Les Roches Tuilière et Sanadoire

Au col de Guéry (1268m)…

Max : « Brrr… Il fait froid ! On sort pas de ta poche ! »

Léo : « Le petit vent du jour est frisquet. Bonjour Le Vent ! »

Max : « On est pas au mois d’Août là ? »

Samuel : « Si. »

Max : « Et il fait combien ? »

Le chevalier : « 9°C. Avec le petit vent frisquet la température ressentie est encore plus basse. Mais c’est vivifiant 🙂 »

Max (à Yann) : « Yann, je sais pas si tu l’as remarqué mais quand tout le monde a froid bonome dit que c’est vivifiant. Je l’ai jamais vu avoir eu froid ce bonome. Bonome, tu sais ce que ça veut dire ‘froid’ ? »

Le chevalier : « Oui je sais Maxou. »

Léo : « Tu nous as pas donné le programme du jour ! »

Samuel : « On a chevauché sans rien savoir du tout ! »

Le chevalier : « Le programme va bientôt apparaître… Voilà ! »

Les Roches Tuilière et Sanadoire

Max : « Ah oui ! Ça c’est un beau programme 🙂 On va faire l’escalade ? »

Le chevalier : « Je ne préfère pas. »

Léo : « Je suppose que nous allons voir ces deux roches de près. »

Le chevalier : « Ce n’est pas si facile. Elles sont entourées d’arbres mais nous allons y aller. »

Samuel : « Tu fais les présentations s’il te plaît ? »

Le chevalier : « A gauche c’est la Roche Tuilière et à droite la Roche Sanadoire. »

La Roche Tuilière

La Roche Sanadoire

Yann : « C’est tout ? »

Max : « C’est un peu court jeune ! On pouvait dire… Oh mon dieu ! Bien des choses en somme ! »

Léo : « Tu la fais à chaque fois celle-là 🙂 »

Max : « Je l’aime bien 🙂 »

Le chevalier : « Vous voulez certainement que j’affine. »

Max : « Ben oui ! »

Le chevalier : « Commençons par la Roche Tuilière. »

La Roche Tuilière

Le chevalier : « Son altitude est de 1288 mètres et elle se situe sur la commune de Rochefort-Montagne. Vous voyez peut-être d’ici qu’elle est constituée de prismes qui se débitent assez facilement en plaques minces et régulières. Ces plaques, appelées lauzes, servent à couvrir les toits des maisons et des églises du secteur. Les lauzes servant de tuiles, la roche est devenue la Roche Tuilière. »

Yann : « C’est la roche qui sert à faire des tuiles ? »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Léo : « C’est quelle roche ? »

Le chevalier : « Nous en parlerons sur place. Pour le moment je me contenterais de dire que c’est une phonolite. »

Léo : « Tu nous parles de l’autre ? »

La Roche Sanadoire

Le chevalier : « La Roche Sanadoire… Son nom viendrait d’une déformation de son, sonnatoire… Les phonolites ‘sonnent’ quand on frappe dessus. »

Yann : « Comme les Roches Sonnantes de Bretagne ? »

Samuel : « Le filon de dolérite en bordure de l’Arguenon ? »

Yann : « Oui, les Roches Sonnantes ! »

Le chevalier : « Ce ne sont pas les mêmes roches mais les phonolites sonnent aussi 🙂 La Roche Sanadoire est haute de 1286 mètres, deux de moins que la Roche Tuilière, et elle se situe sur la commune d’Orcival. »

Samuel : « La limite entre les deux communes passe dans la vallée alors. »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. Elle doit suivre la rivière qui occupe la Vallée de Fontsalade. Ce ruisseau prend naissance entre le lac de Guéry et ces deux roches. »

Max : « Continue avec la Roche Sanadoire. »

Le chevalier : « Pourquoi penses-tu que j’ai autre chose à ajouter ? »

Max : « Je te connais mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Le sommet de cette roche était autrefois occupé par un château. »

Samuel : « Je vois pas de château moi. »

Le chevalier : « J’ai bien dit autrefois petit Sam. Réputé imprenable, il fut détruit par une suite de tremblements de terre qui eurent lieu entre 1477 et 1490. »

Yann : « Il y a des tremblements de terre ici ? »

Le chevalier : « Un peu partout en Auvergne mais pas très souvent. »

Max : « Tu nous racontes ce château s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas grand-chose à en dire. Je ne sais pas de quand il date. Pendant la Guerre de Cent Ans il servit de repaire pour les mercenaires anglais qui écumaient la région. Ces mercenaires furent délogés par le Duc de Bourbon et le seigneur d’Auvergne après un siège de trois semaines. Le chef de ces routiers a été écartelé en place de Grève en 1386. Je n’ai rien d’autre à ajouter. »

Léo : « C’est le Massif du Sancy ici ? »

Le chevalier : « Non Léo. Il faut que j’explique un peu. Les Monts-Dore sont en réalité constitués de quatre ensembles volcaniques. »

Samuel : « Je suppose que tu les connais. »

Le chevalier : « J’espère ne pas dire d’erreurs… L’histoire débute il y a environ trois millions d’années par une éruption plinienne cataclysmique. Cette éruption a éjecté une quantité phénoménale de ponces, sur près de 100 km² et une épaisseur atteignant parfois 20m. C’est la nappe de Rochefort-Montagne. A la fin de cette éruption le toit de la chambre magmatique s’est effondrée et une caldeira est apparue. C’est la caldeira de la Haute-Dordogne. »

Max : « Elle est grande comment cette caldeira ? »

Le chevalier : « Difficile à dire… Ses contours ne sont pas très bien connus. »

Léo : « Et ensuite ? »

Le chevalier : « Entre de 2,2 et 1,8 millions d’années c’est ce qui va devenir le Massif de l’Aiguillier qui sera actif. C’est ce Massif qui est en face de nous et auquel appartiennent les deux roches, le Puy de l’Ouire… La Banne d’Ordanche située un peu plus à l’ouest date à peu près de cette époque. »

Max : « On va voir la Banne d’Ordanche ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas. »

Samuel : « On peut pas tout voir. Ensuite ? »

Le chevalier : « Le calme revient pendant près d’un million d’années jusqu’à une seconde explosion plinienne qui donnera naissance au Sancy. »

Léo : « Lui on va le voir ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 J’ai bien envie de cavaler sur ce stratovolcan. »

Yann : « C’est quoi un stratovolcan ? »

Le chevalier : « Un volcan polygénique qui a fonctionné pendant une longue période et qui s’est construit par couches successives se recouvrant les unes les autres. Ce type de volcan se distingue des volcans monogéniques comme ceux de la Chaîne des Puys qui, pour la plupart, n’ont connu qu’une seule éruption relativement courte d’environ une à deux semaines. »

Yann : « Merci bonome. »

Samuel : « Il manque un ensemble volcanique. »

Le chevalier : « C’est le Massif Adventif. Il s’est mis en place entre 0,5 et 0,2 millions d’années à 5 km au NNE du Sancy. »

Max : « On a les quatre ensembles 🙂 »

Le chevalier : « Je reprends quand même 🙂 1. Volcanisme acide de la Haute-Dordogne. 2. Massif de l’Aiguillier à trachyandésites et phonolites. 3. Sancy à trachyandésites variées. 4. Massif adventif à cônes de laves, nuées ardentes, tufs et maar. »

Max : « Il y a trop de mots compliqués dans cette phrase. »

Léo : « Ça va être compliqué de tout comprendre… »

Le chevalier : « Effectivement. Je suis toujours admiratif du travail des géologues qui ont réussi à décrypter toutes ces roches pour en tirer l’histoire de la région. »

Samuel : « Dis bonome, on va passer la journée ici à papoter ? »

Le chevalier : « Non mon petitours 🙂 Je voulais profiter du paysage pour vous présenter un peu le secteur. Nous y allons ! »

Max : « Tu démarres d’ici ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Une petite chevauchée va nous emmener au point de départ. »

Après la petite chevauchée…

Léo : « C’était pas très loin. »

Le chevalier : « Mais cela m’évite environ deux heures de marche 🙂 »

Yann : « C’est la Roche Sanadoire ça ? »

Le sommet de la Roche Sanadoire

Le chevalier : « C’est son sommet. »

Léo : « Elle est moins impressionnante vue d’ici. »

Max : « Il reste des traces du château ? »

Le chevalier : « Il me semble que le tremblement de terre à fait chuter le sommet de la roche. Il ne doit rien en rester. Ou alors sous forme de décombres dans les éboulis au pied de la roche. Là, la vue est un peu plus dégagée. »

La Roche Sanadoire

Le chevalier : « En me décalant un peu nous aurons une vue un peu plus large. »

Le Puy Loup

Le chevalier : « Il y a la Roche Sanadoire, la Tuilière et au fond c’est le Puy Loup il me semble. »

Max : « On y va bonome ? J’ai peur que le temps se gâte… »

Le chevalier : « C’est parti ! »

Léo : « Oulala ! Tu vas là ? Tu vas descendre tout ça ? »

La descente

Le chevalier : « Il faut bien descendre dans le vallon 🙂 »

Max : « Et il va surtout falloir remonter à la fin… »

Samuel : « On est dans la forêt et il y a pas beaucoup de lumière… »

Léo : « J’entends pas des zoisos… »

Le chevalier : « Oui, certes… Oserais-je dire que cela m’arrange ? »

Samuel : « Ça te fait moins de travail 🙂 »

Max : « On peut se concentrer sur la géologie si tu veux. »

Yann : « Ça m’arrange aussi. Comme ça j’ai moins de choses à retenir. »

Léo : « On verra bien. »

Champignon

Max : « Euh… Si on se concentre sur la géologie on peut faire l’arthropodologie un peu quand même ? »

Léo : « Qu’est ce que tu as vu Maxou ? »

Max : « Lui. »

Un huit pattes fine

Samuel : « Ça c’est un huit pattes fines 🙂 »

Léo : « Ça décrit assez bien 🙂 »

Max : « Tu connais les huit pattes fines Yann ? »

Yann : « J’en ai déjà vu. Mais je dirais pas que je connais. »

Max : « Alors bonome, au travail ! Explique les huit pattes fines à Yann ! »

Le chevalier : « Je commence par quoi ? »

Max : « Ben… Au début. »

Le chevalier : « Par le domaine ?! »

Léo : « C’est quoi le domaine ? »

Le chevalier : « Biota. »

Max : « Oui ben ça c’est pas très difficile ! Ça veut dire que c’est un être vivant. »

Le chevalier : « Je passerais volontiers sur Animalia, Eumetazoa, Bilateria, Protostomia, Cuticulata, Ecdyozoa et Panarthropoda. »

Max : « Ça je ferais donc la Faune de Max. »

Le chevalier : « Ça fait des années que tu en parles Max. »

Max : « Et j’y travaille ! Non mais oh ! Tu crois que j’ai que ça à faire ? Je suis maître-assistant à la schola ! Dois-je te le rappeler ? Et puis il y a toutes les bestioles que tu as fotoées et que tu as jamais identifiées ! Qui doit le faire ? C’est Max ! Je dois tout faire dans cette cabane ! »

Léo : « Je suis témoin que Max y travaille. »

Samuel : « Moi aussi. »

Max : « Ben forcément que vous êtes témoin ! Vous m‘aidez beaucoup. »

Yann : « Vous arrêtez jamais de travailler ? »

Léo : « Si si 🙂 »

Max : « On revient à la bestiole ? »

Le chevalier : « C’est un opilion. »

Max : « Ben oui… Les huit pattes fines ça s’appelle des opilions. Opiliones même ! »

Le chevalier : « Pas envie de faire la classification… »

Max : « Bon d’accord. Tu as envie de rien. C’est moi qui vais faire. J’y ai déjà travaillé de toute façon. Je dois vraiment tout faire ! »

Léo : « Tu vas sortir ta fiche ? »

Max : « Il faut bien qu’elle serve à quelque chose… »

Fiche descriptive de Mitopius morio

Max : « Voilà. C’est donc Mitopus morio 🙂 »

Léo : « Bonome, tu savais que cette fiche a été validée pour la galerie de insecte.org ? »

Le chevalier : « Tu es inscrit sur insecte.org Max ? »

Max : « Ben oui ! Comment je fais pour être sûr de mes identifications sinon ? Tu connais bien tes petizours toi ! Ça fait plaisir ! Mais qui m’a fichu un bonome pareil ! »

Le chevalier : « Je suis fier de toi Maxou 🙂 »

Max : « Oui ben je voulais la retravailler mais comme elle a été validée comme ça je laisse tomber. Je ferai mieux pour les prochaines. »

Yann : « C’est le petit ruisseau ? »

Ruisseau de Fontsalade
Ruisseau de Fontsalade

Le chevalier : « Oui Yann. Le ruisseau de Fontsalade. Nous ne sommes pas très loin du pied de la Roche Tuilière. »

Yann : « On la voit même pas ! »

Max : « Avec tous ces arbres c’est un peu normal. On voit rien du tout. »

Léo : « Tu vas grimper là ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Il faut le bien 🙂 On commence à l’apercevoir. »

La Roche Tuilière

Samuel : « C’est impressionnant vu d’ici. »

Max : « Il fallait nous dire qu’on irait au pied d’une falaise ! On aurait pris nos casques ! »

Le chevalier : « Vous pourriez penser à les mettre dans mon sac et les y laisser. »

Léo : « C’est une bonne idée ça ! On peut laisser l’une de nos malles dans ton sacado ? »

Le chevalier : « Oui. Cela m’évitera les reproches de Max parce qu’il a encore oublié quelque chose. »

Yann : « Fais attention à toi bonome ! »

Le chevalier : « Merci Yann 🙂 »

La Roche Tuilière
La Roche Tuilière

Max : « On peut sortir de ta poche pour observer la roche ? »

Le chevalier : « J’allais vous le proposer. Dépêchez-vous s’il vous plaît. Je n’aime pas trop rester au pied d’une falaise. »

Léo : « On y va ! »

Max et Samuel sur la phonolite

Yann et Léo sir la phonolite

Max : « Mouai… Tu veux pas nous aider bonome ? C’est quoi cette roche ? »

La phonolite

Léo : « On peut dire qu’elle est très claire et qu’elle ne contient pas de gros cristaux. C’est une roche microlithique aphyrique. »

Max : « Les roches claires sont souvent riches en silice. »

Le chevalier : « Pas ici. Ou pas vraiment. »

Samuel : « Comment ça ? Tu peux expliquer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Nous sommes en présence d’une phonolite c’est à dire d’une roche sous-saturée en silice. Elle contient que des microcristaux notamment de feldspaths et de felspathoïdes. »

Max : « C’est quoi ça un feldspathoïde ? »

Le chevalier : « C’est comme un feldspath mais avec moins de silice. Petit Sam, te souviens-tu de la formule d’un feldspath sodique ? »

Samuel : « L’albite ? NaAlSi3O8. »

Max : « Il a bon ? »

Léo : « Bien sûr qu’il a bon ! »

Yann : « Bravo petit Sam ! »

Le chevalier : « Quand il y a moins de silice dans le magma, il y aura plus de cations par molécule de silice. Ici, c’est de la néphéline qui s’est formée après l’albite. »

Léo : « Dis nous la néphéline ! »

Le chevalier : « Na3KAl4Si4O16 »

Max : « Je vois ! Dans l’albite il y a 3 atomes de silicium pour deux cations alors que dans la néphéline il y en a 4 pour… 8 cations ! »

Samuel : « Donc, pendant la cristallisation, au début c’est l’albite qui se forme et quand la silice vient à manquer c’est la néphéline. »

Le chevalier : « C’est ça petit Sam. »

Max : « Bon d’accord. On sait la roche. Mais comment on explique cette forme en dôme ? »

Léo : « J’ai une hypothèse. »

Yann : « Léo tu as toujours des hypothèses 🙂 »

Léo : « Ben, j’essaye d’être scientifique et les scientifiques font des hypothèses. »

Max : « Nous t’écoutons Léo. »

Léo : « On dirait comme une cheminée volcanique dans laquelle le magma visqueux se serait arrêté et aurait cristallisé assez rapidement pour qu’il y ait pas de gros cristaux. »

Yann : « Ça se serait formé en profondeur ? »

Léo : « Pas très profond quand même. Juste en dessous du volcan. »

Max : « Alors bonome ? Que penses-tu de l’hypothèse de Léo ? »

Le chevalier : « J’aimerais savoir… Léo, comment t’es venue cette hypothèse ? »

Léo : « Par l’observation bonome ! La forme de la Roche Tuilière, la structure de la phonolite… »

Le chevalier : « C’est tout ? »

Léo : « Non 🙂 L’Îlot du Verdelet 🙂 »

Max : « Les tranche de mite de la tombola du verre de lait ! »

Léo : « Oui. Les trondjhémite du tombolo du Verdelet. On avait hypothésé que c’était un neck il me semble. Ou plutôt les restes d’un neck ayant subi un métamorphisme. »

Le chevalier : « Bravo Léo ! En général on reconstitue le plus ancien à partir du plus récent et toi tu réussis l’inverse ! »

Max : « Ben forcément ! Quand on fait la géologie tu fais tout dans le désordre ! »

Yann : « Bravo cousin Léo ! Mais quelqu’un peut faire un résumé ? »

Max : « Ça c’est le rôle de petit Sam 🙂 »

Samuel : « Je peux pas. Je sais pas d’où vient le magma. »

Léo : « Si j’ai bien compris, il s’agit d’une distension dans l’arrière pays alpin à cause de la subduction puis de la collision. »

Max : « Il y aurait fusion de la lithosphère ce qui expliquerait le caractère du volcanisme. »

Samuel : « D’accord. Alors le magma remonte sous le volcan mais il est tellement visqueux et peu chaud que sa remontée s’arrête et qu’il cristallise dans la cheminée. Plus tard, ce qu’il y a au-dessus est érodé mais la cheminée qui est plus dure que ce qui l’entoure reste en place et forme ce neck. »

Yann : « Merci petit Sam. Et elle date de quand cette cheminée ? »

Le chevalier : « Environ 1,8 millions d’années. On dit que c’est une protusion volcanique. C’est la rétractation de la roche pendant son refroidissement qui est à l’origine de la formation des hexagones verticaux qu’on appelle orgues volcaniques. Voilà ! Vous savez tout de la Roche Tuilière. »

Samuel : « Alors on peut partir de dessous la falaise. J’ai pas envie de me faire crabouiller par un rocher qui tombe ! »

Léo : « Bonne idée petit Sam 🙂 »

Max : « On se poche ! »

La Roche Tuilière – vue partielle

Le chevalier : « C’est reparti ! »

Max : « On va à la Roche Sanadoire ? »

Le chevalier : « Pas tout de suite. J’ai envie de faire un petit détour par La Malvialle puis le Puy du Cro. Je ne sais pas si nous irons jusque là. Je pense descendre vers le hameau avant d’aller vers la Sanadoire. »

Léo : « C’est toi qui cavales bonome. C’est toi qui choisis 🙂 »

Max : « Bonome, tu as pas le droit d’aller là ! C’est écrit ‘Chantier forestier. Chemin interdit’. »

Le chevalier : « Tu entends des machines ? »

Max : « Non. »

Le chevalier : « Veux-tu faire un détour à pattes ? »

Max : « Non. »

Léo : « Alors on passe ! »

Yann : « C’est quoi La Malvialle ? »

Le chevalier : « C’est ça. »

La Malvialle

Samuel : « C’est ce petit hameau ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas si on parle de hameau. Il s’agit d’un monastère orthodoxe. »

Max : « Un monastère orthodoxe perdu au milieu de nulle part ? »

Le chevalier : « Les moines apprécient les déserts. »

Yann : « Les déserts ? Mais c’est pas le désert ici ! »

Léo : « Yann, le désert des moines est pas le désert des géographes. Pour un moine, le désert c’est là où il y a personne et rien d’autre que la nature. »

Yann : « Ah oui. Je comprends. Alors c’est carrément le désert ici 🙂 »

Remarque de Max : Pendant les inspections, on a pas le temps de tout faire et on sait pas toujours ce qu’on va voir alors on est pas préparé et on regarde pas bien. Là, bonome a fait sa pause sandouich sur la petite fontaine qu’il a même pas fotoée et il a repris son chemin. C’est en faisant des recherches pour graver cet article que nous avons découvert que la grange-étable de ce monastère est inscrite sur à l’inventaire des monuments remarquables d’Auvergne. Pour ceux qui connaissent c’est la liste Mérimée. Elle a une charpente remarquable cette grange-étable. Regardez…

Je devrais plutôt dire qu’elle AVAIT une charpente remarquable. Parce que là…

La charpente remarquable est pas très en forme…

Reprenons le compte-rendu avec quelques fotos de zoisos…

Mésange nonnette (Poecile palustris, Paridés)

Rougegorge juvénile (Erithacus rubicula, Muscicapidés)

Pinson des arbres (Fringilla coelebs, Fringillidés)

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapila, Sylviidés)

Max : « La Roche Sanadoire apparaît enfin ! »

La Roche Sanadoire et le Puy de l’Ouire

Yann : « C’est très beau 🙂 »

Léo : « La promenade était très plaisante. »

La Roche Sanadoire et le Puy de l’Ouire

Max : « Zutalor ! Il y a plein d’éboulis sous la roche. On va pas pouvoir s’en approcher. »

Le chevalier : « Peut-être que je pourrais approcher du pierrier. »

Max : « Fais voir la carte ! »

Le chevalier : « Je n’ai pas de carte. »

Max : « QUOI ! TU PARS SANS CARTE ! Et si on se perd ? Tu sais où on va ? »

Le chevalier : « Oui je sais où on va ! Là haut, juste un peu à droite de la Roche Sanadoire. »

Max : « Et s’il y a pas de chemin ? »

Le chevalier : « Azimut brutal. »

Max : « Azimut brutal ? C’est quoi ça azimut brutal ? »

Le chevalier : « Disons que c’est un tout droit en direction du point d’arrivée. »

Max : « Tu vas pas faire ça ? Tout droit dans la forêt sans savoir où tu vas ? Non mais tu vas pas bien dans ta tête toi. Et vous là ! Vous dites rien ? »

Samuel : « Ça doit être rigolo l’azimut brutal 🙂 »

Léo : « Je serais curieux de voir bonome azimuter brutalement 🙂 »

Yann : « C’est un peu l’aventure 🙂 »

Max : « Ils sont fous ! Je suis dans une tribu de fous ! »

Le chevalier : « Je pense que je trouverais un chemin Maxou. »

Yann : « Oh ! C’est qui ce zanimo ? »

Un six pattes à ailes

Léo : « Un hyménoptère ! Maxou, tu peux me rappeler ton moyen mnémotechnique pour se souvenir des deux sous-ordres ? »

Max : « Chez les Hyménoptères il y a les sans filtres et les hypocrites 🙂 »

Léo : « C’est ça ! Les Symphites et les Apocrites ! »

Samuel : « Les Apocrites sont eux-mêmes divisés en Aculéates et Térébrants. »

Yann : « Moi j’aurais juste dit que ce zanimo ressemble à une guêpe. »

Max : « Parce qu’on tu en as pas vus beaucoup. A part ceux de l’Estuaire. »

Samuel : « Là, l’Hyménoptère a pas une taille de guêpe. C’est un Symphite. »

Léo : « Bonome, tu le connais ? »

Le chevalier : « C’est la tenthrède de la scrofulaire. Tenthredo scrofulariae, Tenthrédinidés. »

Léo : « Ça tombe bien, elle est sur une scrofulaire 🙂 »

Max : « Bon, après cette courte pause arthropodologique revenons à nos belles roches. On voit les deux là. »

Les deux Roches
La Roche Tuilière

Samuel : « Tu as grimpé au pied de la paroi verticale tout à l’heure bonome ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Léo : « Je m’étais pas rendu-compte que ça grimpait autant ! Oulala ! »

Yann : « Bravo bonome ! Bravo ! »

Max : « Bonome, tu connais la montagne derrière la Roche Sanadoire ? »

La Roche Sanadoire

Le chevalier : « C’est le Puy de l’Ouire. Il appartient lui aussi au Massif de l’Aiguillier. Je n’en sais pas plus. »

Yann : « On a avancé que quelques centaines de mètres et le paysage a changé 🙂 »

La Roche Sanadoire

Max : « Bonome, tu peux tout zoomer sur la Roche Sanadoire. »

Le chevalier : « Bien sûr Max. Que veux-tu voir en particulier ? »

Max : « Il y a des orgues volcaniques aussi il me semble. »

Le chevalier : « Bien vu 🙂 »

Les orgues phonolitiques
Les orgues phonolitiques
Les orgues phonolitiques

Léo : « Il y en a dans tous les sens ! »

Samuel : « C’est étrange ça. »

Yann : « Mais c’est très beau. »

Samuel : « Tu trouves tout très beau cousin Yann 🙂 »

Max : « C’est à cause de la beauté dans les yeux. Bon, bonome, comment expliques-tu qu’il y a des orgues dans tous les sens ? »

Le chevalier : « La Roche Tuilière est le résultat d’une remontée unique de magma. Pour la Roche Sanadoire il y en a au moins cinq. Peut-être sept. »

Léo : « Dans la même cheminée ? »

Le chevalier : « Presque. Elles sont contiguës. »

Samuel : « Et quand la remontée de lave pouvait plus avancer à cause d’une plus ancienne elle a obliqué et c’est pour ça qu’il y a des orgues horizontales. »

Yann : « Ça a toujours l’air simple quand petit Sam explique. »

Max : « Apparemment il y a un chemin qui va vers la Roche Sanadoire… »

Léo : « On est au pied de la Tuilière 🙂 »

La Roche Tuilière

La Roche Tuilière

Le chevalier : « Pas tout à fait… On voit bien la structure litée de la roche. »

Les orgues phonolitiques de la Roche Tuilière

Samuel : « Des phonolites à néphéline… »

Léo : « Tu apprends petit Sam ? »

Samuel : « C’est pas tous les jours qu’on voit une protusion de phonolite à néphéline. Ce serait dommage d’oublier ça. »

Max : « Tu oublies jamais rien toi. »

Samuel : « C’est pas vrai, malheureusement… »

Yann : « Petit Sam, je suis pas là depuis longtemps mais je suis d’accord avec les cousins. Tu as une mémoire prodigieuse 🙂 »

La Roche Sanadoire

Max : « Oulala ! Il est énooorme ce pierrier ! »

Léo : « Bonome, promets-moi que tu vas pas l’escalader ! »

Le chevalier : « Promis. Nous irons juste au bord. »

Max : « Juste au bord ? Tu sais que si il fait l’avalanche on sera tout crabouillés quand même. »

Le chevalier : « Il ne fera pas l’avalanche. »

Max : « Ah oui ? Comment tu le sais ? »

Le chevalier : « Bon d’accord. On y va pas et demain je me mets au tricot. C’est pas dangereux le tricot. »

Max : « Maladroit comme tu es tu réussirais à te planter une aiguille dans la main ! »

Yann : « 🙂 Bonome est pas maladroit. Il est un peu brusque parfois. »

Samuel : « Rhooo ! »

Les orgues phonolitiques
Les orgues phonolitiques
Le pierrier

Léo : « C’est vrai que c’est pas tous les jours qu’on voit ça 🙂 »

Yann : « C’est encore la phonolite à néphéline ? »

Le chevalier : « C’est un peu plus compliqué que ça. »

Max : « Ben explique quand même ! On a pas fait tout ce chemin pour pas savoir la phonolite de la Roche Sanadoire. »

Le chevalier : « Asseyez-vous alors. »

Yann : « Sur les rochers ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Yann : « Chouette alors ! »

Max : « On est installés. Tu peux y aller. »

Le chevalier : « La roche sur laquelle vous êtes installés est une roche microlithique porphyrique à phénocristaux de sanidine plongés dans une pâte vitreuse dans laquelle on trouve quelques cristaux millimétrique de titanite jaune d’or, d’olivine, d’analcime et de noséane ou d’haüyne. »

Max : « Comment tu avais dit ? ‘C’est un peu plus compliqué que ça.’ Je crois bien que oui… La roche porphyrique à phénocristaux de Sabine, plongée dans des pattes visqueuses, avec la ‘tite amie de john dort, d’olives, d’Anna slim et de la nausée d’Anne qui couine. Dois-je te faire remarquer que ça veut rien dire ? C’est qui tous ces gens ? »

Le chevalier : « Je vais reprendre. La roche est constituée d’un verre volcanique c’est à dire que ce n’est pas cristallisé. »

Yann : « Il y a pas de cristaux. »

Le chevalier : « Sauf de gros cristaux de sanidine. La sanidine est un feldspath potassique. »

Samuel : « KAlSi3O8 ! »

Le chevalier : « Oui petit Sam 🙂 Ces cristaux se sont probablement formés dans la chambre magmatique, entourés d’une phase gazeuse qui a permis leur croissance et qui les a fait flotter dans le haut de la chambre. »

Samuel : « On a donc une roche porphyrique à phénocristaux de sanidine. D’accord. »

Le chevalier : « On trouve parfois des cristaux de titanite (CaTiSiO5). Ils sont jaune-d’or. »

Léo : « Jusque là ça va. »

Le chevalier : « Il y également de l’olivine. »

Samuel : « (Mg,Fe)SiO4 ! »

Max : « Tu les connais tous ? »

Samuel : « Ceux que bonome nous a déjà présentés. Mais pas forcément tous… »

Le chevalier : « Il y a également de l’analcime NaAlSi2O6.H2O Le problème est que je ne sais pas bien si c’est un minéral primaire, formé lors de la cristallisation du magma, ou un minéral secondaire qui s’est formé par altération de la néphéline. »

Max : « C’est embêtant ça. »

Le chevalier : « En effet… »

Max : « Et la nausée d’Anne ? »

Le chevalier : « La nauséane ? Na8Al6Si6O24(SO4) »

Max : « Ça se complique… »

Le chevalier : « C’est un feldspathoïde. Comme l’haüyne. »

Samuel : « Tu donnes pas la formule de l’haüyne ? »

Le chevalier : « (NaCa)4-8[Al6Si(O,S)24](SO4,Cl)1-2 »

Max (à Samuel) : « Tu vas la retenir celle-là ? »

Samuel : « Mmmmm… Je crois pas. Je vais la noter dans mes fiches mais je vais pas la retenir. »

Léo : « Je remarque quand même la présence de chlore et de soufre… C’est pas tout le temps ça… »

Le chevalier : « En général, ces éléments s’échappent sous forme de gaz qui, combinés à l’eau, donnent des acides : acide chlorhydrique ou sulfurique… »

Léo : « Il y a quelque chose qui me chiffonne… »

Max : « Ça faisait longtemps 🙂 »

Le chevalier : « Je t’écoute Léo. »

Léo : « La coexistence d’olivine et de feldpathoïdes… C’est normal ça ? »

Le chevalier : « Bonne question. L’olivine est le premier minéral qui se forme lors de la cristallisation. Il apparaît quand le magma est riche en fer et magnésium et pas trop riche en silice. Sinon, ça commence par les pyroxènes. Ou plutôt les olivines vont réagir avec la silice résiduelle pour donner des pyroxènes. »

Max : « Ok ! Donc, si j’ai bien compris, il y avait un magma relativement pauvre en silice mais riche en alcalins et en fer et magnésium. »

Léo : « Et de titane ! »

Max : « C’est compliqué ça. Fer, magnésium, titane… Ça vient du manteau. »

Léo : « Ça va avec la pauvreté relative en silice. »

Max : « Mais il y a les alcalins… Il y en a beaucoup des alcalins… »

Samuel : « Je vous rappelle qu’on est probablement dans un contexte de distension crustale en arrière d’une chaîne de montagnes. »

Max : « Et ? »

Samuel : « Ben… La croûte contient des alcalins plus que le manteau… »

Yann : « Pfff ! Je suis perdu moi. »

Léo : « Nous aussi 🙂 »

Le chevalier : « Magmatisme intra-plaque sous une croûte épaisse. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « C’est déjà pas mal 🙂 Après réflexion je suis pas sûr de moi pour l’olivine. Et j’ai oublié les hornblendes brunes. Et pour votre culture, la titanite s’appelle parfois sphène. »

Yann : « Oui ben la roche est peut-être sous-saturée mais moi je sature 🙂 »

Léo : « Moi aussi. »

Max : « Je voudrais juste savoir de quand elle date cette protusion ? »

Le chevalier : « Ces protusions tu veux dire 🙂 2,1 millions d’années. »

Max : « Merci bonome. »

Samuel : « Rougequeue noir vient nous voir ! »

Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Max : « C’est notre zoiso-gardien d’Auvergne ? »

Le chevalier : « Demande lui 🙂 »

Max : « Je parle pas le zoiso moi ! Tu veux pas nous apprendre le zoiso ! Tu veux même pas dire que tu parles le zoiso ! »

Samuel : « Tu as fait peur à rougequeue ! »

Yann : « Dites, ça vous ennuierait d’aller ailleurs. J’ai peu de me faire crabouiller par les rochers. »

Max : « On y va ! »

Bonome a vite trouvé le chemin qui remontait à notre monture. Il a pas eu à faire l’azimut brutal. J’ai du mal à reconnaître que ça m’aurait bien plu de le voir faire ça 🙂 Bon, le chemin était déjà un peu un azimut brutal. Mais c’est pas pareil. En rentrant, bonome a décidé de s’arrêter manger une gaufre au chocolat. C’est son petit plaisir des vacances ça. Manger des gaufres au chocolat. On s’est arrêtés au col de la Croix Morand. Et on a vu des zoisos 🙂

La Banne d’Ordanche depuis le Col de la Croix-Morand
Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Pipit farlouse (Anthus pratensis, Motacillidés)

Pipit farlouse (Anthus pratensis, Motacillidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)
Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

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2 réflexions au sujet de « Les Roches Tuilière et Sanadoire »

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