72 – Le Royaume des Bernaches et le Royaume des Pics

Lundi 25 Janvier, An III

Max : « Bonome, je sais qu’il fait pas toujours beau en ce moment et que tu as un tas de copies à corriger qui atteint le plafond mais il faut pas oublier de faire ta mission sinon Princesse va te gronder. »

Léo : « Et puis Max doit me former et il peut pas le faire dans ta cabane. »

Le chevalier : « Auriez-vous envie d’aller vous promener ? »

Max : « Non non ! On veut pas aller en promenade. On veut inspecter et faire ta mission. »

Le chevalier : « Je vois. Ça tombe bien. J’allais justement vous en parler. »

Léo : « De quoi veux-tu nous parler ? »

Le chevalier : « Brindille voudrait nous accompagner dans nos inspections. »

Max : « Brindille ? La brindille qui laisse des commentaires sur mon blog ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Cette brindille. »

Léo : « Et elle veut venir avec nous quand ? »

Le chevalier : « Pourquoi pas aujourd’hui ? Il fait beau et j’avais l’intention de vous emmener aux Royaumes des Bernaches et des Pics. On pourrait l’emmener avec nous. »

Max : « Tu en penses quoi Léo ? »

Léo : « Elle aime les zoisos ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Léo : « Alors si elle aime les zoisos je suis d’accord. »

Max : « Moi aussi. Mais je vais prendre un bain avant qu’elle arrive. Tu peux laver ma chemise et mon pantalon ? »

Le chevalier : « Je vois… Avec moi tu es moche et tu pues et pour brindille tu veux prendre un bain et je dois laver tes vêtements. Tu veux peut être que je les repasse aussi. »

Max : « Ben oui. Et je suis pas moche d’abord. »

Le chevalier : « Mouai… Bon, pas le temps pour le bain. Elle va bientôt arriver. Allez vous préparer. »

Brindille : « Bonjour chevalier. Bonjour les petizours. Je suppose que toi tu es Max. Et toi Léo. »

Max : « Bonjour Brindille. »

Léo : « Bonjour Brindille. Tu aimes les zoisos ? »

Brindille : « Oui, beaucoup. »

Max : « Moi je suis ami avec Martin. Et avec Blongios aussi. Si tu veux on te les présentera. Mais pas tout de suite parce que Blongios est en migration tout là-bas. Il va revenir au printemps. Je suis impatient qu’il revienne parce qu’il me manque. »

Brindille : « Sois patient Max, il va bientôt revenir. »

Max : « Oui mais il me manque quand même. »

Léo : « Bon, on va pas rester ici à papoter toute la journée quand même. Allez chevalier, emmène-nous aux zoisos ! »

Pendant la chevauchée…

Max : « Dis Brindille, tu connais le Royaume des Bernaches ? Et celui des Pics ? »

Brindille : « Oui, c’est ton blog qui me les a fait découvrir. »

Max : « Parce que tu lis mon blog ? »

Le chevalier : « Max, comment laisserait-elle des commentaires si elle ne le lisait pas ? »

Max : « Ah oui, c’est vrai ! »

Léo : « Vous allez arrêter de parler oui ! Chevalier, on est arrivés 🙂 »

Max : « Tu vas voir Brindille. On va commencer par le Marais. Il est très beau le Marais. Et il y a toujours des beaux zoisos. On voit des Scolopacidés des fois. C’est les famille des chevaliers. Mais pas les chevaliers comme bonome, les chevaliers zoisos. Tiens, regarde le Marais. »

72 01 Le marais

Brindille : « C’est magnifique. »

Max : « Et encore c’est que l’hiver. Au printemps ça va redevenir tout vert. Il y aura les nénuphars. Et les phragmites seront plus tout secs comme maintenant. »

Léo : « Mais l’hiver il y a les migrateurs qu’on voit plus au printemps. Et puis l’hiver, il y a moins de végétos alors on voit mieux les zoisos. C’est beau l’hiver. »

Max : « Mais les étangs peuvent être tout gelés. Et Martin peut plus ploufer pour attraper des poissons et il peut mourir. Et moi je veux pas qu’il meure Martin. »

Brindille : « Je te comprends Max. Mais il n’a pas beaucoup gelé cet hiver. »

Léo : « Chevalier, regarde là-bas, au bord de l’eau le long des roseaux. C’est qui ces zoisos ? Je vois pas bien. »

Le chevalier : « Je les fotoe et je te montre. »

72 02 Bécassines des marais 72 03 Bécassines des marais

Léo : « Des bécassines des marais ! Regarde Brindille ! Il y a des bécassines des marais. En scientifique elles s’appellent Gallinago gallinago et ce sont des Scolopacidés. Tu devrais les fotoer. »

Brindille : « Vous connaissez les noms scientifiques des oiseaux ? »

Max : « Ben oui 🙂 On est des naturalistes, nous. Tu as bien vu qu’on a des sacados. Et Léo est un bon ornithologue. Le problème, c’est qu’il imite les zoisos. »

Brindille : « Pourquoi est-ce un problème ? »

Max : « Pourquoi ? Mais parce qu’il sifflote tout le temps ! Et la nuit, quand il rêve de zoisos, il sifflote. Et moi je peux même pas dormir. Tu vois le problème maintenant ? »

Brindille : « Oui, je comprends. »

Léo : « Et là-bas, il y a des oies cendrées (Anser anser, Anséridés). »

72 04 Oies cendrées 72 05 Oies cendrées

Max : « La première fois qu’on les a vues, elles étaient tout près comme ça. On les voyait bien. Là, elles sont loin. C’est dommage. »

Léo : « Chevalier, tu crois qu’elles vont rester ? Normalement ce sont des zoisos migrateurs mais elles sont bien ici. Tu pourrais leur demander de rester en zoiso. »

Brindille : « Parce que votre chevalier parle le zoiso ? »

Max : « Oui oui. Il veut pas le dire, par discrétion ou par modestie. Mais on sait bien qu’il parle le zoiso. »

Léo : « Et des autres langues de zanimos. Il parle couramment l’écureuil et un peu le renard. Tu as fotoé les bécassines ? Montre moi s’il te plaît Brindille… Chevalier, tu as vu ses fotos ? Elles sont belles aussi. »

Max : « Bonome, pourquoi tu réponds pas ? Qu’est ce que tu regardes comme ça ? »

Le chevalier : « Il y a un pic vert là bas. »

Léo : « Picus viridis, Picidés ? »

Max : « Picpic ? »

Le chevalier : « Oui, regardez. »

72 06 Pic vert

Max : « Tu verras Brindille, bonome, il a des superzieux. Des fois il identifie un zoiso en un clin d’œil alors que nous on l’a même pas vu. Tu vois picpic toi ? »

Brindille : « Oui, je l’ai trouvé. »

Max : « Toi aussi tu as des superzieux alors. Moi j’ai demandé des jumelles pour juméler les zoisos qui sont loin et bonome m’en a offertes. Mais je les oublie souvent. C’est parce qu’elles sont trop grandes pour mon sacado. »

Brindille : « Tu devrais demander à ton bonome de les prendre pour toi, Max. »

Max : « Ben oui. Mais j’y pense pas. Alors je peux pas juméler. Tant pis pour moi. »

Léo : « Dites tous les deux, vous préférez pas observer les zoisos ? Regardez, il y a des Corvidés. »

72 08 Corneille noire 72 09 Corneille noire

Max : « ça c’est une corneille noire (Corvus corone, Corvidés). Les zoms disent toujours que c’est des corbeaux. Pour les zoms, tous les zoisos noirs c’est des corbeaux. Mais il y a pas des corbeaux ici. Ou alors très rarement. Les corbeaux, c’est à la campagne, en milieux ouverts : dans les champs, les prairies… Pas dans les Royaumes avec des étangs. »

Brindille : « Tu en connais des choses, Max. »

Max : « C’est bonome qui m’apprend tout ça. Et puis des fois je fais des recherches dans ses livres. Dans sa cabane, il y a des livres partout. Et il lit tout le temps : dans son lit, dans son fauteuil, quand il se caféine, quand il mange… Même aux cabinets. Il est rigolo. Il peut pas aller aux cabinets si il a rien à lire 🙂 »

Le chevalier : « Max, tu n’es peut être pas obligé de raconter ce genre de détails. »

Max : « Tu as bien mis des fotos de moi tout nu dans mon blog ! »

Le chevalier : « Non Max. C’est toi qui graves ton blog. Je t’aide parfois mais je ne t’influence pas et je te laisse y écrire tout ce que tu veux. Et c’est toi qui choisis les photographies. »

Max : « Mais à l’époque mon blog était pas sur Internet et je savais pas que tout le monde allait pouvoir le lire. C’était que pour Princesse. »

Léo : « Brindille, je suis désolé de leur attitude. Parfois ils se comportent comme des foulques et ils se chamaillent. Il faut pas faire attention à eux. Regarde plutôt la pie bavarde. Elle est belle la pie. Les zoms y font pas attention et ils disent que c’est méchant. C’est pas vrai. Des fois, elles chassent les autres zoisos de leur territoire mais c’est normal. Le rougegorge familier aussi chasse les intrus. Et il est très grossier. Le chevalier nous a traduit un jour ce que dit le rougegorge et c’est pas très poli. Mais les zoms trouvent que c’est mignon un rougegorge parce que c’est tout petit. Tu aimes les pies ? »

72 10 Pie bavarde

Brindille : « Elles sont belles. J’aime beaucoup les reflets bleus et verts sur leur plumes. »

Léo : « Oui, la couleur des reflets change quand la pie bouge. C’est pas juste blanc et noir une pie. C’est bleu sombre très beau. Viens Brindille, je vais te montrer les hérons cendrés. »

Max : « Ben, vous partez tous les deux ! Et nous alors ? »

Léo : « Vous, vous faites les foulques. Moi, je vais montrer les hérons à Brindille… Tu connais les hérons Brindille ? »

Brindille : « Oui, tu sais Léo, je connais un peu les oiseaux. »

Léo : « Tu sais distinguer les juvéniles des adultes alors. »

Brindille : « Non. Tu veux bien m’expliquer ? »

Léo : « Il faut regarder la tête. Si la calotte est blanche : c’est un adulte. Si elle est grise : c’est un juvénile dans sa première année. Alors ? Adulte ou juvénile ? » 72 11 Héron cendré

Brindille : « Je ne vois pas bien la calotte. On dirait qu’elle est blanche. C’est un adulte ? »

Max : « Il y a une longue plume noire derrière la tête. C’est forcément un adulte. C’est rare de bien voir la longue plume noire. Vous venez, on va faire le tour de l’étang. »

Léo : « Chevalier, je peux te poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Vous dites toujours qu’on voit des étangs avec Max. Mais quand c’est grand, on doit pas dire un lac ? »

Max : « C’est vrai ça ? Explique-nous bonome. »

Le chevalier : « La différence entre lac et étang ne tient pas à la surface mais à la profondeur. Et plus précisément à la présence d’une thermocline saisonnière. »

Max : « Tu vois Brindille, ça c’est bonome. On lui pose une question simple et, dès sa deuxième phrase, il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui. Et il faut lui crier dessus pour qu’il revienne à des mots simples. Tu veux lui crier dessus ou tu préfères que je le fasse ? »

Brindille : « Tu ne pourrais pas lui demander d’expliquer simplement sans lui crier après ? »

Max : « Si bien sûr. Mais c’est moins drôle. Bon, c’est moi qui fais alors 🙂 NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! THERMOCLINE ? C’EST QUOI CE MOT ? TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ? »

Le chevalier : « Ça faisait longtemps que tu ne m’avais pas crié dessus 🙂 »

Max : « Et ça te manquait je suis sûr 🙂 Bon, tu nous expliques avec des mots simples cette fois. »

Le chevalier : « Tout est histoire de profondeur. Quand la tranche d’eau est de faible épaisseur le soleil peut la réchauffer entièrement. Même si il existe des zones froides, la température est assez homogène. »

Léo : « Homogène ? C’est quoi homogène ? »

Le chevalier : « La température est presque partout la même. Ou à peu près. La température baisse l’hiver, remonte au printemps, est maximale l’été… Dans ce cas, c’est un étang. Vous comprenez ? »

Max : « Ben oui, quand tu utilises des mots simples, tout le monde peut comprendre. »

Léo : « Et un lac alors ? »

Le chevalier : « Quand l’épaisseur d’eau est importante, le soleil ne réchauffe que la partie superficielle. Quand on s’enfonce, la température diminue. C’est la thermocline. A forte profondeur la température peut être à peine de quelques degrés Celsius. Bien sûr, l’hiver, quand il fait froid, la température de l’eau est très faible en surface et il n’y a plus beaucoup de différence entre la température de surface et la température en profondeur. La thermocline disparaît. C’est pour cela qu’on parle de thermocline saisonnière. Il arrive même, en cas de gel, que la température profonde soit supérieure à celle de surface. Il y a alors inversion de la thermocline.  Avez-vous compris ? »

Max : « Ben oui. On est pas bêtes. Quand tu expliques, on comprend. »

Léo : « Merci chevalier. Et ça veut dire qu’il peut y avoir de petits lacs et de grands étangs. Rholala, on apprend plein de choses avec toi. »

Max : « Brindille, tu as vu le grand cormoran ? »

Brindille : « Oui, il est très beau. J’aime beaucoup quand il a les ailes ouvertes comme là. »

72 12 Grand cormoran

Max : « C’est parce qu’il les fait sécher. »

Brindille : « Tu sais pourquoi il doit les faire sécher, lui ? »

Max : « C’est une longue histoire. Quand Dieu a créé les zoisos, il a pas fait attention aux zoisos aquatiques. Il a oublié de leur donner des plumes imperméables. Du coup ils prenaient l’eau et ils se noyaient. Et Dieu vit que cela n’était pas bon. Et Dieu dit : ‘Zutalor, là, je crois que j’ai raté. Il va falloir corriger tout ça sinon ils vont tous se noyer. Nom de Moi, va falloir que je me remette au travail. Allez, au boulot, il faut que je crée les glandes uropygiennes.’ Puis il convoqua tous les zoisos aquatiques pour leur distribuer des glandes uropygiennes. »

Le chevalier : « Tu vois Brindille, ça c’est Maxou. Tu lui poses une question simple et quand il te répond il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui. Tu lui cries dessus ou c’est moi qui fais ? MAX C’EST QUOI UROPYGIENNE ! TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ? TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! »

Brindille : « 😀 »

Léo : « Il t’a bien eu 🙂 »

Max : « Pfff… Tout le monde connaît les glandes uropygiennes. Ce sont des glandes situées à l’arrière du corps et qui contiennent des produits gras. Les zoisos prennent les produits gras avec leur bec et les étalent sur leur plumes comme ça elles deviennent imperméables. Et les zoisos coulent plus. Mais les cormorans étaient en train de chahuter au fond de la classe quand Dieu a annoncé la distribution des glandes. Alors ils ont pas entendu. C’est plus tard, quand ils se sont rendu compte qu’il y avait plus aucun zoiso aquatique autour d’eux qu’ils se sont dit qu’il se passait quelque chose de bizarre. Alors ils ont cherché les autres zoisos aquatiques et c’est comme ça qu’ils ont entendu parler de la distribution des glandes uropygiennes. Ils se sont dit ‘Chouette alors, on va plus couler, ça va être bien. Allons chercher nos glandes.‘ Mais quand ils sont arrivés tout avait été distribué et il restait rien du tout pour eux. Alors Dieu dit : ‘Ben oui, mais fallait pas chahuter au fond de la classe et arriver en retard. J’ai déjà tout distribué moi et on est samedi soir. Je vais pas en refaire juste pour vous. Demain c’est dimanche et je vais à la pêche. Alors faudra vous faire sécher les ailes et puis c’est tout. Bon, je vous laisse, mon Fils est venu me voir et on prend l’apéro.‘ Et les cormorans furent très déçus. Depuis, ils prennent l’eau et, régulièrement ils se font sécher les ailes. C’est embêtant pour eux mais c’est très beau à voir. »

Brindille : « Max, tu es sûr de ce que tu racontes ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Léo : « Il aime bien raconter des histoires. Pendant les dernières vacances, il m’a raconté l’histoire de Samuel de Champlain. C’était rigolo 🙂 Un peu comme l’histoire des cormorans. J’espère qu’il ne croit pas lui même ce qu’il dit. »

Max : « Je suis pas fou dans ma tête. Bonome, tu m’écoutes pas. Qu’est ce que tu fais ? »

Le chevalier : « Je regarde la mouette rieuse sur la branche. »

72 13 Mouette rieuse 72 14 Mouette rieuse
72 15 Mouette rieuse 72 16 Mouette rieuse

Max : « La mouette rieuse c’est Chroicocephalus ridibundus. C’est un Laridé. Léo les a appelées les mouettes qui rigolent il y a longtemps, par erreur. Ça nous a plu alors depuis on les appelle comme ça. »

Brindille : « Les mouettes qui rigolent ? »

Max : « Ben oui. C’est pas plus bête que les mouettes rieuses. »

Léo : « Chevalier, je crois qu’il y a des canards souchets là-bas. On les verrait mieux de l’autre côté de l’étang. On peut y aller s’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Tu viens Brindille. On va te montrer les canards souchets. »

Max : « Anas clypeata, Anatidés. Ils sont rigolos avec leur large bec aplati. Tu vas voir. »

Brindille : « Vous savez les petizours, j’ai déjà vu des canards souchets. »

Max : « Nous aussi, mais on s’en lasse pas. Allez, viens voir. »

72 17 Canard souchet 72 18 Canard souchet
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Léo : « Chevalier, qu’est ce qu’ils font les souchets ? On dirait qu’ils se tournent autour. C’est pas la parade ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas. Je crois qu’ils se nourrissent mais je ne comprends pas l’intérêt de tourner comme cela. »

Max : « Et tu hypothéses pas ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Je n’ai aucune hypothèse. »

Léo : « Tu peux les zoomer avec l’autre appareil s’il te plaît ? »

72 23 Canard souchet 72 24 Canard souchet

Max : « Brindille, tu devrais les fotoer. C’est des beaux canards et ils sont pas là toute l’année. Bientôt, ils vont repartir tout là-bas et on les verra plus avant l’automne. »

Brindille : « Tu ne fotoes plus Max. »

Max : « Ben non. Bonome m’a donné son ancien appareil. Mais il est très lourd et je mets trop longtemps pour l’installer. Et puis il a pas un gros zoom alors on voit pas bien ce que je fotoe. Mais c’est pas grave parce que je préfère observer. C’est bonome qui fotoe. Et il me donne toutes les fotos que je veux. »

Brindille : « Il t’aime beaucoup ton bonome. »

Max : « Ben oui, c’est normal. Je suis un gentillours 🙂 Léo, pourquoi tu t’arrêtes ? »

Léo : « Je regarde le héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés). Il est très beau. Et j’aime beaucoup voir le vent qui ébouriffe ses plumes blanches. »

72 25 Héron cendré 72 26 Héron cendré

Brindille : « J’ai cru comprendre que vous êtes amis avec le vent. »

Max : « Oui 🙂 Il nous raconte de belles histoires. Mais on doit pas les répéter. Tu devrais l’écouter. Il aime beaucoup ça. Et après vous serez amis vous aussi. C’est un bon ami le vent. Après, il nous accompagne partout. Et même que des fois, il chasse les nuages exprès pour qu’on ait pas la pluie. Et un jour il m’a caressé la joue parce que j’étais triste. »

Brindille : « Tu en as de la chance Max. »

Max : « C’est Léo qui dit toujours qu’on a de la chance. Il a raison. Et toi aussi. Bon on reste là à s’attendrir ou on zoisote ? Regardez le cormoran en vol ! »

72 27 Grand cormoran 72 28 Grand cormoran

Léo : « Et il y en a un là-haut qui sèche ses ailes au soleil. Il doit regretter d’avoir chahuté au fond de la classe 🙂 »

72 29 Grand cormoran 72 30 Grand cormoran

Max : « Brindille, on t’a donné le nom du grand cormoran en scientifique ? »

Brindille : « Non, je ne crois pas. »

Max : « Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés. Tu le fotoes ? Tu as raison. Il est très beau sur sa branche avec le fond bleu du ciel. Toi aussi tu vas graver un blog ? »

Brindille : « Je n’ai pas toutes tes connaissances Max, je n’y arriverais pas. »

Max : « Tu pourrais apprendre avec bonome. Il aime bien enseigner et il est pas trop soporifique. Il arrive même à être intéressant de temps en temps 🙂 Bon d’accord, c’est rare, mais ça arrive. »

Léo : « On voit pas grébu aujourd’hui. »

Brindille : « Grébu c’est le grèbe huppé, c’est ça ? »

Max : « Ben oui, c’est grébu quoi ! Podiceps cristatus, Podicipédidés. Il faut pas confondre avec grébou, le grèbe castagneux, Tachybaptus ruficollis. Ils se ressemblent pas vraiment. »

Brindille : « Je connais bien les grébous. Ils sont mignons avec leur petit derrière beige. »

Léo : « Tu aimes bien grébou ? Tu sais que c’est le chouchou zoiso du chevalier ? »

Brindille : « Le chevalier a un chouchou ? »

Max : « Ben oui, moi 🙂 »

Léo : « Pfff, t’es trop bête Maxou. Le chevalier a pas vraiment de chouchou mais il aime beaucoup grébou. Aujourd’hui on voit ni grébu ni grébou 🙁 Il y a juste une mouette qui rigole en train de faire sa toilette. »

Brindille : « Parce que les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

Max : « Oui 🙂 C’est très propre les zanimos. Moi je voulais prendre un bain avant que tu arrives mais bonome a pas voulu 🙁 »

Léo : « Vous pouvez vous installer confortablement. Le chevalier va encore faire des dizaines de fotos de la toilette de la mouette. Il peut pas s’en empêcher. Dis Brindille, tu veux bien me gratter le front ? »

Brindille : « Si tu veux Léo. Viens sur mes genoux si tu veux. »

Max : « Ah ouai ! Carrément ! Ben et moi alors ? »

Brindille : « Tu peux venir aussi Max. J’ai deux genoux et plein de doigts. »

Le chevalier : « Chut !… Jamais ce mot ne se profère ! Ou c’est à lui là-bas que l’on aurait affaire ! Un mot suffit ! Que dis-je, un mot ? Un geste, un seul ! Et retirer ses gants, c’est tirer son linceul ! »

Max : « 😀 »

Brindille : « Qu’est ce qu’il raconte ? »

Max : « C’est un jeu entre nous 🙂 Un jour, plus tard, j’expliquerai. »

Le chevalier : « On peut donc te parler de tes doigts maintenant ?… »

Max : « Bonome, mon bonome, mon bonomou… TU ARRÊTES AVEC LES DOIGTS OU JE TE DÉVORE ! GRRR ! »

Léo : « Je suis désolé Brindille. D’habitude ils sont un peu plus sages que ça. On regarde la mouette ? »

Brindille : « Et je vous gratte le front 🙂 »

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Léo : « Tu sais Brindille, les mouettes qui rigolent ont pas toujours la tête couleur brun-chocolat. C’est seulement en plumage nuptial, quand elles vont draguer pour faire des œufs. L’hiver, normalement elles ont la tête blanche avec juste une tâche derrière l’oreille. Celle-là doit être pressée de faire des œufs. »

Max : « Tu aimes le chocolat Brindille ? »

Brindille : « J’en suis férue 🙂 »

Léo : « Max tu oublies qu’un jour on a été tout malades parce qu’on avait mangé tout le chocolat. »

Max : « Quel rabat-joie ce Léo ! Le chocolat c’est bon quand même. Et si on allait au Royaume des Pics ? Tu veux bien Brindille ? »

Léo : « Oui, on y va et tu viens avec nous. Allez, s’il te plaît. »

Brindille : « Chevalier, es-tu d’accord ? »

Le chevalier : « Je suis là pour vous servir 🙂 »

Max : « Alors on y va ! »

***

Léo : « Chut ! Écoutez ! … On connaît ce chant ! »

Max : « Voilà, ma nuit est fichue 🙁 »

Brindille : « Chut Max ! Tu connais cet oiseau Léo ? »

Léo : « Oui oui, je reconnais ce chant… C’est l’accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés). Chevalier, trouve-le s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je l’ai ! Droit devant, dans l’arbuste. »

Max : « Vu ! »

Brindille : « Vu aussi 🙂 »

Léo : « Qu’est ce qu’il est beau ce zoiso ! »

72 39 Accenteur mouchet

Brindille : « Il ressemble un peu au moineau domestique. »

Léo : « Passer domesticus, Passéridés ? Oui, peut être… Mais on voit jamais des moineaux domestiques. »

Max : « On en a vu en Charentmaritimie. Même que bonome a arrêté sa monture pour laisser un jeune finir son repas sur la route. »

Brindille : « C’est très chevaleresque. »

Max : « C’est un grand chevalier bonome. Pourquoi on voit pas beaucoup des moineaux ? »

Le chevalier : « On en voit Maxou. Il y en a dans notre rue. Nous les voyons quand nous allons à la taverne. Et il y en a près de la schola. Tu les entends tous les matins. Enfin, quand tu viens à la schola. Tu n’es pas très assidu. Je crois qu’ils sont en régression un peu partout en France. Ils sont omnivores mais se nourrissent beaucoup d’insectes et les insectes sont de plus en plus rares. »

Max : « Je viens pas à la schola parce que tu veux pas que je fasse cours à ta place. Alors si je sers à rien je préfère rester dans la cabane. Brindille, tu utilises des insecticides toi ? »

Brindille : « Non Max. »

Max : « Heureusement parce que quand on tue des insectes, on tue les insectivores. Et les zoisos sont souvent insectivores. Et il faut pas tuer les zoisos. »

Brindille : « Je ne les tue pas Max. Je les nourris. J’ai mis des mangeoires pour eux dans mon jardin. »

Léo : « Tu as un jardin ? Rhoooo la chance… Et avec les mangeoires tu dois avoir des zoisos ! Rholala ! Tu as quoi comme zoisos ? »

Brindille : « Des mésanges charbonnières… »

Max : « Nous aussi on en a même si on a pas de jardin. Elles viennent chiper des graines dans la mangeoire et on les observe pendant des heures. »

Léo : « Et tu as quoi d’autres ? »

Brindille : « Des mésanges bleues, des rougegorges familiers, des pies bavardes et un couple de tourterelles turques qui revient chaque année. »

Léo : « Rhoooo la chance… Et ils font des œufs ? Tu vois des petits ? »

Brindille : « 😀 Je ne sais pas s’ils font des œufs… Je n’ai jamais vu de petits. »

Léo : « Si c’est un couple, ils font des œufs. Il faudra que tu observes attentivement et tu verras les petits. Et il faudra les fotoer pour nous montrer. On pourra venir inspecter ton jardin ? »

Le chevalier : « Léo… »

Brindille : « Ce n’est pas grave chevalier. Vous pourrez venir mais il faudra faire attention au chien. »

Max : « Tu as un chien ? On pourra faire du chien ? Bonome tu es d’accord ? »

Le chevalier : « 🙂 C’est surtout le chien qui devra être d’accord ! Arrêtez d’embêter Brindille maintenant. »

Brindille : « Ils ne m’embêtent pas. Ils sont mignons tous les deux 🙂 »

Max : « On est mignons ! »

Léo : « Elle a dit ‘tous les deux‘ pour pas te faire de peine 😉 »

Max : « Pfff… Tout le monde sais que je suis plus mignon que toi. »

Léo : « Avant de partir le chevalier a dit que tu étais moche et que tu puais. »

Max : « Et toi tu as le nez pointu ! »

Le chevalier : « Vous êtes bêtes, moches et vous puez tous les deux. Il suffit ! Allez-vous vous taire ! Si vous continuez je vous ploufe et vous nourrirez les brochets ! »

Max : « Non pas les brochets ! J’ai peur des brochets ! Brindille, le laisse pas faire ! »

Brindille : « Alors arrêtez de vous chamailler 🙂 Vous n’êtes pas des foulques à ce que je sache mais de gentils petizours. Mignons tous les deux. Quand vous ne vous comportez pas comme des enfants gâtés. »

Le chevalier : « Je suis parfois trop permissif avec eux. Il va falloir que je sévisse un peu plus. »

Max : « Non, c’est pas la peine. On va être sages. »

Léo : « Oui, c’est promis. »

Le chevalier : « Léo, je suis très étonné de ta réaction. Je ne m’attendais pas à cela de ta part. »

Léo : « Je suis désolé chevalier. C’est parce que Brindille est très gentille. Bon, on retourne aux zoisos ? »

Le chevalier : « Oui, allons-y. Faites un peu de silence. »

Léo : « Vous entendez ? Je connais pas ce chant… »

Le chevalier : « Moi si. Ce sont des mésanges à longue queue. Elles sont au dessus de nous. »

72 40 Orites longicaude 72 41 Orites longicaude
72 42 Orites longicaude 72 43 Orites longicaude

Brindille : « Elles sont mignonnes. On dirait des petites boules de poils. »

Max : « Brindille, tu dis des erreurs. Les zoisos ça a pas des poils mais des plumes. »

Brindille : « Je le sais bien Max. Mais on dirait des petites boules de poils quand même. »

Max : « Bonome dit qu’elles ressemblent à des petits ours 🙂 »

Léo : « Elles sont embêtantes ces mésanges. Certains les appellent mésanges à longue queue d’autres disent orites longicaude. Et elles sont parfois classées dans les Paridés et d’autres fois dans les Aegithalidés. »

Brindille : « Je regarderai dans mon livre. »

Léo : « Tu as un beau livre de zoisos toi aussi ! Rhoooo la chance ! Max aussi en a un. »

Max : « Il est à nous deux tu sais Léo. »

Brindille : « Demande au chevalier de t’en offrir un 🙂 »

Léo : « Un livre rien qu’à moi ? Je pourrais avoir un livre à moi ? C’est vrai chevalier ? Tu veux bien ? »

Le chevalier : « Apparemment ça te ferait plaisir. Je vais voir ce que je peux faire. »

Max : « En bonomien, ça veut dire ‘oui mais je ne sais pas quand‘. Tu l’auras ton beau livre de zoisos 🙂 Bonome, on peut aller s’asseoir sur le talus au bord du ru. Martin y vient parfois. On le verra peut être. »

Le chevalier : « Si vous ne vous chamaillez pas pour savoir lequel ira sur les genoux de Brindille 🙂 »

Max : « On va pas se chamailler. Brindille a deux genoux 🙂 »

Léo : « Roooonnnn rrrooooonnnn… »

Max : « Roooonnnn rrrooooonnnn… »

Le chevalier : « Ne bougez pas mais ouvrez grands vos yeux. Regardez, il y a un renard ! »

72 45 Renard roux 72 46 Renard roux
72 47 Renard roux 72 48 Renard roux

Léo : « Rhoooo la chance ! Qu’est ce qu’il est beau ! »

Max : « Bonome, tu nous expliques le renard. »

Brindille : « ‘Tu nous expliques le renard.’ C’est original comme formulation 🙂 »

Max : « Peut être mais ça marche. Il m’a déjà expliqué la vache, le cheval et des tas d’autres zanimos. »

Léo : « Le ragondin aussi. Il nous a fait un cours de crâne de ragondin. C’était bien 🙂 »

Max : « Allez bonome. Explique nous le renard. »

Le chevalier : « Le renard roux est un mammifère de la famille des Canidés, comme le chien. Son nom, en scientifique est Vulpes vulpes ce qui signifie renard renard en latin. »

Max : « Il peut pas s’en empêcher. Il faut toujours qu’il nous parle de langues anciennes que personne connaît : le latin ancien, le grékancien… Il croit que je grave un blog de linguistique. Pfff… »

Le chevalier : « Max est un petitours de la famille des Petitursidés de l’ordre des Peluchiformes. La particularité du Max est de ronchonner tout le temps. Parfois même il crie sur son bonome 🙂 »

Max : « J’ai pas demandé de te moquer de moi mais de nous expliquer le renard. ALORS TU NOUS EXPLIQUES LE RENARD ET PUIS C’EST TOUT ! »

Le chevalier : « Je vous ai déjà tout expliqué. C’est un mammifère relativement petit. Il ne pèse que 5 à 6 kg. Par comparaison, un lièvre pèse 3 kg. En cas de rencontre, le renard évite souvent soigneusement le lièvre. Même les lapins peuvent mettre un renard en déroute. Le renard est omnivore : ils se nourrit surtout de fruits, parfois d’oiseaux et de petits mammifères comme les rongeurs. Lui aussi mulotte. Il saute et plonge sur sa proie. Il peut déceler une proie sous la neige et quand il plonge dessus il peut s’enfoncer de plusieurs dizaines de centimètres. Le renard est actif surtout au lever et au coucher du soleil mais quand il a des petits il est beaucoup plus actif et peut être plus facilement observé. Mais c’est normal, il a jusqu’à 6 petits à nourrir et cela demande beaucoup de proies et donc d’activité. Les renards s’approchent assez facilement des hommes. On les observe même en ville. J’en ai croisé un, nuitamment, qui se promenait calmement sur un trottoir. Il y en a même dans la capitale. Ils viennent en ville pour se nourrir des déchets alimentaires des hommes. »

Max : « Ben voilà, encore les zoms. Ils mettent tout leur manger à la poubelle et après les zanimos font les poubelles ou deviennent des mendiants. Ils sont terribles ces zoms. »

Le chevalier : « Je suis assez d’accord avec toi Max. Ils sont terribles ces zoms… »

Max : « Bon, tu continues le renard s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je n’ai plus rien à dire. A part que c’est une bonne nouvelle d’en voir ici. »

Léo : « Il y en a deux. »

Max : « Oussa ? »

Léo : « Là ! Zutalor ils s’en vont ! Tu les as vus Brindille ? »

Brindille : « Je n’en ai vu qu’un. »

Max : « Moi aussi. Tu dis des erreurs Léo. »

Le chevalier : « Non Maxou. Moi aussi j’ai vu le second. Malheureusement au moment où il se sauvait… »

Max : « Tu as fotoé bonome ? Et toi Brindille ? »

Le chevalier : « Oui, mais il est caché par les végétaux. »

Brindille : « Pareil 🙂 »

Max : « Mais Princesse va voir quand même ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, ne t’inquiète pas. »

Brindille : « Princesse sait que tu fais bien ta mission Max. »

Max : « Mes missions ! Je dois inspecter les Royaumes pour vérifier que tout se passe bien au Pays des Zoisos et je dois former Léo. C’est beaucoup de travail. »

Brindille : « Et tu dois graver ton blog. »

Max : « Ben oui, oulala, et je suis en retard dans mon blog… J’arriverai jamais à être à jour. »

Brindille : « Dites les petizours, il va falloir que je rentre moi. »

Max : « QUOI ??? DÉJÀ !!! Non non, tu restes là et on continue à zoisoter. »

Le chevalier : « Max, si Brindille doit partir, tu la laisses partir. »

Max : « Pfff… Tu veux pas la kidnapper ? Au château ils pensent que c’est ce que tu as fait avec moi. Et puis ils pensent que tu es méchant et cruel. Ça change rien pour toi si tu la kidnappes. »

Le chevalier : « Ben voyons… »

Léo : « On te raccompagne Brindille. Mais on s’arrête si on voit de belles choses. »

Brindille : « D’accord petit Léo. »

***

Léo : « Regardez la mouette qui rigole ! Elle marche sur place ! Vous savez ce qu’elle fait ? »

72 49 Mouette rieuse 72 50 Mouette rieuse
72 51 Mouette rieuse 72 52 Mouette rieuse

Max : « On a déjà vu ça à la mer. Bonome a expliqué que ça faisait sortir du sable des petits zanimos fouisseurs comme des vers ou des mollusques. Mais là, il y a pas des zanimos fouisseurs. »

Le chevalier : « Si Maxou. Il y a des lombrics (Lombriscus edulis, Lombricidés) et des larves… La terre est humide. C’est peut être pour cela qu’elle marche sur place. Ou alors elle fait de la gymnastique 🙂 »

***

Max : « On est de retour au Marais. Il faut s’arrêter pour observer. »

Brindille : « Si tu veux Max. Mais pas trop longtemps. Il faut vraiment que je rentre. »

Max : « Pfff… »

Léo : « Brindille ! Regarde les foulques qui se courent après ! »

72 53 Foulques macroules 72 54 Foulques macroules
72 55 Foulques macroules 72 56 Foulques macroules
72 57 Foulques macroules 72 58 Foulques macroules

Max : « Elles sont vraiment terribles les foulques ! Elles arrêtent pas de se chamailler, se courir après ou faire la bagarre. On a déjà fait des tas de rapports à Princesse mais rien ne change. Je sais plus quoi faire moi. »

Brindille : « Ne faites rien ! Elles sont comme ça. Vous ne m’avez pas donné le nom scientifique des foulques. »

Léo : « Fulica atra, Rallidés. Comme Rallidés il y a aussi la poule-d’eau. Mais il faudrait dire Gallinule poule-d’eau (Gallinula chloropus). Chloropus c’est à cause de ses pattes verdâtres. C’est du grékancien. Ça veut dire pieds verts. »

Max : « Parce que toi aussi tu parles le grékancien ? »

Léo : « Non, mais j’écoute ce que dit le chevalier moi 🙂 Et c’est intéressant l’étymologie. Comme ça on comprend bien et on retient mieux. »

Max : « Moi je me souviens bien quand même. Et je me souviens que les petites foulques sont les bébés les plus moches du monde. Tu en as déjà vu Brindille ? »

Brindille : « Oui 🙂 Elles ont le crâne rouge, sans plumes. Autour du cou elles ont des plumes jaunes. Leurs ailes ne sont pas encore développées et portent, elles aussi, de petites plumes jaunes. Elles sont très moches, je te l’accorde. »

Max : « On dirait des dinosaures 🙂 Tu verras Léo. Même toi tu vas les trouver moches. »

Le chevalier : « Bon, mes petizours il est temps de dire au revoir à Brindille. »

Léo : « Zutalor ! Au revoir Brindille. On viendra inspecter ton jardin un jour. »

Max : « Tu vas revenir avec nous ? »

Brindille : « Oui, je vais essayer. Vous êtes de bons petits naturalistes et c’est très agréable d’inspecter avec vous. »

Max : « Tu nous grattes le front pour dire au revoir ? »

Brindille : « Bien sûr 🙂 »

Les petizours : « Merci Brindille. Au revoir. »

Brindille : « Au revoir Max. Au revoir Léo. Au revoir chevalier. Merci pour tout. Et prends soin de tes petizours. »

Léo : « Elle est gentille Brindille. »

Max : « Oui. Mais, bonome, tu as prévenu Princesse qu’on aurait une invitée ? »

Le chevalier : « Non, je n’ai pas trouvé cela utile. Cela nous gène en rien pour faire notre mission. »

Max : « Oui oui, mais quand même, il aurait fallu prévenir Princesse. Peut être qu’elle est pas d’accord. Ou alors il faut faire des papiers pour l’assurance et tout ça. Oulala, peut être qu’on va se faire gronder par Princesse. »

Le chevalier : « Et que veux-tu qu’elle fasse Max ? Qu’elle me bannisse ? »

Léo : « Max, arrête de parler de Princesse. Tu vois bien que tu embêtes le chevalier. »

Max : « Et si Princesse se fâche ? Il est banni du château mais imagine qu’elle le bannisse du Pays des Zoisos. Qu’elle lui retire sa mission ? »

Le chevalier : « Et bien nous irons simplement nous promener et profiter des belles choses. Et puis, as-tu déjà vu Princesse au Pays des Zoisos ? Comment saurait-elle que nous y sommes encore ? »

Max : « Et les espions ? Tu as pensé aux espions ? Et elle pourrait envoyer des chevaliers à ta poursuite. »

Le chevalier : « Oui Max. Des tas de chevaliers qui nous attraperaient et nous falaizeraient. Ça suffit maintenant. Je ne vois pas pourquoi Princesse serait fâchée que Brindille soit venue avec nous. »

Léo : « Il a raison Max. Arrête avec Princesse. Et si on allait inspecter un autre Royaume. Il est tôt et il fait beau. »

Le chevalier : « Et mes copies ? »

Max : « Si tu veux je les brûle en rentrant. On dira qu’il y a eu le feu à la cabane. Et puis, si tu les corriges tu vas encore t’arracher les cheveux et il t’en reste déjà plus beaucoup 🙂 »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « On va au Royaume des Grèbes ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « Une inspection rapide alors. »

Max : « Oui oui. Allez, on y va. »

Continuer la promenade

71 – Le Royaume des Grèbes

Dimanche 17 Janvier, An III

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Bonjour mon Léo. Déjà réveillé ? »

Léo : « Depuis longtemps. J’attendais que tu te réveilles. »

Le chevalier : « Et tu t’impatientais alors tu m’as réveillé 🙂 »

Léo : « Oui 🙂 Tu es fâché ? »

Le chevalier : « Non Léo, ne t’inquiète pas. »

Léo : « Tu as vu, il pleut pas aujourd’hui. »

Le chevalier : « C’est vrai. »

Léo : « Et tu as beaucoup travaillé hier. Tu as encore du travail aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Pourquoi ? Tu veux m’aider ? »

Léo : « A corriger des copies ? Tu crois que je pourrais ? »

Max : « Il va pas vouloir ! Il dit que nous écrivons trop lentement et que les parents des élèves seraient pas d’accord. »

Le chevalier : « Bonjour petitours. »

Max : « Gentillours ! Pas petitours mais gentillours. C’est monsieur de La Fontaine qui l’a dit. »

Léo : « Tu vois, je t’avais prévenu chevalier ! »

Max : « Bon, on va aux zoisos ? »

Le chevalier : « Vous voulez aller vous promener ? »

Max : « Bonome, ne sois pas si naïf ! Pourquoi penses-tu que Léo te fait remarquer qu’il ne pleut pas et que tu n’a plus de travail ? Il allait te dire : ‘Tiens, puisqu’il ne pleut pas et que tu n’as rien à faire, si on allait aux zoisos. Pour pas que tu t’ennuies…‘ Je sais bien, je t’ai déjà fait ce coup là 🙂 »

Le chevalier : « C’est vrai Léo ? »

Léo : « Oui 🙂 Ça fait longtemps qu’on y est pas allés… »

Max : « Aucune inspection depuis notre retour de la mer. Ça va pas du tout ça. Il faut y aller. Prépare-toi et emmène nous. »

Le chevalier : « Où désirez-vous aller ? »

Léo : « Au Royaume des Grèbes ! »

Le chevalier : « Es-tu d’accord Max ? »

Max : « Gentillours Max s’il te plaît. »

Le chevalier : « Êtes-vous d’accord gentillours Max ? »

Max : « Oui mon bonome. »

Max : « Bonome, tu crois que tous les chemins seront ouverts ? »

Le chevalier : « Il a beaucoup plu ces derniers jours. Ils doivent être très boueux. Je pense qu’ils seront fermés. »

Max : « On verra pas Martin alors 🙁 Je vais écrire à Princesse pour qu’elle dise aux gardes de ce Royaume de mieux entretenir les chemins. Ça va pas du tout ça. On peut pas inspecter sérieusement et Martin va croire qu’on va plus le voir. »

Léo : « C’est ton ami Martin. Tu lui expliqueras que c’est pas de ta faute la prochaine fois que vous vous verrez et il t’en voudra pas. Et puis peut être qu’il viendra nous voir quand même. Chevalier, toi qui parles le zoiso, tu pourrais dire aux zoisos de prévenir Martin qu’on est là ? »

Le chevalier : « Alors toi aussi tu penses que je parle le zoiso 🙂 »

Léo : « Ben oui. On le sait bien. Tu parles le zoiso. C’est pour ça que c’est toi que Princesse a choisi pour inspecter les Royaumes. Et tu parles le zanimo aussi : l’écureuil, le renard et des tas d’autres langages de zanimos. Avec Max, on se demande pourquoi tu veux pas nous l’avouer. On le dirait à personne, tu sais. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Bon, on arrive au premier observatoire. Taisez-vous un peu. »

71 01 Le gel 71 02 Le gel

Léo : « Rholala ! Les mouettes marchent sur l’eau ! »

Max : « Mais non triple buse ! C’est parce que l’eau est tout gelée ! Elles marchent sur la glace, pas sur l’eau. »

Le chevalier : « Max, je n’aime pas que tu dises triple buse à Léo. Ce n’est pas digne d’un gentillours. »

Max : « D’accord bonome. Je le ferai plus. Dis, si c’est gelé c’est qu’il fait froid et que c’est l’hiver. Ça y est, l’hiver est arrivé ? »

Le chevalier : « Apparemment. J’aime beaucoup l’hiver. L’an dernier, l’étang était presque entièrement gelé. Il ne restait qu’une étroite bande d’eau libre de glace. Les oiseaux s’y concentraient. »

Max : « Ça devait être très beau. Mais il fait très froid. J’ai eu raison de mettre mon pantalon. »

Léo : « Chevalier, quand l’étang est tout gelé, comment il fait Martin pour pêcher des poissons ? Il plonge à travers la glace ? »

Le chevalier : « Oh non ! Il se blesserait. Non, quand l’étang est gelé, Martin ne peut pas se nourrir. »

Max : « Quoi ??? Mais il peut mourir alors ! Bonome, dis à l’hiver de repartir ! Ou de pas geler l’étang ! Je veux pas que Martin meurt ! Çavapalatête ! Et si il gèle plusieurs jours, on apportera des poissons à Martin. »

Le chevalier : « D’accord, je parlerai à l’hiver. Et on apportera des poissons. »

Max : « Promis ? »

Le chevalier : « Promis Maxou. On ne laissera pas Martin mourir de faim. »

Léo : « Pourquoi il migre pas Martin ? »

Le chevalier : « Certains le font Léo. Mais pas tous. Ils préfèrent garder leur territoire tout l’hiver. »

Léo : « Ils sont bizarres : il risque de mourir pour un territoire. Bon, on voit pas de zoisos. On avance ? »

Max : « Oui, on va voir aux autres observatoires. Allez, on y va. »

Léo : « Oh ! Qu’est ce qu’elle fait la corneille (Corvus corone, Corvidés) ? »

71 03 Corneille noire 71 04 Corneille noire
71 05 Corneille noire 71 06 Corneille noire

Le chevalier : « Elle boit, mon Léo. Elle profite de la flaque. »

Max : « Mais elle est sale, l’eau ! »

Le chevalier : « Un peu boueuse, mais pas sale. »

Max : « Et si on installait des robinets ? Ou des fontaines ? Comme ça les zoisos auraient de l’eau propre. »

Le chevalier : « Maxou, ton intention est bonne mais tu oublies que ce sont des animaux sauvages et que nous devons les laisser se débrouiller. »

Max : « Mais tu veux bien apporter des poissons pour Martin. »

Le chevalier : « Parce que Martin est ton ami, petitours. »

Max : « Alors tous les zanimos sont mes amis. »

Le chevalier : « Tu sais bien que non. L’amitié est quelque chose de rare et précieux. Tu ne peux pas être ami avec tout le monde. Tu as déjà beaucoup d’amis tu sais : Martin, blongios, le vent, la clématite… »

Léo : « C’est qui la clématite ? »

Max : « La clématite ? C’est Clematis vitalba, Renonculacées. C’est mon amie végéto. Je te la présenterai au printemps. C’est avec elle que bonome m’a initié à la botanique avec Gaston. »

Le chevalier : « Avec la petite flore de Gaston Bonnier, pas avec Gaston lui même. »

Max : « Oui, ben c’est quand même grâce à Gaston que je connais la botanique. »

Léo : « Et grâce au chevalier aussi. On regarde les zoisos ou vous restez là à papoter ? »

Max : « Regardez ! Il y a un canard chipeau. Fotoe-le bonome. On en a jamais vu d’aussi près. Oh zut ! Il s’envole ! »

71 07 Canard chipeau 71 08 Canard chipeau

Léo : « Tu as réussi à le fotoer ? Montre-nous s’il te plaît. »

Max : « Tu as fait des fotos en rafale ? Tu as vu : ses ailes sont dans la même position sur les deux fotos. Ton appareil a fotoé au même rythme que le chipeau a battu des ailes 🙂 … Oh non ! Léo sifflote ! »

Léo : « Je discute avec le rougegorge familier (Erithacus rubecula, Muscicapidés). Il est juste là. » 71 09 Rougegorge familier
Max : « Moi je préfère observer le pic vert (Picus viridis, Picidés). » 71 10 Pic vert
71 11 Pic vert 71 12 Pic vert

Léo : « Rholala, qu’est ce qu’il est beau ! Qu’est ce qu’il fait ? Pourquoi il s’agite de droite à gauche puis de gauche à droite ? Il fait de la gymnastique ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. Si il y avait un autre individu à proximité je penserais à une parade nuptiale. »

Max : « En plein hiver ?! C’est au printemps les parades, bonome. »

Le chevalier : « Pas toujours Max, pas toujours… »

Léo : « On va voir à l’observatoire ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Allons-y. »

Max : « Pfff… Il y a même pas des zoisos… »

71 13 Cygne tuberculé 71 14 Cygne tuberculé

Léo : « C’est pas vrai Max. Il y a un cygne tuberculé, des mouettes qui rigolent… »

Max : « … et une pie bavarde. Rien de très original. »

Léo : « Max, ne vois-tu plus la beauté ? »

Max : « Si… Mais je pensais aux Royaumes de Charentmaritimie. Les chevaliers, les bécasseaux, les courlis… »

Le chevalier : « Tu les reverras, Maxou. Profite de ces beaux oiseaux. Tiens, regarde, c’est la famille de cygnes tuberculés que nous avons vue cet été. Tu te souviens des petits ? » 71 15 Cygne tuberculé

Max : « Oui, ils étaient mignons. Ils ont bien grandi depuis. Bientôt ils vont quitter leurs parents. »

Le chevalier : « Et eux aussi auront des petits… J’espère qu’il y aura plusieurs couples reproducteurs cette année. »

Léo : « On viendra voir les petits ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. Et tu en perdras ta mâchoire 🙂 »

Léo : « Tu te moquerais pas un peu de moi ? 🙂 »

Le chevalier : « Non mon Léo. J’aime beaucoup te voir observer les oiseaux, en silence, la mâchoire pendante. »

Max : « Ça c’est sûr que je préfère qu’il observe en silence plutôt qu’en sifflotant. »

Le chevalier : « Serais-tu jaloux du talent d’imitateur de Léo ? »

Max : « Pas du tout. Je suis admiratif. Vraiment. Il est très doué. Mais j’en peux plus de l’entendre siffloter en permanence. Il sifflote en lisant mon beau livre de zoisos, en regardant mon blog, en m’aidant à le graver et même en dormant. »

Léo : « Je suis désolé Maxou. Mais je pensais que tu aimais les zoisos. »

Max : « J’aime les zoisos. MAIS TU ES PAS UN ZOISO !!! Et les zoisos se taisent la nuit. »

Léo : « D’accord. Je le ferai plus. Je vais arrêter de siffloter en dormant. Mais si je recommence, tu dois me réveiller. J’y peux rien moi si je rêve de zoisos. »

Max : « Ça, je comprends. Moi aussi, je rêve souvent de zoisos. MAIS RÊVE EN SILENCE SITEPLAIT LÉO ! »

Léo : « D’accord gentillours Max 🙂 On regarde les zoisos ? »

Max : « Non, j’ai vu quelque chose de bizarre. Regardez un peu ces étranges racines. On dirait un teepee. Tu sais ce que c’est bonome ? » 71 16 D'étranges racines

Le chevalier : « Ce sont effectivement d’étranges racines. Ce sont des racines adventices, qui prennent naissance sur le tronc. Souvent, ces racines stabilisent l’arbre. Parfois elles permettent d’augmenter la surface sur laquelle les arbres prélèvent l’eau et les sels minéraux grâce auxquels ils fabriquent leur sève brute. Ce sont des racines peu profondes. Là, elles abritent un nid. Voyez-vous l’ouverture circulaire ? Et la paille à l’intérieur. Un animal a installé son nid sous ces racines. C’est ingénieux mais dangereux si le niveau de l’eau monte. »

Léo : « C’est qui le zanimo qui a fait son nid sous les racines ? Tu sais ? »

Le chevalier : « Non mon Léo. Peut être un ragondin… »

Max : « Tu dis de plus en plus souvent ‘mon Léo‘… »

Le chevalier : « Maxou serait-il jaloux 🙂 »

Max : « Non, je suis même pas jaloux. J’observe. »

Le chevalier : « Léo n’a pas de surnom. Toi tu es Max, Maxou, mon Maxou, mon petitours, gentillours Max… »

Max : « Tu dis aussi ‘mon Léo‘. Et même ‘mon petit Léo‘. »

Le chevalier : « Oui, je l’assume. C’est mon petit Léo 🙂 »

Léo : « Et toi tu dis ‘mon bonome‘. »

Max : « Parce que c’est mon bonome. Bon, on avance. »

Léo : « Oui on avance. … Chevalier, pourquoi tu t’arrêtes . Qu’est ce que tu fotoes ? »

71 17 Faucon crécerelle 71 18 Faucon crécerelle

Le chevalier : « Je crois que c’est un faucon crécerelle (Falco tinnunculus, Falconidés). »

Max : « Il est loin. On le voit pas bien. Tu veux pas lui dire de s’approcher ? »

Le chevalier : « Tu n’as plus peur des rapaces ? »

Max : « Ben non ! Tu sais bien. »

Léo : « On risque rien quand tu es là ! »

Max : « Tu le laisserais pas nous croquer. »

Léo : « Rholala il s’envole ! »

Max : « Oulala il s’approche ! Protège nous bonome ! »

Léo : « Le laisse pas nous dévorer ! »

Le chevalier : « N’ayez pas peur. Regardez, il s’est posé. »

Max : « Fotoe-le bonome ! Fotoe-le ! On en a jamais vu d’aussi près 🙂 »

71 19 Faucon crécerelle 71 20 Faucon crécerelle

Léo : « Rholala … Qu’est ce qu’il est beau ! »

Max : « Tu nous expliques le faucon crécerelle s’il te plaît. »

Le chevalier : « Que voulez-vous que je vous dise ? Observons la tête. Elle est marron, légèrement striée. La joue est gris-beige. »

Max : « On a l’impression qu’il a des larmes grises. »

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Le chevalier : « C’est vrai, mais tu devrais dire ‘elle‘. »

Léo : « C’est une femelle ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo 😉 »

Max : « Pfff… Elle cherche une proie ? »

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Le chevalier : « Au sol ? Non, je ne pense pas. Les faucons chassent à l’affût. Ils se perchent dans des arbres, sur des poteaux… d’où ils guettent des proies. Quand ils en repèrent une, ils fondent sur elle en volant. Le faucon pèlerin peut même attraper des oiseaux en vol. »

Max : « Le faucon pèlerin ? On l’a jamais vu celui-là. Et il mange des zoisos ? »

Le chevalier : « Oui, c’est un oiseau zoisophage 🙂 »

Léo : « Regarde, elle se promène la crécerellette. »

Le chevalier : « Léo l’ornithologue, c’est la femelle crécerelle que tu appelles la crécerellette ? »

Léo : « Oui. »

Le chevalier : « L’idée est bonne mais il ne faut pas. Il existe un faucon crécerellette. »

Max : « Oulala petit Léo l’ornithologue dit des erreurs en ornithologie. »

Le chevalier : « Et toi tu dis des bêtises ! Ça arrive de dire des erreurs. »

Léo : « Je connaissais pas le crécerellette. »

Le chevalier : « Falco naumanni. Il ne s’observe qu’en quelques sites du sud de la France au bord de la Méditerranée et dans l’arrière pays. Il ressemble au crécerelle mais il est moins ponctué. »

Max : « Et il y a d’autres faucons ? »

Le chevalier : « Ton beau livre en décrit 12 espèces mais on ne peut en observer que 5 en France, hors cas exceptionnels : Le crécerelle, le crécerellette, le hobereau, le pèlerin et le émerillon. »

Max : « Oh ! Elle s’envole ! »

Léo : « Elle va se poser dans l’arbre. On s’en approche ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

71 28 Faucon crécerelle 71 29 Faucon crécerelle

Max : « C’est vraiment un beau zoiso. On a eu de la chance de le voir d’aussi près. »

Léo : « Oh oui 🙂 Tu vois, chevalier, que tu parles le zoiso. On sait bien que tu lui as dit de s’approcher. »

Max : « Pour tes petizours. »

Léo : « Merci chevalier. »

Max : « Tu la remercieras discrètement. Pour pas qu’on t’entende parler le zoiso. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Venez là mes petizours. »

Max : « Câlin ? »

Le chevalier : « Oui, câlin 🙂 »

Léo : « 🙂 »

Max : « Bon, les câlins, on peut les faire le soir dans la cabane. Si on allait voir les zoisos ? »

Léo : « Oui, allons-y. »

Le chevalier : « Il y a des morillons là-bas. »

Léo : « Des fuligules morillons (Aythya fuligula, Anatidés). »

71 31 Fuligule morillon 71 32 Fuligule morillon
71 33 Fuligule morillon 71 34 Fuligule morillon

Max : « Tu te souviens ? La première fois que tu en as vus, tu les a appelés fulugules. »

Léo : « Oui 🙂 Mais je connaissais pas du tout les zoisos, moi. »

Le chevalier : « Tu as bien progressé depuis, mon Léo. »

Max : « En chants de zoisos aussi… Hélas 🙁 »

Léo : « Vous avez vu la foulque (Fulica atra, Rallidés) ? »

Max : « Elle est partie comme elle est venue 🙂 »

Le chevalier : « Elle n’a fait que passer 🙂 »

Léo : « Elles sont terribles ces foulques ! Qu’est ce qu’elles sont dissipées. »

Max : « Ils faudrait leur mettre un avertissement de comportement 🙂 »

Léo : « On voit pas beaucoup de zoisos aujourd’hui. C’est à cause de l’hiver ? »

Le chevalier : « Peut être… Mais tu sais Léo, certains jours sont moins fastes que d’autres. Nous avons déjà eu de la chance de voir le faucon d’aussi près. »

Max : « Je te reconnais bien là mon bonome. Tu as vu un beau zoiso et ça te suffit. »

Léo : « Il a raison, Max. »

Max : « Je sais bien qu’il a raison. Moi, j’y arrive pas toujours. Parfois je suis déçu de n’avoir vu que quelques espèces. »

Léo : « Je te comprends… »

Le chevalier : « Vous êtes encore débutants. Vous verrez, vous aussi vous finirez par vous satisfaire simplement de l’inspection. »

Max : « Tu n’es jamais déçu, toi ? »

Le chevalier : « Si, bien sûr. Mais ça ne dure jamais longtemps. Quand je rentre dans ma cabane, je ne garde en mémoire que le bonheur de m’être promené, les caresses du vent sur mon visage, l’odeur de la terre mouillée… »

Léo : « C’est vrai que ça sent bon la terre mouillée. Ça sent la forêt et j’aime bien la forêt. »

Le chevalier : « Et il me reste toujours au moins une belle image en tête. Même si ce n’est qu’une mésange charbonnière, une pie ou un colvert… »

Max : « Pardonne moi de t’interrompre mon bonome, mais regarde, le pic vert est encore là. »

71 35 Pic vert 71 36 Pic vert

Le chevalier : « Je suppose que c’est son territoire. »

Max : « Alors on le verra souvent ici. C’est une bonne nouvelle. J’aime bien les pics verts. »

Léo : « Et les pics mar. Il y en a ici ? »

Le chevalier : « Je n’en ai jamais vus. Des pics épeichettes sont signalés régulièrement. »

Max : « Pic épeichette ? On le connaît pas celui-là. »

Léo : « Dendrocopos minor, Picidés. C’est un tout petit pic qui ressemble au pic épeiche. Mais il a pas de rouge, sauf sur la tête. J’aimerais bien le voir. »

Le chevalier : « Moi aussi Léo, moi aussi 🙂 »

Max : « Regardez ! Picpic s’agite encore ! »

Léo : « Picpic ? »

Max : « Oui. J’ai décidé que le pic vert serait surnommé picpic. Il y a pas que bonome qui peut donner des surnoms. »

Léo : « D’accord. C’est rigolo picpic. Ça lui va bien. »

Le chevalier : « J’espérais voir un roitelet huppé ici. Tant pis. Allons à l’observatoire. »

Léo : « Rholala ! Il y a des sarcelles d’hiver (Anas crecca, Anatidés). »

Max : « Oh zutalor ! Elles s’envolent. »

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Léo : « Vous avez vu ? Elles font comme je vous l’avais expliqué ! Elles sortent de l’eau en une fois et s’envolent. Elles courent pas sur l’eau pour s’aider à décoller comme les autres canards ! Vous avez vu ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Tu avais raison. Mais nous n’avons jamais douté de ce que tu nous avais expliqué. »

Léo : « Je sais bien, mais je suis content que vous ayez vu par vous mêmes. »

Max : « On les a pas entendu lochérer 🙂 »

Léo : « Ben non. C’est bien dommage. »

Le chevalier : « Mon Léo, j’ai fait quelques recherches sur les cris des Anatidés. Le canard colvert siffle, le chipeau cancane, le siffleur jacasse et la sarcelle d’hiver croasse quand la sarcelle d’été craquette. Le tadorne de belon, lui, gémit. Je n’ai vu nulle part de traces du verbe lochérer. »

Léo : « Tu es sûr ? J’ai dit des erreurs alors. Tant pis. »

Max : « Tiens, c’est bizarre, quand tu sifflotes tu imites toujours des Passereaux. Je t’ai jamais entendu faire l’Anatidé pendant ton sommeil. »

Léo : « Je peux arranger ça cette nuit si tu veux 🙂 »

Max : « Ah non ! Hors de question de dormir avec des canard et des oies ! »

Le chevalier : « Dites les petizours, on voit pas des zoisos et les chemins ne sont pas ouverts. Si on rentrait ? »

Max : « DÉJÀ !!!! »

Le chevalier : « Oui, déjà. »

Léo : « Tu veux pas rester encore un peu ? »

Le chevalier : « On peut retourner doucement à notre monture. »

Max : « Vraiment tout doucement alors. »

Léo : « Et si on restait un peu sur place, pour profiter du calme. Tu veux bien nous aider à grimper sur le poteau s’il te plaît ? »

Max : « C’est vrai qu’on voit pas beaucoup des zoisos. »

Léo : « Il y a les cygnes là-bas. »

Max : « Et les corneilles… »

Le chevalier : « Tournez-vous que je vous fotoe pour montrer à Princesse. »

71 41 Les petizours 71 42 Les petizours

Léo : « J’ai entendu un rougegorge familier… On va le voir ? »

Max : « J’aime bien cette ambiance, bonome. Le temps gris, les nuages, l’absence de vert dans les végétos tout secs… Même les sons ne sont pas les mêmes quand il fait froid et humide. C’est une belle promenade d’hiver. »

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Le chevalier : « Tu vois Maxou, tu n’as pas vu beaucoup d’oiseaux mais tu es satisfait quand même. »

Max : « C’est vrai. L’image du rougegorge, ou celle de picpic, me suffit. »

Léo : « Moi j’ai bien aimé le chipeau en vol. Et toi chevalier ? Quelle image garderas-tu en mémoire ? »

Le chevalier : « Celle de mes petizours sur un poteau 🙂  Allez, cette fois nous rentrons. »

Bonome a fait exprès de marcher tout doucement. Il avait pas plus envie de rentrer que nous.

On s’est arrêtés pour observer le grand cormoran sur sa branche comme si on avait jamais vu de grand cormoran (Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés). Et, à vrai dire, je n’avais jamais remarqué la tâche blanche qu’il a sur la cuisse. 71 48 Grand cormoran
Puis, quelques pas plus loin, on s’est de nouveau arrêtés. Cette fois pour regarder les fuligules milouins en train de dormir, avec la tête sous l’aile (Aythya ferina, Anatidés). 71 49 Fuligule milouin

Et après, on a longuement observé les mouettes qui rigolent (Chroicocephalus ridibundus, Laridés).

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Max : « Bonome, normalement les mouettes qui rigolent ont les pattes rouges. Et leur bec est rouge avec la pointe noire. C’est bien ça ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors pourquoi il y en a une qui a du orange à la place du rouge ? »

Le chevalier : « Parce qu’elle est pas mûre. »

Max : « Pfff… Ça c’est ma blague. »

Le chevalier : « Ce n’est pas une blague Max. Tant qu’un individu n’est pas adulte, il n’a pas atteint la maturité sexuelle. On peut donc dire qu’il n’est pas mûr 🙂 »

Max : « Et un individu qui a pas atteint la maturité sexuelle est un juvénile 🙂 »

Le chevalier : « Mais je t’interdis d’aller te chamailler avec cette mouette ! »

Max : « Pfff… Tu veux jamais qu’on joue avec les zanimos juvéniles. T’es pas marrant. »

Le chevalier : « Max, la mouette est sur la glace, c’est à dire sur l’eau. Si tu jouais avec elle, tu risquerais de ploufer et tu ne sais pas nager. La mouette est sauvage. Elle ne connaît pas les petizours et pourrait avoir peur. Et puis même si elle acceptait de jouer avec toi, tu risquerais de te prendre un coup de bec et d’être éventré. Veux-tu toujours aller jouer avec la mouette ? »

Max : « Non, d’accord, tu as raison… Mais c’est pas drôle quand même. Allez bonome, on rentre. Tu viens Léo, on va pocher jusqu’à notre monture. »

Le chevalier : « Bonne idée 🙂 Mais je voudrais préciser un point. La mouette est dans son premier hiver. Ce n’est pas la saison de la reproduction chez les mouettes. Mais je ne suis pas sûr qu’elle ne soit pas déjà capable de se reproduire. Peut être que les individus passant leur premier hiver sont déjà matures. »

Max : « Ça change rien pour nous. Tu voudras quand même pas qu’on joue avec elle 🙁 Tu nous réveilleras en arrivant s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Reposez-vous bien. »

Voila Princesse. C’était une belle promenade d’hiver. On a pas pu bien inspecter parce que les chemins étaient pas tous ouverts mais on a bien fait notre mission quand même. Il va bien ce Royaume.

Je t’embrasse Princesse, et ne t’inquiète pas, on va bien.

Continuer la promenade

86.2 – La parade des Grébus

Mercredi 13 Avril, An III (Suite)

Bonjour Princesse,

Bon, je devrais plus te parler parce que tu as même pas pris des nouvelles de bonome quand il était tout cassé. C’est lui qui s’est inquiété et qui a pris des tiennes. Et puis, si j’ai bien suivi, vous êtes fâchés maintenant. J’ai pas bien compris comment c’est possible de se fâcher comme ça. Je crois que vous êtes bêtes dans vos têtes. Ça doit être ça.

Mais je m’en fiche moi. Il faut que je te montre quelque chose. Ça peut pas attendre que je sois à jour dans mon blog. C’est urgent. Oulala ! Tu vas voir.

C’est parce que dimanche il a fait très beau et bonome en pouvait plus de rester sagement dans sa cabane à cause qu’il est tout cassé. Et puis, Léo et moi, on commençait à s’ennuyer. Léo surtout. Il allait pas bien. On est des naturalistes nous et on doit aller dans la nature. Forcément. Alors bonome a fait un gros effort malgré son tout cassé et on est allés au Royaume des Grèbes. On s’est promenés, on a inspecté, on a pris des nouvelles des zoisos. Bon, on a pas vu Martin. Je suis un peu inquiet parce que, avec l’hiver, ils sont peut être morts les Martins 🙁 J’espère que non, qu’ils sont juste cachés. Et que des migrateurs vont venir s’installer ici. Comme ça il y aura plein des Martins. Mais tout ça, je te le raconterai plus tard. Là je veux juste te montrer quelque chose qui a fait tomber la mâchoire de Léo. Depuis dimanche, il arrête pas de répéter ‘Rhoooo la chance… Rhoooo la chance‘. Et il a appris à se servir de l’ordinateur de bonome pour pouvoir regarder les fotos encore et encore… en répétant Rhoooo la chance. Il sifflote presque plus. Mais maintenant c’est Rhoooo la chance tout le temps. En vérité il a pas tort. On a eu beaucoup de chance. Bon, ça suffit maintenant, je te raconte.

On était là depuis un moment. On avait déjà fait trois fois le tour du Royaume pour être sûrs que tout allait bien. On avait vu de beaux zoisos mais rien d’exceptionnel. Nos habitués qu’on aime déjà beaucoup. Et on était très content d’être là tous les trois, parmi les zanimos et les végétos. Et puis bonome a décidé de rester un petit moment dans l’observatoire où on a rendez-vous avec Martin, en espérant le voir. Et puis, il espérait voir des bruants des roseaux dans les roseaux. Mais on les voyait pas. Et puis, il y avait deux grèbus, les grébes huppés (Podiceps cristatus, Podicipédidés). On les regardait comme ça, sans trop y faire attention parce qu’on les connaît bien. On se demandait si c’était les petits qu’on avait vus cet été. Ils sont adultes maintenant ces petits. J’étais en train de demander à bonome si les petits partaient tout le temps pour ne pas rester sur le territoire des parents ou si ils pouvaient rester. Et puis Léo nous a interrompu.

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Léo : « Chevalier ! Max ! Regardez ! Qu’est ce qu’ils font les grébus ? »

Max : « Oulala ! C’est vrai ça ! Qu’est ce qu’ils font bonome ? Ils sont fâchés ? Ils vont faire la bagarre ? »

Le chevalier : « Non. Ouvrez grand vos yeux et profitez du spectacle. »

 

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Max : « Ils ont ouvert leur collerette. On dirait qu’ils ont une crinière. »

Léo : « Rhoooo la chance… Je crois que j’ai compris. Rholala… »

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Max : « Ils sont rigolos 🙂 Ils tournent la tête du même côté ou chacun de son coté et puis après ils regardent en l’air chacun leur tour ou en même temps 🙂 Qu’est ce qu’ils font ? »

Léo : « Tu as pas compris ? Ils font la parade nuptiale ! »

Max : « La parade nuptiale ?! Ils se draguent ? Oulala c’est une bonne nouvelle ça ! Il va y avoir des bébés grébus ! Chouette alors ! On viendra les voir faire du parent-stop ? »

Léo : « Du parent-stop ? C’est quoi ça le parent-stop ? »

Max : « Ben, tu as pas lu mon blog ? Chez les grèbes, les petits montent sur le dos de leurs parents. Ils se glissent entre les ailes des adultes. Même que des fois, les parents plongent avec leurs petits sur le dos. Cet été on en a vu des un peu grands au Royaume des Sternes qui faisaient du parent-stop. Et puis, plus tard, on a vu deux petits grébous sur le dos de leur parent. Ils étaient déjà un peu grands alors ils pouvaient plus bien s’installer. Ils étaient juste vautrés sur le dos du parent. Et, encore après, on a vu un petit grébu tout neuf sur son parent. On avait vu son œuf et on attendait son éclosion. Quand on l’a vu il avait à peine 40 heures. »

Léo : « Oh, ils s’éloignent l’un de l’autre. C’est déjà fini… »

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Max : « Bonome, ça sert à quoi la parade nuptiale ? Ils peuvent pas dire ‘Bonjour, moi je suis un grébu mâle et j’ai de belles plumes. Je voudrais faire des œufs pour avoir des bébés. Toi, tu es une jolie grébu femelle. Tu veux bien faire des œufs avec moi et après on fera du parent-stop.’ Et la femelle répondrait : ‘C’est vrai que tu as de belles plumes. Moi aussi je voudrais faire des œufs. Je veux bien que tu fécondes mes ovules mais tu n’iras pas au bistrot quand il faudra élever les petits’. Ça irai plus vite. Tu crois pas ? »

Le chevalier : « 😀 C’est toujours difficile de donner une explication à un phénomène biologique. Les scientifiques supposent que la parade permet aux deux individus de vérifier qu’ils appartiennent bien à la même espèce. Si ils connaissent tous les deux la séquence de mouvements de la parade, c’est bon signe. »

Max : « Ils voient pas qu’ils sont de la même espèce ? »

Le chevalier : « C’est quand même mieux de vérifier. Et puis, lors de la parade, chaque individu peut voir si l’autre est en bonne santé. Un individu en bonne santé pêche mieux et nourrit plus efficacement les petits qu’un individu malade ou tout cassé. »

Max : « Alors c’est pas le moment pour toi de faire la parade nuptiale 🙂 Avec ton épaule tout cassée, tu arrives même pas à lever le bras. Aucune femelle voudrais de toi. »

Léo : « C’est pas très gentil Maxou. Je te rappelle que c’est pour filmer les bécasseaux sanderlings qu’il s’est abîmé. Et c’est toi qui voulait des films pour montrer à Princesse. »

Max : « Ben vas-y, dis que c’est ma faute ! »

Léo : « J’ai pas dit ça. Mais tu n’es pas gentil avec ton bonome. Ce n’est pas digne d’un gentillours. »

Le chevalier : « Mes petizours, vous vous chamaillerez plus tard. Regardez ! »

Max : « Rholala… Ils vont recommencer… La chance ! »

Léo : « Vous avez vu ? Ils ont des végétos dans le bec ? Ils se font des cadeaux ? »

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Le chevalier : « Chut ! Profitez de ce que vous allez voir et gravez le dans vos mémoires. Peu de gens ont déjà assisté à ce spectacle. La nature nous fait un magnifique cadeau. »

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Léo : « Rhoooo la chance… Qu’est ce que c’est beau ! »

Max : « Ce qui m’étonne c’est que ta mâchoire ne soit pas par terre 🙂 »

Le chevalier : « Tu regardais les grébus et pas Léo. Sa mâchoire traînait par terre. Léo est devenu très rapide pour la remettre en place avant de nous gratifier de son désormais célèbre Rhoooo la chance 🙂 »

Léo : « Et alors ?! Qu’est ce que ça peut vous faire que ma mâchoire choit ? »

Le chevalier : « Ça me plaît mon petit Léo. C’est ta façon de montrer que tu es sensible à ce que tu vois. »

Léo : « D’accord 🙂 Mais comment ils font, les grébus, pour rester debout sur l’eau ? Ils ont pas pieds ici. »

Le chevalier : « Ils agitent rapidement et énergiquement leurs pattes. C’est un effort très intense. »

Max : « Comme ça ils montrent qu’ils sont en bonne santé. »

Léo : « Regardez ! Ils recommencent leurs mouvements de tête. »

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Max : « Oulala ! Il va falloir montrer ça à Princesse. Je suis sûr qu’elle va aimer. »

Léo : « Rholala … Merci chevalier. C’est grâce à toi qu’on voit toutes ces belles choses. »

Max : « Cette fois ils se séparent. C’est fini la parade ? »

Le chevalier : « Attendons un peu… J’ai vu que, chez une sous-espèce anglaise, les deux partenaires courent sur l’eau, côte à côte, les ailes légèrement ouvertes. Ils donnent l’impression de se donner la main. Et ils s’arrachent de petites plumes et se les offrent. Je n’ai jamais vu ça chez nos grébus. »

Max : « Tu avais déjà vu une parade nuptiale de grébus ? »

La chevalier : « A deux occasions. Mais seulement la séquence avec les mouvements de têtes. »

Max : « Après la parade, ils s’accouplent normalement. Tu as déjà des Podiceps cristatus in copula ? »

Le chevalier : « Non, jamais. J’aimerais bien. Nous avons vu la parade, les parents qui couvent les œufs, les petits en parents stop, de longues séquences de nourrissage des petits, grébu et son poisson… Il nous manque l’accouplement. J’ai déjà vu la parade et l’accouplement d’un couple de sternes pierregarins. Environ 450 fotos au total 🙂 »

Max : « 450 fotos ? Tu es fou dans ta tête. Maintenant c’est sûr. »

On a attendu un peu mais la parade nuptiale des grébus était terminée pour aujourd’hui. On la reverra peut être un autre jour…

En réalité, l’ensemble de la scène a duré un peu plus de trois minutes avec une pause entre les premiers mouvement de tête et le moment où ils se sont dragués debout sur l’eau. Bonome dit que c’était trois minutes de plaisir intense. Depuis, dès qu’il y pense, il sourit. Léo répète sans arrêts ‘Rhoooo la chance…‘ et moi j’en ai rêvé la nuit. J’espère que cet article te plaira Princesse. Les fotos sont pas fantastiques. Bonome les trouve mal exposées mais il est jamais content de ses fotos. Et puis, c’est mieux en vrai : on voit la rapidité et la complexité des mouvements de tête. Mais je voulais partager ce magnifique moment avec toi.

Je t’embrasse Princesse et ne t’inquiète pas, Bonome va de mieux en mieux.

 

 

Continuer la promenade

70 – Monsieur de la Fontaine

Mardi 12 Janvier, An III

Dans la cabane, le chevalier rentre de la schola…

Le chevalier : « Bonjour mon Léo. Que fais-tu sur mon bureau ? On dirait que tu m’attends. »

Léo : « Bonjour chevalier. Oui oui, je t’attends. C’est à cause de Max. Il va pas bien. »

Le chevalier : « Que se passe-t-il ? »

Léo : « Je sais pas. Il travaillait sur ton ordinateur pour son blog. Et puis d’un coup il s’est mis à oulalaer. »

Le chevalier : « A oulalaer ? »

Léo : « Oui, il arrêtait pas de oulalaer. Des oulalas surpris, des oulalas réjouis, des oulalas inquiets, des oulalas joyeux puis plein de oulalas répétitifs et lugubres. Et après, il est allé dans ton fauteuil et depuis, il est prostré. Il dit plus rien et me répond même pas. »

Le chevalier : « Merci pour ces informations mon Léo, je vais aller voir Max… Bonjour Max. Léo me dit que ça ne va pas. Qu’est-ce qui se passe ? »

Max : « Hein ? Quoi ? C’est qui, Max ? »

Le chevalier : « Max ! C’est toi ! Mon petitours Max, mon Maxou… »

Max : « Ah oui, c’est vrai… Je suis Max petitours… »

Léo : « Tu vois chevalier, il sait même plus comment il s’appelle… Qu’est ce qu’il a ? »

Le chevalier : « Petitours, dis moi ce qui ne va pas. »

Max : « Je crois que je vais pas bien dans ma tête. J’ai des hallucinations. Tu crois aux fantômes ? »

Le chevalier : « Aux fantômes ? Explique-toi Max s’il te plaît. »

Max : « Ben, je gravais mon blog et pour faire une pause, j’ai regardé si il y avait des commentaires. J’aime bien quand il y a des commentaires. J’aimerais bien que Princesse en laisse un. Et puis j’ai vu un commentaire de Monsieur de la Fontaine. »

Le chevalier : « Monsieur de la Fontaine ? Tu veux dire Jean de La Fontaine (1621-1695) ? »

Max : « Ben oui. Tu en connais d’autres, toi ? Et normalement, il est tout mort Monsieur de La Fontaine. Alors soit j’ai des hallucinations, ce qui veut dire que je suis fou dans ma tête, soit le fantôme de Monsieur de La fontaine a laissé un commentaire sur mon blog et j’ai peur des fantômes. »

Le chevalier : « Max, m’autorises-tu à regarder ton blog ? »

Max : « Tu sais bien que oui. Va voir et dis-moi si je suis fou dans ma tête ou pas. »

Moi non plus, parmi les zanimos, je n’ai pas de préféré, ni même parmi les zoisos, et voici pourquoi :

Le Paon se plaignait à Junon :
« Déesse, disait-il, ce n’est pas sans raison
Que je me plains, que je murmure :
Le chant dont vous m’avez fait don
Déplaît à toute la Nature ;
Au lieu qu’un Rossignol, chétive créature,
Forme des sons aussi doux qu’éclatants,
Est lui seul l’honneur du Printemps. »
Junon répondit en colère :
« Oiseau jaloux, et qui devrais te taire,
Est-ce à toi d’envier la voix du Rossignol,
Toi que l’on voit porter à l’entour de ton col
Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies ;
Qui te panades, qui déploies
Une si riche queue, et qui semble à nos yeux
La Boutique d’un Lapidaire ?
Est-il quelque oiseau sous les Cieux
Plus que toi capable de plaire ?
Tout animal n’a pas toutes propriétés.
Nous vous avons donné diverses qualités :
Les uns ont la grandeur et la force en partage ;
Le Faucon est léger, l’Aigle plein de courage ;
Le Corbeau sert pour le présage,
La Corneille avertit des malheurs à venir ;
Tous sont contents de leur ramage.
Cesse donc de te plaindre, ou bien, pour te punir,
Je t’ôterai ton plumage. »

Merci, messire Max, pour le récit de vos édifiantes ambassades dans de si beaux royaumes. Vous m’avez l’air bien moins sot que votre congénère dont j’évoquai onques la bévue dans ma fable intitulée « L’ours et l’amateur des jardins » – et c’est tant mieux pour la longévité de votre ami chevalier qui a l’air d’appartenir à cette dernière espèce de bonome.

Bien plus, je dirais que vous êtes un bien aimable gentilhomme (ou plutôt gentilours) de savoir nous plaire et instruire à la fois (en latin « placere et docere » est la devise des écrivains de mon temps).

Vous nous donnez à admirer les « diverses qualités » ou « propriétés » de la gent des zanimos, comme le faisait, lors de mémorables promenades de mon enfance, Monsieur mon Père, qui était Maître des Eaux et des Forêts.

Irez-vous d’ailleurs un jour au royaume des paons ?

Le chevalier : « Max, ils sont magnifiques ces commentaires ! »

Max : « C’est pas une hallucination alors ? Oulala, c’est un fantôme ! »

Le chevalier : « Tu sais Max, l’esprit des grands hommes ne disparaît jamais. Quelle chance tu as ! Monsieur de La Fontaine t’a laissé des commentaires. Quels beaux compliments ! »

Max : « Tu crois ? »

Le chevalier : « Monsieur de La Fontaine te remercie. Tu plais et tu instruis. Gentillours Max, pensez-vous aller mieux ? »

Max : « Non, je suis pas à la hauteur. »

Le chevalier : « Tu n’es pas à la hauteur de quoi ? »

Max : « Des compliments. Je suis pas à la hauteur des compliments de Monsieur de La fontaine. Je suis qu’un petitours moi. Pas un grand monsieur. Oulala … »

Le chevalier : « Tu es bien plus qu’un petitours Maxou : tu es un gentillours. C’est Monsieur de La Fontaine qui te l’a dit. Oserais-tu contredire cet illustre fabuliste ? »

Max : « Max gentillours ? Tu crois ? D’accord, ça me plaît bien 🙂 Mais je connais pas le Royaume des Paons, moi. Comment je vais faire ? Monsieur de La Fontaine veut que j’y aille en ambassade et je peux pas. Je sais pas où il est ! Je savais même pas qu’il y avait un Royaumes de Paons. »

Le chevalier : « Tu ne le savais pas parce qu’il n’y en a pas. »

Max : « Il n’y a pas de royaume des Paons ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Aucun Royaume des Paons ? Nulle part ? »

Le chevalier : « Non Maxou 🙂 »

Max : « Alors Monsieur de la Fontaine dit des erreurs ? »

Le chevalier : « Même les plus grands hommes disent parfois des erreurs 🙂 »

Max : « Alors je vais pas décevoir Monsieur de La Fontaine en allant pas au Royaume des Paons ? »

Le chevalier : « Maxou, mon gentillours, le paon bleu (Pavo cristatus, Phasianidés) est un oiseau qui vit normalement aux Indes, au Pakistan, au Bangladesh et au Sri-Lanka. Il en existe quelques-uns en Europe mais uniquement dans des parcs. Monsieur de La Fontaine en a sûrement croisé dans de magnifiques jardins mais il n’y a pas de Royaume des Paons. Alors, tu vas mieux ? Tu n’es plus abattu ? »

Max : « Maintenant ? Mais je vais être fulminant, frénétique ! J’ai dix cœurs, j’ai vingts bras ! »

Léo : « Chevalier, merci de t’être occupé de Max mais je crois que nous allons le regretter ! »

Continuer la promenade

69 – Le Royaume des Sternes de Mer

Mercredi 30 Décembre, An II

Le chevalier : « Max ! Léo ! Les petizours ! Il est l’heure de vous lever. »

Max : « Mmmmmm… ondorencor… »

Le chevalier : « Debout ! Il faut aller inspecter ! »

Max : « Oui oui, on arrive… »

Le chevalier : « N’auriez-vous pas fait les fous hier soir au lieu de dormir ? »

Max : « Un peu… on est des juvéniles nous… tuveupanoulaissédormir ? »

Le chevalier : « Allez debout ! Je vous laisse le temps d’un café pour vous préparer. »

Max : « Léo ! Léo ! Réveille-toi ! Il faut aller inspecter. »

Léo : « Mmmmm… on va aux zoisos ? »

Max : « Si on sort de nos lits… »

Léo : « Allez Max, debout ! On va aux zoisos ! »

Le chevalier : « Bonjour Léo ! Déjà prêt ? »

Léo : « Bonjour chevalier ! Oui oui, je suis prêt. J’ai même déjà mis mon sacado 🙂 »

Le chevalier : « Et max ? »

Léo : « Il arrive. »

Le chevalier : « Vous avez fait les fous hier soir ! »

Léo : « Oui, on s’est endormis quand tu nous as couchés mais après j’ai siffloté en rêvant. Ça a réveillé Max qui m’a réveillé et on s’est chamaillés, mais pas méchamment. Et puis Max a imaginé que tu arrivais et il t’a imité : ‘Dites les foulques, vous allez arrêter de vous chamailler ou je vous ploufe !‘ Il a essayé de faire un regard sévère, comme tu fais des fois. Ça m’a fait rigoler et Max a fait semblant de se vexer et on a fait la bagarre. Mais pour s’amuser, parce qu’on est des juvéniles et qu’on aime bien s’amuser. Et puis après on s’est recouchés et on a dormi. Tu es fâché contre nous ? »

Le chevalier : « Bien sûr que non 🙂 Mais vous allez être fatigués aujourd’hui et j’avais prévu une longue journée. »

Léo : « Avec des zoisos ? »

Max : « Des tas de zoisos ! Il y en a beaucoup au Royaume des Sternes de mer ! »

Le chevalier : « Tu es enfin prêt ! Comment sais-tu que nous allons inspecter ce Royaume ? »

Max : « Bonome, c’est notre dernier jour à la mer et on l’a pas encore inspecté. Qu’est ce qu’elle dirait Princesse si on y allait pas ?! Tu t’es caféiné ? On peut y aller ? »

Le chevalier : « Allons-y. »

Pendant la chevauchée…

Max : « Tu vas voir Léo, il est très beau ce Royaume. C’est un grand estran sablo-vaseux, avec quelques rochers et une longue plage. On va pas à la plage parce qu’il y a pas beaucoup des zoisos à la plage. On marche sur l’estran dans tous les sens en faisant attention à pas mettre les pieds dans la vase, à pas glisser sur les cailloux et à pas ploufer les pieds dans les flaques. »

Léo : « C’est dangereux alors ! »

Max : « Un peu. Mais bonome fait très attention. Parce qu’il risquerait d’abîmer ses appareils fotos si il tombait. Et pour ses petizours aussi. »

Léo : « Et il y a des zoisos ? »

Max : « Tu sais bien que bonome nous en trouve toujours 🙂 Cet été on a vu des sternes : la pierre-garin, la caugek et la naine. »

Léo : « Tout ça de sternes ! Rhooo la chance ! J’aimerais bien voir des sternes. Mais elles sont pas là l’hiver 🙁 Elles migrent tout là-bas. »

Max : « Mais on verra d’autres zoisos. Tiens, on s’arrête. Je crois qu’on arrive. »

69 01 L'estran

Le chevalier : « Max et Léo, vous pouvez sortir. Nous sommes arrivés. »

Max : « Bonome, je peux te poser une question ? »

Le chevalier : « Oui, bien sûr. »

Max : « L’estran est tout plat et il est bordé de falaises. Pourquoi il y a pas de falaises à la place de l’estran ? »

Le chevalier : « C’est à cause de l’érosion Max. Les falaises s’érodent petit à petit et laissent la place à un platier. »

Léo : « Ça veut dire que la falaise recule et que la mer avance, alors. »

Le chevalier : « Oui Léo. Je vous expliquerai tout ça tout à l’heure. »

Max : « Tu n’oublieras pas ? »

Le chevalier : « Promis Maxou. Je vous emmènerai voir de belles falaises pour illustrer mes explications. »

Max : « D’accord. On joue aux zoisos ? »

Le chevalier : « Non, vous ne connaissez pas bien les oiseaux que nous allons rencontrer. Le jeu ne serait pas drôle. »

Max : « Parce que tu sais qui on va voir, toi ! »

Le chevalier : « J’en ai déjà aperçu quelques uns et les déterminations ne vont pas être faciles. Nous jouerons peut être plus tard. »

Léo : « Oui chevalier. D’abord, tu nous expliques. Lui, par exemple. Celui qui pique son bec dans la vase, c’est qui ? Tu nous le présentes s’il te plaît ? »

69 02 Bécasseau variable 69 03 Bécasseau variable

Le chevalier : « C’est un bécasseau variable. »

Max : « Calidris alpina ? »

Le chevalier : « Oui Max. tu as l’air surpris. »

Max : « Moi j’aurais dit que c’était un bécasseau sanderling. Il est gris et blanc et il a pas de tâche noire sur la poitrine. »

Le chevalier : « C’est parce que tu te souviens du bécasseau variable en plumage nuptial. »

Max : « Oulala, ça commence mal 🙁 Et comment tu fais pour les distinguer quand ils sont tous les deux gris et blancs ? »

Le chevalier : « Il y a un détail qui aide beaucoup, quand on arrive à le voir. Le sanderling n’a pas de doigt tourné vers l’arrière. »

Max : « Ah ouai, d’accord. Il faut compter ses doigts. Facile ! Et je te rappelle que nous, on a pas de doigts. »

Léo : « Max ronchonne 🙂 Vous avez pas dit sa famille à Calidris alpina. »

Max : « Tu sais pas ? C’est un Scolopacidé le bécasseau. »

Léo : « Oups, j’avais oublié. »

Le chevalier : « Voilà pourquoi il faut vous coucher tôt et ne pas faire les fous ! Sinon le lendemain vous êtes fatigués et vous oubliez tout. »

Max : « Et ce zoiso ? Là-bas. C’est qui ? Il est encore gris et blanc … » 69 04 Pluvier argenté

Le chevalier : « Oui, mais il est plus grand et plus tacheté. Plus noir. Son bec est plus court que celui du bécasseau variable. C’est le pluvier argenté. »

Léo : « Pluvialis squatarola ? Le Charadriidé ? »

Max : « Celui qui a des taches noires aux aisselles ? »

Le chevalier : « Oui et oui ! Bravo mes petizours. »

69 05 Goéland brun

Léo : « Là-bas il y a un Laridé. Tu arrives à voir qui c’est ? Je vois pas bien moi. »

Le chevalier : « Max, veux-tu prêter tes jumelles à Léo ? »

Max : « Non, je peux pas. Je les ai oubliées. »

Le chevalier : « Tu aurais peut être pensé à prendre tes affaires si tu avais assez dormi. »

Max : « Oui bonome. Tu as raison bonome. On a compris. Ça suffit maintenant. Dis nous plutôt qui c’est ce Laridé. »

Léo : « Il a le dos gris sombre, mais pas presque noir. Et j’ai l’impression que ses pattes sont jaunes. Larus fuscus ? »

Max : « Oui, le goéland brun. Tu en penses quoi bonome ? »

Le chevalier : « Que c’est probablement un goéland brun. Avez-vous vu l’oiseau qui est sur sa droite ? On dirait une barge rousse… »

Max : « On peut aller voir. »

Léo : « Max, c’est tout vaseux. C’est dangereux. Il faut pas y aller. On la verra plus tard chevalier. »

Max : « Dis lui en zoiso de venir plus près tout à l’heure, avec ses copines, qu’on puisse bien les voir et les fotoer. »

Le chevalier : « Pour montrer à Princesse ? »

Max : « Non, pour tes petizours ornithologues 🙂 »

Léo : « Regardez ! Il y a d’autres bécasseaux variables. Ils sont très beaux ces bécasseaux. Il est bien ce Royaume 🙂 »

69 07 Bécasseau variable 69 08 Bécasseau variable
Max : « Et là-bas il y a un autre goéland brun. C’est pas un pluvier argenté qui passe derrière lui ? » 69 09 Goéland brun

Le chevalier : « Si Max. Dis donc, tu as des superzieux ! »

Max : « C’est à cause de sa taille et de son bec. Tu as raison, il est bien plus grand que le bécasseau variable et son bec est plus court. »

Le chevalier : « Vous apprenez vite. Je suis fier de vous. »

Léo : « Tu connais les tailles de ces zoisos ? »

Le chevalier : « Pour faire simple, je dirais 20 cm pour le bécasseau et 30 pour le pluvier. »

Max : « Grand gravelot ! Charadrius hiaticulata, Charadriidés ! Je le connais celui-là. »

69 10 Grand gravelot 69 11 Grand gravelot

Léo : « On dirait qu’il a le bout du bec sale ! »

Max : « Peut être. Il est trop loin pour qu’on voit. Mais c’est normal qu’il ait deux couleurs : la base est orange et le bout est noir. C’est comme ça chez les grands gravelots. »

Le chevalier : « Pas toujours Max. »

Max : « Comment ça, pas toujours ? »

Le chevalier : « Ce n’est que chez les adultes en plumage nuptial. »

Max : « Mais c’est l’hiver ! Qu’est ce qu’il fait en plumage nuptial ? Dis lui d’aller se changer bonome. Ça va pas du tout ça ! »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « Il y a un dimorphisme sexuel chez les grands gravelots ? »

Le chevalier : « Très léger. La zone noire autour des yeux est plus nette chez le mâle que chez la femelle. Là, je pense que c’est un mâle. »

Léo : « Brenta bernicla, Anséridés ! »

Max : « On fait le jeu alors ! »

Léo : « Qu’est ce qu’elle est belle ! »

69 12 Bernache cravant

Le chevalier : « Dites tous les deux, que pensez-vous de ce goéland ? »

69 14 Goéland

Max : « Il a le dos gris… Gris ardoisé assez foncé… ou noirâtre ? »

Léo : « Ses pattes sont pas nettement jaunes. Rose terne ? »

Max : « Il a la tête et le cou striés de gris… »

Léo : « L’œil est jaune. »

Max : « C’est bizarre. »

Léo : « Il a le dos du goéland brun, les pattes du marin… »

Max : « Et des stries… Qu’est ce que tu en penses, toi ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas vraiment… C’est compliqué les Laridés. Si j’osais, je dirais que c’est un Larus intermedius. »

Max : « Et pourquoi tu oses pas ? »

Le chevalier : « Je n’en ai jamais vu. Je ne sais même pas s’il y en a ici. »

Max : « Ben tu dis que c’est une hypothèse. C’est toi qui m’as dit qu’on pouvait avoir faux quand on hypothèse. C’est pas comme quand on dit des erreurs. »

Le chevalier : « Merci Max. C’est gentil. »

Léo : « Calidris alpina, Scolopacidés. »

69 17 Bécasseau variable 69 18 Bécasseau variable

Max : « Mais… on était en train de parler ! Tu triches encore ! »

Léo : « Quand c’est pas toi qui annonces un zoiso, c’est toujours de la triche ! Mauvais joueur ! »

Max : « Je suis pas mauvais joueur. Je suis un bon gagnant 🙂 »

Léo : « Pfff… »

Le chevalier : « Regardez plutôt les bécasseaux. En particulier l’individu de droite de la photographie de droite. Son doigt postérieur est visible. »

Max : « Le petit machin noir qui dépasse à peine ? »

Le chevalier : « Oui Max. Léo, le vois-tu ? »

Léo : « Oui. C’est ça qui permet de distinguer le bécasseau variable du bécasseau sanderling ? »

Le chevalier : « En cas de doute, oui. »

Max : « Pluvialis squatarola, Charadriidés. » 69 19 Pluvier argenté

Léo : « Bien vu Max ! ZOISOS ! »

Max : « Quoi zoisos ? »

Léo : « Regarde là-bas ! »

69 21 Des zoisos 69 23 Goéland marin

Max : « Oulala, il y en a plein ! Mais ça compte pas. Tu as pas donné les noms d’espèces en scientifique. »

Léo : « Tadorna tadorna et Chroicocephalus ridibundus ! »

Max : « Pfff, t’as pas donné les familles ! »

Léo : « Anatidés et Laridés ! »

Max : « Bon d’accord, ça compte. Je vais encore perdre… »

Léo : « On joue Maxou, on gagne pas 🙂 »

Max : « C’est quoi les autres zoisos ? Le Laridé et le Scolopacidé. »

Le chevalier : « Un goéland brun et un bécasseau variable. »

Max : « Tu en es sûr ? »

Le chevalier : « Non, ce sont des hypothèses. Je ne les vois pas bien. Léo, qu’est ce qui te fait sourire comme ça ? »

Léo : « La mouette rieuse qui fait sa toilette. On dirait qu’elle se noie 🙂 » 69 23 Mouette rieuse
69 24 Mouette rieuse 69 25 Mouette rieuse
69 26 Mouette rieuse 69 27 Mouette rieuse
69 28 Mouette rieuse 69 29 Mouette rieuse

Max : « Regardez de l’autre côté, dans le bassin. Qu’est ce qu’il fait le Laridé ? Il se ploufe tout seul ! Il va pas bien dans sa tête. C’est à cause du soleil ça. Bonome, il va falloir distribuer des casquettes aux Laridés pour pas qu’ils se ploufent tout seuls. »

69 31 Un goéland 69 32 Un goéland
69 33 Un goéland 69 34 Un goéland
69 35 Un goéland Le chevalier : « Il pêche Maxou. Quand il repère une proie, il s’extrait de l’eau, s’élève un peu puis pique dessus. Avec un peu de chance, il l’attrape et l’avale. Gloub la proie 😉 »

Léo : « Et tu le reconnais ce Laridé ? Moi j’y arrive pas. »

Le chevalier : « Moi non plus petit Léo. Mais c’est pas grave, il est beau quand même ce Laridé. »

Max : « Bonome, tu m’imites là ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. J’aime bien ton expression ‘Gloub le poisson‘ et tu as raison de dire que les oiseaux sont beaux même si on ne connaît pas leur nom. »

Max : « Tu te moques pas alors. »

69 36 Tadorne de Belon

Le chevalier : « Non mon petitours… Tadorna tadorna ! Anatidés ! »

Max : « Parce que toi aussi tu joues !!!

J’ai aucune chance de gagner alors 🙁 »

Léo : « Chut ! Il dort le tadorne. Il faut pas le réveiller. »

Max : « Brenta chépukoi ! Là ! Et là aussi ! »

69 38 Bernache cranant 69 39 Bernache cravant
69 42 Bernache cravant 69 43 Bernache cravant

Léo : « Brenta chépukoi ? C’est quoi ce zoiso ? »

Max : « La bernache cravant ! C’est le genre Brenta mais je me souviens plus du nom d’espèce. C’est peut être parce que j’ai mal dormi à cause d’un siffloteur nocturne. »

Léo : « D’accord, on te compte le point. »

Max : « Merci Léo 🙂 Bonome, pourquoi la bernache qui est en train de manger a des liserés blancs sur les plumes de ses ailes ? L’autre en a pas. Tu sais pourquoi ? »

Le chevalier : « Tu observes vraiment bien mon petitours. Je n’avais pas vu ce détail. »

Max : « Tu peux pas nous expliquer alors. Tant pis. »

Le chevalier : « Nous pouvons regarder dans ton beau livre… Apparemment les liserés blancs ne sont présents que chez les juvéniles lors de leur premier hiver. »

Max : « C’est un juvénile alors. »

Le chevalier : « Mais tu ne vas pas te chamailler avec lui ! »

Max : « J’ai pas envie de me chamailler aujourd’hui. Je suis trop fatigué. »

Le chevalier : « Si tu veux nous pouvons faire une pause sur les rochers. Vous vous installerez sur mes genoux et je vous gratterai le front. Tu es d’accord Léo ? »

Léo : « Oui, moi aussi je suis fatigué… Il est beau ce pluvier. On voit de beaux zoisos dans ce Royaume. On va sur ces rochers ? Oh ! Une bergeronnette ! » 69 44 Pluvier argenté

Max : « C’est une bergeronnette grise mais on va encore passer des heures pour savoir si c’est Motacilla alba alba ou Motacilla alba yarrelli… »

69 45 Bergeronnette 69 46 Bergeronnette
69 47 Bergeronnette 69 48 Bergeronnette

Léo : « Il faut décrire le zoiso Maxou et après on regardera dans ton beau livre. »

Max : « Il y a une virgule noire sur les joues et la calotte est noire. »

Léo : « Tu crois que c’est suffisant ? »

Max : « Je m’en fiche. Je veux siester sur mon bonome. A tout à l’heure. »

Léo : « Tu crois qu’il va vraiment dormir ? »

Le chevalier : « Il dort déjà 🙂 »

Léo : « Et la bergeronnette ? »

Le chevalier : « D’après ce qu’a dit Max, c’est un mâle yarrelli en plumage internuptial. Tu veux dormir un peu aussi ? »

Léo : « Mais qu’est ce que tu vas faire toi ? »

Le chevalier : « Attendre un peu, regarder les oiseaux… Puis je vous installerai dans ma poche. »

Léo : « J’y vais tout de suite. Et je crois que tu peux pocher Max 🙂 A tout à l’heure… Dis, si tu vois un beau zoiso, tu n’oublies pas de nous réveiller s’il te plaît. »

Le chevalier : « Max ! Léo ! Réveillez-vous ! »

Les petizours sortent leur tête de la poche, les yeux encore pleins de sommeil…

Le chevalier : « Regardez ! »

69 49 Courlis cendré 69 50 Courlis cendré

Léo : « Rholala ! Il en a un long bec lui ! »

Max : « C’est un courlis ? »

Le chevalier : « Oui, un courlis cendré (Numenius arquata, Scolopacidés). D’après la longueur du bec, je pense que c’est une femelle. »

Léo : « Pourquoi tu dis ça ? »

Le chevalier : « Chez le courlis cendré, la femelle a un bec plus long que le mâle. »

Max : « On a vu les deux courlis alors, le cendré et le corlieu. »

Léo : « Rhoooo la chance… Et celui là, vous le connaissez ? »

Max : « Tu le connais pas ? Bonome, Léo l’a jamais vu ? »

69 53 Tournepierre à collier

Le chevalier : « Je n’arrive plus à savoir tout ce que Léo a vu, ce que vous avez vu tous les deux ou ce que tu as vu avant son arrivée. »

Max : « Pas grave. C’est un tournepierre à collier, Arenaria interpres, Charadriidés. Il retourne les pierres pour trouver les petits crustacés dont il se nourrit. Ou alors il pique son bec dans la vase pour trouver des vers ou des bivalves. Cet été on en a vu un qui avait trouvé un petit crabe. Il s’est sauvé parce qu’il avait peur qu’on lui chipe son crabe. On a même pas eu le temps de lui dire qu’on est pas crabivores. »

Le chevalier : « Crabivore ? »

Max : « On dit pas crabivore ? Crabophage alors ? »

Le chevalier : « En petitoursien les deux se disent 🙂 »

Max : « Bonome ! Fotoe-vite ! Les bernaches cravants vont se poser ! »

69 54 Bernache cravant 69 55 Bernache cravant

Max : « Montre-moi les fotos… Zutalor ! On les voit pas bien. Princesse verra pas l’atterrissage des bernaches cravants. Tant pis. »

69 56 Grand gravelot Léo : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés ! Il a pas de orange sur le bec. C’est un juvénile ? »

Le chevalier : « Probablement. Je ne sais pas pourquoi mais depuis quelques temps je redoute de rencontrer des juvéniles 🙂 »

Max : « T’inquiète pas bonome, je suis pas en état de lui courir après. Regardez le goéland ! Il vient de se réveiller et il s’étire. C’est rigolo 🙂 » 69 57 Goéland brun
69 58 Goéland brun 69 59 Goéland brun

Léo : « Vous avez vu ? Un gravelot est passé ! C’est qui ce goéland ? On dirait un goéland brun. »

Max : « Dos gris ardoisé, pattes jaunes… ça doit être ça. Larus fuscus, Laridés. C’est beau les Laridés. »

Léo : « Il y a un autre grand gravelot. Il y en a beaucoup ici. »

69 60 Grand gravelot 69 61 Grand gravelot

Max : « Pas tant que ça ! Ce sont quelques individus isolés. Parfois ils forment de grands groupes de dizaines d’individus. On en a vu cet été. Bonome, tu veux pas avancer sur l’estran pour voir d’autres zoisos ? Mais tu fais attention à pas tomber ni t’enfoncer dans la vase. »

Le chevalier : « D’accord. Alors allons vers la pointe de la falaise. Il y a moins de sédiments sur le platier. Je m’enfoncerai moins. »

Max : « Pourquoi il y a des supports en fer là-bas ? »

Le chevalier : « Parce que des ostréiculteurs faisaient pousser des huîtres. »

Max : « Comment on fait pour faire pousser les huîtres ? »

Le chevalier : « Il faut d’abord faire se développer les naissains, c’est à dire les larves. Cela se fait dans des bassins. Quand les huîtres font quelques centimètres on les met dans des sacs et on pose les sacs sur des supports en métal sur l’estran. Les huîtres se nourrissent en filtrant l’eau. Mais il faut retourner et secouer les sacs régulièrement. C’est très difficile comme métier. »

Max : « Et maintenant les huîtres poussent toutes seules ici. Il y en a partout ! »

Léo : « Dites, les ostréiculteurs, vous connaissez le gros zoisos là-bas ? »

69 62 Barge rousse 69 63 Barge rousse
69 64 Barge rousse 69 65 Barge rousse
69 66 Barge rousse 69 67 Barge rousse

Max : « Ce sont des barges ! Elles sont venues nous voir ! Mais il y a deux espèces de barges : la barge rousse et la barge à queue noire. C’est laquelle celle-là ? »

Léo : « Oui, comment on les distingue ? »

Le chevalier : « La barge rousse a un bec légèrement retroussé. Et il est plus court que celui de la barge à queue noire. En plumage internuptial, la barge à queue noire a un plumage gris uni alors que celui de la barge rousse est strié. »

Léo : « C’est bien une barge rousse alors. Et c’est quoi son nom en scientifique ? »

Le chevalier : «Limosa lapponica, Scolopacidés. »

Léo : « C’est la barge à queue noire qu’on a vu voler au Royaume des Chevaliers. C’est quoi son nom à elle ? »

Le chevalier : « Limosa limosa. »

Max : « Bonome, tu as remarqué qu’on voit toujours les barges à queue noire en vol et les rousses au sol ? »

Le chevalier : « Oui, j’ai remarqué 🙂 C’est étrange. J’espère que ce n’est pas dû à une erreur de détermination. »

Max : « Ça arrive de dire des erreurs bonome. Mais Léo a rien dit au sujet de tes déterminations alors tu dois avoir bon. »

Léo : « Max, je n’étais pas avec vous cet été et je découvre les barges. Et puis tu sais, je connais pas tout en zoisos moi. »

Max : « Et ces deux là, tu les connais ? »

69 68 Bécasseau variable 69 69 Tournepierre à collier

Léo : « Trop facile 🙂 A gauche, ce sont des bécasseaux variables (Calidris alpina, Scolopacidés) et à droite c’est un tournepierre à collier (Arenaria interpres, Charadriidés) et il est crabivore 🙂 Dis chevalier, il y a un Laridé, là-bas, derrière la barge rousse. Tu peux le fotoer et me le montrer s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je le vois mon Léo… Voilà, je l’ai fotoé. Pas très bien centré… Regarde Léo. » 69 70 Goéland cendré
69 71 Goéland cendré 69 72 Goéland cendré

Léo : « Ben oui… C’est bien ce que je me disais. Montre à Maxou s’il te plaît. Tu vois, de loin on aurait pu penser à une mouette rieuse ou un goéland argenté. Mais non. »

Max : « Tu as vu son bec ? Il est gris, noir puis jaune. »

Léo : « Ben oui, j’ai vu. Et ses pattes… »

Max : « Quoi ses pattes ? Qu’est ce qu’elles ont ses pattes ? »

Léo : « Observe-les, Buteo trois fois ! »

Max : « Bonome ! Léo m’insulte ! »

Le chevalier : « Il te dit surtout d’observer les pattes du goéland. »

Max : « Ah ouai ! Il m’insulte et toi, tu le laisses faire ! D’accord ! »

Le chevalier : « Max, je te rappelle que c’est toi qui as commencé à utiliser des noms d’oiseaux. As-tu observé ? »

Max : « Elles sont jaunes-verdâtres. Et il a les yeux noirs. C’est bizarre ça. »

Le chevalier : « Pas forcément. Tu en penses quoi Léo ? »

Léo : « Tu veux que j’hypothèse ? Rholala… Qu’est ce que ça peut être ? Alors… il y a un cercle noir autour du bec. Ça pourrait être un goéland à bec cerclé. Mais je crois me souvenir qu’il a l’œil jaune. Et puis il est trop rare. Ou alors… ou alors c’est un goéland cendré ! Ça pourrait marcher, ça ! Le bec, la couleur, les pattes… Et même les stries sur la tête ! C’est ça : Larus canus, Laridés. C’est un goéland cendré en plumage internuptial. Tu peux vérifier dans le beau livre s’il te plaît chevalier ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas la peine Léo 🙂 »

Léo : « J’ai bon ? C’est vraiment un goéland cendré ? »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 »

Max : « Il est fort mon cousin 🙂 »

Léo : « C’est parce que j’aime beaucoup les Laridés alors je relis souvent les pages de ton beau livre consacrées aux Laridés. »

Max : « Bonome, tu nous as dit que tu nous montrerais une falaise et que tu expliquerais comment elle se transforme en platier. Quand est ce qu’on y va ? »

Le chevalier : « Nous pouvons-y aller si tu veux. »

Max : « Ce qui m’embête c’est que Léo a pas très envie de faire la géologie. »

Léo : « Si j’ai envie ! »

Max : « Mais avant de venir à la mer, tu as dit que tu voulais faire que l’ornithologie. »

Léo : « Oui mais c’était avant que tu m’offres un sacado ! Maintenant je suis un petitours naturaliste alors je veux faire la géologie moi aussi. »

Max : « C’est vrai ? »

Léo : « Ben oui Max sacado ! Tu crois peut être que tu es le seul petitours naturaliste… »

Max : « Tu entends ça bonome ! On y va alors ! »

Léo : « Mais on regarde les zoisos en chemin. »

Max : « On joue aux zoisos ! Pluvialis squatarola, Charadriidés ! »

Léo : « Bien vu Maxou 🙂 Dites, vous pensez qu’on en verra en plumage nuptial ? »

69 73 Pluvier agrenté

Max : « Pas en hiver Léo ! »

Léo : « Mais cet été ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Peut être. Ils ont leurs plumages nuptiaux quand ils sont dans la toundra du haut Arctique. »

Léo : « Ils habitent tout là-haut ? »

Le chevalier : « Oui, mais ils y restent peu. Les quelques mois d’été. Puis ils migrent en Europe occidentale où ils restent pour la mue ou tout l’hiver. Nous aurons peut être la chance d’en voir en plumages nuptiaux. »

Max : « Brenta bernicla, Anséridés ! »

Léo : « Tu es bien réveillé toi 🙂 Elle a pas de liserés blancs sur les ailes. C’est pas un juvénile. On peut faire la différence entre les mâles et les femelles ? »

69 74 Bernache cravant

Le chevalier : « Pas à ma connaissance Lé… »

Léo : « Calidris alpina, Scolopacidés ! Là ! Et là aussi ! »

69 76 Bécasseau variable 69 77 Bécasseau variable
69 78 Bécasseau variable 69 79 Bécasseau variable

Max : « Ça compte que pour un ! »

Léo : « Tu es vraiment mauvais joueur Maxou. Bien sûr que ça compte que pour un ! »

Le chevalier : « Fini de jouer les petizours. Filez dans ma poche et faites une petite sieste le temps que nous chevauchions jusqu’aux falaises. »

Max : « Qui a gagné ? »

Léo : « C’est toi Max 😉 »

Max : « Je savais bien 😀 On va où bonome ? »

Le chevalier : « En bordure du Petit Royaume des Barges. Allez, pochez-vous et dodo. »

Léo : « A tout à l’heure ! »

69 80 Empreintes

Le chevalier : « Les zours ! Réveillez-vous ! Nous sommes arrivés ! »

69 81 Un étage

Léo : « Rholala ! C’est beau ! »

Max : « Tu vois la cabane sur pilotis Léo ? Les zoms appellent ça un carrelet à cause qu’il y a un grand filet carré qui permet de pêcher à la manivelle à marée haute. Il y en a beaucoup en Charentmaritimie. »

Léo : « On en a déjà vu ! Sur l’Île où on va à pieds. Et j’ai lu ton blog tu sais. »

Max : « Peut être, mais Princesse m’a confié la mission de te former alors je te forme moi. »

Léo : « Merci Maxou. »

Max : « Dis bonome, c’est un étage aussi ici ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. C’est le Kimméridgien supérieur. »

Max : « Le Kimméridgien ? Mais on a déjà vu le Kimméridgien ! C’est pas ici le Kimméridgien, c’est à côté du Royaume des Sternes de Mer ! Tu dis des erreurs bonome. »

Le chevalier : « Non Max. A côté du Royaume des Sternes de Mer c’est le Kimméridgien inférieur. Ici, c’est le Kimméridgien supérieur. »

Léo : « Ça date de quand le Kimméridgien ? »

Max : « Oulala, c’est très très vieux ! Bien plus vieux que bonome 🙂 C’était au Jurassique de l’ère secondaire. »

Le chevalier : « Entre 157 et 152 millions d’années avant nos jours. »

Léo : « Ah oui, quand même ! »

Max : « On va voir de plus près ? »

Le chevalier : « Allons-y ! »

Le chevalier : « Nous voilà non loin de la falaise. »

Max : « Bonome, tu as vu par terre ? »

Le chevalier : « Que dois-je voir ? »

69 82 La falaise

Max : « Les galets ! Il y a des galets qui glissent partout ! Tu vas pas marcher la-dessus. Tu vas tomber et tu vas être tout cassé ! Et ta cheville ? Tu vas encore avoir mal pendant des jours. »

Le chevalier : « La géologie est une science de terrain mon petitours. J’en assume les risques. Mais je n’aime pas beaucoup venir ici justement à cause de ces galets. C’est fatigant. Allez, il n’y a pas plus de 2 km à faire. »

Max : « Et le retour ! Tu oublies toujours le retour, quand tu es tout fatigué ! »

Le chevalier : « Je te promets de faire attention et d’avancer lentement. Ça te va ? »

Max : « Léo, tu es d’accord ? »

Le chevalier : « Il a promis de faire attention. On peut avancer un peu, pour voir. »

Max : « D’accord. MAIS TU FAIS ATTENTION !!! »

Le chevalier : « oui Maxou 🙂 »

Max : « Ben, tu t’approches pas de la falaise ? »

Le chevalier : « Jamais ! Il y a un règle de prudence simple : on ne s’approche jamais d’une falaise à un distance inférieure à la mesure de sa hauteur. »

Max : « Tu peux ré-expliquer s’il te plaît ? »

Léo : « Je crois que j’ai compris. Si la falaise mesure 10m de haut on s’en approche pas à moins de 10m. C’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « D’accord. Et tu respectes toujours cette règle ? »

Le chevalier : « Honnêtement, non. Mais ici, oui. Je vous expliquerai pourquoi plus loin. Observons d’abord la falaise. Combien de couches voyez-vous ? »

69 83 La falaise 69 84 La falaise

Max : « Trois ! »

Léo : « Peut être quatre. Il y en a une fine qui paraît plus dure entre la deux et la trois. »

Le chevalier : « Bien vu. Vous voyez la couche grise. Elle est surmontée d’une couche jaunâtre qui débute par une strate plus dure, en effet. Elle se voit mieux sur la première photographie. A la base de la couche grise, on voit une encoche qui correspond à la limite supérieure de la couche la plus profonde. Il y a donc trois couches principales. »

Max : « Tu peux affiner tes descriptions s’il te plaît ? On est géologues nous. Il faut nous expliquer. »

Le chevalier : « Alors je vais vous expliquer 🙂 Commençons par la nature des roches. Pour faire simple, ce sont des marnes. »

Léo : « C’est quoi des marnes ? »

Le chevalier : « Des mélanges de calcaire et d’argiles. »

Max : « Tu sais Léo, les argiles sont des particules très très fines qui viennent de l’érosion de roches et les calcaires c’est l’accumulation de coquilles d’algues unicellulaires très petites. Oulala, on les voit même pas à l’œil nu. Il faut un microscope. Et les argiles et les calcaires se déposent au fond de la mer. On appelle ça la sédimentation. »

Léo : « Tu connais bien la géologie 🙂 »

Max : « Je connais un peu parce que bonome m’a expliqué les étages qu’on a vus en Charentmaritimie. Et puis, les argiles, elles se déposent que si le courant et l’agitation sont très faibles. »

Léo : « Comme ici ! C’est tout vaseux ! »

Max : « Et la vase, c’est de l’argile et de l’eau. »

Léo : « On peut revenir à la falaise s’il vous plaît. Parce que l’argile c’est gris et là, il y a pas que du gris. »

69 85 La falaise Le chevalier : « Commençons par le bas, sous l’encoche. Cette couche sera mieux visible plus loin, sur l’estran. La roche qui la constitue est une calcaire argileux ou calcaire marneux. »

Max : « Calcaire argileux, calcaire marneux… et puis quoi encore ! »

Léo : « C’est quoi ces roches ? »

Le chevalier : « J’ai dit tout à l’heure que les marnes sont des mélanges de calcaires et d’argiles. Mais en fait le nom de la roche change en fonction des proportions des deux constituants. Plus de 95 % d’argiles et on parle d’argile. De 95 à 65 %, ce sont des marnes argileuses. De 65 à 35 % , ce sont des calcaires argileux ou calcaires marneux. De 35 à 5 %, c’est une marne au sens strict. Et moins de 5 %, c’est un calcaire. »

Max : « D’accord pour le calcaire marneux. Et il y a des fossiles ? Parce que dans les roches sédimentaires, il peut y avoir des fossiles. »

Le chevalier : « Oui, il y a quelques niveaux à nombreux Nanogyra virgula, regardez ! »

69 86 Des fossiles 69 87 Des fossiles

Max : « Oulala ! Il y en a des fossiles ! »

Léo : « On dirait des petites huîtres. »

Le chevalier : « Ce sont de petites huîtres 🙂 »

Max : « Et il y en a pas des grandes ? »

Le chevalier : « Non, jamais. Elles ont toutes la même taille : 2cm environ. Les scientifiques pensent que c’est parce que le milieu de vie était pauvre en dioxygène. Vous savez peut être qu’une eau agitée est plus oxygénée qu’une eau calme. »

Max : « Je savais pas ça moi. Mais l’eau était pas très agitée si il y a beaucoup d’argiles. »

Le chevalier : « C’est vrai mais les scientifiques ont un autre argument. On trouve de nombreux petits cristaux de pyrite (FeS2) qui ne se forment qu’en milieu réducteur, c’est à dire pauvre en dioxygène. »

Léo : « Rholala, on apprend tout ça sur la mer d’il y a 150 millions d’années en regardant la roche ! C’est bien la géologie 🙂 On cherche des indices et après on raconte toute l’histoire. Rholala… »

Max : « Il est rigolo Léo 🙂 Dis bonome, il y a d’autres fossiles dans cette couche ? »

Le chevalier : « Quelques terriers de vers ou de crustacés… Rien d’extraordinaire. »

Max : « On avance pour aller voir les deux autres couches ? »

Léo : « Max, regarde 🙂 »

Léo chuchotte quelque chose à l’oreille de Max…

Max : « Bonome, regarde ! Vas-y Léo, dis lui ! »

Léo : « Non, vas-y toi ! »

Max : « Mais non, c’est ton idée ! »

Léo : « Mais j’ose pas. »

Le chevalier : « Ose mon Léo 🙂 »

69 89 Les petizours

Léo : « Bonome, on a trouvé un œuf de Batman ! »

Le chevalier : « 😀 Vous êtes bêtes 😀 »

Léo : « C’est quoi en vrai ? »

Max : « Une capsule d’œuf de raie. J’en ai dans ma collection. »

Le chevalier : « Max, j’en ai assez de t’entendre parler de ta collection alors qu’il s’agit d’une accumulation d’objets hétéroclites posés sur une étagère et qui prennent la poussière ! »

Max : « Tu veux jamais m’aider à la classer ! »

Le chevalier : « Ça suffit Max ! Tu ne me l’a jamais demandé ! »

Max : « Pardon bonome. Me gronde pas s’il te plaît 🙁 »

Léo : « Dites les foulques, vous préférez pas me dire de quelle espèce de raie il s’agit plutôt que de vous chamailler ? »

Le chevalier : « Raja undulata, la raie brunette. »

Léo : « Max, je crois que tu as fâché le chevalier. »

Le chevalier : « Un peu énervé… Regardez un peu la falaise. »

69 90 Les risques 69 91 Les risques

Max : « Il y a un morceau qui se détache ! »

Léo : « Et des éboulis au pied de la falaise ! »

Max : « C’est pour ça qu’il faut pas s’approcher d’une falaise : elle peut nous tomber dessus. »

Léo : « Et après on est tout crabouillés ! »

Le chevalier : « Un jour que je promenais ici, j’ai entendu un énorme bruit derrière moi. J’ai sursauté. Mon cœur s’est arrêté et je me suis retourné. Mais je n’ai rien vu. J’ai cherché partout d’où pouvait venir le bruit et je ne trouvais pas. Je me suis encore retourné et j’ai vu des petits morceaux de falaise qui tombaient. »

Max : « Il y avait eu un éboulement ! »

Léo : « Tu as eu de la chance ! »

Le chevalier : « Non Léo, j’ai été prudent. J’avais hésité à m’approcher de la falaise pour chercher des fossiles. Je n’en ai presque pas trouvé sur l’estran. Mais je me suis rappelé les règles de sécurité et je suis resté à la bonne distance. Si j’avais fait l’autre choix je me serais retrouvé juste sous l’éboulement. »

Max : « Et tu aurais été tout cassé ou tout mort. Faut être prudent bonome. »

Le chevalier : « Je le suis le plus possible… Vous avez compris que lorsqu’on marche en haut de la falaise, il ne faut jamais s’approcher du bord. On pourrait se retrouver sur un bloc immense qui est en équilibre précaire. Le poids d’un homme peut être suffisant pour le déstabiliser et le faire tomber. »

Léo : « Il ne faut jamais s’approcher d’une falaise, ni en haut, ni en bas. »

Le chevalier : « Oui petit Léo. Et c’est comme cela qu’une falaise se transforme en platier. Par le haut. L’eau s’infiltre, crée des fissures qui s’agrandissent… Un bloc instable apparaît et finit par tomber. »

Max : « C’est pas à cause de la mer alors ? »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous de l’encoche au bas de la falaise ? »

Léo : « Elle est pas très profonde. »

Le chevalier : « Pas assez pour déstabiliser la paroi. »

Max : « Alors la mer érode rien du tout. »

Le chevalier : « Elle déblaie les éboulis. En quelques années tout est déblayé. Sans cette action, la falaise serait plus stable. D’ailleurs les falaises situées à l’intérieur des terres reculent beaucoup moins vite. »

Léo : « Je savais pas que c’était dangereux le haut des falaises. Mais … où est Max ? »

Max : « Je suis là ! A quoi je vous fais penser ? »

69 92 Max 69 93 Max

Le chevalier : « 😀 La naissance de Max, par Botticelli ! »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « L’œuf de Batman, la naissance de Max… Vous êtes en forme aujourd’hui 🙂 »

Max : « oui, c’est la fatigue ! Bon, on continue à observer les couches ? »

Le chevalier : « Les strates, Max. Les couches, c’est pour les bébés 😀 »

69 94 La falaise 69 95 Les strates

Le chevalier : « La partie inférieure est constituée de strates de calcaires compact, gris-blanc, épaisses de 10 à 20 cm séparées par des lits marneux d’environ 1 cm. La moitié supérieure est formée de strates de calcaires jaunâtres. »

Max : « Et il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Des ammonites des genres Aspidoceras et Perisphinctes, des oursins, des bivalves… Mais ils sont très rares et en mauvais état. »

Max : « On va pas fossiler alors… »

Le chevalier : « Non, ce n’est pas la peine. »

Max : « Tu peux me remontrer les dernières fotos s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Tu as vu quelque chose ? »

Max : « Oui, regarde : il y a une faille. »

Le chevalier : « Bien vu Maxou ! »

Léo : « C’est quoi une faille ? »

Max : « C’est quand il y a une grande cassure énorme dans les roches qui se cassent en deux morceaux et que les morceaux se déplacent l’un par rapport à l’autre. Là, on voit que le morceau le plus proche de nous est plus haut que l’autre. »

Léo : « Rholala ! Il faut beaucoup de force pour tout casser comme ça ! »

Max : « Ben oui, forcément 🙂 C’est à cause de la tectonique des plaques. »

Le chevalier : « Je vous expliquerai tout à l’heure. »

Léo : « Oui, je veux bien. Mais il y a pas une couche en plus en haut de la partie la plus basse ? »

Le chevalier : « Si Léo. C’est une lentille de sable du Cénomanien. »

Max : « Le Cénomanien ? Comme ça, sur le Kimméridgien ? Ça va pas ça bonome. Tu avais fait un beau tableau pour mon blog et il y avait des tas d’étages entre le Kimméridgien et le Cénomanien. Ils sont où tous ces étages ? »

Le chevalier : « Ils sont absents ici. »

Max : « Ils sont absents ! Ils ont un mot du docteur ? Ils reviennent quand ? Bonome, pourquoi ils sont pas là ? »

Le chevalier : « Max, tu sais que les sédiments se déposent dans la mer. »

Max : « Ben oui. Même Léo sait ça ! »

Léo : « Donc il y avait pas la mer entre la fin du Kimméridgien et le début du Cénomanien. C’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Si j’ai bien tout compris… il y a eu une mer chaude et peu profonde sur la Charentmaritimie au Kimméridgien inférieur et la région était sous les tropiques. Il en reste le Kimmeridgien récifal d’à côté du Royaume des Sternes de Mer. Après, il y a eu beaucoup d’argiles apportées par les fleuves, et les coraux pouvaient plus pousser. Et ça a donné les calcaires argileux du début du Kimméridgien supérieur. Et puis la mer est devenue encore moins profonde et les marnes se sont mises en place. A la fin du Kimméridgien la mer est partie. Et elle est revenue que 50 millions d’années plus tard, au Cénomanien du Crétacé supérieur. »

Le chevalier : « Tu as bien compris Maxou. »

Léo : « Tu en connais des choses en géologie. Rholala… Mais pourquoi la mer était là, puis   repartie et  revenue ? »

Le chevalier : « Quand la mer recouvre les continents, on parle de transgression et quand elle repart c’est une régression. Alors vous voulez savoir pourquoi il y a eu une grande régression à la fin du Jurassique et une vaste transgression au début du Crétacé supérieur ? »

Max : « Ben oui, on est géologues nous, on veut savoir. »

Léo : « Oh oui, raconte nous s’il te plaît. »

Le chevalier : « Alors asseyez-vous. Et il va me falloir des cartes. Comme tu l’as brillamment expliqué tout à l’heure Max, dès le Kimméridgien, les dépôts sédimentaires indiquent une tendance à la régression. Cette émersion est due à l’ouverture de l’Atlantique Nord, après l’élargissement de l’Atlantique Central et de la Téthys Ligure qui a eu lieu pendant tout le Jurassique, mais qui se ralentit fortement à la limite Jurassique-Crétacé (-145 Ma) ; s’ouvrent alors le rift du Golfe de Gascogne qui fait dériver l’Ibérie vers le Sud-Ouest et en même temps, plus vers l’Est, dans son prolongement, celui du mini-océan Valaisan entre l’ « Île Briançonnaise » et le continent européen. Regardez la carte, ce sera peut être plus clair. »

Kimm

Max : « C’est quoi cette carte ? »

Le chevalier : « La position des océans et des continents au Kimméridgien. »

Max : « C’était comme ça ? Oulala ça a tout bougé depuis ! »

Le chevalier : « Oui Maxou, c’est la conséquence de la tectonique des plaques. »

Léo : « Et la régression du Crétacé inférieur ? Elle est due à quoi ? »

Le chevalier : « Regardez la carte du Cénomanien. »

Cénomanien

Léo : « Rholala, ça a tout bougé encore ! »

Le chevalier : « Oui, beaucoup de chose se sont passées… L’océan du Golfe de Gascogne et l’océan Valaisan ont commencé leur ouverture et ont créé des zones d’appel des eaux. En même temps, leurs marges se sont surélevées. L’émersion totale est réalisée au Purbeckien (entre -145 et -130 Ma). Seuls, quelques marécages et lagunes parsèment le paysage charentais au début du Crétacé inférieur. »

Max : « Et pourquoi la mer est revenue au Cénomanien ? »

Le chevalier : « La transgression cénomanienne est à relier à l’ouverture de l’Atlantique Sud dont le taux d’expansion est élevé à cette période : plus de 10 cm par an. Cela implique un bombement important de la dorsale médio-Atlantique Sud par ascension de matériel mantellique et donc une diminution de la profondeur du bassin puisque le fond se surélève. L’eau envahit alors les continents limitrophes. Le phénomène est également favorisé par un réchauffement du climat global de la Terre responsable d’une dilatation des eaux marines. Pas trop compliqué ? »

Max : « Je voudrais pas avoir une interro ! Oulala ! »

Léo : « Moi non plus ! Mais on va graver tout ça dans le blog de Max et après on pourra tout relire calmement. C’est bien la géologie quand même 🙂 »

Le chevalier : « Et si on allait aux zoisos avant de rentrer ? »

Léo : « Oui ! Allons-y ! »

Max : « Bonome, qu’est ce que tu regardes encore sur la falaise ? Il y a pas des zoisos sur la falaise ! »

Le chevalier : « J’ai aperçu quelque chose qui va vous plaire ! »

Max : « On s’approche pas de la falaise ! C’est interdit, oulala, c’est trop dangereux ! »

Le chevalier : « Non, nous ne nous approcherons pas. Je vais tout zoomer. Regardez. » 69 96 Géode de calcite
69 97 Géode de calcite 69 98 Géode de calcite

Léo : « Rholala c’est beau ! »

Max : « C’est quoi ? Je pourrais en prendre pour mon fouillis sur l’étagère ? »

Le chevalier : « 🙂 J’en ai déjà. Je t’en donnerai si tu veux. »

Max : « Merci mon bonome. Mais tu as pas expliqué. C’est quoi ? »

Le chevalier : « C’est une géode de calcite. La calcite est le minéral qui constitue le calcaire. C’est un carbonate de calcium (CaCO3). La calcite cristallise dans des petites cavités. »

Léo : « On voit de belles choses quand on fait la géologie. »

Max : « Et encore, tu as pas fossilé ! Bonome, regarde la falaise 🙂 »

69 101 L'échelle stratigraphique

Le chevalier : « Qu’est ce qu’il y a ? »

Max : « Ben regarde ! C’est l’échelle stratigraphique 🙂 C’est celle qui permet de changer d’étages 😀 »

Le chevalier : « 😀 Max, te rends tu compte de ce que tu viens de faire ? »

Max : « Non. Dis-moi. »

Le chevalier : « Tu viens de faire une blague compliquée que personne va comprendre 🙂 »

Max : « Oh non ! Ça y est ! C’est arrivé ! Je suis devenu comme toi 🙁 Bououououou ;( »

Léo : « Ben quoi ! Elle est rigolote ta blague 🙂 Et puis moi, j’aimerais bien ressembler au chevalier. C’est un grand chevalier, mais pas un Scolopacidé. Et un grand naturaliste. »

Le chevalier : « Merci petit Léo. On fait une pause ? Asseyez-vous un peu et profitez du paysage. »

69 102 L'estran

69 103 Des zoisos 69 104 Des zoisos

Max : « C’est qui les zoisos qui viennent de passer ? »

Léo : « J’ai pas vu de tâches axillaires noires. C’était pas des pluviers argentés. »

Max : « Tâche axillaire noire ? Toi aussi tu te mets à utiliser des mots compliqués que personne comprend ! »

Léo : « Des tâches noires à l’aisselle ! »

Max : « J’avais compris, oulala ! Moi aussi je parle le scientifique. C’est qui, si c’est pas des pluviers ? »

Le chevalier : « Probablement des bécasseaux variables… Voulez-vous aller voir ? »

Léo : « Oui, s’il te plaît. »

Le chevalier : « Ce sont bien des bécasseaux variables. Tiens, il y a un pluvier argenté parmi eux. »

69 105 Des zoisos

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « L’inspection est terminée. On va retourner à notre monture puis à la cabane. C’est fini la mer. »

Le chevalier : « Il nous faut bien rentrer chez nous Max. Léo, as-tu aimé le séjour ? »

Léo : « Oh oui ! On a vu des tas de beaux zoisos. Max m’a fait des cours d’histoire rigolos. J’ai eu un beau sacado et vous m’avez initié à la géologie. Je suis un vrai naturaliste maintenant et c’est beau la mer. On reviendra ? »

Max : « On reviendra, n’est ce pas ? »

Le chevalier : « Oui, c’est promis. Nous reviendrons. Ne soyez pas tristes. »

On l’était quand même. Alors bonome nous a pris sur ses genoux et nous a gratté le front, en silence. Et on regardait la mer, pour faire des réserves de souvenirs.

69 108 Au revoir la mer

Max : « Au revoir la mer. Merci pour tout. Et prends soin de tes zoisos s’il te plaît. »

Continuer la promenade.

68 – Le Marais et d’autres lieux

Mardi 29 Décembre, An II

Max : « Bonjour bonome. »

Le chevalier : « Bonjour Maxou. Bien dormi ? Léo n’est pas avec toi ? »

Max : « Il est aux toilettes 🙂 »

Le chevalier : « Aurait-il siffloté en rêvant ? »

Max : « Oui. Il est terrible ce Léo ! On peut pas dormir tranquillement avec lui 🙁 »

Le chevalier : « Je vais le libérer… Bonjour Léo ! Max t’a exilé cette nuit ? »

Léo : « Mmmmm… Bonjour… Il a eu raison. Je l’embêtais avec mes sifflements nocturnes… Bonjour Max. Je suis désolé de t’avoir empêché de dormir encore une fois. »

Max : « C’est pas grave. J’ai bien dormi quand même. Et toi ? »

Léo : « J’ai encore rêvé de zoisos 🙂 On va où aujourd’hui ? »

Max : « Et si on allait au Marais ? Tu veux bien bonome ? On y avait vu de beaux zoisos. »

Le chevalier : « Le Marais ? Pourquoi pas… »

Max : « Tu n’as pas l’air très enthousiaste. »

Le chevalier : « Il faut beaucoup marcher et je ne suis pas certain de voir des oiseaux. »

Max : « Je comprends… Voilà ce que je te propose : on va au Marais, on inspecte un peu et si on voit pas de zoisos on va voir ailleurs. D’accord ? Et j’aimerais bien repasser au Royaume des Chevaliers 😉 »

Le chevalier : « D’accord Maxou. »

Max : « Vous êtes prêts ? On peut y aller ? »

Léo : « Tu laisses même pas le temps au chevalier de se caféiner ! »

Max : « Tu sais bien qu’il va s’arrêter dans une taverne ! Allez, on y va. »

Pendant la chevauchée…

Max : « Tu vas voir Léo, c’est très beau le Marais. C’est tout plat et il y a quelques arbres, des canaux, des mares, des flaques… »

Léo : « Et il y a des zoisos ? »

Max : « On en a vu des beaux cet été : des échasses blanches, des spatules, des ibis sacrés… »

Léo : « Tout ça ? »

Max : « Et des tas d’autres… »

Léo : « Rhoooo la chance… »

Max : « Et si on voit pas de zoisos aujourd’hui, on reviendra l’été prochain. T’inquiète pas mon Léo, tu en verras des zoisos. Et tu les imiteras la nuit pendant ton sommeil… »

Le chevalier : « La récréation est terminée ! Nous sommes arrivés. »

Max : « C’est parti pour l’inspection du Marais 🙂 »

Léo : « C’est quoi ce bruit ? »

Max : « C’est vrai ça ! C’est quoi ce bruit ? Il y a pas de bruit ici normalement ! »

Le chevalier : « On dirait le bruit que font les cygnes en volant. »

Max : « Ils sont où ? Tu les vois ? »

Léo : « Là ! Ils vont se poser sur l’eau ! »

Max : « Faut fotoer bonome ! Vite ! »

68 01 Cygne tuberculé 68 02 Cygne tuberculé
68 03 Cygne tuberculé

Le chevalier : « C’est fait ! »

Max : « Montre-nous ! montre-nous ! »

Max : « Mouai… Pas terrible… Mais c’était pas facile… »

Léo : « Max, tu critiques tout le temps le chevalier. C’est pas gentil. »

Max : « C’est pas bonome que je critique mais les fotos. Dis moi Léo, tu connais le cygne ? »

Léo : « Le cygne tuberculé ? Ben oui ! Cygnus olor, Anséridés. Il mesure 120 cm du bout du bec au bout de la queue et peut peser jusqu’à 13 kg. Son envergure dépasse 2 mètres. Il peut vivre 20 ans. Maxou, sais-tu ce qu’est une espèce protégée ? »

Max : « Non, je savais pas. Tu savais toi bonome ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Évidemment. Léo sait, toi tu sais… Il y a que moi qui sais pas… »

Léo : « C’est normal, tu connais rien du tout en zoisos 😉 »

Le chevalier : « Tu exagères Léo. Max est un bon petit ornithologue. »

Léo : « Je sais bien et il m’a appris beaucoup de choses mais c’est ce qu’il a dit de toi hier. »

Le chevalier : « C’est vrai ça ? Max, tu connais rien du tout en zoisos ! »

Max : « Je m’incline. D’accord, je n’aurais pas dû. Bonome, je te demande pardon. »

Le chevalier : « Pardon accordé 🙂 »

Léo : « Ce n’est pas un rougegorge familier qu’on entend ? »

68 04 Rougegorge familier

Max : « Erithacus rubecula, Muscicapidés. Il est là, devant, mais si tu l’imites je te ploufe dans le marais. »

Léo : « Oui Maxou. Je crois que je vais éviter les sifflements pendant un moment. »

Max : « Regardez comme c’est beau ! Vous pensez que ça plairait à Princesse ? »

68 05 Le marais 68 06 Le marais

Léo : « Je connais pas Princesse moi. Il faut demander au chevalier. »

Max : « Il va pas répondre. Il répond jamais quand on parle de Princesse… Qu’est ce que tu fotoes bonome ? »

68 07 Héron cendré 68 08 Héron cendré
68 09 Héron cendré

Léo : « Un héron cendré qui vole… »

Max : « Je ne m’en lasserai jamais. »

Léo : « Encore un cygne en vol… Rhooo la chance… Il y a beaucoup des cygnes ici. »

68 11 Cygne tuberculé 68 12 Cygne tuberculé
Max : « Heureusement parce que, sinon, on voit pas beaucoup des zoisos… Oh, il y a un Passériforme là-bas. Léo, interro ! Parle-moi de ce zoiso. » 68 13 Pinson des arbres

Léo : « C’est une interro ? Pfff… En plus il est à contre-jour… Il a des tâches jaunes et blanches sur les ailes… Sa forme générale… Je pense au pinson des arbres, Fringilla coelebs, Fringillidés, mais je suis pas sûr parce qu’on le voit pas bien. »

Max : « C’est ce que j’aurais dit aussi. Bonome, tu en penses quoi ? »

Le chevalier : « Je suis d’accord. C’est sûrement un pinson des arbres. Maxou, j’ai une interro pour toi. Parle-moi de ces zoisos 🙂 » 68 14 Des zoisos

Max : « CEUX-LÀ ! Mais ils n’arrêtent pas de bouger ! Et ta foto est floue ! Pfff… Je vais avoir faux… Elle est même pas faisable ton interro ! Je suis pas spécialiste en zoisos moi… »

Le chevalier : « Arrête de ronchonner et donne une réponse. »

Max : « Et je fais comment ? »

Léo : « Max, tu sais bien que pour identifier un zoiso il faut commencer par le décrire. »

Max : « Ouaip, merci du conseil… C’est un zoiso flou… Famille des Flouïdés ? »

Le chevalier : « 😀 Tu connais ce genre Maxou… Peut être mieux que moi. »

Max : « Moi ? Je le connaîtrais mieux que toi ? Tu te moques de moi. C’est pas gentil de se moquer de son petitours. Je te l’ai déjà dit. »

Le chevalier : « Souviens-toi de ces derniers jours. »

Max : « Je connais mieux que toi… Ces derniers jours… Un pipit du genre Anthus ? C’est un pipit ? »

Le chevalier : « Difficile à dire… mais je pense bien. »

Max : « J’ai bon alors ?! »

Le chevalier : « Oui, bravo Max 🙂 »

Max : « Elle était dure cette interro. Bonome, on voit pas de zoisos ici. Tu veux pas aller là où on a vu des échasses et des bihoreaux ? »

Léo : « Des bihoreaux gris ? Vous avez vu des bihoreaux gris ? Rholala, la chance ! Mais on va pas en voir aujourd’hui 🙁 L’hiver, ils vont au sud de l’Afrique. »

Max : « Faut pas être triste Léo. Tu les verras cet été, tous ces zoisos. Je suis sûr que blongios aura raconté l’histoire du grand chevalier aux petizours à tous ses copains migrateurs. Ils viendront nous voir et tu pourras laisser choir ta mâchoire tant que tu voudras. Allez bonome, emmène nous ailleurs. »

On a chevauché doucement vers un autre endroit du Marais. En chemin, on a aperçu des Martins qui passaient à toute vitesse. Ils sont toujours pressés ici, les Martins, et ils viennent même pas nous saluer 🙁

Puis on est arrivés à l’autre endroit. On a marché, marché, marché… mais il y avait pas des zoisos. Sauf un cygne, qui passait par là…

68 15 Cygne tuberculé 68 16 Cygne tuberculé
68 17 Cygne tuberculé 68 18 Cygne tuberculé
68 19 Cygne tuberculé 68 20 Cygne tuberculé

Max : « Bon, bonome, ça va pas du tout. On voit pas des zoisos ici. Emmène-nous au Royaume des Chevaliers s’il te plaît. »

En chemin…

68 21 La charmante petite ville Max : « Hey ! Mais c’est la Charmante Petite Ville qu’on voit là ! On peut y aller bonome ? Je t’offre un café et on fait visiter à Léo. On va tourister tous les trois 🙂 »

Le chevalier : « Avec quel argent vas-tu m’offrir le café ? »

Max : « C’est le moment de reprendre notre discussion au sujet de mon argent de poche je crois. »

Le chevalier : « Tu veux m’offrir une nouvelle casquette ? »

Max : « Pfff… »

Le chevalier : « J’offre le café si tu fais visiter la Charmante Petite Ville à Léo. Et n’oublie pas Samuel de Champlain 😉 »

Max : « D’accord 🙂 On va sur les remparts alors. Viens Léo, je voudrais te montrer quelque chose. »

68 22 Les touristes 68 23 Les touristes

Léo : « Ils sont beaux ces remparts mais il y a pas des zoisos. »

Max : « Oublie un peu les zoisos. On touriste. Et c’est pas juste des remparts. C’est d’ici que Samuel de Champlain est parti en bateau pour fonder la Nouvelle France. C’était il y a très longtemps. En 1608. Bonome était tout jeune à l’époque. »

Léo : « Max, il te faut une plus grande casquette. La tienne te protège pas assez et tu as le cerveau tout fondu. En 1608 bonome avait déjà au moins 500 ans 🙂 »

Max : « 🙂 »

Léo : « Et puis dans un port il y a de l’eau, et ici, il y a pas d’eau. »

Max : « Tu dis ça parce que tu connais pas Samuel de Champlain ! Il a inventé la planche à roulettes pour pousser les bateaux à partir de ports où il y a pas la mer. Il posait son bateau sur la planche à roulettes et des zoms poussaient jusqu’à la mer. Elle est pas loin la mer. Juste 3 à 4 km. »

Léo : « Chevalier, il faut vraiment changer la casquette de Max. il va pas bien dans sa tête. Maxou, continue quand même ton histoire, tu m’amuses 🙂 »

Max : « C’est à cause du grand Vauban qui s’est inspiré du grand Colbert. Le grand Colbert a construit un port sur le Grand Fleuve d’Ici alors que, des fois, il y a même pas d’eau dans le fleuve, à cause de la marée. Alors plus tard, le grand Vauban s’est dit : ‘Tiens, si je construisais un port à trois ou quatre kilomètres de la mer ? Ça serait rigolo ! Et je suis curieux de savoir comment ils vont faire avec leurs bateaux.’ Et il a construit la Charmante Petite Ville. Après, les zoms ont été très embêtés avec leur port où il y avait pas la mer. Mais Samuel de Champlain est arrivé. Lui, il s’est pas laissé embêter. Il a pris une grande planche énorme. Il a mis des roulettes dessous et il a posé son bateau dessus. Puis il a dit aux autres zoms de pousser la planche à roulettes. Et quand il est arrivé à la mer il savait plus quoi faire. Il avait rien prévu. Alors il s’est dit : ‘De l’autre côté de la grande mer atlantique, il y a l’Amérique. Je pourrais peut être aller voir comment c’est puisque j’ai un bateau.‘ Il a traversé la grande mer atlantique et quand il est arrivé il a vu que la ville de Québec existait même pas. C’était très embêtant parce que les québécois savaient pas où habiter. Ils avaient même pas de ville. Ils erraient sans but comme des bêtes sauvages… Alors Samuel de Champlain a fondé Québec. Comme ça. D’un coup. Et les québécois étaient très contents parce que désormais ils pouvaient aller au bistrot et jouer au loto, comme des gens civilisés. Mais il aurait pas dû fonder Québec, Samuel de Champlain, parce que, du coup, personne se souvient de sa grande invention. Voilà, c’était l’histoire du port où il y a pas la mer. »

Léo : « Max, tu racontes vraiment n’importe quoi ! Mais tu es rigolo 😀 Allez, viens, on va tourister 🙂 »

Max : « Bonome, tu peux nous fotoer s’il te plaît ? Pour montrer à Princesse. »

68 24 Les touristes 68 25 Les touristes
68 26 Les touristes 68 27 Les touristes
68 28 Les touristes

Max : « Bon, ça suffit de tourister. Bonome, tu vas boire ton café et après on va au Royaume des Chevaliers… Tu as trouvé un sacado pour Léo ? »

Le chevalier : « Pardon ? Je n’ai pas entendu ce que tu as dit. »

Max : « Tu as trouvé un sacado pour Léo ? »

Le chevalier : « Désolé. Je n’ai toujours pas compris. »

Max : « Approche. (A l’oreille du chevalier). Tu as trouvé un sacado pour Léo ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! Quelle question ! »

Max : « Alors en route pour le Royaume des Chevaliers ! »

Léo : « Mais Max, on y est allés avant-hier et hier ! Bonome va en avoir assez ! »

Max : « Tu l’appelles bonome ? Ça fait deux fois aujourd’hui ! On va là-bas et c’est tout ! »

On a chevauché doucement, en profitant du paysage. La route est très sinueuse et on peut pas aller vite. Toute façon ça sert à rien d’aller vite. C’est dangereux et on voit pas les zoisos. Mais j’étais quand même impatient d’arriver pour offrir le cadeau à Léo.

Léo : « Regardez ! Il y a l’aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés). Elle va peut-être venir pêcher juste sous nos pattes, comme hier. »

68 29 Aigrette garzette 68 30 Aigrette garzette

Max: « Ben non 🙁 Elle est partie l’aigrette. Tant pis. Allez, on avance. »

Léo : « Tu as l’air bien pressé Maxou ! »

Max : « Il y a pas des zoisos ici, on va pas rester des heures si il y a pas des zoisos. »

68 32 Sarcelles d'hiver

Max : « Pfff… Ici aussi les zoisos s’en vont. Bon, on avance alors. »

Léo : « Attends Max. le chevalier a fotoé. Je voudrais voir la foto. (A lui même en regardant la photographie) Mmmm… Il me semblait bien… Il y a le miroir alaire vert et une tâche noire et une autre blanche sur les ailes. Et on devine la coloration brun rougeâtre de la tête. Ce sont des sarcelles d’hiver (Anas crecca, Anatidés). J’avais bien reconnu la façon particulière qu’elles ont de s’envoler. »

Max : « Qu’est ce que tu racontes ? Quelle façon particulière ? »

Léo : « Tu as jamais fait attention ? Elles s’extraient de l’eau verticalement, en une espèce de bond, puis elles se mettent à voler réellement et avancent. Je crois qu’il y a que les sarcelles d’hiver qui font ça chez les canards. »

Max : « Tu savais ça bonome ? Oui, bien sûr, tu savais… »

Léo : « Et vous saviez que la sarcelle lochère ? »

Max : « Laçarcéllochère ? Késkidi ? Mets ta capuche s’il te plaît. J’ai déjà un bonome au cerveau fondu. Si, en plus, j’ai un cousin qui a le vent qui tourbillonne entre les oreilles… »

Léo : « 🙂 C’est pas ‘laçarcéllochère‘ mais la sarcelle lochère. Le chien aboie, le cheval hennit et la sarcelle lochère. »

Le chevalier : « Alors ça, je ne le savais pas ! Tu m’impressionnes mon Léo. »

Léo : « Merci chevalier 🙂 C’est parce que j’aime beaucoup les zoisos. »

Max : « Oulala ! Il est fort ce Léo ! Bon, on avance. »

Léo : « Max, tu as l’air bien pressé. Qu’est ce qui t’arrive ? »

Max (En avançant rapidement) : « Rien… Allez, suivez moi donc ! … Voilà, on y est. »

68 33 Des zoisos

Léo : « Rhoooo… C’est beau… Alors… il y a des colverts, des tadornes… des sarcelles d’hiver… tout là-bas ça doit être des chevaliers arlequins… Ça, c’est peut être un chipeau… Pas sûr… Max, tu regardes pas la beauté ? »

Max : « Non. Je voudrais te parler. Tu sais, cet endroit est important pour moi. C’est ici que bonome m’a offert mon beau livre de zoisos. » 68 34 Le sacado

Léo : « La chance ! Il est beau ton beau livre de zoisos. »

Max : « C’est notre beau livre. Tu le lis plus que moi 🙂 »

Léo : « C’est gentil Maxou, mais il est à toi. C’est à toi que le chevalier l’a offert. Tu es déjà très généreux de me le prêter tout le temps. »

Max : « C’est parce que tu aimes beaucoup les zoisos 😉 Tourne-toi s’il te plaît. » 

Léo : « Mais pourquoi ? »

Max : « Tourne-toi, s’il le plaît, Léo. »

Léo : « D’accord. »

Max : « Bonome, passe moi le sacado… Merci. Tu peux regarder 🙂 »

68 35 Le sacado 68 36 Le sacado

Léo : « Oh ! Un sacado rouge comme le tien ! Il est très beau. »

Max : « C’est pour toi Léo. »

Léo : « Pour moi ? Mais… les sacados c’est pour les naturalistes qui connaissent des tas de choses fort savantes, comme toi et le chevalier… Je suis pas naturaliste moi. Je suis juste un petit peu ornithologue. »

Max : « Un petit peu ornithologue… Bonome, tu entends ça ? il y a pas un mot compliqué que personne connaît pour qualifier ça ? ‘un petit peu ornithologue‘… »

Le chevalier : « C’est un euphémisme. »

Max : « Léo, tu euphémises. Tu connais mieux les zoisos que notre beau livre de zoisos… »

Léo : « Tu exagères. »

Max : « Tu apprends des choses à bonome ! Il te demande ton avis quand il n’est pas sûr d’une détermination ! »

Léo : « Et vous pensez que je mérite un sacado ? »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 Et Max y tient beaucoup. »

Léo : « Il est pour moi alors ? RHOLALA ! LA CHANCE… Je peux le mettre ? »

Max : « Ben oui ! »

68 37 Le sacado 68 38 Le sacado

Léo : « Regardez ! J’ai un sacado rouge ! Max, regarde, moi aussi j’ai un sacado ! J’ai-un-sacado ! J’ai-un-sacado ! Rholala 🙂 Merci Maxou ! Merci chevalier ! »

Le chevalier : « Mettez-vous côte à côte que je vous fotoe. Pour montrer à Princesse… Léo, tu es officiellement un petitours naturaliste maintenant. » 68 39 Le sacado

Léo : « Merci beaucoup à tous les deux. Je suis très touché. Bon, si on allait aux zoisos maintenant 🙂 »

Max : « On peut y aller, Léo sacado 🙂 »

68 40 Des zoisos

Léo : « Rholala ! Comme c’est beau ! Ce sont des vanneaux huppés qu’on voit là-bas ? »

Max : « Oui, Vanellus vanellus, Charadriidés. Il y a des tadornes et des colverts aussi. »

Léo : « Et une sarcelle d’hiver qui se lisse les plumes. »

Max : « Oulala ! Il y a plein de vanneaux qui volent ! Fotoe-les bonome ! Vite ! »

68 41 Des zoisos 68 42 Des zoisos

Max : « Tu peux tout zoomer sur l’île s’il te plaît ? »

68 43 Des zoisos 68 44 Vanneaux huppés

Max : « C’est beau les vanneaux en vol ! »

68 45 Vanneaux huppés 68 46 Vanneaux huppés

Léo : « oh ! Regardez par là ! Il y en a plein le ciel ! »

68 47 Vanneaux huppés 68 48 Vanneaux huppés

Max : « C’est vrai qu’il y en a beaucoup. On en a jamais vu autant ! Ils sont venus voir tes petizours bonome 🙂 On peut rester un peu pour regarder voler les vanneaux s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si Léo est d’accord. »

Léo : « Oh oui ! Tu n’es plus pressé maintenant Max. »

Max : « J’étais pressé de t’offrir ton sacado. »

Léo : « Ben oui, j’avais compris. Merci Maxou. »

Le chevalier : « Dites les petizours, si vous voulez continuer les inspections aujourd’hui, il va falloir arrêter d’observer les vanneaux huppés. »

Max : « D’accord. On retourne à notre monture. Mais on va où après ? On va passer par l’observatoire non ? On pourrait s’y arrêter. Et après, on ira voir la mer. C’est très beau quand le soleil se couche. »

Léo : « C’est un programme qui me plaît. Tu es d’accord chevalier ? »

Le chevalier : « Bien sûr, si ça vous fait plaisir. »

Léo : « Et on cherche des zoisos en chemin. »

Max : « Bonome, c’est qui ce zoiso là-bas, sur les phragmites ? Je le reconnais pas. Il a la tête brune, une grosse moustache blanche et une bavette noire. Tu le connais toi ? »

68 49 Bruant des roseaux 68 50 Bruant des roseaux

Le chevalier : « On dirait un bruant des roseaux. »

Léo : « Emberiza schoeniclus, Embérizidés ? »

Le chevalier : « Si c’est bien un bruant des roseaux, oui mon Léo. »

Max : « Il est sur un roseau. C’est bien. Tu imagines si il avait été sur un tamaris, ou un peuplier… Il aurait fallu le convoquer et lui faire une formation. »

Léo : « Max, tu veux toujours faire des formations ! »

Max : « C’est notre travail Léo ! On est pas là pour la promenade. On inspecte et on vérifie que tout va bien au Pays des Zoisos ! Et si quelque chose se passe pas bien, il faut intervenir. On est en mission pour Princesse, nous. »

Léo : « Et tu prends ta mission très à cœur. Elle doit être très contente de toi Princesse. »

Max : « Je sais pas… Elle donne pas beaucoup de nouvelles 🙁 Des fois, j’ai l’impression qu’elle s’en fiche de nous. »

Léo : « Faut pas dire ça Max. Tu sais, les princesses c’est très occupé et ça a des tas de choses à faire. »

Max : « Peut être… Bonome m’a déjà dit la même chose… N’empêche qu’elle pourrait laisser un message sur mon blog de temps en temps. Bon, on avance ? »

Léo : « Regarde Max, le vent a vu que tu étais triste et il a chassé les nuages. Le soleil est là. »

Max : « Il est gentil le vent. Bonome, tu le remercieras s’il te plaît. »

Le chevalier : « Fais lui un sourire Maxou, il s’en souviendra. »

Alors, moi aussi j’ai souri au vent. C’était pas le vent fort et puissant qui avait embêté bonome, là-bas, en Bretagne. C’était le petit vent du Petit Royaume des Barges. Celui qui nous avait raconté la mer. Là, il est venu me caresser la joue comme bonome me caresse le front, parce qu’il avait vu que j’étais triste à cause de toi. Ça sert à ça les amis. Et le vent, c’est mon ami.

Léo : « Dis Max, tu restes là à sourire au vent ou on continue l’inspection ? »

Max : « Mmmm ? Qu’est-ce que tu dis ? Oui oui, on inspecte. Oulala ! En route ! »

Léo : « On va où déjà ? »

Le chevalier : « A l’observatoire petit Léo ! »

Max : « C’est plus petit Léo maintenant. C’est Léo sacado ! »

Léo : « Je pourrai juméler si il y a des zoisos ? »

Max : « Et moi, je pourrai fotoer ? »

Le chevalier : « Bien sûr mes petizours. Vous êtes de vrais naturalistes. Vous devez juméler et fotoer les zoisos. … Phylloscopus ! »

68 51 Un pouillot 68 52 Un pouillot

Max : « Quoi phylloscopus ? »

Léo : « Il a vu un pouillot ! Là ! Regarde Maxou ! »

Max : « Mais il est fini le jeu. Vous avez dit que Léo avait gagné. Sinon j’en aurais trouvé plein, moi, des zoisos. C’est pas juste ! Vous continuez à jouer alors que vous aviez dit que c’était fini. C’est normal que je gagne pas… »

Léo : « Tu crois qu’il va continuer à ronchonner longtemps comme ça ? »

Le chevalier : « Si on ne l’arrête pas ça peut durer un moment 🙂 »

Max : « Même que c’était hier le jeu. C’est moi qui l’avais inventé. Et là, vous jouez sans me le dire. Et je ronchonne même pas d’abord. C’est vous qui trichez… »

Léo : « Max le ronchonneur 🙂 SAXICOLA TORQUATA ! Là ! Devant vous ! »

68 53 Tarier patre 68 54 Tarier patre

Max : « Pfff… Je l’avais vu. Mais comme Léo a gagné que c’est même pas juste… »

Le chevalier : « Max, file dans ma poche ! »

Max : « Pourquoi ? J’ai rien fait ! Vous trichez et c’est moi qui suis puni ! »

Léo : « Tu n’es pas puni Maxou. On est arrivés à notre monture. Alors il faut aller dans la poche de ton bonome pour la chevauchée. »

Max : « Tu me fais un câlin avant, s’il te plaît bonome ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Et si vous me promettez d’être sages, vous pourrez rester sur mes genoux pendant la chevauchée. »

Max : « Promis ! Mais tu vas doucement alors. »

Le chevalier : « Au pas de promenade… »

On s’est installés et on a tout chevauché, la truffe au vent… On regardait le paysage en guettant les zoisos. On a vu des cigognes qui volaient, des étourneaux… Il y a même eu des tas de cygnes qui broutaient dans les champs ou qui se reposaient. Et puis, dans les canaux, on a aperçu des ragondins. Et un faucon crécerelle. Il y en a beaucoup ici. Et puis on est arrivés. J’aime beaucoup le chemin de l’observatoire même si on y voit pas beaucoup des zoisos. C’est là que la terre était toute sèche cet été. Mais là, c’est l’hiver et il y a de l’eau dans les bassins. Regarde comme c’est beau Princesse.

68 57 Le chemin de l'observatoire 68 58 Le chemin de l'observatoire

A l’observatoire, bonome nous a gentiment prêté ses jumelles et son appareil foto. On s’est installés et on a fait l’ornithologie.

68 59 Les petizours

68 60 Les petizours 68 61 Les petizours

Max : « Tu vois les Tadornes de Belon Léo ? »

68 62 Tadornes de belon 68 63 Tadornes de belon

Léo : « Ben oui. Je les juméle 🙂 »

Max : « Tu vois d’autres zoisos ? »

Léo : « Il y a des colverts… Mais je vois rien d’autre. Et toi ? »

Max : « Ben non 🙁 Bonome, pourquoi il y a pas des zoisos ici ? Ils pourraient venir nous voir quand même… »

Léo : « C’est pas rigolo de juméler si il y a pas des zoisos. Max, viens, on va se dorer au soleil 🙂 »

68 65 Les petizours Le chevalier : « Dites les petizours, ça vous dirait de passer voir la mer au retour ? »

Léo : « Oh oui ! On va où ? »

Max : « On s’en fiche ! Allez bonome, emmène nous voir la mer ! »

Max : « Pourquoi tu t’arrêtes ? Qu’est ce que tu as vu ? »

Le chevalier : « Regarde là-bas. La tâche blanche. »

68 66 Spatule blanche 68 67 Spatule blanche

Max : « J’ai pas tes superzieux moi… On dirait… C’est une spatule blanche ?! LÉO ! REGARDE LÀ-BAS ! IL Y A UNE SPATULE BLANCHE ! »

Léo : « Où ça ? … Oh ! Comme elle est belle ! Chevalier, tu peux la zoomer s’il te plaît ? »

68 68 Spatule blanche 68 69 Spatule blanche

Léo : « Merci ! Elle s’appelle comment en scientifique ? »

Max : « C’est un nom très compliqué ! Oulala ! Si je dis pas des erreurs elle s’appelle Platalea leucorodia et c’est un Threskiornithidé. »

Léo : «  Platalea leucorodia, Platalea leucorodia, Platalea leucorodia... Il est rigolo son bec. »

Max : « Il est pas rigolo, il est adapté à sa fonction. Tu vois comme elle se déplace ? »

Léo : « Max, j’ai pas de canne ni de chien. JE SUIS PAS AVEUGLE ! J’ai déjà un bonome avec le cerveau tout fondu… 🙂 »

Max : « M’imiterais-tu ? »

Léo : « Oui 🙂 »

Max : « Bonome, Léo se moque de moi ! Je tente de l’instruire et il se moque de moi ! »

Léo : « Cafteur ! »

Max : « Moqueur ! »

Léo : « Toi aussi tu te moques souvent ! »

Le chevalier : « Les foulques sont des oiseaux aquatiques. Si vous continuez, je vous ploufe ! »

Léo : « On arrête. »

Max : « Faut pas nous ploufer ! »

Léo : « On sait pas nager nous. »

Max : « Et on est pas des foulques. »

Le chevalier : « D’accord. Reprends tes explications Maxou. »

Max : « La spatule fait des rotations de la tête en plongeant en partie son bec entrouvert dans l’eau. Sur son bec, il y a des fibres sensibles qui détectent des crevettes, des alevins, des petits zanimos. Quand ces fibres sont activées, le bec se referme automatiquement et le zanimo est avalé. Gloub le zanimo ! »

Léo : «  Merci Max pour ces explications. »

Max : « A ton service Léo sacado 🙂 ZOISO DROIT DEVANT ! »

68 71 Bruant des roseaux 68 72 Bruant des roseaux

Léo : « C’est qui lui ? Je le reconnais pas. »

Max : « Superbonome va tout nous dire. Vas-y, nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Et si je ne sais pas ? »

Max : « Tu hypothéses ! »

Le chevalier : « Mais on le voit pas bien. Elle est pas faisable ton interro ! Pfff… On est à la mer et tu me fais une interro ! C’est pas juste ! Et je vais avoir faux… »

Max : « Dites donc tous les deux, vous allez arrêter de vous moquer de moi ! »

Le chevalier : « Non 🙂 mais revenons à ton oiseau. Je suppose que c’est encore un bruant des roseaux. »

Max : « Mais il ressemble pas à celui de tout à l’heure ! »

Le chevalier : « Celui de tout à l’heure était probablement un mâle en plumage nuptial ce qui est surprenant en cette saison. »

Max : « Et celui-ci ? C’est une femelle ? Un juvénile ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. J’espère que ce n’est pas un juvénile. Tu irais te chamailler avec lui 🙂 »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Emmène-nous voir la mer s’il te plaît. »

68 73 La mer

Léo : « Rholala… Comme c’est beau ! »

Max : « C’est comme ça quand le soleil se couche à la mer 🙂 Viens Léo, on va s’asseoir sur ma serviette. »

68 74 Les petizours 68 75 Les petizours

Léo : « Mais il y a pas de place pour le chevalier. »

Max : « T’inquiète pas pour lui. Il se débrouille. »

Léo : « Max, il y a de plus en plus d’eau dans la mer. On va bientôt être tout mouillés. »

Max : « Bonome, on peut aller sur les rochers ? »

Le chevalier : « Si vous voulez mais faites attention. »

Max : « Tu veux pas nous porter s’il te plaît ? »

Le chevalier : « 🙂 »

68 77 Les petizours 68 78 Les petizours

Léo : « C’est magnifique la mer. Max ? »

Max : « Oui Léo. »

Léo : « Je peux te faire un câlin pour te remercier ? »

68 79 Les petizours 68 80 Les petizours

Max : « Tu remercieras bonome aussi. »

Le chevalier : « Vous êtes mignons tous les deux. Prenez la pose que je vous fotoe pour Princesse.

68 81 Les petizours 68 82 Les petizours

Le chevalier : « Profitez un peu du coucher de soleil. Nous n’allons pas tarder à rentrer. »

68 83 La mer 68 84 La mer
68 85 La mer 68 86 La mer

Léo : « Chevalier, merci de m’avoir emmené à la mer. Et merci pour le sacado. »

Max : « Il va pas répondre. Il sait jamais quoi dire quand on le remercie. Bonome, tu veux bien nous porter jusque dans nos lits et nous gratter le front ? »

Évidemment, il a bien voulu. Léo et moi on a ronronné. Mais pas longtemps. On était très fatigués après cette longue journée et on s’est endormis très vite.

Voilà Princesse. Je t’embrasse et ne t’inquiète pas, on va bien.

Continuer la promenade

67 – Le Royaume des Chevaliers et l’île où on va à pieds

Lundi 28 Décembre, An II

Max : « Bonjour bonome. Bien dormi ? »

Le chevalier : « Très bien. Et toi ? »

Max : « Bof 🙁 Léo a rêvé de zoisos toute la nuit. Il a pas arrêté de siffler dans son sommeil. J’ai passé la nuit dans une volière. »

Le chevalier : « Toi qui aimes les oiseaux… »

Max : « Pas la nuit bonome, pas la nuit… La nuit j’aime surtout dormir. »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. Mais je crois que tu vas pouvoir te reposer aujourd’hui. Tu as vu le temps ? »

Max : « Oui, il pleut. Je vais aller siester en attendant que le vent chasse les nuages. »

Léo : « Bonjour chevalier ! Bonjour Maxou ! Bien dormi ? … Ben ça alors, il s’en va sans me dire bonjour ! »

Le chevalier : « Bonjour Léo ! Max est fatigué. Un petitours imitateur d’oiseaux l’a empêché de dormir cette nuit 🙂 »

Léo : « ??? »

Le chevalier : « Tu as rêvé d’oiseaux et tu les as imités toute la nuit. »

Léo : « Oh zut ! Mais il aurait dû me réveiller et me gronder ! »

Le chevalier : « Max ronchonne souvent mais il ne t’aurait pas grondé. Il a préféré te laisser rêver. Laissons-le faire une bonne sieste. »

Léo : « C’était bien, hier 🙂 On a vu plein de zoisos. Et c’est beau la mer qui monte… Merci chevalier. On fait quoi aujourd’hui ? »

Le chevalier : « On regarde la pluie tomber ! »

Léo : « Je préférerais regarder les fotos d’hier. Tu veux bien ? »

Le chevalier : « D’accord. J’installe l’ordinateur. »

Léo : « Je pourrais m’installer sur toi ? »

Le chevalier : « Câlin ? »

Léo : « Ouiiii… en regardant les beaux zoisos 🙂 »

Plus tard…

Max : « Qu’est ce que vous faites ? »

Léo : « On regarde les fotos ! »

Le chevalier : « Veux-tu te joindre à nous ? »

Max : « Oui… Mais il faut pas m’en vouloir si je m’endors. »

Léo : « Je suis désolé d’avoir sifflé toute la nuit. Tu aurais dû me réveiller. »

Max : « Je sais ce que c’est que de rêver de zoisos 🙂 Je m’en serais voulu de t’interrompre. »

Léo : « C’est très gentil de ta part. Merci Maxou. »

Max : « Mais tu siffles pas en regardant les fotos ! »

Léo : « Promis 🙂 »

Encore plus tard…

Léo : « Chevalier, regarde, Max s’est endormi 🙂 »

Le chevalier : « Laisse-le dormir Léo. »

Léo : « oui, oui. Chut ! »

Encore, encore plus tard…

Max : « Mmmm… Vous regardez encore les fotos ? Il pleut même plus ! Et si on allait voir de vrais zoisos ? »

Léo : « Oh oui ! On va où ? »

Max : « On pourrait retourner au Royaume des Chevaliers et puis après on irait sur l’île où on va à pieds. »

Léo : « Mais on y est allés hier ! Le chevalier va en avoir assez de ce Royaume. »

Max : « Mais non 🙂 N’est ce pas bonome ? »

Le chevalier : « Moi aussi j’aime voir des oiseaux 🙂 Allez vous préparer. »

On s’est vite préparés puis on a chevauché doucement mais on est pas allés jusqu’au Royaume des Chevaliers. On s’est arrêtés 2 km avant pour tout marcher. Bonome voulait voir des Passériformes et des rapaces diurnes.

Léo : « Tu crois qu’on va encore voir des tas de beaux zoisos ?

Max : « Léo, tu sais bien qu’on peut jamais prévoir. »

Le chevalier : « Mais on peut observer. Regardez ! »

67 01 Un pipit 67 02 un pipit
67 03 Un pipit 67 04 Un pipit

Léo : « C’est un pipit ! On en a vu un hier ! »

Max : « Et tu vas encore dire que tu n’arrives pas à identifier l’espèce ! »

Léo : « Tu sais, toi ? »

Max : « C’est un pipit farlouse ! »

Léo : « Anthus pratensis, Motacillidés ? Comme celui d’hier ? Tu confirmes, chevalier ? »

Le chevalier : « J’attends les arguments de Max 😉 »

Max : « Ça faisait longtemps que j’avais pas eu d’interro 🙁 Alors… Les stries sur les flancs sont aussi larges que celles de la poitrine et le bec est fin. »

Léo : « C’est tout ? »

Max : « On voit pas les griffes… Je peux pas dire si elles sont longues ou pas. »

Le chevalier : « Ce n’est pas mal mais je ne serais pas aussi affirmatif. Je ne suis pas très à l’aise avec les pipits. »

Max : « On a qu’à dire que c’est une hypothèse. »

Léo : « Et là-bas, sur l’autre poteau ? C’est un tarier pâtre ? »

67 05 Tarier pâtre 67 06 Tarier pâtre

Le chevalier : « La tête est sombre… Il a un demi-collier blanc… Pas de sourcil blanc… »

Léo : « C’est important l’absence de sourcil blanc ? »

Le chevalier : « Oui, le sourcil blanc est une caractéristique du tarier des prés. »

Léo : « Il y a un tarier des prés ? »

Max : « Oui oui, on l’a vu cet été 🙂 »

Léo : « Bon, il a pas de sourcils blancs. C’est un tarier pâtre alors et c’est un Muscicapidé. »

Le chevalier : « Je pense. »

Léo : « On a déjà vu deux Passériformes 🙂 »

Max : « Le héron cendré, c’est pas un Passériforme. »

Léo : « Ben non. C’est un Ardéidé, de l’ordre des Ciconiiformes. Il s’appelle Ardea cinerea. Mais pourquoi tu parles du héron cendré ? »

Max : « Ouvre les yeux Léo ! »

Léo : « Ah oui 🙂 Il a la calotte sombre. C’est un juvénile. »

67 07 Héron cendré

Max : « Comme nous ! Tu crois qu’il voudra bien se chamailler avec nous ?

Le chevalier : « Ça ne te suffit pas de te chamailler avec Léo ? Il faut en plus que tu te chamailles avec les oiseaux ! »

Max : « Ouiiiiii 🙂 Viens Léo, on va voir le héron juvénile. »

Le chevalier : « Vous restez là ! Je ne veux pas que vous embêtiez le jeune héron. »

Max : « Mais c’est un juvénile ! Il doit aimer se chamailler. Pfff, t’es pas drôle 🙁 »

Léo : « C’est pas grave Maxou. On se chamaillera tous les deux 🙂 »

Le chevalier : « Regardez plutôt les étourneaux. »

Max : « Sturnus vulgaris. »

Léo : « Sturnidés. »

67 08 Etournneaux sansonnets

Max : « Quand ils ont plein de tâches jaunâtres comme ça, c’est qu’ils sont en plumage internuptial. »

Léo : « Et ils peuvent former des bandes parfois immenses, en quête de nourriture. »

Max : « Ce sont des Passériformes. »

Léo : « Ceux que tu voulais voir. »

Le chevalier : « C’est bien aussi quand vous jouez les duettistes de l’ornithologie 🙂 »

Max : « C’est parce qu’on connaît bien les zoisos. »

Léo : « Et on est pas des foulques 🙂 »

Max : « On arrive au Royaume des chevaliers. »

Léo : « Chouette 🙂 »

Max : « Hibou 🙂 »

Léo : « T’es trop bête ! »

Le chevalier : « Bon, d’accord, allez voir le jeune héron ! »

Max : « Mais non, on se chamaille pas ! »

Léo : « Je le taquine 🙂 »

67 09 Canards colverts 67 10 Canards colverts

Max : « On est arrivés ! Oh zut ! Les colverts s’envolent ! »

Léo : « Ici, ils sont sauvages, les Anas platyrhynchos. C’est pas comme dans les Royaumes de chez nous. »

Max : « C’est à cause des zoms. Chez nous, ils les transforment en mendiants en leur donnant du pain. Et après ils ont la maladie du foie. »

Léo : « Comme nous avec le chocolat. »

Max : « Eux c’est pire, parce qu’ils meurent. Nous, on a juste tout vomi. »

67 11 Des Anatidés

Léo : « Il y en a des canards ici 🙂 Des colverts et des siffleurs. »

Max : « Anas penelope. »

Le chevalier : « Regardez ! La grande aigrette est encore là ! »

67 12 Grande aigrette

Léo : « Je me souviens plus de son nom 🙁 »

Max : « Ben alors Léo ! Tu n’as pas assez répété ? C’est Casmerodius albus. »

Léo : « Ah oui ! Casmerodius albus, Casmerodius albus, Casmerodius albus, Casmerodius albus… »

Max : « Dis bonome, quand on vient ici on regarde toujours les Anatidés, les Ardéidés, les Scolopacidés… Tous ceux qui ont les pattes dans l’eau. Si on cherchait des passereaux dans les arbustes ? Les autres, on les as vus hier. »

Léo : « Oui, s’il te plaît. Mais on regarde quand même dans les bassins pour rien louper. »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « On avance et le premier qui en voit un annonce l’espèce. »

Léo : « Regulus regulus à gauche ! Là, dans l’arbre ! »

67 13 Roitelet huppé 67 14 Roitelet huppé
67 15 Roitelet huppé 67 16 Roitelet huppé

Le chevalier : « Bien vu Léo ! »

Max : « Il a une bande jaune sur la tête. »

Léo : « Il faut dire ‘elle’ alors. La bande jaune, c’est la femelle. Chez le mâle, elle est orange. »

Le chevalier : « Pouillot ! »

67 17 Un pouillot

Max : « Pouillot ? C’est pas un nom d’espèce ça ! »

Léo : « C’est quoi pouillot ? »

Le chevalier : « Un pouillot ! Vous ne connaissez pas les pouillots ? »

Max : « On parle en scientifique, nous 🙂 »

Le chevalier : « Phylloscopus sp. »

Léo : « Phylloscopus ! Ah oui, d’accord ! »

Max : « Il fallait le dire tout de suite ! Ça c’est le genre. Mais l’espèce ? Tu la connais l’espèce ? »

Le chevalier : « J’ai du mal avec les pouillots 🙁 »

Max : « Tu as déjà dit ça avec les pipits. Tu connais rien du tout en zoisos en fait. »

Léo : « Max, tu exagères ! »

Max : « J’exagère rien du tout ! Il connaît pas les pipits, pas les pouillots, pas les grimpereaux… IL CONNAIT RIEN DU TOUT ! »

Le chevalier : « Alors je te laisse faire la détermination. »

Max : « Pouillot fitis, Phylloscopus trochilus, Phylloscopidés. »

Léo : « Tu justifies pas ? »

Max : « Non, je justifie pas. C’est comme ça et puis c’est tout. »

Max : « Parus caeruleus, Paridés ! »

67 18 Un pouillot 67 19 Mésange bleue
67 20 Mésange bleue 67 21 mésange bleue

Léo : « Vue ! Mais il faut dire Cyanistes caeruleus ! »

Max : « Pfff, ils m’embêtent les scientifiques à pas être d’accord entre eux ! Qui est ce qui gagne ? »

Léo : « On joue, Max. il y a pas de gagnant. »

Max : « Tu dis ça parce que tu perds 🙂 »

Léo : « Je perds pas. J’ai vu le roitelet huppé et le chardonneret rigolo, Carduelis carduelis, Fringillidés. »

Max : « On a pas vu de chardonnerets rigolos ! »

Léo : « Moi oui ! Là-bas ! J’ai gagné ! »

67 22 Chardonneret élégant 67 23 Chardonneret élégant
67 24 Chardonneret élégant 67 25 Chardonneret élégant

Le chevalier : « Bravo Léo ! »

Max : « Il a pas gagné ! Pourquoi il aurait gagné ? Bonome ? Tu le laisses faire ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Regarde les chardonnerets. »

Max : « C’est pas juste… Il a pas gagné… Il est même pas fini le jeu… J’allais en trouver plein… C’est vraiment trop injuste… C’était mon idée ce jeu… »

Léo : « Max, au lieu de ronchonner, profite des beaux zoisos rigolos. »

Max : « Cet été on en a vu chaque jour. C’était notre zoiso gardien. Il veillait sur nous 🙂 Il y en a beaucoup là ! Oh ! Une buse variable ! Fotoe la bonome, vite ! » 67 26 Buse variable
67 27 Buse variable 67 28 Buse variable

Léo : « Buteo buteo, Accipitridés. C’est peut être la même qu’hier. Elle vient nous dire bonjour 🙂 »

Le chevalier : « Ou alors elle a faim et elle … 🙂 Je ne vous avais jamais vu regagner ma poche aussi rapidement. »

Max : « On veut pas se faire manger par une buse. »

Léo : «  On aime les zoisos mais pas au point d’être leur repas 🙁 »

Le chevalier : « Je comprends mais sortez quand même les yeux pour voir le chevalier culblanc. »

Léo : « Tringa ochropus, Scolopacidé ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « Il est là ! Regarde Léo ! »

67 29 Chevalier culblanc 67 30 Chevalier culblanc

Léo : « Et là-bas il y a plein d’Anatidés 🙂 Rholala ! Et il y a des sarcelles d’hiver (Anas crecca). »

Max : « Elles ont les fesses jaunes. C’est rigolo 🙂 »

67 31 Sarcelles d'hiver

Léo : « Il y en a encore d’autres à droite ! Il suffit de tourner la tête pour voir des zoisos. La chaaaaannnce 🙂 »

67 32 Anatidés 67 33 Anatidés

Max : « Il y a des oies cendrées (Anser anser, Anséridés). »

Léo : « Max je t’ai déjà dit qu’on peut pas être sûrs à cette distance… Il y a des tadornes (Tadorna tadorna)… Des sarcelles d’hiver… oh ! Il y a même des canards chipeaux (Anas strepera) 🙂 »

Max : « Où tu vois des chipeaux, toi ? »

Léo : « Regarde tout à gauche. »

Max : « Ah oui … Ils ont les fesses noires 🙂 Bonome, tu veux bien changer d’appareil et les zoomer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr. »

67 34 Oies cendrées 67 35 Oies cendrées
Max : « Bonome ! Bonome ! Elles s’envolent ! Fotoe-les vite ! …
67 36 Oies cendrées
67 37 Oies cendrées 67 38 Oies cendrées

… Elles sont parties les oies 🙁 On va voir un autre bassin ? »

67 39 Des zoisos

Léo : « Encore des zoisos 🙂 Max, je crois que je vais encore siffloter cette nuit. »

Max : « Ah non ! Si tu siffles encore, je t’enferme aux toilettes ! »

Le chevalier : « 😀 »

Max : « Alors… Il y a surtout des canards siffleurs (Anas penelope, Anatidés), des tadornes… Tout au fond il y a un chevalier. Ça doit être un arlequin (Tringa erythropus, Scolopacidés)… Et là, juste devant ? Un chevalier culblanc (Tringa ochropus, Scolopacidés)… Oh non ! Les autres, c’est le zoiso qui t’énerve 🙁 Respire bonome. T’énerve pas. C’est pas grave si on le connaît pas. »

67 40 Combattants variés 67 41 Combattants variés

Léo : « Max, on le connaît. On a hypothésé : on suppose que c’est un combattant varié (Philomachus pugnax, Scolopacidés). »

Max : « Oups ! J’avais oublié ! Tant mieux, comme ça, bonome va rester calme 🙂 Bonome, qu’est ce que tu regardes ? »

Le chevalier : « Parlez doucement … Il y a une aigrette garzette qui s’approche de nous… »

67 42 Aigrette garzette 67 43 Aigrette garzette

Max : « Elle vient dans le petit canal devant nous… Elle est tout près 🙂 »

67 44 Aigrette garzette 67 45 Aigrette garzette
67 46 Aigrette garzette 67 47 Aigrette garzette

Léo : « Qu’est ce qu’elle a fait ? Elle a baillé ? »

Max : « Elle a pas crié. On a rien entendu… Elle descend dans l’eau… Elle va pêcher. »

67 48 Aigrette garzette 67 49 Aigrette garzette
67 50 Aigrette garzette 67 51 Aigrette garzette
67 52 Aigrette garzette 67 53 Aigrette garzette

Le chevalier : « Vous avez vu, elle agite une patte dans l’eau. »

Léo : « Pourquoi elle fait ça ? »

Le chevalier : « Pour déranger et débusquer ses proies. »

Max : « Elle s’est envolée. Tu as réussi à fotoer ? »

Le chevalier : « Raté. »

Max : « Pas grave… Tu surveilles l’heure, bonome ? »

Le chevalier : « Pourquoi ? Tu as un rendez-vous ? »

Max : « Oui, avec la marée basse, pour aller sur l’île où on va à pieds. »

Léo : « On y va vraiment à pieds sur cette île ? »

Max : « Seulement à marée basse. C’est grâce à un gué qui s’appelle la Passe aux Bœufs.»

Le chevalier : « Mais je vous propose d’y aller en chevauchant. »

Max : « Comme ça, on aura plus de temps pour la visiter. C’est pas bête ça, bonome. »

Le chevalier : « Nous pouvons y aller doucement si vous voulez. »

Léo : « D’accord, mais on regarde quand même les zoisos en chemin. »

Max : « Bonome ! Regarde le garde-bœufs ! »

Léo : « Bubulcus ibis, Ardéidés. »

67 54 Héron garde-boeuf
67 55 Héron garde-boeuf 67 56 Héron garde-boeuf

Max : « Il garde bien le bœuf 🙂 Ça fait plaisir de le voir faire son travail. Il vient vers nous. Tu crois qu’il va nous chasser ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas. On est gentils, nous ! On va pas embêter le bœuf. »

Léo : « Tu parles comme Max ! »

Max : « Ça lui arrive parfois 🙂 Bon, tout va bien dans ce Royaume. On peut aller sur l’île. Allez, en route. »

On retournant à notre monture, on a vu plein de tariers pâtres (Saxicola torquatus, Muscicapidés).

67 57 Tarier patre 67 58 Tarier patre
67 59 Tarier patre 67 60 Tarier patre

C’est beau, les tariers pâtres, mais dès qu’ils chantaient, je faisais du bruit pour qu’ils s’envolent. Je voulais pas que Léo apprenne à les imiter. Je veux dormir cette nuit, moi !

67 61 Tarier patre 67 62 Tarier patre

67 63 Tarier patre

Puis on a chevauché jusque sur l’île où on va à pieds. Ou plutôt l’île où on va sur notre monture 🙂 Il a fallu rassurer Léo : il avait peur qu’on se fasse coincer sur l’île par la marée haute. Bonome lui a expliqué qu’il ferait nuit bien avant la marée haute et qu’on serait à la cabane depuis longtemps quand la mer recouvrirait le gué. Léo s’est détendu et on a pu commencer l’inspection de l’île. Bonome a cavalé sur les cailloux tout cassés. Partout où on va, il y a des cailloux tout cassés et tout glissants. Il fait très attention mais un jour il va lui arriver des histoires. Il va tomber et c’est lui qui va être tout cassé ! Et nous, on pourra même pas l’aider 🙁 Au début, on voyait pas des zoisos. Même pas des Laridés. Rien du tout. Il y avait pas des zoisos… Puis il y en a eu tout un troupeau.

67 64 Bernaches cravants 67 65 Bernaches cravants

Léo : « Des bernaches cravants ! Il y en a tout un troupeau ! Rholala… »

Max : « Tu peux t’approcher bonome ? Mais fais attention. Ça glisse avec toutes ces algues. »

67 66 Bernaches cravants 67 67 Bernaches cravants

Léo : « Qu’est ce qu’elles sont belles ! »

Max : « Elles s’appellent Brenta bernicla, Anséridés. Ce sont des migratrices. Elles viennent nous rendre visite l’hiver mais je me souviens plus d’où elles viennent. Tu peux me le rappeler s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Elles viennent de très au nord. Elles passent l’été sur des îles et les côtes de l’arctique. »

Max : « Tout là-haut ? Oulala, je comprends qu’elles viennent ici l’hiver. Il doit faire très froid là-bas. »

Léo : « On peut rester un peu pour observer les bernaches s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux mon Léo. Elles ne sont pas vraiment rares mais nous n’aurons pas souvent l’occasion d’en revoir. »

Max : « Elles vivent longtemps ? »

Le chevalier : « Une douzaine d’années. Elles mesurent environ 60 cm et pèsent 1,5 kg. »

Léo : « Et les bernaches du Canada ? C’est pour comparer. »

Le chevalier : « Elles mesurent presque un mètre de haut et pèsent 4,5 kg. Leur longévité est d’environ 24 ans. »

Max : « Et les oies cendrées ? »

Le chevalier : « Environ 80 cm, 3 kg et une durée de vie de 17 ans environ. »

Léo : « La bernache cravant est la plus petite alors. Je crois qu’elles nous ont vus. Il faut s’en aller pour pas leur faire peur. »

Max : « C’est toi qui as peur des coups de bec ! »

Léo : « Parce que toi, tu aurais pas peur peut être ? »

Max «  Euh… Ben si. J’ai pas envie de me faire éventrer. Allez bonome, on va voir ailleurs. »

Léo : « Oh ! Un goéland ! C’est lequel ? »

67 68 Goéland brun 67 69 Goéland brun
67 70 Goéland brun 67 71 Goéland brun

Max : « Tu sais bien qu’il faut observer les pattes et la couleur des ailes ! »

Léo : « Oui, je sais. Les pattes sont jaunes et les ailes sont gris foncé… »

Max : « Bonome, tu as vu ? il a des stries grises sur la tête. »

Le chevalier : « Max, Maxou, mon petitours… Ai-je une canne blanche et un chien ? »

Max : « Ouai… D’accord… Tu as vu… »

Léo : « Et il a le tour de l’œil rouge. »

Max : « Tu vois ça, toi ? »

Léo : « Ben oui. Regarde-bien. A partir de tous ces éléments, je dirais que c’est un goéland brun, Larus fuscus, Laridés. »

Max : « Tu es d’accord bonome ? »

Le chevalier : « Oui, c’est ce que j’aurais dit. »

Max : « Il est fort ce Léo 🙂 »

Le chevalier : « Ce n’est pas ce que tu aurais dit, Maxou ? »

Max : « Si, bien sûr. Mais moi j’en ai déjà vu beaucoup des Laridés… Bonome, tu vas où comme ça ? »

Le chevalier : « Sur l’estran… Il y a peut être des oiseaux. Et je voudrais prendre une photographie de la falaise et la fontaine… Voilà. »

67 72 La fontaine des insurgés

Max : « Tu nous expliques la fontaine s’il te plaît. »

Léo : « Oui, raconte nous une histoire 🙂 »

Le chevalier : « Saviez-vous que cette île a servi de prison ? »

Max : « Une vraie prison ? »

Le chevalier : « Oui, une vraie prison. »

Léo : « A quelle période ? »

Le chevalier : « Au moins deux fois. Après la révolution… »

Max : « De 1789 ? »

Le chevalier : « Oui Max. Après la révolution de 1789, les révolutionnaires ont demandé aux prêtres catholiques de prêter serment à la constitution civile de clergé. »

Léo : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Ils trouvaient que le clergé avait été trop proche du roi et pas assez du peuple. Selon eux, le clergé avait été un appui de l’Ancien Régime. »

Max : « Alors il ont voulu en faire un allié du nouveau régime parce que c’était pas bien d’être un allié du pouvoir. C’est pas logique ça. »

Léo : « Max, tu sais bien que les zoms sont pas logiques… »

Le chevalier : « Malheureusement tu as raison Léo. Certains prêtres ont refusé de prêter serment. On les appelait les prêtres réfractaires. Ils ont été enfermés. Beaucoup ont été entassés sur cette île. La concentration d’hommes dans des conditions d’hygiène déplorable a conduit à une forte mortalité chez les prêtres. Bien plus tard, en hommage à ces morts, une grande croix de galets a été érigée sur cette île. »

Max : « Oui, on l’a vue tout à l’heure. Je connaissais pas son histoire. »

Léo : « Et la deuxième période ? C’était quand ? »

Le chevalier : « Après la Commune. »

Max : « C’est quoi la Commune ? »

Le chevalier : « Un court épisode de l’histoire de France qui fait suite à la guerre franco-prussienne de 1870. Au cours de cette guerre, Paris a beaucoup souffert. La ville a été assiégée, longuement. La population mourait de faim. Les bouchers vendaient du chat, du chien, du rat… Les éléphants du Muséum d’Histoire Naturelle, Castor et Pollux, ont été tués, dépecés et vendus extrêmement cher. »

Max : « Ils ont été mangés ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « C’est bon de l’éléphant ? »

Léo : « MAX ! »

Max : « Ben quoi ? On est zoophages, non ? »

Léo : « Mais pas éléphantophages ! Reprends ton histoire chevalier. »

Le chevalier : « Le gouvernement avait fui à Bordeaux puis s’est installé à Versailles. Les parisiens s’étaient battus courageusement et n’ont pas accepté la capitulation et ses conditions.

Max : « Quelles conditions ? »

Le chevalier : « Un défilé des troupes prussiennes dans Paris et une lourde rançon que la France devait payer à la Prusse. Et surtout la restitution des canons que les parisiens avaient payés par souscription. Le refus de ces conditions par les parisiens a conduit à une révolution et à la constitution de la Commune Libre de Paris. »

Max : « Qu’est ce qu’il s’est passé après ? »

Le chevalier : « Le pouvoir a repris Paris. Ce fut un carnage. Les historiens estiment qu’il y a eu au moins 15 000 morts côté communards pour 150 côté versaillais, pour l’essentiel au cours de la Semaine Sanglante. De nombreux parisiens furent ensuite jugés et condamnés à de lourdes peines. Certains furent entassés ici, sur des pontons flottants. D’autres, comme Louise Michel et Maxime Lisbonne, ont été déportés en Nouvelle-Calédonie pendant des années. »

Max : « Louise Michel et Maxime Lisbonne sont des amis à toi ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas si vieux que ça Max ! Mais j’aurais été fier d’être de leurs amis. Puisque tu lis mes livres, je te conseille Le banquet des affamés de Didier Daeninckx. Il raconte la vie de Maxime Lisbonne. »

Léo : « Tu veux pas nous le lire le soir avant de dormir ? »

Le chevalier : « Non, mon Léo. Tu t’endors bien trop vite 🙂 Mais je vous le lirai, c’est promis. Revenons à la fontaine. En réalité c’est un puits. Il a été creusé par les communards entassés sur l’île. C’est le seul point d’eau potable. D’ailleurs, autour de ce puits, on voit des entéromorphes. »

Max : « Je sais ! Je sais ! Ce sont des algues vertes, des Chlorophycées, en forme de tubes d’où leur nom en scientifique : Enteromorpha intestinalis. Ça veut dire intestin intestin en grékancien et en latin. C’est à cause de leur forme. »

Le chevalier : « Bien Maxou. Ces algues ont besoin d’apports d’eau douce. Elles indiquent donc les sources d’eau douce. Voilà pour l’histoire de la fontaine. »

Max : « Du puits, c’est toi qui l’as dit ! »

Léo : « Dis donc, tu en connais des choses ! »

Max : « Oui, il connaît bien l’histoire. Et il est troubadour aussi 🙂 »

Le chevalier : « Et si nous retournions aux zoisos ? »

Léo : « Il y en a qui passent en volant. Tu les reconnais ? »

67 73 Tadornes de Belon 67 74 Tadornes de Belon

Le chevalier : « Ce sont des tadornes. »

Max : « Ils viennent du Royaume des Chevaliers et vont manger sur l’estran. Ben ça alors ! Il y a un héron cendré sur l’estran. Tu en avais déjà vu à la mer ? »

67 75 Héron cendré

Le chevalier : « Jamais, Maxou. Mais je ne suis pas surpris : il y a de quoi se nourrir pour un héron cendré sur un estran vaseux. »

Léo : « Regardez ! Il y a un autre goéland cendré. J’aime bien les Laridés. C’est des beaux zoisos. »

67 76 Goéland brun 67 77 Goéland brun

Max : « Et là-bas, il y a d’autres zoisos qui volent en un grand V. Ce sont encore des tadornes ? »

67 78 Bernaches cravants 67 79 Bernaches cravants

Le chevalier : « Non Max, ce sont des bernaches cravants. »

Léo : « Celles de tout à l’heure ? On a eu de la chance de les voir alors ! »

Max : « Tu dis toujours qu’on a de la chance. »

Léo : « Parce qu’on a beaucoup de chance. Souviens-toi de l’époque où tu étais porte-clés. »

Max : « Tu as raison Léo. Bonome, tu nous fais un câlin ? »

Le chevalier : « Venez ici tous les deux. Installez-vous sur mes genoux et regardez les tadornes sur l’estran pendant que je vous gratte le front.»

67 80 Tadornes de Belon 67 81 Tadornes de Belon

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Tu nous abandonneras pas n’est ce pas ? »

Le chevalier : « Bien sûr que non ! Que deviendrais-je sans mes petizours ? Pourquoi me demandes-tu ça ? »

Max : « Parce que Léo a raison. On a beaucoup de chance d’être tes petizours et de parcourir le Pays des Zoisos avec toi. Je veux pas retourner sur une étagère, moi. »

Le chevalier : « Ne vous inquiétez pas et ronronnez tranquillement. Ensuite nous traverserons l’île pour chercher des zoisos. »

Max : « On y va bonome. Tu es d’accord Léo ? »

Léo : « Pour aller voir des zoisos ? Ben évidemment ! »

Max : « C’est quoi les zoisos là-bas ? On s’approche ? Doucement, bonome, doucement… »

67 82 Chardonnerets élégants 67 83 Chardonnerets élégants
67 84 Chardonnerets élégants 67 85 Chardonnerets élégants

Léo : « Des chardonnerets rigolos ! Rhooo la chance ! »

Max : « Ils sont beaux ! Pourquoi on en voit pas chez nous ? »

Le chevalier : « Il me semble que nous en avons vu un. »

Max : « Un seul ! Et tu as raté la foto 🙁 »

Léo : « Et voilà, Max ronchonne ! On va voir le bassin à huîtres ? »

Max : « Oui, j’ai cru voir un zoiso. On dirait un chevalier. »

67 86 Chevalier guignette 67 87 Chevalier guignette

Léo : « C’est un guignette, Actitis hypoleucos, Scolopacidés. »

Max : « Bonome, je crois qu’il serait raisonnable de retourner à notre monture. A cause de la marée… »

Le chevalier : « Nous avons largement le temps mais allons-y quand même, comme cela nous aurons le temps de nous arrêter à la plage sauvage. J’ai envie de voir le coucher du soleil. »

En chemin, on a vu Martin 🙂 Il est passé en flèche au dessus du petit canal. Il a pas eu le temps de nous saluer. Il était très pressé, oulala ! On l’a à peine vu.

Et puis on est retournés au bord de l’eau et on a vu un goéland argenté (Larus argentatus, Laridés). Et après, on a chevauché vers la plage sauvage voir le soleil tomber dans l’eau. 67 88 Goéland argenté

En arrivant à la Plage Sauvage j’ai installé ma serviette et j’ai invité Léo à s’asseoir pour profiter de la beauté.

 67 89 Les petizours  67 90 Les petizours

Il y avait des nuages et le vent est venu nous voir. Il nous a raconté de belles histoires mais il ne faut jamais les répéter sinon, après, il veut plus parler. N’empêche qu’avec les nuages et le vent, j’ai regretté de pas avoir mis mon pantalon 🙁 Léo a mis sa capuche pour pas avoir froid aux oreilles.

67 91 La mer

Et puis on a regardé l’estran vaseux. On a compris tout de suite qu’on verrait pas le soleil tomber dans l’eau à cause des nuages. Mais c’était pas grave, on était bien sur ma serviette.

Léo : « Chevalier, je veux pas t’embêter mais là-bas, il y a des zoisos. Tu veux bien qu’on aille les voir ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 Allons-y. »

67 92 Des zoisos

Max : « C’est quoi ? On dirait des bécasseaux sanderlings (Calidris alpina, Scolopacidés) mais ils sont trop grands. »

Le chevalier : « Approchons-nous encore… »

Léo : « Oh non ! Ils s’envolent ! »

Le chevalier : « Ce n’est pas grave. J’ai réussi à les photographier. »

Max : « Montre-nous s’il te plaît. »

67 93 Pluviers argentés 67 94 Pluviers argentés
67 95 Pluviers argentés 67 96 Pluviers argentés

Léo : « Vous avez vu ? Certains ont une tâche noire sous l’aile. »

Le chevalier : « Ça me dit quelque chose… Max, as-tu pris ton beau livre de zoisos ? »

Max : « Oui 🙂 Je l’ai mis dans ton sac. Je te le prête si tu veux. »

Le chevalier : « Merci Maxou. Alors… Non ce n’est pas ça… Pas celui-là non plus… Mmmm… VOILÀ ! J’Y SUIS ! C’est le pluvier argenté, Pluvialis squatarola, Scolopacidés. »

Léo : « Pluvialis squatarola, Scolopacidés, Pluvialis squatarola, Scolopacidés, Pluvialis squatarola, Scolopacidés, Pluvialis squatarola, Scolopacidés… »

Le chevalier : « Il y a peut être aussi des gravelots et des bécasseaux sanderlings. »

Max : « Merci bonome. On peut retourner s’asseoir sur le sable. »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 »

67 99 Les petizours

On a encore regardé l’estran depuis la plage.

67 97 l'estran 67 98 L'estran
Puis Léo a voulu aller sur les rochers, alors on est allés s’installer. Bonome aime beaucoup ces moments de silence, quand on a passé une bonne journée. Il reste assis, calmement. Dans ces moments là, la beauté déborde de ses yeux. 67 100 Les petizours

Max : « Bonome, j’ai froid. Je voudrais rentrer. »

Le chevalier : « Allons-y. Moi aussi j’ai froid. Un petitours par poche. »

Max : « Mais… on est pas punis ! »

C’était pas une punition. Il a mis les mains dans les poches pour nous gratter le front. Mais je l’ai pas laissé faire. Je me suis serré fort contre sa main pour lui faire un gros câlin et je sais bien qu’il a souri. En arrivant à notre monture, il nous a laissés nous installer contre lui et on a chevauché doucement.

Léo : « Chevalier, je peux aller me coucher ? »

Le chevalier : « Oui mon petit Léo. Je t’emmène au lit. Max, veux-tu te coucher toi aussi ? »

Max : « Non, je voudrais rester un peu avec toi. »

Le chevalier : « D’accord. Je couche Léo et je reviens. »

Max : « Léo, je te rappelle que si tu siffles cette nuit, je t’enferme aux toilettes ! »

Léo : « 🙂 Oui Maxou. Bonnuit. »

Max : « Bonnuit Léo. »

Max : « Bonome, il faut que je te parle. »

Le chevalier : « Que se passe t-il Maxou ? »

Max : « Rien de grave, ne t’inquiète pas. C’est au sujet de Léo. Ça fait longtemps maintenant qu’il inspecte les Royaumes avec nous. C’est un bon ornithologue et un petitours naturaliste. Il faudrait qu’il ait un sacado lui aussi. Tu peux t’en occuper ? Je voudrais lui offrir demain. »

Le chevalier : « Demain ? Mais où veux-tu que je trouve un ‘sacado’ pour demain ? »

Max : « J’en sais rien moi ! Mais je suis sûr que tu vas y arriver. Tu me portes jusque dans mon lit s’il te plaît. »

Le chevalier : « Max, parfois tu exagères ! Tu aurais pu m’en parler plus tôt quand même ! »

Max : « Oui 🙂 Mais pour le principe, et pour l’exemple aussi, je trouve qu’il est bon d’exagérer ainsi ! 😉 »

Le chevalier : « Max ! Si tu laissais un peu ton âme mousquetaire… Va donc te coucher. »

Max : « Bonnuit bonome. »

Le chevalier : « Bonne nuit Maxou. »

Continuer la promenade

66 – Le Royaume des chevaliers

Dimanche 27 Décembre, An II

Le chevalier : « Bonjour mes petizours, vous êtes déjà levés ? »

Léo : « Bonjour chevalier. »

Max : « Bonjour mon bonome. Léo s’est réveillé tôt et il arrivait plus à dormir. Il se tournait, se retournait dans son lit. Alors on s’est levés, on s’est préparés et on t’attend pour aller aux zoisos. »

Le chevalier : « Vous permettez que je me caféine ? »

Max : « Ben oui 🙂 On est pas des barbares 🙂 Prends ton temps bonome. »

Le chevalier : « Merci mon Maxou 🙂 Que dirais-tu d’aller faire visiter le Royaume des Chevaliers à Léo ? »

Max : « Tu vois Léo, je te l’avais dit 🙂 Oui bonome, on est d’accord pour le Royaume des Chevaliers. »

Léo : « Oh oui 🙂 On va voir plein de zoisos. Allez, on y va … »

Le chevalier : « Allons-y alors. »

En chemin, bonome a décidé de s’arrêter là où on avait vu une échasse blanche la première fois. J’aime bien les échasses blanches. Mais elles sont là qu’en été. Sauf si elles ont oublié de partir. C’est possible puisque l’hiver a oublié de venir 🙂 Je serais curieux de voir la réaction de Léo à la vue d’une échasse blanche. Mais bon, on en a pas vu 🙁 A la place, on a vu ça :

Max : « Bonome, c’est quoi ces gros zoisos noirs et blancs ? »

66 01 Bernaches cravants 66 02 Bernaches cravants

Léo : « On dirait des oies. Comme des bernaches. Tu les connais ? »

Le chevalier : « J’en ai déjà vu, pas très loin d’ici, sur la grande île d’O. Ce sont des bernaches cravants, Brenta bernicla, Anséridés. »

Léo : « Brenta bernicla, Brenta bernicla, Brenta bernicla... »

Max : « Ben voilà… Il recommence. »

Léo : « Je veux apprendre, moi. Dis chevalier, il y a un canard à la tête rouge devant les bernaches cravants. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Bien observé Léo 🙂 C’est un canard siffleur, Anas penelope, Anatidés. J’aimerais bien le voir de près, car nous n’avons jamais pu jusqu’à présent. »

Max : « Ça fait deux espèces de plus 🙂 Rhoooo la chance … »

Léo : « C’est moi qui dis ça normalement. »

Le chevalier : « Je crois bien qu’il te parodiait 🙂 »

Léo : « Parodier ? C’est pas un peu comme moquer ? »

Le chevalier : « Un peu, mais gentiment. »

Léo : « Tu arrêtes maintenant, de te moquer de moi. Ça suffit comme ça ! »

Max : « Pardon mon cousin. Je le ferai plus. Allez, on avance. »

Cet endroit, c’est un peu comme un marais, mais artificiel. Il y a des bassins peu profonds, très peu profonds, tellement peu profonds qu’en été, l’eau est tout évaporée et que c’est tout sec. Et puis il y a des chemins. Nous, on marche sur les chemins et on regarde dans les bassins si il y a des zoisos. Mais il y en a pas beaucoup. Là, on a vu un petit zoiso.

66 03 Bruant des roseaux 66 04 Bruant des roseaux

Léo : « C’est qui ce zoiso chevalier ? »

Max : « Je crois qu’on l’a jamais vu non plus celui-là. »

Le chevalier : « C’est le bruant des roseaux. Enfin, il me semble. »

Léo : « Tu n’es pas sûr ? »

Le chevalier : « Non, il est un peu loin, la photographie n’est pas très belle … »

Max : « Il s’appelle comment en scientifique ? »

Le chevalier : « Si c’est bien un bruant des roseaux, il s’appelle Emberiza schoeniclus et il appartient à la famille des Embérizidés. »

Léo : « Rholala, on en voit des zoisos ici 🙂 On vient à peine d’arriver et on a déjà vu trois nouvelles espèces. La chance 🙂 »

Max : « Je te l’avais bien dit. Bon, on va à l’observatoire ? »

On y allés mais on a rien vu du tout. Même pas un colvert. Rien du tout. Alors on a fait demi-tour et en revenant à notre monture on a vu des tariers pâtres.

66 05 Tarier pâtre 66 07 Tarier pâtre

On voit bien la tête noire, le collier blanc et le ventre orange. Le tarier pâtre, c’est un Muscicapidé, comme le rougegorge familier, et il s’appelle Saxicola torquatus. Je le dis doucement pour pas que Léo répète son nom 🙂

Max : « Tu vois Léo, on est même pas encore arrivés au Royaume des Chevaliers et on a déjà 4 espèces que tu connaissais pas. »

Léo : « Rholala ! Qu’est ce que ça va être au Royaume des Chevaliers ! Je suis impatient d’y arriver ! »

Max : « On y arrive. Tiens, regarde ce gros zoiso. Tu le connais cousin ? »

66 08 Une cigogne blanche 66 09 Une cigogne blanche
66 10 Une cigogne blanche 66 11 Une cigogne blanche
66 12 Une cigogne blanche 66 13 Une cigogne blanche

Léo : « Ooooh ! C’est une cigogne blanche, Ciconia ciconia, Ciconiidés. Qu’est ce qu’elle est belle ! Mais qu’est ce qu’elle fait avec les végétos dans son bec ? »

Le chevalier : « Je pense qu’elle cherche de quoi améliorer son nid. »

Léo : « Parce qu’il y a un nid ? Il est où ? »

Max : « Il suffit de suivre la cigogne qui vient de s’envoler 🙂 »

66 14 Deux cigognes blanches 66 15 Deux cigognes blanches

Léo : « C’est un couple ! Ils réaménagent leur nid ! Il va y avoir des petits bientôt ! On pourra revenir pour les voir ? »

Le chevalier : « 🙂 Ils ne sont même pas encore conçus mon Léo. »

Léo : « Rholala ! Il est bien ce Royaume. Merci chevalier. »

Le chevalier : « Léo, nous ne sommes qu’à l’orée du Royaume. Je pense que tu auras bien d’autres surprises. »

Max : « Allez, on avance. »

Après ça, on a revu un tarier pâtre.

66 16 Tarier patre 66 17 Tarier patre

Bonome pense que c’est une femelle parce qu’elle a pas les couleurs franches du mâle. Ou alors c’est le plumage internuptial. On est presque sûrs que c’est un tarier pâtre à cause du trait blanc autour du cou.

Et puis Léo a perdu sa mâchoire. Poum 🙂 C’était à cause de la grande aigrette (Casmerodius albus, Ardéidés). Il avait jamais vu de grande aigrette.

66 18 Grande aigrette 66 19 Grande aigrette

Je crois que c’est le plus grand des Ardéidés. Elle peut faire un mètre de haut. Ça en fait des petizours ! Mais elle pèse que 1 kilogramme ou 1,5 kilogramme. C’est pas beaucoup. Et elle peut vivre 23 ans. C’est vieux pour un zoiso. Bon, j’ai déjà dit mais monsieur Internet, il l’appelle Ardea alba. C’est compliqué les noms des zanimos. Les scientifiques sont pas toujours d’accord entre eux. Nous, on garde les noms que donne mon beau livre de zoisos. Tant pis si on dit des erreurs.

Et puis, on a vu des zoisos voler au-dessus de nos têtes.

66 20 Barges à queues noires 66 21 Barges à queues noires

Léo : « C’est qui, eux ? Tu arrives à les reconnaître en vol ? »

Max : « Ça me dit quelque chose … C’est pas des barges ? »

Le chevalier : « Bien Maxou ! Ce sont des barges à queues noires, Limosa limosa, Scolopacidés. »

Léo : « Il y a une autre espèce de barges je crois : la barge rousse. Comment tu fais pour les distinguer en vol ? »

Le chevalier : « Au dessous des ailes. Ils sont tout blancs chez la barge rousse alors que chez la barge à queue noire les bords sont sombres. »

Léo : « D’accord, j’ai compris. On voit beaucoup de zoisos ici 🙂 On va en voir encore ? »

Max : « Ben oui, c’est comme ça ici ! Tiens, regarde, il y a un faucon crécerelle là-bas. »

66 22 Fauon crécerelle 66 23 Faucon crécerelle

Léo : « Il s’appelle Falco tinnunculus et c’est un Falconidé. On le connaît déjà, lui. »

Max : « Ben oui, on le connaît, mais il est beau quand même ! Bon, on avance parce qu’il y a encore beaucoup de choses à voir. »

Le Royaume des Chevaliers est formé de grands bassins peu profonds très longs et très étroits qui sont perpendiculaires au grand chemin. Alors on avance et on s’arrête à chaque bassin. Des fois, il y a des observatoires, c’est à dire des planches qui nous cachent et qui ont des ouvertures pour qu’on puisse observer sans être vus. D’autres fois, on se faufile entre les arbres pour regarder. Mais ici, il faut faire très attention parce que les zoisos s’envolent au moindre bruit ou au moindre mouvement brusque. Là, on a fait très attention.

Léo : « Oh ! Encore un zoiso ! Qu’il est beau ! C’est quoi ? Dites moi s’il vous plaît. »

66 24 Chevalier arlequin 66 25 Chevalier arlequin

Max : « C’est moi qui dis ! Je sais ! Je m’en souviens maintenant. Alors, il a les pattes oranges, le dos et les ailes gris, le ventre blanc… Il a un long bec tout fin et, si tu regardes bien, il est un peu crochu au bout. Et puis, on voit bien une zone blanche au dessus de l’œil. C’est donc le chevalier arlequin. C’est lui le roi de ce Royaume. En hiver, il y en a beaucoup ici. C’est bizarre qu’il soit tout seul. J’ai bon bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais te souviens-tu de son nom scientifique ? »

Max : « Ben non. C’est Tringa quelque chose … »

Le chevalier : « Tringa erythropus et c’est un Scolopacidé. »

Léo : « Les chevaliers, c’est des Scolopacidés, mais pas toi chevalier 🙂 Tu en connais des choses Max. »

Max : « Je suis déjà venu et je l’ai déjà vu. Au début, j’avais du mal à le distinguer du chevalier gambette mais le long bec crochu fait bien la différence. »

Léo : « Tringa erythropus, long bec crochu au bout … Tringa erythropus, long bec crochu au bout … »

Max : « Oui Léo, Tringa erythropus, long bec crochu au bout 🙂 Regardez ! Il y a des oies cendrées qui volent ! Elles rejoignent leurs copines sur l’eau. »

66 26 Oies cendrées 66 27 Oies cendrées

Léo : « Les oies cendrées s’appellent Anser anser et ce sont des Anséridés. Mais il y a plusieurs espèces d’oies grises et on peut pas savoir en les voyant en vol. On est pas assez forts en ornithologie. »

Max : « Mais c’est l’espèce la plus probable. On a qu’à dire que c’est une hypothèse parce qu’on est pas sûrs. Léo, si tu regardes en face de toi, tu verras des Anatidés. »

66 28 Des Anatidés 66 29 Des Anatidés

Léo : « Oui, je les vois. C’est quoi ? Tu m’expliques s’il te plaît. »

Max : « Tu as dû reconnaître les canards colverts. »

Léo : « Ben oui, je les connais. Anas platyrhynchos, Anatidés. Mais les autres ? Les blancs, marron et noirs ? C’est quoi ? »

Max : « Des tadornes de belon, Tadorna tadorna, Anatidés. C’est un peu comme des canards mais pas tout à fait. Ils font partie de la sous-famille des Tadorninés. Regarde à gauche, il y en a qui sont tout seuls. »

66 32 Tadornes de Belon 66 33 Tadornes de Belon

Léo : « C’est beau les tadornes de belon. Ça a l’air grand. »

Max : « Ben non. Observe bien sur la foto d’avant. Les tadornes sont de la même taille que les colverts. Ça doit être à cause de la couleur qu’ils paraissent plus grands. Et un peu vers la droite, il y a des sarcelles d’hiver (Anas crecca, Anatidés). »

66 30 Sarcelles d'hiver 66 31 Sarcelles d'hiver

Léo : « Rholala … Il y a des zoisos partout … Et par dizaines … Il est bien ce Royaume 🙂 Merci chevalier 🙂 Merci Max 🙂 »

Le chevalier : « Dites les petizours, ça vous dirait d’avancer un peu ? »

Léo : « Il va y avoir d’autres zoisos encore ? »

Max : « On peut pas savoir ce qu’on va voir au Pays des Zoisos, mais il y a des chances qu’on en voit encore 🙂 »

On a avancé et on a revu des tadornes de belon. Il y en avait que deux mais on pouvait mieux les observer.

Le chevalier : « Max, Léo … Regardez sur le bord, à droite, il y a un chevalier culblanc ! »

66 34 Chevalier culblanc 66 35 Chevalier culblanc
66 36 Chevalier culblanc 66 37 Chevalier culblanc
66 38 Chevalier culblanc 66 39 Chevalier culblanc

Max : « On dirait toi ! »

Léo : « Pourquoi tu dis ça ? »

Max : « Parce qu’il se fait pas bronzer les fesses bonome. Lui aussi il a le cul blanc 🙂 »

Léo : « Max, tu vas pas bien dans ta tête ! On dit pas ça d’un grand chevalier quand même. »

Max : « Mais c’est pour de rire, oulala ! Revenons au chevalier culblanc. Il s’appelle Tringa ochropus et c’est un Scolopacidé. Il y a beaucoup des Scolopacidés au bord de mer et dans les marais parce que les limicoles sont bien adaptés pour marcher au bord de l’eau et capturer des proies dans la vase grâce à leur bec. »

Léo : « On a déjà vu deux espèces de chevaliers. Il y en a d’autres ici ? »

Max : « On a déjà vu le chevalier gambette (Tringa totanus) et le chevalier guignette (Actitis hypoleucos). On va peut être les voir. »

Le chevalier : « S’ils n’ont pas migré ! »

Max : « Léo ! Léo ! Regarde là-bas, il y a un gros rapace. Bonome, tu t’en souviens de lui ? Il a la calotte brun orangée et le tour du bec aussi. C’est un juvénile mais je sais plus de quelle espèce. »

66 40 Busard des roseaux 66 41 Busard des roseaux

Le chevalier : « Fais un effort Maxou. Quels rapaces avons-nous vu ici ? »

Max : « Le milan noir, mais c’est pas ça … C’est pas une buse variable, ni un faucon crécerelle … Le busard des roseaux !!! C’est un busard des roseaux ! Et c’est un juvénile à cause de la calotte. J’ai bon ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Son nom d’espèce est Circus aeruginosus et c’est un Accipitridé. »

Léo : « Circus aeruginosus … Circus aeruginosus … Pfff … Je vais jamais tout retenir moi 🙁 »

Le chevalier : « Le Royaume des Chevaliers fait souvent cet effet aux petizours 🙂 »

Max : « Moi aussi je me suis dit ça, mais tu vas voir, tu vas retenir quand même un peu. Et puis, on reviendra et tu remobiliseras tes connaissances. T’inquiète pas mon Léo. »

Léo : « Merci Maxou. Il y a d’autres beaux zoisos ici ? »

Max : « Là-bas, sur la barrière à côté de la vache, il y a une buse variable (Buteo buteo, Accipitridés). »

66 42 Buse variable
66 43 Buse variable 66 44 Buse variable

Léo : « Il y a beaucoup des rapaces ici 🙂 C’est la troisième espèce que nous voyons. Des générateurs aléatoires de câlins 😉 »

Max : « Tu as lu ça ? »

Léo : « Oui, ça m’a fait rigoler 🙂 »

Max : « On a pas besoin de générateurs aléatoires pour faire des câlins, il suffit de demander, n’est ce pas bonome ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours 🙂 Câlin ? »

Max et Léo : « OUIIIII !!! »

Le chevalier : « Allez, avançons, des oiseaux nous attendent. »

Max : « Oulala ! Regarde Léo, il y a plein de chevaliers arlequins ! »

Léo : « Tringa erythropus, Scolopacidés. Ils ont un long bec crochu au bout et les pattes presque rouges. »

Max : « Tu vois, tu te souviens. »

66 45 Chevaliers arlequins 66 46 Chevaliers arlequins

Léo : « Ils sont beaux ces chevaliers. Ils sont comme toi 😉 »

Max : « Copieur ! »

Léo : « Oui, mais moi c’est gentil ! »

Max : « Flatteur ! »

Léo : « Jaloux ! »

Le chevalier : « Ah non ! Vous n’allez pas vous chamailler ! On ne se chamaille pas au Royaume des Chevaliers. Sinon les oiseaux vont se sauver. »

Max : « On se chamaille plus. »

Léo : « C’est terminé. Voilà 🙂 »

Le chevalier : « Chacun dans une poche, et je ne veux plus vous entendre jusqu’au prochain arrêt. »

Le chevalier : « Vous pouvez sortir mais en silence. Regardez, il y a des sarcelles d’hiver, Anas crecca, Anatidés. »

66 47 Sarcelles d'hiver 66 48 Sarcelles d'hiver

Léo : « Comme elles sont belles ! »

Max : « Chuuut ! On va se faire gronder ! »

Léo : « Oups ! Pardon ! »

Le chevalier : « Regardez devant vous ! »

Max : « Ce sont les canards de tout à l’heure ! Ceux avec la tête rouge ! Ils s’appellent comment déjà ? »

Léo : « Anas penelope, ou canard siffleur. »

66 49 Canards siffleurs

Le chevalier : « Bien mon Léo 🙂 »

Léo : « Il y a beaucoup des Anatidés ici 🙂 »

Le chevalier : « Oui, ils aiment ce milieu. C’est calme et ils ne sont pas dérangés. Mais c’est dommage que la photographie ne soit pas belle. »

Max : « C’est pas ta faute bonome. C’est la faute de ton gros zoom : il fait pas des belles fotos. Mais on voit quand même. On arrive au bout du Royaume. On va voir le fleuve ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

66 50 Le fleuve du bout 66 51 Le fleuve du bout

Quand on est arrivés au fleuve, il y avait pas beaucoup d’eau à cause que c’était marée basse. Ici, il y a la marée, même dans les fleuves. Et des fois il y a de l’eau et des fois il y a pas d’eau dans les fleuves. Quand il y a pas d’eau, il y a de la vase. La Charentmaritimie c’est tout vaseux. Sur les estrans, dans les fleuves … Bonome nous a fotoés pour te montrer qu’on va bien. Tu sais Princesse, il prend vraiment soin de nous le chevalier. Il est très gentil et il nous montre plein de beaux zoisos. Et puis, il fait bien sa mission. Il vérifie bien que tout se passe bien au Pays des zoisos.

66 52 Les petizours 66 53 Les petizours

Le chevalier : « Bon, mes petizours, il va falloir envisager de rentrer. »

Max : « Zut alors ! »

Léo : « On peut rentrer doucement ? En regardant de nouveau chaque bassin, pour revoir les zoisos. S’il te plaît. »

Max : « C’est toujours ce qu’on fait. Des fois on voit d’autres zoisos. Mais moi je suis content même si on fait que revoir les mêmes. »

Léo : « Moi aussi. J’ai jamais vu autant de nouvelles espèces en une seule inspection. Merci chevalier. C’est vraiment un beau cadeau. »

Le chevalier : « Regardez comme c’est beau ! »

66 54 Des zoisos

Max : « C’est à cause de ton ami Oscar Wilde et de la beauté qu’on a dans les yeux 🙂 »

Léo : « C’est qui Oscar Wilde ? Un ami à vous ? »

Max : « Ben oui. Un jour qu’on était tous les trois dans une taverne il a dit : ‘La beauté est dans l’œil de celui qui regarde.’ »

Le chevalier : « Max ! N’as-tu pas honte ? »

Max : « Mais … Moi j’ai pas des amis comme toi 🙁 »

Le chevalier : « Tu as Léo. »

Léo : « Ben oui. Je suis ton ami, moi. Et il y a le chevalier. Et Martin… Et puis le vent. »

Max : « Je sais bien 🙂 »

Léo : « Bon, c’est quoi cette histoire de beauté dans les yeux ? »

Le chevalier : « La citation de Wilde qu’a fait Max est juste. Mais il ne l’a pas prononcée alors que nous étions tous les trois dans une taverne. »

Léo : « La beauté est dans l’œil de celui qui regarde ». J’aime bien cette idée. Mais ça veut dire que sans personne pour regarder, il n’y a pas de beauté. Je sais pas. Les zoisos, ils sont beaux même si on les regarde pas. »

Le chevalier : « Léo, tu n’es pas seulement un grand ornithologue, tu es aussi un petitours philosophe. »

Léo : « Je sais pas ce que c’est philosophe mais je suis certain que c’est un compliment. C’est grâce à toi chevalier parce qu’avant j’étais juste un porte-clés et je servais à rien du tout. »

Max : « Dis bonome, pendant que vous philosophiez, je regardais attentivement. Il y a pas une spatule blanche là-bas ? »

Léo : « Où ? Montre moi ! »

Max : « Tu vois le zoiso blanc ? »

Léo : « Le premier c’est une aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés). »

Max : « Oui, c’est ça. Celui qui est un peu plus loin. »

Léo : « Avec un grand bec noir ? »

Max : « Oui. Bonome, tu l’avais pas vue ? »

Le chevalier : « Non Maxou 🙂 »

Max : « C’est dommage tu aurais pu la zoomer pour Léo. Bon, la spatule blanche c’est un grand zoiso. Il s’appelle Platalea leucorodia et c’est un Threskiornithidé. »

Léo : « Rholala … Encore un nouveau zoiso … »

Au retour, on a regardé partout encore. Léo en revenait pas de voir autant d’espèces d’un coup. On a encore fotoé mais je remets pas toutes les fotos parce que c’est beaucoup les mêmes zoisos. Puis on a fait une pause à un observatoire. Bonome cherchait quelque chose. Il cherche toujours quelque chose. Et on trouve toujours des choses intéressantes, si on est un peu naturaliste. Là, il a trouvé des pelotes de régurgitation de rapaces. Il en avait déjà trouvé ici. Regarde Princesse !

66 55 Une pelote de régurgitation 66 56 Une pelote de régurgitation
66 57 Une pelote de régurgitation 66 58 Une pelote de régurgitation
66 59 Une pelote de régurgitation 66 60 Une pelote de régurgitation

Sur la troisième foto, on voit une demi-mâchoire d’un rongeur et sur la sixième il y a un crâne. Bonome pense que c’est un crâne de taupe.

Max : « Dis bonome, on peut prendre les pelotes pour ma collection et puis on les disséquera ensemble ? »

Le chevalier : « Max, ton fouillis sur l’étagère n’est pas une collection. »

Max : « Mais … J’ai pas le temps de classer, moi. Je dois graver mon blog, préparer mes cours pour la schola … »

Le chevalier : « Et chahuter avec Léo 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Mais je suis un juvénile alors c’est normal que je chahute 🙂 »

Léo : « Vous voulez bien m’expliquer les pelotes de régurgitation s’il vous plaît ? »

Max : « Les pelotes c’est à cause des rapaces. Ils sont zoophages et se nourrissent surtout de petits mammifères. Mais comme tous les zoisos, ils n’ont pas de dents. Et pas de couteaux non plus. Alors il déchiquettent leurs proies en les tenant en leurs grosses griffes qu’on appelle des serres. Et ils avalent le mulot, la taupe ou le rat en une ou deux fois. Gloup ! Ils avalent tout. Même les os et les poils. Mais ils digèrent pas les poils et les os et ça forme une pelote dans leur estomac qu’ils finissent par recracher par la bouche. »

Léo : « Ils avalent tout d’un coup ! Oulala ! Ça doit être dur à digérer ! Et c’est quel rapace qui régurgite ici ? »

Le chevalier : « C’est difficile à dire à partir de la pelote. Nous avons vu des faucons crécerelles sur ces palissades. Je ferait donc l’hypothèse que ce sont des pelotes de faucons crécerelles. Mais elles viennent peut être de buses variables. »

Léo : « Et si on les découpe on peut récupérer les os et identifier les zanimos qui ont été mangés ? »

Le chevalier : « Grâce au crâne et une bonne clé de détermination, oui. »

Léo : « On pourra le faire ? »

Le chevalier : « Max me l’a déjà demandé. Je suis d’accord mais c’est une activité qui prend du temps. Il faut une demi-journée pour en disséquer une si on travaille sérieusement. »

Léo : « S’il te plaît chevalier. »

Le chevalier : « Nous le ferrons, c’est promis, mais je ne sais pas quand. »

Pendant qu’ils papotaient moi je regardais les zoisos et j’ai prévenu bonome qu’il y en avait en vol. J’aime beaucoup voir les zoisos voler. J’aimerais bien savoir voler. 

Il doit être beau le Pays des Zoisos vu d’en haut. Les zoisos en vol, c’était d’abord des tadornes de belon (Tadorna tadorna, Anatidés). Puis il y a eu des barges à queues noires. Léo en a perdu sa mâchoire 🙂 66 61 Tadornes de Belons
66 62 Barges à queues noires 66 63 Barges à queues noires
66 64 Barges à queues noires 66 65 Barges à queues noires

Puis, plus loin, là où il y avait des chevaliers arlequins, on les a revus. Et des copains chevaliers arlequins les ont rejoints. On les a vu se poser.

66 66 Chevaliers arlequins 66 67 Chevaliers arlequins
66 68 Chevaliers arlequins 66 69 Chevaliers arlequins

C’est très impressionnant parce qu’il y en avait beaucoup déjà posés et beaucoup qui se posaient. Et ils ont pas fait l’accident 🙂 Léo arrêtait pas de répéter ‘Rhoooo la chance … Rhoooo la chance …‘ Il va rêver de zoisos cousin Léo, c’est sûr !

Léo : « Max ! Chevalier ! Regardez ! Il y a un faucon crécerelle en vol stationnaire ! Qu’est ce qu’il fait ? »

66 70 Faucon crécerelle 66 71 Faucon crécerelle
66 72 Faucon crécerelle 66 73 Faucon crécerelle

Max : « Tu sais pas ? Il mulote ! Il a a repéré une proie et il attend le meilleur moment pour lui fondre dessus. C’est sûrement un campagnol. Ils sont fous dans leur tête les campagnols. Ils font pipi tout le long de leur chemin pour marquer leur route alors que les rapaces voient leur urine grâce aux ultra-violets. Il faut pas qu’ils s’étonnent de se faire croquer ! »

Léo : « Mais il faut faire quelque chose ! Il faut convoquer tous les campagnols pour leur dire de pas faire pipi partout ! »

Max : « J’ai déjà proposé ça à bonome. Il dit qu’il faut pas sinon les faucons n’auraient plus à manger et qu’il y aurait trop de campagnols. C’est l’équilibre du Pays des Zoisos qui est en jeu mon Léo. Il faut laisser les campagnols se faire croquer. »

Léo : « Pauvres campagnols ! Et si ils mettaient des couches ? »

Max : « Ben oui, et tous les matins tu ferais le tour du Pays des zoisos pour changer les couches des campagnols peut être ! C’est comme ça dans la nature : les campagnols font pipi partout et ils se font croquer par les rapaces. Tant pis pour eux. Allez, viens, on va voir des zoisos. »

66 74 Des Anatidés

Léo : « Rholala ! Regardez tous ces Anatidés ! Alors … Il y a des canards siffleurs (Anas penelope), des sarcelles d’hivers (Anas crecca), probablement des colverts (Anas platyrhynchos) et, tout là-bas, des tadornes de Belon (Tadorna tadorna). »

Max : « Bonome ! Bonome ! Regarde ! Le héron garde-bœufs ! Il garde un bœuf ! Peut être qu’on aura pas à faire de formation alors ! Tant mieux parce que sinon ça prendrait du temps, oulala ! » 66 75 Héron garde boeufs

Léo : « C’est le petit héron blanc, le héron garde-bœufs ? »

Max : « Oui, et il s’appelle Bubulcus ibis. C’est un Ardéidé. C’est Princesse qui a dit aux petits hérons blancs avec du orange qu’ils devraient garder les bœufs et qu’on les appellerait les hérons garde-bœufs. Mais cet été ils faisaient pas bien leur travail. On en a vu garder des moutons et d’autres qui gardaient du rien du tout. Ça allait pas du tout, alors on a fait un rapport dans lequel on préconisait une formation pour les hérons garde-bœufs et on l’a envoyé à Princesse. Apparemment, elle les a grondés et maintenant ils font bien leur travail. Tu vois bonome, ça sert, de faire des rapport pour Princesse. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Tu as eu raison de faire un rapport. C’est important de bien faire son travail. Je suis fier de toi. »

Max : « Merci mon bonome. Bon, ben je crois qu’on a fini l’inspection du Royaume. Tu veux bien qu’on aille sur la plate forme de la ferme des T. pour terminer. On voit tout le Royaume de là-haut. »

Le chevalier : « D’accord, Léo ne connaît pas ce point de vue. »

Léo : « Oh ! Il y a le zoiso qui t’énervait parmi les étourneaux. Les étourneaux s’appellent Sturnus vulgaris et ce sont des sturnidés et le zoiso qui t’énerve est le combattant varié, mais je me souviens plus de son nom. Je sais que c’est un Scolopacidé. » 66 76 Combattants variés
66 77 Combattants variés 66 78 Combattants variés

Le chevalier : « Philomachus pugnax. »

Léo : « Philomachus pugnax, Philomachus pugnax, Philomachus pugnax… »

Max : « Alors Léo, la promenade t’a-t-elle plu ? »

Léo : « Oh ben oui alors ! On a vu des tas de zoisos ! C’était bien ! »

Mais c’était pas fini. En retournant à notre monture superzoreilles a entendu un troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes, Troglodytidés). 66 79 Troglodyte mignon
66 80 Troglodyte mignon 66 81 Troglodyte mignon

Léo a essayé de l’imiter. Je sais pas si son imitation était pas bonne ou si il a dit des choses méchantes en troglodytes mais le zoiso s’est sauvé dès qu’il l’a entendu. Il était tout dépité mon cousin. Et fatigué aussi. Bonome lui a fait un gros câlin en lui grattant le front. Léo a ronronné en fermant les yeux. Bonome a continué jusqu’à ce qu’il s’endorme. Puis il l’a installé doucement dans sa poche.

Max : « Dis, il faut montrer la mer à Léo. Tu veux bien nous y emmener ? »

Le chevalier : « C’est ce qui était prévu 🙂 J’attendais que la marée soit haute pour ne pas me faire gronder par un petitours me demandant ‘éléoulamer ?‘ »

Max : « Aurais-je fait cela ? Moi ? Le gentil petit Maxou ? »

Le chevalier : « Oui, toi ! L’ingrat petitours 🙂 »

Max : « 🙂 Tu feras attention, en chevauchant, de pas trop bousculer Léo. Il faut le laisser dormir un peu. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Tu as été un très bon guide pour Léo. Allez, file dans ma poche et dors un peu toi aussi. »

Il a chevauché au pas, en prenant son temps, pour qu’on ait le temps de nous reposer. C’est vraiment un grand chevalier ce bonome.

Après le Royaume des Chevaliers, bonome nous a emmenés voir la mer. J’ai insisté pour qu’on s’arrête à la plage sauvage. Je voulais la montrer à Léo.

67 01 L'estran vaseux

Léo :  « Oooooh ! Comme c’est beau la mer ! Mais elle est loin, l’eau … »

Max : « C’est parce que la marée est pas encore tout montée. La marée c’est à cause de la lune et du soleil qui tirent sur l’eau par la gravitation. Et des fois il y a de l’eau dans la mer et d’autres fois il y en a pas. Il y a que l’estran vaseux. Mais il faut pas y aller, c’est trop dangereux. »

Léo : « Merci Max, mais j’ai lu ton blog alors je sais tout ça 🙂 Je peux profiter de la beauté ? En silence 🙂 »

On est restés un peu, en silence, à regarder l’eau monter. Puis bonome a voulu marcher un peu vers là-bas, pour voir des zoisos.

Il y en avait un sur un poteau qui dormait sur une patte. Au début, j’ai cru que c’était un bécasseau sanderling (Calidris alba, Scolopacidés). Mais il était bien trop grand. Alors on a cherché dans mon beau livre mais on a pas trouvé. 66 83 Pluvier argenté

Alors on a cherché dans mon beau livre mais on a pas trouvé. On sait pas ce que c’est ce zoiso mais c’était pas grave parce qu’on était là pour voir la mer, pas pour faire l’ornithologie.

Bonome voulait pas rester à la plage sauvage pour voir la mer monter. Il préférait aller là où les cailloux sont tout cassés. On est donc repartis vers notre monture et, en chemin, on a vu un zoiso.

66 84 Un pipit 66 85 Un pipit

Léo : « Chevalier, tu connais ce zoiso ? Tu me le présentes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Mon Léo, je suis très embêté par cet oiseau… Je sais que c’est un pipit, genre Anthus, et qu’il fait partie de la famille des Motacillidés. Mais il y a plusieurs espèces de pipits et il n’est pas facile de les distinguer. »

Léo : «  Regarde bien chevalier, tu vas y arriver. Allez, explique-moi. »

Le chevalier : « Je veux bien essayer. Mais je ne ferai qu’une hypothèse. »

Max : « Nous t’écoutons 🙂 »

Le chevalier : « Voyez-vous les larges stries sombres sur le dos ? »

Max : « Pour la énième fois, nous n’avons ni canne blanche, ni chien. CA VEUT DIRE QU’ON EST PAS AVEUGLES !!! »

Léo : « Arrête de crier Max. Tu m’énerves. Ne l’écoute pas chevalier et continue s’il te plaît. »

Le chevalier : « 🙂 Les stries sur les flancs sont aussi épaisses que celles de la poitrine… Et les griffes ont l’air très longues… Je pense que c’est un pipit farlouse (Anthus pratensis, Motacillidés). »

Léo : « C’est ton hypothèse ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo, c’est mon hypothèse. »

Léo : « D’accord. Anthus pratensis, Motacillidés. »

Léo est toujours content de voir un zoiso et il écouterait bonome pendant des heures. Je les ai laissés faire parce que la mer était encore loin et on avait le temps avant d’aller là où les cailloux sont tout cassés. Après, on a chevauché doucement puis, quand on est arrivés, on s’est installés pour regarder, en silence.

Et on a vu des zoisos passer en volant juste au dessus de l’eau. Mon bonome s’est assis un peu à l’écart pour nous laisser tranquilles. Et nous regarder, fièrement. Il aime beaucoup ses petizours naturalistes 🙂

Comme zoisos, il y a d’abord eu des tadornes de Belon (Tadorna tadorna, Anatidés). Ils allaient rejoindre leurs copains sur l’eau, là-bas. Je savais pas qu’ils pouvaient se rassembler par centaines, comme ça, sur la mer. 66 88 Tadornes de Belon
66 89 Tadornes de Belon 66 90 Tadornes de Belon
Puis il y a eu une aigrette garzette qui est passée (Egretta garzetta, Ardéidés). Elle est allée se poser là-bas, alors on a décidé de la suivre. Là-bas, il y a une petite jetée qui tombe dans l’eau. Quand il y en a ! 66 91 Aigrette garzette
66 92 Aigrette garzette 66 93 Aigrette garzette
On a revu l’aigrette garzette. Mais elle avait pas envie de papoter avec nous alors elle s’est envolée pour aller plus loin, picorer ses proies dans la vase de l’estran. 66 94 Aigrette garzette
66 95 Aigrette garzette 66 96 Aigrette garzette

Puis on a regardé la mer qui montait doucement à cause de la lune et du soleil. Léo avait un sourire béat et plein de beauté dans les yeux.

66 97 La mer 66 98 Les petizours

On est restés jusqu’à ce que la mer arrive jusque sous nos pattes. On se prenait des embruns sur le visage. C’était rigolo 🙂

66 99 Les petizours 66 100 Les petizours
66 101 Les petizours 66 102 Les petizours

Puis il a fallu rentrer. On est retournés dans la poche de bonome à contrecœur. Parce qu’on avait pas envie de rentrer, comme d’habitude. Mais on s’est endormis presque tout de suite.

Tout d’un coup, bonome nous a réveillés. Ça lui ressemble pas. Normalement, il nous réveille toujours en douceur. Mais on a compris dès qu’on a sortit nos truffes 🙂

66 103 Des tas de canards

Léo : « Rholala… Rhooo… Il y en a des canards… La chance… RHOLALA !!! »

Max : « C’est une exposition ? Un espace pédagogique dédié aux canards ? Tu parles le canard et tu les as conviés à une fête ? Léo, pourrais-tu remettre ta mâchoire en place s’il te plaît, tu commences à baver 🙂 »

Léo : « Tu as vu tous ces canards ? »

Max : « Ah non ! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! JE NE SUIS PAS AVEUGLE ! Évidemment que j’ai vu les canards ! Triple buse ! »

Léo : « Buteo buteo buteo. »

Max : « Qu’est ce que tu racontes ? »

Léo : « Ben triple buse ça donne Buteo buteo buteo 🙂 »

Le chevalier : « 😀 »

Max : « Ça t’amuse ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 il t’a bien eu 🙂 Bon, revenons aux canards. »

Léo : « Il y a celui à la tête rouge. C’est le canard siffleur. C’est Anas penelope, c’est bien ça ? »

Le chevalier : « C’est bien ça. Sur la photographie de droite on voit la femelle. »

66 105 Canard siffleur mâle 66 104 Canards siffleurs

Léo : « C’est le dimorphisme sexuel : la femelle est pas comme le mâle. »

Max : « C’est un canard de surface ou c’est un ploufeur ? »

Le chevalier : « C’est un canard de surface. Il vit plutôt au nord de l’Europe. »

Max : « C’est un migrateur alors. Il vient nous voir pour l’hiver. Comme canard de surface, il y a les souchets aussi, avec leurs larges becs aplatis. »

Léo : « Anas clypeata. »

66 106 Canard souchet femelle 66 107 Canards souchets 01

Max : « Tu as pas bien fotoé bonome. Ça va pas du tout ça. »

Léo : « C’est pas grave, on le connaît déjà le souchet. Les sarcelles d’hiver sont des canards de surface aussi et elles s’appellent Anas crecca. »

66 108 Sarcelle d'hiver mâle 66 109 Sarcelle d'hiver mâle
66 110 Sarcelle d'hiver mâle 06 66 111 Sarcelles d'hiver

Max : « La femelle ressemble beaucoup à la femelle colvert, oulala ! »

Léo : « Oui mais le miroir alaire est vert. Et sur la foto, il y a une femelle souchet. Mais on peut pas la confondre à cause de son gros bec 🙂 »

Max : « Et l’autre là… Celui avec la tête sombre. Le gris et blanc, très beau… Tu le connais ? »

Le chevalier : « C’est le canard pilet : Anas acuta. C’est aussi un canard de surface. »

66 112 Canard pilet mâle 01

Léo : « Rholala… Tous ces canards… La chance 🙂 »

Max : « Lui aussi c’est un migrateur qui vient du nord de l’Europe ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Léo, regarde là-bas, sur le bord de la mare 😉 »

Léo : « … »

66 113 Canards mandarins mâles

Max : « J’étais sûr que tu en perdrais ta mâchoire 😀 C’est le canard mandarin mâle, Aix galericulata. C’est le canard mandarin du Royaume des Mandarins. On le connaît déjà nous, n’est ce pas bonome ? »

Léo :  « Qu’est ce qu’il est beau ! Rholala … Et là, il y a des fuligules milouins, Aythya ferina. »

66 114 Fuligules milouins 02 66 115 Fuligule milouin mâle

Max : « Eux, ce sont des ploufeurs. Et cet autre là ? »

66 116 Canard inconnu 66 117 Canard inconnu

Le chevalier : « C’est le canard mystère 🙂 »

Max : « Tu le connais pas ? »

Léo : « C’est vrai ? Tu le connais pas ? »

Le chevalier : « Non 🙂 »

Max : « Ça alors ! Tu connais pas tout alors ! »

Le chevalier : « Bien sûr que non ! Mais tu le sais déjà Max. »

Max : « Et qu’est ce que je vais dire à Princesse ? ‘On a vu canard mais on sait pas qui c’est.’ Peut être que c’est un intrus qui n’a rien à faire là et qu’il faudrait qu’on le chasse. »

Le chevalier : « Et si c’était toi l’intrus ? »

Max : « Tu veux me chasser ? Mais j’ai rien fait moi ! »

Léo : « Pfff, t’es bête ! Il rigole ! Buteo buteo buteo 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Mes chers petizours, je vous laisse quelques minutes pour profiter de ces canards puis nous rentrons. »

Max : « Zutalor ! J’ai pas envie de rentrer 🙁 »

Léo : « Moi non plus. Mais on a jamais envie de rentrer 🙂 »

Le chevalier : « Allez, dans ma poche, nous rentrons. »

On marchait vers notre monture quand bonome l’a repéré, ce zoiso.

66 118 Faucon crécerelle 66 119 Faucon crécerelle

Léo : « Rholala … il est tout près ! »

Max : « Je crois qu’il est pas en forme ce petit zoiso 🙁 Il a pas l’air bien… »

Léo : « Il faut prévenir le docteur des zoisos ! Dépêche-toi s’il te plaît »

Max : « Il va te dire qu’il faut laisser faire la nature, qu’on ne peut rien faire… »

Léo :  « Mais il a pas l’air bien ! Il faut l’aider ! »

Le chevalier : « Que pouvons-nous faire ? Tu sais soigner les oiseaux mon Léo ? »

Léo : « Ben non, mais toi tu dois savoir ! »

Le chevalier : « Non, je suis désolé mon petitours. Je suis surpris que vous ne me demandiez pas ‘C’est qui ce zoiso ?‘ »

Léo : « C’est un faucon crécerelle juvénile (Falco tinnunculus, Falconidés). On s’inquiète pour sa santé, on a pas le temps de faire l’ornithologie nous. »

Max : « Faut pas te fâcher Léo. Il a raison : on ne peut rien faire. »

Léo : « Je sais bien qu’il a raison… Mais ça m’énerve de pouvoir rien faire. »

Le chevalier : « Ne t’inquiète pas pour lui mon Léo. Il va se reposer et il ira mieux. Cette fois nous rentrons. »

On est allés s’installer dans sa poche. J’ai câliné Léo pour qu’il oublie le petit faucon tout pas bien. Puis je lui ai rappelé tous les beaux zoisos que bonome nous avait montrés. J’ai senti qu’il se détendait puis il a ronronné. Moi aussi j’ai ronronné et on s’est endormis tous les deux.

En arrivant à la cabane, bonome nous a couchés tout de suite. On était très fatigués par cette longue journée et tous les beaux zoisos qu’on avait vus.

Voilà Princesse, c’était la première journée de Léo à la mer. Je t’embrasse et ne t’inquiète pas, on va bien.

PS : Le canard mystère est une sarcelle à collier mâle (Callonetta leucophrys, Anatidés). Originaire d’Amérique du sud, ce canard est assez rare en France. On l’observe surtout en captivité mais la petite population sauvage est plutôt stable.

Continuer la promenade

82 – Pauvre chevalier

Samedi 5 Mars, An III… et les jours suivants…

Bonjour Princesse, cet article tu le connais déjà. Je l’ai écrit juste après la chute de mon pauvre petit bonome. Il était tout cassé 🙁 Maintenant il va mieux. Il est presque guéri 🙂 A part quelques petits bobos de temps en temps…

Je sais pas par où commencer alors le plus simple est de commencer par le début et la pluie du matin. Elle faisait suite à la pluie d’hier qui nous avait fait renoncer à explorer les volcans des temps anciens d’il y a très longtemps, quelque part vers le début de l’ère primaire. Bonome voulait y retourner aujourd’hui mais il fallait attendre la marée basse. Alors, en attendant, il nous a emmenés aux zoisos, pas loin de notre cabane. On en a vu de beaux 🙂 Plus tard je te dirai… Puis il nous a emmenés au Castel de Dinan voir le vent. Il soufflait très fort, mais gentiment, pour nous montrer qu’il faisait bien son travail de vent. Il avait chassé la pluie pour qu’on puisse profiter de notre dernière journée. Le Castel de Dinan c’est là que par le passé bonome avait souri au vent. Je crois qu’ils nous rejouaient la scène tous les deux, pour nous montrer. Et c’est vrai qu’il était souriant mon chevalier, malgré les rafales. Il nous a montré les Laridés qui planaient et jouaient dans les bourrasques le long des falaises. Et l’heure est arrivée d’aller à la Pointe de Lostmarc’h voir les volcans des temps anciens. On y est allés en chevauchant calmement, sous un beau soleil. Mais dès notre arrivée, le ciel s’est obscurci, le vent a soufflé de plus belle. Bonome continuait d’avancer parce qu’il tenait à nous montrer les basaltes sous marins de l’ère primaire. Mais le vent s’est fâché et il a apporté la grêle. La température a baissé d’un coup d’au moins 5 degrés Celsius. Les grêlons portés par des rafales à près de 100 km nous fouettaient le visage, les jambes … Bonome s’est retrouvé trempé en à peine trois minutes. La nature ne voulait pas qu’on aille aux pieds de la Pointe de Lostmarc’h. Mais pas méchamment. C’est dangereux comme endroit. Bonome aurait pris des risques pour nous faire découvrir la volcanologie alors elle a demandé au vent de nous empêcher d’y aller. Mon chevalier a sagement rebroussé chemin. La grêle a cessé, le vent s’est calmé et, comme pour se faire pardonner, la nature nous a offert un magnifique arc en ciel. Je te montrerai plus tard les fotos. Le ciel s’est dégagé et le soleil est revenu. Évidemment, nous, on voulait pas retourner à la cabane. Alors bonome a décidé d’aller au port de Kameled. On y voit toujours des zoisos. Et, sur l’estran sableux qui borde la digue, la mer fait danser les bécasseaux. C’est très beau. Bonome voulait filmer pour te montrer. En arrivant à Kameled, il est allé se caféiner pour se réchauffer. Il a tout le temps les pieds mouillés. Chaque matin il part en se promettant de pas les ploufer et de faire attention mais c’est plus fort que lui, il traverse un ruisseau, marche dans la boue pendant des kilomètres ou ploufe volontairement le pied dans l’eau sur l’estran parce que c’est plus prudent que de faire un pas gigantesque … Il avait froid, il était fatigué … Et nous, on lui a pas dit de rentrer à cause qu’on voulait voir les zoisos qu’il ne manquerait pas de nous montrer. Dès la sortie de la taverne il en a repéré un dans le port. On s’est approchés. Léo en a perdu sa mâchoire 🙂 C’était un grèbe à cou noir avec ses beaux yeux rouges. Je sais pas pourquoi, mais je suis sûr qu’il savait qu’on en verrait. Pourtant, ici, il peut pas parler aux zoisos : ils parlent breton et pas lui. Puis on s’est dirigés vers la digue pour les bécasseaux mais en chemin il aperçu des zoisos qui courraient sur l’estran du port. Il s’est approché et a fotoé. C’était des grands gravelots et des tournepierres à colliers. Et puis on est allés sur la digue. Les bécasseaux dansaient au bord de l’eau. Bonome a décidé de descendre par les gros cailloux glissants pour gagner du temps. Pour pas qu’ils soient partis quand on arriverait. Il a fait très attention. Il descendait sur les fesses en prenant bien appui sur les mains. Jusqu’au dernier pas. Le dernier pas difficile de la dernière promenade du dernier jour… Encore un pas et il était sur le sable où il ne risquait plus rien. Il était fatigué et a relâché son attention. Il s’est redressé. Pour un pas … Mais voilà, le rocher était lisse, pentu et couvert d’algues filamenteuses mouillées. Il sait bien que c’est ce qu’il y a de plus dangereux. Il avait fait très attention jusque là. Environ 40 000 pas par jour dont au moins 20 000 sur des cailloux tout cassés et glissants sans une seule chute. Juste une petite glissade. Et là, il ne restait qu’un pas, un tout petit pas … Et il a glissé. Il a glissé et il est tombé, lourdement, de toute sa hauteur, sur son épaule. Léo et moi avons eu très peur. Bonome s’est relevé. Il avait l’air hébété, hagard… Il s’est tenu l’épaule alors j’ai pas vu tout de suite.

Max : « Bonome, ça va ? Tu t’es fait mal ? Tu es tout pâle. »

Le chevalier : « … Oui, je me suis fait très mal Maxou … A l’épaule, au bras … Je ne sais pas. »

Max : « Il faut t’asseoir bonome. »

Le chevalier : « Non pas là … Il y a une taverne, allons-y. »

Max : « Ça va aller ? Tu es vraiment pâle. »

Le chevalier : « J’ai des sueurs froides, je me sens vide, sans force. Et j’ai mal. J’ai peur aussi. »

Max : « Faut t’asseoir bonome … »

Le chevalier : « Max, laisse moi me concentrer sur la douleur … »

J’ai pas compris cette phrase. Il est resté immobile, le regard vide … Là, j’ai vu son épaule et son bras … 

Max : « Bonome, ton épaule … C’est pas normal. Et ton bras, il est tout en avant. Tu peux bouger ? »

Le chevalier : « Non Maxou … Et j’ai la main toute engourdie … »

Max : « Tu es tout cassé ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas … Peut être … J’ai peur que oui. Fracture de l’humérus, de l’omoplate … ou luxation de l’épaule … J’ai mal Maxou … »

Max : « Tiens debout jusqu’à la taverne, on appellera le docteur. »

On y est arrivés à la taverne. Il s’est assis, a failli s’évanouir. Le tavernier a été très gentil mais l’a pas vraiment aidé. Léo était tout pâle aussi. Bonome s’est redressé. J’ai vu sur son visage qu’il avait mal et qu’il était inquiet. Il ne parvenait plus a bouger son membre supérieur, sa main était de plus en plus engourdie … Il s’est levé et est allé pétuner dehors. Il est fou dans sa tête. A travers la fenêtre j’ai vu qu’il essayait de bouger son membre. C’est là que j’ai compris. En se concentrant sur sa douleur il faisait son diagnostique. Et par les mouvements qu’il était en train de faire, il essayait de se remettre l’épaule en place. Je voyais bien qu’il grimaçait en bougeant et quand il est revenu il avait les yeux mouillés de larmes. Mais il réussissait à bouger le bras.

Max : « Ça va bonome ? »

Le chevalier : « J’arrive à bouger sans hurler 🙂 Ce n’est pas une fracture. »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Je pense que je me suis luxé l’épaule … »

Max : « Luxé l’épaule ? »

Le chevalier : « La tête de l’humérus est sortie de la cavité glénoïde, au moins en partie. En bougeant, je l’ai remise en place. »

Max : « ‘La tête de l’humérus est sortie de la cavité glénoïde‘… Tu t’arrêtes jamais … Tu es encore pâle. Ça va aller ? On va aller chez le docteur. C’est plus sage. »

Le chevalier : « Oui Maxou, nous allons y aller… Léo, pourquoi pleures-tu ? Viens ici mon petitours. »

Léo était assis sur la table. En entendant ça, il a couru et a sauté vers bonome qui l’a attrapé de son bras valide et l’a serré très fort contre lui.

Léo : « J’ai eu peur ! J’ai cru que tu serais tout cassé. Et tu as l’air d’avoir très mal. »

Le chevalier : « Ne t’inquiète pas mon Léo. Regarde, j’arrive à bouger. Ce n’est pas cassé. Je crois vraiment que j’ai réussi à réduire la luxation. C’est douloureux mais supportable. »

En voyant mon grand bonome câliner Léo, moi aussi je me suis mis à pleurer. J’avais eu peur moi aussi. Il a vraiment fait une lourde chute. Et puis tu sais Princesse, souvent on est loin de tout, sur des cailloux aux arrêtes vives … Si il était tombé comme ça à un autre moment … Comment il aurait fait pour rejoindre notre monture puis le village le plus proche ? Des fois, il y a un km à faire sur des cailloux tout cassés avant d’arriver à notre monture. On pourrait pas l’aider nous …

Il a réussi à aller jusque chez le docteur. Il a dit que ce n’était pas une luxation mais une subluxation. La tête de l’humérus n’était pas entièrement sortie de son logement mais qu’il avait fallu être très courageux pour avoir essayé, et réussi, de la remettre en place tout seul. Mais qu’il faudrait aller à l’hôpital et qu’il faudrait plus bouger pendant des semaines. Je suis pas certain qu’il respecte ça. Peut être qu’il pourra pas aller à la schola pendant un petit moment …

En rentrant, il nous a fait un énorme câlin. Léo pleurait encore un peu. Il l’aime beaucoup son chevalier. Moi aussi je l’aime mon bonome. Tu te rends compte qu’après sa chute, il est resté calme pour se concentrer sur sa douleur et faire son propre diagnostique. C’est sa façon d’être, il faut qu’il comprenne … Toujours … N’empêche que j’ai eu peur.

Le chevalier : « Bon, les petizours, il va falloir aller au lit. »

Max :  « On dort avec toi pour te surveiller. »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Si, il faut qu’on te surveille. »

Le chevalier : « De loin alors. Vous ne dormirez pas avec moi. »

Max : « Pour voir si tu vas bien … Tu es encore tout pâle. »

Le chevalier : « Vous mesurez 7 cm, si vous dormez avec moi, je risque de vous écraser. Allez dans vos lits. »

Il nous a couchés, a fait un énorme câlin à Léo en lui grattant le front jusqu’à ce qu’il s’endorme puis il est venu vers moi.

Le chevalier : « Merci Maxou d’avoir veillé sur moi. »

Max : « Ça va ton épaule ? Tu n’as pas trop mal ? »

Le chevalier : « Ça va aller, ne t’inquiète pas. »

Max : « Tu vas réussir à dormir ? »

Le chevalier : « Pas sûr 🙂 Dors, toi. Bonnuit mon petitours. »

Max : « Bonnuit bonome et si ça va pas tu me réveilles, d’accord ? »

Le chevalier : « D’accord 🙂 … Au fait, Maxou, je suis désolé. »

Max : « Désolé de quoi ? D’être tombé ? »

Le chevalier : « De ne pas être allé filmer la mer qui faisait danser les bécasseaux… »

Plus tard …

Max : « Bonome, il faut aller à l’hôpital. »

Le chevalier : « Ça va Max, ne t’inquiète pas. Ce n’est pas la peine d’aller à l’hôpital. »

Max : « Si si. Il faut radioer pour vérifier que tu es pas tout cassé dedans. »

Le chevalier : « J’aurais bien plus mal que ça si j’étais tout cassé dedans … »

Max : « Pfff … Si je te plantais un clou dans la main à grands coups de marteau tu me dirais : ‘Alors tu vois le clou est passé juste entre les carpes. Il n’a pas touché de nerfs sinon ma mobilité serait réduite. Il a juste perforé un vaisseau sanguin mineur ce qui explique le léger saignement. Au fait, désolé d’avoir mis du sang partout. Allez, va te coucher, je vais nettoyer.’ »

Le chevalier : « Tu crois ? »

Max : « oui 🙂 et tu ajouterais : ‘Trouve moi une aiguille à tricoter et une ficelle à gigot, je vais recoudre. En attendant je vais désinfecter à la vodka.‘ »

Le chevalier : « 😀 Je suis vraiment comme ça ? »

Max : « Ben oui. Bon, je me réjouis de te voir rire mais IL FAUT ALLER À L’HOPITAL ! »

Le chevalier : « D’accord Maxou, allons-y. »

On est allés aux urgences mais le docteur, très gentil, a dit que c’était plus une urgence parce que l’épaule était à sa place. Il a bien remis l’attelle de bonome et il a prescrit une radio. Puis on est rentrés. Il était fatigué mon bonome parce qu’il peut pas chevaucher et doit tout faire à pieds maintenant…

Le lendemain…

Max : « Bonome, réveille-toi ! Il faut aller à l’hôpital pour radioer ton épaule ! Allez, debout. »

Léo :  «  Ça va chevalier ? Tu as réussi à dormir ? Tu as mal ? »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours 🙂 Pas très bien dormi … Mais je n’ai pas trop mal. Comment vas-tu mon Léo ? Et toi Max ? »

Léo : « Ben ça va ! Je suis pas tout cassé moi ! »

Max : « On va bien nous ! On est pas tombés ! Habille-toi et direction l’hôpital ! Et dépêche toi un peu. »

On y est allés et on a attendu… Puis il s’est fait radioer l’épaule.

Max : « Tu as ta radio ? Montre-moi ! Qu’est ce que tu as ? »

Le chevalier : « Lisons le compte rendu… Cornegidouille et ventrebleu , la radio n’est pas suffisante, il faut faire un scanner… »

Max : « Montre-moi… Ben, il dit des erreurs le docteur de la radio… Regarde là … Non, là ! Il y a un morceau détaché ! Tu vois, tu es tout cassé. »

Léo : « Tu es radiologue toi ? Chevalier, va faire ton scanner. »

Le chevalier : « Oui Léo, j’y vais de ce pas. Mais je crois bien que Max a raison 🙁 »

Il a encore fallu attendre pour le scanner mais la scanneuse a été très gentille avec bonome. Sinon, je l’aurais grondée ! Après, il a fallu attendre les résultats puis encore avant d’aller chez le docteur des urgences. Celui qui avait été très gentil.

Max : « Qu’est ce qu’elle dit la scanneuse ? Tu nous as pas dit. Fais moi voir la feuille, je vais lire. Mmmmmmmm mmmmm mmmm… Tu peux traduire s’il te plaît ? »

Le chevalier : « La partie de l’omoplate sur laquelle est attaché un ligament s’est arrachée. Et il y a des morceaux d’os qui se baladent. »

Max : « Ils visitent ton épaule les morceaux d’os ? T’es tout cassé en fait ! »

Le chevalier : « Non max, ne dis pas ça. J’ai une petite fracture mais l’épaule va bien. »

Léo : « Tu dis ça pour nous rassurer. »

Le chevalier : « Non mon Léo, je t’assure que ça va aller. »

Le gentil docteur lui a dit d’entrer à ce moment là. Il a regardé les résultats et l’a emmené directement chez l’orthopédiste. Lui aussi a regardé les résultats du scanner et il a dit qu’on pouvait pas opérer, qu’il fallait immobiliser 40 jours, totalement, puis qu’il faudrait revenir pour voir l’évolution.

Voilà Princesse, il est tout cassé le chevalier. Il peut pas bouger son membre supérieur gauche. C’est pas facile pour mettre ses chaussettes 🙂 Il peut pas aller à la schola pendant une semaine, peut être plus. Ça va dépendre si il arrive à dormir des fois… Il va rester enfermé dans sa cabane et va tourner en rond. Et c’est un peu à cause de moi. C’est pour moi qu’il voulait filmer la mer qui faisait danser les bécasseaux. Et tu sais Princesse, il les avait déjà filmés mais je trouvais que les films étaient flous …

Au coucher…

Max : « Ça va bonome ? »

Le chevalier : « Fatigué 🙂 Tu n’es pas avec Léo ? »

Max : « Je l’ai couché. Je lui ai gratté le front comme tu nous fais. Il a pleuré un peu puis il a ronronné et s’est endormi. Dis, tu as eu mal quand tu es tombé ? »

Le chevalier : « Oui, mais j’étais surtout inquiet. »

Max : « Pourquoi inquiet ? »

Le chevalier : « La douleur était très forte et tu sais que la douleur n’est qu’un signal pour prévenir d’un problème. Et la douleur étant très forte, le problème devait être grave. »

Max : « Tu as tout de suite pensé à ça ? »

Le chevalier : « oui, c’est étonnant n’est ce pas ? Et j’ai vu tout de suite la position de mon bras. Ma main engourdie, les sueurs froides… C’était quand même inquiétant. »

Max : « Tu as pensé tout de suite à la luxation ? »

Le chevalier : « Non, j’ai d’abord craint une fracture de l’omoplate ou de l’humérus. C’est la position du bras qui m’a fait envisager la luxation. Et l’impossibilité de bouger. Avec une fracture j’aurais pu bouger. Cela aurait été extrêmement douloureux mais possible. »

Max : « Et quand tu es sorti de la taverne pour pétuner, tu allais essayer de te remettre l’épaule en place n’est ce pas ? »

Le chevalier : « Non, j’allais juste pétuner 🙂 Mais j’ai voulu voir si je pourrais bouger. J’ai fait un effort pour lutter contre la douleur, pour voir… Et j’ai entendu, et ressenti, un craquement. J’ai été immédiatement soulagé. Et tu as vu, quand je suis rentré je pouvais bouger. Ça a confirmé mon diagnostique 🙂 »

Max : « Et tu as pensé à tout ça alors que tu étais au bord de l’évanouissement ! Je ne dirai plus que ton cerveau est tout fondu. Il fonctionne plutôt bien 🙂 »

Le chevalier : « oui 🙂 Je ne l’explique pas. Réflexe de biologiste probablement… Ou besoin de comprendre… En tous cas c’est rassurant. »

Max : « Pourquoi dis-tu ça ? »

Le chevalier : « Tu sais bien que nous allons souvent dans des endroits isolés. Si un jour il m’arrivait… »

Max : « Il t’arrivera rien du tout ! »

Le chevalier : « Si un jour il m’arrivait de tomber loin de tout, je pourrais probablement appeler les secours en étant relativement lucide et précis. »

Max : « Mais tu vas faire attention maintenant. »

Le chevalier : « Il n’y aura pas de nouvelles inspections avant longtemps tu sais. Surtout sur des cailloux tout cassés 🙂 »

Max : « C’est pas grave si on va plus aux zoisos. Tu vas prendre soin de toi ? Être raisonnable et ne pas bouger le bras ? Tu vas savoir faire ça ? Léo a peur que tu t’abîmes et que tu restes tout cassé. Et moi aussi. »

Le chevalier : « Je vais être raisonnable Maxou, je vous le promets. »

Max : « Promis vraiment ? »

Le chevalier : « Promis vraiment 🙂 »

Max : « Tu veux bien me coucher et me gratter le front ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Maxou. »

Il est comme ça ce chevalier… Il est tout cassé mais il continue à veiller sur ses petizours et à en prendre soin 🙂 On n’a plus de sable de là où le soleil se couche. Tu sais, le sable qui, glissé sous les paupières, endort. C’est dommage parce que, depuis vendredi, il dort mal mon bonome.

Princesse, je sais bien qu’il est banni du château, mais j’espère que tu vas prendre de ses nouvelles. Sinon, je crois que je serais fâché très fort contre toi.

Continuer la promenade

65 – La surprise de Léo

Vendredi 25 Décembre, An II

Dans la cabane du chevalier

Léo : « Dis Max, tu trouves pas qu’il travaille beaucoup le chevalier ? On va pas beaucoup aux zoisos 🙁 »

Max : « Je crois qu’il veut tout faire son travail pour être tranquille ensuite. »

Léo : « Il fait tout d’un coup ? Et après il aura plus rien à faire alors. »

Max : « Il aura du temps libre pour ses petizours 🙂 »

Léo : « Et il nous emmènera aux zoisos ? »

Max : « Bien sûr. Et comme je le connais, il aura même une belle surprise pour nous. »

Léo : « Une surprise ? Il va nous trouver un nouveau Royaume ? »

Max « Il va nous trouver une surprise. Aie confiance 🙂 »

Plus tard …

Le chevalier : « Max ! Léo ! … Les petizours ! »

Max : « On jouait ! On arrive ! … »

Léo : « On est là ! Qu’est ce qu’il y a ? On a même pas fait de bêtises. »

Le chevalier : « Je le sais. Vous êtes très sages. Asseyez-vous s’il vous plaît. J’ai beaucoup travaillé depuis le début des vacances et vous êtes restés très sages dans la cabane. Vous vous êtes à peine chamaillés 🙂 Maintenant que je suis libre, que penseriez-vous d’aller inspecter le Pays des Zoisos ? »

Léo : « Oh oui ! Max, tu es d’accord je suppose. »

Max : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Nous avons visité de beaux Royaumes ces derniers temps et tout s’y passe bien. »

Léo : « Oui oui ! Surtout le Petit Royaume Sauvage, il est magnifique. »

Le chevalier : « Ce n’est peut être plus la peine de les visiter ces prochains jours. »

Léo : « Tu veux plus aller aux zoisos ? »

Le chevalier : « Bien sûr que si, Léo. Mais peut être pourrions nous aller un peu plus loin, dans d’autres Royaumes où on n’est pas sûrs que tout se passe bien ? »

Max : « Je me souviens de ce dialogue … 🙂 »

Léo : « Qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce que vous tramez tous les deux ? »

Le chevalier : « Max, veux-tu expliquer à Léo ? »

Max : « C’est moi qui lui annonce ? D’accord 🙂 Léo, bonome a une surprise pour nous. Enfin, surtout pour toi … »

Léo : « C’est quoi ? Dites moi, allez, s’il vous plaît … »

Max : « On va aller visiter des Royaumes lointains … Au bord de la mer 🙂 »

Léo : « On va aller à la mer ? En Charentmaritimie où vous êtes déjà allés ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Nous partons demain. »

Max : « Demain ? Oulala, il faut qu’on se prépare alors. »

Léo : « Rholala … On va à la mer … On va voir des tas de zoisos de mer et de la campagne… Rhooo la chance … Merci chevalier. »

Max : « Tu vois, j’étais sûr qu’il nous ferait une belle surprise. »

Léo : « Tu le savais ? Il te l’avait dit ? »

Max : « Non, mais je le connais bien mon bonome 🙂 J’étais sûr qu’il t’emmènerait à la mer. »

Le chevalier : « Allez préparer vos affaires et n’oubliez rien ! »

Encore plus tard …

Le chevalier : « Allez mes petizours, au lit. Il faudra être en forme demain pour la longue chevauchée. »

Max : « Il reste du sable de là où le soleil se couche, parce que je crois que je vais avoir du mal à m’endormir. »

Léo : « Moi aussi. J’ai hâte de voir tous les zoisos … »

Le chevalier : « Au lit ! Et faites de beaux rêves 🙂 »

Il nous a fait un gros câlin et puis on s’est couchés. Mais on arrivait pas à dormir. On arrêtait pas de nous retourner dans tous les sens. Et puis Léo s’est levé et est allé papoter avec bonome.

Léo : « Dis chevalier, je peux te parler ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. Tu ne dors pas encore ? »

Léo : « Non, j’arrive pas à dormir. »

Le chevalier : « Quelque chose te préoccupe ? »

Léo : « J’ai bien lu le blog de Max. Quand vous allez à la mer vous faites des tas de choses fort savantes : la botanique, la géologie, la zoologie marine … »

Le chevalier : « L’ornithologie aussi 🙂 »

Léo : « Oui. Mais là on y va que quelques jours. Il y a des tas de Royaumes et plein de zoisos à voir. Et si on fait toutes les choses fort savantes on aura plus beaucoup de temps pour l’ornithologie. »

Le chevalier : « Je vois. Et si nous ne faisions que de l’ornithologie ? »

Léo : « Mais que va dire Max ? »

Le chevalier : « Pour son cousin Léo, il sera d’accord. »

Léo : « Tu crois ? Et toi, ça te dérangerait pas ? »

Le chevalier : « Non mon Léo. Moi aussi j’aime beaucoup les oiseaux. »

Max : « Vous ne dormez pas ? Qu’est ce que vous vous racontez ? »

Le chevalier : « Tu tombes à pic Maxou. Léo a peur de ne pas avoir le temps de voir des oiseaux si nous faisons des tas de choses fort savantes. »

Max : « Ben c’est pas dur, il suffit de faire que l’ornithologie. Il y a assez de zoisos à voir pour nous occuper pendant tout le séjour 🙂 »

Léo : « C’est vrai ? Tu veux bien ? Ça te dérange pas ? »

Max : « Ben non. Je connais déjà les étages de là-bas. Et puis j’ai déjà fait la zoologie et tout ça. On fera une autre fois. D’accord pour la zoisologie 🙂 »

Léo : « Chouette 🙂 Merci à tous les deux. Bon, on va au lit ? »

On est retournés nous coucher et cette fois, on a bien dormi.

Le lendemain, Léo et moi on s’est réveillés aux aurores et on a préparé nos affaires : le livre de zoisos, la serviette, les jumelles … Bonome, lui, dormait comme un loir. Tout tranquille. On l’a laissé dormir parce qu’il allait devoir tout chevaucher aujourd’hui. C’est loin la mer. Mais il est très prudent. Il chevauche jamais trop vite et il fait des pauses. Et pendant la pause il se caféine. Il a raison d’être prudent. Ça serait dommage de faire l’accident en allant à la mer. On pourrait être tout morts ou tout cassés si on faisait l’accident. Il vaux mieux prendre son temps.

Puis on est arrivés. On s’est installés dans la cabane de là-bas et il nous a raconté des histoires. Des belles histoires de mer, de bateaux et de zoisos. Et puis on est allés au lit.

Léo : « Max, tu connais bien les Royaumes du bord de mer. Tu voudras bien me présenter les zoisos ? »

Max : « Ben oui, et bonome aussi t’expliquera. »

Léo : « Et tu voudras bien lui demander d’aller au Royaume des Chevaliers demain ? J’ai vu dans ton blog qu’il y a beaucoup de zoisos dans ce Royaume. Et moi j’ose pas lui demander. »

Max : « Tu sais Léo, c’est pas la peine de lui demander. Le Royaume des Chevaliers est l’endroit où on voit le plus de zoisos alors il va nous y emmener, c’est sûr. Et puis il t’expliquera tout, tu verras. Il parlerait des zoisos pendant des heures. C’est pas la peine de t’inquiéter. Tu peux dormir tranquillement. Tu en verras des zoisos 🙂 »

Léo : « Merci Maxou. »

Max : « Bonnuit Léo. »

Léo : « Bonnuit Max. »

Continuer la promenade