La récolte du jour

Bonjour à tous !

Un petit article un peu particulier aujourd’hui. Nous allons simplement vous montrer des fotos floues et moches des zanimos que nous avons croisés lors de notre looongue promenade du jour. J’espère que cela vous plaira.

Odonates
Calopterygoidea Calopterygidae Calopteryx splendens (Caloptéryx éclatant) femelle
Calopterygoidea Calopterygidae Calopteryx splendens (Caloptéryx éclatant) mâle
Coenagrionoidea Coenagrionidae Coenagrion puella (Agrion jouvencelle)
Coenagrionoidea Coenagrionidae Coenagrion puella (Agrion jouvencelle)
Coenagrionoidea Coenagrionidea Pyrrhosoma nymphula (Nymphe à corps de feu)
Coenagrionoidea Coenagrionidea Pyrrhosoma nymphula (Nymphe à corps de feu)
Coenagrionoidea Platycnemididae Platycnemis pennipes (Agrion à larges pattes)
HÉTÉROCÈRES
Choreutoidea Choreutidae Choreutinae Anthophila fabriciana
Choreutoidea Choreutidae Choreutinae Anthophila fabriciana
Geometroidea Geometridae Ennominae Boarmiini Ematurga atomaria (Phalène picotée)
ARACHNIDES

Ça se complique un peu. On est pas sûr du tout de nos déterminations…

Araneae Araneomorphae Araneoidea Araneidae Araneinae Zilla diodia (Diodie tête de mort)
Araneae Araneomorphae Araneoidea Linyphiidae Lyniphiina Neriene radiata
Araneae Araneomorphae Gnaphosidae indéterminée
Araneae Araneomorphae Philodromidae Philodromus sp. groupe aureolus
Araneae Araneomorphae Salticidae Heliophaninae Heliophanus aenaeus
Araneae Araneomorphae Salticidae Heliophaninae Heliophanus auratus
Araneae Araneomorphae Salticidae Heliophaninae Heliophanus auratus
Araneae Araneomorphae Salticidae Heliophaninae Heliophanus auratus
Araneae Araneomorphae Salticidae Heliophaninae Heliophanus auratus
Araneae Araneomorphae Salticidae Heliophaninae Heliophanus auratus
Araneae Araneomorphae Salticidae Heliophaninae Heliophanus auratus
Araneae Araneomorphae Salticidae Macaroeris nidicolens
Araneae Araneomorphae SalticidaeMacaroeris nidicolens
Araneae Araneomorphae SalticidaeMacaroeris nidicolens
Araneae Araneomorphae SalticidaeMacaroeris nidicolens
Araneae Araneomorphae Salticidae Salticinae Salticus scenicus (Saltique arlequin)
Araneae Araneomorphae Salticidae Salticinae Salticus scenicus (Saltique arlequin)
Araneae Araneomorphae Thomisidae Thomisinae Misumenini Misumena vatia (Misumène variable)
Opiliones Palpatores Phalangioidea Phalangiidae Phalangiinae Phalangium opilio (Faucheux unigère)
Opiliones Palpatores Phalangioidea Phalangiidae Phalangiinae Phalangium opilio (Faucheux unigère)
Indéterminée
Indéterminée
Araneae Araneomorphae Lycosidae Trochosa sp.

Ce fût une petite journée niveau observations. Mais c’est tant mieux ! Ça prend trop de temps de dépouiller les fotos en rentrant et d’identifier toutes ces bestioles.

Nous espérons que ces quelques images vous ont plu.

A bientôt !

 

L’Île Grande

Pendant la chevauchée…

Max : « On arrive bientôt ? »

Le chevalier : « Un petit pont à traverser et nous serons sur l’île. »

Léo : « J’ai bien vu la foto aérienne. Il est vraiment très court ce pont. C’est presque pas une île cette île. »

Max : « Montre la foto aérienne bonome ! »

Le chevalier : « Pendant la chevauchée ? »

Max : « Oui 🙂 »

Le chevalier : « D’accord… La voici… »

Vue aérienne de l’Île Grande (Source : Géoportail)

Samuel : « Tu nous dis le programme s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Mmmm… Je vais essayer de trouver un endroit où laisser notre monture dans l’ouest de l’Île. Puis nous longerons la côte vers l’Île Agaton… »

Max : « C’est une île où on va à pieds ? »

Le chevalier : « Pas sûr que la marée nous laisse faire. Et puis il faut faire attention aux horaires. Je vous rappelle qu’il y a le couvre-feu. »

Samuel : « C’est à cause du virus ça… »

Yann : « On va voir quoi ? »

Le chevalier : « Des granites 🙂 »

Léo : « On se spécialise en granites 🙂 »

Max : « C’est toi qui m’a fait remarquer que si on est venu étudier le granite de Ploumanac’h il faut pas s’étonner de voir des granites. »

Léo : « Je m’attendais pas à autant de diversité. »

Samuel : « Moi non plus 🙂 »

Yann : « Ensuite ? »

Le chevalier : « Première observation sur la pointe… J’ignore son nom. Puis nous longerons le cordon de galets pour rejoindre la grande carrière de Castel Erek et la pointe de Toul Ar Staon. Je pense continuer un peu le long du littoral avant d’aller voir l’allée couverte. »

Yann : « Tu vas beaucoup marcher bonome. »

Le chevalier : « Ça me fait du bien 🙂 C’est beau, non ? »

Panorama

Max : « La beauté dans les yeux… »

Léo : « Chez toi c’est particulier. Tu as tellement de beauté dans les yeux que tes yeux sont beaux. »

Le chevalier : « Merci Léo. Ça me touche ce que tu dis. »

Max : « Tu as réussi à émouvoir notre cœur de pierre 🙂 »

Samuel : « Bravo cousin Léo ! Bravo ! »

Yann : « Vous êtes pas gentils de vous moquer. »

Max : « On se moque pas ! On le taquine ! »

Le chevalier : « Admirez plutôt cette petite mer intérieure… »

Une petite mer intérieure

Yann : « Vous avez vu la petite île ? Elle est magnifique cette plage ! »

Île Molène

Le chevalier : « L’île Molène. Mais pas celle qui est connue. »

Max : « Il y a une île Molène qui est connue ? De toi seulement ou d’autres gens ? »

Le chevalier : « L’Île Molène, au large de la pointe nord du Finistère. Vous n’en n’avez jamais entendu parler ? »

Léo : « Non. »

Max : « Non plus. »

Samuel : « Pas mieux. »

Yann : « On va pas sur l’estran ? »

Le chevalier : « Pas envie de cavaler sur des cailloux tout cassés… »

Max : « Tu peux nous en parler un peu quand même ! »

L’estran

Le chevalier : « Il est constitué de fragment de granite. Vous voyez la laisse-de-mer. Il y en a plusieurs. Qu’en déduisez-vous ? »

Léo : « Que les coefficients de marée diminuent ! La mer remonte moins au jour 2 qu’au jour 1 et donc il y a en haut la laisse-de-mer du jour 1 et un peu plus bas celle du jour 2. »

Le chevalier : « Bravo mon Léo ! »

Léo : « C’était facile. »

Samuel : « Et les plantes ? Tu les connais ? »

Le chevalier : « Probablement la bette maritime, Betta maritima, famille des Chenopodiaceae. »

Yann : « On demande et tu réponds 🙂 »

Max : « C’est WikiBonome 🙂 »

Léo : « C’est bôôô ! »

La petite mer intérieure

Max : « C’est la pointe où tu veux aller bonome ? »

La pointe de Toul Ar Staon

Le chevalier : « La pointe de Toul Ar Staon. »

Samuel : « Ça veut dire quoi Toul Ar Staon ? »

Le chevalier : « Je ne parle pas breton moi. Demandez donc à votre cousin breton. »

Max : « Yann ? »

Yann : « Toul Ar Staon… C’est le trou de… Comment dire .. ? Je crois que c’est un métal mais je suis pas sûr. »

Max : « Un métal ? Qu’est ce qu’il y a comme métal dans le granite ? »

Le chevalier : « Staon… Étain ? »

Yann : « Je sais pas. Peut-être… »

Léo : « Il y a de l’étain dans les granites ? »

Le chevalier : « Parfois… Il peut y avoir de la cassitérite et de la stannite. »

Léo : « Tu nous donnes les formules chimiques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Cassitérite : SnO2 ; stannite Cu2FeSnS2. Ces minéraux sont associés à des pegmatites. »

Samuel : « Les pegmatites comme aux Ebihens ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « Il y a des pegmatites ici ? »

Le chevalier : « Pas à ma connaissance. »

Max : « Mouai… On saura pas vraiment alors si la traduction de cousin Yann est une hypothèse recevable. Mais elle me plaît bien. Ça voudrait dire qu’autrefois il y a eu une carrière d’étain. »

Yann : « Je suis désolé de pas pouvoir vous aider plus. »

Max : « Pourquoi ? Tu nous as aidés ! »

La pointe de Toul Ar Staon

Samuel : « On est sur du granite. On l’observe ? »

Max : « Petit Sam, si tu le permets, je voudrais interroger bonome sur cette ruine. »

Une ruine

Une ruine

Le chevalier : « Quoi ? Il y a interro ? Mais j’ai pas révisé ! Je vais avoir une sale note et tu vas plus m’aimer et après tu vas m’abandonner ! »

Léo : « Tiens, bonome imite Max 🙂 »

Samuel : « Il le fait plutôt bien. »

Yann : « Avec les sanglots dans la voix. »

Léo : « On s’y croirait. »

Max : « Moquez-vous tant que vous voulez. Bon, bonome, cette ruine ? »

Le chevalier : « Tu penses que j’ai des choses à dire ? »

Max : « Nooon… Tu as jamais rien à dire. Tu connais rien. »

Samuel : « C’est pas gentil ça Maxou. »

Le chevalier : « Il se fait prier ! Il nous fait attendre ! Bien sûr qu’il a des choses à dire ! Bon, bonome, la ruine ! »

Le chevalier : « Elle a été construite pour servir d’abris aux goémoniers. Au 19ème siècle. »

Léo : « Les goémoniers qui récoltaient le goémon ? »

Max : « Je crois bien. »

Yann : « Vous me rappelez le goémon s’il vous plaît ? »

Max : « Ben, Yann ! »

Samuel : « Le goémon c’est un autre nom pour le varech. Varech ça ressemble à Wreck en anglais. Ce sont les algues échouées sur l’estran. En vrai c’est tout ce qui se dépose sur l’estran et qui, selon les droits locaux, peut appartenir à celui qui le ramasse. On peut ramasser le goémon comme combustible. Ça brûle pas très bien mais c’est gratuit. Je suppose que les goémoniers ramassaient le goémon pour le revendre. »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Max : « ‘Mon petit Sam’… »

Léo : « Lui est pas impatient et il ronchonne pas ! »

Max : « Je ronchonne même pas ! »

Yann : « Il y a une suite bonome ? »

Le chevalier : « À la fin du 19e siècle les goémoniers ont été remplacés par les carriers qui logeaient là. »

Max : « Il y a donc des carrières. »

Le chevalier : « Oui, un peu partout sur l’île. Nous en verrons quelques unes. L’activité d’extraction s’est arrêtée et cette construction à servi d’auberge de jeunesse dans les années 1930. Jusqu’à la seconde guerre mondiale. C’est pendant cette guerre qu’elle est devenue une ruine. »

Léo : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Les artilleurs allemands basés à Port Saint-Sauveur l’ont prise pour cible. Pour s’entraîner. »

Max : « Ils avaient sûrement que ça à faire ! »

Le chevalier : « Voilà pour la ruine. »

Léo : « On va pouvoir s’attaquer au granite ! »

Samuel : « Cousin Léo est pressé de faire la géologie 🙂 »

Léo : « Ben oui ! Je connaissais pas le granite comme ça ! »

Max : « C’est sûr que je m’attendais pas à ça. Le granite de Ploumanac’h ça annonce pas bien la diversité de ce qu’on voit depuis notre arrivée. »

Samuel : « Pas si varié que ça. »

Max : « Ah !? »

Samuel : « Regardez ! »

Un granite altéré
Un granite

Max : « Qu’est ce qu’on doit voir ? »

Léo : « Un granite altéré… Fortement diaclasé. »

Yann : « C’est beau 🙂 »

Samuel : « Cousin Yann, veux-tu bien descendre faire l’échelle s’il te plaît ? »

Yann : « Bien sûr petit cousin. »

Le chevalier : « Je suppose que je fotoe. »

Samuel : « Tu supposes bien 🙂 »

Yann sur le granite

Samuel : « Vous le reconnaissez ce granite ? »

Léo : « Je reconnais le petitours assis dessus. Il s’appelle Yann 🙂 »

Samuel : « Pfff… »

Max : « On le connaît ce granite ? »

Yann : « Je crois bien. Petit cousin, n’est ce pas celui de la carrière littorale sur la petite île de Toëno ? »

Samuel : « Il faudrait que bonome confirme mais il me semble bien. »

Max : « Le granite du Toëno ? »

Léo : « Le granite G3 ? »

Samuel : « Bonome, j’ai raison ou pas ? »

Le chevalier : « Tu as raison mon petitours. »

Léo : « Bravo petit Sam ! »

Max : « Tu veux bien nous le réexpliquer ce granite ? »

Samuel : « Je dois faire la leçon de granite G3 ? »

Yann : « Oui petit cousin ! J’ai tout oublié moi ! »

Léo : « Tu as tout oublié mais tu l’as reconnu quand même. »

Max : « Bonome, tu fais quelques fotos et petit Sam tu expliques. Nous, on s’installe confortablement. »

Un granite fortement altéré

Un granite fortement altéré

Samuel : « Alors… Il est bien clair ce granite. On y trouve du quartz, des feldspaths potassique genre microcline, des plagioclases plutôt sodiques, de la biotite, de la muscovite… C’est donc un leucogranite à deux micas. Si on cherche bien on peut trouver des amas de cordiérite. Bonome, tu as quelque chose à ajouter ? »

Max : « Saaam ! Noooon ! »

Léo : « Trop tard 🙂 »

Le chevalier : « C’est l’un des granites de l’Île Grande dits du groupe 3. Pour être précis c’est un leucomonzogranite à deux micas. C’est tout. Lγ3IG»

Max : « C’est tout ? Tu progresses bonome 🙂 »

Yann : « Il vient d’où ce granite ? »

Samuel : « J’allais y venir cousin Yann. La richesse en sodium, potassium et aluminium indique une origine crustale et probablement un protolithe sédimentaire. »

Léo : « Oui, je me souviens maintenant. C’est comme au Toëno. Un granite hyperalumineux d’origine crustale. »

Yann : « N’empêche qu’il est tout érodé ce granite… »

Altération en pelures d’oignon

Ben c’est pareil

Les diaclases favorisent l’altération.

Ça fait des blocs bizarres.

Max : « Figure d’érosion en pelures d’oignon à la faveur des nombreuses diaclases… Bon, le programme est chargé aujourd’hui. On continue ? »

Le chevalier : « On continue ! Direction la pointe de Castel Erek ! »

La pointe de Castel Erek

Yann : « Et ce cordon de galets ? Qu’est ce qu’il fait là ? »

Le cordon de galets

Le chevalier : « Il est récent. Il y a des carrières sur la pointe que nous allons explorer. Elles ont été exploitées entre la fin du 19e siècle et 1979. Les rebuts d’exploitation ont bien évidemment été rejetés et ils se sont accumulés et érodés en formant ce cordon de galets. »

Léo : « Il est donc très récent et d’origine anthropique. »

Max : « ‘D’origine anthropique’ ! Tu parles comme bonome Léo ! »

Léo : « Pardonne moi d’avoir un peu de vocabulaire, béotien ! »

Max : « Béotien ?! Moi ? Alors non ! Je suis pas d’accord ! »

Samuel : « Il y a pas des foulques ici ! On se chamaille pas ! »

Max : « Même si je me fais insulter ? »

Samuel : « Cousin Léo te taquinait ! Toi aussi tu polissonnes parfois ! »

Léo : « Tu es pas un béotien Maxou. Tu es mon maître. »

Max : « Mouai… Je pardonne. Parce que je suis infiniment bon 🙂 »

Yann : « N’empêche que s’il est si récent ce cordon de galets c’est que l’érosion doit être intense. »

La petite mer intérieure

Petite parenthèse : les installations de la carrière ont été reconverties en centre de la LPO. Les zoisos blessés ou malades y sont soignés et il y a une petite exposition à laquelle nous avons pas pu accéder en raison du couvre-feu et des restrictions sanitaires. A l’extérieur il y a une volière pour que les zoisos convalescents se remettent doucement. Et ils peuvent recevoir des visites de leurs amis comme ce goéland argenté venu en visite 🙂

Goéland argenté. Larus argentatus (Pontoppidan, 1763)

Le chevalier : « Voici la Grande Carrière ! »

Castel erek ou la grande carrière

Max : « Ah oui ! Ça c’est une grande carrière… »

Le chevalier : « 100 mètres d’est en ouest, 50 mètres de large et 35 mètres de profondeur. »

Samuel : « Ça fait 175 000 m³. Si on prend 2,75 comme densité pour le granite ça donne… 481 250 tonnes. Ça fait beaucoup. »

Yann : « C’est quel granite ici ? »

Le chevalier : « Toujours celui de Toul Ar Staon. »

Léo : « Un goéland marin… »

Goéland marin, Larus marinus (Linnaeus, 1758)

Goéland marin, Larus marinus (Linnaeus, 1758)

Max : « On est en bord de mer. C’est pas vraiment surprenant de voir un goéland marin. »

Yann : « Léo continue de s’émerveiller à la vue des zoisos Maxou. Et je sais bien que toi aussi. »

Samuel : « On va vers la pointe ? »

Vers la pointe

Yann : « Il y a encore une carrière ! »

Une carrière

Max : « Bonome, tu peux y aller et en ressortir avant qu’on y aille ? »

Le chevalier : « Euh… Étrange demande… »

Max : « C’est parce que… ‘Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus !‘ »

Léo : « Rhooo non ! Rhooo la saproblague ! »

Samuel : « C’est rigolo 🙂 »

Yann : « Bien amené 🙂 »

Léo : « Vous validez ? »

Samuel : « Oui. »

Yann : « Aussi 🙂 »

Léo : « Ben pas moi ! Rholala non ! »

Max : « Mon cher cousin Léo, tu es tout simplement jaloux de pas y avoir pensé ! »

Léo : « Jaloux rien du tout ! Si par hasard cette saproblague m’avait chatouillé les neurones je l’aurais rejetée au loin ! »

Le chevalier : « Dites, vous allez disserter longtemps comme ça ? »

Samuel : « Non. On revient à la carrière. C’est encore le leucogranite à deux micas ? »

Une carrière

Une carrière

Max : « Il a l’air un peu bleuté… »

Léo : « Il ressemble pas à l’autre. »

Max : « Tu peux fotoer en gros plan s’il te plaît bonome ? »

Le chevalier : « Je peux… »

Le granite

Max : « Alors petit Sam ? »

Samuel : « C’est moi qui doit expliquer ? »

Yann : « Aujourd’hui tu es notre guide en granite. »

Samuel : « Oulala ! Quelle responsabilité ! Bonome, tu me corriges si je dis des erreurs. »

Léo : « Tu diras pas des erreurs. Nous t’écoutons. »

Samuel : « Alors… Grain fin, teinte claire, un tout petit peu bleutée… Feldspaths alcalins et plagioclases, quartz, un peu de biotite… Il ressemble pas au granite G2 du Toëno. Ni à G3. »

Le chevalier : « Parce que ce n’est pas celui-là. G2 s’observerait sur l’île Agathon. Là c’est une autre phase du granite G3, le monzogranite interne à biotite γ3IG. »

Léo : « Donc G3 a lui aussi plusieurs faciès. Ça correspond à plusieurs phases d’injection ? »

Le chevalier : « Oui. Le leucogranite externe à deux micas recoupe le monzogranite à biotite. Il lui est donc postérieur. Le contact entre les deux est lobé ce qui montre que la mise en place du second granite s’est fait dans un milieu plastique encore chaud. »

Yann : « C’est un peu compliqué tout ces granites… »

Léo : « Oui… On parle de G1, G2 et G3 comme si c’étaient UN granite à chaque fois mais ce sont plutôt des groupes de granites… »

Max : « On reverra tout ça. Pour le moment j’aimerais que tu nous fasses un bilan de G3 bonome. »

Le chevalier ! « Pfff… Nous sommes ici au cœur du massif de Ploumanac’h. Il est constitué d’un monzogranite à biotite qui affleure dans la grande carrière. Il est entouré par le leucogranite à deux micas et cordiérite, plus jeune que lui, qui affleure à Toul Ar Staon et au Toëno. »

Léo : « G1 c’est le granite rose et ses différents faciès. »

Le chevalier : « Le monzogranite des Traouières pγ2T qui correspond à l’intérieur de la première auréole et la syénogranite de la Clarté γ2S qui en est la partie externe. Il faut ajouter les roches basiques θ dont une grande partie de norite. »

Samuel : « Et puis il y a les granites du groupe 2… »

Le chevalier : « Le monzogranite de Canton γ3M, le leucomonzogranite de Woas Wen Lγ3 et les aplites de Trégastel aγ3. »

Yann : « Ça fait beaucoup de granites tout ça ! »

Le chevalier : « Et il y a les granites précambrien comme ceux que nous avons observés au Ranolien. »

Léo : « Comme le granite de Perros-Guirec ? »

Le chevalier : « Le micromonzogranite de Perros-Guirec fγ3 oui 🙂 »

Yann : « Ça fait vraiment beaucoup de granite. »

Le chevalier : « Il y en a quelques autres dans le batholite du Trégor… »

Max : « Oui, ben on verra ça plus tard. Je commence à m’emmêler les neurones là. »

Samuel : « J’ai trop de granites dans la tête. »

Léo : « Tu te mélanges les fiches ? »

Samuel : « Je les ai pas faites encore et ça va être compliqué… »

Max : « Bonome, tu nous aideras pour graver mon blog ? »

Le chevalier : « Je vous donnerai les bons documents et je vous aiderai. »

Léo : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On va là… »

Vers le Nord-Ouest

Yann : « Ça me va bien 🙂 »

Léo : « Il y a de la beauté ! Tu pourras être un petitours heureux 🙂 »

Yann : « La géologie me passionne pas autant que vous. Je comprends dans les grandes lignes mais j’ai pas envie de tout retenir. »

Max : « Tout retenir c’est la spécialité de notre petit Sam ! »

Samuel : « Tout… Tout… Pas tant que ça ! »

Léo : « Tiens ! Notre zoiso-gardien ! »

Notre zoiso gardien des bords de mer

Pipit maritime, Anthus petrosus (Montagu, 1768)

Max : « Bonjour zoiso-gardien ! C’est gentil de venir nous voir ! Tout va bien ! On a pas le virus et bonome est pas tout cassé. Tu peux vaquer à tes occupations. »

Samuel : « On va à la plage ? »

Une charmante petite plage

Le chevalier : « Vous voulez faire une pause ? »

Max : « On a le temps ? Parce que la monture est pas juste à côté… »

Le chevalier : « Je vais couper par l’intérieur de l’île mais il serait sage de ne pas s’attarder ici. »

Max : « Alors tu fotoes et on avance ! »

Plage de Porz Gwen
Plage de Porz Gwen

Max : « Euh… Quand j’ai dit qu’on avançait… Tu es pas obligé de cavaler comme ça Megapus ! »

Le chevalier : « J’en ai un peu plein les pattes.. Comme tu l’as dit la monture est loin… »

Yann : « Rhooo ! Regardez l’eau ! »

Encore une carrière

Léo : « Ça donne envie de se baigner ! »

Yann : « Vous savez nager ? »

Max : « Oui, on a pisciné pour apprendre. Pour des raisons de sécurité. »

Léo : « C’était rigolo ! On a même fait du surf sur un os de seiche dans la piscine ! »

Max : « C’est pas une raison pour aller se baigner dans la mer. Dans la mer il y a des congres et c’est méchant les congres. »

Léo (à Yann) : « Je ne sais pas pourquoi Maxou a peur des congres à la mer et des brochets en eaux douces. »

Max : « Tu sais pas pourquoi ? Tu as déjà vu un brochet ? Un congre ? Ça dévore un petitours en un clin d’œil ! Gloub le petitours ! On le retrouve jamais ! »

Yann : « Ah oui… Vu comme ça… Ça donne pas envie de se baigner. »

Samuel : « C’est pas naturel la forme des rochers… »

Le chevalier : « Exact petit Sam. Il y avait encore une carrière. »

Yann : « Et là-bas ? »

Le Corbeau

Le chevalier : « Le Corbeau… ou le Château des Corbeaux… Il ressemble à une tour de guet. Il servait de repère pour les marins. Mais il est totalement artificiel. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Il y avait une autre carrière sur cette petite Île. Les carriers ont épargné ce rocher. Je ne sais pas pourquoi. »

Après ça bonome a tout cavalé saut qu’il y a eu un arrêt imprévu. Enfin… Imprévu pour nous. Bonome savait bien lui ! 

Une allée couverte

Max : « Ça c’est pas vraiment naturel 🙂 »

Léo : « Tu savais qu’on verrait ce monument bonome ? »

Le chevalier : « Je vous l’avais annoncé 🙂 »

Une allée couverte

Encore l’allée couverte mais vue d’ici 🙂

Max : « Ce monument, quand le visite t-on ? »

Léo : « Max… »

Max : « Oui 🙂 »

Léo : « Tu te prends pour bonome avec tes citations ? »

Samuel : « Ton nez va s’allonger 🙂 »

Max : « Meuh non ! Sérieusement bonome, on peut visiter ? »

Le chevalier : « Normalement non. Mais cette interdiction ne concerne pas les petizours. Allez voir ! »

Max : « C’est vrai ? On peut ? »

Le chevalier : « Oui ! Mais vous ne chahutez pas et vous observez bien ! Allez ! »

Max : « C’est parti ! »

Quelques minutes plus tard…

Max : « Voilà ! »

Léo : « On a tout vu ! »

Le chevalier : « Vous en avez mis du temps ! »

Samuel : « On profitait de l’instant. C’est pas tous les jours qu’on visite un dolmen. »

Le chevalier : « Un dolmen ? Vous êtes sûrs ? »

Max : « On en sort bonome. »

Le chevalier : « Il n’y a pas de dalle transversale qui sépare la cella de l’antecella ? »

Max : « Kestudi ? »

Samuel : « Pas de dalle transversale bonome. »

Léo : « Je sais pas qui est celle-là et l’entrée de celle-là mais apparemment il y en a pas. »

Yann : « C’est grave ? »

Le chevalier : « Grave non. Embêtant, oui. »

Max : « Ah… Tu es donc embêté. C’est contrariant. »

Samuel : « On peut peut-être mettre une dalle transversale. Tu veux ? »

Max : « Bonome, explique nous la dalle transversale s’il te plaît. »

Le chevalier : « L’existence d’une dalle transversale qui sépare un premier espace, l’antecella, de l’espace principal, la cella, est caractéristique des allées couvertes. Si cette dalle est absente ce n’est pas une allée couverte mais un dolmen long. »

Max : « D’accord… Et alors ? C’est pas bien les dolmens longs ? »

Le chevalier : « Si, bien sûr. Mais ici, je pensais que c’était une allée couverte. »

Yann : « Peut-être que la dalle transversale a disparu. »

Le chevalier : « C’est fort probable… »

Léo : « Tu as des choses à dire sur cette allée couverte qui en est pas une ? »

Max : « Léo… »

Léo : « Oui mais moi j’aime bien quand il explique ! Tu trouves peut-être que c’est interminable et soporifique mais moi j’aime bien ! Alors j’interroge ! »

Max : « D’accord. On s’installe et tu racontes ! »

Une allée couverte

Ça c’est nous 🙂

Le chevalier : « Je raconte, je raconte… Commençons par ses caractéristiques. Elle est orientée est-ouest et mesure 8,50 m de longueur sur 1,60 m de largeur. Une allée couverte est constituée d’orthostates et de dalles de couvertes et bien sûr de cette fameuse dalle transverse qui n’est plus là. »

Max : « Tu es sûr qu’il y en avait une ? Tes souvenirs te trompent peut-être. »

Le chevalier : « Si tu sous-entend que j’ai assisté à l’édification de cette allée couverte tu te trompes mon petit ! Mais il me semble que Jean L’Helgouach a décrit cette dalle. »

Max : « C’est qui lui ? »

Le chevalier : « Un archéologue du 20e siècle spécialiste des mégalithes armoricains entre autres. »

Yann : « Et elle sert à quoi cette dalle transverse ? »

Le chevalier : « Elle sépare une espèce de vestibule, appelé antecella, de la chambre funéraire ou cella. En général l’antecella est plus basse que la cella. »

Yann : « Les allées couvertes étaient donc des tombes ? »

Le chevalier : « Oui Yann. On suppose que des personnages importants y étaient inhumés accompagnés d’objets de valeurs. Ici on été retrouvés quatre haches en pierre polie, des éclats de silex, des tessons de poterie noire et un disque en bronze. »

Max : « Les pierres des haches disaient bonjour et merci ? »

Samuel : « Cousin Max ! Tu peux pas t’empêcher de polissonner 🙂 Une pierre polie est pas une pierre qui dit bonjour et merci ! »

Max : « Je sais petit cousin ! C’est une pierre qui date du néolithique. L’époque de la pierre polie, de l’agriculture et de l’élevage, des mégalithes et du développement des groupes sociaux. »

Le chevalier : « Tu as raison Maxou. Saviez-vous que les allées couvertes et les dolmens étaient couverts de terre ? »

Yann : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui, il étaient donc au cœur de tumulus. Seuls ceux dont la terre était encerclée de mur de pierre ont subsisté. Des questions ? »

Max : « Mmmmm… Non. »

Samuel : « C’était ni interminable ni soporifique. »

Léo : « Passionnant bonome ! Passionnant ! Tu devrais être maître dans une schola ! »

Le chevalier : « C’est ça ! Et enseigner à des asticots qui n’écoutent pas, n’apprennent pas et se fichent de ce que je raconte. Je devrais faire ça, oui 🙂 Bon… Je crois qu’il est temps de retourner à la monture et de regagner la cabane. »

Max : « On se poche ! »

C’est bien ce que l’on a fait. Du moins, c’est ce qui était prévu. Vous connaissez certainement l’addiction de bonome à la caféine et au liquide marron qui l’accompagne. Au retour il s’est donc mis en quête d’une taverne ouverte où se procurer sa boisson préférée à emporter. Il a repéré quelque chose qui y ressemblait avec des gens en terrasses alors il s’est arrêté pour tenter sa chance. C’était bien une auberge. Mais elle était fermé et les tenanciers profitaient de la fermeture imposée par le virus pour faire des travaux. Ils les avaient déjà bien arrosé les travaux. Et quand bonome leur a demandé s’il pouvait avoir un café il lui ont dit d’entrer et picoler avec eux. C’était pas dit comme ça mais ça y ressemblait 🙂 Bonome était tout timide. Il est entré et a papoté avec les zoms. C’était rigolo à voir ! Il a bu deux verres de vins. Même pas du chouchen, pfff… Et puis il s’est éclipsé. Voilà ! Vous savez tous de cette belle sortie à l’Île Grande. Si un jour vous y allez, vous pourrez comprendre les granites grâce à nous !

Maxou 🙂

Le granite central

A bientôt pour la suite de nos aventures !

Continuer la promenade

Le Nez de Jobourg

Max : « Bonjour Bonome. Tu as choisi l’itinéraire du jour ? »

Le chevalier : « Pas vraiment… »

Max : « De quoi as-tu envie ? »

Le chevalier : « Pas grand-chose… »

Max : « Je vois… Je comprends… Une promenade ? Pas trop de choses à voir. On prend l’air. On profite du soleil et de notre ami Le Vent. On se posera quelque part pour écouter ses histoires. Ça te va ? »

Le chevalier : « Ça me va. »

Max : « Je file l’annoncer aux cousins ! Je crois qu’ils sont déjà prêts. »

Un peu plus tard après la chevauchée…

Le Nez de Jobourg

Léo : « Tu veux bien nous dire où nous sommes ? »

Le chevalier : « Le Nez de Jobourg. »

Léo : « Le Nez de Jobourg ? C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 »

Samuel : « Tu connais cousin Léo ? »

Léo : « C’est un site connu. Mais je sais plus trop pourquoi. »

Max : « Tu as pas la carte géologique ? »

Le chevalier : « Version numérique ça te va ? »

Max : « Pourquoi ça m’irait pas ? »

Le chevalier : « Voilà… »

Extrait de la carte géologique (source : Géoportail)

Samuel : « M ? »

Le chevalier : « Migmatites. »

Max : « Yann, tu connais les migmatites ? »

Yann : « Mmmm… Je crois pas. Ou alors j’ai oublié. »

Léo : « Ça arrive d’oublier Yann. »

Max : « Qui veut faire le petit rappel ? »

Léo : « Max, tu te crois à la schola ? C’est ta question de début de cours ça ! »

Max : « Oups ! Pardon. »

Yann : « Petit Sam est plutôt doué pour les petits rappels. »

Samuel : « Max et Léo aussi. »

Léo : « Sam, je crois que Yann a envie que ce soit toi. Tu es très pédagogue. »

Samuel : « Les migmatites… Pas facile comme interro orale. Surtout qu’on voit pas d’échantillon. »

Yann : « Je suis sûr que tu vas y arriver petit Sam. »

Samuel : « Les migmatites sont des roches métamorphiques mais alors très métamorphiques ! Au départ il y a des roches. Elles sont soumises à un fort métamorphisme avec notamment une élévation de la température et aussi de la pression. Les roches fondent en partie. Juste un peu, beaucoup ou complètement. Si elles fondent complètement elles donnent un magma à l’origine d’un granite d’anatexie mais c’est plus une migmatite mais un granite. Tu suis Yann ? »

Yann : « Oui bien sûr. Le métamorphisme fait fondre en partie une roche. »

Samuel : « Oui c’est ça. Tous les minéraux fondent pas à la même température. Ce sont les minéraux blancs, riches en silice, qui fondent les premiers. Les minéraux sombres, riches en fer et magnésium, fondent plus tard. Évidemment les partie fondues vont se resolidifier. Ça donne des roches rubanées avec des bandes claires recristallisées qu’on appelle mobilisat et des bandes sombres appelées restites. »

Yann : « J’ai bien compris. Mais il vient d’où le métamorphisme ? »

Samuel : « Léo, tu veux bien prendre la suite ? »

Léo : « Si tu veux petit Sam. Il faut un fort métamorphisme avec élévation de la température et la pression. Ça peut se produire en profondeur dans une zone de subduction ou dans la racine crustale lors d’une collision continentale. »

Max : « Métamorphisme MP-HT ou BP-HT syntectonique. »

Léo : « Merci Maxou. »

Yann : « Et c’est quoi ? »

Léo : « Ça je sais pas. Ici ça peut être la subduction avant l’orogenèse cadomienne ou l’orogenèse hercynienne ou bien ces orogenèses. »

Yann : « L’orogenèse hercynienne en phase bretonne ! 🙂 »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Je vous dirai plus tard. Profitez du paysage ! »

Le Nez de Jobourg

Max : « Yann, nous attendons ta réplique préférée. »

Yann : « 😀 C’est vraiment très beau 🙂 »

Léo : « On sent l’affinité armoricaine. »

Samuel : « Léo ? Tu entends ? »

Léo : « Tarier pâtre… »

Max : « Il est là ! »

Tarier pâtre ; Saxicola rubicola (Linnaeus, 1766)

Max : « On voit pas beaucoup de zoisos… »

Léo : « C’est vrai mais c’est parce qu’on est concentrés sur la géologie. »

Yann : «  Et la beauté du paysage. »

Le Nez de Jobourg

Quelques centaines de mètres plus loin…

Le Nez de Jobourg

Léo : « Bonome, parle-nous un peu plus de ces migmatites s’il te plaît. »

Le chevalier : « Tu veux que j’affine ? »

Léo : « Oui parce que ce qu’a dit petit Sam est très juste mais c’est théorique et général. Ça décrit pas les migmatites d’ici. »

Le chevalier : « Alors j’affine. Mais… »

Max : « Qu’est ce qu’il y a bonome ? »

Le chevalier : « J’ai oublié un détail… »

Max : « Bon, tu affines ! On écoute ! »

Le chevalier : « Le secteur est bien constitué de migmatites. J’en parlerai après. C’est le Nez de Jobourg… Lui n’est pas en migmatites. »

Léo : « Il est en quoi ? On voit pas d’ici ! »

Max : « Et on peut pas y aller. C’est une réserve. »

Le chevalier : « Une ZNIEFF. »

Yann : « Une ZNIEFF ? »

Samuel : « Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Floristique et Faunistique. C’est le premier niveau de protection d’un environnement. C’est la lande littorale qui est protégée je suppose. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Tu peux revenir aux roches du Nez de Jobourg s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Il s’agit d’une diorite cadomienne. »

Max : « Une diorite ? Je me souviens plus… »

Samuel : « La diorite est une roche magmatique plutonique grenue constituée de feldspaths plagioclases, d’amphiboles vertes et de micas. Il n’y a ni olivine ni quartz : c’est donc une roche de type intermédiaire. La roche volcanique qui lui correspond est l’andésite. »

Léo : « Ça indique un rifting ou une subduction ou encore une fusion partielle en profondeur. Je pense plutôt à une subduction ici. »

Le chevalier : « Oui Léo. Les roches hydratées du plan de subduction ont connu une fusion partielle. Le magma est remonté et il a donné ce pluton en profondeur. »

Max : « Pendant l’orogenèse cadomienne… Donc les migmatites sont plus anciennes. »

Le chevalier : « Si le contact entre les deux était concordant ça serait plus simple… »

Léo : « C’est pas vraiment un pluton dans les migmatites ? »

Le chevalier : « En fait si. Mais ça s’est compliqué par la suite. Actuellement le contact entre la diorite et les migmatites se fait par faille. »

Yann : « Je sais que Cadomien ça veut dire très vieux. Mais c’est vieux comment ? »

Le chevalier : « Environ 610 millions d’années. »

Léo : « On a déjà vu des roches magmatiques intrusives de cet âge : le granite de Perros-Guirec et les volcanites de la Heussaye. »

Max : « Oui Léo ! On va finir par bien connaître les roches cadomiennes. »

Samuel : « Bon, on a donc encore une preuve de la subduction cadomienne. »

Max : « Et les migmatites ? »

Le chevalier : « Plus tard… »

Max : « Oui bonome. Bien bonome. On patiente… »

Accenteur mouchet ; Prunella modularis (Linnaeus, 1758)

Le chevalier : « J’ai envie d’une crêpe au chocolat. »

Léo : « Tu as parqué la monture non loin d’une taverne il me semble. Tu crois qu’il y a des crêpes ? »

Le chevalier : « Allons voir ! »

Max : « On pourra en avoir une ? »

Le chevalier : « Une chacun ? »

Max : « Bonome, on est gourmands mais quand même ! »

Samuel : « C’est surtout toi le gourmand cousin Max ! »

Le Nez de Jobourg

Samuel : « On sent bien que tu as faim. Tu cavales ! »

Le chevalier : « Je n’ai pas faim J’ai envie d’une crêpe au chocolat. »

Léo : « Tu veux bien faire une pause ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. Tu as vu quelque chose ? »

Léo : « Oui, sur l’estran… »

De drôles de roches

De drôles de roches

Max : « Roches sombres avec un filon rose… »

Léo : « Affinités bretonnes… »

Samuel : « Dolérites et aplites ? »

Max : « Classique en Bretagne. »

Léo : « Alors pourquoi pas ici ? »

Samuel : « Cousin Yann, les roches sombres sont probablement des dolérites. Ce sont des roches basiques intrusives. On en a vu un peu partout en Bretagne notamment à la Plage des Grèves d’en Bas près de Fréhel. Si je me souviens bien elles datent du Dévonien terminal ou du Carbonifère basal. Cousin Léo avait hypothésé qu’il y avait eu une distension à l’origine de la fusion partielle du manteau et formation du magma basique. »

Max : « Yann, je te l’avais dit ! »

Yann : « Qu’est ce que tu avais dit Maxou ? »

Max : « Quand on était à la Plage des Grèves d’en bas petit Sam avait fait le résumé de nos observations. Je me souviens bien t’avoir dit qu’il serait capable de répéter tout pareil des années plus tard. Et bien voilà ! Il l’a fait ! »

Yann : « Et toi tu te souviens de ça 🙂 »

Max : « Parce que j’en étais sûr ! Il mémorise tout ! »

Samuel : « Cousin Max… »

Max : « Oui petit Sam ? »

Samuel : « Je suis pas autiste ou Asperger. »

Léo : « Bien sûr que non Sam. Tu as juste une mémoire prodigieuse. »

Samuel : « Je me souviens parce que j’ai la chance de voir tout ça. Se serait dommage de pas s’en souvenir ! »

Léo : « Je t’envie Sam… Moi j’oublie… »

Samuel : « Pas tant que ça cousin Léo. »

Yann : « Et les filons roses d’aplite ? »

Max : « Il sont de la fin du Carbonifère. Fin du magmatisme intrusif acide en fin d’orogenèse. »

Léo : « C’est le moment de faire l’histoire de la région. »

Max : « Sauf qu’on sait pas tout sur les magmatites ! »

Le chevalier : « Il va bien falloir que je vous le dise… »

Max : « Que tu nous dises quoi ? »

Le chevalier : « Leur âge… »

Max : « Ben oui ! Ça serait bien oui ! »

Le chevalier : « Un peu plus de 2 milliards d’années… »

Max : « QUOI ???!!! »

Le chevalier : « 2 087 ± 7 Ma »

Samuel : « C’est encore plus vieux qu’à Pors Raden ça ! Il me semble que tu avais dit 2 041 Ma. »

Léo : « Et au Ranolien ? »

Le chevalier : « Environ 2 milliards d’années. Peut-être un peu moins… »

Yann : « Ça c’est très très vieux ! »

Léo : « C’est le troisième site qu’on visite avec des roches aussi vieilles ! Il y en a combien en France ? 5 ou 6 ? La chaaance ! »

Max : « Sauf qu’on les voit même pas bien ces migmatites. »

Le chevalier : « Nous les verrons de près Max mais pas aujourd’hui. »

Max : « Quand ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Je n’ai pas prévu d’ordre. Il y a ce socle très ancien et puis la couverture. Surtout du Cambrien d’ailleurs. »

Léo : « C’est plus logique de commencer par le socle. »

Samuel : « Surtout s’il est aussi vieux que ça ! »

Max : « On y va demain bonome ? »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Vous ne deviez pas reconstituer l’histoire régionale à partir des observations du jour ? »

Max : « Si ! »

Léo : « Je peux faire ! Il y a des roches très anciennes dont on connaît ni l’origine ni l’évolution. On sait juste qu’elles sont engagées dans un plan de subduction puis dans la racine d’une chaîne de montagne cadomienne. Elles connaissent un épisode de métamorphisme et sont injectées par un magma intermédiaire qui vient de la fusion partielle des roches profondes dans le plan de subduction il y a environ 600 millions d’années. Plus tard, au carbonifère cet ensemble de roches impliqué dans l’orogenèse hercynienne est encore parcouru par un magma basique qui donnera les dolérites. Puis, en toute fin d’orogenèse quelques filons d’aplites se forment. »

Yann : « Près de 2 milliards d’années d’histoire en quelques phrases. Deux chaînes de montagnes et les océans qui leur correspondent et dont il ne reste rien d’autres que ces traces indirectes. »

Max : « C’est quel océan au Cadomien ? »

Le chevalier : « Ici c’est l’océan Celtique je crois. »

Léo : « Puis ce sera l’océan rhéique… Deux océans se sont ouverts puis refermés… »

Max : « Trois Léo. Nous sommes pas loin de l’Atlantique. »

Yann : « Ça donne le vertige ! »

Max : « Oui ben évite de tomber en bas de la falaise 🙂 »

Après ça on s’est assis au bord de la falaise en silence. On était songeur. Je crois qu’on pensais tous à ces deux océans disparus et aux chaînes de montagnes dont il ne reste rien. Le Vent nous a tourné autour en nous caressant délicatement. Il a vu le regard de bonome et a compris nos pensées alors il nous a raconté l’océan Celtique. On avait des grands sourires sous la truffe. Mais vous connaissez la règle : il est interdit de répéter les histoires que raconte Le Vent sinon il est plus notre ami. Comme c’est vraiment un bon ami on respecte le secret.

Bonome a mangé sa crêpe au chocolat et nous aussi. On s’est même pas tachés. Mais évidemment, on avait pas envie de rentrer. Pas du tout. Bonome voulait même se trouver un endroit où dormir dans la nature. Au retour on a un peu touristé. D’abord on s’est arrêtés dans la lande. Bonome avait vu un panneau. Il s’est engagé dans la lande, a laissé la monture et s’est mis à marcher. Et on a d’abord vu ça…

La lande brûlée

La lande brûlée

La lande avait brûlé ! Personne en a parlé ! C’est l’été d’avant. Le 17 juillet 2022. 4,5 hectares de landes sont partis en fumée. Il y a eu un incendie de lande dans le Cotentin ! Déjà qu’il y avait eu des feux en Bretagne ! Mais le Cotentin ! Tout ça à cause de la sécheresse. Les pompiers du nord de la Loire sont obligés de se former aux interventions contre les feux de forêts… Je préfère pas en parler. Ça va m’énerver. Vous savez que la Terre se réchauffe ? Que les températures deviennent mortelles dans certaines régions ? Que c’est de pire en pire chaque année ? Vous savez ça ? Vous allez réagir les zoms ? Pfff…

Mais bonome a continué à marcher et on a vu ça…

Les Pierres Pouquelées

C’est une allée couverte appelé Pierres Pouquelées. Elle date de 4 500 ans avant notre ère. Ça fait quand même 6 500 ans. C’est moins vieux que les migmatites mais ça fait pas pareil. Se dire que ce sont des zoms qui ont érigé ce monument…

Les Pierres Pouquelées

Les Pierres Pouquelées

Léo a fait remarquer que la présence de cette allée couverte renforçait l’aspect armoricain du Cotentin. Sauf que… Des allées couvertes il y en a un peu partout. On est même allés en voir une dans l’Oise. C’est pas la Bretagne l’Oise.

Au loin, on voit la grande plage de Vauville. Elle est bordée d’un marais en arrière dune. On s’est dit que ça ferait un autre bel arrêt imprévu.

Le marais de Vauville

La dune blanche couverte de mousse a vraiment tenté bonome. On voyait bien qu’il cherchait un endroit où passer la nuit. Pour éviter ça on cherchait des zoisos. Des tariers pâtres, des alouettes des champs, beaucoup de rougegorges… Et puis cette bergeronnette grise…

Bergeronnette grise ; Motacilla alba (Linnaeus, 1758)

Bergeronnette grise ; Motacilla alba (Linnaeus, 1758)

Rien d’exceptionnel. Pas beaucoup de diversité. Mais une belle balade. Après ça on est presque rentrés. On s’est arrêtés encore une fois, pas loin de la cabane, pour observer les cornéennes de l’autre côté du granite, Diélette. On vous raconte ça dans le prochaine article.

Continuer la promenade

Les cornéennes de l’anse de Sciotot

Après une courte chevauchée…

Léo : « C’était pas très loin 🙂 »

Yann : « Tant mieux. J’ai un peu le mal de monture quand on chevauche. »

Samuel : « Pauvre cousin Yann… »

Max : « Bon, on est donc arrivés… »

Les cornéennes sur l’estran et le massif granitique

Léo : « Le granite de Flamanville vue du sud… J’ai failli dire le granite de Ploumanac’h 🙂 »

Samuel : « Je voudrais pas vexer le Cotentin mais les paysages de la Côte de Granite Rose sont plus beaux. »

Yann : « Petit Sam, nous avons pas beaucoup exploré pour le moment. Tu peux pas comparer. »

Samuel : « Je devrais pas. Tu as raison. Mais si on compare les premières journées… »

Léo : « Chaque région a son charme. Je suis sûr que bonome va nous trouver des merveilles. N’est-ce pas bonome ? »

Le chevalier : « Je vais essayer… »

Max : « Pour le moment on doit inspecter ces cornéennes… »

Les cornéennes sur l’estran et le massif granitique

Max : « Tu sais toujours pas ce que sont ces roches ? »

Le chevalier : « Pas plus qu’il y a une demi heure… »

Max : « C’est pas grave. Tu fais pas la dépression à cause de ça s’il te plaît. »

Le chevalier : « Non Max 🙂 Il me semble quand même que ce sont les Schistes et Grès à Trinucleus de May. »

Samuel : « S4b-a ! »

Max : « Tu te souviens de ça toi ?! »

Yann : « Petit Sam a une mémoire prodigieuse 🙂 »

Léo : « Bonome, tu peux en dire plus sur ces schistes et grès ? »

Le chevalier : « Même si je ne suis pas sûr que ce soit vraiment cette formation qui affleure devant nous ? »

Léo : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Ils appartiennent à l’Ordovicien supérieur. Au sommet il y a les schistes à Trinucleus. En-dessous il y a une assise schisto-gréseuse faite d’une alternance de bancs schisteux et gréseux. A la base ce sont les grès de May en bancs généralement peu épais, blanc jaunâtre ou rosé, où s’intercalent des passées schisteuses ou psammitiques. »

Max : « Oui ben les schistes et grès de May sont des schistes et des grès… »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Léo : « Et tu vas cavaler là-dessus. »

Schistes et grès à Trinucleus (S4b-a)

Le chevalier : « Il le faut bien 🙂 »

Yann : « Moi j’aime bien ces cailloux ! »

Détail des schistes

Schistes et grès de May

Max : « Yann… Je veux bien que tu sois un petitours heureux plutôt qu’un petitours naturaliste. C’est ton choix et je le respecte. Mais tu pourrais quand même parler de roches plutôt que de cailloux. »

Yann : « Oui Maxou 🙂 Ces roches déchiquetées sont vraiment très belles. »

Léo : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Regarde là ! »

Un pli !

Max : « Oups ! »

Yann : « Oups ? »

Max : « Ben oui ! »

Samuel : « J’arrive pas à interpréter… »

Léo : « Moi non plus… On dirait… »

Max : « On dirait un pli ! »

Yann : « Un pli ? Genre c’est tout plié ? »

Max : « Oui Yann. Et ça c’est une mauvaise nouvelle. Il va falloir tout repasser pour tout remettre à plat et les vacances sont fichues… »

Yann : « C’est vrai ? »

Léo : « 😀 Non Yann. Max rejoue une vieille histoire. C’était à Kraozon, à la plage de l’Aber. On géologisait vraiment pour la première fois et il y avait des tas de plis dans les roches de la formation de Kerguilé. »

Max : « Schistéquartzite 🙂 »

Léo : « Un peu comme ici d’ailleurs 🙂 Et Max s’est mis à paniquer. Il voulait tout repasser pour remettre à plat. J’ai bien rigolé 🙂 »

Max : « Je savais pas que les roches pouvaient être toute pliées comme ça moi ! »

Yann : « C’est vrai que c’est surprenant. »

Samuel : « Surtout là… Ce serait pas une stratification entrecroisée ? »

Léo : « J’y ai pensé aussi petit Sam mais non. C’est bien un pli. »

Max : « Les strates seraient plissées ? »

Samuel : « On va enquêter. On a le temps bonome ? »

Le chevalier : « Nous restons jusqu’au coucher du soleil. Nous avons donc le temps. »

Léo : « Là, vue la couleur, ça doit être des grès. »

Les grès à Trinucleus

Max : « Yann, tu connais les grès ? »

Yann : « Maxou… Je suis pas un grand spécialiste comme toi mais je connais les grès. Ce sont des anciens sables dont les grains sont jointifs. C’est donc une roche d’origine détritique. Les sables proviennent de l’altération de roches. Je pourrais ajouter qu’il y a surtout du quartz mais il peut y avoir des feldspaths aussi. Par contre je fais pas bien la différence avec les quartzites. »

Léo : « Oui, c’est compréhensible. En plus il y a deux types de quartzites. »

Max : « Ah bon ? »

Léo : « Tu savais pas ? Les métaquartzites sont obtenus par recristallisation d’un grès, d’une radiolarite ou même d’un filon de quartz. Mais ce sont souvent des grès au départ. Ces quartzites sont donc des roches métamorphiques. Les orthoquarzites sont d’origine sédimentaires. C’est quand les grains de quartz sont bien cimentés. Les quartzites sont bien plus durs que les grès. »

Samuel : « Donc ici se seraient plutôt des quartzites… »

Max : « Schistes et grès… »

Schistes et grès

Schistes et grès

Léo : « Tu rappelles les schistes Yann ? »

Yann : « Vous me faites l’interro orale ? Je veux bien 🙂 Ce sont également des roches d’origines détritiques terrigènes. Sur un continent une roche s’altère et s’érode. Il y a formation d’éléments détritiques de tailles variables. Les éléments les plus fins sont des argiles. Elles forment des marnes qui en se compactant deviennent des schistes. La sédimentation des argiles demande une très faible agitation sinon elles restent en suspension. Le passage de dépôts de sables à des dépôts d’argiles peut donc indiquer un approfondissement du bassin sédimentaire ou bien un éloignement du trait de côte. »

Samuel : « Cousin breton tu es pas seulement un petitours heureux. Tu es aussi un bon géologue. »

Yann : « Merci petit Sam 🙂 C’est vous qui m’avez appris. »

Max : « Mmmm… »

Le chevalier : « Qu’est ce qu’il y a Maxou ? »

Max : « Altération d’une roche… Yann a raison. Si les schistes et grès de May datent de l’Ordovicien, la roche qui s’est érodée date au moins du Cambrien. Mais en général au Cambrien il y a eu sédimentation. Il y a forcément des roches précambriennes dans le secteur. On va les voir ? »

Le chevalier : « Nous en verrons Max. »

Schistes et grès. Notez la légère différence de pendage entre les strates.

Samuel : « Je vois toujours pas d’autres plis moi… »

Léo : « On a pas vraiment cherché. Bonome, on peut explorer ? »

Le chevalier : « Vous voulez explorer à pattes ? C’est très déchiqueté. Ça me paraît compliqué pour vous. »

Yann : « C’est plus sage de rester dans tes poches. »

Samuel : « Surtout qu’on voit bien d’ici. Regarde cousin Léo ! »

Encore un pli !

Léo : « Ça confirme notre première observation ça. Pas d’hésitation possible : c’est bien un pli ! »

Max : « Donc les strates sont plissées… On dirait pas comme ça. »

Le chevalier : « Pourtant… Regardez ça ! »

Ah oui… Bon, c’est tout plié alors !

Max : « Ah bah oui… Ben d’accord. Oui… Ben oui, il y a des plis… »

Léo : « Pas dans toutes les strates apparemment… »

Pourtant là ça l’est pas.

Là non plus.

Yann : « A moins que… »

Léo : « A moins que quoi ? »

Yann : « On voit peut-être les flancs des plis ! »

Max : « L’hypothèse est intéressante Yann. Mais regarde… »

Apparemment ça ne touche que les schistes

Max : « On voit bien que cette strates est plissée. Tout à l’heure c’était pas un le flanc d’un pli. Il y a bien des strates plissées et d’autres qui le sont pas. Bon, bonome, tu fotoes tout ça. Tu fais des tas de fotos des plis que j’ai de quoi illustrer mon blog. Tu soignes bien la focale de l’exposition pour pas me faire honte s’il te plaît. »

Léo : « Je pourrais prendre la pose sur une charnière ? »

Samuel : « Moi aussi je voudrais que tu m’immortalises ! »

Le chevalier : « D’accord. Vous commandez et j’obéis. »

Max : « Après ça on se posera quelque part. Tu pourras te caféiner et pétuner en nous expliquant. Tu veux bien ? »

Le chevalier : « Je veux bien. »

Belle charnière de pli

Plis en M au sein d’une strate

Dois-je préciser que c’est un pli ?

Léo a pas résisté à l’envie de se faire immortalisé sur ce pli.

Samuel non plus 🙂

N’est ce pas Samuel ?
Une dernière…

Max : « Tu as tout fotoé ? »

Le chevalier : « J’ai 🙂 »

Max : « D’accord. Bon, on a des faits. Qui veut les rappeler ? »

Samuel : « Je veux bien ! »

Max : « Nous t’écoutons petit Sam. »

Samuel : « Il y a des couches de roches sédimentaires faites d’éléments détritiques et d’un peu de calcaires. Elles se sont déposées de l’Ordovicien au Dévonien. Au fur et à mesure il y a diagenèse c’est-à-dire transformation des sédiments en roches sédimentaires. Au Carbonifère inférieur, le Tournaisien je crois, à cause de la phase bretonne de l’orogenèse hercynienne les roches se redressent et forment un grand anticlinal dont nous venons d’observer qu’une petite partie. A la fin du Carbonifère un magma granitique d’origine crustale profonde remonte et s’injecte dans ces roches sédimentaires. Il est accompagné d’une magma basique obtenu par fusion de la partie superficielle du manteau. Les deux magmas se sont un peu mélangés. En s’injectant dans les roches le magma a cuit les roches qui sont devenus des cornéennes. Voilà ce que je peux dire. »

Yann : « Tu m’impressionnes petit Sam. »

Samuel : « C’est ce que bonome nous a expliqué. »

Léo : « Il a jamais parlé de la phase bretonne de l’orogenèse hercynienne et du Tournaisien. »

Samuel : « Cousin Léo, on l’a étudié ensemble ça. Tu te souviens pas ? »

Max : « Vous passez votre temps à étudier… »

Samuel : « Sauf quand je te bats à la bagarre 🙂 »

Max : « C’est parce que je te laisse gagner 🙂 Tu parles pas des plis dans les strates… »

Samuel : « Parce que je sais pas les expliquer. »

Léo : « Bonome, on voit pas sur tes fotos mais la schistosité et parallèle au plan axial des plis il me semble. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « La schistosité est parallèle au plan axial des plis ? Tu as vu ça toi ? »

Léo : « Oui j’ai vu ça 🙂 »

Samuel : « C’est bien observé cousin Léo. »

Max : « Et ça veut dire quelque chose que la schistosité est parallèle au plan axial des plis ? »

Léo : « C’est ce que j’allais demander. »

Max : « Alors bonome ? »

Le chevalier : « Le plissement et l’apparition de la schistosité seraient synchrones. »

Léo : « Ça a eu lieu en même temps. C’est bien ce que je pensais. »

Max : « Et alors ? »

Le chevalier : « Plissement et schistosité seraient la conséquences de la mise en place du granite. »

Samuel : « Ça veut dire que quand le granite s’est injecté dans les roches certaines strates se seraient plissées ? »

Yann : « Mais pourquoi pas les autres ? »

Le chevalier : « Alors ça… »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Les strates sont comme les pages d’un livres. Je n’arrive pas à imaginer comment plier certaines pages et pas d’autres. »

Samuel : « J’ai du mal à l’imaginer mais je sais que c’est possible. »

Max : « Bon… On a tout vu ? »

Léo : « Maxou, tu sais qu’on pourrait rester des jours et des jours avant de tout voir. »

Max : « Je sais bien. Bonome, est-ce que tu nous as montré tout ce qui est accessible à tes petizours naturalistes ? »

Le chevalier : « Je vous ai montré plus que ce que je pensais. Je ne savais pas qu’il y avait des plis synschisteux ici. »

Samuel : « Des plis synschisteux ? »

Léo : « Je suppose que ce sont les plis contemporains de la schistosité. »

Le chevalier : « Tu supposes bien Léo. »

Yann : « On regarde le soleil se coucher ? »

Max : « C’est pas tout de suite. »

Léo : « On peut attendre. »

Le chevalier : « On attend. »

On a attendus en silence avec Le Vent qui soufflait doucement pour nous caresser le visage. Parfois le silence fait du bien. Même Le Vent a rien dit. Pas de belle histoire. Il tournoyait un peu autour de nous pour nous caresser. Le soleil a décidé de se coucher et on l’a admiré.

Le soleil se couche…
… et c’est beau.

Bonome a même pas vraiment fotoé. Parfois il fait des centaines de fotos. Là il en a fait qu’une petite dizaine. On a compris qu’on devait se pocher et rentrer. Il avait pas la forme bonome pendant se séjour…

Continuer la promenade

Les cornéennes du Havre Jouan

Max : « Nous revoici sur l’estran 🙂 »

Vue générale du site

Léo : « Tu vas nous expliquer les cornéennes bonome ? »

Le chevalier : « Je vais essayer… »

Max : « Oulala ! Quel enthousiasme ! Quelle détermination ! »

Yann : « On t’a connu plus convaincu bonome. »

Le chevalier : « C’est que… J’ai peur d’être un peu perdu. »

Max : « Toi ? Perdu ? »

Samuel : « C’est pas tous les jours que ça arrive. Pourquoi tu te sens perdu ? »

Le chevalier : « Les roches affectées par le métamorphisme de contact se ressemblent toutes. Il y a peut-être des lacunes dans la série sédimentaire et je ne connais pas les épaisseurs. De plus les sources documentaires vraiment détaillées sont rares… »

Léo : « Oui… D’accord. Mais tu vas improviser et tu vas bien t’en tirer j’en suis sûr. »

Le chevalier : « Merci Léo. Mais si je disais des erreurs ? »

Max : « On le saura pas. »

Le chevalier : « Et tes lecteurs ? La rigueur scientifique ? »

Max : « Mes lecteurs ? Tu crois que j’en ai encore ? Tu penses qu’ils vont voir si tu dis des erreurs ? »

Samuel : « Et puis tu vas être rigoureux dans tes explications. Si tu te trompes se sera avec rigueur 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Vous ne me laissez pas vraiment le choix. Je vous explique donc les cornéennes du Havre Jouan. »

Max : « Elles sont là ? »

Yann : « Attendez ! Vous parlez de cornéennes tout le temps mais vous voudriez pas me réexpliquer ? »

Le chevalier : « Si. Bien sûr. Au sens strict les cornéennes sont des roches dures, non fissiles, à patine et cassure d’aspect corné, à minéraux engrenés et enchevêtrés avec parfois des porphyroblastes automorphes. Elles sont totalement recristallisées. »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Tu t’entends parler ? »

Le chevalier : « Oui. Je ne suis pas sourd. »

Max : « Et tu comprends ce que tu dis ou tu articules des syllabes au hasard en espérant que ça forme des phrases ? »

Le chevalier : « C’était trop compliqué c’est ça ? »

Max : « Yann est un petitours heureux. Il est pas vraiment naturaliste et il est plutôt néophyte en géologie. Tu crois qu’il a compris ? »

Samuel : « Te vexe pas cousin Yann, mais je suis sûr qu’il a pas compris un mot. Je suis plus néophyte moi et j’ai rien compris du tout. »

Léo : « Moi non plus. »

Le chevalier : « D’accord. Vous savez que la formation des cornéennes est liée à l’intrusion d’un magma. »

Max : « Oui on sait. Tu sais Yann ? »

Yann : « Ça j’ai compris. Je sais aussi que le magma est chaud. »

Le chevalier : « Plutôt oui. Ici sa température est estimée à 600°C. La chaleur qu’il porte va être évacuée par conduction. Ce n’est pas très efficace mais ça va cuire les roches. Elles vont se transformer à l’état solide sans changer de composition chimique globale à part des pertes d’eau et de dioxyde de carbone éventuelles. »

Samuel : « La transformation minéralogique à l’état solide c’est le métamorphisme. »

Léo : « Et comme ici il est dû à la température on parle de métamorphisme thermique, thermométamorphisme ou encore métamorphisme de contact. »

Le chevalier : « C’est ça. »

Yann : « Je vous suis. »

Le chevalier : « Les roches les plus proches sont les plus cuites. Tous leurs minéraux d’origine sont affectés et les roches néoformées sont entièrement recristallisées. »

Yann : « Je suis toujours. »

Le chevalier : « Les minéraux néoformés seront bien collés les uns aux autres voire écrasés car le magma comprime la roche encaissante. Et si le refroidissement est lent de beaux cristaux pourront se former. »

Yann : « C’est limpide. »

Le chevalier : « Au passage les plans de stratification disparaissent et il n’y a pas de foliation ou de schistosité donc la roche apparaît massive. »

Yann : « C’est évident. »

Max : « Comment tu as dit ça tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Au sens strict les cornéennes sont des roches dures, non fissiles, à patine et cassure d’aspect corné, à minéraux engrenés et enchevêtrés avec parfois des porphyroblastes automorphes. Elles sont totalement recristallisées. »

Max : « D’accord. Je comprends toujours pas mais si ça correspond à ce que tu as expliqué à Yann je suis d’accord. »

Léo : « Dis bonome, si la conduction de la chaleur est pas très efficace je suppose que plus on s’éloigne du magma moins la transformation en cornéenne est possible. »

Le chevalier : « Tu supposes bien Léo. »

Samuel : « Donc les cornéennes au sens strict s’observent qu’aux abords du granite. »

Le chevalier : « Absolument. »

Max : « Mais les roches qui ne sont pas trop loin sont cuites quand même. Elles sont pas bien cuites mais elles sont à point, saignantes ou bleues. »

Le chevalier : « 🙂 Oui Max 🙂 Il y a bien un gradient de cuisson, de métamorphisme. En s’éloignant du granite on peut observer la succession de roches théorique suivante : schistes noduleux et micacés, schistes tachetés à cordiérite et andalousite, schistes à texture finement orientée, schistes sériciteux. »

Max : « Oui oui. Toutafé 🙂 »

Samuel : « Pourquoi tu dis théorique ? »

Le chevalier : « Tout dépend des roches encaissantes. »

Léo : « Et c’est quoi ici ? »

Le chevalier : « Bonne question… Pfff… S4b-a et d2b-a »

Max : « Tu me fatigues là. Bonome… »

Samuel : « S4b-a : Schistes et grès de May ; d2b-a : Grès à Orthys monnieri et Schistes et Calcaires de Néhou. Cousin Max si tu dis que je suis autiste je te… Je trouverai bien ! »

Max : « Je dis rien. »

Léo : « Tu as vraiment une mémoire prodigieuse petit Sam. »

Samuel : « Je mémorise bien 🙂 Mais il manque des formations entre les deux. »

Le chevalier : « Oui oui… Elles sont peut-être là… »

Yann : « Je suppose que ces roches différentes réagissent pas pareil et donnent des roches différentes quand elles sont cuites. »

Le chevalier : « Vous supposez bien 🙂 Oui Yann. Je vous ferez un tableau purement théorique. »

Léo : « Si je résume… Il y a des roches qui se ressemblent presque toutes à l’œil nu. Elles sont affectées de façon variable par la température et donne des roches qui elles aussi se ressemblent beaucoup. C’est bien ça ? »

Max : « Je comprends que tu aies peur d’être perdu… On le serait à moins. »

Samuel : « J’ai beaucoup d’estime voire d’admiration pour les géologues qui ont identifiés toutes ces roches sur le terrain. »

Léo : « Moi aussi. »

Yann : « Dites, vous m’en voulez pas si je me contente de la beauté du paysage, de la chaleur du soleil sur ma truffe et la caresse du vent sur mon visage ? »

Max : « Bien sûr que non Yann 🙂 Sois heureux. Nous on géologise 🙂 »

Léo : « On commence ? »

Le chevalier : « On commence. »

Vue générale du site

Max : « C’est tout cassé. Tu vas faire attention ? »

Le chevalier : « Je vais faire attention. »

Cornéenne du Havre Jouan

Le chevalier : « Ah… Ça se sont des cornéennes. Presque des vraies. Elles sont bien sombres… »

Léo : « Tu les connais ? »

Le chevalier : « Je ne connais rien. Je sais pas… »

Léo : « Hypothèse ? »

Le chevalier : « Bien que nous soyons haut sur l’estran je dirais que ce sont les Schistes et Grès de May. Cornéennes à micas et cornéennes à pyroxènes… Remontons encore… »

Cornéenne du Havre Jouan

Léo : « C’est pas un pli ptygmatique ça ? »

Pli ptygmatique dans les cornéennes

Le chevalier : « Ça y ressemble… »

Samuel : « La roche à l’air plus claire. »

Le chevalier : « Schistes et calcaires de Néhou ? »

Max : « Si on laissait tomber les cornéennes et qu’on s’intéressait aux filons ? Tu t’y connais en filons bonome ? »

Le chevalier : « J’espère que c’est plus simple… »

Filon de granite dans les cornéennes

Filon de granite dans les cornéennes
Filon de granite dans les cornéennes

Max : « Alors ? »

Le chevalier : « Là c’est le granite. Le microgranite plutôt. Vous voyez qu’il s’est insinué dans les roches encaissantes en respectant les plans de stratifications. Il y a bien une apophyse oblique qui recoupe les cornéennes mais globalement les filons sont parallèles entre eux. »

Léo : « C’est le même granite que le batholite ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Sauf qu’il a cristallisé plus rapidement d’où sa structure microgrenue. »

Filon de granite dans les cornéennes

Filon de granite dans les cornéennes

Max : « Ce sont de vraies cornéennes ici ? »

Le chevalier : « Vous voyez des traces des plans de stratification. Ce ne sont pas des roches massives. »

Samuel : « C’est peut-être la schistosité. »

Le chevalier : « Pfff… Oui… Je ne pensais pas que je serais perdu comme ça… »

Max : « Ça arrive bonome ! Ça arrive ! »

Samuel : « Nous c’est souvent comme ça 🙂 »

Le chevalier : « Vous avez fait d’immenses progrès. Tout à l’heure vous étiez totalement autonomes lors de la découverte du granite. »

Max : « Ben… On a passé une semaine complète sur le granite de Ploum’. On connaît un peu les granites roses 🙂 »

Samuel : « C’est encore un pli ptygmatique ? »

Pli ptygmatique dans les cornéennes

Le chevalier : « Au sens strict un pli ptygmatique est un pli serré très sinueux, à charnière arrondie, résultant du plissement d’une veine ou d’une couche à fort contraste de viscosité par rapport aux roches environnantes. »

Léo : « C’est pas un pli ptygmatique alors. »

Le chevalier : « Ça me fait plutôt penser au méandre d’un fleuve qui avance doucement sur un terrain quasiment horizontal et qui profite de roches plus tendre pour creuser son lit. »

Yann : « C’est poétique 🙂 »

Samuel : « Tu veux dire que le magma s’est insinué dans des zones de moindres résistances et c’est pour cela qu’il a un trajet sinueux ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. Il est passé par des discontinuités ou des cassures et cela explique sa forme. »

Léo : « Je comprends que tu sois perdu bonome. Regardez là -devant… »

Les cornéennes du Havre Jouan

Léo : « Il y a trois strates différentes et je suis sûr qu’elles ont pas réagi de la même façon à l’élévation de température. »

Samuel : « Bonome, tu sais c’est quelle formation ? »

Le chevalier : « Schistes et Grès de May probablement… Là aussi…»

Max : « Ça te déprime bonome ? »

Le chevalier : « Ça va être comme ça avec toutes les roches sédimentaires que nous allons voir… »

Max : « Ah… Léo, tu as pensé aux antidépresseurs ? »

Léo : « Je crois qu’on a ce qu’il faut en chocolat. »

Max : « Tu prendras l’apéro en rentrant le soir bonome. On t’autorise. C’est à but thérapeutique. »

Le chevalier : « Tu m’incites à boire de l’alcool ? »

Max : « Tu as pas beaucoup besoin d’être incité pendant les vacances 🙂 Tu te trouveras bien une spécialité locale improbable. »

NDA : La spécialité improbable pendant ce séjour a été le cidre de glace. Bonome a adoré. Il en a ramené plusieurs bouteilles mais il y touche pas. Elles décorent la cuisine. 

Samuel : « C’est encore le granite ça ? »

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Le chevalier : « Ah ça non. Enfin… C’est un granite mais ce n’est pas celui de Flamanville. »

Max : « C’est un autre granite ? »

Le chevalier : « Oui, c’est un sill de microgranite. Il est antérieur à celui du batholite. Il s’est mis en place dans les roches sédimentaire. »

Max : « Comment tu sais ça ? »

Le chevalier : « Il est lui aussi affecté par une légère schistosité, comme les cornéennes. »

Léo : « Oui, donc il a subi lui aussi l’intrusion du batholite. »

Le chevalier : « Les cassures parallèles entre elles reprennent les plans de schistosité. Si on regarde bien… »

Yann : « Il y a des fous de Bassan ! »

Léo : « Des fous ?! »

Max : « Alerte fous ! Alerte fous ! »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Je fotoe les fous 🙂 »

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Yann : « C’est vraiment un beau zoiso. »

Léo : « Oui mais il est en danger. »

Max : « Pourquoi tu dis ça ? »

Léo : « A cause de la grippe aviaire. Elle fait d’énormes dégâts chez les zoisos et en particulier chez les fous. Vous savez que la principale colonie de fous se trouve aux Sept Îles. »

Max : « Oui, en face de Ploum’. »

Léo : « L’an dernier il y a environ 90 % d’échec reproductif. Les parents mourraient et donc les petits aussi. »

Samuel : « Il y a une telle densité de population que le virus doit se propager rapidement. »

Léo : « Ben oui. Et puis les cadavres sont pas évacués. Ça fait des réservoirs pour les virus. »

Samuel : « 90 % d’échec. C’est énorme ! »

Léo : « Ça met la population en danger. »

Max : « J’espère qu’il a des populations isolées. »

Léo : « Pas beaucoup. Il faut espèrer que l’île de Batz soit pas touchée. »

Samuel : « Chez nous ce sont surtout les Laridae qui sont touchés. »

Léo : « Pas seulement petit Sam. Les Laridae on le sait parce qu’on voit les cadavres. Ce sont de gros zoisos et les cadavres sont sur les bords des plans d’eau ou flottent sur les étangs. Les passereaux qui meurent on les voit pas mais il y en a beaucoup aussi. »

Max : « Pfff… Déjà que les populations de zoisos diminuent à une vitesse folle à cause de la disparition des insectes. »

Yann : « C’est pas très réjouissant tout ça. »

Samuel : « Il vaut mieux reprendre la géologie. »

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Yann : « Qu’est ce qu’il se passe là ? »

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Filon de microgranite dans les cornéennes sombres

Le chevalier : « Il y a des plans de stratifications entre des formations lithologiques différentes. »

Léo : « Changement de strates ? »

Le chevalier : « Plutôt changement de formation. »

Max : « Et tu les connais ces formations ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Bon tu es perdu et je le comprends mais je veux pas que tu fasses la dépression à cause de ça alors tu fotoes les fous de Bassan avant qu’il y en ait plus et après on va ailleurs. »

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)

Max : « J’espère que les fotos seront belles parce que la scène était chouette 🙂 »

Le chevalier : « On verra Max. »

Léo : « On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Je voulais aller voir les cornéennes en passant par l’anse de Sciotot et pourquoi attendre le coucher de soleil. »

Yann : « C’est où Sciotot ? »

Le chevalier : « Juste là… Mais on irait en chevauchant. »

Max : « Si on y va tu fais pas la dépression parce que tu es perdu ? »

Le chevalier : « Promis Max. »

Léo : « Tu trouveras bien des choses à nous dire. On y va ? »

Le chevalier : « On y va ! »

Cristallisation de quartz ?

Cristallisation de quartz ?

Continuer la promenade

Sur les hauteurs du Havre Jouan

Max : « Tu vas où là bonome ? »

Le chevalier : « Je prends de la hauteur 🙂 »

Max : « Jusqu’à où ? Tu veux visiter les nuages ? »

Le chevalier : « Tu exagères Maxou. Je voudrais vous montrer ce que nous allons inspecter afin que vous ayez une vision d’ensemble. »

Yann : « C’est gentil ça. »

Léo : « Merci bonome. »

Samuel : « On pourrait regarder un peu quand même parce que là tu fais rien qu’à cavaler. »

Le chevalier : « Si vous voulez… »

Les cornéennes vues de haut

Le chevalier : « Pas encore assez haut. La vue n’est pas assez dégagée. »

Max : « Tu peux quand même nous faire visiter. »

Le chevalier : « Si tu veux. La grande plage est la plage de Sciotot. Elle se termine au niveau de la Pointe de Rozel. »

Samuel : « On a y aller ? »

Le chevalier : « A la Pointe de Rozel ? Mmmm… Il me semble bien. »

Yann : « Chouette ! »

Max : « Tu peux tout zoomer pour qu’on voit mieux les roches ? »

Le chevalier : « Si tu veux… Voilà. »

Les cornéennes vues de haut

Léo : « Des roches sédimentaires… Des couleurs différentes… On va tout étudier ? »

Le chevalier : « Le mieux possible. J’ai peur que ce soit lassant. Nous verrons bien. »

Max : « Explique nous un peu ces roches s’il te plaît. »

Le chevalier : « Pas encore. Avançons encore un peu… D’ici c’est plus clair. »

Les cornéennes vues de haut

Max : « Mouai… Peut-être que toi tu vois mieux mais moi non. »

Léo : « C’est pas vraiment plus clair. »

Le chevalier : « J’explique un peu alors. C’est peut-être le moment de sortir la carte géologique de Cherbourg. La voici… »

Carte géologique de Cherbourg (source : Géoportail)

Le chevalier : « Que voyez-vous ? »

Yann : « Des bandes de couleurs. J’aime bien l’harmonie des tons 🙂 »

Léo : « En bas à gauche, en plutôt rouge, c’est le granite de Flamanville. Les autres couleurs ce sont des roches sédimentaires ? »

Le chevalier : « Presque toutes oui. »

Léo : « Il doit y avoir des granites. Vers le nord je crois. Des roches sédimentaires qui forment des bandes comme ça… C’est qui le plus vieux ? Le vert ou le bleu bizarre ? »

Le chevalier : « Le vert. »

Léo : « Je vois. Les couches les plus anciennes sont à l’extérieur. Alors on dirait deux grands synclinaux. »

Yann : « Des synclinaux ? C’est quoi ça ? »

Max : « C’est quand les roches s’inclinent 🙂 Yann, tu sais que les roches sédimentaires se déposent au fond de l’eau en couches horizontales superposées. Les plus récentes sont au-dessus des plus anciennes. »

Yann : « Oui, ça je sais. »

Léo : « Les strates Maxou. Les couches c’est pour les bébés 🙂 »

Max : « Je simplifie pour que Yann comprenne facilement. »

Yann : « Et je t’en remercie Maxou. »

Max : « Imagine des strates superposées. Maintenant tu les plies en U mais pas trop et tu coupes à l’horizontale. Tu visualises ? »

Yann : « Pas sûr. Peut-être. Je sais pas trop. »

Max : « Bonome, un schéma s’il te plaît. »

Le chevalier : « Mais bien sûr. Comme ça, sur le terrain… »

Max : « Ben sois tu gribouilles quelque part. Soit tu te débrouilles 🙂 »

Le chevalier : « Je me débrouille pour gribouiller. »

Max : « Je trouverai un schéma pour mon blog. Montre ton œuvre. C’est pas mal. »

Schéma d’un synclinal

Yann : « J’avais bon 🙂 »

Léo : « Bon, là, il y a deux synclinaux séparés par un anticlinal. »

Samuel : « Un anticlinal c’est quand les roches sont pliés vers le haut. »

Yann : « Merci petit cousin. »

Max : « Bonome, il a bon Léo ? »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Je le savais 🙂 Mais… C’est quoi la tache verte en bas presqu’au milieu à gauche ? »

Le chevalier : « Une boutonnière de briovérien. »

Samuel : « C’est le socle qui affleure. D’accord. Donc on a un socle briovérien et une couverture sédimentaire. »

Max : « Ça me rappelle la Normandie ça avec le synclinal de May. »

Le chevalier : « Bravo mes petits 🙂 »

Max : « C’est un synclinal comme à May-sur-Orne ? Du cambrien au silurien ? »

Le chevalier : « Avec les grès de May 🙂 Voulez-vous la succession des terrains visibles ? »

Max : « Petit Sam, fais des fiches dans ta tête ! Vas-y bonome ! »

Max : « Tu as retenu petit Sam ? »

Samuel : « Oulala pas tout ! »

Le chevalier : « Je vous redonnerai ce tableau. »

Tableau stratigraphique des roches sédimentaires de la région.

Léo : « On connaît déjà les grès armoricains et les grès de May. »

Max : « N’empêche que c’est monotone tout ça. Des schistes et des grès… Ça va pas être facile de les distinguer. Il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas que nous en verrons beaucoup. Si nous en voyons… »

Léo : « On peut revenir à la carte s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Carte géologique de Cherbours (source : Géoportail)

Le chevalier : « Que veux-tu savoir ? »

Léo : « Que tu expliques un peu plus. »

Le chevalier : « Il y a un socle briovérien constitué de roches volcaniques acides ou de brêches volcaniques acides. Sur ce socle se sont déposées des roches sédimentaires au cours des cycles de transgressions et régressions entre le cambrien et le dévonien. L’orogenèse hercynienne a plissé cette couverture. Le synclinal de Jobourg-Siouville est un vrai synclinal. Quoique… Je parlerais plutôt d’une gigantesque terminaison synclinale. Le synclinal sud, dit de Rauville, est en fait allochtone. Il chevauche un peu et il est bordé vers l’ouest de tas d’écailles de synclinal. Au nord il y a eu des tas de granites qui ont eux-aussi plissé et fracturé le synclinal de Jobourg-Siouville. Et puis il y a le granite de Flamanville. Je passe la transgression triasique que nous n’étudierons pas. »

Max : « D’accooord… Pfff… Je dirais bien que c’est pas trop compliqué mais j’ai peur de pas tout retenir. »

Le chevalier : « Je vais essayer de vous faire découvrir tout ça avec quelques petites pépites 🙂 On continue ? »

Yann : « Tu parles de la promenade ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Yann : « Moi je suis d’accord. »

Max : « Tiens, une carrière. »

Une ancienne carrière

Le chevalier : « Terrain privé. Et puis elle n’apporterait pas grand-chose. »

Max : « On y va pas alors. »

Samuel : « Tu penses qu’on reverra le granite ? »

Le chevalier : « Je pense oui. J’espère voir quelques petits affleurements d’ici peu. Pour le moment, on descend. »

Max : « Bonome… C’est la falaise là. Si tu descends là tu vas tomber et tu seras tout cassé genre pizza tout en bas. »

Le chevalier : « Genre pizza ? »

Max : « Ben… Tu vas t’écraser sur les rochers et il restera qu’un amas circulaire de chair. Et tu baigneras dans ton sang tout rouge comme la sauce tomate. Donc oui : genre pizza. »

Samuel : « J’ai pas tellement envie que tu finisses genre pizza bonome. »

Le chevalier : « Moi non plus 🙂 On y va ! »

Max : « Pfff… Il écoute rien. Un jour il va t’arriver des problèmes bonome. »

Le chevalier : « On en reparlera ce jour là. Ben voilà ! Elle est pas belle la vue ? »

Les cornéennes vues de haut

Yann : « Si 🙂 »

Léo : « On est dans l’axe des roches. Tu as pas dit ce que c’est ici. »

Le chevalier : « C’est vrai. De l’ordovicien au dévonien. Schistes et grès de May à Schistes et calcaires de Néhou. »

Max : « Ah oui quand même ! »

Le chevalier : « Je ne sais pas si je vais réussir à distinguer ces formations. »

Samuel : « Bonome, les lignes dans les roches ce sont des plans de stratifications ? »

Le chevalier : « Il va falloir être prudent. Il y a également des diaclases et la schistosité. Avez-vous vu les filons de granites ? »

Max : « Lunettes noires ? Cannes blanches ? Chien ? »

Le chevalier : « Rien de tout ça ! »

Max : « C’est qu’on est pas encore aveugles. On les a vus tes filons ! »

Des filons dans les cornéennes
Des filons dans les cornéennes

Yann : « C’est le granite qui s’est insinué dans les cornéennes ?

Léo : « Granite ou aplite… »

Samuel : « C’est un peu pareil mais pas vraiment au même moment. »

Le bord de mer

Max : « Bon, bonome, on va pas continuer à marcher comme ça pendant des heures. On a bien compris que le granite est intrusif dans des roches sédimentaires détritiques terrigènes et que le contact entre le pluton et les roches encaissantes est parallèle au trait de côte. On peut observer les cornéennes de près si tu veux bien. »

Léo : « C’est pas nous qui marchons Max. »

Samuel : « Vous avez entendu comment il parle ? Il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé. »

Yann : « Et vlan Max ! »

Max : « Je néglige. Vous avez vu les pipit spioncelle ? »

Léo : « Spioncelle ? C’est un farlouse Max ! »

Pipit farlouse (Anthus pratensis, Linnaeus 1758)

Pipit farlouse (Anthus pratensis, Linnaeus 1758)

Max : « Ben oui ! Pourquoi j’ai dit un spioncelle ? Oulala ! Il va falloir que je révise les pipits moi. »

Samuel : « Erreur d’étourderie cousin Max. »

Léo : « Vous vous souvenez de l’époque où on connaissait rien du tout au pipits ? »

Max : « On était des béotiens 🙂 On connaît pas bien encore. Peut-être qu’on rate des pipits des arbres en les identifiants comme des farlouses. »

Léo : « Peut-être… »

Yann : « Il est étrange le granite là ! »

Un étrange granite

Max : « Ça alors ! Le granite rose est blanc et noir. »

Léo : « Comment c’est possible… »

Samuel : « Il y a des enclaves basiques. Le fond noir vient de là. C’est riche en norite. »

Max : « Mais pourquoi les feldspaths sont blancs ici ? Bonome ? »

Le chevalier : « Bonne question 🙂 »

Léo : « C’est idiot de penser que l’oxyde de fer à été lessivé ? »

Le chevalier : « Non, ce n’est pas idiot mais je ne sais pas si c’est possible. »

Yann : « On voit bien qu’il est porphyrique ce granite. »

Max : « Bon, on va pas passer des heures sur cet affleurement. On a des cornéennes à étudier nous et il faut faire attention à la marée ! »

Le chevalier : « On y va Max. On y va. »

Continuer la promenade

Havre Jouan

Havre Jouan

Le chevalier : « Nous voici au Havre Jouan 🙂 »

Max : « C’est le granite de Flamanville ça ? Mouai… »

Léo : « Max ! Le granite de Flamanville ! Un grand classique de la géologie de la France ! Il fallait qu’on voit ça ! »

Max : « Ça a pas l’air terrible… »

Samuel : « Moi j’attends de voir 🙂 »

Yann : « Je trouve ça très beau 🙂 »

Samuel : « C’est toujours très beau avec toi cousin Yann 🙂 »

Léo : « La beauté dans les yeux 🙂 »

Max : « On s’avance ? »

Léo : « Bien sûr qu’on s’avance ! Megapus en avant ! »

Le granite

Le granite de Flamanville

Max : « Vous entendez pas des zoisos ? »

Samuel : « J’en vois même ! »

Max : « Et si on zoisotait avant de géologiser ? »

Léo : « Bonome, la marée le permet ? »

Le chevalier : « Largement. C’est même une bonne idée de s’occuper un peu avant d’attaquer l’inspection du granite et de l’estran. »

Yann : « Ce serait pas un pouillot véloce ? Le zoiso qui agace Max. Tschiff tschaff ! »

Pouillot véloce ; Pylloscopus collybita (Vieillot, 1817)

Max : « Tu vas pas imiter ce zoiso ! Au moins Léo l’imite bien lui ! »

Max : « Non… C’est pas possible… J’en peux plus de lui… »

Yann : « Le pouillot ou Léo ? »

Max : « Ce chant ! Le véloce ou Léo muet ça va 🙂 »

Samuel : « Il y a des bergeronnettes grises. Probablement des Yarrell aussi… Elles bougent trop. J’arrive pas à voir. »

Max : « Des Yarrell ? Tu es sûr ? »

Samuel : « J’ai dit probablement. Ça veut dire que je suis pas sûr. »

Léo : « Moi si ! Il y en a ! »

Max : « Bonome ! Fotoe les bergeronnettes de Yarrell pour tes petizours. »

Le chevalier : « ‘Bonome fais-ci. Bonome fais-ça’… »

Max : « Oui. Et sans ronchonner s’il te plaît 🙂 »

Le chevalier : « Je suis pas un ronchonneur ! »

Max : « Mouai… Tu as réussi ? Oui ? Montre… »

Bergeronnette de Yarrell ; Motacilla alba yarrellii (Gould, 1837)

Bergeronnette de Yarrell ; Motacilla alba yarrellii (Gould, 1837)

Max : « Pas très nettes. Tu peux pas faire mieux ? »

Léo : « Max, tu exagères. »

Yann : « Elles sont bien ces fotos ! »

Samuel : « On reconnaît bien la Yarrell. Bien noire sur le dessus. »

Max : « Et vous pensez à mes lecteurs ? »

Léo : « Il t’en reste ? »

Samuel : « Rho le vlan ! »

Max : « Mmmm… Si je me vexe vous aller dire que je suis susceptible et que j’ai pas fait l’ataraxie dans ma tête. Bien joué Léo ! Bien joué ! Ça c’est un beau vlan 🙂 »

Yann : « C’est qui ce petit zoiso ? »

Troglodyte mignon ; Troglodytes troglodytes (Linnaeus, 1758)

Troglodyte mignon ; Troglodytes troglodytes (Linnaeus, 1758)

Léo : « A l’oreille c’est Troglo ! »

Max : « Un troglodyte mignon ? Ah mais oui ! La première fois que j’en ai vu c’était sur les enrochements de la Plage Sauvage ! Il va à la mer Troglo ! »

Samuel : « Tu peux le tout zoomer bonome ? »

Le chevalier : « Je peux essayer… Zutalor ! Je vais encore me faire gronder… »

Troglodyte mignon ; Troglodytes troglodytes (Linnaeus, 1758)

Troglodyte mignon ; Troglodytes troglodytes (Linnaeus, 1758)

Max : « Pas mal bonome ! Pas mal ! Il tient pas en place Troglo. Tes fotos sont plutôt réussies. Bravo ! »

Le chevalier : « Je me sens mal là. Pas l’habitude de recevoir des compliments de ta part Maxou… »

Max : « Il va falloir t’y habituer bonome 🙂 »

Samuel : « Ça fait bizarre… »

Yann : « Oui… Je suis tout chamboulé… »

Léo : « Max qui devient gentil… On risque de s’ennuyer 🙂 »

Max : « Bonome je te dispense même de fotoer le rougequeue noir qui est là-bas parce que lui non plus tient pas en place. »

Samuel : « On sait qu’il est là. »

Yann : « J’aime bien quand ça vole de partout comme ça. »

Samuel : « C’est vrai qu’il y a beaucoup de passereaux sur ces rochers. »

Léo : « Avec Merle et Rougegorge dans les fourrés de la falaise… »

Max : « Les zoisos du Cotentin vont bien. On peut passer à la géologie. »

Le chevalier : « C’est parti ! »

Le granite de Flamanville
Le granite de Flamanville

Max : « Pourquoi il y a des cassures parallèles comme ça dans le granite ? »

Le chevalier : « Ce sont des joints Max. »

Max : « De joints ? Ah… »

Léo : « Tu nos expliques les joints bonome ? »

Le chevalier : « J’aurais dû m’y attendre 🙂 Il y en a deux grandes familles. Les plans primaires. Ils se sont mis en place lors de la mise en place du magma, lors de son expansion. Ils sont généralement remplis de filon d’aplite et sont perpendiculaires à la bordure du massif. Les plans primaires sont plus tardifs. Ils sont apparus lors de la rétractation du granite au cours de son refroidissement. Ils sont parallèles à la bordure du massif. »

Léo : « Ça fait beaucoup de joints ça. »

Le chevalier : « Et ils débitent le granite en blocs relativement faciles à extraire. »

Samuel : « Merci bonome. »

Léo : « On peut aller cavaler sur l’estran pour voir le granite ? »

Le chevalier : « Vous serez sages ? »

Samuel : « On est toujours sages ! »

Le chevalier : « Faites attention à vous. »

Le granite de Flamanville

Le granite de Flamanville

Max : « C’est tout cassé. Bonome, ça glisse. Évite de tomber. »

Le chevalier : « Merci pour le conseil Max. »

Léo : « Bonome, tu veux bien me fotoer sur le granite. Je donne l’échelle. »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 »

Léo sur le granite

Un long moment plus tard les petizours convergent vers le chevalier…

Max : « On a tout trouvé ! »

Le chevalier : « Vous avez tout trouvé ? »

Max : « Oui. Enfin presque. Il y a pas de schlierens. »

Léo : « On en a pas vraiment vu. »

Le chevalier : « Qu’avez-vous donc trouvé ? »

Samuel : « Bonome, le granite de Flamanville c’est l’un des granites rouges de l’alignement qui va de l’Aber Ildut à Barfleur. C’est comme à Ploum’. Schlieren, enclaves de norites, cristaux à texture rapakivi, filon d’aplite… »

Yann : « On a tout vu ! »

Le chevalier : « On peut partir alors. »

Max : « Tu vas pas bien dans ta tête toi ! On te montre tout ! Allez, viens. »

Léo : « On commence par le granite. Yann, tu veux faire ? »

Yann : « Moi ? Mais je suis pas vraiment naturaliste ! »

Samuel : « Essaye cousin breton. »

Yann : « Vous vous moquerez pas ? »

Max : « Bien sûr que non Yann. »

Yann : « D’accord… »

Le granite

Yann : « Alors… Il y a des tas de cristaux de tailles variables qui se touchent les uns les autres. C’est une structure grenue caractéristique des roches intrusives c’est-à-dire des roches magmatiques qui se sont mises en place en profondeur et dont le magma a eu le temps de cristalliser. Comme minéraux il y a du quartz, des feldspaths alcalins, de la biotite et de la hornblende. C’est une amphibole. Le rose vient de l’oxyde de fer qu’il y a dans les cristaux de feldspaths alcalins. Les alcalins ce sont l’orthose et le microcline mais je me souviens plus des formules chimiques. »

Samuel : « KAlSi3O8 »

Yann : « Merci Samuel. J’avais bon ? »

Léo : « Il me semble bien. »

Max : « Tu as fait des progrès Yann. Bravo ! »

Samuel : « Comme il y a quelques gros orthose ou microcline on peut parler de texture porphyroïde. »

Léo : « Tu pinailles là petit Sam. »

Max : « Il se prend pour bonome 🙂 Tu as quelque chose à ajouter le grand dadais ? »

Le chevalier : « Avez-vous remarqué que les cristaux sont relativement bien alignés ? »

Texture foliacée et filon d’aplite

Max : « Ah oui ! »

Le chevalier : « On parle de texture planaire. Elle est la conséquence de la résistance des roches encaissante lors de l’intrusion du magma. »

Léo : « Merci bonome. »

Max : « On a tout dit sur le granite ? »

Le chevalier : « Le monzogranite. Ce n’est pas vraiment un granite. »

Max : « Ben voilà ! Le granite de Ploumanac’h est pas un granite et le granite de Flamanville non plus ! »

Léo : « On a choisi un endroit où il y a des filons d’aplite. »

Le granite

Filon d’aplite

Yann : « Les filons d’aplite se mettent en place à la toute fin de l’activité magmatique. Le reliquat de magma bouillonne un peu et il s’injecte dans les fissures. »

Léo : « Tu aurais pu dire que l’aplite a à peu près la même composition que le granite mais sa structure est micro-grenue. Le magma a pas beaucoup le temps de cristalliser alors les cristaux sont tout petits. »

Yann : « J’ai oublié. Merci Léo. »

Max : « Viens pas ici bonome… Là ! »

Filons d’aplites et enclave de norite

Léo : « Il y a des filons d’aplite mais c’est pas ce qu’on veut te montrer. »

Samuel : « Le granite est plus sombre et il y a des petites enclaves noires. C’est la conséquence du mélange des magmas : granite et norite. »

Enclave de norite

Max : « Ta foto de l’enclave est trop surexposée bonome. »

Yann : « On voit le mélange mais on a pas trouvé de schlierens. »

Max : « Je rappelle que la formation du magma à l’origine de la norite est la conséquence de la fusion partielle de la partie sommitale du manteau. Il y a eu fusion profonde ! »

Léo : « Là, il y a un beau rocher résultant du mélange de magma et il contient des enclaves. »

D’autres enclaves de norite

Encore une enclave de norite

Max : « Vous vous souvenez où on a vu un cristal à structure rapakivi ? »

Léo : « Oui, là-bas. »

Le chevalier : « Tu me guides Léo. »

Léo : « Oui oui… Là… C’est ça. »

Des tas de choses

Max : « Là on a un peu tout. On voit une zone dans laquelle les magmas se sont mélangés. Elle est traversée par un filon d’aplite. Et il y a un gros feldspath alcalin dans la zone de mélange. Tu zoomes s’il te plaît ? »

Cristal de feldspath alcalin à structure Rapakivi

Max : « Merci bonome. Il est bien rose cet alcalin mais il a une bordure blanche avec quelques points noirs. C’est l’auréole réactionnelle. Le noir ce sont des pyroxènes. »

Léo : « Il y en a pas mal dans la zone de mélange. »

Le chevalier : « Effectivement vous avez tout trouvé. Bravo mes petizours. »

Samuel : « On a fait des progrès en granite 🙂 »

Léo : « En granites rouges surtout. Je pense qu’on pourrait tous les décortiquer. »

Le chevalier : « Je le pense aussi. »

Samuel : « Bonome, ce granite est intrusif. Il y a donc des roches autour. Léo nous a parlé de cornéennes. On peut les voir ? »

Le chevalier : « On peut. »

Max : « Ça c’est toi qui nous montre. »

Le chevalier : « D’accord. C’est parti. »

Max : « Euh… Tu vas où là ? »

Le chevalier : « Voir les cornéennes. »

Max : « Et tu es obligé de grimper sur les rochers glissants pour ça ? »

Vers le contact

Le chevalier : « Un peu obligé Max. Elles se méritent ces cornéennes. »

Max : « Et les multiples fractures aussi… »

Le chevalier : « Voilà. »

Le contact entre le granite et les cornéennes

Léo : « Elles sont à gauche… Je vois… A droite c’est le granite. On est juste sur le contact. »

Samuel : « Il y a des enclaves de cornéennes dans le granite en bas à droite. »

Le chevalier : « Je fotoe 🙂 »

Le contact entre le granite et les cornéennes

Le contact entre le granite et les cornéennes

Yann : « Vous pouvez m’expliquer un peu les cornéennes ? »

Léo : « Juste un peu parce qu’on les a pas encore vraiment vues. Avant le granite il y a avait des roches. Je sais déjà que c’était des roches sédimentaires parce que j’ai lu un peu avant de venir mais je me souviens plus lesquelles. »

Max : « Tu nous dis bonome ? »

Le chevalier : « Quand nous irons les voir vraiment. »

Max : « D’accord. »

Léo : « Je continue. Le magma s’est formé suite à la fusion profonde de la croûte. Il a formé comme une grosse goutte qui est remonté et puis sa densité s’est équilibrée avec celle des roches et il a cessé son chemin. Un magma granitique s’est chaud. 900 à 950°C. Alors les roches en bordure de la bulle du magma ont été cuites. C’est le métamorphisme de contact. »

Samuel : « Il se produit dans la roche encaissante au contact du magma intrusif. »

Léo : « Oui petit Sam. Les minéraux de la roche encaissante sont transformés par la chaleur et on obtient une roche métamorphique appelée cornéenne. »

Yann : « Merci Léo. Alors ‘cornéenne’ c’est pas vraiment une roche. Il y a des tas de roches qui peuvent être des cornéennes. »

Max : « Oui Yann. Et j’aimerais bien connaître celles d’ici. »

Le chevalier : « Nous allons les voir Max. Sois patient. Pour le moment je fais quelques photos… Le contact entre le granite et les cornéennes… »

Le contact entre le granite et les cornéennes

Enclave de cornéennes dans le granite

Le chevalier : « Des enclaves… »

Enclave de cornéennes dans le granite

Enclave de cornéennes dans le granite

Léo : « Là bonome s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Enclave de cornéennes dans le granite

Max : « Il est bien sombre le granite là. »

Le chevalier : « Je me demande s’il ne s’est pas un peu mélangé aux cornéennes… »

Léo : « C’est possible ça ? »

Le chevalier : « Cela dépend des roches. Ici ce sont des schistes et des quartzites alors ça doit être possible. Avez-vous vu tout ce que vous vouliez ? »

Max : « Pas les cornéennes… »

Le chevalier : « Je t’ai demandé d’être patient Max. A part ça ? »

Samuel : « Granite, filons, enclaves, Rapakivi… »

Léo : « Et le contact avec les cornéennes. »

Yann : « En plus on a vu des zoisos. »

Max : « Alors on a tout. On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On prend de la hauteur 🙂 »

Enclaves allongées de norite

Enclaves allongées de norite

Elles contiennent de nombreux alcalins du coup on suppose que ce sont des enclaves de norite. Leur forme pourrait indiquer un léger mouvement qui les aurait étirées. Ce mouvement est dû à la convection dans le réservoir magmatique. Mais il n’était pas très dynamique ce qui fait qu’il n’y a pas de schlieren mais des enclaves allongées.

Continuer la promenade

Le Cotentin

Le chevalier : « Bien couchés ? »

Léo : « Oui bonome ! »

Le chevalier : « C’est bien. Il faut que je vous parle. »

Max : « Aïe ! J’aime pas quand ça commence comme ça… »

Samuel : « On a pas fait de bêtises. »

Le chevalier : « Qui vous parle de bêtise ? Vous savez que les vacances approchent. »

Max : « Ben oui. On le sait. Et si tu étais pas aussi étrange tu dirais que tu es déjà en vacances. On est vendredi soir et tu n’as plus cours. Mais non. Pour bonome les vacances commencent le premier matin où il va pas travailler. Le lundi matin… Avant c’est juste le week-end. »

Léo : « Max, quand comprendras-tu qu’il est comme ça ? »

Max : « Qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre ? Je crois que je m’y ferai jamais. »

Yann : « On va en Bretagne ? »

Samuel : « Tu fais la nostalgie bretonne Yann ? »

Yann : « Le bord de mer me manque un peu… »

Samuel : « Moi aussi cousin Yann. »

Le chevalier : « Alors vous devriez être contents 🙂 »

Max : « On va en Bretagne ?! »

Le chevalier : « Non. »

Max : « En Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Non plus. »

Max : « En Normandie ? »

Le chevalier : « Un peu. »

Max : « Comment ça ‘un peu’ ? On y va ou on y va pas ! On y va pas un peu ! »

Le chevalier : « Disons que nous allons en Normandie mais ce n’est pas tout à fait la Normandie. »

Léo : « Alors je sais 🙂 Je suppose que c’est un peu la Bretagne aussi. »

Le chevalier : « Oui mon Léo 🙂 »

Léo : « Un mélange de Bretagne et de Normandie ça s’appelle la façade ouest du Cotentin. On va là ? »

Le chevalier : « On va là 🙂 »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « Et on part quand ? »

Le chevalier : « Samedi prochain. »

Max : « D’accord. Bien. Merci beaucoup bonome. »

Yann : « Qu’est ce qu’il y a Max ? »

Max : « Une semaine ! Il nous laisse une semaine pour nous préparer ! On fait comment nous ? »

Samuel : « Notre malle est toujours prête. On a juste à prendre nos sacados. Une semaine devrait suffire cousin Max 🙂 »

Max : « Et on se documente comment ? Tu connais le Cotentin toi ? »

Samuel : « Depuis quand c’est nous qui préparons ? »

Yann : « Je suppose que bonome sait déjà où on va aller 🙂 »

Léo : « Côte ouest du Cotentin… Flamanville et son auréole de métamorphisme. C’est incontournable. Connaissant bonome on ira à la Baie d’Écalgrain et l’Anse du Cul Rond. Peut-être même deux fois. Il y a le calcaire dévonien de Baubigny… Après je sais pas trop. »

Max : « Comment tu sais ça toi ? Me dis pas que bonome te l’avait dit et que tu as encore tenu le secret ! »

Léo : « Oulala non ! J’avais pas aimé le secret. Je veux plus de secret. Non non… »

Max : « Ben alors ? »

Léo : « Comment tu dirais ? … Mais qui m’a fichu un cousin pareil ? Tu connais même pas ton bonome ! (J’aurais dû crier pour mieux t’imiter.) »

Yann : « Oui 🙂 Mais sinon c’est tout à fait ça 🙂 »

Max : « D’accord… Tu m’expliques ? »

Léo : « Le rapport de stage de géologie en Normandie de bonome. Tu t’en souviens ? »

Max : « Euh… Oui. On s’en ai servi pour rédiger nos aventures de Normandie. »

Léo : « Ben tu aurais dû tout lire buteo trois fois 🙂 »

Max : « Il y a le Cotentin ? »

Léo : « Un peu. »

Max : « Et pourquoi petit Sam en parle pas lui qui a une mémoire prodigieuse ? »

Samuel : « Parce que je suis un buteo trois fois moi aussi. J’ai même pas tout lu ! »

Yann : « Bonome, tu m’en veux pas si je demande à Léo de nous expliquer le Cotentin plutôt qu’à toi ? »

Le chevalier : « Je ne sers plus à rien moi… Mais vous ferez ça demain. Il est temps de dormir. Ne chahutez pas trop ! »

Max : « Tu nous fais notre bisou ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Les petizours : « Bonnuit bonome ! »

Le lendemain…

Max : « Bon Léo, j’ai tout installé. Tu nous explique rapidement le Cotentin et après bonome nous présente l’itinéraire. »

Le chevalier : « Ah, je sers quand même un peu ? »

Max : « Ben tu sais bien qu’on a besoin de toi pour les chevauchées. On est pas autonomes à ce niveau là nous. »

Le chevalier : « Merci… »

Léo : « Et puis tu peux servir à aller me chercher la carte géologique de Cherbourg s’il te plaît 🙂 »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo se prépare à expliquer le Cotentin.

Léo : « Alors… Le Cotentin… Je cherche une carte… Celle-là ! »

Léo : « Je rappelle rapidement les différents domaines du Massif Armoricain. Au sud de la zone broyée sud armoricaine ou cisaillement sud-armoricain c’est le domaine sud-armoricain. »

Max : « On connaît le Cap Caval ou Pays Bigouden. C’est vers la baie d’Audierne ! »

Samuel : « On a même vu les deux branches principales de la zone broyées sud armoricaine dans la baie des trépassés. »

Yann : « Qu’est ce qu’elle est belle cette baie ! »

Max : « Mais j’ai toujours pas mis ça dans mon blog… »

Léo : « Ensuite c’est le domaine centre-armoricain. »

Max : « On l’a étudié à Kraozon mais vous étiez pas encore là… »

Samuel : « Moi j’ai lu ton blog cousin Max. C’est très beau Kraozon et c’est passionnant ! »

Max : « Si je me souviens bien ce domaine est composé de séries sédimentaires paléozoïques qui reposent sur un socle briovérien et la tectonique a tout chamboulé. »

Léo : « C’est ça. Au nord de ce domaine il y a la zone broyée nord armoricaine puis de l’ouest vers l’est le Pays du Léon et le domaine nord-armoricain. »

Max : « Il faudrait qu’on aille voir Léon quand même ! »

Samuel : « 😀 Le reste du domaine on le connaît déjà. Le Trégor avec Ploumanac’h. »

Max : « Que j’ai pas terminé… »

Samuel : « Là-bas c’est vraiment cadomien. Si je dis pas des erreurs on parle des Unités du Trégor et de Saint-Brieuc. »

Léo : « C’est ça petit Sam. Puis il y a l’Unité de Saint-Malo où on retrouve encore nettement l’influence de l’orogenèse cadomienne. »

Max : « Le Pays de Penthièvre que j’ai pas terminé non plus… »

Yann : « On avait parlé du domaine de monnaie il me semble. »

Léo : « 🙂 Le domaine domnonéen Yann 🙂 Et c’est là qu’on va ! Il reprend les unités dont on vient de parler et leur prolongement vers le nord-est qui est le Cotentin ! »

Samuel : « On retourne en Domnonée ! Chouette alors ! »

Léo : « Je change de carte… »

Carte géologique simplifiée du Massif Armoricain

Léo : « C’est la carte qui montre les granites roses. »

Max : « Comme celui de Ploum’ ! »

Léo : « L’Aber Ildut, la baie de Morlaix, Ploumanac’h, Flamanville et Barfleur. Bonome, tu as prévu d’aller voir celui de Barfleur ? »

Le chevalier : « Tu me parles ? »

Max : « Tu pourrais suivre ce que dis ton petitours bonome ! »

Léo : « Le granite de Barfleur est-il au programme ? »

Le chevalier : « Pfff… Peut-être. Si nous avons le temps… »

Léo : « On se contentera de celui de Flamanville alors 🙂 Je change de carte… »

Carte géologique du Massif Armoricain (Source : BRGM)

Léo : « Comme ça on voit mieux. Le domaine nord-armoricain est en gros coupé en deux. Au sud c’est le domaine mancellien. Comme on le voit sur la carte il est constitué d’un socle ancien peu ou pas métamorphique dans lequel il y a plein d’intrusions granitiques. Les célèbres granites mancelliens. »

Max : « Peu ou pas métamorphiques… Tu es sûr Léo ? C’est pas ce qu’on a vu en Normandie près de l’Orne ? La carrière de je sais plus quoi où on a vu les flics briochoriens avec des slips en titane et fer ? »

Le chevalier : « La carrière de la Roche-Blain, les flyschs briovériens contenant des spilites titanifères. »

Max : « C’est ce que je viens de dire ! Fermeture d’un bassin sédimentaire avec des restes de basaltes océaniques. »

Léo : « C’est ça. Quand on remonte vers le nord il y a la Zone Bocaine avec des synclinaux. Nous on a vu un peu au nord encore le synclinal de May-sur-Orne. On retrouve ce genre de synclinaux dans le Cotentin. C’est un peu pareil. Sauf que le socle est beaucoup plus compliqué et ressemble beaucoup plus à la Bretagne. »

Samuel : « C’est pour ça que tu as dit hier que le mélange de la Bretagne et de la Normandie ça donne la façade ouest du Cotentin ? »

Léo : « Oui petit Sam. Pour faire simple le socle ressemble à ce qu’on a vu en Bretagne et la couverture paléozoïque est celle de la Normandie. »

Max : « Merci beaucoup Léo pour cette introduction presque pas longue du tout. Mes lecteurs ont décroché il y a déjà trois jours. »

Yann : « Tu connais bien Léo ! »

Samuel : « Rholala oui ! Je suis impressionné ! »

Léo : « Merci 🙂 Petit Sam je sais que tu aurais fait mieux que moi. »

Max : « Bonome, as-tu des choses à ajouter ? »

Le chevalier : « Ben non. Mes exposés sont interminables et soporifiques. »

Max : « Il m’énerve en ce moment ce bonome… Il m’énerve ! »

Le chevalier : « Vous devriez faire une carte. Il n’y a pas de bonne carte sur Internet. »

Léo : « Bonne idée ça bonome ! Je vais y réflechir. »

Max : « Bon, tu nous expliques l’itinéraire ? »

Le chevalier : « L’itinéraire ? Aucune idée 🙂 J’ai juste quelques sites en tête. Nous observerons le granite de Flamanville et son auréole de métamorphisme comme tu l’as dit Léo. Pour cela nous irons à Diélette et à Siouville. Il y a effectivement des sédiments paléozoïques qui ressemblent à ceux que nous avons pu observer dans la Vallée de l’Orne. Le Synclinal de Jobourg est homologue à celui de May-Sur-Orne. Nous irons l’observer dans la Baie d’Écalgrain. Il me semble qu’on peut observer son socle. Juste à côté il y a l’Anse de Cul-Rond. Là nous verrons les roches les plus anciennes de France. »

Max : « Ah bah non. On les a déjà vues. Elles sont à Pors Raden près de Trébeurden. »

Le chevalier : « Celles de l’Anse de Cul-Rond ont à peu près le même âge. »

Yann : « 2 041 000 000 d’années. »

Samuel : « Ça fait beaucoup quand même ! Rholala ! »

Max : « Bonome avait déjà 13 milliards d’années 🙂 »

Léo : « Quoi d’autre ? »

Le chevalier : « Le calcaire de Baubigny si je le trouve… Et d’autres séries sédimentaires avec éventuellement leur relation avec le socle. Et puis, au hasard de mes erreurs de chemin, des granites ou je ne sais quoi. »

Max : « Ah. Tu as déjà prévu de te perdre en chemin ? »

Le chevalier : « Si je vous écoute ma capacité à me perdre ou à ne pas aller là où je devais est légendaire… »

Yann : « C’est un peu vrai bonome 🙂 »

Léo : « Mais l’imprévu a toujours son charme 🙂 »

Max : « Bonome, aurais-tu des documents à nous proposer ? Comme on a une semaine… On pourrait étudier un peu ! »

Le chevalier : « Je vous donnerai quelques pistes… »

Continuer la promenade

Le Puy Gros et les vautours fauves

Le matin dans le cabane…

Max : « Bonome, tu es prêt ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Tu te souviens qu’on doit aller voir l’endroit que Yann a trouvé très beau hier ? »

Le chevalier : « Je m’en souviens Max. »

Max : « Tu as trouvé un itinéraire ? »

Le chevalier : « Ne suis-je pas ton bonome ? »

Max : « Ah bah si ! Ça fait dix ans que je te dresse ! Je crois qu’on peut dire que tu es mon bonome maintenant 🙂 Mais ça répond pas à ma question. As-tu trouvé un itinéraire ? »

Le chevalier : « Je ne serais pas ton bonome si je n’avais pas trouvé 🙂 On y va ? »

Max : « On y va ! LES COUSINS !!! LA GROSSE MARMOTTE EST PRÊTE ! ON Y VA !!! »

Après la chevauchée…

Max : « C’est la station de ski ici ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Ils sont bêtes les zoms ! Ça sert à rien les stations de ski. En plus c’est une catastrophe écologique et un crime contre la nature. »

Léo : « Maxou, je propose que tu te lances pas sur le sujet. C’est pas bon pour la tension artérielle de s’énerver. Surtout de bon matin. »

Max : « De bon matin ? A cette heure ci ? Où tu as vu qu’on est de bon matin ? Tu crois que bonome connaît le bon matin ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas très matinal mais quand même ! »

Max : « Pfff !!! Quand même rien du tout ! Tu es une grosse marmotte qui arrive jamais à sortir de son lit ! »

Le chevalier : « Et mes petizours hiberneraient toute l’année si je ne les sortais pas du leur ! »

Yann : « L’ambiance est dynamique ce matin 🙂 Le thème de la journée est le reproche ? »

Léo : « Laisse-les chamailler Yann. Ce sont des foulques 🙂 »

Max : « Je suis pas une foulque ! Je chamaille même pas en plus ! Je fais remarquer à juste titre que bonome est pas du matin ! C’est factuel ! »

Samuel : « Ben moi non plus je suis pas du matin pendant les vacances alors ça m’arrange que bonome traîne au lit. »

Yann : « Bonome, pourquoi tu regardes partout comme ça ? Tu as vu quelque chose ? »

Le chevalier : « Non Yann. C’est que… »

Max : « Non ? Pas déjà ? Tu as pas fait ça ? »

Léo : « Qu’est ce qu’il a pas fait ? »

Max : « Bonome, me dis pas que tu t’es trompé de chemin ? »

Le chevalier : « Je crois bien que si… »

Max : « Tu progresses ! Oulala ! D’habitude il te faut plusieurs heures de marche avant de te perdre ! »

Le chevalier : « Je n’ai pas pris le bon versant… Nous devrions être de l’autre côté de la vallée… »

Samuel : « Et c’est grave ? »

Le chevalier : « Euh… Non 🙂 »

Max : « Tu dis ça pour pas passer pour un grand dadais étourdi dès le départ ! »

Le chevalier : « Je dis ça parce qu’on soit de ce côté ci ou de l’autre, on arrivera là où Yann voulait aller ! »

Yann : « Merci bonome 🙂 »

Samuel : « Elle était au programme cette jolie cascade ? »

Une jolie cascade

Le chevalier : « Non petit Sam. »

Samuel : « Alors tu as eu raison de te tromper de versant 🙂 »

Une jolie cascade

Max : « Mouai… Je sais pas ce que mes lecteurs vont penser de ces fotos. Ce sont pas tes meilleures bonome ! »

Le chevalier : « Il y en a de plus belles, de cascades, un peu partout. Je te propose de prendre tes petites pattes et d’aller les chercher toi-même. Tu nous raconteras ça ce soir. »

Max : « Dites les cousins, vous trouvez pas qu’elle est vraiment chouette cette cascade ? Il doit pas y en avoir de plus belles dans toute l’Auvergne. »

Léo : « Oui Max 🙂 »

Samuel : « Tu as peur d’user tes petites pattes le machin ? »

Max : « JE SUIS PAS UN MACHIN ! Et mes pattes sont pas plus petites que les vôtres ! »

Léo : « Oulala ! Comme c’est bôôô ! »

Rhooo c’est bôôô !

Samuel : « C’est une mosaïque de petits milieux ! On va étudier ? »

Léo : « On pourrait faire la phytosociologie ! On étudie les communautés végétales et leur relation avec le milieu en faisant des listes floristiques les plus exhaustives possibles ! »

Max : « Non, on fait pas ça ! »

Léo : « Et pourquoi s’il vous plaît monsieur Max ? »

Max : « Déjà parce que ça prendrait des semaines et des mois ! En plus on serait obligés de trouver les noms compliqués des associations végétales et ça intéresse personne. Et après on aurait plus d’amis parce que c’est pas possible d’avoir des amis en faisant la phytosociologie. Et vlan ! »

Samuel : « C’est vrai que ça prendrait des mois cousin Léo… »

Yann : « Pourquoi on a pas d’amis quand on fait la phytosociologie ? »

Léo : « C’est Max qui dit ça. Néglige Yann. »

Samuel : « Tu sais bien que cousin Max aime bien polissonner. »

Yann : « Tu m’amuses petit Sam quand tu dis que Max est un polisson 🙂 »

Samuel : « 🙂 »

Léo : « C’est vraiment très beau rholala ! L’autre versant aurait pas été aussi bien 🙂 »

Landine à Éricacées

Le chevalier : « Nous serions sur la crête… Je vais voir… Peut-être pour la descente… »

Max : « Je parie ma part que de chocolat que tu vas encore te tromper pour la descente. Tu vas improviser et il y aura forcément un moment où tu vas te demander où tu es 🙂 »

Léo : « Oui Max. Il est comme ça bonome. Il est distrait et il s’en fiche un peu du chemin. Mais on s’est jamais vraiment perdus et l’imprévu a toujours été très bien. »

Yann : « D’accord avec Léo ! Vous avez-vu ? On dirait qu’il y a du coton dans les végétos ! »

Une linaigrette du genre Eriophorium (Cyperaceae)

Max : « Ça ? C’est une linaigrette. A cette distance là je peux pas dire laquelle. Les linaigrettes sont des plantes qui aiment l’eau en altitude. On les connaît bien. Ce sont un peu nos amies de la montagne. »

Yann : « Vous connaissez quand même bien la nature vous. »

Max : « Pas assez Yann. Pas assez… »

Léo : « Je sais pas si on la connaît. Mais on l’aime 🙂 »

Samuel : « Oenanthe oenanthe ! »

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidae)

Max : « Tu joues aux zoisos ? »

Samuel : « Je sais pas. Mais oui 🙂 Samuel : 1 point ! »

Yann : « C’est quoi jouer aux zoisos ? »

Léo : « Tu connais pas ? C’est Max qui a inventé ce jeu. Le premier qui dit le nom en scientifique d’un zoiso gagne un point. Max perd toujours 🙂 »

Max : « C’est même pas vrai ! »

Samuel : « Ah si 🙂 »

Yann : « Je peux pas jouer moi. Je connais pas assez. »

Léo : « C’est pas grave Yann. »

Max : « Et dire que les zoms viennent ici quand c’est tout couvert de neige… »

Un beau paysage

Yann : « C’est tellement beau… »

Léo : « Bonome, tu connais ce sommet ? »

Le Puy de Paillaret

Le chevalier : « C’est le Puy de Paillaret. »

Yann : « Je comprends pas… On te demande un sommet et tu le connais. Tu connais toujours tout. Tu as une carte dans la tête. Et tu te trompes de chemin à chaque sortie… »

Max : « Bah… C’est bonome ça ! Le plus grand étourdi de la Terre ! Un grand dadais ! Il sait qu’il va devoir aller à droite et il va à gauche. Un jour, il a suivi un papillon ! Le papillon allait là alors il allait là lui aussi ! Alors forcément… Il a bien une carte dans la tête Yann. Tu as raison. Mais si il a envie d’aller là, il y va. Et après il se débrouille. Tant pis si il a fait des kilomètres en plus. »

Léo : « Parfois il ronchonne contre lui-même parce que le détour était trop long 🙂 »

Le chevalier : « Je ne m’habituerai jamais à vous entendre parler de moi comme ça… »

Max : « On a pas raison peut-être ? »

Le chevalier : « Si… Si si… C’est ça qui me perturbe le plus. »

Samuel : « Et si on faisait la pause ? C’est pas l’heure de ton sandouich bonome ? »

Le chevalier : « Mmmm… Pourquoi pas ? J’ai déjà bien marché. L’endroit est joli. Les autres, vous êtes d’accord ? »

Max : « Les autres ? C’est comme ça que tu nous appelles ? »

Le chevalier : « Tu n’aimes pas que je vous appelle les machins alors j’improvise. »

Max : « ON EST PAS DES MACHINS ! »

Le chevalier : « Des petits machins 🙂 »

Léo : « Les autres sont d’accord bonome 🙂 »

Samuel : « Merci les cousins 🙂 »

Max : « Et là-bas, c’est quoi ? »

Le Puy Gros

Le chevalier : « Le Puy Gros. L’objectif du jour. Si vous regardez vers la droite vous verrez la pointe du Puy de Sancy. »

Max : « On voit rien du tout bonome. Tu veux pas centrer ta foto et tout zoomer ensuite ? »

Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »

Le sommet du Puy de Sancy vu de loin.
Le sommet du Puy de Sancy tout zoomé

Max : « Ah oui ! Il est quand même impressionnant ce super-méga-zoom 🙂 »

Yann : « Si les gens qui sont au sommet savaient qu’on les voit d’ici 🙂 »

Le chevalier : « Merci mes petizours 🙂 »

Max : « Pourquoi merci ? »

Léo : « Parce que c’est nous qui lui avons offert cet appareil tête de piaf ! »

Max : « Ah oui 🙂 »

Dans cet article Max relate cet épisode : Noël an V

Max : « Bon sandouich bonome 🙂 »

Le chevalier : « Bon chocolat les machins 🙂 »

Yann : « Bonome, ça te dérange pas de manger des mauvais sandouich assis par terre ? »

Le chevalier : « Non Yann. J’aime bien. »

Max : « Ça m’étonnera toujours ça… »

Léo : « C’est à cause de l’ataraxie. »

Max : « Qu’est ce que tu dis Léo ? »

Yann : « C’est quoi la taraxie cousin Léo ? »

Léo : « L’ataraxie ? C’est pas difficile. Il suffit d’observer bonome et on comprend tout 🙂 »

Max : « Oui ben moi je vois pas du tout de quoi tu parles. »

Samuel : « PhiloLéo est de retour 🙂 »

Yann : « Tu nous expliques Léo ? »

Léo : « Je vais essayer de faire bref. L’ataraxie est un concept clé chez Démocrite, Épicure, les stoïciens, les sceptiques… C’est très simple. Étymologiquement ça veut dire absence de troubles. Il s’agit d’éviter le déplaisir. Voilà. »

Max : « Ah non ! C’est un peu court jeune homme ! On pouvait dire, Ô mon dieu, bien des choses en sommes ! »

Léo : « Pfff ! 😉 »

Yann : « Surtout que tout le monde évite le déplaisir il me semble. »

Max : « Ben oui ! Il faudrait être fou pour se mettre dans une situation déplaisante. Par exemple je vais pas aller toucher le fil électrique qui empêche les vaches de se perdre dans la montagne ! »

Léo : « C’est pas ça Max. Bien sûr que personne a envie de se mettre dans une situation déplaisante. Le principe s’est d’être capable d’affronter les situations déplaisantes grâce à une discipline morale, intellectuelle ou physique exigeante et un mode de vie austère sans non plus se mortifier. Ou bien de savoir les éviter… »

Yann : « Ça a l’air compliqué. »

Samuel : « Tu veux bien expliquer un peu cousin Léo ? »

Léo : « Un exposé interminable et soporifique ? »

Max : « Pourquoi pas. Ça changera de ceux de bonome 🙂 »

Léo : « D’accord. Hésitez pas à m’interrompre. Le concept d’ataraxie apparaît chez Démocrite (-460 -370). Selon lui, elle correspond à la tranquillité, la paix de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie. »

Max : « Comme l’harmonie avec la nature ? »

Léo : « Oui Maxou. Pourquoi pas 🙂 »

Le chevalier : « Et la modération dans les sorties ornithos… »

Max : « On se modère bonome 🙂 Léo, continue s’il te plaît. »

Léo : « Toujours chez Démocrite, le corps et l’âme sont en étroite relation. La paix de l’âme est donc possible que si elle s’accompagne de la paix du corps. Des exercices corporels sont donc nécessaires pour atteindre l’aponie. »

Max : « Atteindre la Laponie ? Pour quoi faire ? »

Léo : « Pas la Laponie ! L’aponie ! C’est l’absence de troubles corporels. »

Yann : « Donc il y a l’ataraxie pour l’âme et l’aponie pour le corps. »

Léo : « Oui Yann. Pour Épicure (-342 ; -270), si on atteint l’ataraxie et l’aponie on est en euthymie. C’est la disposition idéale de l’humeur correspondant à une forme d’équanimité, d’affectivité calme et de constance relative des états d’âmes. »

Samuel : « C’est quoi l’équanimité ? »

Léo : « C’est une sorte de détachement, de sérénité, qui permet d’aborder les événements sans passion. »

Yann : « Je commence à comprendre. »

Léo : « 🙂 Je reviendrai à Épicure plus tard. Chez les Sceptiques je sais pas bien l’ataraxie. Si j’ai bien compris, ils cherchent à se débarrasser de l’assentiment et du jugement des autres en ayant une autonomie de pensée. Ils se débarrassent aussi du bien et du mal et des doctrines. Je dirais bien qu’ils se fondent une éthique mais je connais pas assez. »

Max : « Alors on s’en fiche des Sceptiques. »

Samuel : « Tu as évoqué les Stoïciens tout à l’heure. Ils font l’ataraxie eux-aussi ? »

Léo : « Pour Épictète (50 ; 125 ou 130) l’ataraxie rejoint l’apatheia c’est-à-dire l’absence de passions. Pour lui l’ataraxie est un état de quiétude atteint par la méditation et un travail sur soi, une libération des passions négatives qui engendrent angoisse et colère. C’est une sorte de détachement, de lâcher-prise, qui permet de considérer un événement comme un moment nécessaire par lequel il faut passer. »

Yann : « Je remarque que tous ces philosophes veulent ni s’énerver, ni se mettre en colère. »

Léo : « Ni subir les événements. Ils cherchent la paix intérieure qui permet de tout vivre le plus sereinement possible. »

Max : « Je vois quand même pas en quoi ça évite le déplaisir. »

Léo : « Ben si Max. Je prendrais des exemples plus tard. Pour le moment, je reviens à Épicure. Il distingue les plaisirs naturels, nécessaires, qu’il faut satisfaire des plaisirs non naturels, non nécessaires. Je résiste pas à vous donner un extrait de la lettre à Ménécée : ‘Quand nous disons que le plaisir est notre but, nous n’entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, oui qui sont en désaccord avec elle, ou ceux qui l’interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l’absence de souffrance corporelle et de troubles de l’âme.’ »

Yann : « Aponie et ataraxie ! »

Max : « Et un grand vlan ! à tous les faux épicuriens 🙂 »

Samuel : « Mais comment on fait pour réussir l’absence de souffrance corporelle et de troubles de l’âme. »

Léo : « Pas facile ça… Pour éviter les troubles physiques il faut s’habituer à l’austérité, endurcir son corps en faisant de l’exercice physique… »

Samuel : « Bonome il fait bien l’aponie. Quand il fait froid il dit que c’est vivifiant 🙂 »

Max : « Souvenez vous du premier séjour au Pays de Penthièvre ! -7°C pendant toute la semaine, du vent, les plages gelées, la banquise sur la plage de Bon-Abris. Il souriait et était content ! »

Léo : « Oui 🙂 »

Samuel : « Mais pour l’ataraxie ? »

Léo : « Vous me demandez ça à moi qui suis qu’un petitours… Je sais pas trop. Je pense qu’il faut savoir ce qu’on pense, ce qu’on veut. Il faut être au clair avec soi-même. Comme ça on sait de quoi on est responsable. Il faut bien se connaître. ‘Connais toi toi-même.’ C’est pas Socrate qui a dit ça. C’était écrit sur l’un des frontons de temple de la pythie à Delphes. Socrate s’est juste approprié cette injonction. Se connaître soi-même c’est aussi connaître les autres, l’humain. Il faut oser affronter ses problèmes sans se mentir et accepter les conséquences des solutions qu’on trouve… Je pense que c’est ça : être au clair avec soi-même. Comme ça, on se débarrasse de la recherche de l’assentiment et on peut rejeter ou négliger les jugement. Du coup, les relations aux autres sont sereines, apaisées. Si quelqu’un se fâche contre nous, ou est injuste on peut négliger. On assume ce qu’on fait, ce qu’on est… »

Max : « C’est un peu bonome ça. Il analyse, affronte la réalité, prends ses décisions en se fichant de ce que pense les autres et assume les conséquences de ses actes… »

Le chevalier (dans sa barbe) : « Et il les regrette parfois… »

Max : « Qu’est ce que tu marmonnes ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Rien. »

Max : « Léo raconte tout ça parce que bonome mange un mauvais sandouich assis sur un cailloux… Il satisfait ses besoins naturels en toute simplicité. Le sandouich pour satisfaire sa faim et un cailloux pour être assis. Du café parce qu’il aime ça. Et l’harmonie avec la nature. Regardez le… (Le chevalier s’est éloigné un peu.) »

Samuel : « Cousin Léo, je peux proposer quelque chose ? »

Léo : « Bien sûr petit Sam. »

Samuel : « Si on fait l’ataraxie et l’aponie, on a des tas de plaisirs dans la vie. Comme profiter du paysage. »

Léo : « Oui petit Sam. »

Samuel : « Voir un coucher de soleil. »

Max : « Manger à la cantine 🙂 Les collègues râlent parce que c’est pas bon et lui il est content d’avoir du manger dans son assiette sans rien avoir à faire 🙂 Il trouve ça bon, pas toujours mais souvent, et il dit merci au chef et aux dames qui font sa vaisselle. »

Yann : « Il est toujours content notre bonome. »

Max : « Princesse disait de lui qu’il est autosuffisant. Une façon de dire qu’il a atteint la suffisance de soi. Bonome ! BONOME ! Tu peux revenir s’il te plaît ? »

Le chevalier : « J’arrive… Oui Maxou ? »

Max : « Tu as entendu ce qu’a dit Léo ? »

Le chevalier : « Tu veux savoir si ce que dit Léo est juste ? Je pense, oui. Tu sais que Léo étudie beaucoup. »

Max : « Et après vous discutez tous les deux et on comprend rien du tout. »

Yann : « Moi j’ai bien compris ce qu’a expliqué Léo. Être assis par terre ce n’est pas déplaisant quand on a l’habitude de l’austérité ! Bonome évite le déplaisir et il a du plaisir partout ! »

Léo : « C’est ça Yann 🙂 C’est ça être vraiment épicurien : être capable de se satisfaire des multiples petits plaisirs que la vie offre en abondance quand on est capable d’en profiter. Ce n’est pas du tout la recherche du plaisir mais la satisfaction qu’apportent les petits plaisirs de la vie. Relisez l’extrait de la lettre à Ménécée. »

Yann : « Comme profiter d’un paysage magnifique même si on est assis par terre avec des bestioles et en mangeant un mauvais sandouich. »

Le chevalier (pour lui-même) : « Ils ne sont pas si mauvais que ça mes sandouichs… »

Léo : « Intellectuellement c’est pareil. Il faut régler ses problèmes et être en paix avec soi-même pour pouvoir affronter les difficultés de la vie. »

Max : « Quand on va bien dans sa tête ça aide. C’est vrai. »

Léo : « Ça se travaille aussi ça. »

Samuel : « Cousin Léo, je me trompe si je dis que l’ataraxie mène à la liberté ? »

Léo : « Pas du tout petit Sam. C’est même le meilleur chemin. La discipline physique, corporelle, permet d’être bien partout et donc d’aller partout. La discipline intellectuelle permet de penser librement, de parler librement et d’agir librement. »

Max : « Bonome, il a raison Léo ? »

Le chevalier (un peu renfrogné) : « Non. Il dit n’importe quoi. Ils sont bons mes sandouichs. »

Max : « Il pense qu’à ses sandouichs ! Léo philosophe et lui nous parle de sandouichs ! »

Léo : « Tu les trouves bons bonome. C’est pas pareil 🙂 Tu les trouves bons parce que tu t’en fiches en fait. Tout ce que tu veux c’est être dans la nature, tranquillement, avec tes petizours. Tu t’en fiches s’il faut marcher, si tu as mal aux pieds, aux chevilles et aux genoux et si ton sac pèse lourd sur tes épaules, qu’il fait chaud ou froid ou même qu’il pleut. Tu es capable d’oublier ces déplaisirs parce qu’ils sont insignifiants par rapport aux plaisirs que t’apportent cette promenade dans la nature et la rencontre éphémère avec un traquet motteux ou une linaigrette. »

Yann : « Alors nous aussi on fait l’ataraxie ? »

Léo : « Oui Yann. Bonome nous l’a appris sans qu’on s’en rende compte 🙂 »

Samuel : « Ben moi je suis bien content. Merci de nous avoir expliqué ça cousin Léo. »

Yann : « Comment tu connais ça Léo ? »

Léo : « J’aime bien quand bonome nous parle de la Grèce Antique alors je fais des recherches et on en discute après. »

Max : « Bonome, ça te vient d’où ça ? »

Le chevalier : « Mmmm… Regardez là-haut ! »

Max : « Là-haut ? »

Léo : « Rhooo ! »

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Max : « On l’a jamais vu lui ! »

Yann : « Je peux pas dire 🙂 C’est un rapace ? »

Samuel : « Ah bah oui ! Un gros rapace même ! »

Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! »

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Max : « Montre ! »

Léo : « Rholala ! »

Max : « Léo tu recommences à perdre ta mâchoire. Ça faisait longtemps 🙂 »

Léo : « Ben c’est pas tous les jours qu’on voit des vautours ! »

Yann : « Des ? »

Léo : « Ben oui ! Regarde ! Il y en a un là, un autre là ! »

Samuel : « Et d’autres arrivent ! »

Max : « Tu es sûr que ce sont des vautours Léo ? »

Léo : « Oui 🙂 Mais je sais pas lequel… Fauve ou moine… »

Max : « Bonome ? »

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Le chevalier : « Mmmm… L’avant de la face inférieure de l’aile est plus sombre que l’arrière et il y a des bandes blanches. Vautour fauve. Gyps fulvus, Accipitridae. »

Samuel : « Bonome : 1 point ! »

Léo : « Des vautours fauves ! Rhooo la chaaaance ! »

Max : « Il est bien ton itinéraire bonome 🙂 »

Le chevalier : « Je n’avais pas prévu ça… »

Max : « Mouai… On sait bien que tu parles le zoiso. Je serais pas surpris que tu aies fait exprès d’être allé sur le mauvais versant parce que tu savais qu’ils allaient passer là les vautours. »

Léo : « Tu nous expliques le vautour fauve s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Vous expliquer le vautour fauve ? »

Max : « Oui bonome. Nous expliquer le vautour fauve… »

Le chevalier : « Je n’ose pas faire un exposé après celui de Léo… »

Max : « Tu l’as même pas écouté ! »

Le chevalier : « Mais je connais mon Léo 🙂 »

Léo : « Merci de te moquer gentiment de moi 🙂 »

Le chevalier : « Je ne me moque pas Léo. »

Léo : « Je sais 🙂 »

Max : « Bon… Les vautours fauves ! »

Le chevalier : « Gyps fulvus, Hablizl, 1783, Accipitridae. Également appelé griffon depuis l’Histoire Naturelle des Oiseaux de Georges-Louis Leclerc de Buffon. »

Max : « Le grand Buffon l’a appelé griffon ? Comme les griffons des griffons ? »

Le chevalier : « Oui Max. Les vautours ont un long cou. Lui et la tête paraissent déplumés mais c’est un effet d’optique. En fait le cou et la tête sont couverts d’un fin duvet pour éviter de trop se salir lors des curées. »

Max : « Qu’est ce qu’il vient faire là le curé ? »

Le chevalier : « La curée ! C’est comme ça qu’on appelle la ruée avide des vautours sur une charogne. Parce que les vautours sont des nécrophages exclusifs de type tireur-fouilleur. »

Yann : « C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Les vautours ne se nourrissent que des parties molles des animaux morts. Ils fouillent la cavité abdominale en quête des viscères. De ce fait il n’est pas utile que les pattes soient préhensibles. Elles ne servent pas à attraper les proies qui sont déjà mortes et immobiles. »

Léo : « Ils peuvent pas bouger les doigts alors. »

Le chevalier : « Non Léo. »

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Le chevalier : « Les vautours fauves ont une envergure d’environ 2m60. Ils pèsent 9 kg et peuvent vivre environ 30 ans. »

Yann : « Il y en a beaucoup en France ? »

Le chevalier : « Dans les Pyrénées, le Massif Central et le sud des Alpes. »

Samuel : « Ils vivent en montagnes. Peut-être parce qu’il y a de gros mammifères : chamois, bouquetins, marmottes… »

Léo : « Des vaches ou des chevaux aussi… »

Le chevalier : « Oui… Ils trouvent de quoi manger… Sachez qu’ils sont quand même totalement protégés par toutes les conventions internationales. Il est donc interdit de les toucher, de les ramasser ou de les transporter. 

Max : « Si on trouve un crane de vautour fauve je peux pas le prendre pour ma collection alors. »

Le chevalier : « Ton amas d’objets divers entassés sur les étagères ou en vrac dans des tiroirs ? »

Max : « Oui ben j’ai pas le temps de m’en occuper et tu veux jamais m’aider… »

Yann : « Vous les avez comptés ? »

Léo : « Plusieurs dizaines… »

Samuel : « On devrait aller au Puy Gros. Apparemment ils passent juste au-dessus. »

Max : « Et c’est là que Yann voulait aller. »

Le chevalier : « J’ai compris 🙂 Pochez vous ! »

Après ça, on a cheminé en silence. On profitait de la beauté en souriant. Le Vent nous caressait le visage. On était bien 🙂

Un vautour est passé au dessus de nous et a tournoyé un peu.

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

On a même pas eu peur parce qu’on est pas des charognes 🙂 On pense qu’il venait observer le grand chevalier au Petizours. Un monsieur a vu bonome fotoer le vautour alors il a demandé qui était ce zoiso. Bonome a expliqué gentiment et il a repris la route. On est rapidement arrivés au Puy Gros. C’est qu’il cavale notre Megapus 🙂 Un petit coup d’œil au Puy de Sancy tout proche…

Léo a insisté pour observer encore les Sancyites parce que c’est pas tous les jours qu’on en voit 🙂

Max sur les Sancyites

Léo sur les Sancyites

En avançant sur le Puy Gros on a pas pu s’empêcher de profiter du paysage et d’observer encore le Puy de Sancy et ses étranges gerbes de prismes. On vous a déjà expliqué les gerbes de prismes. C’est du magma basaltique qui s’est infiltré dans les nappes de ponces, qui y a formé un lac et qui a pris ces formes en se solidifiant.

On a vu des papillons aussi 🙂 Dans ces cas là, bonome devient un enfant qui sautille partout pour les suivre et réussir à les fotoer. Cette fois là il a été un peu déçu parce que les papillons ont pris la pause et il a pas eu à les pourchasser.

Machaon (Papilio machao, Paplionidae)

Cuivré mauvin (Lycaena alciphron, Lycaenidae)

Arrivés au Puy Gros on a profité du paysage. C’est vraiment très beau l’Auvergne.

Le Vent a apporté quelques nuages. Je sais pas si je vous l’ai déjà dit mais c’est la sécheresse. Même en Auvergne l’herbe est toute sèche et les étiages sont très bas un peu partout. L’arrivée de nuages était donc une bonne nouvelle mais il a pas plu quand même. Ça nous a juste empêché de bien voir les vautours fauves qui passaient au-dessus de nous. Certains étaient à peine visibles dans les nuages mais on les applaudissaient quand même 🙂

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)

Bonome a pas pu s’empêcher d’essayer de nous faire croire qu’il est intelligent et cultivé en parlant latin d’un coup comme ça : ‘Ubi pecora, ibi vultures’ nous a t-il dit d’un coup. A ce qu’il paraît c’est une vieille maxime latine qui dit que là où il y a du bétail il y a des vautours. C’est un peu logique. Le bétail meurt et ça attire les vautours. De nos jours, dès qu’un zanimo meurt, il est ramassé et envoyé chez l’équarrisseur pour éviter les zoonoses. C’est pas une bonne idée. Il faut laisser des charognes dans la nature pour nourrir les nécrophages. Ils sont importants les nécrophages.

Pour le retour, bonome s’est pas vraiment trompé de chemin mais il a fait la descente en courant. Ça l’amuse. Il s’est juste arrêté pour nous montrer la Crête de Coq et la Dent de la Rancune.

La Crête de Coq et la Dent de la Rancune

La Dent de la Rancune

La Crête de Coq

Voilà pour cette jolie promenade. Je dis promenade et pas inspection parce qu’on a pas vraiment étudié la nature. On était bien tous ensemble, sans trop parler. Le genre de plaisir simple qui aurait plus à Épicure je pense 🙂

Nous espérons que cet article vous à plus.

Continuer la promenade

Les flamants roses

Amis lecteurs bonjour !

Il faut que je vous raconte quelque chose. C’était il y a quelques semaines. Le 11 août pour être précis. Bonome s’ennuyait un peu. Il avait le cafard qu’on sait même pas pourquoi. Alors on l’a motivé pour aller aux zoisos. Ça marche bien la zoisothérapie 🙂 Il a un peu ronchonné mais il a fini par accepter. Pour nous faire plaisir. Il peut pas nous refuser d’aller aux zoisos le grand dadais. Le conseil des petizours a opté pour une sortie classique : Petit Royaume Sauvage et Grand Étang.

En arrivant, le grand dadais, le roi des étourdis s’est rendu compte que sa batterie était pas chargée. Encore ouf que l’autre l’était ! Il s’est quand même copieusement insulté avec des mots pas polis du tout et s’est un peu plus enfoncé dans le cafard. Là, ça devenait compliqué pour nous. En plus, il y avait pas des zoisos. Enfin… Cet été ça a été la sécheresse. La nature est encore en manque d’eau. Le plan d’eau du Petit Royaume Sauvage était plutôt bien réduit. Alors forcément il y avait pas des zoisos. Sauf que… C’est Yann qui l’a vue le premier 🙂 Je le cite : « Dites, c’est qui ce zoiso aux trèèèès longues pattes et au long bec tout fin ? »

Échasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)

Echasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)
Échasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)

Léo s’est mis à crier en chuchotant : « UNE ÉCHASSE ! UNE ÉCHASSE ! » Oui, nous les petizours, on sait crier en chuchotant 🙂 Bon, c’est pas super rare l’échasse blanche en IDF mais ça fait toujours plaisir d’en voir une. Tiens, puisqu’on parle d’échasse blanche… Comme vous le savez, il y a eu la sécheresse cet été. Depuis le printemps même. Ça a posé problème à beaucoup d’espèces mais les échasses en ont bien profité. Elles pondent dans les marais, juste au-dessus du niveau de l’eau. Certaines années c’est l’hécatombe chez les œufs à cause de l’eau qui monte. Ben là, il y a pas eu ce problème. D’autres espèces ont profité de ça aussi. Mais pas les libellules. Des tas de larves sont mortes à cause des assecs et d’autres ont pas trouvé d’eau pour pondre leurs œufs… Là, au moment où j’écris, il pleut. Depuis ce matin… Ça fait du bien à la nature mais il y a du retard. Les étiages sont encore très bas… Je rajoute quelques fotos de l’échasse parce que c’est vraiment un beau zoiso.

Echasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)
Échasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)

Echasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)
Échasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)

Echasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)
Échasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)

Echasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)
Échasse blanche Himantopus himantopus (Linnaeus, 1758)

Comme bonome avait qu’une seule batterie, il a décidé d’aller directement au Grand Étang. On a donc chevauché rapidement. Juste en arrivant on a croisé Nicolas. C’est une petit jeune passionné par la nature. Il cavale partout en quête de zoisos et de bestioles depuis des années déjà. À peine les salutations d’usages il a demandé à bonome : « Tu viens pour les flamants ? » Des flamants ? Comme dans ‘les flamants roses sont de beaux zoisos’ , On savait pas nous !!! Là, bonome a fait semblant de rester calme. Il s’est dirigé d’un pas décidé vers le grand observatoire et dès que plus personne pouvait le voir il s’est mis à trottiner 🙂 Nous, on avait un peu le mal de bonome mais on était pressés aussi ! Imaginez un peu qu’ils se soient envolés pendant le court trajet !!! Mais non ! Ils étaient là ! Juste en face ! Regardez ça.

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Bon d’accord, ils sont loin. Mais ce sont des flamants roses ! En Île de France ! C’est seulement la deuxième observation de cette espèce dans la région. La première c’était en 1999. Autant dire au siècle dernier 🙂 Pendant que bonome essayait de faire de belles fotos (je vous ai montré les plus belles) on se demandait ce qu’ils faisaient là ces flamants roses. Olivier aussi. Olivier c’est un monsieur de la LPO. Même qu’il est en train d’écrire un article sur les zoisos rares du Royaume des Grèbes et qu’il va utiliser la foto de l’eider à duvet de bonome 🙂 La seule obs de ce canard dans notre département 🙂 Je vous mets une foto comme ça en passant.

Eider à duvet ; Somateria mollissima (Linnaeus, 1758)

Revenons à nos flamants. On sait pas ce qu’ils faisaient là. Aucune idée. La carte de répartition de l’espèce dans oiseaux.net nous aide pas du tout.

Carte de répartition des flamants roses (source : www.oiseaux.net)

C’est par pays. En vert c’est là où ils nichent et en bleu là où ils sont rares ou occasionnels. Comme il y en a en Camargue, toute le France est verte mais ça veut pas dire qu’on en trouve en Alsace par exemple. Bon, on voit bien qu’il y en a un peu au nord de l’Europe. Sont-ce des migrateurs qui se sont perdus ? Des sudistes qui remontent tellement il fait chaud ? Le problème est qu’ils se nourrissent de petites crevettes qui aiment les eaux saumâtres des lagunes et ici il y a pas ces crevettes. Il y a bien des écrevisses mais c’est un peu grand. Ils pouvaient pas manger ces pauvres flamants. Bonome papotait, papotait… Puis il a décidé d’aller pétuner. Il peut pas s’en empêcher. Pendant ce temps Olivier a téléphoné à Grégory pour le prévenir de la présence des flamants. Et puis quand on a repris l’observation, plus de flamants ! Ils étaient plus là ! Zutalor ! On a cherché, cherché… C’est Olivier qui les a retrouvés ! Ils étaient là-bas, dans l’eau !

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Un peu loin avec pas beaucoup de lumière mais on les reconnaît bien. Oups ! J’ai pas donné le nom de l’espèce en scientifique ! Quelle tête de linotte je suis ! Phoenicopterus roseus, Pallas 1811, de la famille des Phoenicopteridae. Voilà ! Oubli réparé 🙂

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Apparemment ils ont pattes 🙂 Il est vraiment pas très profond ce Grand Étang. Bon, d’accord, il est plutôt grand le flamant rose. De 1m25 à 1m 50 pour une masse de 3 à 4 kg. Par comparaison, le héron cendré atteint au mieux 1 m pour 2 kg. Il peut vivre jusqu’à 30 ans le flamant. Comme chez toutes les espèces à longue durée de vie, la reproduction commence tardivement. Pas avant 4 ans mais souvent vers 10 ans. Il y a des couples monogames qui se forment après des parades compliquées et très agitées. La femelle pond un seul œuf. Bon, il arrive qu’il y en ait deux mais c’est rare. J’ai oublié de dire que c’est une espèce grégaire. Mais ça se voit bien.

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Comme il se passait rien, bonome a fotoé une bécassine des marais qui se nourrissait au bord de l’eau.

Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)

Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)

Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)

Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)

Nous, on courrait tout autour de l’observatoire pour essayer de voir d’autres espèces. On s’en fiche de se montrer. Olivier nous connaît puisque c’est moi qui suis inscrit sur Faune IDF. Max Petitours! On a rien vu du tout et quand on est revenus aux flamants ils étaient plus là ! Encore partis ! Ils venaient de s’envoler et on a réussi à les retrouver en vol. Ils partent ! Ah bah non ! Ils reviennent !

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Oulala ils font rien qu’à tourner ! Mais qu’est ce qu’ils font ?

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Ils repartent ? Apparemment ils partent vers le nord… Vers le nord ?

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Bon, ben voilà… Si j’en profitais pour vous expliquer leur couleur ? En fait ils se nourrissent de tas de bestioles mais ils affectionnent particulièrement des petits crustacés comme les artémies. Or ces artémies contiennent beaucoup de carotènes. Les carotènes sont des pigments oranges-rouges. Les pélicans les détruisent pas vraiment et ils les rejettent pas non plus. Ils s’en servent pour construire leurs plumes. Du coup, ces plumes sont roses. Parfois c’est tout le flamant qui est rose. Sauf les rémiges primaires. Elles sont noires ces plumes là.

Oulala ! Ils reviennent ! Ils étaient pas vraiment partis ! Oulala ! (Léo en a perdu sa mâchoire.)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Ils tournent encore ! Qu’est ce qu’ils font ?

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

On dirait qu’ils cherchent un bon endroit pour ce poser. Ils vont passer la nuit ici. C’est sûr çà. Ils partiront demain.

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)

Ils se sont effectivement posés. Derrière les arbres tout là-bas. On les voyait plus. C’est à se moment que Grégory est arrivé. On était déçus qu’il ait pas vu les flamants mais pas lui ! Il avait réussi de jolies fotos depuis le chemin en arrivant. C’est pas la meilleure observation mais il les a vu quand même. Il était tard. Bonome s’était changé les idées. Parce que c’est pas tout le monde qui a vu des flamants roses en Île de France. D’après Faune IDF nous sommes 7 et ça fait pas beaucoup :)Même si on avait pas envie, on pouvait rentrer.

Coucher de soleil

Coucher de soleil

Voilà voilà. J’espère que ce petit article en retard vous à plu. A bientôt !

Continuer la promenade