’attirer les sarcasmes de Max. »

Samuel : « C’est pour apprendre. »

Léo : « Je sais, petit Sam. Moi aussi, au début, je répétais à voix haute. Mais ça agace Max. »

Max : « Ben voilà ! Max s’agace ! »

Léo : « Les oies cendrées reviennent 🙂 »

Max : « Ben oui ! Elles savaient que le grand chevalier se promenait avec deux petizours et voilà qu’il y en a trois ! Alors elles reviennent observer Samuel. Bonome, tu imagines la tête de blongios quand il va voir Samuel ? On va bien rigoler 🙂 »

Léo : « Rhooo ! »

Samuel : « Tout ça de zoisos ! »

Max : «  Ce sont des colverts et des oies cendrées… Regardez la-bas ! »

Samuel : « Pourquoi ils sont tout serrés comme ça les canards colverts ? Il y a plein de place sur l’étang et ils sont tout serrés. »

Max : « Comme toi dans le lit contre cousin Léo 🙂 »

Léo : « MAX ! Tu te moques pas de Samuel ! »

Max : « Oulala ! Léo se fâche ! »

Samuel : « Dites les foulques, vous pouvez répondre s’il vous plaît ? »

Max : « Samuel, il y a plusieurs raisons qui expliquent ce comportement. D’abord, ça tient chaud. Ceux qui sont au centre sont protégés du vent par ceux du pourtour. Et puis c’est plus rassurant. Un prédateur préfère s’attaquer à un individu isolé qu’à un grand groupe comme celui-là. Et puis, les canards tout au centre du groupe se feront pas croquer si le prédateur attaque quand même. »

Samuel : « C’est pas juste ! Les canards autour ont froid et ils peuvent se faire croquer ! »

Max : « Il fallait mieux choisir leur place ! »

Léo : « Ils font des roulements. Quelquefois ils font la bagarre pour changer de place mais pas beaucoup. »

Samuel : « D’accord. Merci les cousins. Et là-bas, sur l’îlot ? »

Max : « Aloooors… Des chevaliers gambettes… »

Samuel : « Des chevaliers ? C’est leur Royaume ici ? »

Max : « Ici c’est plutôt le Royaume des chevaliers arlequins. Un jour on a discuté avec un gentil spécialiste en zoisos qui travaille pour la réserve naturelle, et il nous a dit qu’on pouvait voir l’une des plus grandes concentrations de chevaliers arlequins d’Europe. »

Samuel : « Ici ? »

Max : « Ben oui, et comme il y a aussi des chevaliers gambettes, des chevaliers guignettes et même des culblancs, eh bien c’est le Royaume des Chevaliers. »

Léo : « Le chevalier gambette s’appelle Tringa totanus et c’est un Scolopacidé. »

Max : « Bonome aussi, c’est un chevalier, mais c’est pas un Scolopacidé 🙂 »

Léo : « Tu vois petit Sam, ça c’est la blague préférée de Max. Il la répète presque à chaque fois que nous voyons un chevalier. »

Samuel : « Tu pourrais pas répéter dans ta tête, cousin Max ? Tu nous agaces ! »

Léo : « 😀 »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « T’ai-je déjà dit que ce petitours blanc me plaît beaucoup ? »

Max : « D’accord, je vois. Alors il arrive et deux jours plus tard il peut me dire que je l’agace et toi tu dis rien. Bien. Alors si c’est comme ça… »

Léo : « Max aime beaucoup faire comme si il était vexé. »

Samuel : « Et il croit que c’est ce qui fait son charme 🙂 »

Le chevalier : « Mon Maxou, je pense que tu vas avoir fort à faire avec ce duo de petizours 🙂 »

Max : « On va bien rigoler 🙂 »

Samuel : « On peut revenir aux zoisos ? »

Léo : « Oui petit Sam. Tu as reconnu les tadornes ? »

Samuel : « Tadornes de Belon, Tadorna tadorna, Anatidés. C’est qui le gros zoiso au milieu ? »

Max : « Ça, c’est un Laridé. Les Laridés c’est la spécialité de Léo. »

Léo : « C’est pas ma spécialité. Je suis pas spécialiste moi. Mais j’aime beaucoup les Laridés 🙂 Lui, avec le dos foncé et les pattes jaunes c’est un goéland brun, Larus fuscus. Je suis pas tout à fait sûr parce qu’il est loin, mais il est peu probable que ce soit un goéland marin. »

Samuel : « Pourquoi tu parles du goéland marin ? »

Léo : « Parce que le goéland brun et le goéland marin peuvent être confondus si on regarde pas bien. Ils sont tous les deux grands et sombres. Mais le marin est gris bleuté presque noir alors que le brun est gris ardoisé foncé. Et le marin a les pattes couleur chair, un peu rose ou un peu grises et le brun a les pattes jaunes. Et puis le marin est très grand. C’est le plus grand des goélands. »

Samuel : « Tu connais bien les goélands dis donc. »

Léo : « Toi aussi tu les connaîtras. On en voit beaucoup ici. Et il y a d’autres espèces de Laridés. »

Max : « Je suis désolé de vous interrompre en pleine laridologie mais là il y a des spatules blanches. Et elles sont pas très loin… »

Samuel : « Ooooh ! Elles sont belles ! On en a déjà vu mais de très loin ! Ooooh ! »

Max : « Les spatules ça fait souvent cet effet là aux petizours 🙂 »

Léo : « Samuel te souviens-tu de leur nom en scientifique ? »

Samuel : « Patella leucrodia ? »

Léo : « Platalea leucorodia Sam. Pla-ta-lea leu-co-ro-dia. »

Samuel : « Platalea leucorodia Platalea leucorodia Platalea leucorodia… »

Max : « Il répète, il a répété, c’est un répéteur 🙂 Vous ai-je déjà dit que la partie terminale du bec des spatules, la zone arrondie et teintée de jaune, est encore plus sensible que l’extrémité des doigts des zoms ? »

Léo : « Tu l’as dit hier ! Toi aussi tu répètes 🙂 »

Samuel : « Tu es un répéteur 🙂 »

Max : « Bien, mais je vous rappelle que l’apprentissage est fondé sur la répétition 🙂 Bonomou, aurais-tu l’obligeance de fotoer ces spatules avec ton gros zoom s’il te plaît ? Et c’est pas la peine de dire que les fotos seront pas belles ! »

Le chevalier : « Bien Max, à tes ordres Max ! »

Léo : « Les zoisos s’envolent ! »

Max : « Zutalor ! Juste au moment où tu as changé d’appareil ! Pfff ! Avec celui-là tu as pas réussi l’envol ! »

Le chevalier : « Voyons un peu… »

Max : « Pas mal bonome, pas mal… Tu penses que je pourrais les mettre dans mon blog ? »

Le chevalier : « Si tu veux Maxou. »

Max : « Je préciserai bien que c’est à cause de ton appareil que les fotos sont pas belles. »

Le chevalier : « Merci Maxou. »

Max : « Bon, si on veut aller sur l’Île il faut pas s’attarder ici. »

Léo : « On retourne à la monture ? »

Max : « Oui. On verra plus rien d’autre ici. »

Léo : « Les oies cendrées repassent ! »

Max : « Je crois qu’elles cherchent un endroit pour passer la nuit. »

Léo : « A cette heure ci ? »

Max : « Ben oui. Elles ont mangé toute la journée et maintenant elles cherchent un endroit où dormir. Elles peuvent pas dormir n’importe où quand même ! »

Léo : « J’ai cru voir des sarcelles sur ce bassin. On peut aller voir ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « J’aime bien quand tu m’appelles mon petitours 🙂 »

Le chevalier : « Léo, tu sais bien que tu es mon petitours toi aussi 🙂 »

Max : « Vous parlez, vous parlez… Et les sarcelles s’envolent ! »

Le chevalier : « Mais j’ai fotoé ! »

Max : « Bien joué superbonome ! »

Samuel : « Comment vous reconnaissez les sarcelles en vol ? »

Léo : « La couleur de la tête. Normalement elle est rouge bordeaux. Bon là on voit pas très bien. Et le miroir alaire. »

Samuel : « C’est quoi le miroir alaire ? »

Léo : « Une petite zone de l’aile où il y a des plumes colorées. Là, on voit du jaune et du noir. Il y a du vert aussi mais on le voit pas bien. »

Max : « Le héron cendré ! »

Léo : « Il se pose là ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Léo : « Il s’envole de nouveau ! »

Max : « Mais il se re-pose plus loin ! »

Samuel : « Ardea cinerea, Ardéidés. Samuel : 7 points ! »

Léo : « Rholala ! Samuel va gagner ! »

Max : « On se fait ratatiner ! »

Léo : « Écraser même ! »

Max : « On en est où du score ? »

Léo : « Je sais plus mais on perd. »

Max : « Battu par un néophyte ! Quelle honte ! »

Léo : « Deux petits jours de zoisologie et il nous bat au jeu des zoisos. »

Max : « Nous sommes ridiculisés ! »

Léo : « Humiliés ! »

Max : « Je crois que plus jamais j’oserai sortir de la poche de bonome. »

Samuel : « 🙂 Vous êtes rigolos les duettistes. »

Le chevalier : « Oui, ils sont rigolos les duettistes. Bon, pochez-vous et allons sur l’île… »

Plus tard, sur l’Île Où On Va A Pieds…

Le chevalier : « Les petizours ! Vous pouvez sortir de ma poche, nous sommes arrivés. »

Max (sortant la tête de la poche) : « On est arrivés ? Zutalor ! On s’était endormis… »

Le chevalier : « Peux-tu réveiller Léo et Samuel ? »

Max : « J’y vais de ce pas 🙂 »

Les trois petizours sortent leur tête…

Le chevalier ! « Samuel tu n’as pas vu la traversée de la passe-aux-boeufs. »

Max : « C’est le nom du gué qui permet de venir sur cette île à pieds. »

Léo : « Il faudra pas t’endormir au retour. Mmmmmm… Ce chant me dit quelque chose… »

Léo : « C’est un rougegorge ! »

Max : « Bonome, il faut le trouver ou Léo va être tout chiffonné 🙂 »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Dressons l’oreille… Là ! Le voici ! »

Max : « C’est beau les rougegorges. Brindille en a dans son jardin. »

Samuel : « C’est qui Brindille ? »

Max : « C’est une lectrice de mon blog qui est devenue notre amie. Elle aime beaucoup les zoisos mais elle mélange toujours leurs noms. »

Léo : « C’est parce qu’elle veut aller trop vite ! »

Max : « Il faut pas dire de mal de Brindille devant Léo sinon il se fâche tout rouge 🙂 »

Léo : « C’est même pas vrai ! Et il y a pas de mal à dire sur Brindille. Elle est très gentille. »

Max : « Oui Léo. Et elle gratte bien le front 🙂 »

Léo : « Ben oui. Et alors ? »

Samuel : « Vous me la présenterez ? »

Max : « Oui, dès notre retour. »

Samuel : « D’accord. Merci. On peut aller aux zoisos maintenant ? »

Max : « On y va Sam, on y va ! »

Léo : « Oh ! Il y en a là-bas ! »

Max : « Bonome tu sais ce qu’il te reste à faire ! Tu t’en approches discrètement. A pas furtifs. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Oups ! Ils s’inquiètent là ! Il faut t’arrêter. Fotoe les maintenant. »

Léo : « Max se prend pour le chef 🙂 »

Max : « Je me prends pour rien du tout ! Bonome, montre-nous un peu… »

Léo : « Les petits sont des bécasseaux variables en plumage internuptial… Le plus gros à gauche… Mmmmm… »

Samuel : « Cousin Léo mmmmm en se grattant la tête 🙂 »

Max : « Il réfléchit 🙂 »

Léo : « Pluvialis squatarola, Charadriidés ! »

Max : « Le pluvier argenté ? Tu es sûr de toi ? »

Léo : « Oui oui. Mais tu peux aller lui soulever l’aile pour voir si il a une tâche noire sous l’aisselle. »

Max : « D’accord ! J’y vais ! »

Le chevalier : « Max ! Tu restes ici ! »

Max : « J’y vais pas alors ? »

Le chevalier : « NON ! Tu n’y vas pas ! Tu ne cours pas sur les rochers glissants pour aller déranger les oiseaux ! »

Max : « Il y a que toi qui as le droit de courir sur les cailloux tout glissants… »

Le chevalier : « Max, ne sois pas insolent ! »

Max : « Oui bonome. Je te demande pardon bonome. Tu as raison bonome. »

Samuel : « Là, il y a un goéland. C’est lequel ? Il est grand, foncé et ses pattes me semblent grises. D’après ce qu’a dit cousin Léo ce serait un goéland marin. C’est ça ? »

Léo : « Il me semble bien, oui. Bravo petit Sam. »

Samuel : « Merci cousin Léo 🙂 Tu peux me dire son nom en scientifique s’il te plaît ? »

Léo : « Larus maritimus, Laridés. Et là, c’est un goéland brun, Larus fuscus. »

Samuel : « C’est vrai qu’ils se ressemblent. »

Léo : « Oui, mais tu arriveras à les différencier très vite. »

Max : « Et si on faisait une pause ? »

Léo : « Tu veux faire une pause ? »

Max : « Ben oui. On pourrait installer ma serviette et s’asseoir pour regarder le paysage. Bonome aime beaucoup cet endroit, proche de la fontaine des Insurgés, et c’est très beau. Vous voulez bien ? »

Léo : « Si Samuel est d’accord. »

Samuel : « Je veux bien moi. »

Max : « Bonome, pourrais-tu nous déposer sur le gros rocher là-bas s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Je te donnerai ta serviette. »

Max : « Merci bonome ! … Léo, tu m’aides à étendre ma serviette ? »

Léo : « Voilà ! »

Max : « On s’assied et on dit plus rien ! »

Léo : « On écoute le vent ! »

Max : « Il est pas là le vent ! Il souffle même pas ! On pourra pas écouter ses belles histoires. »

Samuel : « Vous écoutez le vent ? »

Max : « Oh oui ! Quand il souffle. Bonome, tu crois qu’on peut raconter les histoires du vent à Samuel ? »

Le chevalier : « Je pense. Mais demandez lui quand même avant. »

Max : « D’accord bonome. On lui demandera dès qu’il se manifestera. Chut maintenant ! »

On est restés un long moment, comme ça, assis sur ma serviette à regarder le paysage. On a fait comme bonome nous avait dit : on écoutait, on sentait, on ressentait… Et on a fait partie de la nature. On était elle. Samuel a eu des frissons de plaisir sur tout le corps. Il a pas l’habitude d’être en communion avec la nature alors ça l’a surpris. Il s’est serré contre Léo. Samuel, il aime beaucoup Léo. Bonome s’est éloigné un peu en faisant semblant d’aller étudier à droite et à gauche. Mais je savais bien que c’était pour nous fotoer. Il dit toujours que c’est pour te montrer qu’on va bien Princesse. Mais c’est pas vrai du tout. Il aime fotoer ses petizours et c’est tout 🙂

Max : « Bonome, qu’est ce que tu fotoes comme ça ? »

Le chevalier : « Les forts… »

Max : « Lesquels ? »

Le chevalier : « D’ici nous pouvons voir fort Boyard, fort Enet et le fort de Fouras. »

Léo : « Pourquoi il y a tous ces forts ? »

Max : « C’est pour protéger l’estuaire du Grand Fleuve d’Ici. »

Léo : « Le protéger contre qui ? »

Max : « Ben, des Anglais ! Forcément ! Les Anglais d’autrefois voulaient toujours envahir la France ! Tu devrais savoir ça Léo ! Bonome nous l’a expliqué en Bretagne. Lam Saoz, Trez Rouz, la bataille de Camaret… C’étaient les Anglais ! »

Léo : « Les Anglais voulaient débarquer ici aussi ? »

Max : « Ben oui ! C’est parce qu’ils s’ennuient chez eux. Ils regardent un peu le polo ou le cricket mais c’est ennuyant. Alors pour s’occuper un peu ils font des armées et ils essaient d’envahir la France, comme ça, pour passer le temps. Mais à chaque fois les Français les repoussent. Et c’est tant mieux parce que, comme ça, ils peuvent recommencer plus tard. Et ça les occupe. »

Samuel : « Cousin Max recommence à dire des erreurs 🙂 »

Le chevalier : « Ce que dit Max n’est pas tout à fait faux. C’est vrai que les Anglais ont souvent essayé d’envahir la France. »

Max : « Tu vois ! Et c’est pour ça que le grand Vauban a tout fortifié partout ! »

Le chevalier : « Là, tu dis des erreurs Maxou. Ce n’est pas Vauban qui a fortifié ici. »

Max : « Ah bon ? Tu expliques ? »

Le chevalier : « D’abord, rappelons les forts qui protègent l’estuaire de la Charente. Il y a le fort de Fouras, Fort Enet et fort Boyard que nous voyons là. Il y a aussi celui de l’île des Beaux Canards que nous allons visiter. En fait, il y en a deux : le fort de la rade et fort Liédot. Mais il y a aussi fort Lupin, le fort de la Pointe sur la rive droite du Grand Fleuve d’Ici à l’ouest de Fouras, le fort Madame sur cette île et le fort Louvois ou Chapus face à l’île d’O. Il y en a encore d’autres sur l’Île d’O. »

Max : « Ça fait beaucoup de forts tout ça ! Et Vauban les a pas construits ? »

Le chevalier : « Non. Je vais faire un tableau pour ton blog. Ce sera plus facile. »

Max : « Merci bonome 🙂 »

Fort

Architecte

Date de construction

Fort de la Pointe

La Favollière

1672 puis 1757 et 1860

Fort Lupin

Vauban

1685-1689

Fouras

François Ferry

1689

Fort Louvois

François Ferry

1691-1694

Fort de la Rade

1699-1703

Remanié sous Napoléon

Enet

Filley

Génie militaire français

1763

remanié en 1810 et 1845

Boyard

Génie militaire français

1804-1848

Fort Liédot

Génie militaire français

1810-1834

Max : « Tu les as rangés dans l’ordre chronologique ! Trop fort bonome ! »

Le chevalier : « Pour certains c’est la construction de la forme actuelle que j’ai indiquée. Pour le fort de Fouras par exemple. Il y avait une ancienne construction avant. »

Max : « D’accord. Mais on voit qu’il y a deux grandes phases de construction : sous Vauban, c’est à dire sous Louis XIV, et sous Napoléon. »

Léo : « Dites, Samuel a pas traversé tout l’océan Atlantique depuis le lac Saint-Jean pour vous écouter faire l’histoire de France. Il est venu au Pays des Zoisos ! Alors il faut aller voir les zoisos ! »

Samuel : « On pourra faire l’histoire plus tard s’il vous plaît. »

Max : « D’accord les cousins ! Fin de la pause ! Bonome, aux zoisos ! »

Le chevalier : « Je vous propose de retourner à notre monture par le chemin littoral puis de nous promener sur l’estran. »

Max : « Bonne idée ! C’est sur cet estran qu’on voit le plus de zoisos. Et on est pas loin de la monture pour partir quand la marée montera. On y va ? »

Le chevalier : « On y va 🙂 »

Max : « Regardez, on était là en bas. »

Max : « C’est la fontaine des Insurgés à gauche. »

Léo : « C’était bien le Banquet des Affamés de Didier Daeninckx. »

Max : « Maxime Lisbonne était un sacré personnage. Tu l’as connu ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Léo : « Et c’est vrai que tu as rencontré Didier Daeninckx ? »

Le chevalier : « Je suis allé à l’une de ses séances de dédicaces pour lui demander de venir à la schola. »

Léo : « Et il est venu ? »

Le chevalier : « Oui, deux années de suite. »

Max : « Je t’imagine bien aller le rencontrer. Tu devais être tout intimidé et tu osais à peine parler. »

Le chevalier : « Tu me connais bien mon petitours 🙂 »

Max : « Tu devrais suivre une formation de confiance en soi, toi. »

Le chevalier : « Tu n’as qu’à faire un rapport à Princesse. »

Max : « Ben oui ! Je le fais dès ce soir et je le confierai aux postillons demain matin. Hopla ! »

Léo : « Et si nous retournions sur l’estran ? »

Max : « Attend un peu Léo. Dis bonome, c’est l’Île des Beaux Canards qu’on voit en face ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On va y aller ? »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

Max : « On peut aller aux zoisos alors ! »

Samuel : « Egretta garzetta, Ardéidés. Samuel : 8 points ! »

Max : « Pfff ! Il nous écrase ! »

Léo : « Il est fort ce petitours. »

Samuel : « C’est parce que je suis attentif moi, alors que vous, vous papotez tout le temps. »

Léo « Il a pas tort. »

Max : « Samuel, vois-tu ce que fait cette aigrette garzette ? »

Samuel : « Elle est dans une petite flaque, sur une patte, et elle agite l’autre. »

Léo : « Bien vu Samuel ! »

Max : « Sais-tu pourquoi elle fait cela ? »

Samuel : « Non, je sais pas. »

Max : « En agitant la patte elle dérange des petits zanimos qui, du coup, s’agitent. Elle peut les repérer et les attraper. Gloub le petit zanimos ! »

Samuel : « Elle en a gloubé un ! »

Max : « Les aigrettes sont de grandes chasseuses 🙂 »

Léo : « Pluvialis squatarola, Charadriidés ! »

Samuel : « C’est un beau zoiso. »

Max : « Oui, mais il est encore plus beau en plumage nuptial. »

Samuel : « C’est quoi les plumages nuptiaux et inter-nuptiaux ? »

Léo : « C’est parce que beaucoup de zoisos changent de plumage au cours de l’année. Il faut savoir que tous les zoisos changent de plumes. C’est la mue. Les anciennes tombent et de nouvelles les remplacent. Quelquefois, le zoiso peut même plus voler pendant la mue. Chez certaines espèces, après la mue, ce sont plus les mêmes plumes qui repoussent. Elles sont d’une autre couleur. Du coup, le zoiso a plus le même plumage. Le plumage nuptial, c’est pour la saison de la reproduction. Les zoisos se font tout beaux pour séduire les femelles. Et après, quand ils ont fait des œufs et qu’il ont élevé les petits, ils muent encore en reprenant des couleurs plus ternes. C’est le plumage internuptial. »

Samuel : « Alors un même zoiso est pas toujours pareil. »

Max : « Oulala non ! Parce qu’en plus il y a le ou les plumages juvéniles ! Le pire c’est les Laridés. Il y a jusqu’à 4 classes d’âge avec des plumages différents. Le spécialiste en zoisos dont je t’ai déjà parlé peut reconnaître l’espèce et l’âge des goélands. Très vite, comme ça. Mais nous on y arrive pas vraiment. Et bonome perd des cheveux à chaque fois qu’on essaye. »

Samuel : « Vous avez dû beaucoup essayer alors. »

Max : « 😀 Bonome, à moi aussi il me plaît beaucoup ce petitours blanc 🙂 »

Léo : « Regarde petit Sam, il y a un grand gravelot là. »

Samuel : « On voit beaucoup de zoisos avec vous. »

Max : « C’est grâce à bonome. Il sait toujours où en trouver. »

Le chevalier : « Et aujourd’hui nous avons fait une longue promenade. »

Léo : « On a inspecté 5 sites. »

Max : « La Charmante Petite Ville ça compte pas pour la zoisologie. »

Léo : « 4 sites de zoisologie et un site pour tourister. »

Le chevalier : « Je vous avais prévenus que la journée serait chargée. »

Max : « Cinq jours de marche juste aujourd’hui. »

Léo : « Merci chevalier. »

Max : « On va bien dormir ce soir. »

Léo : « Et on va rêver de zoisos 🙂 »

Max : « Léo, si tu… »

Léo : « Oui Max. Si je sifflote, tu m’enfermes aux cabinets. Je sais. »

Samuel : « Je veux pas. »

Max : « Tu veux pas ? »

Samuel : « Non, je suis pas d’accord. Tu enfermes pas cousin Léo aux cabinets. Même si il sifflote. »

Max : « Il veut pas… »

Samuel : « Non. »

Léo : « J’aime beaucoup ce petitours blanc moi aussi 🙂 Tiens, une mouette qui rigole… »

Max : « Samuel, le zoiso qu’on appelle la mouette qui rigole est en fait la mouette rieuse, Chroicocephalus ridibundus. C’est encore un Laridé. »

Samuel : « Pourquoi vous l’appelez la mouette qui rigole si c’est une mouette rieuse ? »

Max : « C’est à cause de Léo. Il a vite appris les zoisos Léo mais, un jour, il s’est trompé. Il a dit la mouette qui rigole à la place de la mouette rieuse. Ça m’a plu et on a gardé ce nom. Et puis, rire et rigoler c’est pareil. »

Samuel : « Cousin Léo, tu as dit des erreurs toi aussi ? Pourtant tu connais bien les zoisos. »

Léo : « Il faut bien apprendre petit Sam. Et, au début, c’est fréquent de dire des erreurs. »

Samuel : « C’est pas grave de dire des erreurs ? »

Max : « Non. Mais seulement si on le fait pas exprès et qu’on dit pas n’importe quoi quand même. Ça arrive à tout le monde de dire des erreurs. »

Samuel : « D’accord. Et lui là, c’est qui ? »

Max : « Lui, c’est le tournepierre à collier, Arenaria interpres, Scolopacidés. »

Léo : « Son nom lui vient du fait qu’il retourne les pierres avec le bec pour débusquer les petits zanimos qui se cachent dessous. »

Samuel : « Et gloub le zanimo 🙂 »

Max : « Oui Samuel. Gloub le zanimo 🙂 »

Léo : « Le tournepierre mange des petits crustacés mais il lui arrive aussi de manger des crabes. »

Max : « Il est crabivore 🙂 »

Le chevalier : « Mes petizours, nous sommes arrivés à l’extrémité de l’estran que nous voulions explorer. Je vous propose de retourner à notre monture et de rentrer. »

Max : « Bien bonome. »

Léo : « Regardez comme c’est beau… »

Max : « Oui, mais la mer monte. Il faut pas traîner sinon on va être coincés sur l’île. »

Léo : « On devrait le faire l’été, par une nuit de pleine lune sans nuages. On pourrait passer la nuit dans un Royaume pour observer les zanimos nocturnes. »

Max : « Bonne idée ça ! Qu’est ce que tu en penses bonome ? »

Le chevalier : « Pourquoi pas 🙂 »

Léo : « Encore un pluvier argenté ! »

Max : « C’est vraiment un beau zoiso le pluvier argenté. »

Léo : « Tous les zoisos c’est ton préféré 🙂 »

Max : « Mon Léo tu te trompes. C’est toi qui préfères tous les zoisos 🙂 »

Samuel : « Et lui ? On dirait un goéland. Il est gris plutôt clair et il a les pattes jaunes. On l’a pas encore vu lui. »

Léo : « Gris clair, pattes jaunes… C’est un leucophée. »

Samuel : « Un goéland leucophée ? »

Léo : « Oui petit Sam, Larus michahellis. »

Samuel : « On a vu les goélands marins, bruns et leucophées. Il y en a d’autres ? »

Léo : « Oui, beaucoup. Nous on a déjà vu les goélands argentés et les goélands cendrés. »

Samuel : « Tout ça de goélands ! »

Max : « Oui 🙂 Et Léo a lu que parfois des goélands pontiques peuvent être observés parmi ceux qu’on connaît. Alors il rêve d’en voir et dès qu’on croise des Laridés il les observe très attentivement au cas où… »

Samuel : « J’aimerais bien que tu en vois un jour cousin Léo. »

Léo : « C’est gentil Samuel. Mais tu les verras aussi alors 🙂 »

Max : « Barges à queue noire ! Limosa limosa, Scolopacidés ! J’ai combien ? »

Léo : « Je sais plus. Mais tu rattraperas plus Samuel. »

Samuel : « Je suis fatigué moi. Je voudrais rentrer. »

Max : « On arrive Sam. Bonome fotoe les tadornes et on va à notre monture. »

Samuel : « C’était une bien belle journée. Merci Chevalier. »

Max : « Sam, quand on remercie bonome, il sait jamais quoi dire. Alors il faut pas lui en vouloir si il détourne la tête et garde le silence. »

Samuel : « D’accord. »

Le chevalier : « Mes petizours, il est temps de vous installer confortablement dans ma poche. »

Léo : « On regarde la traversée de la Passe-aux-boeufs ! »

Plus tard, au retour à la cabane…

Max : « Bonome, on a un problème. »

Le chevalier : « Quel problème ? »

Max : « C’est Samuel. Il s’est endormi en se serrant tout fort contre Léo et il veut plus le lâcher. Et Léo veut pas qu’on le réveille. »

Le chevalier : « Je vois. »

Max : « Comment tu vas faire ? »

Léo : « Il faut nous porter dans le lit sans réveiller Sam. »

Le chevalier : « D’accord Léo. »

Un peu plus tard…

Max : « Bonome, on est encore que tous les deux 🙂 »

Le chevalier : « Et tu veux chahuter ? »

Max : « Peut-être 🙂 Tu as vu comment est Léo avec Sam ? »

Le chevalier : « J’ai vu 🙂 »

Max : « Il est allé au lit alors qu’il a même pas sommeil juste pour pas réveiller Sam. Je suis sûr qu’il lui gratte le front en lui racontant des histoires. »

Le chevalier : « Voudrais-tu que je t’en raconte une ? »

Max : « Une histoire du vent ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « En me gratouillant le front ? »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

Il m’a raconté une belle histoire mais j’ai pas entendu la fin. On a marché cinq jours aujourd’hui alors j’étais tout fatigué et je me suis endormi. Il est allé me coucher sans faire de bruit pour pas réveiller mes cousins. Je sais pas si Léo a siffloté en dormant. Mais moi, j’ai rêvé de zoisos.

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade