78.3 – Sur la route de Pen Hir et le retour

Lundi 29 Février, An III (Suite)

Max : « Bonome, on peut pas rester toute la vie ici à regarder les bécasseaux. Il faut s’en aller maintenant… Bonome ? »

Léo : « Rholala… Il devient de plus en plus sauvage. A la fin du séjour, il va se creuser un terrier si ça continue… »

Max : « Oui, et il va se nourrir de vers et de racines… »

Léo : « Il faut faire quelque chose ! »

Max : « BONOME ! On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Ça suffit les bécasseaux ! On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Vers le sud… La Pointe de Pen Hir. Avec probablement quelques arrêts en chemin… »

Max : « On va voir quoi ? »

Le chevalier : « Vous verrez 🙂 »

Max : « J’espère qu’il va pas nous faire visiter des terriers qu’il a déjà repérés… »

Le chevalier : « Tenez, voici notre premier arrêt. Nous sommes à Lagad Yar. »

78.3 01 Lagad Yar 78.3 02 Lagad Yar

Max : « Et c’est quoi ça ? Un champ de rochers ? Tu viens faire la récolte ? »

Le chevalier : « Ce sont des mégalithes. On dit parfois menhirs ce qui veut dire pierre longue. Il y en a une centaine. »

Max : « Mégalithes, menhirs… Tu parles quelle langue ? »

Le chevalier : « Plusieurs 🙂 Mégalithe vient du grec ancien… »

Max : « Le grékancien… J’aurai dû y penser ! »

Le chevalier : « Oui, tu aurais pu ! Méga veut dire grand et Lithos, roche. Ce sont de grandes roches. »

Léo : « Et menhir ? C’est quelle langue ? »

Le chevalier : « C’est du breton. Il y a beaucoup de ces pierres dressées en Bretagne. Mais il y en a aussi en Angleterre, en Charentmaritimie, en Espagne… Un peu partout en Europe… »

Léo : « Elles datent de quand ? Tu connais leur histoire ? »

Max : « Moi je sais ! C’est les zoms préhistoriques ! Au début, ils étaient chasseurs cueilleurs. Ils chassaient et ils cueillaient. Mais c’était fatiguant parce qu’ils devaient se déplacer tout le temps. Forcément. Quand ils avaient tout cueilli à un endroit il y avait plus rien à manger et il fallait aller ailleurs. Et pour chasser, il faut poursuivre les proies. Alors ils étaient très fatigués. Et un jour il y en a un qui a dit : ‘Chasseur cueilleur, c’est trop fatiguant. Et on peut même pas avoir de maison. On est obligé d’être sans domicile fixe et ça fait un peu clochard. Alors on va inventer l’agriculture et l’élevage et ça sera mieux. On pourra construire des villages et on aura l’air riches. Les autres savaient pas ce que c’était l’agriculture et l’élevage mais ils ont pas osé le dire de peur de passer pour des idiots. Alors ils ont dit : ‘Oui oui. L’agriculture et l’élevage c’est quand même beaucoup mieux. On est d’accord.’ Et l’inventeur les envoya de par l’Europe entière en leur disant : ‘Prévenez les autres. On est agriculteurs et éleveurs maintenant. Il faut planter, labourer et aussi domestiquer des zanimos.‘ Et les autres partirent en mission. Mais ils savaient pas ce qu’il fallait planter. C’est pour ça qu’un peu partout en Europe les zoms préhistoriques ont planté des cailloux. Au début c’étaient des tous petits cailloux de rien du tout. Mais avec le temps ils ont grandi, grandi… Et maintenant ce sont des mégalithes. »

Léo : « Ça faisait longtemps que tu nous avais pas raconté une belle histoire 🙂 »

Le chevalier : « Le plus étonnant est qu’il y a du vrai dans ta belle histoire 🙂 »

Max : « Ben oui, évidemment… »

Le chevalier : « C’est effectivement lors du passage à l’agriculture et l’élevage que les hommes préhistoriques se sont mis a édifié ces édifices. »

Léo : « C’était quand ? »

Le chevalier : « Il y a environ 5 000 ans. Cette société mégalithique a duré environ 1500 ans. Peut être un peu plus… »

Léo : « Et ils servent à quoi les menhirs ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien mon Léo. Les dolmens, ou tables de pierre, étaient l’armature de tumulus qui servaient de sépultures. Mais la fonction des alignements de menhirs échappe encore aux scientifiques. Du moins, à ma connaissance. Tout ce que je peux vous dire est que ces pierres sont en grès quartzites et qu’elles ont été prélevées un peu plus loin, dans les falaises de la Longue Pointe. »

Léo : « Je sais pas bien la préhistoire moi, mais il y a 5 000 ans, c’était pas encore l’âge de pierre ? »

Le chevalier : « Si mon Léo. Les débuts de la métallurgie sont contemporains de l’ère des mégalithes. Mais les premiers métaux fondus, le bronze et l’or, étaient trop mous pour servir d’outils. Ils servaient à faire des bijoux. »

Max : « Comment ils ont taillé les pierres alors ? Et comment ils les ont déplacées ? Elles doivent peser des tonnes ! »

Le chevalier : « On peut tailler une pierre avec une autre pierre un peu plus dure si on est patient. Et le déplacement de ces pierres nécessitait la coopération de toute une tribu. Les scientifiques pensent justement que ces constructions avaient pour but de souder les tribus et leur permettaient de marquer leur territoire. »

Max : « C’est plus facile de faire pipi tout autour, comme les zanimos 🙂 »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 Avez-vous d’autres questions sur ces mégalithes ? »

Max : « Moi non. Et toi Léo ? »

Léo : « Pas pour le moment. Merci pour tes explications chevalier. »

Max : « On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Jeter un œil à la partie est des falaises du Veryach. »

Max : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Non, pas vraiment. Nous allons marcher et voir ce qui se présente à nous 🙂 »

Léo : « On va voir des zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Nous y voilà ! »

78.3 03 Veryach

Max : « Bonome, il y a un peu de plage avec du sable. Pourquoi tu marches sur les rochers qui glissent ? Tu veux absolument tomber ? »

Le chevalier : « Déjà fait ici 🙂 Pas vraiment une chute. Plutôt une glissade vers l’avant du pied d’appui. Mon tibia a tapé un rocher. J’ai encore la cicatrice 🙂 »

Max : « Tu m’énerves. TU M’ÉNERVES ! »

Le chevalier : « Caaaalme Maxou… Respire profondément. Inspiiiire… Expiiiire… Tu veux que je te gratte le front ? »

Max : « Je te cause plus. »

Léo : « Chouette ! Un peu de silence ! Dis chevalier, c’est encore les Schistes de Postolonnec et les Grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Ici nous sommes sur les schistes et nous allons voir la transition avec les grès qui constituent la Longue Pointe là-bas. »

Max : « Ça sert à rien. On va rien voir. Tu vas marcher sur des cailloux tout cassés et peut être que tu vas tomber et être tout cassé aussi. »

Le chevalier : « Je te promets de faire attention mon petitours. Et j’espère surtout voir des oiseaux. »

Léo : « Quoi comme zoisos ? »

Max : « On peut pas savoir… »

Le chevalier : « Au lieu de râler, regarde un peu la falaise ouest du Veryarch… »

78.3 04 Veryach 78.3 05 Veryach

Max : « On ira un jour ? »

Le chevalier : « C’est prévu 🙂 Demain si le temps le permet. »

Léo : « Il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Très peu…  »

Max : « Oh ! Regardez ! Qu’est ce qu’il fait le tarier pâtre ? »

78.3 06 Tarier patre 78.3 07 Tarier patre

Léo : « Il attrape des insectes volants ? »

Le chevalier : « Je crois bien. »

Max : « C’est rigolo à voir 🙂  C’est quoi déjà son nom en scientifique ? »

Le chevalier : « Saxicola torquatus, Muscicapidés. »

Léo : « Et là-bas, il y a un huîtrier-pie, Haematopus ostralegus. Max t’imagine même pas le manger ! »

78.3 08 Huitrier-pie 78.3 09 Huitrier-pie

Max : « Je mangerai pas du zoiso Léo. Tu sais, moi aussi j’aime beaucoup les zoisos. Depuis plus longtemps que toi. »

Le chevalier : « Mes petizours. Je vous propose de faire une pause pour profiter du paysage et du soleil. »

Max : « Toi, tu veux t’asseoir et pétuner 🙂 »

Léo : « Et te caféiner 🙂 »

Le chevalier : « Me reposer un peu et profiter du paysage. Regardez un peu… »

78.3 10 Les petizours 78.3 11 Les petizours

Léo : « Rhoooo, c’est bôôôô ! »

Max : « Ça c’est un beau paysage ! »

Le chevalier : « Je m’attendais plutôt à ce que vous regardiez de l’autre côté ! »

Max : « On fera après. »

Léo : « On regarde la Longue Pointe. »

Max : « Et les Tas de Pois. »

Le chevalier : « D’accord. Ne bougez plus. Je vais vous fotoer. »

78.3 12 Léo 78.3 13 Max

Max : « Comme ça on pourra montrer à Princesse 🙂 Pourquoi elle vient jamais avec nous Princesse ? »

Le chevalier : « Je t’ai déjà dit Maxou : elle a autre chose à faire. C’est une princesse. Elle ne va pas arpenter les chemins pour vérifier que tout va bien au Pays des Zoisos. Elle a des chevaliers pour cela. »

Max : « Elle en a un seul ! Et elle pourrait venir juste une fois ! Pour voir à quel point tu fais bien ta mission. »

Le chevalier : « Elle le sait Maxou. Grâce à toi en plus 🙂 »

Max : « Tu es en train de dire que si elle vient pas c’est à cause de mon blog ? »

Le chevalier : « Maxou… »

Léo : « Regardez ! Il y a des tariers pâtres, là, dans les arbustes ! »

78.3 14 Tariers patres

Max : « Pourquoi ils sont pas pareils ? C’est le dimorphisme sexuel ? »

Le chevalier : « Oui, probablement. A gauche c’est le mâle et à droite c’est la femelle. »

Max : « Tu peux les zoomer chacun leur tour s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr. D’abord le mâle… »

Max : « Ce n’est pas très galant. Ça m’étonne de toi. »

Le chevalier : « Il a l’air plus remuant. J’ai peur qu’il s’envole… »

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Max : « Zutalor ! Tu l’as eu que de face ! C’est pas grave, on le reconnaît bien quand même. »

Léo : « Oui, il a bien la tête noire, un demi-collier blanc et la poitrine est orange. »

Max : « Et la queue est brune. Et la femelle ? Tu l’as fotoée ? Montre un peu… »

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Max : « On la voit pas bien. »

Léo : « On voit quand même que sa tête est pas noire. »

Max : « Et la poitrine est orangée aussi. »

Léo : « Elle est moins colorée que le mâle. »

Max : « Mais elle est belle aussi. »

Léo : « Ils sifflotent tous les deux. Tu crois qu’ils vont faire des œufs ? »

Le chevalier : « Il est un peu tôt. Nous ne sommes pas encore au printemps. Mais peut être vont-ils faire une parade et former un couple. Bon, Max avait raison. Nous ne verrons pas de roches intéressantes. Retournons à notre monture. »

Léo : « Il y a un pipit. »

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Max : « Encore un pipit ! Ils le font exprès. Parce qu’on les reconnaît pas. Ils viennent juste pour nous embêter et nous dire qu’on connaît rien du tout aux zoisos. »

Le chevalier : « Maxou, tu sais bien que l’oiseau que nous voyons le plus est celui qui est chargé de veiller sur nous. Les pipits ne viennent pas pour autre chose. »

Max : « Ce sont nos zoisos-gardiens ? Comme les chardonnerets rigolos en Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu peux le remercier, en zoiso. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Il t’a entendu Max. »

Max : « Tu le fotoes s’il te plaît. »

Le chevalier : « C’est déjà fait ! »

Léo : « Tu dirais que c’est lequel de pipit ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien. Le sourcil est très discret. Je dirai pipit maritime. »

Max : « Anthus petrosus. »

Léo : « Il va falloir qu’on travaille les pipits au retour. On peut pas continuer comme ça. »

Max : « C’est vrai ! Ça va pas du tout ça bonome. »

Le chevalier : « Il va falloir organiser une formation 🙂 »

Max : « C’est ça ! Moque toi de moi ! N’empêche que Princesse va finir par se rendre compte qu’on mélange tous les pipits. Et elle va te gronder. Nous, on s’en fiche. Si on connaît pas c’est de ta faute. C’est toi qui nous as pas appris. »

Le chevalier : « Quelle solidarité ! Je ne suis pas certain de t’avoir élevé de cette façon. »

Max : « Tu m’as pas élevé du tout ! Je me suis fait tout seul ! »

Le chevalier : « Je me demandais à quel moment j’avais raté 🙂 Je suis ravi d’apprendre que je ne suis pour rien dans le désastre qu’est ton éducation 🙂 »

Max : « Le désastre ! Quel désastre ? Est-ce que j’ai une tête de désastre ? Je suis un modèle pour toute la jeunesse du Pays des Zoisos moi monsieur. Je suis beau, intelligent, cultivé, aventurier, dynamique… Il faudrait un article complet dans mon blog pour faire la liste de toutes mes qualités. »

Le chevalier : « Quand tu écriras cet article n’oublie pas d’ajouter modeste et humble 🙂 »

Max : « Mais j’y pense. Modeste et humble, c’est tout à fait moi. »

Le chevalier : « Oui mon Maxou. Tu es un véritable modèle. En attendant d’entrer au Panthéon, file dans ma poche pour la chevauchée. Toi aussi Léo, et arrête de rire, tu vas vexer Maxou 🙂 »

Quelques enjambées plus tard…

Le chevalier : « Regardez mes petizours… »

78.3 23 Veryach 78.3 24 Veryach

Léo : « Rholala ! Comme c’est beau ! »

Max : « On était là en bas ? »

Le chevalier : « Oui. La photographie de gauche montre la zone que nous venons d’explorer. »

Léo : « On voit bien les schistes de Postolonnec presque noirs et les grès armoricains presque blancs. »

Max : « Et on a pas vu la zone de transition… »

Le chevalier : « Et non ! La photographie de droite montre la falaise du Veryach. C’est l’une des plus belles coupes de l’Ordovicien et du Silurien de France. »

Max : « Et on va y aller ? »

Le chevalier : « Oui. Demain, si le temps le permet. La dernière photo montre la plage de Lam Saoz. Nous irons aussi. »

Léo : « Encore une journée chargée 🙂 »

78.3 25 Lam Saoz

Max : « Je vais jamais réussir à graver tout ça moi ! Ou alors il va me falloir des mois et je serai encore plus en retard dans mon blog 🙁 »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. Je t’aiderai le plus possible. A moins que tu ne veuilles travailler seul comme tu t’es fait tout seul 🙂 »

Max : « Moque toi si tu veux. Pfff… »

Le chevalier : « Bon, laissons là notre monture et continuons à pieds. »

Léo : « On peut continuer en poche ? Parce que toi, tu as de grandes jambes et nous de petites pattes… »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo, tu peux. Max préfère peut être marcher tout seul 🙂 »

Max : « Tu arrêtes maintenant ! Ça suffit ! Ou je dis à Princesse que tu fais rien qu’à te moquer de moi. »

Léo : « Vous êtes agaçant tous les deux à vous chamailler ! On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On touriste 🙂 En marchant sur la plate forme de la Longue Pointe. »

Léo : « La Longue Pointe ? C’est Pen Hir ? Avec les Tas de Pois ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Et quelques oiseaux… »

Léo : « Tu dis ça à cause du goéland argenté ? »

Max : « Elle est belle ta foto bonome. »

Le chevalier : « Merci Maxou. »

78.3 26 Goéland argenté

Léo : « Et là ! Encore un tarier pâtre ! On en a vu beaucoup aujourd’hui 🙂 »

78.3 27 Tarier patre

Max : « C’est pourtant pas un zoiso de bord de mer. »

Le chevalier : « Pas spécialement. On peut l’observer dans de nombreux milieux. Mais ce n’est pas surprenant d’en voir en Bretagne… Approchez vous de la falaise, je voudrais vous fotoer. »

Max : « Nous fotoer ou nous falaiser ? »

Le chevalier : « Mon petitours, modèle de la jeunesse du Pays des Zoisos, tu es parfois agaçant mais jamais je ne te falaiserai 🙂 »

Léo : « Ben oui Maxou. Qu’est ce qu’il deviendrait sans nous ? »

Max : « Il redeviendrait sauvage… Il nous a entendus dire qu’on voulait pas qu’il redevienne sauvage. C’est pour ça qu’il veut nous falaiser. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Bonome, je veux bien que tu nous fotoes au bord de la falaise mais seulement si tu nous tiens. J’ai peur de tomber. »

Le chevalier : « Et j’ai peur que vous tombiez. »

Léo : « Les korrigans nous ramèneraient. »

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr et je ne veux pas essayer. Allez ! Fotos ! »

78.3 28 Max 78.3 29 Léo

Léo : « Tu veux bien fotoer les Tas de Pois aussi s’il te plaît. »

Le chevalier : « J’allais le faire 🙂 »

78.3 30 Les tas de pois 78.3 31 Pen Hir

Max : « Et là pointe là-bas, tu la connais ? On pourra y aller ? »

78.3 32 Pointe du Toulinguet 78.3 33 Pointe du Toulinguet

Le chevalier : « C’est la Pointe du Toulinguet. On ne peut pas y aller. Elle est barrée par un gigantesque mur. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Il y a un sémaphore de la Marine Nationale. C’est un point stratégique militaire. »

Max : « Ah, d’accord. Si on essaye d’y aller on va se faire tirer dessus. Tant pis. »

Le chevalier : « Mais nous irons voir la plage de Pen Hat et la falaise qui la borde au nord. Bon, mes petizours, il va falloir rentrer maintenant. La journée a été longue. Je suppose que vous êtes fatigués. »

Max : « Oh oui. »

Léo : « J’ai l’impression que cette journée a duré une semaine 🙂 »

Le chevalier : « Nous avons fait six arrêts aujourd’hui. »

Léo : « Six jours de marche 🙂 Presque une semaine. J’avais raison 🙂 »

Max : « On pourra dormir pendant la chevauchée du retour ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Maxou. »

Max : « A tout à l’heure bonome. Tu nous réveilleras en arrivant pour qu’on aille se coucher. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Dormez bien. »

Plus tard…

Le chevalier : « Max… Léo… Réveillez-vous. »

Max : « On est arrivés ? »

Léo : « On va se coucher ? »

Le chevalier : « Non, j’ai fait un arrêt imprévu. Venez voir. C’est une très belle plage. »

78.3 34 La plage

Max : « On est où ? »

Le chevalier : « A Kersiguénou. Regardez, à droite il y a les Tas de Pois et à gauche on aperçoit le Kastell. »

Léo : « Rholala… C’est beau 🙂 Merci de nous avoir réveillés. »

Max : « Ah ça oui alors ! Et ces roches là, c’est quoi ? Elles forment comme un éperon rocheux. »

Le chevalier : « Ce sont des schistes zébrés. »

Max : « Des schistes zébrés ? Du Briovérien ? Comme à Port Zic ? On peut aller les voir ? »

Le chevalier : « Si vous voulez… Hé ! Mais où vous courez comme ça ? Je me demande si je ne préfère pas quand vous dormez 🙂 »

78.3 35 Schistes zébrés 78.3 36 Schistes zébrés
78.3 37 Schistes zébrés 78.3 38 Schistes zébrés

Max : « Ah, tu es enfin arrivés 🙂 »

Léo : « C’est pas tous les jours qu’on peut voir des roches d’il y a 550 millions d’années. »

Max : « Et qui ont connu la formation de deux chaînes de montagnes… »

Le chevalier : « On peut parler d’orogenèses… »

Max : « Du grékancien… »

Le chevalier : « Oui, du grec ancien 🙂 Qui veut dire formation de montagnes. Avançons un peu, nous verrons peut être mieux l’éperon rocheux. »

78.3 39 Schistes zébrés 78.3 40 Schistes zébrés

Max : « Oulala, elles sont tout pliées ces roches. »

Léo : « Ben forcément ! Elles ont connu deux orogenèses. »

Max : « Ben oui, n’empêche qu’elles sont tout pliées. Et on voit bien qu’elles forment un éperon. Bonome, tu sais pourquoi ? »

Le chevalier : « Non mon Maxou. Je ne sais pas tout. »

Max : « C’est pas grave bonome, on t’aime bien quand même. On peut aller sur la plage se promener en regardant le soleil décliner ? »

Le chevalier : « Oui. Regardez comme c’est beau. »

78.3 41 La plage

Léo : « Rhoooo… La chance… C’est pas tout le monde qui voit ça. Tu te rends compte Maxou ? »

Max : « Je me rends compte qu’il va encore ploufer ses pieds 🙁 Ils vont être tout moisis à force… »

Léo : « Arrête de ronchonner et profite de la beauté. »

Max : « Je profite mais quand même ! Il faut en prendre un peu soin de ce bonome. Sinon il pourra plus nous emmener partout. »

Léo : « C’est vrai ça ! Chevalier, faut pas ploufer tes pieds. Et ce soir tu les nettoieras et tu les sécheras bien. Si tu veux on ira chez l’apothicaire quérir des crèmes et des onguents. »

Le chevalier : « Et vous me ferez un massage ? »

Max : « Et puis quoi encore ? »

Le chevalier : « Votre gentillesse envers moi m’étonnait quand même un peu 🙂 »

Max : « On est gentils nous. »

Léo : « Très gentils même. »

Max : « Souvent trop. »

Léo : « Mais on y peut rien. »

Max : « On est comme ça 🙂 Hé bonome, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « C’est un test d’oursin. »

Max : « Ça ? C’est un zoursin ? »

Le chevalier : « Oui, c’est un oursin ! »

Léo : « Regarde Max ! Il y en a plein partout. Viens, on va les ramasser. »

Max : « Regarde bonome tous nos zoursins 🙂 On les prend pour ma collection. Bon, tu nous expliques ce zoursin. »

78.3 42 Un zoursin 78.3 43 Des zoursins

Le chevalier : « Maxou, tu as déjà vu des oursins fossiles. Que peux tu me dire de celui-ci ? »

Max : « Il est bizarre ! »

Le chevalier : « Pourquoi dis-tu cela ? »

Max : « Parce que les zoursins ont une symétrie d’ordre cinq normalement. Ils sont identiques à eux-mêmes quand on les fait tourner d’un cinquième de tour. Mais pas celui là. Lui, il a un axe de symétrie. »

Le chevalier : « C’est bien mon Maxou. Effectivement il y a une symétrie bilatérale secondaire. Vois-tu des tubercules ? »

Max : « Ah non 🙂 Heu… Si, des tout petits. On les voit à peine. Ça veut dire qu’il avait des petits piquants. C’est un zoursin fouisseur. J’ai bon ? »

Le chevalier : « Oui, tu as bon 🙂 Ces oursins vivent enfouis dans le sable. Ils filtrent les sédiments pour récupérer la matière organique dont ils se nourrissent. »

Léo : « Tu as déjà dit ça pour un ver du sable. Le rénicole. »

Le chevalier : « L’arénicole 🙂 Il y a beaucoup d’organismes filtreurs. Certains filtrent les sédiments, d’autres filtres l’eau. »

Max : « D’accord. Et c’est qui ce zoursin ? »

Le chevalier : « C’est un oursin des sables, Echinocardium cordatum, de la famille des Spatangidés. »

Léo : « Il y en a beaucoup ici dis donc. »

Le chevalier : « Oui, ils aiment les sables fins et peuvent vivre jusqu’à 200 m de profondeur. Ils doit y en avoir jusqu’au Kastell… Quand ils meurent, leurs tests sont ramenés sur la plage par les vagues et les marées. Maxou, si tu veux les prendre pour ta collection il va falloir faire très attention. Ils sont extrêmement fragiles. »

Max : « Tu veux bien les porter ? On a pas de doigts nous. Et on peut pas les mettre dans nos sacados. »

Le chevalier : « Je les prendrai au retour. »

Max : « On avance encore ? »

Le chevalier : « Oui, j’ai aperçu des oiseaux sur la laisse-de-mer. »

Léo : « Moi aussi 🙂 On va les voir ? »

78.3 44 Bécasseaux sanderlings 78.3 45 Bécasseaux sanderlings

Max : « Ce sont tes amis ! »

Léo : « Des bécasseaux sanderlings ! Calidris alba, Scolopacidés. »

Max : « Pourquoi il a du noir celui de droite ? »

Le chevalier : « C’est peut être un juvénile. »

Léo : « Zutalor ! On les a fait fuir ! »

78.3 46 Bécasseaux sanderlings 78.3 47 Bécasseaux sanderlings

78.3 48 Bécasseaux sanderlings

Max : « Ils rentrent se coucher. Nous aussi on devrait rentrer maintenant. Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Oui, moi aussi je suis fatigué. »

Max : « Dis, je crois qu’il faudra pas nous réveiller en arrivant. Tu pourras nous coucher directement ? Tu es d’accord Léo ? »

Léo : « Oui 🙂 »

Le chevalier : « Alors regardez une dernière fois les Tas des Pois. »

78.3 49 Les tas de pois

Léo : « C’est bôôôô ! »

Max : « Merci mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Bonnuit mes petizours. »

Max : « Ben ! Et notre bisou ? »

Léo : « Et nos gratouillis ? »

Le chevalier : « 🙂 Bonnuit mes petizours. »

Continuer la promenade

78.2 – Kameled

Lundi 29 Février, An III (Suite)

Max : « Bonome, Kameled, c’est un port ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, tu le vois bien. »

Max : « Qu’est ce qu’on vient faire dans un port ? »

Le chevalier : « Regarder les zoisos. Manger… Et il y a une plage bordée d’une falaise à la sortie de la ville. »

Max : « Et on va y aller ? »

Le chevalier : « Oui. Je vous montrerai de belles figures sédimentaires. »

Léo : « C’est normal qu’il y ait pas d’eau dans le port ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas un très grand port 🙂 Il se vide à marée basse. »

Max : « Avec toi, il y a jamais d’eau dans la mer 🙂 »

Le chevalier : « éléoulamer ? Max, éléoulamer ? »

Max : « Elle est pas là la mer 🙂 Léo, tu dis rien ? »

78.2 01 Mouette rieuse 78.2 02 Mouette rieuse

Léo : « Je regarde les zoisos… Il y a une mouette qui rigole, Chroicocephalus ridibundus, Laridés. Sa tête est déjà un peu brun chocolat. »

Max : « Parle pas de chocolat ! Tu me donnes faim 🙂 »

Léo : « Tu penses qu’à manger ! Chevalier, tu as vu là-bas ? »

Le chevalier : « Oui, approchons-nous. »

78.2 03 Huitrier pie 78.2 04 Huitrier pie
78.2 05 Huitrier pie 78.2 06 Huitrier pie
78.2 07 Huitrier pie 78.2 08 Huitrier pie

Max : « C’est un huîtrier-pie et une autre mouette qui rigole. »

Léo : « Ils font leur toilette. »

Max : « Les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

Léo : « Ils prennent le port pour leur salle de bains 🙂 »

Max : « Léo, tu connais le nom de l’huîtrier-pie en scientifique ? »

Léo : « Heu… Il a les pattes rouges… Il faut dire ça en grékancien… Non, je me souviens plus. Tu sais toi, chevalier ? »

Le chevalier : « Haematopus ostralegus, Haematopodidés… Ne bougez plus ! Chut ! Il y a une bergeronnette grise juste là ! »

78.2 09 Bergeronnette de Yarrell 78.2 10 Bergeronnette de Yarrell
78.2 11 Bergeronnette de Yarrell 78.2 12 Bergeronnette de Yarrell

Max : « Elle a trouvé du manger 🙂 »

Léo : « Elle s’appelle Motacilla alba, Motacillidés. »

Max : « Léo, tu dis des erreurs. Toi aussi bonome. C’est pas une bergeronnette grise mais une bergeronnette de Yarrell. »

Léo : « Tu es sûr ? »

Max : « Ben oui ! Tu vois bien qu’elle a le dos noir brillant ! Elle est pas grise. »

Léo : « C’est vrai. Tu as raison. C’est bien une bergeronnette de Yarrell. »

Le chevalier : « Laissons-la manger tranquillement. »

Max : « Oui. Surtout que j’ai une interro pour toi 🙂 »

Le chevalier : « Max, Léo l’a déjà crié : ON EST EN VA-CAN-CES ! »

Max : « Et alors ? Je te fais une interro si je veux. Je te rappelle que je suis maître-assistant à la schola et, à ce titre, je fais toutes les interros que je veux. Le sujet est devant toi. »

78.2 13 Interro pour bonome

Le chevalier : « Un jeune Laridé… Goéland argenté premier hiver ? »

Max : « Je sais pas moi ! »

Le chevalier : « Mon petit Maxou, quand on fait une interro, il faut connaître les réponses ! »

Max : « Ben demande à mon assistant ! »

Le chevalier : « Parce que tu as un assistant ? »

Max : « Oui, Léo ! Léo, c’est qui ce jeune Laridé ? »

Léo : « Mmmmm… Quoi ? »

Max : « Tu nous écoutes pas ? »

Léo : « Mmmmm… »

Max : « Qu’est ce que tu regardes ? »

Léo : « Oui oui… »

Max : « Je crois que Léo est totalement absorbé par son observation… Encore des Laridés ! Et ils font sa toilette ! Bonome tu t’es trompé. Kameled c’est pas un port. C’est la salle de bains des zoisos de Kraozon 🙂 »

78.2 15 Des laridés 78.2 16 Des laridés

Le chevalier : « Mes petizours, il est midi douze. J’ai faim ! »

Max : « D’accord, on va manger. Léo, tu viens ? Léo ! LÉO ! »

Léo : « Oui, je viens. Chevalier, avant d’aller à l’auberge, tu veux bien fotoer le goéland argenté qui est là-haut ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo… Voilà. »

Léo : « Merci chevalier. Allez Max, on se poche. Moi, je vais siester un peu pendant ton repas. »

Max : « Moi aussi. Bonome, tu nous prends du chocolat ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 A tout à l’heure. »

78.2 17 Goéland argenté 78.2 18 Goéland argenté

***

Le chevalier : « Mes petizours ! Réveillez-vous et sortez vos truffes, nous sommes arrivés à la plage du Corréjou. »

Léo : « Mmmmmm… »

Max : « Ondorplu ? »

Le chevalier : « Non, ondorplu 🙂 »

78.2 19 Le Corréjou

Léo : « On va inspecter tout ça ? »

Le chevalier : «  Oui mon Léo. »

Max : « Encore des cailloux tout cassés… »

Le chevalier : « Je vais faire attention Maxou. »

Max : « Mouai… Bon, on fait quoi ? »

Le chevalier : « Nous allons d’abord longer la petite falaise. J’entends des oiseaux. »

Léo : « Moi aussi 🙂 J’ai entendu des rougegorges familiers. Et un autre zoiso que je connais pas. »

Max : « Avant d’aller voir dans les arbres, regardez sur l’estran. Il y a des Laridés. »

78.2 20 Goélands marins 78.2 21 Goélands marins

Léo : « Ce sont des goélands marins. »

Max : « Larus maritimus. Il y en a beaucoup à la mer. »

Le chevalier : « Pas tant que ça Maxou, même si nous en voyons chaque jour. »

Léo : « Et là, ce sont des goélands bruns. »

78.2 22 Goélands bruns 78.2 23 Goélands bruns
78.2 24 Goéland brun 78.2 25 Goéland brun

Max : « Larus fuscus. »

Léo : « On voit beaucoup des zoisos aujourd’hui 🙂 »

Le chevalier : « J’espère que nous en verrons encore 🙂 »

Max : « Bon, on va voir dans les arbres ou on reste là ? »

Léo : « On va voir dans les arbres ! »

Max : « Je crois avoir vu un roitelet. »

Léo : « Un roitelet ? Du genre Regulus ? »

Max : « Ben oui ! Un roitelet ! »

Léo : « Tu les as vus chevalier ? »

Le chevalier : « Oui, mais ils se sauvent dès que nous approchons. Je n’arrive pas à les fotoer… »

Max : « Essaye encore bonome. »

78.2 26 Roitelet triple bandeau

Le chevalier : « Max, tu ne vas pas mettre cette foto ! Elle est moche et floue. »

Max : « Oui, j’ai vu ! Mais c’est la seule de roitelet que tu aies réussi. »

Léo : « Montre moi… Vous avez vu sa tête ? Il est tout rayé ! C’est pas un roitelet huppé ça ! »

Le chevalier : « Bien vu Léo. C’est un roitelet triple bandeau, Regulus atricapila, Régulidés. »

Max : « On le connaît pas celui là. On l’avait jamais vu. Oulala ! Un zoiso de plus 🙂 »

Léo : « C’est dommage que tu l’aies pas mieux fotoé. »

Max : « J’ai vu des rougegorges familiers. On peut essayer de s’en approcher ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Ils se sauveront peut être moins que les roitelets. »

Léo : « Il y en a un là ! Sur les branches ! »

Max : « Et un autre là ! Sur les cailloux ! »

78.2 27 Rougegorge familier 78.2 28 Rougegorge familier

Léo : « Ils se sont envolés. Venez, on en suit un. »

Max : « Il est là ! Il nous regarde. Parle-lui en zoiso bonome. Dis lui qu’on veut juste le fotoer, qu’on veut pas l’embêter et que si il prend la pose, on le laisse en paix après. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Max : « Ça alors ! Il s’est posé et il bouge plus. Il prend la pose. »

78.2 29 Rougegorge familier 78.2 30 Rougegorge familier

Léo : « Rholala ! C’est bien de parler le zoiso 🙂 »

Max : « Il parle le zanimo, il est ami avec les korrigans… »

Léo : « On a de la chance de le connaître. »

Max : « C’est pour ça qu’il faut pas qu’il redevienne sauvage. »

Léo : « Il faut bien le surveiller. »

Max : « Ben oui, parce que j’ai eu du mal à le dresser au début. Quand tu es arrivé j’avais déjà beaucoup travaillé 🙂 »

Le chevalier : « Mes petizours ? »

Max et Léo : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Nous sommes arrivés à la falaise. »

78.2 31 Le Corréjou 78.2 32 La falaise du Corréjou

Léo : « C’est quoi comme roches ? »

Le chevalier : « Schistes de Postolonnec et grès armoricains. »

Max : « Encore ! Mais on a déjà vu tout ça ! »

Le chevalier : « Je sais Maxou mais ici il y a de belles figures sédimentaires et quelques fossiles. »

Max : « Chouette ! On va fossiler ! »

Le chevalier : « Oui, mais d’abord observez bien devant vous. »

78.2 33 Cordon de galets 78.2 34 Cordon de galets

Max : « C’est quoi ça ? »

Léo : « Il y a des galets dans un machin tout marron. »

Le chevalier : « Les galets sont anguleux et sont pris dans une matrice marron. »

Max : « On dirait de la boue durcie. »

Le chevalier : « C’est effectivement une coulée de boue fossile. »

Max : « Ça se fossilise les coulées de boue ? »

Léo : « Ben oui ! Il vient de le dire ! »

Max : « J’ai le droit d’exprimer ma surprise ou pas ? »

Léo : « Exprime mon cousin, exprime 🙂 »

Max : « Merci Léo. »

Le chevalier : « Cette coulée de boue a environ 100 000 ans. A l’époque le climat était bien plus froid et les sols étaient gelés sur une grande épaisseur. Mais un jour le sol a fondu, de la boue s’est formée et s’est écoulée. Il en reste cette coulée de boue fossilisée. »

Max : « D’accord. Alors les coulées de boue peuvent se fossiliser. On avance ? »

Le chevalier : « Oui, vous descendez de ma poche et je vous laisse explorer les schistes de Postolonnec à la recherche de fossiles. »

Max : « On y va ! »

78.2 35 Un trilobite

Léo : « J’ai trouvé un trilobite ! Venez voir ! »

Max : « Mais… Il est tout tordu ! Comment ça se fait ? »

Le chevalier : « C’est à cause des déformations des roches. Elles peuvent subir des cisaillements. »

Léo : « Des cisaillements ? »

Le chevalier : « Oui, des cisaillements. Imagine la serviette de Max posée à plat. »

Léo : « J’imagine. »

Le chevalier : « Je pose les mains sur chacun des bords. »

Léo : « J’imagine encore. »

Le chevalier : « Alors imagine que je remonte ma main gauche pendant que je fais glisser ma main droite vers le bas. »

Léo : « La serviette va se tordre ! »

Le chevalier : « Oui, j’ai réalisé un cisaillement. »

Max : « Et les fossiles de la serviette sont tout tordus. »

Léo : « Maxou, il y a pas des fossiles dans ta serviette 🙂 »

Max : « Je sais bien Léo. Et les fossiles de la strate sont tout tordus. »

Léo : « Et tu connais l’espèce de ce trilobite ? »

Le chevalier : « Non 🙁 »

Max : « Dis bonome, il y en a encore des trilobites ? »

Le chevalier : « Non. Je ne vous l’ai pas déjà dit ? »

Max : « Non. »

Le chevalier : « Les trilobites existent depuis le début du Cambrien. Peut être même un peu avant. Et ils ont totalement disparu à la fin de l’ère primaire. »

Léo : « Il ont donc vécu de 550 millions d’années à … »

Le chevalier : « 250 millions d’années. »

Max : « Et pourquoi ils ont disparu ? »

Le chevalier : « Difficile à dire… Il y a eu une grande crise de la biodiversité à la fin de l’ère primaire. On estime que 85 % des espèces ont disparu en quelques millions d’années. »

Léo : « 85 % ? »

Le chevalier : « Oui, peut être même un peu plus. Certains groupes, comme celui des Trilobites, ont entièrement disparu. D’autres ont en partie survécu. On ne connaît, par exemple, qu’un seul genre d’oursins au début de l’ère secondaire. »

Max : « Et il y a eu d’autres crises comme celle-là ? »

Le chevalier : « Il y a eu 5 crises majeures de la biodiversité : à la limite entre l’Ordovicien et le Silurien (- 435 millions d’années), entre le Frasnien et le Famménien au Dévonien supérieur (- 365 millions d’années), entre le Permien et le Trias (- 250 millions d’années), entre le Trias et le Jurassique (- 205 millions d’années) et entre le Crétacé et le Tertiaire (- 65 millions d’années). Cette dernière crise est connue car c’est à ce moment que les dinosaures ont disparu. »

Max : « Pas tous bonome. Il reste les zoisos 🙂 »

Léo : « Et elles sont dues à quoi ces crises ? »

Le chevalier : « Plusieurs causes sont envisagées. »

Max : « Ben dis nous ! »

Le chevalier : « … Prenons l’exemple de la crise Crétacé-Tertiaire. »

Max : « Celle d’il y a 65 millions d’années 🙂 »

Léo : « Qui a éliminé les dinosaures non aviens 🙂 »

Le chevalier : « Des chercheurs ont montré qu’une météorite de 11 km de diamètre est entrée en collision avec la Terre. L’impact a eu des conséquences planétaires. Des millions de tonnes de poussières ont été rejetées dans l’atmosphère. »

Max : « Il y avait plus du tout de lumière alors. »

Léo : « Et les végétos sont morts. »

Max : « Du coup, il y avait plus de phytophages. »

Léo : « Et plus de zoophages. »

Max : « Les chocolatophages ont-ils survécu ? 🙂 »

Le chevalier : « D’autres chercheurs ont mis en évidence un volcanisme extrêmement intense en Inde, dans la région du Dekkan. Ces éruptions auraient, elles aussi, obscurci l’atmosphère et déréglé le climat. »

Léo : « Rholala ! Ça devait être de terribles éruptions. »

Le chevalier : « Oh oui 🙂 D’autres chercheurs encore ont pu montrer que les pôles magnétiques se sont inversés. Mais l’inversion prend un peu de temps et il existe une période pendant laquelle le champ magnétique de la Terre est extrêmement faible et il ne protège plus des rayonnements solaires. »

Max : « Les zanimos sont tous cuits alors ? »

Le chevalier : « Quand même pas 🙂 A d’autres moments de l’histoire de la vie, les crises ont pu être causées par la tectonique des plaques. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Jusqu’au Dévonien, la vie est surtout marine. Et ce sont les mers peu profondes qui bordent les continents qui accueillent le plus grand nombre de formes de vie. Imaginez ce qui se passe lorsque tous les continents fusionnent en un unique supercontinent… »

Léo : « Il y a presque plus de mers… »

Le chevalier : « Et les animaux disparaissent. Voilà pour les crises biologiques. Il y en a eu 5 majeures et d’autres moins importantes. Mais chacune est suivie d’une période au cours de laquelle il y a radiation évolutive. »

Léo : « C’est quoi la radiation évolutive ? »

Le chevalier : « C’est quand de nombreuses espèces apparaissent. »

Léo : « Rholala… C’est passionnant l’histoire de la vie. Tu trouves pas Maxou ? »

Max : « Ben si. C’est dommage que je retienne pas tout… »

Le chevalier : « C’est normal mon petitours. Il faut des années d’apprentissage pour tout retenir. Bon, repartez à la chasse aux fossiles. »

Léo : « On y va 🙂 »

Un peu plus tard…

Max : « J’ai trouvé un machin bizarre ! »

Léo : « Moi aussi ! »

Max : « Moi d’abord ! J’ai appelé le premier ! »

Le chevalier : « D’accord Maxou, nous venons. »

Léo : « Le mien ressemble un peu. Venez voir, et tu nous expliqueras en une seule fois. »

78.2 36 Fossile bizarre 78.2 37 Fossile bizarre

Max : « Alors ? C’est quoi ? Tu sais ? »

Le chevalier : « Sans certitude… Je pense que ce sont des coraux. »

Max : « Des coraux ? Comme le corail ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Des coraux comme le corail 🙂 »

Léo : « Mais… Le corail c’est des zanimos qui poussent dans les eaux chaudes et peu profondes. Les argiles se déposent pas dans ces eaux là… »

Le chevalier : « Je sais Léo… Mais les faits sont là. Il y a des fossiles de corail dans le schiste… »

Max : « On peut retourner fossiler ? »

Le chevalier : « Allez-y. »

Max : « Viens Léo, on y va ensemble cette fois. »

Léo : « Si on en trouve, on laisse un sacado pour marquer l’endroit comme ça le chevalier pourra fotoer et nous rejoindre après. »

Max : « D’accord. Allez… »

Léo : « Là ! Laisse ton sac Maxou. »

Max : « Oui… Et là ! Bonome tu fotoes et tu nous expliques. »

78.2 38 Un bivalve 78.2 39 Un brachiopode

Le chevalier : « Le premier est un moulage interne de Bivalve et le second un moulage externe de Brachiopodes. »

Max : « De Brakiopode ? C’est quoi les Brakiopodes ? »

Le chevalier : « Ça ressemble aux Bivalves mais l’axe de symétrie n’est pas entre les valves mais coupe les valves en deux. Et l’anatomie interne est bien différente. »

Léo : « Ils existent encore les Brakiopodes ? »

Le chevalier : « Il en reste une dizaine de genres mais ils sont rares. »

Léo : « D’accord. Et tu peux expliquer les moulages internes et externes ? »

Le chevalier : « Tout d’abord, la coquille se trouve dans les sédiments et la partie molle se décompose. »

Max : « Et on a une coquille vide. »

Le chevalier : « Oui. Elle se remplit de sédiments et les sédiments la recouvrent. »

Léo : « Elle est tout entourée de sédiments alors. »

Le chevalier : « Oui encore 🙂 Puis, la coquille disparaît mais elle a laissé son empreinte dans la roche. »

Max : « J’ai compris. Le moulage interne montre l’intérieur de la coquille et le moulage externe montre l’extérieur. »

Léo : « En fait, c’était facile. »

Max : « Regardez ! Il y a un huîtrier-pie ! »

78.2 40 Huitrier pie 78.2 41 Huitrier pie

Léo : « Haematopus ostralegus, Haematopodidés. C’est un adulte en plumage nuptial. »

Max : « Comment tu sais ça toi ? »

Léo : « Parce que je passe mon temps libre à lire ton beau livre de zoisos 🙂 En plumage internuptial il y a un anneau blanc autour du cou. »

Max : « Oulala ! Léo connaît presque aussi bien les zoisos que toi bonome. »

Le chevalier : « Parfois mieux 🙂 »

Max : « Hé ! J’ai trouvé autre chose ! Regardez ce caillou bizarre ! »

78.2 42 Les petizours 78.2 43 Terriers fossiles

Le chevalier : « Encore des terriers fossilisés 🙂 »

Léo : « Il y avait beaucoup des vers dans la vase. »

Max : « Tu leur donnes pas un nom bizarre que personne connaît à part toi ? »

Le chevalier : « Non, pas cette fois 🙂 Bon, allons voir les grès armoricains. »

Max : « On les connaît déjà ! »

Le chevalier : « Pas de cette façon ! Regardez ! »

78.2 44 Grès armoricains 78.2 45 Grès armoricains

Max : « Ils sont tout penchés. »

Léo : « Et ils forment un mille-feuille de fines couches. »

Max : « On est à la transition des schistes de Postolonnec et des grès armoricains. »

Le chevalier : « Probablement 🙂 Observez sur la droite. »

78.2 46 Ripple marks 78.2 47 Ripple marks
78.2 48 Ripple marks 78.2 49 Ripple marks

Léo : « Des rippeulmarque ! »

Max : « Il y en a plein ! »

Léo : « Et cette fois on les voit vraiment. Rholala ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais ce sont des ripple-marks. »

Max : « Je vois pas bien la différence entre ta façon de dire et la mienne. »

Le chevalier : « Venez voir. Il y en a d’actuelles sur l’estran sableux. »

78.2 50 Rides de plage 78.2 51 Rides de plage

Max : « On voit bien que c’est pareil. »

Léo : « Mais c’est quand même impressionnant de voir que la plage s’est fossilisée. »

Le chevalier : « Ce n’est pas forcément une plage mon Léo. Au fond de la baie qui se trouve devant nous, si il y a du sable, nous pourrions voir ces même marques. »

Max : « Elles indiquent une mer peu profonde. »

78.2 52 Huitrier pie 78.2 53 Huitrier pie

Léo : « Tiens, encore un huîtrier-pie 🙂 Vous trouvez pas qu’il manque de goût ce zoiso ? »

Max : « Tu l’as goûté ? C’est bon ? »

Léo : « Mais non ! Pas ce goût là 🙂 Regardez le rouge de l’œil, le orange du bec et le rose des pattes… »

Max : « C’est vrai : ça va pas ensemble. »

Léo : « Voilà ! Faute de goût monsieur l’huîtrier ! »

Max : « Peut être que c’est bon de l’huîtrier… »

Léo : « Maaaax ! Tu vas pas manger un zoiso quand même ? »

Max : « Bonome mange bien du poulet ! Et quand il va manger à l’auberge il hésite pas à manger du canard. Alors pourquoi pas de l’huîtrier ? »

Léo : « T’es trop bête Maxou 🙂 »

Max : « Pfff… Hé Léo, si on allait à la plage ? »

Léo : « Tu veux aller à la plage ? Qu’est ce qui t’arrive ? »

Max : « Mais… Pas la plage là-bas ! La plage fossile ! Allez viens ! »

Léo : « D’accord 🙂 On va à la plage 🙂 »

Max : « Bonome, tu nous donnes nos casques s’il te plaît. »

Léo : « Merci chevalier. »

Max : « Il va falloir faire un peu l’escalade. Je te montrerai les prises. »

78.2 54 Plage fossile 78.2 55 Plage fossile
78.2 56 Plage fossiles 78.2 57 Plage fossile

Max : « Hé ho ! Bonome ! On est à la plage ! »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « Rholala… On est à la plage d’il y a environ 480 millions d’années. Ça fait bizarre. »

Max : « On va peut être croiser bonome quand il était jeune 🙂 Il a dû se baigner dans cette mer. »

Le chevalier : « Quand vous aurez fini de dire des bêtises, venez voir. J’ai quelque chose à vous montrer. »

Léo : « Heu… Max, comment on descend maintenant ? »

Max : « On dégrimpe. »

Léo : « On dégrimpe ? »

Max : « Oui, on dégrimpe. C’est comme grimper mais en descendant. C’est un peu plus difficile parce qu’on voit pas bien où on met les pattes. »

Léo : « Et si on tombe ? »

Max : « On s’en fiche ! On est des peluches. On aura pas mal. Allez, n’aie pas peur. »

Léo : « Oulala ! »

Max : « Voilà mon bonome, nous sommes là. Enfin, presque… Léo arrive. Que veux-tu nous montrer ? »

Le chevalier : « Attendons Léo. »

Léo : « Me voici ! »

Le chevalier : « Regardez… »

78.2 58 Terriers fossiles 78.2 59 Terriers fossiles

Léo : « Il y a des ronds dans la roche. »

Max : « Et dans les ronds il y a d’autres ronds. »

Léo : « Ça doit encore être des terriers fossiles. »

Max : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais cette fois ce sont des terriers verticaux. »

Max : « Tu as un nom bizarre à leur donner toi. Je le vois à ton sourire. »

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr mais je crois qu’on les appelle skolithos. »

Max : « Bien sûr. J’allais le dire ! Skolithos ! Tout le monde connaît les skolithos. Quand des zoms se croisent ils se demandent toujours si ils ont vu des beaux skolithos pendant leurs vacances. ‘Alors, ils étaient comment vos skolithos ?’ ‘Bien ! Oulala ! Tu les aurais vus ! Ma femme n’en revenait pas ! Il faudrait que vous alliez les voir’ ‘Vous me direz où ils se trouvent parce que nos skolithos à nous étaient pas terribles. On était un peu déçus.’ ‘Et oui ! Les skolithos ne sont plus ce qu’ils étaient mon pauvre monsieur.’ »

Le chevalier : « C’est bien vrai 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu trouves pas qu’il est fou dans sa tête notre Maxou ? »

Le chevalier : « Parfois… Mais c’est ce qui fait son charme 🙂 Tu as terminé Max ? On peut reprendre l’inspection ? »

Max : « Je suis pas fou dans ma tête ! C’est même pas vrai ! »

Le chevalier : « Un peu quand même 🙂 Venez voir sur le sable. »

78.2 60 Terrier actuel

Léo : « C’est quoi ? »

Max : « Je suppose que c’est un terrier. C’est ça bonome ? Tu nous montres un terrier de ver actuel ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « Mais pourquoi il y a un petit tortillon ? »

Le chevalier : « C’est un terrier en U. Il y a l’orifice côté bouche et l’orifice côté anus. »

Léo : « C’est qui le zanimo qui fait ça ? »

Le chevalier : « Un ver marin. Je crois que c’est l’arénicole des sables. Il aspire le sable par la bouche. Son tube digestif le filtre, récupère les particules organiques qui le nourrissent et le sable est rejeté par l’anus. »

Max : « On peut faire une petit pause. Pour regarder la mer. »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « Assieds toi sur un rocher qu’on grimpe sur tes genoux. »

Léo : « Et gratte nous le front s’il te plaît. »

Max : « Et entre les yeux… »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Vous n’allez pas vous endormir ? »

Max : « On a jamais dormi nous ! »

Léo : « Mmmmm ? Dormir ? »

Le chevalier : « Parce que si vous dormez, vous ne verrez pas l’aigrette garzette. »

Léo : « Une aigrette ? Où ça ? … Rhoooo, c’est vraiment un beau zoiso ! Elle a l’air tout petite au dessus de la mer ! »

78.2 61 Aigrette garzette 78.2 62 Aigrette garzette

Max : « Bonome, c’est quoi là-bas ? De l’autre côté de la baie ? Il y a des roches toutes pliées. Tu connais ? »

Le chevalier : « J’y suis allé l’an dernier pour étudier de près mais il faut beaucoup marcher sur des cailloux tout cassés et, en fait, on voit mieux d’ici 🙂 »

78.2 63 Anticlinal de la mort anglaise 78.2 64 Anticlinal de la mort anglaise

Léo : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « L’anticlinal de la Mort-Anglaise. »

Max : « La Mort-Anglaise ? »

Le chevalier : « oui 🙂 Ne me demande pas l’origine de ce nom, je n’en sais rien du tout. »

Max : « Tu as pas fait des recherches ? »

Le chevalier : « Sur la géologie, si. Mais pas sur le nom. »

Léo : « C’est quoi un anticlinal ? »

Max : « Ben Léo, tu vois bien ! C’est quand les roches sont pliées comme ça. »

Le chevalier : « Dans l’autre sens, c’est un synclinal. »

Léo : « D’accord. Et c’est quoi les roches ? »

Le chevalier : « Le cœur de l’anticlinal est formé par les schistes du Gador et au dessus ce sont les grès du Gador. »

Max : « Ceux qu’on a vu au Pays des Korrigans ? »

Le chevalier : « Ils sont partout chez eux ici Maxou. Les couches les plus claires sont constituées de grès armoricains supérieurs. Tout à gauche, à la limite de la foto, il y a des dolérites. »

Max : « On va pas aller voir ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas très envie. »

Max : « Pas grave. On connaît déjà tout ça. Et là, c’est quoi ça ? »

78.2 65 Le sillon Le chevalier : « Le Sillon 🙂 Un ancien cordon de sable et de galet que les zoms ont transformé en digue pour protéger le port. Et les bâtiments sont l’église Notre-Dame de Rocamadour et la tour Vauban. »

Max : « La tour Vauban ? Comme le grand Vauban qui a fortifié la Charmante Petite Ville ? Il faut aller voir alors. Allez, c’est parti ! »

Léo : « On va tourister ? »

Le chevalier : « Oui, un peu 🙂 »

Max : « Tu va enfin marcher sur un terrain reposant… »

Léo : « Hé ! C’est quoi ces bateaux tout cassés ? »

78.2 66 Bateaux 78.2 67 Bateau

Le chevalier : « Le musée des épaves 🙂 »

Max : « Ils ont fait un musée des épaves ? Tu veux bien en fotoer ? Ils sont beaux ces bateaux. »

Le chevalier : « Il y a en eux une forme de poésie… »

Max : « Moi, j’aime bien celui dont on voit les entrailles… Son squelette est en train d’apparaître. »

Léo : « C’est étrange d’avoir échoué ces épaves ici… »

Le chevalier : « Effectivement… Vous imaginez ces petits bateaux affrontant les fortes houles ou les mers déchaînées ? »

Max : « Il faut être très courageux pour être marin sur un si petit bateau. »

Léo : « J’aimerais bien aller en mer un jour… Tu nous emmèneras chevalier ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas marin mon Léo… Mais si l’occasion se présente je vous emmènerai volontiers en mer. »

Max : « On va voir la tour Vauban ? »

Le chevalier : « La voilà ! »

Max : « Pourquoi il a construit cette tour le grand Vauban ? »

Le chevalier : « Je suppose que c’est pour protéger l’entrée du port. »

78.2 68 Tour Vauban

Max : « Tu supposes ? Tu connais pas l’histoire de la tour Vauban ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Le grand Vauban est un maître de la poliorcétique. Il a édifié des fortifications sur toutes les frontières du Royaume de Louis XIV. »

Max : « Poliocétique ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Poliorcétique. L’art de construire, défendre ou attaquer des fortifications. Il y a des dizaines d’édifices et de forteresses qui ont été édifiées par le grand Vauban. »

Max : « D’accord. On va à l’église ? »

Le chevalier : « Tu veux aller à l’église ? »

78.2 69 Eglise saint Rocamadour

Max : « Oui. Avec Léo on aime bien quand tu nous emmènes à l’église. C’est calme et c’est beau. Et souvent tu fais le troubadour et on aime bien la beauté que tu fais pour les oreilles. »

Le chevalier : « Mais là, si nous allons à l’église je ne ferai pas le troubadour 🙂 »

Max : « Je sais bien bonome mais c’est pas grave. On pourra prier pour les élèves. »

Le chevalier : « Vous priez pour les élèves quand je vous emmène à l’église ? »

Max : « Ben oui. C’est pour ça qu’on y va. Et pour écouter ta beauté pour les oreilles de troubadour. »

Quelques prières plus tard…

Léo : « Moi j’aime bien aller à l’église mais je préfère quand même aller aux zoisos. »

Max : « C’est pas pareil. C’est bien de faire les deux. »

Le chevalier : « Je ne savais pas que des petizours pouvaient être religieux. »

Max : « Bonome, on est tes petizours non ? Tu n’es pas au bout de tes surprises 🙂 On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On va voir la mer qui fait danser les bécasseaux. »

Max : « C’est loin ? »

Le chevalier : « Non, juste là. Au pied de la digue. »

Léo : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Regardez ! Il y a un bécasseau qui nous attend. »

Max : « Descend doucement s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui… Voilà. »

78.2 70 Bécasseau sanderling 78.2 71 Bécasseau sanderling
78.2 72 Bécasseau sanderling 78.2 73 Bécasseau sanderling

Max : « C’est un bécasseau sanderling, Calidris alba, Scolopacidés. »

Léo : « C’est vraiment un beau zoiso. »

Le chevalier : « Venez, il y a un petit groupe un peu plus loin. Allons les voir. »

78.2 74 Bécasseaux sanderlings 78.2 75 Bécasseaux sanderlings
78.2 76 Bécasseaux sanderlings 78.2 77 Bécasseaux sanderlings

Max : « Bonome, ce sont tes amis les bécasseaux sanderlings ? »

Le chevalier : « Pourquoi demandes-tu cela ? »

Max : « Je connais pas de zoisos qui acceptent un zom à moins de trois mètres. Ils sont juste là, à tes pieds, et ils se sauvent même pas. Ils continuent tranquillement leur va-et-vient dans les vaguelettes qui viennent mourir sur la plage, comme si on était pas là. Comment vous êtes devenus amis ? »

Le chevalier : « 🙂 Le premier que j’ai vu s’est laissé approcher petit à petit. C’était pas loin d’ici, vers Trez Rouz. Je m’étais arrêté au hasard sur une plage isolé pour observer les roches. Je ne voyais rien d’intéressant et je dois reconnaître que j’étais un peu déçu par ma journée. Et il est arrivé, discrètement. Il courrait sur le sable en cherchant des vers. Je l’ai fotoé en lui parlant. Je lui disais simplement que je ne voulais pas l’embêter. Je voulais juste le fotoer et s’il trouvait un ver je ne lui volerais pas. Je restais sur place pour ne pas lui faire peur. Et c’est lui qui s’est approché. Il est venu à moins de deux mètre de moi. Rien n’indiquait qu’il était inquiet. Alors je l’ai remercié et je suis rentré. »

Max : « Tu en as revu après ? »

Le chevalier : « Oui, à l’Aber. J’étais sur la berge du petit fleuve. Je venais de la dune grise. Un groupe d’une vingtaine de sanderlings dormaient sur l’autre berge, juste au bord de l’eau. Ils n’étaient pas inquiets du tout puisque j’étais de l’autre côté du fleuve. J’avais envie de traverser pour aller à la Pointe de Raguenez. Et ils m’ont encouragé. »

Max : « C’est ce jour là que tu as traversé le fleuve ? »

Le chevalier : « Oui. Pour aller voir les sanderlings. Quand je suis arrivé près d’eux ils se sont envolés. Je crois qu’ils étaient surpris de me voir arriver. Mais ils sont revenus se poser peu de temps après mon passage et se sont rendormis. »

Max : « Alors vous êtes amis depuis l’année dernière ? »

Léo : « C’est pour ça qu’ils se laissent approcher alors. Dis chevalier, il peut filmer ton appareil ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Léo : « Tu veux bien filmer la mer qui fait danser les bécasseaux s’il te plaît ? »

Continuer la promenade

78.1 – Kerloc’h

Lundi 29 Février, An III

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. Vous papotez déjà ? »

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 On se demandait si on allait encore marcher plusieurs jours aujourd’hui. »

Max : « Bonjour bonome. Et Léo me racontait son rêve. »

Léo : « J’ai rêvé que je voyageais dans le temps sur le dos d’un Laridé. Il me montrait l’Ordovicien et le Silurien. Et le vent des temps anciens nous portait au dessus des mers. Il y avait des zoisos aux temps anciens ? »

Le chevalier : « Je connais archaeopteryx, un ancêtre des zoisos. C’est encore un dinosaure et déjà un peu un oiseau. »

Max : « Et il date de quand ? »

Le chevalier : « La fin du Jurassique, vers 145 millions d’années… »

Léo : « Et les vrais zoisos ? Il y en a depuis quand ? »

Le chevalier : « Le Crétacé il me semble. Ou le début de l’ère tertiaire. »

Léo : « Rholala… ça fait 65 millions d’années de zoisos… Il y a dû en avoir des espèces… »

Max : « Je préfère pas imaginer tous leurs chants ! Dis bonome, on fait quoi aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Kerloc’h, Kameled, Kersigénoux… »

Max : « Léo, tu as ta réponse ! Nous allons encore marcher plusieurs jours aujourd’hui 🙂 »

Léo : « On s’en fiche ! On va pocher 🙂 Dis chevalier, on va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Oui. Et j’espère que nous verrons des oiseaux. »

Léo : « Oh oui ! Des tas de zoisos 🙂 »

Max : « Bon allez, on y va maintenant ! »

Le chevalier : « Maxou l’impatient ! »

Max : « Tu papotes si tu veux, mais moi j’y vais ! »

Le chevalier : « Et tu vas où ? Tu vas chevaucher tout seul ? File dans ma poche. Et profite du calme avant de démarrer l’inspection. »

Léo : « Chevalier, on va voir quoi d’abord ? »

Le chevalier : « Les grès armoricains et les schistes de Postolonnec. »

Max : « Mais on connaît déjà ! »

Le chevalier : « Je sais. C’est une interro ! »

Max : « Tu arrêtes avec tes interros ! Léo te l’a crié déjà : ON EST EN VA-CAN-CES ! ON EST PAS À LA SCHOLA ! »

Le chevalier : « Max, Maxou, mon petitours… »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Tu viens de battre un record ! »

Max : « Un record ? Quel record ? »

Le chevalier : « Du cri sur bonome le plus rapide du monde ! Moins d’un quart d’heure après le réveil ! »

Max : « C’est vrai ! Je progresse alors 🙂 »

Léo : « Dites les foulques, vous ne voulez pas éviter de vous chamailler pendant la chevauchée ? Ça me donne le mal de mer ! »

Max : « On se chamaille pas, on discute ! »

Léo : « Oui ben discutez calmement alors. »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou ? »

Max : « Quand est-ce qu’on arrive ? »

Le chevalier : « Le temps d’une petite sieste… »

Max : « Tu vas pas dormir en chevauchant ? Çavapalatête ! »

Le chevalier : « Moi non, mais profitez du calme de ma poche pour vous reposer. La journée va être longue. »

Max : « Mais on vient de se lever. On va pas siester ! »

Léo : « Si tu te taisais, je crois bien que je siesterais moi. »

Max : « Ben voilà ! On peut même pas parler. Et il faut siester alors que je suis même pas fatigué. C’est pas drôle les chevauchées dans la poche… »

Le chevalier : « Sors ta truffe et regarde le paysage alors. Mais laisse dormir Léo. »

Max : « D’accord 🙂 »

***

Le chevalier : « Maxou, réveille doucement Léo. Nous sommes arrivés. »

Max : « Léo… Léééééoooooo ! Il y a des zoisos ! »

Léo : « Mmmmmm… Des zoisos ? »

Max : « Voilà ! Il est réveillé 🙂 »

78.1 01 Kerloc'h 78.1 02 Kerloc'h

Le chevalier : « Regardez ! Nous sommes à Kerloc’h. Au Pays des korrigans. »

Max : « C’est quoi les korrigans ? »

Le chevalier : « Ce sont des lutins facétieux. Ils vivent dans les profondes grottes des falaises. »

Léo : « Ils sont méchants ? »

Le chevalier : « Non petit Léo. Ils ont même aidé les humains par le passé. »

Léo : « Ils ont aidé les zoms ? Ils doivent être très très gentils alors. »

Max : « Et un peu bêtes aussi. Ils sont ingrats les zoms. Je suis sûr qu’ils les ont déjà oubliés. Qu’est ce qu’ils ont fait les korrigans pour aider les zoms ? »

Le chevalier : « Autrefois il y avait des géants sur les falaises et ces géants avaient pris l’habitude de faire naufrager les bateaux. Alors les marins se noyaient. Un jour, les korrigans allumèrent de gigantesques feux pour attirer les géants et les enfumer. Puis, ils les enfermèrent dans les grottes qu’ils scellèrent par de gigantesques pierres. »

Léo : « Ça veut dire qu’il y a des géants coincés dans les falaises alors ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Et c’est pour cette raison que certains rochers dans les falaises ont des formes bien étranges… »

Max : « Bonome, si on voit des rochers bizarres qui cachent des grottes, tu promets de pas les bouger ? Je crois que j’ai peur des géants. »

Léo : « Oh oui, moi aussi ! »

Le chevalier : « Ne craignez rien. Les korrigans les ont bien enfermés. »

Max : « Et les korrigans ? on va les voir ? »

Le chevalier : « Ils ne se sont pas montrés aux zoms depuis bien longtemps… Mais peut être que pour deux petizours… »

Max : « Je veux pas les vexer mais je veux pas qu’ils se montrent qu’à nous et que toi tu les vois pas. Je préfère qu’ils restent cachés. Tant pis. »

Le chevalier : « Quelque chose me dit qu’ils ne seront jamais loin de nous et qu’ils nous observeront discrètement. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Ils ne résisteront pas à la tentation de voir un chevalier et ses deux petizours 🙂 Regardez quelquefois derrière vous. Vous les apercevrez peut être en train de vous observer à l’abri d’un rocher. »

Max : « Toi, tu les as déjà vus ! J’en suis sûr. »

Le chevalier : « Qu’est ce qui te fait dire cela ? »

Max : « Tes yeux qui sourient, la façon dont tu en parles… Et puis, comment tu les connaîtrais sinon ? Personne connaît les korrigans de Kerloc’h, à part toi. »

Léo : « Et ils veillent sur toi. C’est sûr. »

Max : « Mon bonome est ami avec les lutins facétieux de la péninsule du bout de la Bretagne 🙂 »

Léo : « Rhoooo… La chance ! J’espère qu’on va les voir ! »

Max : « C’est pas en restant sur l’estran sableux qu’on va les voir. On va où ? La falaise de gauche ou les cailloux tout cassés de droite ? »

Le chevalier : « A droite, les cailloux tout cassés 🙂 »

78.1 03 Kerloc'h 78.1 04 Kerloc'h

Max : « Oulala ! J’espère qu’ils veillent vraiment sur toi les korrigans. Tu fais attention. Tu marches doucement et tu regardes bien où tu mets les pieds. D’accord ? »

Le chevalier : « Max, ne t’inquiète pas. Allez, c’est parti. »

Léo : « Oh ! Il y a des Laridés ! On peut les observer. »

Max : « Oui, on sait. Parce que tu aimes beaucoup les Laridés 🙂 »

78.1 05 Goélands

Léo : « Ben oui. C’est vraiment des beaux zoisos… Rholala ! Tu as vu chevalier ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Qu’est ce que vous avez vu ? »

Léo : « Ben regarde Maxou ! Il y a trois espèces côte à côte ! C’est la première fois qu’on voit des individus appartenant à trois espèces différentes côte à côte! Rholala ! »

Max : « Ah oui ! Les premiers, vers nous, ce sont des goélands argentés, Larus argentatus. A gauche là bas, c’est un goéland brun, Larus fuscus. Et le gros bien sombre c’est un goéland marin, Larus marinus. »

Léo : « On voit bien que le goéland brun est plus clair que le marin. »

Max : « Et il est plus petit… »

Léo : « Le jeune, à droite, on pourra pas savoir. Il est de dos… Quand même, la chance, trois espèces d’un coup. Rholala ! »

Max : « Allez, on avance… Euh… Bonome, il y a beaucoup d’eau là. C’est un petit fleuve qui se jette dans la mer. Comment on fait pour passer ? »

Le chevalier : « Un fleuve… Tu exagères ! »

Max : « Un cours d’eau qui se jette dans la mer, c’est un fleuve ! Je connais mes leçon moi ! »

Le chevalier : « Un fleuve de 15 mètres de large et d’au moins 40 cm de profondeur ! »

Max : « Il se jette pas dans la mer peut être ? »

Le chevalier : « Si ! »

Max : « Et si tu ploufes tes pieds, ils vont pas être mouillés ? »

Le chevalier : « Ben si. Évidemment. »

Max : « A la fin des vacances tu vas avoir les pieds tout moisis à force de les ploufer. T’es pas raisonnable bonome. »

Le chevalier : « Je m’en fiche. Je traverse. »

Léo : « Doucement. Il y a des grands gravelots. »

Max : « Charadrius dubius, Charadriidés ? »

Léo : « Ben oui ! Des grands gravelots ! Là, devant toi ! »

78.1 06 Grands gravelots 78.1 07 Grands gravelots

Max : « Princesse va voir où tu marches. J’espère qu’elle va te gronder. »

Léo : « Maaaaax ! Il faut pas parler quand on s’approche des zoisos ! Tu les as fait fuir ! »

Max : « Ben voilà ! C’est ma faute ! C’est toujours ma faute avec toi ! »

Léo : « C’est pas de ma faute si c’est ta faute ! »

Le chevalier : « Oulala ! Regardez ! Il y a deux foulques ! »

Max : « Où ça ? »

Léo : « Je crois qu’il parle de nous. Parce qu’on se chamaille 🙂 »

Max : « Bonome, je t’ai déjà expliqué : on est des juvéniles. C’est normal qu’on se chamaille. C’est comme ça les juvéniles. C’est la loi de la nature et on ne peut rien faire contre la loi de la nature 🙂 »

Le chevalier : « Si : utiliser des baillons 🙂 »

Max : « Ni pense même pas ! Les korrigans te laisseraient pas bâillonner tes petizours. Ils sortiraient de derrière les rochers pour te gronder et te botter les fesses. »

Léo : « Chevalier, tu as pas dit qu’on verrait les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Si, pourquoi ? »

78.1 08 Schistes et grès du Gador 78.1 09 Schistes et grès du Gador

Léo : « Ben regarde ! Au premier plan on voit bien des grès. Mais là-bas, il y a une grosse couches gris foncé. On dirait des schistes. Et tu as dit que les grès armoricains étaient très homogènes. »

Le chevalier : « C’est vrai Léo. J’ai oublié de dire que, vers la base de la formation, il y a un ensemble de couches qui s’appelle les Schistes et grès du Gador. C’est cet ensemble de couches que je voulais voir. Et il doit y avoir des failles dans le secteur. »

Max : « Tu veux encore avancer ? »

Le chevalier : « Oui, encore un peu. »

Max : « Pfff… »

Le chevalier : « Venez voir. »

78.1 10 Kastell Dinan

Léo : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « Le Kastell. »

Max : « Le Kastell ? Ça veut dire château ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Mais c’est pas le château de Princesse ! »

Le chevalier : « Non Maxou. C’est le Kastell des korrigans. »

Léo : « Ils habitent là-bas ? »

Le chevalier : « Ils habitent un peu partout dans les falaises. »

Max : « Dis bonome, tu veux bien sortir mes jumelles. J’aimerais bien juméler. Ça te tente Léo ? »

Léo : « Oh oui ! On verra peut être des korrigans 🙂 »

78.1 11 Les petizours 78.1 12 Les petizours

Léo : « Tu en vois ? »

Max : « Non, je vois rien… »

Léo : « Regarde bien ! »

Max : « C’est ce que je fais ! »

Léo : « Fais voir ! C’est à mon tour ! »

Max : « Mais ! Attends ! Je viens juste de commencer. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Tu te moques de nous ? »

Le chevalier : « Non, vous m’amusez 🙂 »

Max : « On est pas sages, c’est ça ? »

Le chevalier : « Vous êtes des juvéniles 🙂 »

Max : « Tiens Léo, prends ma place. »

Léo : « Merci Maxou. »

78.1 13 Les petizours 78.1 14 L'arche

Léo : « Rholala ! Je vois l’arche ! Mais il y a pas des korrigans. »

Max : « On peut pas les voir. On est trop loin. Bonome, on ira au Kastell ? »

Le chevalier : « Oui, mais si le vent souffle je ne traverserai pas l’arche. »

Max : « Ben oui, il faut être prudent. »

Le chevalier : « Avez-vous assez jumélé ? »

Max : « Moi oui. Tu veux continuer un peu Léo ? »

Léo : « Non, merci Maxou. »

Max : « Tu peux ranger les jumelles alors. On avance encore ? »

Le chevalier : « Oui, je pense qu’on pourra voir des oiseaux un peu plus loin. »

Max : « Et tu veux trouver la faille 🙂 »

Léo : « C’est normal Max, il est géologue. Devant nous, on voit bien les strates de schistes. Elles sont penchées comme ça. Plus loin, c’est les grès. On dirait qu’ils penchent comme les schistes. Mais pourquoi il y a une surface verticale toute lisse sur le côté droit ? » 78.1 15 Schistes et grès du Gador

Le chevalier : « Il faut aller voir… Et il me semble avoir aperçu un héron cendré. »

Max : « Un héron cendré ? A la mer ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Pourquoi es-tu surpris ? Nous en avons vu un sur l’estran au Royaume des Sternes de mer. »

Max : « Oui, mais ça fait bizarre quand même. »

Léo : « Zutalor ! Les zoisos se sont envolés ! »

Max : « Fotoe-les bonome ! Vite ! »

78.1 16 Canards colverts 78.1 17 Canards colverts
78.1 18 Canards colverts 78.1 19 Canards colverts

Léo : « Mais… C’est des colverts ! »

Max : « Anas platyrhynchos, Anatidés. Eux aussi sont venus à la mer ? C’est normal de voir des colverts sur les rochers littoraux ? »

Le chevalier : « Pourquoi pas… Et il y a un marais à quelques centaines de mètres d’ici. J’en ai assez de marcher sur ces rochers tout cassés. Je ne trouve pas la faille et les schistes et grès du Gador ne sont pas très intéressants. On retourne à la plage ? »

Max : « Oui. J’aime pas que tu marches sur ces rochers. J’ai bien vu tes glissades. On retourne à la plage. Mais doucement. »

Léo : « Tous les zoisos qu’on a aperçus se sont envolés 🙁 »

Max : « Et tu les as même pas fotoés. Tu as raté le héron cendré, les huîtrier-pies, le grand cormoran… »

Le chevalier : « Nous en verrons d’autres… Regardez plutôt la falaise…»

78.1 20 Schistes et grès

78.1 21 Schistes et grès 78.1 22 La faille

Léo : « A gauche c’est très sombre, presque noir. Et à droite, c’est beige… »

Max : « Et à gauche c’est plus érodé. Ça veut dire que les roches sont plus tendres. »

Léo : « Si on a bien compris, à gauche ce sont les schistes de Postolonnec et à droite ce sont les grès armoricains. »

Le chevalier : « Vous avez bien compris 🙂 »

Max : « Mais pourquoi il y a une couche toute dure un peu isolée toute seule comme ça ? »

Léo : « Et elle est séparée de la falaise de grès armoricains… »

Le chevalier : « Je n’en sais rien… Ici, les schistes et les grès sont séparés par une faille verticale. Allons voir, nous comprendrons peut être mieux. »

Max : « Tu veux aller au pied de la falaise ? Entre les deux parois verticales ? Çavapalatête ? Et si des morceaux de falaise tombent ? On va être tout crabouillés ! »

Le chevalier : « Pour observer la faille il va bien nous falloir nous en approcher… »

Max : « Même si on risque de se prendre des cailloux sur la tête ? Pas d’accord ! Bonome, si tu veux qu’on te suive, tu nous donnes des casques ! »

Le chevalier : « Tu veux un casque ? »

Max : « Oui. Je veux un casque pour moi et un pour Léo. Je n’irai pas sans casque. Je tiens à ma tête moi ! »

Le chevalier : « Où veux tu que je vous trouve des casques ? »

Max : « Tu te débrouilles ! On veut des casques ! »

Le chevalier : « Vous voulez des casques… Asseyez-vous et attendez. Je vais voir ce que je peux faire… »

Léo : « Max, tu exagères ! Où veux-tu qu’il nous trouve des casques ? »

Max : « Il va trouver. »

Léo : « Tu crois ? »

Max : « J’en suis sûr. C’est mon bonome. Je commence à le connaître. Si je lui demande des casques il va trouver des casques. »

Léo : « Tu serais pas en train de faire un caprice ? Ou de le tester ? »

Max : « Pas du tout ! Tu veux aller là-bas sans casque toi ? Avec les cailloux qui risquent de nous tomber dessus à tout moment ? »

Léo : « Mais Maxou, on est des peluches ! On peut pas faire la fracture du crâne ! »

Max : « Et si on est tout déchirés ? Qu’est ce qu’il deviendrait sans nous ? »

Léo : « Il revient ! Tu crois qu’il a trouvé ? »

Max : « Sûr ! »

Le chevalier : « Max ! Léo ! J’ai des casques pour vous ! Essayez-les. »

Max : « Tu vois ! Merci bonome 🙂 »

Léo : « Oh oui ! Merci ! C’est quand même plus prudent. »

Max : « Tu en as pas pris pour toi ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas trouvé ma taille 🙂 Vous voilà équipés ! Prenez la pose que je vous fotoe. Pour montrer à Princesse… »

78.1 23 Les casques
78.1 24 Les casques 78.1 25 Les casques

Max : « Merci bonome. Princesse verra que tu prends soin de nous. Mais peut être qu’elle va te gronder parce que toi tu portes pas de casque. Bon, maintenant on peut s’approcher. Tu nous expliques… »

Le chevalier : « Observons d’abord… Bien, asseyez-vous je vais essayer de comprendre en vous expliquant 🙂 »

78.1 26 La faille 78.1 27 Les petizours

Léo : « Moi j’ai bien observé. Pourquoi les couches sont pliées en haut à gauche ? »

Max : « Moi aussi j’ai bien observé ! Tout en haut les couches pliées sont recouvertes par des cailloux qui forment pas vraiment une couche. »

Léo : « Et on voit que c’est un peu des schistes derrière nous. »

Le chevalier : « Bien vu ! Vous vous souvenez sûrement que le passage des schistes de Postolonnec aux grès armoricains est progressif. La limite n’est pas nette. »

Max : « Oui, c’est parce que la sédimentation a changé tout doucement. »

Le chevalier : « Ce qui fait qu’entre les schistes et les grès il y a une couche au sein de laquelle schistes et grès alternent. »

Max : « Ben oui ! »

Le chevalier : « Apparemment la faille passe dans cette couche. On voit bien à droite les grès massifs. Max, peux tu me redonner la définition d’une faille ? »

Max : « Non ! C’est au tour de Léo ! »

Léo : « Je veux bien. Alors… C’est une cassure de roches en deux compartiments qui se déplacent l’un par rapport à l’autre. »

Le chevalier : « Très bien Léo. »

Max : « Ah ouai ! Quand Léo a bon tu dis très bien ! »

Léo : « Max le jaloux ! »

Max : « Max l’impatient, Max le jaloux… »

Le chevalier : « Max le ronchonneur 🙂 Revenons à la faille ! Il est fréquent que les roches se plient par endroits le long de la faille. Je pense que la petite courbure des couches est la conséquence directe du déplacement des blocs. On appelle ces courbures des crochons de faille. Ils renseignent sur le sens de déplacement. »

Max : « Je crois que j’ai compris ! Le bloc de gauche s’est déplacé vers le bas et ça a un peu entraîné les couches et elles se sont légèrement courbées. »

Le chevalier : « Très bien Max ! »

Max : « 🙂 »

Léo : « Et la faille serait juste à gauche de la couche dure qui est en relief. »

Le chevalier : « Je pense, oui. Une couche peut être plus dure pour de multiple raisons. Quand la falaise est érodée, la couche plus dure se retrouve isolée et en relief. »

Max : « C’est ce que j’allais demander 🙂  Et les cailloux tout là-haut ? »

Léo : « J’ai une hypothèse ! »

Le chevalier : « Nous t’écoutons. »

Léo : « Alors… Le haut de la falaise a été érodé. Comme il y a des couches plus tendres à gauche, l’érosion a été plus forte et le sommet de la falaise à gauche est plus bas. Et quand des morceaux tombent de la partie droite, ils restent au sommet et après la terre cimente tout ça et ça donne ce qu’on voit. »

Max : « Tu aurais pu dire plus simplement : ce sont des éboulis. »

Léo : « Ah oui 🙂 »

Max : « Bonome, retourne toi. »

Le chevalier : « Pourquoi ? »

Max : « Depuis tout à l’heure tu regardes côté falaise pour nous parler et tu vois pas la beauté de la plage. Retourne toi et profite ! »

78.1 28 La plage 78.1 29 La plage

Le chevalier : « Merci Maxou 🙂 Bon, continuons l’inspection. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Nous avançons le long de la falaise pour observer les grès armoricains. »

Max : « Tu veux pas qu’on s’en éloigne. Pour avoir une vue générale… »

Le chevalier : « Si tu veux… »

78.1 30 La falaise

Léo : « Rholala ! Comme c’est beau ! Hé ! Regardez la haut ! »

Max : « Ou ça ? »

Léo : « Dans le ciel ! Les zoisos ! »

Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! C’est qui ces zoisos ? »

Léo : « Je crois que je sais… »

Max : « Tu dis ça pour frimer ! »

Léo : « Même pas vrai ! C’est des Corvidés, ça, j’en suis sûr. Mais je suis pas certain de l’espèce. Chevalier, tu as fotoé ? Tu peux me montrer les fotos s’il te plaît ? »

Léo : « Merci… Tu peux agrandir ? Je voudrais voir les pattes et le bec… Oui ! C’est ça ! Ils sont rouges ! »

78.1 31 D'étranges corvidés 78.1 32 Un étrange corvidé

Max : « Tu connais ces zoisos ? »

Léo : « Oui ! Ce sont des craves à bec rouge. Mais je me souviens pas du nom en scientifique… »

Max : « Des craves à bec rouge ? Tu les connais bonome ? »

Le chevalier : « C’est la première fois que j’en vois mais j’avais entendu dire qu’il y en avait dans le secteur. Le nom scientifique est Pyrrhocorax pyrrhocorax et ce sont bien des Corvidés. »

Max : « Juste un peu ornithologue… La prochaine fois que tu dis ça je te fais manger mon beau livre de zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Max, ce n’est pas très gentil ! »

Max : « C’est pour de rire bonome. Oulala ! Regardez ! Il y a des grottes dans la falaise ! Venez, on va voir si il y a des korrigans ! »

Le chevalier : « Non Maxou. Peut être font-ils la sieste. Il ne faudrait pas les déranger. »

Max : « Même si on y va doucement ? Sans faire de bruit… »

Léo : « Regarde bien Maxou… Chevalier, fotoe ! »

Max : « Montre ! »

78.1 33 Des grottes 78.1 34 Une grotte

Max : « Mais… On voit rien sur la foto ! Il y a juste la falaise et la grotte ! »

Léo : « Je ne sais même pas pourquoi tu es étonné ! Allez, on avance. J’ai entendu des zoisos… »

Max : « Là ! Je le reconnais ! C’est un rougequeue noir ! »

Léo : « Un rougequeue noir ? Mais il doit être noir normalement ! »

78.1 35 Rougequeue noir

Max : « Pas toujours ! Les femelles et les juvéniles sont gris. Et les mâles un peu aussi. »

Le chevalier : « Oui, la variante Phoenicurus ochruros gibraltariensis a le dos gris. Mais il devrait avoir une nette barre alaire blanche. »

Max : « Lui, il a pas de barre alaire blanche. C’est pas un rougequeue noir alors ? »

Le chevalier : « Difficile a dire de dos… C’est peut être un rougequeue à front blanc… »

Léo : « Et là ! C’est un pipit du genre Anthus. »

78.1 36 Pipit maritime 78.1 37 Pipit maritime

Max : « C’est compliqué les pipits. On les mélanges tous. Il faudra étudier attentivement mon beau livre de zoisos. »

Léo : « Tu l’as pas pris ? »

Max : « Ben non ! Je te rappelle qu’il rentre même pas dans mon sacado. »

Léo : « Tu aurais pu demander à bonome de le prendre ! Comment on fait maintenant ? »

Max : « Bonome, MON bonome, il a déjà des tas de choses à porter. Et on regardera ce soir, après la douche. »

Le chevalier : « Ah ! Vous allez vous doucher 🙂 »

Max : « Après TA douche ! … Léo, tu entends ? »

Léo : « Ben oui ! Je vous ai dit que j’entendais des zoisos. »

Max : « Ils sont où ? Il faut aller voir… Allez bonome, on avance. »

Léo : « Ils sont là haut ! Regardez ! »

78.1 38 Crave à bec rouge 78.1 39 Crave à bec rouge

Max : « C’est un grave à bec rouge ! »

Léo : « Un crave Max, pas un grave ! »

Max : « C’est peut être un crave mais il nous crie dessus. »

Le chevalier : « Je crois que nous l’avons dérangé. Il devait être en train de se nourrir sur le haut de plage et s’est réfugié dans la falaise. »

Max : « Ils sont craintifs les craves à bec rouge ? »

Le chevalier : « Oui, il faut faire attention car ils pourraient abandonner leurs petits. »

Max : « Il y a pas des petits en ce moment. »

Le chevalier : « Je sais bien Maxou. »

Max : « Et ils nichent dans les falaises les craves ? »

Le chevalier : « Oui, il me semble. »

78.1 40 Bergeronnette grise 78.1 41 Bergeronnette grise

Léo : « Pauvre bergeronnette… »

Max : « Pourquoi tu dis ça ? »

Léo : « Regarde… »

Max : « C’est dégoûtant ! C’est quoi tous ces déchets ? »

Le chevalier : « Ce que j’évite de vous montrer depuis des mois… »

Max : « Il vient d’où tout ce plastique ? C’est encore les zoms ? »

Le chevalier : « Oui… J’ai honte d’être un zom quand je vois ça… Ce sont des petits déchets que la mer dépose à chaque marée haute. Ils s’accumulent sur les hauts de plage. Je suis désolé. »

Max : « C’est pas ta faute bonome. Tu jettes pas des déchets partout toi. »

Le chevalier : « Je n’aime pas voir ça. J’ai l’impression d’être totalement impuissant face à la pollution et je n’ose plus regarder les oiseaux… »

Léo : « Je suis sûr qu’ils ne t’en veulent pas. Viens, on va ailleurs, où il n’y a pas plein de déchets. Déprime pas chevalier. Regarde, il y a des craves à bec rouge là haut. »

78.1 42 Crave à bec rouge 78.1 43 Crave à bec rouge
78.1 44 Crave à bec rouge 78.1 45 Crave à bec rouge

Le chevalier : « Je les fotoe et on s’éloigne. Je croie vraiment que nous les dérangeons. »

Max : « Là, il y a encore un pipit ! »

78.1 46 Pipit maritime 78.1 47 Pipit maritime
78.1 48 Pipit maritime 78.1 49 Pipit maritime

Léo : « Mais on connaît rien aux pipits. On les mélange tous ! Si au moins tu avais pris ton beau livre de zoisos ! »

Max : « Demain c’est toi qui le porte ! Comme ça, tu l’auras mon beau livre. »

Léo : « Chevalier, tu dis rien… »

Le chevalier : « Non, j’essaye d’identifier ce pipit… Il me semble me souvenir que la queue du pipit farlouse est bordée de blanc. »

Max : « On a qu’à dire que c’est un pipit maritime mais qu’on est pas sûrs. »

Léo : « Anthus petrosus, Motacillidés. Mais peut être pas. »

Max : « C’est qu’une hypothèse. »

Léo : « On affirme pas vraiment. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Retour à notre monture. »

Léo : « Par la plage ? »

Le chevalier : « Oui, le long de la falaise. »

Max : « Bonome ! Regarde le drôle de rocher ! Il est tout noir à côté de la falaise beige. »

78.1 50 Un étrange rocher 78.1 51 Un étrange rocher

Léo : « C’est un morceau de schistes de Postolonnec à côté des grès armoricains. C’est bizarre qu’il soit là. »

Max : « On s’en fiche. Viens Léo, on va l’inspecter. Il y a peut être des fossiles. Tu nous donnes nos casques s’il te plaît. »

Léo : « Tenez, mais soyez prudents. »

Max : « Oui oui 🙂 Viens Léo, on y va ! »

Le chevalier : « Ne courrez pas comme ça ! Pfff, vous ne m’écoutez même pas… »

Le chevalier : «… Alors ? Vos recherches ont elles été fructueuses ? »

78.1 52 Les petizours 78.1 53 Les petizours

Max : « Non 🙁 Il y en a pas des fossiles sur ce rocher. »

Léo : « Pas le moindre Bivalves… »

Max : « Aucun Gastéropodes… »

Léo : « Ni de Trilobites… »

Max : « Même pas une trace fossiles… »

Léo : « Rien du tout… »

Max : « Du rien du tout comme aiment garder les garde-bœufs. »

Léo : « Ça se fossilise le rien du tout ? »

Le chevalier : « 😀 Vous découvrez le charme de la recherche des fossiles. Si on apprécie autant d’en trouver c’est que, bien souvent, les recherches sont vaines. Allez, pochez vous. Nous allons à notre monture. »

Max : « On va où après ? »

Le chevalier : « A Kameled, voir des oiseaux 🙂 »

Max : « En route pour Kameled ! »

Continuer la promenade

77.2 – Port Zic et Beg Penn ar roz

Dimanche 28 Février, An III (suite)

Max : « On va où maintenant. »

Le chevalier : « Nous allons manger. »

Max : « Il y aura du chocolat ? »

Le chevalier : « Vous ne voulez pas autre chose ? »

Max : « Ben non. On est chocolatophages nous 🙂 »

Le chevalier : « D’accord. Je commanderai une galette de sarrasin pour moi et du chocolat pour mes petizours. »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Miam le chocolat 🙂 »

Max : « Mais après ? On va où ? »

Le chevalier : « A Port Zic ! »

Max : « D’accord. Et on va voir quoi ? »

Le chevalier : « La discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. »

Max : « Bien sûr ! Évidemment ! Je pense bien que tout le monde vient ici pour voir les dissonances des zèbres briochoriens. Je sais même pas pourquoi je t’ai posé la question. »

Léo : « Max, tu trouves pas qu’il est de pire en pire ? Au début, on comprenait un peu ses réponses. Maintenant on comprend même plus la question qu’on lui a posée ! »

Max : « Oui oui. Ça y est ! Son cerveau est tout fondu ! Ça devait arriver. Mais que veux-tu ? Il veut jamais mettre sa casquette. Et même si le soleil d’hiver n’est pas très fort, il tape quand même. Ses derniers neurones ont coulé par ses oreilles. Qu’est ce qu’on va faire de lui maintenant ? »

Léo : « Peut être que tu peux le renvoyer au château ? Il est peut être encore sous garantie. Princesse voudra peut être te l’échanger contre un tout neuf. Il faut essayer. »

Max : « Mais je l’aime bien mon bonome. J’en veux pas un autre ! Même tout neuf ! Et puis Princesse ne mérite pas de le récupérer. Elle l’a banni. Elle a qu’à se débrouiller sans lui. Et pense un peu à lui. Il s’étiolerait dans les couloirs du château. Non Léo. Il va falloir s’habituer à le voir dans cet état. Et puis, sans neurone, il comprendra sûrement mieux les élèves de la schola. Ils seront à égalité. Entre décérébrés.  »

Léo : « On le garde alors ? »

Max : « Ben oui ! Ça fait des mois qu’on l’éduque, on va pas en changer maintenant. »

Le chevalier : « Mes chers petizours, je ne veux pas vous interrompre mais nous arrivons à la taverne. Vous continuez à papoter ou vous vous pochez ? »

Max : « On se poche. Les zoms comprendraient pas que tu discutes avec deux petizours. Mais n’oublie pas notre chocolat. »

Le chevalier : « Je ne peux pas vous le garantir. Sans neurone, il est très difficile de se souvenir de quoi que ce soit. »

Max (Sortant juste la tête de la poche) : « Tu commandes notre chocolat bonome. » (Max rentre de nouveau la tête dans la poche).

Le chevalier : « Les petizours, j’ai terminé mon repas. Nous reprenons notre inspection. »

Max : « Tu as le chocolat ? »

Léo : « Oui ! Le chocolat ! »

Le chevalier : « Tenez ! Mais si vous vous en mettez partout je vous fais prendre un bain d’eau de mer ! »

Max : « Non, on sera propres. »

Léo : « Parce qu’on aime pas l’eau de mer. »

Max : « C’est trop salé. »

Léo : « Et on sait pas nager. »

Le chevalier : « Vous n’aimez surtout pas vous laver ! »

Max : « Mais on aime le chocolat 🙂 »

Le chevalier : « Regardez au loin, la falaise. C’est celle dont nous venons. »

77.2 01 Port Lonnec

Léo : « C’est Port Lonnec ? »

Le chevalier : « A droite, oui. A gauche, en blanc, ce sont les grès armoricains. »

Léo : « Et ils datent de l’Arénig. »

Max : « Bonome, tu nous emmènes à la dissonance des zèbres briochoriens. »

Léo : « Maxou, je pense pas qu’il ait dit la dissonance des zèbres briochoriens. »

Max : « Tu as compris ce qu’il a dit, toi ? »

Léo : « Ben non ! »

Max : « Alors comment tu peux savoir que je dis une erreur ? »

Léo : « Ben, parce que le zèbre c’est un zanimo. Et briochorien ça ressemblance à brioche. Je crois pas qu’il va nous montrer des zèbres en brioche. Je te rappelle qu’on fait la géologie. Pas la zoologie boulangère. »

Max : « Ça doit être bon un zèbre en brioche 🙂 Tartiné de chocolat fondu. Huuummmm 🙂 »

Le chevalier : « Tu ne penses qu’à manger ! Petit goinfre ! »

Max : « C’est pas moi qui viens de m’enfiler une énoooorme galette de sarrasin ! J’ai mangé juste un peu de chocolat. Avec modération et proprement. J’en ai même pas partout. »

Le chevalier : « D’accord. Alors si vous m’acceptez comme guide malgré des neurones fondus qui m’ont coulé par les oreilles, nous allons pouvoir commencer notre exploration. »

Léo : « On est arrivés ? »

Le chevalier : « Oui. J’attache notre monture et c’est parti ! »

Max : « C’est encore l’estran rocheux ? »

Le chevalier : « D’abord une plage puis pas d’estran du tout. »

Max : « Pas d’estran ? Ça veut dire que c’est pas découvert à marée basse ! On va faire comment pour passer ? Tu vas tout escalader ? »

Le chevalier : « Non, regardez ! »

77.2 02 Les grès armoricains

Léo : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »

Max : « Tu dis toujours la même chose ! »

Léo : « Ben parce que c’est beau ! »

Max : « Bonome, tu nous présentes ? »

Le chevalier : « Tu veux que je vous présente le paysage ? »

Max : « Ben oui ! Tu vas pas nous présenter les grains de sable un à un ! Bonjour grain de sable je te présente Max et Léo petizours ! Mets ta casquette bonome. Tu en as une belle bleue, comme la mienne. »

Le chevalier : « Pas la peine. Mes derniers neurones se sont déjà écoulés. Je n’ai plus rien à protéger ! »

Max : « Pfff… Tais-toi et présente-nous le paysage ! »

Le chevalier : « Je fais comment pour me taire et vous présenter le paysage ? »

Max : « TU TE DÉBROUILLES ! TU PRÉSENTES ET TU TE TAIS ! »

Le chevalier : « 🙂 De gauche à droite vous avez la Pointe de Rulianec, la Pointe des Grottes et la Pointe de Trébéron. Entre les deux premières pointes se trouve la plage de Port Zic. C’est la que nous allons. »

Max : « On va à la plage ? »

Le chevalier : « C’est la carte qui indique une plage. Il y a en effet un petit cordon sableux bordé de galets en haut d’un platier rocheux. »

Max : « Et comment on passe la pointe de Rulianec ? »

Le chevalier : « As-tu vu la grotte ? »

Max : « La tâche noire au bas de la falaise ? »

Le chevalier : « Oui. Elle permet de traverser la falaise. »

Léo : « Rholala ! On va passer dans les grès armoricains d’il y a 480 millions d’années ! Rholala ! »

77.2 03 Première grotte 77.2 04 Première grotte

Léo : « Rhoooo… C’était bien la grotte ! »

Max : « Tu aurais pu fotoer sous la grotte ! »

Le chevalier : « Je n’aime pas trop m’attarder dans une grotte. Et puis la lumière n’est pas belle. Regardez plutôt les strates ! »

77.2 05 Grès armoricains

Max : « C’est pas que du grès ! Il y a de fines couches de schistes ! »

Léo : « Il y a eu des variations du climat ? »

Le chevalier : « Oui, de courtes durées. Il y a quelques épisodes comme celui-ci dans les grès armoricains mais ils sont rares. Ces grès sont assez homogènes. »

Léo : « Il y a quoi comme épaisseur de grès ? On a pas pensé à demander les épaisseurs. »

Le chevalier : « Il me semble qu’ils peuvent atteindre 800 m d’épaisseur au sud de la péninsule de Kraozon. Leur épaisseur est moindre au nord. »

Max : « Et pourquoi c’est pas pareil partout ? »

Le chevalier : « Vous savez que le sable à l’origine de grès se dépose au fond de la mer. »

Max : « Bonome, tu radotes ! On sait ça depuis longtemps ! »

Le chevalier : « Vu l’âge que vous m’attribuez c’est un peu normal que je radote 🙂 Selon vous je me suis baigné dans la mer de l’Ordovicien. J’aurais donc au moins 480 millions. Je suis plutôt en forme pour un si vieux bonome. »

Léo : « C’est vrai ça. Max, si il a vraiment 480 millions d’années, c’est sûr qu’il est plus sous garantie. On pourra pas l’échanger. »

Max : « Il a bien plus que ça ! Bon, bonome, pourquoi c’est pas la même épaisseur de grès au nord et au sud de la péninsule ? »

Le chevalier : « Quand la mer s’est réinstallée sur le continent, elle ne l’a pas fait d’un coup. Elle a d’abord recouvert le sud puis a progressé vers le nord petit à petit. La sédimentation n’a pas commencé au même moment au nord et au sud et les épaisseurs ne sont donc pas les mêmes. »

Max : « D’accord. »

Léo : « Il y a une autre grotte ! Rholala ! On va encore passer dans les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Je vais essayer de fotoer. Voilà ! Et regardez, il y a une aiguille de grès ! »

77.2 06 Seconde grotte 77.2 07 Seconde grotte et première aiguille

Léo : « Rhooolaaalaaa ! Une aiguille de grès ! »

Le chevalier : « Vous en verrez une autre bientôt 🙂 »

Max : « Heu… Bonome, tu vas où là ? »

Le chevalier : « Nous allons rejoindre la plage de Port Zic puis la Pointe des Grottes. »

Max : « Et tu es obligé de passer sur les rochers ? »

Le chevalier : « Oui Max, il n’y a pas d’autres chemin. »

Max : « Tu fais attention ! »

Le chevalier : « Promis… Voilà, nous sommes presque sur la plage. »

77.2 08 L'estran 77.2 09 Schistes zébrés

Léo : « C’est bôôôô !!! »

Max : « C’est pas une plage ! Il y a que des galets et l’estran rocheux ! »

Le chevalier : « C’est cet estran que nous venons voir. Regardez un peu les roches au sol. »

77.2 10 Schistes zébrés 77.2 11 Une belle image

Max : « Oulala ! Il a raison Léo ! C’est vrai que c’est beau ! C’est ça les zèbres briochoriens ? »

Le chevalier : « 🙂 Les schistes zébrés briovériens ! »

Léo : « Les schistes, c’est des argiles transformées par la température et la pression. »

Le chevalier : « Oui Léo. On dit que les argiles ont été métamorphisées. »

Max : « Comme la métamorphose des insectes ? »

Le chevalier : « Métamorphose vient du grec ancien… »

Max : « C’est reparti avec le grékancien ! »

Le chevalier : «… qui veut dire changement de formes. Les minéraux qui constituent les argiles ont subi des changements à cause de la température et de la pression. »

Léo : « D’accord pour les schistes. Mais pourquoi zébrés ? Et ça veut dire quoi briovérien ? »

Le chevalier : « A l’origine il y avait une alternance d’argiles grises et de grès beiges. »

Léo : « Si il y avait pas que des argiles ce sont pas vraiment des schistes alors. »

Le chevalier : « Pas vraiment. Mais on les appelle quand même schistes. Les fines couches du départ se sont encore affinées avec le métamorphisme. Il y a donc alternance indéfiniment répétées de couches grises et beiges. Avec l’érosion on voit apparaître ces fines bandes côte à côte. »

Max : « Je comprends ! Comme il y a des bandes claires et des bandes sombres, on compare au zèbre ! Lui aussi il a des bandes claires et des bandes sombres. »

Léo : « Et briovérien ? »

Le chevalier : « Cet adjectif vient de Briovera qui est l’ancien nom celte de Saint-Lô dans la Manche. »

Max : « En celte ancien ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, en celte ancien 🙂 »

Léo : « Et ça indique l’âge aussi ? »

Le chevalier : « Oui. Le Briovérien correspond à un épisode de formation de montagnes au Précambrien. »

Léo : « Le précambrien ? C’est avant le Cambrien ? Mais c’est quoi le Cambrien ? »

Le chevalier : « Le Cambrien précède l’Ordovicien. Il s’étend de 540 à 500 millions d’années avant nos jours. Le Briovérien est la dernière époque du Précambrien. Il s’étend de 1000 millions d’années à 540 millions d’années avant nos jours. »

Léo : « 1 000 millions d’années ! Rholala ! Et les schistes zébrés datent de 1 000 millions d’années ? »

Le chevalier : « Non, ils datent de la fin de Briovérien. Ils ont environ 550 millions d’années. »

Max : « C’est quand même très très vieux ! Oulala ! »

Léo : « Et il y a des fossiles dans les schistes zébrés briovériens ? »

Le chevalier : « Non, les organismes vivants sont extrêmement rares avant le Cambrien. Pendant longtemps on en connaissait aucun. On parlait des temps azoïques, c’est-à-dire sans animaux. Et la période allant de début du Cambrien à l’actuel a été nommée Phanérozoïque ce qui veut dire animaux visibles. Depuis quelques gisement fossilifères ont été découverts dans le Précambrien. Et on a découvert des fossiles de formes de vie très simples. »

Max : « On ira voir les sites fossilifères du Précambrien ? »

Le chevalier : « Non, ils sont trop loin… En Australie, en Russie… »

Max : « Zutalor ! Tant pis. On regardera dans des livres alors. »

Léo : « Des beaux livres de fossiles… »

Le chevalier : « Allons voir les schistes en haut de la plage. »

77.2 12 Plis dans les schistes zébrés 77.2 13 Plis dans les schistes zébrés

Max : « Ils sont tout pliés ! Heureusement qu’on doit pas les repasser ! Oulala ! »

Léo : « C’est quand même moins tout plié qu’à la falaise de l’Aber. Tu te souviens Max ? »

Max : « Ben oui c’était hier ! Bonome nous a même fotoés sur un pli. »

Le chevalier : « Vous avez bien observé les schistes ? Allons vers la Pointe des Grottes. »

77.2 14 L'aiguille 77.2 15 L'aiguille

Max : « Oulala ! Regarde Léo ! Tu avais vu l’aiguille toi ? »

Léo : « Rhooo ! Non, je regardais les schistes zébrés ! Je levais même pas la tête ! Ça, c’est une belle aiguille ! »

Max : « Elle est pas en schistes zébrés ! C’est les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Les schistes ne sont pas assez résistants pour former une aiguille. Regardez, j’ai une vieille carte postale qui la montre au début du 20ème siècle. »

77.2 16 L'aiguille 1900

Max : « Mais… On voit pas les schistes ! C’est tout recouvert par le sable ! Ici aussi la mer a volé le sable ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « La mer enlève tout le sable partout et toi tu dis rien ! Tu pourrais la gronder quand même ! On vole pas le sable comme ça ! »

Le chevalier : « Max, nous sommes sur son domaine. Elle déplace le sable comme elle le veut. Si elle décide qu’il ne doit pas y en avoir ici, elle l’emmène ailleurs… Je ne gronderai pas la mer. »

Max : « Ah ouai ! D’accord ! La mer vole le sable et tu lui dis rien. Et si moi je volais du chocolat ? »

Le chevalier : « Tu serais puni ! Un gentillours ne vole pas ! »

Max : « c’est vrai que je suis un gentillours 🙂 C’est monsieur de La Fontaine qui l’a dit ! Bon d’accord, je volerai pas du chocolat. Tu as parlé de la dissonance tout à l’heure. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas dit dissonance mais discordance. Venez, je vais essayer de vous montrer. Il faut s’approcher de la falaise de la Pointe des Grottes. »

Max : « Il faut pas trop s’approcher des falaises. C’est toi qui l’as dit. »

Le chevalier : « Et toi tu as dit que j’étais prudent à ma façon 🙂 Voilà, nous approchons. Regardez. »

77.2 17 La discordance 77.2 18 La discordance
77.2 19 La discordance 77.2 20 La discordance

Léo : « On voit les schistes zébrés briovériens au sol. »

Max : « Ils sont gris sombres ou marrons. »

Léo : « On voit que les couches remontent vers le nord, ou presque le nord. »

Max : « Léo, en géologie, on dit pas les couches mais les strates. Les couches c’est pour les bébés. »

Léo : « Tu dis ça parce que tu aimes utiliser des mots compliqués que personne connaît à part toi. Comme ça tu crois que tu es intelligent et cultivé. »

Le chevalier : « 😀 »

Max : « Pfff… »

Léo : « Et au dessus on voit des grès tout blancs. »

Max : « Ce sont les grès armoricains de l’Arénig. »

Léo : « C’est bizarre parce qu’ils sont pas pliés comme les schistes zébrés. »

Max : « Et ils penchent pas pareils. »

Léo : « Jusque maintenant on a toujours vu des couches parallèles entre elles, même quand elles étaient penchées. »

Max : « Sauf quand c’est tout plié mais c’est pas pareil. »

Le chevalier : « Vous venez de découvrir ce qu’est une discordance. »

Léo : « Et c’est à cause de quoi ? »

Le chevalier : « Asseyez-vous sur un rocher. Je vais vous expliquer. »

Léo : « Max, tu sors ta serviette ? »

Max : « Voilà ! On est installés bonome. Nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Il faut retourner loin de le temps. Au Précambrien supérieur. »

Max : « C’est le Briovérien ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 La mer recouvre de vastes plaines. Des argiles et des sables apportés par des fleuves se déposent sous une relativement faible tranche d’eau. Petit à petit ces sédiments se compactent et donnent des argilites et des grès. Puis la mer se retire. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Parce qu’une chaîne de montagnes se met en place. »

Léo : « Et c’est pour ça que les argilites et les grès se métamorphisent en schistes zébrés et se plissent ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Mais cette chaîne de montagnes est immédiatement attaquée par l’érosion. En quelques dizaines de millions d’années, au cours du Cambrien, elle est arasée et une pénéplaine se forme. »

Max : « C’est quoi une pénéplaine ? »

Le chevalier : « Une presque plaine mais en très très grand. Ce n’est pas parfaitement plat. Il existe des buttes, des collines ou des lits de fleuves. Puis, à l’Ordovicien, la mer revient et recouvre cette pénéplaine. »

Max : « Mais elle revient par le sud ! »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 C’est alors que les sables à l’origine des grès armoricains se sont déposés. »

Léo : « Et c’est pendant une autre formation de chaine de montagnes qu’ils seront métamorphisés en grès et qu’ils seront penchés. »

Le chevalier : « Tout à fait. »

Max : « Oulala ! En regardant attentivement deux formations rocheuses on peut voir la formation de deux chaînes de montagnes alors ! »

Léo : « Rholala ! C’est vraiment bien la géologie ! »

Le chevalier : « 🙂 Ravi que ça te plaise ! »

Léo : « Oh oui alors ! Rholala ! »

Le chevalier : « Voilà, vous avez vu la discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. »

Léo : « Tu vois qu’il avait pas dit la dissonance des zèbres briochoriens ! »

Max : « Ben, ça ressemble quand même. Et je maintiens que ça doit être très bon des zèbres en brioche tartinée de chocolat fondu 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Il nous faut faire demi-tour maintenant. Au retour je voudrais vous montrer une dernière chose. »

Max : « Pourquoi tu l’as pas montré à l’aller ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… C’est peut être moins logique. »

Léo : « Dis chevalier, c’est fatiguant de marcher sur les galets… »

Le chevalier : « Grimpez dans ma poche. »

Léo : « Merci 🙂 »

Le chevalier : « Voilà ! Regardez à droite, puis à gauche. »

77.2 23 La faille 77.2 24 La faille

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « Une faille. On la voit mieux à gauche. »

Max : « ça alors ! Les schistes zébrés sont recouverts d’un côté par les grès armoricains et de l’autre ils sont séparés des grès par une faille. »

77.2 21 La grève de Port Zic 77.2 22 La pointe de Ruilanec

Léo : « Dis, tu sais pourquoi les pointes sont en grès et les schistes ils font une plage ? »

Le chevalier : « C’est assez simple mon Léo. Les grès sont beaucoup plus durs que les schistes et donc la mer rogne plus les schistes. C’est une constante dans la péninsule. Les caps et pointes sont en roches dures, souvent en grès d’ailleurs. Et les baies, anses et plages sont creusées dans des roches plus tendres. »

Max : « Bon, je suppose que tu vas de nouveau marcher sur les rochers pour rejoindre notre monture. »

Le chevalier : « Tu supposes bien 🙂 »

Léo : « Et on fait quoi après ? »

Le chevalier : « Je suppose que vous ne voulez pas rentrer ? »

Max : « Rentrer ? Non ! »

Le chevalier : « Alors je vous propose de retourner à notre monture puis d’aller nous promener à Beg Penn Ar Roz. »

Max : « Où ça ? »

Le chevalier : « Beg Penn Ar Roz. »

Max : « Léo, tu comprends toi ? »

Léo : « Ben non. Là, je suis sûr que c’est du breton. Mais on s’en fiche. Parce que même en français, on saurait pas où c’est. Allez, en route pour Big Ben en rose 🙂 »

Max : « Bonome, on va encore faire la géologie là-bas ? »

Le chevalier : « Très peu. Nous allons nous promener et profiter du paysage. »

Max : « On pourra pocher ? Parce qu’on a déjà marché plusieurs jours aujourd’hui. »

Le chevalier : « Bien sûr. Vous devez être fatigués. »

Léo : « Oh oui ! »

Le chevalier : « Vous pouvez faire une petite sieste. Je vous réveillerai. »

Max : « Tu nous grattes le front ? »

Le chevalier : « Non Maxou, je suis désolé mais j’ai besoin de mes mains pour avancer. »

Max : « D’accord. Sois prudent. »

Léo : « A tout à l’heure. »

***

Le chevalier : « Max ! Léo ! Réveillez-vous ! »

Max : « Déjà ? »

Léo : « On est arrivés ? »

Le chevalier : « J’ai fait un arrêt imprévu. Sortez juste la tête et regardez. Je vais explorer le sentier côtier. »

77.2 25 Beg Penn ar roz 77.2 26 Beg Penn ar roz

Max : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »

Léo : « Maxou, c’est moi qui dis ça normalement 🙂 »

Max : « Oui je sais mais oulala ça me semblait pas suffisant 🙂 »

Léo : « C’est vrai. Rholalaaaa ! C’est magnifique ! »

Max : « Bonome, c’est quoi les roches ? »

77.2 27 Beg Penn ar roz 77.2 29 Beg Penn ar roz

Le chevalier : « Je ne sais pas. »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Non, je ne sais pas où nous sommes. Je me suis arrêté sur le chemin de Beg Penn ar roz. L’endroit m’attirait. Alors si je ne sais pas où nous sommes je ne peux pas connaître la nature des roches. Peut être les grès armoricains. »

Léo : « Ça ressemble pas. »

Le chevalier : « Alors les schistes pourprés… »

Max : « Quels schistes pourprés ? »

Le chevalier : « Ceux qui se trouvent sous les grès armoricains et qui datent de l’Arénig inférieur. »

Max : « J’ai l’impression que tu t’en fiches un peu. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Je marche… Je regarde les Laridés tournoyer dans les courants ascendants… »

Max : « Tu les fotoes pas ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Mais tu souris au vent 🙂 »

Le chevalier : « Pour le remercier de chasser les nuages… et de me caresser le visage… »

77.2 30 Beg Penn ar roz 77.2 31 Beg Penn ar roz

Léo : « C’est vraiment très beau ici… On a de la chance d’être là… »

Max : « Bonome, tu vas marcher longtemps ? »

Le chevalier : « J’irais bien au bout de la terre… »

Max : « Léo, je crois qu’il est parti dans un autre monde… Il va marcher, marcher, marcher… Il va plus jamais s’arrêter. »

Léo : « Tu crois ? »

Max : « Ben, regarde-le ! »

Léo : « Il a un air béat ! »

Max : « Si on le laisse faire il va redevenir sauvage. »

Léo : « Ben non ! On l’a bien éduqué ! »

Max : « Bonome… BONOME ! REVIENS AVEC NOUS ! ET ARRÊTE DE MARCHER ! »

Le chevalier : « Ne crie pas Maxou. Admirez un peu ce paysage ! »

Max : « On a vu ! C’est pas une raison pour redevenir un homme sauvage. Allez, on retourne à la monture et tu nous emmènes à Big Ben rose. »

Léo : « On va chevaucher longtemps ? »

Le chevalier : « Non, nous ne sommes pas très loin. »

Max : « Voilà, on retourne dans la lande. »

77.2 32 La lande rase

Le chevalier : « Oui, c’est la lande à bruyère cendrée et ajonc de Le Gall. »

Max : « Tu avais dit ajonc européen ! »

Le chevalier : « J’ai dit une erreur alors. »

Léo : « Il y a des zoisos dans la lande ? »

Le chevalier : « Oui Léo, environ une quarantaine d’espèces. Ce sont surtout des petits passereaux. »

Léo : « Lesquels ? »

Le chevalier : « Le troglodyte, des tariers, des traquets, l’accenteur mouchet… Et des faucons. »

Léo : « On va en voir ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. Mais je n’ai pas envie de planquer pour les observer. »

Max : « Toi, tu veux tourister 🙂 »

Léo : « Mais il y a rien à tourister ici ! »

Max : « Tourister c’est aussi marcher comme ça, les mains dans les poches, en sifflotant. »

Le chevalier : « Regardez là-bas ! »

Max : « Où ça ? »

Le chevalier : « Là ! En bas de la falaise ! »

77.2 33 Le cap
77.2 34 Schistes pourprés 77.2 35 Schistes pourprés

Léo : « Ben là c’est presque sûr que ce sont les schistes pourprés. »

Le chevalier : « Les plus anciennes roches de l’ère primaire de la péninsule de Kraozon ! »

Max : « On peut aller chercher un échantillon pour ma collection ? »

Le chevalier : « Non Max, c’est bien trop dangereux. »

Max : « J’espérais que tu dirais ça 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Ne sortez pas de ma poche. J’ai trop peur que le vent vous fasse tomber au bas de la falaise. »

Max : « Mais, il ferait pas ça ! »

Le chevalier : « Il souffle Max ! C’est son travail de vent. »

Max : « Tu vas pas nous fotoer alors ? Je voulais de belles fotos pour montrer à Princesse. »

Le chevalier : « Installez-vous à l’abri du vent alors. »

Max : « Et puis après tu nous portes et tu fais des gros plans. »

Le chevalier : « D’accord mon Maxou. Mais après, dans la poche ! »

77.2 38 Les petizours 77.2 41 Le cap
77.2 39 Max 77.2 40 Léo

Le chevalier : « Je vais vous montrer une autre pointe. Venez… Voilà, c’est Beg Penn Hir. »

77.2 42 Le tas de pois

Max : « On ira ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Et nous irons explorer une longue falaise qui se trouve un peu à droite. Nous ne la voyons pas d’ici. »

Léo : « Chevalier, tu as l’air fatigué. Il faut rentrer maintenant. »

Le chevalier : « Oui… C’est une bonne idée… »

Max : « Quand il est fatigué, il est triste. C’est toujours comme ça. Faut pas t’inquiéter Léo. »

77.2 43 La lande 77.2 44 La lande

On est rentrés doucement. Bonome avait pas envie de galoper. On a fait silence. Il avait l’air plongé dans ses pensées. Et, pour une fois, j’ai pas été indiscret.

En arrivant à la cabane, il nous a couchés tout de suite parce qu’on avait l’air très fatigués. Il nous a câlinés et nous a gratté le front. Et puis, quand nos yeux ont commencé à piquer très fort, il nous a souhaité bonnuit et on s’est endormi. Il y a jamais personne qui lui caresse le front et qui lui souhaite bonnuit. C’est pas juste.

Je t’embrasse Princesse. Et même si ses neurones sont tout fondus, je voudrais pas qu’il retourne au château.

Continuer la promenade

77.1 – Port Lonnec

Dimanche 28 Février, An III

Le chevalier : « Les zours ! Il est l’heure de vous réveiller ! »

Max : « Mmmmmm… Ondorencor… »

Léo : « On vient juste de se coucher… »

Le chevalier : « 🙂 Vous dormez depuis 10 heures ! Allez ! Debout ! »

Max : « On va inspecter ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Il fait beau, profitons en ! »

Léo : « On va encore marcher plusieurs jours aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Deux ou trois jours de marche sont au programme de la journée 🙂 Levez-vous et enfilez vos sacados. Je vous attends. »

Pendant la chevauchée…

Max : « On va où ? Qu’est ce qu’on va voir ? »

Le chevalier : « D’abord nous allons aller à Port Lonnec pour continuer à remonter le temps. »

Max : « On va voir des roches encore plus vieilles que celles d’hier ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les schistes de Postolonnec qui datent de l’Ordovicien inférieur. Ils reposent sur les Grès armoricains. J’espère pouvoir observer le contact entre ces deux formations. »

Léo : « Ils ont de la chance les schistes de reposer. »

Le chevalier : « Pauvres petizours… La journée d’hier a été très chargée, je vous l’accorde. Je dois reconnaître que j’en suis fourbu. Courage mon Léo. »

Max : « Et moi non ! Pfff… »

Le chevalier : « Mon Maxou… »

Max : « Mouai… Ils datent de quand les schistes de Postolonnec ? »

Le chevalier : « Je l’ai dit Max : Ordovicien supérieur. Plus précisément Llanvirnien et Llandelien. Je crois même que leur sommet déborde sur le Caradoc inférieur. »

Max : « Ah ben si il déborde sur le Caradoc inférieur… »

Léo : « On a vu du Caradoc hier, non ? »

Le chevalier : « Oui petit Léo. Les grès de Kermeur datent du Caradoc inférieur. »

Max : « Ce sont les grès qui contiennent les roches magmatiques intrusives ? Comment elles s’appellent déjà ? Les do… Les domachins. »

Le chevalier : « 🙂 Les dolérites. »

Max : « C’est exactement ce que je viens de dire : les dolérites ! »

Le chevalier : « Nous en verrons encore. »

Max : « Ben forcément ! Elles datent du Caradoc ! Il y avait des roches magmatiques au Caradoc ! »

Léo : « Si je comprends bien, on va voir ce qu’il y a juste en dessous des grès de Kermeur qu’on a vus hier. Alors, on a vu ces grès du Caradoc avec les dolérites, les tufs et calcaires de Rosan du Caradoc et de l’Ashgill et encore au dessus les roches tout pliées du groupe de Kerguillé qui datent du Silurien. Chevalier, à la fin du séjour il faudra que tu fasses un document qui résume tout ça. Parce que c’est quand même un peu compliqué. »

Le chevalier : « Oui, je sais et je ferai ce document. Pour le moment nous sommes arrivés. Regardez ! »

77.1 01 PostolonnecLéo : « Rholalaaaaa ! C’est bôôôô !!! »

Max : « Ouai, peut être… Mais c’est l’estran rocheux… Des cailloux tout cassés couverts d’algues et tout glissants… Tu vas tomber bonome et tu vas être tout cassé. »

Le chevalier : « Je suis déjà tombé ici 🙂 Deux fois… Peut être même trois… L’année dernière. Je suis tombé chaque fois que je suis venu 🙂 Toujours la même chute : le pied d’appui qui glisse vers l’avant. Poum sur le dos ! »

Max : « Et ça t’amuse ! »

Le chevalier : « Je me suis juste fait mal à la main en essayant d’amortir la chute. Mon sacado a protégé mon dos. »

Max : « Tu vas faire attention ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Il pleuvait l’an dernier. Les rochers étaient bien plus glissants. Et puis j’ai compris comment marcher sur les algues, quels sont les pièges à éviter… Ne t’inquiète pas. Faites surtout attention au fin film d’algues rouges qui recouvre certains rochers. On les remarque à peine mais elles rendent le sol extrêmement glissant. Bien, on commence ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 C’est des roches toutes noires. C’est ça les schistes ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Vous rappelez-vous comment ils se sont formés ? »

Max : « Bonome, on est quand même un peu géologues. On connaît les schistes. D’abord il faut une mer calme il y a très longtemps. Et puis des fleuves qui apportent des argiles. Ces argiles viennent de l’érosion des montagnes bien plus loin, tout là-bas. Alors les argiles se déposent au fond de la mer. Et comme il y en a de plus en plus, ça appuie fort dessus. Surtout quand il y a d’autres roches en train de se former encore par dessus. Et l’eau qu’il y a dans les argiles est évacuée. Les argiles durcissent, durcissent… Et puis ça commence à former des roches. Et après, ces roches, elles sont transformées en schistes quand les plaques tectoniques font l’accident. Elles s’enfoncent, s’échauffent, se plissent tout ça tout ça. Et après il y a des schistes. »

Le chevalier : « C’est un bon résumé. »

Léo : « Lui aussi c’est un résumeur 🙂 Dis chevalier, si au départ la roche se forme dans la mer, il doit y avoir des fossiles. On va en voir ? »

Max : « On va fossiler ? »

Le chevalier : « Il y en a et nous allons fossiler 🙂 »

Léo : « Rholala ! Tu peux me redire quel âge ils ont les fossiles ? »

Le chevalier : « Autour de 460 millions d’années 🙂 »

Léo : « Rhoooo… »

Le chevalier : « Venez, j’ai des tas de choses passionnantes à vous montrer dans la grotte qui borde la plage. »

Max : « En plus on va explorer des grottes ! Oulala ! »

Le chevalier : « Regardez ! »

77.1 02 La premiere grotte
77.1 03 La premier grotte 77.1 04 La premiere grotte

Léo : « On voit plusieurs couches. Il y a pas que des schistes. »

Max : « Non, il y a des grès. Un peu marron. Mais le jaune, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Les dolérites. »

Max : « Bonome, il y aurait pas une faille horizontale au bas de la grotte ? »

Le chevalier : « Peux-tu me redonner la définition de faille ? »

Max : « Voilà, ça commence… On est à peine arrivés et tu me fais une interro ! ON EST PAS À LA SCHOLA ! »

Léo : « Tu ronchonnes parce que tu sais pas ! »

Max : « Si je sais ! »

Léo : « Alors réponds ! »

Max : « Une faille c’est quand des roches se cassent en deux morceaux qui se déplacent l’un par rapport à l’autre. »

Le chevalier : « Bravo Maxou ! »

Max : « Na ! »

Le chevalier : « 🙂 Alors, y a t-il une faille ? Léo, peux-tu répondre ? »

Max : « Tiens, elle est pour toi l’interro ! Bien fait ! »

Léo : « Je m’en fiche moi, je sais ! Oui, on voit bien la cassure. Et on voit bien aussi que les deux morceaux se sont déplacés l’un par rapport à l’autre. Je peux même dire que celui du dessus s’est déplacé vers la gauche. Na toi même ! »

Max : « Pfff… Bonome, tu veux bien nous fotoer sur la faille s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Pour montrer à Princesse je suppose ? D’accord 🙂 Allez vous installer. »

77.1 05 Les petizours sur la faille 77.1 06 Les petizours sur la faille

Le chevalier : « Vous êtes assis sur des schistes et au-dessus de vos têtes on peut voir une couche de dolérite. C’est ce qu’on appelle un sill. C’est-à-dire une couche horizontale qui s’est mise en place entre les couches de sédiments. »

Max : « Oulala ! Heureusement qu’elle est refroidie la dolérite ! On serait tout grillés sinon. »

Le chevalier : « Ah ça oui ! Bon, étudions maintenant les successions de couches. »

77.1 07 Les couches 77.1 08 Les couches

Max : « Oui, on voit bien les schistes et les grès. Et en haut c’est la dolérite. C’est bizarre que les grès soient pas toujours de la même couleur. »

Léo : « Moi j’aime bien la grosse couche un peu jaune au milieu de la foto de droite. Il y a des tas de petites couches grises dedans. »

Le chevalier : « On parle de lamines. Quelques fines couches d’argiles sont venues se déposer lors d’une longue période de dépôt de sables… Léo, tu as vu quelque chose ? »

Léo : « Oui, venez voir… C’est dans une couche de schistes. Il y a comme un U blanc. Tu sais ce que c’est ? »

77.1 09 Teichichnus 77.1 10 Teichichnus

Le chevalier : « C’est un ichnofossile du genre teichichnus. »

Max : « Tu parles breton ? Parce qu’il y a des mots qui sortent de ta bouche mais je comprends rien du tout. »

Léo : « Moi j’ai compris c’est et genre. Mais peut être que c’est aussi du breton 🙂 »

Le chevalier : « Non, je ne parle pas breton. Je parle le géologien 🙂 »

Max : « Frimeur ! Tout ça pour faire croire que tu es intelligent et cultivé. »

Le chevalier : « Ce sont des traces fossiles. Là c’est un terrier, probablement celui d’un ver marin. »

Léo : « Un ver a fait un trou dans le sable il y a 450 millions d’années et on le voit encore aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Rholala ! C’est vraiment bien la géologie ! »

Max : « On peut revenir aux dolérites ? La couche jaune, là. Pourquoi c’est bizarre comme ça à la base ? On voit mieux sur la foto de gauche. Tu expliques ? Et pas en géologien ! »

77.1 11 Pépérites 77.1 12 Pépérites

Le chevalier : « J’évite donc de dire que c’est une pépérite ! »

Max : « Oui oui, tu évites ! »

Léo : « Non, tu expliques ! »

Le chevalier : « Comme à la pointe de Raguenez, le magma s’est infiltré dans un sédiment non consolidé et gorgé d’eau. Ce contact a engendré des petites explosions qui ont émietté la roche magmatique, arraché des fragments de roches encaissantes et brassé le tout. »

Léo : « C’est pas très compliqué ! On aurait même pu trouver tout seul ! »

Max : « Ben oui ! Tout le monde peut trouver les pépérites ! Surtout si elles commensalisent ! »

Le chevalier : « Max, tu es trop bête 🙂 »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Si vous n’avez pas de questions je vous propose d’aller voir la grotte  un peu plus loin. »

Max : « Encore une grotte ! Oulala ! »

Léo : « Oui, on y va ! »

Max : « Bonome, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Ce que je voulais vous montrer ! On le voit mieux sur le plafond de la grotte. »

77.1 13 Planolites 77.1 14 Planolites

Léo : « Rhoooo… Qu’est ce que c’est ? »

Le chevalier : « Encore des ichnofossiles ! Ce sont encore des traces de vers mais cette fois ce sont des terriers horizontaux. On appelle cela des planolites. L’association de planolites et de teichichnus montre que les sédiments se sont déposés sur une plate-forme sous-marine ouverte. »

Max : « Bonome, il y a un gros caillou avec des planolites. Je peux le prendre pour ma collection ? »

Le chevalier : « Oui, mets-le dans ton sacado ! »

Max : « C’est pas gentil ! Il rentre même pas ! Et puis je suis trop petit, je pourrai pas le porter. Tu veux bien le prendre dans ton sacado s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui, je veux bien. Donne-le moi. »

Léo : « Et il y a pas des autres fossiles ? Pas des traces mais des zanimos ? »

Le chevalier : « Il y en a quelques uns. Ils sont soit isolés dans les roches, soit en lentilles, c’est-à-dire en fines couches dans lesquelles ils sont accumulés. »

Max : « On va en trouver ? »

Le chevalier : « J’espère 🙂 Venez, mais avant, je voudrais vous montrer la falaise. Prenons un peu de recul. Nous reviendrons au bord de la falaise ensuite. »

Max : « On voit bien les schistes, à gauche, et les grès, à droite. »

Léo : « C’est à cause des variations du niveau de la mer ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

77.1 15 Schistes et grès

Léo : « Mais pourquoi le niveau change ? »

Le chevalier : « Il peut y avoir plusieurs causes. A l’Ordovicien, les variations du niveau marin ont été causées par des variations importantes de la température à la surface de la Terre. Lors des périodes de refroidissement, l’eau des océans était en partie mobilisée dans les calottes de glace qui recouvraient les pôles et le niveau moyen des océans baissait. »

Léo : « Alors si je comprends bien, les grès se sont déposés lors des périodes froides et les argiles lors de périodes plus chaudes. »

Le chevalier : « C’est à peu près ça. Retournons à la falaise. Max, pourquoi as-tu mis cette foto ? Elle n’est pas très belle ! Pas très intéressante non plus. » 77.1 15 Schistes supérieurs

Max : « Elle montre bien sur quoi tu marches à longueur de journée. Comme ça Princesse sera informée et peut être qu’elle te grondera enfin ! »

Le chevalier : « Cafteur ! Alors dis lui aussi que j’escalade les parois pour rechercher des fossiles ! »

Max : « Il y a des fossiles ? Escalade bonome, escalade ! »

Le chevalier : « Mais Princesse va me gronder ! »

Max : « Mais non ! T’inquiète pas. Je te couvre 🙂 Allez, il faut fossiler ! »

Léo : « Max, je crois que tu vas pas bien dans ta tête ! »

Max : « Là ! J’en ai trouvé un ! »

Léo : « Moi aussi ! »

77.1 16 Fossiles gastéropode 77.1 17 Fossiles gastéropode

Le chevalier : « Ce sont des Gastéropodes. »

Max : « Des Mollusques Gastéropodes ! Des animaux à corps mous protégés par des coquilles calcaires enroulées en spirales. »

Léo : « Tu en connais des choses, Maxou ! »

Max : « J’ai souvent été à la mer et bonome m’a expliqué un peu 🙂 »

Léo : « Tu connais les espèces ? »

Le chevalier : « Non, trop difficile à dire… Je ne suis pas un spécialiste. »

Max : « C’est pas grave. On t’en veut pas. Tu peux pas tout savoir. Mais quand même, il y en a pas plus des fossiles ? Parce que là on a cherché un quart d’heure pour deux petits machins même pas bizarres ! »

Le chevalier : « Je vous en montrerai tout à l’heure. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Nous remontons le temps 🙂 Regardez devant vous, la dalle de grès. »

77.1 18 Surface des grès de kerarvail

Max : « Oui, ben c’est pas la première fois qu’on voit des grès ! Ici, c’est schistes ou grès ! »

Léo : « Et des dolérites et des basaltes ! Tu oublies les volcans Maxou ! »

Max : « N’empêche que c’est pas la première fois qu’on voit des grès. »

Le chevalier : « Ici nous pouvons voir le passage des schistes supérieurs de Postolonnec au Grès de Kerarvail. »

Max : « Les grès de Kerarvail ? »

Le chevalier : « Oui. Du nom du hameau qui se trouve au sommet de la falaise. Regardez au sol. Les couches ont été érodées et on voit bien la transition. Elle peut également se voir dans la falaise. »

77.1 19 Passage des schistes aux grès 77.1 20 Grès de Kerarvail

Max : « Bon d’accord. Mais qu’est ce qu’ils ont de particulier ces grès ? »

Le chevalier : « Venez voir leur surface. »

77.1 21 Ripples marks 77.1 22 Ripples marks

Max : « Il y a des petites rides… »

Léo : « Tu nous en a montré dans les grès de Kermeur hier mais on voyait moins bien… »

Max : « Et tu as dis des mots bizarres… »

Le chevalier : « Des ripples-marks. »

Max : « Oui ! C’est ça ! Des ripeulmarques ! »

Léo : « C’est pas du breton, c’est du grand-breton 🙂 »

Le chevalier : « La présence de ces marques indique que le milieu de sédimentation était calme et peu profond. On en trouve sur les plages à marée basse. J’aimerais vous en montrer. »

Max : « Avec toi, on va jamais à la plage. On va sur l’estran rocheux. »

Le chevalier : « Tu veux aller à la plage ? Tu veux te faire bronzer ? »

Max : « Meu non ! On s’ennuie quand on bronze. »

Le chevalier : « Oui, c’était juste pour ronchonner 🙂 Continuons de remonter le temps… »

Le chevalier : « Voilà le passage des grès de Kerarvail aux schistes inférieurs. »

77.1 23 Passe des grès aux schistes inf 77.1 24 Passage des grès aux schistes inf

Max : « La météo a changé ! A gauche des fotos : climat chaud ! A droite : période glaciaire ! »

Le chevalier : « La calotte glaciaire était alors centrée sur l’Afrique. »

Max : « Bonome, les calottes, c’est aux pôles. L’Afrique, elle est pas aux pôles ! Elle est à l’équateur ! Tu déraisonnes ! »

Le chevalier : « Tu oublies quelque chose Max. »

Max : « Qu’est ce que j’ai oublié ? … Ah oui ! Je t’ai pas crié dessus 🙂 TU DÉRAISONNES BONOME ! »

Léo : « Mais non Max ! C’est pas ça que tu as oublié ! Les plaques tectoniques se déplacent ! Si la calotte était centrée sur l’Afrique, c’est que l’Afrique était à un pôle. C’est ça chevalier ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Et la Bretagne ? Elle était au pôle aussi ? »

Le chevalier : « Non, pas tout à fait. Mais elle n’était pas loin du cercle polaire. Je vais essayer de vous trouver une carte du monde à l’Ordovicien… Prenons un peu de recul pour mieux voir… »

77.1 25 Grès de Kerarvail 77.1 25 Grès de Kerarvail bis

Le chevalier : « Voilà ! A gauche : les schistes inférieurs. Au centre : les grès de Kerarvail et à droite les schistes supérieurs. En se déplaçant de 15 mètres sur la plage nous nous déplaçons de 15 millions d’années ! »

Max : « Pourquoi tu as mis la deuxième foto ? Elle est même pas de toi ! »

Le chevalier : « Je sais. Et je n’ai pas l’adresse du site dont elle provient. J’espère que l’auteur ne m’en voudra pas. Mais regardez au premier plan. »

Max : « Sur ta foto, il y a des rochers. »

Léo : « Sur l’autre, il n’y a que du sable ! »

Max : « Le sable recouvrait les rochers ! »

Léo : « Il est parti où le sable ? »

Max : « Il y a des voleurs de sable ! Vite, il faut envoyer un message à Princesse ! Il faut la prévenir ! Qu’elle envoie ses gens d’armes pour arrêter les voleurs ! »

Le chevalier : « Maxou… J’apprécie ton esprit d’initiative et ton souci de veiller au mieux sur le Pays des Zoisos mais Princesse ne pourra pas faire arrêter le voleur. »

Max : « Il est trop fort ? On le trouvera pas ? »

Le chevalier : « Si. Je le connais. Il est juste là ! »

Max : « Ou ça ? Attrape-le bonome ! Princesse te donnera une médaille ! »

Le chevalier : « Comment le pourrais-je ? On attrape pas la mer ! »

Léo : « C’est la mer qui emporte le sable ? »

Le chevalier : « Oui, par ses courants… Par endroits la mer avance en rognant la côte. »

Léo : « Chevalier, il y a des grottes. On peut aller les explorer. Il y a peut être des fossiles. »

Le chevalier : « Nous y allons. Et je suis presque sûr que nous verrons de beaux fossiles. »

77.1 26 Une grotte 77.1 27 La grotte

Le chevalier : « Voilà ! Regardez au toit de la grotte ! »

77.1 28 Vue générale du toit

Max : « On voit pas de par terre ! On est tout petits et c’est trop haut 🙁 Tu veux bien nous porter ? »

Le chevalier : « Venez ! »

Léo : « Rholala ! Il y en a plein des fossiles ! »

Max : « Il y en vraiment beaucoup ! Oulala ! »

Léo : « Mais pourquoi on en trouve un par-ci par-là et d’un seul coup il y en a une couche complète ? »

Le chevalier : « Bonne question mon Léo. On appelle lumachelles de telles accumulations de fossiles. Elles peuvent avoir deux origines. La première correspond à une accumulation de bord de plage. Les organismes meurent. Leurs coquilles ou carapaces se désagrègent et sont poussées par les vagues et les marées. L’autre possibilité est un arrêt de la sédimentation. Les coquilles et carapaces tombent toujours au même rythme au fond de l’eau mais comme les argiles ne se déposent plus, elles forment une couche. »

Léo : « Et quelle hypothèse tu retiens pour ici ? »

Le chevalier : « L’arrêt de sédimentation me paraît plus probable… »

Max : « Le problème de l’accumulation c’est qu’on voit rien du tout. C’est trop mélangé. Il y a plein de fossiles mais on les voit pas bien. Pfff… »

Le chevalier : « On peut en trouver dans d’autres couches. »

Léo : « Oui là ! Rhooo la chance… C’est quoi ? Et là ? »

77.1 29 Bivalves 77.1 30 Bivalves

Max : « Ce sont encore des Mollusques ! Mais cette fois ce sont des Bivalves. Ils ont une coquille calcaire en deux parties symétriques. »

Le chevalier : « Oui Maxou. A gauche les deux coquilles sont séparées. On voit des traits. Ce sont des côtes radiales. Au centre de la foto, on voit que les deux parties de la coquille sont restées attachées. »

Max : « Elles s’attachent comment ? »

Le chevalier : « Je ne te l’ai jamais expliqué ? Chez les Bivalves les deux parties de la coquille sont attachées par un ligament souple. A la mort de l’individu, il se rigidifie et finit par rompre. Si les deux parties sont encore réunies, c’est que la coquille a été enfouie rapidement et sans trop bouger. »

Max : « Et sur l’autre foto ? Il y a un demi coquille avec des côtes radiales. Et à côté ? »

Le chevalier : « C’est un moulage interne d’une valve de Bivalve. La coquille était posée sur ce que vous voyez. »

Max : « Dacor dacor dacor… Gastéropodes, Bivalves… C’est bien beau tout ça mais tu aurais pas des machins bizarres plutôt ? »

Le chevalier : « Si 🙂 Des pygidiums de trilobites 🙂 »

Max : « Ah ben voilà ! Ça c’est mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Tu ne me cries pas dessus parce que j’utilise des mots bizarres que personne connaît à part moi ? »

Max : « Tu veux ? Je peux, si ça te fait plaisir 🙂 »

Le chevalier : « Non, je m’en passe volontiers 🙂 »

Léo : « Dites tous les deux, vous allez continuer vos amabilités longtemps ? J’ai des questions moi ! C’est quoi un trilobite ? Et son pygidium ? C’est quoi ? Et puis tu pourrais nous les montrer tes pygidiums de trilobites ? »

Le chevalier : « En voilà un ici… et un autre là… »

77.1 31 Trilobite pygidium 77.1 32 Trilobite pygidium

Max : « Ça c’est du bizarre 🙂 Je comprends rien du tout ! »

Léo : « Moi non plus… »

Le chevalier : « Commençons par parler des trilobites. Ce sont des Arthropodes… »

Max : « Je sais ! Je sais ! Moi m’sieur ! Moi ! »

Le chevalier : « Max, nous ne sommes pas à la schola ! »

Max : « Méééé ! Je sais ce que c’est un Arthropode. Tu m’as expliqué déjà et je dois former Léo… »

Le chevalier : « Alors explique-lui. Nous t’écoutons. »

Max : « Les Arthropodes sont des animaux qui ont une cuticule parfois appelée carapace et des pattes articulées. Comme Arthropodes, il y a les Insectes (trois paires de pattes et une paire d’antennes), les Arachnides (quatre paires de pattes et pas d’antenne), les Myriapodes (plein de pattes et une paire d’antennes) et les Crustacés (au moins cinq paires de pattes et deux paires d’antennes). Il y en a sûrement d’autres mais je les connais pas. »

Léo : « Il y a les Trilobites 🙂 »

Max : « Pfff… Tu sais leurs pattes et leurs antennes peut être ? »

Léo : « Ben non. Mais je sais que ce sont des Arthropodes. »

Le chevalier : « Le nombre de patte est variable et ils ont une seule paire d’antennes. Pour le reste de l’anatomie mieux vaut prendre un dessin. Tenez… »

trilobite-anatomie

Max : « Bonome, c’est toi qui l’as fait ? »

Le chevalier : « Euh… Non, je l’ai encore emprunté à monsieur Internet. »

Max : « Je préfère ça. »

Le chevalier : « Pourquoi ? »

Max : « Parce qu’il respecte même pas les consignes de légende ! Les traits doivent s’arrêter au même niveau. Il y a ni titre, ni échelle ! Moins quatre points ! »

Le chevalier : « Heureusement que ce n’est pas toi qui corriges les copies ! »

Léo : « ON EST PAS À LA SCHOLA ! ÇA SUFFIT MAINTENANT ! ON EST EN VA-CAN-CES ! ET JE VEUX SAVOIR LES TRILOBITES, MOI ! »

Max : « Oulala ! Léo crie ! »

Le chevalier : « Je t’explique Léo, calme-toi ! »

Max : « Gratte lui le front bonome ! Léo, respire profondément ! Inspire… Expire… Caaalme Léo, calme… »

Léo : « GRRRR ! LES TRILOBITES OU JE VOUS DÉVORE TOUS LES DEUX ! »

Le chevalier : « 🙂 En haut c’est l’avant et en bas, l’arrière. Leur nom vient de leur anatomie : vous voyez un lobe médian, le rachis, et deux lobes latéraux, ou lobes pleuraux. D’avant en arrière vous pouvez observer la tête, le thorax et le pygidium. La tête, ou céphalon, montre un renflement axial, la glabelle, des joues latérales parfois prolongées par des pointes (pointes génales) et des yeux composés. Le thorax comprend de 2 à 44 segments articulés. Sur la face ventrale, ils portaient les appendices biramés. »

Max : « Appendices biramés ça veut dire pattes en prétentieux ? »

Le chevalier : « Non, ça veut dire appendices biramés 🙂 A la base, il y a un seul segment. Mais ensuite il y a deux branches. La plus ventrale est le rameau locomoteur (la patte) et le plus dorsal est une branchie. »

Max : « Les branchies ça sert à respirer sous l’eau ! »

Léo : « Ben oui, ils vivaient dans la mer les Trilobites ! »

Max : « Et le pygidium ? »

Le chevalier : « Ce sont les derniers segments qui sont soudés. »

Léo : « D’accord. Merci chevalier. »

Le chevalier : « Voulez-vous voir des images ? »

Max : « Tu en as volé à Monsieur Internet ? »

Le chevalier : « ouiiiii 🙂 »

Max : « Montre, avant d’aller en prison ! »

001-Colpo-saltero-neseu

Le chevalier : « Ce sont des espèces présentes ici, mais ces échantillons viennent de je ne sais où… »

Léo : « Ils ont des noms bizarres… »

Le chevalier : « Souvent les noms d’espèces sont compliqués… Il y a d’autres parties de Trilobites ici, regardez… »

77.1 33 Trilobite Céphalon 77.1 34 Trilobite joue

Léo : « Mmm… A gauche c’est un céphalon… Et à droite… Qu’est ce que ça peut être ? … Une joue ? C’est ça chevalier ? C’est une joue de trilobite ? »

Le chevalier : « Je pense. »

Max : « Il est fort ce Léo ! »

Le chevalier : « On se demande qui forme qui ! »

Léo : « C’est Maxou qui me forme ! Il est maître-assistant lui ! Et il connaît des tas de choses… Moi je connais juste un peu les zoisos. »

Max : « Voilà ! Il recommence à euphémiser ! Il est terrible ce Léo ! Je connais juste un peu les zoisos… Pfff !!! Bon, on voit quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas ! Sortez de la grotte et allez explorer ! »

Max : « On y va ! »

Léo : « Viens voir Max ! »

Max : « Tu es déjà là-haut ! J’arrive ! Qu’est ce que tu as vu ? »

Léo : « Des galets bizarres ! Il y en a plein ! »

77.1 36 Nodules siliceux 77.1 37 Nodules siliceux

Max : « BONOME ! Viens voir ! Léo a trouvé des galets bizarres ! »

Le chevalier : « Vous avez trouvé une lentille de nodules siliceux ! »

Max : « Tu expliques ! »

Le chevalier : « Ces nodules se sont formés par précipitation de silice autour d’un nucléus. »

Max : « Tu fais des progrès, toi ! Je comprends encore moins après ton explication ! »

Le chevalier : « 🙂 Dans l’eau, il y a un peu de silice. C’est un oxyde de silicium (SiO2). Mais la silice est très peu soluble alors elle se dépose rapidement sur un objet quelconque. Cet objet, appelé nucléus, peut être un grain de sable ou un fossile. »

Max : « Il y a des fossiles dans les galets ! Prends-les et casse-les qu’on voit les fossiles ! »

Le chevalier : « Tu serais déçu ! Le fossile qui sert de nucléus n’est en général qu’un petit fragment de coquille. »

Léo : « Mais pourquoi il y a des endroits avec plein de nodules et qu’il y en a très peu ailleurs ? »

Le chevalier : « Ils sont regroupés lors de tempêtes. »

Max : « Encore une tempête ! Il y a eu plein de tempêtes ! »

Le chevalier : « Max, nous n’avons vu que quelques traces de tempêtes alors que nous avons observé des roches qui se sont formées en plus de 30 millions d’années ! »

Léo : « On a déjà marché 30 millions d’années depuis hier ? »

Le chevalier : « 😀 Oui mon Léo, nous avons déjà marché 30 millions d’années depuis hier ! Bon, je crois que nous avons bien étudié les schistes de Postolonnec. J’aimerais maintenant aller voir le contact avec les grès armoricains. »

Max : « Ils sont où ces grès ? »

Le chevalier : « Là-bas ! Vous voyez ? La pointe blanche qui dépasse des schistes. »

Max : « Tu peux la zoomer et nous montrer ? »

Le chevalier : « Voilà ! »

77.1 38 Schistes inférieurs 77.1 39 Grès armoricains

Max : « Le gros caillou tout là-haut, on dirait une tête de princesse, avec un diadème et les cheveux longs… »

Léo : « Max… Tu vas pas bien dans ta tête ! Tu vois Princesse partout ! Chevalier, c’est eux les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui. Ils datent de l’Arenig moyen. »

Léo : « Arénig ? »

Le chevalier : « Oui Arénig. Entre 485 et 470 millions d’années. »

Léo : « Rholala ! C’est de plus en plus vieux ! »

Max : « Bonome, il faut aller tout là-bas ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Le trajet va être un peu acrobatique par endroits. »

Max : « J’aime pas ça ! »

Le chevalier : « Au retour la marée sera plus basse. Nous pourrons passer par la plage. Allez ! En route ! »

77.1 40 L'arche

Max : « Là tu peux pas passer ! Il y a trop d’eau ! »

Le chevalier : « Il suffit de passer sur le côté. Par la droite ! »

Max : « Et tu vas faire comment ? »

Le chevalier : « Je vais faire l’escalade ! Un petitours qui est de mes amis aime beaucoup faire l’escalade 🙂 »

Max : « Un petitours ! De la famille des Petitursidés, ordre des Peluchiformes. PE-LU-CHI-FORMES ! TU COMPRENDS ! UNE PELUCHE ! ÇA PEUT PAS ÊTRE TOUT CASSÉ DEDANS UNE PELUCHE ! »

Le chevalier : « Un bonome non plus 🙂 Viens mon Maxou. »

Max : « Non, moi je me poche. Je veux pas voir ça ! Je veux plus rien voir ! Tu es fou dans ta tête ! Tout ça pour des cailloux ! »

Le chevalier : « Regarde comme c’est beau ! »

Léo : « C’est vrai que c’est beau ! Regarde Max ! »

Max : « Non, je veux pas voir. Je reste dans la poche. Je sais bien ce que je verrai : soit un risque de ploufage, soit un risque de tombage. J’en ai assez. »

77.1 41 Après l'arche

Léo : « Tant pis ! Tu verras pas le zoiso ! »

Max : « Tu dis ça pour me faire sortir ! »

Léo : « Non, je dis ça parce qu’il y a un zoiso ! Même que c’est un pipit maritime. »

Max : « Anthus petrosus ? »

Léo : « Lui-même ! Regarde ! »

77.1 42 Pipit maritime 77.1 43 Pipit maritime
77.1 44 Pipit maritime 77.1 45 Pipit maritime

Max : « Oulala ! Anthus petrosus ! J’aime bien tes fotos bonome 🙂 »

Léo : « Tu sors de la poche ? Viens, on risque rien ici. »

Max : « D’accord. Mais on fait attention… Bonome ! Viens voir ! Il y a un morceau de trilobite ! »

77.1 46 Les petizours et le fossiles 77.1 47 Leur fossile

Le chevalier : « Belle trouvaille ! »

Max : « Et dessus il y a d’autres Arthropodes ! »

Léo : « Ou ça ? »

Max : « Ben dessus ! Les petits machins blancs. »

Léo : « Ils ont pas des pattes ! C’est pas des Arthropodes ! »

Max : « Ben si ! Ils ont des pattes dans leurs carapaces. Bonome m’a déjà expliqué. C’est des balanes ou des chtamales. (Ça se dit ktamales.) Et si tu marches dessus c’est là chtamale 🙂 »

Le chevalier : « Je ne pensais pas que tu oserais la refaire ! »

Max : « Léo la connaissait pas 🙂 »

Léo : « Et je m’en passais très bien 🙂 »

Le chevalier : « Je te comprends Léo. Allez, on avance… »

77.1 48 Objectif grès armoricains 77.1 49 Bonome va pas là

Max : « Non, je suis plus d’accord. Si tu escalades cette dalle je retourne au château ! Je veux plus être ton petitours. C’est pas raisonnable du tout. Je veux pas. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Je m’arrête là. De toutes façons le contact entre les schistes inférieurs de Postolonnec et le sommet des grès armoricains est presque impossible à voir. La sédimentation a changé progressivement. Il n’y a pas de limite nette. Ne retourne pas au château Maxou. »

Max : « On s’arrête là ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Pause ? »

Le chevalier : « Pause ! »

77.1 50 La pause 77.1 51 La pause
77.1 52 La pause 77.1 53 La pause

Léo : « C’est beau ! »

Max : « Dis, c’est pas l’île où on va à pieds d’ici en Bretagne qu’on voit tout là-bas ? »

Le chevalier : « Si. Si tu ne la confonds pas avec le petit îlot ! »

Max : « Ah oui ! J’avais confondu 🙂 Elle est presque attachée à la pointe, l’île ! On voit à peine que c’est une île. »

Léo : « De là-bas à ici il y a 50 millions d’années ! Ça fait beaucoup quand même. »

Le chevalier : « Dites les petizours, il va falloir retourner à notre monture. »

Léo : « Pas tout de suite. »

Max : « On profite du paysage. »

Léo : « Caféine-toi en attendant. »

Max : « Et regarde la mer. »

Léo : « C’est beau la mer. »

Le chevalier : « D’accord, regardons la mer. »

Max : « Bonome, je peux te poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Tu aimes cavaler comme ça sur les rochers ? »

Le chevalier : « Tu vas encore me gronder parce que c’est dangereux ? »

Max : « Non. J’ai vu comment tu fais. J’ai remarqué que tu préfères ploufer ton pied dans un flaque parce qu’au fond il y a du sable plat et que ça t’évites de faire un grand pas dangereux. J’ai vu comme tu ranges tes appareils et tes petizours pour libérer tes mains dans les passages acrobatiques. J’ai remarqué que tu restes accroupi plutôt que debout sur certains rochers pour que ton centre de gravité soit le plus bas possible. Tu choisis bien tes appuis après avoir regardé partout. J’ai compris que tu faisais très attention. Tu es prudent à ta façon. Je vais pas te gronder. »

Le chevalier : « 🙂 Merci Maxou. »

Max : « Mais quand même, c’est très fatiguant. Et puis il fait pas toujours beau. Il y a des averses. Tu as les pieds trempés… ça te plaît vraiment ? »

Le chevalier : « oui Maxou, ça me plaît vraiment. Fais le bilan de ce que nous avons vu depuis ce matin. Des fleuves qui apportent des sédiments dans une mer calme et peu profonde. Des changements climatiques… Nous avons vu une calotte polaire s’étendre et disparaître. Nous avons vu des vers creusant leur terriers dans les sédiments meubles, des trilobites marcher sur les fonds marins ou nager entre deux eaux, des Bivalves filtrer l’eau et des Gastéropodes brouter les algues… Nous avons vu des roches magmatiques venir se loger au sein des sédiments et provoquer des explosions… et des tempêtes qui ont provoqué des accumulations de galets et déplacé des tonnes de sable… »

Léo : « C’est vrai qu’on a vu tout ça… La chance ! »

Max : « Tu fais pas ça que pour nous ? »

Le chevalier : « Pour nous trois, si ! »

Max : « Malgré la fatigue et les pieds mouillés ? »

Le chevalier : « Maxou… Si je ne voulais pas me fatiguer je ferais du tricot 🙂 Et ce soir nous serons au sec, alors ce n’est pas bien grave si je suis mouillé. »

Max : « On retourne à la monture pour faire la suite ? »

Le chevalier : « Allons-y ! et en chemin nous nous arrêterons pour regarder les oiseaux. »

Léo : « Ouiiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Prêts à affronter les rochers ? »

Max : « Oui 🙂 Mais tu fais bien attention quand même. »

77.1 54 Le retour 77.1 55 Le retour

Le chevalier : « Voilà ! Le plus difficile est passé. Et si nous faisions une pause pour regarder les oiseaux ? »

Léo : « Oui ! Il y a des Laridés ! J’aime beaucoup les Laridés. »

77.1 56 Goéland argenté 77.1 57 Goéland argenté

Max : « Là c’est un goéland argenté. Larus argentatus. On en voit beaucoup. »

Léo : « Tu as parlé trop fort ! Il s’est sauvé ! Chevalier, on peut s’approcher du groupe là-bas ? C’est plein de Laridés tout mélangés. »

Max : « Bonome… Bonome ? Tu rêves ? »

77.1 58 La mer

Le chevalier : « Non, je me laissais bercer par les vagues… »

Léo : « C’est vrai que c’est beau les vagues mais il y a un zoiso que je reconnais pas. Regarde et dis moi ce que tu en penses s’il te plaît. »

77.1 59 Jeune goéland 77.1 60 Jeune goéland

Le chevalier : « Encore un casse-tête ! C’est un goéland… »

Max : « Ben oui ! On a vu ! Mais c’est quoi comme goéland ? »

Léo : « Laisse-le chercher espèce d’impatient ! »

Le chevalier : « Merci Léo 🙂 Pattes couleur chair… Dos gris pâle avec des tâches plus sombres à la pointes des rémiges… Ce qui me perturbe c’est son bec. Il est fin avec une tâche sombre subterminale… Je dirais que c’est un Larus argenteus de troisième hiver. »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Non 🙂 J’ai du mal avec les différentes classe d’âge des Laridés. »

Max : « Et celui-là ? Avec son petit… »

77.1 61 Goéland marin 77.1 62 Goélands marins

Léo : « Max ! Tu vois bien que c’est un goéland marin Larus marinus. »

Max : « Ben oui ! J’ai vu pour l’adulte ! Mais le petit ? Il a quel âge ? Tu sais toi ? »

Léo : « Mmmm… Moi je dirai juvénile premier hiver. »

Max : « Et toi bonome ? »

Le chevalier : « J’hésite entre premier ou deuxième hiver. Le bec est tout noir… Peut être premier hiver… »

Max : « Il faudrait faire une formation en Laridés. Tu crois que le spécialiste en zoisos de Charentmaritimie voudra bien te faire une formation ? Il est gentil le spécialiste en zoisos. »

Le chevalier : « Je ne sais pas si j’oserai lui demander 🙂 Peut être pourrait-il corriger ton blog ? Je lui demanderai cet été si tu veux. »

Max : « Oh oui ! Parce que je veux pas dire des erreurs. »

Léo : « Mais ça te gêne pas de dire des bêtises ! »

Le chevalier : « 😀 Bon, sur ces belles paroles de Léo, regagnons notre monture et en route vers la suite de nos aventures 🙂 »

Voilà pour cette première partie de journée Princesse. En relisant mon travail je me suis rendu compte que j’avais oublié de présenter des fotos. Léo a eu une bonne idée ! Il a proposé un jeu. C’est le fossile mystère ! Princesse, seras-tu capable d’identifier ces fossiles ?

77.1 65 Fossile mystère 77.1 66 Fossile mystère

Continuer la promenade

76.3 – Le four à chaux et la dune grise

Samedi 27 février (suite)

Le chevalier : « Les petizours ! Nous sommes arrivés au four à chaux ! »

Max (sortant la tête de la poche) : « Mmmmmm… Ondorplu ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Ondorplu ! Allez, venez. »

Léo : « On peut rester dans ta poche avec les yeux qui dépassent ? »

Le chevalier : « Bien sûr. »

76 3 01 Four à chaux

Max : « C’est ça le four à chaux ? Il sert à quoi ? C’est quoi la chaux ? »

Le chevalier : « La chaux est un dérivé du calcaire qui sert dans la construction. Il me semble qu’elle intervient dans la fabrication du ciment. »

Max : « Le ciment, c’est pour coller les pierres les unes aux autres ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais c’est surtout pour répartir la pression uniformément sur toute la surface. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Imaginons que nous ne mettions pas de ciment. Les pierres vont être en contact direct les unes avec les autres. S’il y a un petit relief sur l’une des pierres, toute la pression des pierres accumulées par dessus va s’exercer sur une petite surface. »

Max : « Je comprends ! Ça ferait trop de pression et la pierre se casserait et tout s’effondrerait. Alors il faut du ciment. Mais comment on fait la chaux ? »

Le chevalier : « Tu veux que je t’explique la chaux ? »

Max : « Ben oui, on veut savoir, nous. N’est-ce pas Léo ? »

Léo : « Ben oui puisqu’on est là. On va pas repartir sans savoir le four à chaux quand même. Allez, explique nous. »

Le chevalier : « 🙂 Tout d’abord il faut du calcaire. »

Max : « Il y a pas du calcaire ici. On en a pas vu. »

Le chevalier : « Il y en a juste là. Je vous le montrerai. Le calcaire est cassé en petits morceaux. Puis les chaufourniers empilent des couches de calcaire et de charbon. Ici le chargement du four se faisait par le sommet, appelé gueulard. Puis ils allumaient un feu au pied de l’empilement. Ils devaient maintenir la température à environ 900°C. »

Léo : « Rholala ! C’est pas un four à chaux, c’est un four à très chaud ! »

Le chevalier : « 🙂 Avec la chaleur, le calcaire se transforme en chaux vive. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu aurais pas des formules compliquées pour nous expliquer tout ça ? »

Le chevalier : « Vous voulez faire de la chimie ? »

Léo : « Oh oui ! Fais la chimie ! »

Le chevalier : « Il faut savoir que tout, dans l’univers, est constitué d’atomes. Il en existe un peu plus d’une centaine. La Terre est formée surtout d’oxygène, de silicium, fer, soufre, magnésium, calcium… »

Léo : « Et les zoisos ? »

Le chevalier : « Comme tous les êtres vivants ils sont constitués surtout d’oxygène, hydrogène, carbone et un peu d’autres éléments… Le phosphore et le calcium pour les os… »

Max : « Je suppose que tu nous dis ça pour expliquer la chaux ? »

Le chevalier : « Oui. Le calcaire est un carbonate de calcium CaCO3. Quand on le chauffe il se décompose en oxyde de calcium et dioxyde de carbone (CaO + CO2). L’oxyde de calcium est appelé chaux vive. Il est très dangereux car il brûle la peau. Il faut éteindre la chaux vive avec de grandes quantités d’eau. On obtient alors de la chaux éteinte (CaO + H20 Ca(OH)2). »

Max : « Alors pour faire la chaux il faut : du calcaire, du charbon et beaucoup d’eau. C’est pour ça qu’ils ont fait le four ici. »

Léo : « Mais il y en a pas du charbon ici, Max. »

Le chevalier : « Non, mais il pouvait arriver par la mer et la chaux pouvait être expédiée par voie maritime. »

Max : « Alors il est très bien placé ce four. On pourra le dire à Princesse. Bon, si Léo a pas de questions, je propose qu’on reprenne la géologie. »

Léo : « Non, j’ai pas de questions. Mais c’est bien aussi, la chimie. »

Max : « Euh… Il date de quand ce four à chaux ? »

Le chevalier : « Des années 1840, quelque chose comme ça… Mais les fours à chaux existent depuis environ 2000 ans. »

Max : « Tu as assisté à leur création alors ! Merci bonome 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Venez, les roches que je veux vous montrer ne sont pas loin… Voilà… »

76 3 02 Affleurement 76 3 03 Affleurement détails

Max : « Oulala ! Je comprends rien du tout, moi ! »

Le chevalier : « Je suis là pour vous expliquer. Approchons… Voilà, c’est plus lisible comme cela. Alors en haut à gauche, vous voyez les schistes et calcaires de Rosan et dessus, sous forme plus massive, ce sont des roches volcaniques. »

Max : « C’est encore un volcan qui explosait tout le temps ? »

Le chevalier : « Un peu, mais ici il y eut de réelles éruptions sous marines. Mais commençons par les schistes et calcaires. Vous savez que les calcaires se sont déposés au fond d’une mer chaude et peu profonde. » 76 3 04 Schistes et calcaires

Léo : « Oui, ça, on sait déjà. Et les schistes viennent des argiles. »

Le chevalier : « Oui mes petits géologues. Ces argiles proviennent du continent. Elles ont été apportées par un fleuve. »

Max : « Le Petit Fleuve d’Ici existait déjà ? »

Le chevalier : « Je dirais plutôt qu’il existait déjà un fleuve… Parfois, la sédimentation argileuse était plus importante que la sédimentation carbonatée… »

Max : « Carbonatée ? »

Le chevalier : « Calcaire. Vous savez maintenant que les calcaires sont des carbonates de calcium, et parfois d’un peu de magnésium. On parle donc de sédimentation carbonatée. D’autres fois, les apports par le fleuve étaient de moindre importance. Ceci explique l’alternance de couches de calcaires et de schistes. »

Max : « D’accord. Et les roches volcaniques ? »

Le chevalier : « Regardez les… »

76 3 05 Basaltes 76 3 06 Basaltes

Max : « Il y en a une grosse couche… Peut être 5 mètres d’épaisseur… »

Léo : « Et elles forment des espèces de boules allongées… »

Max : « Et il y a comme une croûte sombre autour des boules allongées… »

Le chevalier : « Vous observez de mieux en mieux. La bordure vitreuse n’est pas très visible. C’est la croûte sombre dont parlait Max. Vos observations indiquent que les laves se sont mises en place lors d’éruptions sous-marines. Des prélèvements ont permis d’analyser la roche. »

Max : « C’est pour ça qu’il y a des tas de trous dans les roches volcaniques ? »

Le chevalier : « Oui mon Maxou. Les géologues ont pu établir qu’il s’agissait de basaltes. »

Léo : « Mais il y avait la mer à l’époque du volcan. Il explosait pas à cause de l’évaporation de l’eau de mer ? »

Le chevalier : « Il y a eu des explosions. Mais quand la lave arrive à la surface, il n’y a plus d’explosions mais une éruption. Si on regarde bien l’ensemble de la falaise, on peut voir qu’il y a eu plusieurs éruptions. »

Max : « Et c’était quand ? »

Le chevalier : « Caradoc et Ashgill, à la fin de l’Ordovicien. »

Léo : « Comme les dolérites ! Tu crois que c’est la lave de ces éruptions qui a pas atteint la surface qui a donné les dolérites ? »

Le chevalier : « C’est possible, mon Léo. Avez-vous des questions ? »

Max : « Non. Tu as bien tout expliqué. »

Léo : « Oui, j’ai tout compris. Mais il va falloir que je révise si tu veux nous faire une interro. »

Le chevalier : « Il n’y aura pas d’interro 🙂 Mes petizours, que diriez-vous d’aller à la recherche de beaux oiseaux ? »

Max : « Tu veux aller aux zoisos ? »

Le chevalier : « Oui, le long du Petit Fleuve d’Ici… »

Léo : « Oh oui ! Allez, on y va ! »

***

Max : « Bonome, tu vas où là ? »

Le chevalier : « Sur le chemin. Pour longer la zone marécageuse et voir des oiseaux. »

Max : « Non non non ! C’est pas un chemin, ça. On a déjà vu des chemins. C’est pas sous l’eau un chemin ! »

Le chevalier : « Nous sommes en hiver. Il pleut… Le chemin est humide… »

Max : « Bonome, quand il y a 5 cm d’eau au dessus de 10 cm de boue on dit pas que le chemin est humide ! On dit même pas que c’est un chemin ! »

Le chevalier : « On ne va pas aux oiseaux alors ! »

Léo : « Si si ! »

Max : « Et ça te fait rien qu’il se ploufe les pieds jusqu’aux aisselles ! »

Le chevalier : « Maxou, tu exagères ! »

Max : « J’exagère rien du tout ! Tu vas être tout crotté et tes pieds seront tout ploufés ! »

Le chevalier : « Poche-toi alors ! »

Max : « Ah ça oui ! Il est hors de question que je mette une patte sur ce chemin ! Viens Léo, et tant pis si il se ploufe les pieds ! Léo ? … »

Léo : « Je regarde le héron cendré… Elle est belle, cette zone marécageuse. Rholala ! »

76 3 07 Héron cendré 76 3 08 Héron cendré

Max : « Regardez, on voit le four d’ici ! Et là… Il y a des Ardéidés ! »

76 3 09 Le four à chaux 76 3 10 Ardéidés

Léo : « Le héron cendré et une aigrette garzette ! »

Max : « Ardea cinerea et Egrette garzetta. »

Léo : « Rholala… C’est bien la Bretagne ! »

Le chevalier : « Chut ! »

Max : « Pourquoi chut ? Pourquoi tu avances comme un fantôme ? »

Léo : « Qu’est ce que tu as vu ? »

Le chevalier : « Un chevalier… »

76 3 11 Chevalier aboyeur 76 3 12 Chevalier aboyeur

Léo : « Rholala… »

Max : « C’est qui ce chevalier ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… »

Léo : « Max, tu fais voir ton beau livre ? »

Max : « Non ! Je veux pas qu’il ploufe ! »

Le chevalier : « Je dirais que c’est un chevalier à pattes jaunes ou un chevalier aboyeur. »

Max : « On regardera ce soir dans la cabane. »

Léo : « Tu l’as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui oui 🙂 »

Le soir on a bien regardé dans mon beau livre de zoisos mais on était pas sûrs. Bonome pensait au chevalier à pattes jaunes (Tringa flavipes). Léo, lui, voyait plutôt un chevalier aboyeur (Tringa nebularia). Alors on a décidé de demander à Brindille. J’ai fait une page secrète pour elle dans mon blog avec des fotos. Et elle a répondu que c’était un chevalier ouaf ouaf 🙂 Parce que quand Chien il aboie, il fait ouaf ouaf 🙂 On a bien re regardé les fotos. Et c’est vrai qu’il a pas les pattes jaunes ce chevalier. Et le bout de son bec est un peu penché vers le haut. Alors on était d’accord avec Brindille. Voilà Princesse. On connaît un chevalier de plus 🙂 Mais un chevalier Scolopacidés. Pas un chevalier comme bonome 🙂

Max : « Bonome ! Bonome ! Regarde ! Il y a des courlis ! Il faut tout zoomer ! »

Léo : « Rholala… On en voit des beaux zoisos… La chance ! »

76 3 13 Courlis cendrés 76 3 14 Courlis cendrés

Max : « Cendrés ou courlieu ? »

Le chevalier : « Cendrés. »

Max : « Tu peux redonner leur nom en scientifique s’il te plaît ? »

Léo : « Numenius arquata ! On en a vu tout à l’heure ! »

Max : « Oui, ben j’ai oublié ! Oulala ! »

Le chevalier : « Bon, j’en ai assez de ce chemin. Retournons à notre monture et allons dans la dune grise. »

Léo : « Il y a des zoisos dans la dune grise ? »

Le chevalier : « J’espère, Léo. C’est pour ça que je vous y emmène. »

Max : « Bonome, tu entends ? »

Le chevalier : « 🙂 Oui 🙂 »

Max : « Et c’est pas Léo ! Il y a des grébous ! Viens, on va les chercher ! »

76 3 15 Grèbes castagneux

Léo : « Oh zut ! Ils sont loin ! »

Max : « C’est pas grave ! Bonome, faut les fotoer. »

Le chevalier : « Léo a raison. Ils sont loin. Les fotos ne seront pas belles. »

Max : « TU LES FOTOES ! ON S’EN FICHE QU’ELLES SOIENT BELLES OU PAS ! »

Le chevalier : « D’accord mais ce n’est pas la peine de crier. Pourquoi autant d’insistance ? »

Max : « Ben, comme ça on pourra donner des nouvelles des grébous bretons à nos grébous à nous 🙂 On leur montrera les fotos ! »

Le chevalier : « 🙂 Bon, pochez-vous. Il faut chevaucher jusqu’à la dune. »

Max : « On peut pas traverser le Petit Fleuve d’Ici ? »

Le chevalier : « Si Maxou. Je l’ai fait l’an dernier. Une quarantaine de pas avec de l’eau jusqu’à mi-cuisses… »

Max : « Tu as fait ça ? Et tu étais tout seul ? Tu es fou dans ta tête ! Je veux pas que tu fasses ça ! Ou je te dénonce à Princesse : comportement dangereux mettant en danger la vie d’un grand chevalier ! Elle te mettrait en prison. »

Le chevalier : « Et qui te fournirait le chocolat ? »

Max : « Pfff… Bonome, Léo s’est déjà endormi 🙂 »

Le chevalier : « Cette journée est bien trop chargée… Moi aussi je suis fatigué. Et j’ai les pieds trempés. »

Max : « Forcément. Tu as vu le chemin de tout à l’heure ? C’était une gigantesque flaque d’eau et de boue ! Je t’avais prévenu. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Réveille Léo. Nous sommes arrivés. »

Max : « Léo… Léo… … Oh le beau zoiso ! »

Léo : « Mmmmm… Un zoiso ? Iléou ? »

Max : « Voilà ! Léo est réveillé 🙂 »

Léo : « Je dormais même pas ! »

Le chevalier : « Regardez la dune grise… »

76 4 01 Dune grise 76 4 02 Dune grise

Max : « C’est très beau. Mais pourquoi tu dis la dune grise ? »

Le chevalier : « Côté mer, la végétation est peu abondante. Le sable est assez pur et paraît presque blanc. On parle de dune blanche. Ici, nous sommes un peu en retrait. Le vent est moins fort. La végétation s’est un peu développée et, en se décomposant elle a donné un peu d’humus qui s’est mélangé au sable. Il n’est plus blanc mais gris. »

Max : « D’accord. Mais on fera la botanique cet été. Tu nous trouveras bien une dune grise quelque part. Là, il faut vite trouver des zoisos sinon Léo va dodoer. »

Léo : « Je vais pas dodoer. Il y a un merle noir quelque part. Je l’entends. »

Max : « Un merle noir ? Turdus merula, Turdidés ? »

Léo : « Oui, Turdus merula, Turdidés. Je reconnais son chant. Tu l’entends pas ? »

Le chevalier : « Il est là-bas. Je l’ai fotoé. »

76 4 03 Merle noir 76 4 04 Merle noir

Max : « Il est loin et on le voit pas bien mais j’aime bien tes fotos. »

Le chevalier : « Maxou, tu dois être fatigué. »

Max : « Pourquoi tu dis ça ? »

Le chevalier : « Tu m’as dit une parole agréable 🙂 … Et celle-ci ? Elle te plaît aussi ? »

76 4 05 Tarier patre

Max : « C’est un tarier patre ! »

Léo : « Oui, j’en ai vu plusieurs. Ils arrêtent pas de se sauver. Je pensais pas que tu arriverais à en fotoer un. C’est Saxicola torquatus ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Léo : « Et c’est un Muscicapidé. Mais je sais pas l’imiter. »

Max : « OUF ! »

Léo : « Et le zoiso qui chante fort ? On dirait qu’il est partout autour de nous… Tu le connais chevalier ? On pourrait le trouver ? »

Le chevalier : « Je pense reconnaître son chant. Si je pense juste, il sera difficile à voir… »

Léo : « Mais tu vas y arriver 🙂 Pour tes petizours… »

Max : « Allez, cherche bonome, cherche… »

Le chevalier : « Max ! Tu me prends pour un chien ? »

Max : « Ben non ! Tu es pas quadrupède et on te monte pas sur le dos. Et puis tu mangerais pas les friandises de Chien 🙂 »

Le chevalier : « Mouai… Faites silence et mettons nous en quête de ce zoiso… »

Max : « Zutalor ! Il s’est envolé ! »

Léo : « Chuuut ! »

Le chevalier : « … »

76 4 08 Alouette des champs 76 4 09 Alouette des champs

Léo : « Rholala… Il est bôôô… »

Max : « Tu le connais ? Tu nous présentes ? »

Le chevalier : « Il me semble que c’est une alouette des champs, Alauda arvensis, Alaudidés. Max, Léo, je vous présente l’alouette des champs. L’alouette des champs, je te présente les petizours Max et Léo. »

Max : « Bonjour Alouette des champs. Mais ! Il faut pas te sauver ! Pfff… Elle a cru qu’on allait lui chiper son manger… »

Léo : « Elle mange quoi l’alouette ? »

Le chevalier : « Des insectes, des larves, des graines… »

Max : « Comme tous les passereaux… »

Léo : « Il est long son chant. Je crois pas que j’arriverai à le reproduire. »

Max : « Chouette ! Deuxième zoiso que tu imiteras pas ! »

Léo : « J’en connais plein d’autres… Dis chevalier, c’est normal de la voir ici, l’alouette des champs ? Parce que la dune grise, c’est pas vraiment un champ. »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 Elle apprécie les milieux ouverts : champs, prairies, marais, dunes… mais évite les zones boisées. »

Max : « Et c’est normal de la voir faire des vols bizarres ? Regardez… »

Le chevalier : « Dommage que je ne puisse pas filmer… Oui, c’est normal. C’est probablement un mâle. »

Max : « Parce que chez les alouettes des champs, les mâles sont fous dans leur tête ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Le mâle chante au-dessus de son territoire dans un rayon d’une cinquantaine de mètres autour du nid. »

Léo : « C’est un nid au sol ? »

Le chevalier : « Oui, un petit trou dans le sol tapissé d’herbes, de poils et de plumes… »

Léo : « Regarde où tu marches alors ! Il faudrait pas abîmer des nids. »

Le chevalier : « As-tu remarqué que je restais sagement sur les chemins ? »

Max : « Des VRAIS chemins ! Pas des flaques ou des mares… »

Léo : « Oui mais pour pas sortir du chemin, il marche quand même dans les flaques. »

Max : « Et ses pieds sont tout ploufés ! Bonome, ça m’étonnerait pas que tu attrapes la maladie. »

Le chevalier : « Non. Je me sécherai les pieds après la toilette dans la rivière. Le froid ne rend pas malade. Les pieds mouillés non plus. »

Léo : « Tu peux reprendre le vol de l’alouette s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui. Le mâle défend son territoire en le survolant et en chantant. Mais en ce moment, ce sont peut être des vols nuptiaux. »

Max : « Déjà ? Mais on est en février ! »

Le chevalier : « Et alors ? Les couples se forment tôt. Le mâle vole très haut. Enfin, pour une alouette… Puis il descend en spirales, en alternant vol battu et vol plané, mais toujours en chantant. Puis il se laisse tomber au sol où il continue la parade… »

Léo : « Rholala… J’aimerais bien voir cette parade. »

Max : « Moi aussi ! »

Le chevalier : « Nous avons déjà eu de la chance de voir cette alouette. C’est un oiseau qui a la réputation d’être difficilement visible. On l’entend bien mais on le voit peu. Tiens, nous arrivons déjà sur le sable… »

Léo : « Il y a des Laridés ! On va les voir ? »

Le chevalier : « De loin. Ils se reposent et je ne voudrais pas les déranger. »

76 4 10 Laridés 76 4 11 Laridés

Max : « C’est des Laridés tout mélangés… »

Léo : « Ce sont surtout des goélands marins… »

Max : « Et des argentés… »

Léo : « Avec les jeunes… Oh ! »

Max : « Quoi ? Oh ? »

Léo : « Ben là ! Regarde ! Chevalier, tu as vu ? »

Le chevalier : « Un goéland brun, avec ses pattes jaunes. »

Max : « Larus fuscus, Laridés ? »

Léo : « Ben oui ! Larus fuscus, Laridés 🙂 »

Max : « On a déjà vu 5 espèces de Laridés : La mouette qui rigole, la mouette mélanocéphale, les goélands argentés et marins et maintenant un goéland brun… »

Léo : « La chance ! »

Le chevalier : « Bon, laissons-les se reposer et rentrons. »

Max : « Oui, rentrons. »

Le chevalier : « Max, c’est la première fois que tu acceptes de si bon cœur de rentrer. D’habitude tu ne veux pas. »

Max : « Bonome, ça fait des jours qu’on marche ! On a exploré la falaise, l’autre falaise, une île, un four à chaux, la dune… On s’est promenés de l’Ordovicien au Silurien… On est allés se noyer sur un chemin inondé pour voir des zoisos… Tu as marché au bord d’une falaise… Alors oui ! Je suis d’accord pour rentrer. »

Léo : « Oui, Maxou a raison. On a marché des jours aujourd’hui… On rentre ? »

Le chevalier : « D’accord. Le temps de retraverser la dune et de chevaucher jusqu’à la cabane. »

Léo : « On regarde quand même les zoisos ? »

Max : « Ben oui ! … Bonome ! Regarde ! On voit le vent ! Il est venu nous voir ! On peut s’asseoir pour l’écouter un peu ? »

Le chevalier : « Tu ne veux plus rentrer ? »

Max : « Après ! Le vent est venu nous voir alors on peut l’écouter un peu quand même ! C’est notre ami, le vent. »

76 4 12 Le vent

Alors bonome s’est assis sur le sable. Léo et moi on s’est installés sur ses genoux et on a écouté. On a écouté les belles histoires du vent. Il a d’abord dit qu’il était content de nous accueillir ici. Parce que même si il est présent partout, la Bretagne, c’est un peu son territoire. Il peut souffler très fort depuis la Grande Mer Atlantique. Et puis il aime porter les Laridés et les regarder planer dans ses bourrasques. Après il a dit qu’il nous avait entendus parler des grosses tempêtes du Silurien d’il y a 410 millions d’années… Alors il nous a raconté un peu. Mais on doit pas répéter. On peut juste dire qu’à l’époque il soufflait beaucoup plus fort. Ensuite il nous a souhaité un bon séjour en Bretagne et nous a assuré qu’il nous accompagnerait partout et qu’il veillerait sur nous. On lui a pas dit au revoir parce qu’il restait avec nous. C’est notre ami le vent et on est toujours content d’être avec ses amis.

Le chevalier : « Mes petizours, cette fois nous rentrons. »

Léo : « On peut pocher ? »

Le chevalier : « Oui, installez-vous confortablement. »

Max : « Bonome, ce serait pas encore une alouette des champs ? »

76 4 13 Alouette des champs 76 4 14 Alouette des champs

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Et tu as dit qu’elles se montraient pas ! »

Le chevalier : « Elles sont effectivement difficiles à voir. »

Max : « Tu parles couramment l’alouette alors. C’est gentil de leur avoir dit de venir. Tu les remercieras discrètement. »

Léo : « Chevalier, c’est un merle là-bas, sur les arbustes ? »

Le chevalier : « Je vais le zoomer. »

76 4 15 Merle noir 76 4 16 Merle noir

Léo : « J’aime beaucoup les merles. Ils chantent bien et ils sont rigolos : ils ont les ailes légèrement écartées et, souvent, ils redressent la queue ! On les reconnaît bien. »

Max : « Ben oui, ils sont tout noirs avec le bec et le tour de l’œil jaunes. »

Léo : « Je parlais de leur silhouette ! On sait que c’est un merle avant de voir son bec jaune. »

Après le merle noir, on a plus rien vu du tout. On était trop fatigués. Bonome a chevauché doucement pour pas nous secouer. En arrivant, on dormait tous les deux. Il nous a réveillés en nous caressant le front parce qu’on devait faire la page secrète pour Brindille. En attendant sa réponse on a regardé les fotos. Mais nos yeux se fermaient tout seuls. Heureusement elle a répondu rapidement. Elle est gentille Brindille.

Max : « Bonome, on peut aller se coucher. »

Le chevalier : « Bien sûr. Allez-y, installez-vous, je vous rejoints pour le câlin du soir. »

Max : « Pas la peine bonome, on dormira déjà. »

Il est venu quand même, j’en suis sûr. Et il nous a caressé le front et fait notre bizou de bonnuit même si on dormait déjà.

Voilà Princesse, notre première journée en Bretagne. J’espère que tu vas bien. Je t’embrasse Princesse.

Continuer la promenade

76.2 – La pointe de Raguenez et l’île de l’Aber

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonome, on va où maintenant ? »

Le chevalier : « A la pointe de Raguenez et sur l’île de l’Aber. »

Max : « On va faire la géologie encore ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Et on va voir quoi ? »

Le chevalier : « Des traces du volcanisme datant de l’Ordovicien. »

Max : « C’est vieux l’Ordovicien ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Entre 500 et 435 millions d’années avant nos jours. »

Léo : « Rholala ! C’est de plus en plus vieux ! L’Ordovicien c’est encore avant le Silurien. Rholala ! »

Max : « Bonome, pourquoi tu nous as pas montré la géologie dans l’ordre chronologique ? »

Le chevalier : « Bonne question 🙂 Et ça va être comme cela pendant tout le séjour 🙂 Je ne sais pas. Je vais là où j’ai envie. »

Max : « Le chevalier solitaire et sa liberté chérie 🙂 Tu changeras jamais 🙂 »

Le chevalier : « Pourquoi devrais-je changer ? Ne suis-je pas déjà parfait ? »

Max : « Oui, je sais, la perfection est ton seul défaut… Tu en as pas assez de dire des bêtises ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Nous sommes arrivés. Descendez de notre monture. »

Max : « Tu nous prends pas dans tes bras ? Zutalor ! »

Le chevalier : « Allez, venez mes petizours. Regardez moi ce paysage ! »

Léo : « Rholala ! Comme c’est beau ! »

Max : « Oulala ! Il a raison Léo ! C’est très très beau ! »

Léo : « La chance… »

76 2 01 Pointe de Raguenez 76 2 02 Pointe de Raguenez 76 2 03 Plage de l'Aber

Le chevalier : « A gauche vous voyez la plage du Poul et la pointe de Tréboul. Devant vous c’est l’île de l’Aber… »

Max : « L’île où l’on va à pieds d’ici en Bretagne 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Et à droite c’est la plage de l’Aber et la falaise que nous venons de quitter. Avançons un peu… »

76 2 04 Pointe de Raguennez

Max : « Heu… Bonome, il y a encore beaucoup d’eau dans la mer. Tu es sûr que la marée descend ? Tu vas pas aller te ploufer quand même ? »

Le chevalier : « Non, je ne vais pas me ploufer et oui Max, la marée descend. Ne t’inquiète pas. Voulez vous voir une carte géologique simplifiée du secteur que nous allons explorer ? »

Léo : « Oh oui ! Montre nous s’il te plaît. »

Le chevalier : « Voilà. »

Léo : « C’est toujours beau comme ça une carte géologique ? »

76 2 05 Carte simplifiée

Le chevalier : « Nous n’allons pas relancer le débat mon petit Léo, mais je crois bien que la beauté est dans l’œil de celui qui regarde. »

Léo : « Il y a des gens qui ne trouve pas ça beau ? »

Max : « Ben oui ! Tu sais bien ! Bon, elle est belle cette carte mais je comprends pas tout, moi. Filon de quartz, dolérite, tufs à lapilli… Tu vas nous expliquer tout ça. Allez, on attaque 🙂 »

Le chevalier : « Descendons… »

Max : « Fais attention bonome ! C’est tout boueux ! Oulala et en bas c’est plein de galets… Pfff… »

Le chevalier : « Voilà… Nous sommes face à la pointe de Raguenez constituée de calcaires et de tufs. »

Léo : « Tu expliques s’il te plaît ? »

76 2 04 Pointe de Raguennez

Le chevalier : « Bien sûr. Les calcaires sont des roches qui se forment souvent au fond des mer par accumulation de tests d’algues microscopiques. »

Max : « C’est quoi un test ? »

Le chevalier : « On pourrait appeler ça coquille. »

Max : « Quand on gravera mon blog, tu pourras mettre des fotos des tests d’algues calcaires s’il te plaît. Comme ça, Princesse comprendra mieux. »

Le chevalier : « Si tu veux Maxou… Je mettrai des coccolithes de la craie du Crétacé. »

Max : « Pourquoi le Crétacé ? C’est l’ère secondaire. Ici on est à l’ère primaire. »

Le chevalier : « Il est plus facile de trouver des images de coccolithes du Crétacé… »

images index

Le chevalier : « Je reprends : Certaines algues microscopiques fabriquent une coquille calcaire. Quand les algues meurent, leur coquille se déposent au fond de la mer. Elles s’accumulent, se compactent, l’eau est évacuée et, petit à petit, une roche calcaire se forme. Ce phénomène se produit plutôt dans les mers chaudes et peu profondes. »

Max : « D’accord. On est quand là, déjà ? »

Le chevalier : « A la fin de l’Ordovicien, dans une série appelée Ashgill. »

Léo : « C’est quoi la série ? »

Le chevalier : « Le découpage de base de la chronostratigraphie est l’étage. »

Max : « Oui ! Je connais les étages ! Tu sais bien Léo, j’ai expliqué les étages dans mon blog. On en a discuté avant de venir en Bretagne. »

Léo : « Oui, mais la série ? »

Max : « C’est un regroupement d’étages. »

Léo : « Alors pendant l’Ashgill, ce morceau de croûte terrestre était recouvert par une mer chaude et peu profonde riche en petites algues calcaires unicellulaires. »

Max : « Il résume bien Léo 🙂 Il a bien résumé. C’est un résumeur 🙂 »

Le chevalier : « Et toi tu es un petit plaisantin 🙂 »

Max : « Il y a que tonton Éric qui peut comprendre 😉 »

Le chevalier : « 🙂 Venez voir les calcaires… On voit bien la succession des couches. L’origine sédimentaire de ces roches se lit dans leur disposition. »

76 2 07 Calcaires et tufs de Rosan 76 2 08 Tufs et calcaires de Rosan

Max : « Pourquoi il y a des boules par endroits ? »

Le chevalier : « C’est dû à l’érosion. Des fractures apparaissent et découpent les couches en blocs plus ou moins parallélépipédiques. L’érosion par l’eau émousse les angles et des boules apparaissent. »

Max : « D’accord. On a compris les calcaires. »

Léo : « Mais tu as pas expliqué les tufs. »

Le chevalier : « Il s’agit ici de tufs volcaniques. Ce sont des roches constituées par des accumulations de projections volcaniques en fragments de quelques millimètres pouvant contenir des blocs ou des cendres, et consolidées sous l’action de l’eau. »

Max : « On arrive au volcan 🙂 »

Le chevalier : « Oui, mais ce n’est pas la montagne conique coiffée par un cratère qui crache de la lave que tout le monde imagine… Ici, les éruptions ont eu lieu sous l’eau. C’est un volcanisme de distension. La plaque tectonique s’est étirée et affinée. Par conséquent les roches du manteau, en dessous, ont été soumises à une pression plus faible et ont en partie fondu. On estime à 1 % environ la fusion des roches. La roche fondue est appelée magma. Il est essentiellement liquide mais contient des gaz dissous et des fragments de roches solides. Comme le magma est moins dense que les roches qui l’entourent, il remonte. Au fur et à mesure de sa remontée, les gaz dissous forment des bulles de plus en plus grosses. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Parce que la pression diminue. C’est comme quand on ouvre une bouteille de soda. En ouvrant, on fait baisser la pression dans la bouteille. Si on tourne un peu le bouchon, la pression baisse doucement et les gaz forment des petites bulles. Si on ouvre brutalement, les gaz forment d’énormes et nombreuses bulles. »

Max : « D’accord. Plus le magma remonte, plus la pression baisse et plus les bulles sont nombreuses. Mais les bulles, en remontant, elles doivent entraîner le magma, non ? »

Le chevalier : « Tout à fait. Et donc la remontée est de plus en plus rapide. Au fur et à mesure de sa remontée, le magma perd ses bulles et devient de la lave. Et c’est la lave qui arrive à la surface, entraînée par les gaz. »

Léo : « Et il y a une éruption volcanique ! »

Le chevalier : « Normalement, oui. Mais n’oubliez pas qu’ici, il y avait la mer. Et donc de l’eau. En remontant, le magma doit fracturer les roches pour se frayer un passage. Des failles apparaissent. Et l’eau de mer peut s’engouffrer dans ces failles. Et quand l’eau de mer rencontre la lave… »

Léo : « Tu as pas dit la température de la lave. »

Le chevalier : « Environ 1200°C. »

Léo : « Si l’eau rencontre la lave, elle s’évapore immédiatement alors ! »

Le chevalier : « Oui ! Et il se forme une énorme quantité de vapeur qui fait exploser tout ce qu’il y a au dessus. Et la lave est pulvérisée. Ce ne sont que des fragment déjà presque solidifiés qui se déposent au fond de l’eau. Ils se soudent et donnent un tufs dans lequel on peut observer des morceaux de roches volcaniques un peu plus grands. En dessous de 2 mm les fragments sont appelés cendres. Entre 2 et 64 mm ce sont des lapillis et au delà de 64 mm ce sont des bombes. »

Max : « Tu veux pas nous montrer les tufs volcaniques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Venez… »

76 2 10 Tufs et calcaires de Rosan 76 2 11 Détail

Le chevalier : « Sur la première foto, vous voyez les alternances de calcaires et de tufs. Cela veut dire qu’il y a eu de nombreuses éruptions explosives séparées par des périodes de calme au cours desquelles le calcaire s’est déposé… Regardez maintenant les détails d’une couche de tuf. »

76 2 12 Détail avec les petizours

Max : « Les gros morceaux blancs c’est des lapillis ? »

Léo : « Ou des bombes ! Ça dépend de la taille. »

Max : « Pourquoi il y a des petits trous dans les lapillis ou les bombes ? »

Le chevalier : « Ce sont des bulles de gaz qui sont restées piégées. On les appelle des vacuoles. »

Max : « Et le tout orangé, c’est des cendres tout collées. »

Léo : « Max, tu te rends compte ? On est sur des roches volcaniques ! Rholala ! »

Max : « Et le volcan, il arrêtait pas d’exploser ! »

Léo : « C’est bien, la géologie ! Quand on arrive, on voit que des cailloux et après, on sait qu’il y a eu une tempête il y a 410 millions d’années ou un volcan il y a plus de 460 millions d’années. Rholala ! C’est vraiment bien la géologie 🙂 »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Nous allons explorer la côte ouest de l’île. »

Max : « Et pourquoi pas la côte est ? »

Le chevalier : « Parce qu’il n’y a que des cailloux tout cassés, couverts d’algues et tout glissants et que je n’ai pas envie d’aller leur marcher dessus 🙂 »

Max : « Tu es devenu prudent ? »

Le chevalier : « Non, je suis fatigué. La chevauchée a été longue hier et la journée n’est pas terminée. J’ai exploré la côte est l’an dernier. On n’y voit pas grand chose de plus que sur la côté ouest, qui est bien plus facile d’accès. On y va ? Léo… Léo ! »

Léo : « Il y a un zoiso ! Regardez ! C’est un goéland argenté, Larus argentatus. C’est beau les Laridés 🙂 »

76 2 14 Goéland argenté 76 2 15 Goéland argenté

Max : « Il y en a un autre là-bas ! Regardez, il a trouvé quelque chose. Change d’appareil bonome et zoome le fort s’il te plaît ! »

76 2 16 Goéland argenté 76 2 17 Goélands argentés

Léo : « C’est un crabe ! Il a attrapé un crabe ! »

Max : « C’est un crabivore ! »

Léo : « Oups ! Il s’envole ! »

Max : « Il rejoint un jeune ! Il va donner le crabe à son petit ! »

76 2 18 Goélands argentés 76 2 19 Goélands argentés
76 2 20 Goélands argentés 76 2 21 Goélands argentés
76 2 22 Goélands argentés 76 2 23 Goélands argentés

Léo : « Ils se sont envolés ! »

Max : « Ils sont partis ! »

Léo : « Ils ont eu peur qu’on leur vole leur crabe ! »

Max : « Mais on est pas crabivores, nous. On est chocolatophages. »

Le chevalier : « Il faudra un jour que vous m’expliquiez comment des peluches arrivent à être chocolatophages 🙂 »

Max : « Alors toi ! Tu as des peluches qui parlent et qui t’accompagnent partout pour inspecter le Pays des Zoisos… »

Léo : « …qui font l’ornithologie et la géologie… »

Max : « … qui fotoent et qui jumélent… »

Léo : « … et qui font même du chien… »

Max : « … et la seule chose qui te surprend est qu’elles soient chocolatophages ! »

Léo : « Tu trouves pas qu’il est étrange? »

Max : « Je dirais même qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre ! »

Léo : « Chevalier, tu as déjà mangé du chocolat ? »

Le chevalier : « Oui, évidemment. Enfin, quand vous m’en laissez. »

Max : « Et tu te demandes encore pourquoi on est chocolatophages ? Pfff… Allez viens, on va voir la côte ouest de l’île. »

Léo : « Chut… »

Max : « Quoi chut ? »

Léo : « Il y a un goéland marin, Larus maritimus. Il faut pas le déranger. »

76 2 24 Goéland marin 76 2 25 Goéland marin

Max : « C’est vraiment des beaux zoisos, les Laridés. »

Léo : « Chevalier, tu trouves pas que quand Max parle d’un zoiso, on dirait toujours que c’est son préféré ? Tous les zoisos c’est son préféré 🙂 »

Max : « D’accord, je peux rien répondre. Bien joué Léo ! Oh zut on a fait fuir des zoisos ! »

Le chevalier : « J’ai réussi à les fotoer en vol 🙂 »

Max : « Montre moi ! … Montre les a Léo s’il te plaît ! »

76 2 26 Gravelots 76 2 27 Gravelots

Léo : « Merci chevalier ! Ce sont des gravelots ! »

Max : « Petits ou grands ? »

Le chevalier : « La barre alaire blanche sur les ailes est bien nette. Ce sont des grands gravelots. »

Max et Léo (à l’unisson) : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés ! »

Max : « Bonome, regarde la falaise. Il y a un contact bizarre entre deux couches. Tu nous expliques. »

Le chevalier : « Je suis là pour ça ! Alors, à gauche se sont des dolérites. »

76 2 29 Contact dolérites Kermeur 76 2 28 Contact Dolérites Kermeur

Max : « Des dolérites ? C’est quoi des dolérites ? »

Le chevalier : « Ce sont des roches magmatiques. »

Max : « Comme dans les volcans ! »

Le chevalier : « Pas tout à fait. Le magma qui remonte reste parfois bloqué à faible profondeur. »

Max : « Il trouve pas le chemin vers le haut ? »

Le chevalier : « Oui, il n’arrive pas à se frayer un chemin. Ou alors il avance horizontalement… Dans ce cas il cristallise lentement et il donne une roche dite intrusive. »

Léo : « Mais le magma est le même que pour les roches des éruptions pourtant ! »

Le chevalier : « Oui. Mais la durée de refroidissement est plus longue alors il cristallise davantage. Une roche éruptive contient un verre, des cristaux et parfois des vacuoles. »

Max : « Les cristaux et les vacuoles, je comprends. Mais le verre, c’est quoi ? »

Le chevalier : « La partie du magma qui n’a pas cristallisé car le refroidissement a été trop rapide. Les roches intrusives, comme les dolérites, ne contiennent pas de verre, ni de vacuoles. Elles sont entièrement constituées de petits cristaux. Un même magma peut donner du basalte, en surface, ou des dolérites, en profondeur. »

Léo : « La cristallisation dépend du temps de refroidissement et en profondeur, ça refroidit plus doucement. C’est ça ? »

Le chevalier : « Exactement. »

Max : « Alors à gauche c’est une roche magmatique intrusive. Et à droite ? On voit des couches. C’est sédimentaire ? »

Le chevalier : « Ce sont des grès qui appartiennent à la formation de Kermeur. Ils datent du Caradoc. »

Max : « Du Caradoc ? Pas du Perceval ? »

Le chevalier : « 😀 Du Caradoc ! La série située juste avant le Ashgill. »

Max : « Tu fais tout dans le désordre ! »

Le chevalier : « Non, c’est l’inverse de l’ordre chronologique. Nous remontons le temps. »

Léo : « Et c’est quand le Caradoc ? »

Max : « Il l’a dit ! Juste avant le Ashgill ! »

Léo : « Et tu sais de quand ça date peut être ? »

Max : « Heu… Bonome, ça date de quand le Caradoc ? »

Le chevalier : « Autour de 470 millions d’années. »

Max : « Ah ouai ! Quand même ! »

Léo : « On verra du encore plus vieux ? »

Le chevalier : « Oui, bien plus vieux 🙂 Mais pas aujourd’hui. »

Léo : « Bien plus vieux ?! Rholala ! »

Max : « Zutalor ! On a encore fait fuir des zoisos ! »

Le chevalier : « Fotoés ! »

Max : « T’es trop fort ! Montre nous s’il te plaît. »

76 2 30 Pluviers argentés 76 2 31 Pluviers argentés
76 2 32 Pluviers argentés 76 2 33 Pluviers argentés

Léo : « Il y a une tâche noire à l’aisselle ! Ce sont des pluviers argentés ! »

Max : « Je me souviens plus du nom en scientifique 🙁 »

Léo : « Moi non plus 🙁 »

Le chevalier : « Pluvialis squatarola, Charadriidés. »

Max : « Tu n’oublies jamais rien toi ? »

Le chevalier : « Pas trop… Malheureusement… »

Max : « Des mauvais souvenirs ? »

Le chevalier : « Non… De bons souvenirs… »

Max : « Et tu voudrais les oublier ? »

Léo : « Max, je crois que tu es encore indiscret… Regarde plutôt la falaise. »

76 2 34 Formation de Kermeur 76 2 35 Formation de Kermeur

Max : « Ce sont des grès ? Ils sont tout penchés ! »

Le chevalier : « Oui, ce sont les grès de Kermeur. »

Max : « Pourquoi ils s’appellent comme ça ? »

Le chevalier : « Parce qu’ils ont été étudiés pour la première fois dans une petite localité appelée Kermeur. Nous y passerons un jour. »

Léo : « Et ils sont tout penchés parce que les plaques tectoniques sont entrées en collision et que tout a été tout plié. »

Le chevalier : « C’est ça. »

Max : « Les grès, avant, c’était du sable. Et pour qu’il y ait des dépôts de sable il faut soit une mer agitée, soit une plage et donc le bord de la mer. Comment on fait pour savoir ? »

Le chevalier : « Si vous regardez attentivement les dalles de grès vous verrez qu’elles sont couvertes de petites rides. Elles ressemblent à celles qu’on voit sur les plages à marée basse. Les géologues les appellent des ripples-marks. Elles indiquent que les grès se sont déposés dans la zone littorale. Bon, ça suffit pour la géologie. Au moins pour le moment. Faisons demi-tour et allons sur l’île. »

Max : « Regarde bonome, il y a des Laridés ! Fotoe-les ! »

76 2 36 Laridés 76 2 37 Mouette mélanocéphale

Léo : « Mais… Chevalier, tu vois la même chose que moi ? Zoome s’il te plaît ! »

Max : « Qu’est ce que tu as vu ? »

Léo : « Mais regarde ! C’est une mouette mélanocéphale ! »

Max : « Une mouette mélanocéphale ? »

Le chevalier : « Léo a raison ! »

Léo : « Rhoooo ! La chance … Larus mélanocephalus… Rholala ! »

76 2 38 Laridés

Max : « Oh zut ! Un chien l’a fait fuir ! Comment vous la reconnaissez ? J’ai cru que c’était une mouette qui rigole. »

Léo : « La pointe, à l’arrière, est toute blanche. Chez la mouette qui rigole, elle est noire. Et puis la tête est noire, pas brun-chocolat. Le bec est bien rouge sang et plus épais. Une mouette mélanocéphale… Rholala… Regarde Maxou, là c’est bien une mouette qui rigole. Tu vois les différences maintenant ? »

76 2 39 Mouette rieuse 76 2 40 Mouette rieuse
76 2 41 Mouette rieuse 76 2 42 Mouette rieuse

Max : « Léo ! Elle a même pas la tête brun-chocolat cette mouette qui rigole ! Comment je peux voir la différence ? »

Léo : « Ben regarde la pointe derrière, tête de piaf 🙂 »

Max : « Bonome, Léo il m’a dit tête de piaf ! »

Le chevalier : « Mon pauvre petitours 🙂 Méchant Léo a été vilain avec toi ! »

Max : « Et tu le laisses faire ! »

Le chevalier : « Maxou, je crois que tu commences à fatiguer. Viens, poche-toi un peu. »

Léo : « Je peux pocher moi aussi ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo… Vous êtes installés ? »

Max : « Oui mon bonome. On regarde le goéland argenté. Il y a beaucoup des Laridés à la mer. Léo doit être content. »

76 2 43 Goéland argenté 76 2 44 Goéland argenté

Léo : « Oui, j’aime beaucoup les Laridés 🙂 »

Le chevalier : « Alors tu vas être satisfait. Regardez, il y a un couple qui n’a pas l’air d’apprécier que nous approchions. »

Max : « Ils nous crient dessus ! »

Léo : « Chevalier, dis leur qu’on va pas les embêter. »

Max : « Qu’il y a le petit fleuve entre eux et nous. »

Léo : « Et qu’on aime beaucoup les zoisos. »

76 2 45 Goélands argentés 76 2 46 Goélands argentés
76 2 47 Goélands argentés 76 2 48 Goélands argentés

Le chevalier : « Ils vous ont entendus 🙂 Ils ont arrêté de crier. Allons sur l’île. »

Max : « Oulala ! Il est étroit ce chemin ! Et c’est tout des végétos qui piquent ! Fais attention bonome, tu vas te faire piquer les fesses 🙂 »

Léo : « C’est quoi cette végétation ? »

Le chevalier : « C’est la lande climacique. Regardez la plante la plus fréquente. »

76 2 49 Ajonc 76 2 50 Ajonc

Max : « Ben oui, elle est pleine d’épines ! »

Le chevalier : « Ce ne sont pas des épines mais ses feuilles ! »

Max : « Et tu m’expliques la différence ? Ça pique les fesses pareil ! »

Le chevalier : « Oui mais les épines sont sur les tiges et sont des formation de l’épiderme, alors que là, ce sont bien des feuilles. Vous voyez bien ! Elles sont vertes ! »

Max : « A cause de la chlorophylle 🙂 »

Léo : « Et c’est qui ce végéto ? »

Le chevalier : « C’est un ajonc. Peut être Ulex europaea, Fabacées. »

Max : « On connaît déjà les Fabacées ! C’est la famille du trèfle. Mais on est pas là pour faire la botanique. Allez, on va voir au bout de l’île. »

Léo : « Attends Max ! Chevalier, c’est quoi, la lande climatique ? »

Le chevalier : « Climacique Léo. La lande est une végétation base, dense, constituée de végétaux ligneux qui ont des branches horizontales. On y trouve des ajoncs, la bruyère cendrée, la callune, le genêt à balai… Normalement une lande évolue petit à petit. Des arbustes, puis des arbres apparaissent et la lande se transforme en forêt. Mais ici, le vent et les embruns empêchent l’évolution de la lande, qui reste la végétation d’équilibre. »

Max : « C’est pas à cause du vent ! C’est la faute aux embruns tout salés ! »

Le chevalier : « Si tu veux Maxou 🙂 »

Léo : « Alors ici ce sera toujours la lande ? »

Le chevalier : « Tant que l’île restera au bord de la grande mer de Bretagne, oui 🙂 »

Max : « Il y a un zoiso là-bas ! »

76 2 51 Troglodyte mignon

Léo : « C’est un troglodytes mignon ! Rholala… Il est tout petit ! »

Max : « Ben oui, c’est le plus petit zoiso de France ! »

Léo : « Troglodytes troglodytes, Troglodytidés ! Zut ! Il s’est sauvé ! »

Le chevalier : « Léo, tu sais bien que les troglodytes se cachent tout le temps. Ils volettent dans les fourrés et se cachent dès qu’ils détectent un intrus. »

Léo : « Ben oui, je sais bien. Et ils crient très fort ! C’est impressionnant pour un petit zoiso comme ça ! »

Le chevalier : « Oui, je pense que, relativement à sa taille, c’est celui qui a le chant le plus puissant. »

Max : « J’espère que tu sais pas l’imiter. »

Léo : « Si ! Écoute ! »

Max : « Pourquoi je lui ai demandé ça ? Oulala ! Maintenant il va croire qu’il peut troglodyter tout le temps ! Pauvre de moi 🙁 »

Le chevalier : « Regardez la falaise ! »

76 2 52 La falaise

Max : « Heu… Non non… Et toi tu t’approches pas. Tu restes là bonome… Bonome ! TU APPROCHES PAS DU BORD ! NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE, TOI ! »

Léo : « Il y a des zoisos sur les rochers… C’est vraiment beau un zoiso… »

76 2 53 Courlis cendré 76 2 54 Courlis cendré

Max : « C’est un courlis cendré ! C’est comment déjà son nom, en scientifique ? »

Léo : « Numenius arquata et c’est un Scolopacidés. »

Max : « Ah oui ! Et à côté, c’est encore un jeune Laridé… Tu sais quel âge il a ? »

Le chevalier : « Je dirais que c’est un goéland marin dans son deuxième hiver… Tu ne regardes pas le courlis, Léo ? »

Léo : « Je regarde les Laridés tournoyer dans le vent au-dessus de nous… »

Le chevalier : « Bon, petite pause et nous repartons de l’île. »

Léo : « Je peux m’allonger sur tes genoux pour regarder les Laridés ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Veux-tu que je te gratte le front ? »

Léo : « Ben non, sinon je verrais plus les zoisos 🙂 »

Max : « Moi je veux bien 🙂 Tu fotoes pas les Laridés ? »

Le chevalier : « Je ne peux pas ! J’ai des petizours sur les genoux 🙂 »

Léo : « Rholala… Ils sont beaux… La chance ! »

Max : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Allez, mes petizours, la pause est terminée. »

Max : « On va où maintenant ? »

Le chevalier : « J’ai une dernière chose à vous montrer avant de rejoindre notre monture et d’aller au four à chaux. »

76 2 55 Filon de quartz 76 2 56 Filon de quartz

Max : « Oulala ! C’est quoi ces roches toutes rouges ? Elles font une falaise ! C’est parce qu’elles sont très dures ! »

Léo : « C’est quoi ? Explique-nous s’il te plaît. »

Le chevalier : « C’est un filon de quartz. Il faudrait plutôt dire de jaspe. »

Max : « Ça j’ai vu sur la carte ! »

Léo : « Et pourquoi c’est tout rouge ? »

Le chevalier : « A cause des radiolaires. Ce sont de petites algues qui possèdent un test de silice. »

Max : « C’est quoi la silice ? »

Le chevalier : « Un autre nom pour le quartz ! SiO2 »

Max : « Bien sûr ! »

Le chevalier : « C’est la formule chimique de quartz. »

Léo : « Tu aurais pas des images des algues en silice ? »

RADIOLAIRES LA BARBADE G=100 b

Le chevalier : « Attendez… Voilà ! Ce sont des radiolaires. Parfois on les voit encore en observant attentivement les roches à la loupe. »

Léo : « C’est vrai ? Max, tu as ta loupe ? Tu me la prêtes ? »

Max : « Tiens cousin Léo ! »

76 2 57 Filon de quartz 76 2 58 Filon de quartz

Léo : « Zutalor ! On voit rien du tout. »

Max : « Tu peux expliquer un peu plus s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Le jaspe est une roche sédimentaire dérivant d’une vase à radiolaire silicifiée dès le début de la diagenèse dès que les roches se sont formées. La silice, qui représente 90 à 95 %, provient essentiellement des tests des radiolaires, dans lesquels elle est sous la forme de calcédoine, mais aussi du ciment, sous forme de calcédoine, de quartz ou plus rarement d’opale. La teinte rouge est due au ciment argileux riche en oxyde de fer. Dans certains cas, les radiolaires sont visibles à la loupe mais les recristallisations les font souvent disparaître. »

Léo : « Ben là, on voit rien du tout. »

Le chevalier : « Désolé mon petit Léo ! Je n’y peux rien. Allez, pochez-vous, nous retournons à notre monture. »

Max : « C’est loin ? Je pourrai dormir un peu ? »

Le chevalier : « Je crains que tu n’en aies pas le temps mon Maxou. »

76 2 59 Vue du petit fleuve

Continuer la promenade

76.1 – L’Aber : la falaise

Samedi 27 Février, An III

Max : « Bonome ! Réveille-toi ! Il est l’heure ! »

Léo : « Cheeeevaaaaliééééé ! Deeeeeebout ! »

Max : « Booonoooooome ! »

Le chevalier : « Mmmmmmm… »

Max : « Allez bonome ! On t’attend nous. »

Léo : « On est prêts depuis longtemps. Allez… »

Le chevalier : « Mmmmm… oui… Je me lève… »

Max : « Tu veux qu’on te prépare ton café ? »

Le chevalier : « Café ? »

Max : « Oui 🙂 Café ! »

Le chevalier : « Il y a du café ? »

Léo : « On te le prépare si tu veux. Mais tu sors de ton lit. »

Max : « Ou on te pousse et on te fait tomber du lit. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Je voudrais voir ça 🙂 »

Max : « C’est pas gentil ! »

Léo : « On peut même pas. »

Max : « On est trop petits. »

Léo : « Tu en profites ! »

Le chevalier : « Allez vous préparer. J’arrive… »

Max : « Tu te rendors pas ! »

Léo : « Allez ! Viens ! »

Le chevalier : « ALLEZ VOUS PRÉPARER ! »

***

75 1 01 Le départ 75 1 02 Le départ

Le chevalier : « Bonjour mes petizours 🙂 »

Max : « Bonjour bonome. »

Léo : « Bonjour chevalier. Tu es levé ! Dépêche-toi de te caféiner. »

Le chevalier : « Je vois que vous êtes déjà prêts 🙂 »

Léo : « Oui 🙂 On a mis nos sacados. »

Max : « On regardait le paysage en t’attendant. »

Le chevalier : « Cela vous plaît-il ? »

Max : « Oh oui ! C’est très beau. Oulala ! C’est quoi ce Royaume ? »

Le chevalier : « L’Aber. »

Max : « La ber ? J’avais pas fait attention que tu étais enrhumé. On voit bien que c’est la mer. »

Le chevalier : « 😀 Je ne suis pas enrhumé Maxou. C’est l’Aber. »

Léo : « C’est quoi l’Aber ? »

Le chevalier : « Le nom du lieu. Un aber est un golfe marin étroit, allongé, et relativement profond, qui résulte de l’envahissement de la partie basse d’une vallée fluviale par la mer. Voyez-vous le petit fleuve ? »

Max : « On le devine. »

Le chevalier : « Il devait être bien plus large autrefois. Actuellement il est barré par une digue, ce qui a permis de créer une zone marécageuse propice aux oiseaux. »

Léo : « Et il y a des zoisos ? »

Le chevalier : « C’est à peu près sûr 🙂 »

Léo : « On va aller voir ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Nous allons aller voir 🙂 Mais pas aujourd’hui. »

Max : « Et on fait quoi alors ? »

Le chevalier : « Sous la maison que vous voyez devant-vous il y a une falaise. Nous allons aller l’explorer. Puis, pour profiter de la marée basse, nous chevaucherons jusqu’à l’autre côté du fleuve. Il y a là-bas des structures volcaniques que je voudrais vous montrer. Puis nous visiterons la petite île. »

Max : « Il y a une île ? »

Le chevalier : « Oui, tout à droite, derrière l’arbre. Nous irons à pieds secs. »

Max : « C’est encore une île où on va à pieds 🙂 Tu feras attention à la marée pour qu’on ne reste pas coincés. D’accord ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Après avoir visité l’île, nous irons au four à chaux. »

Max : « Un four à chaud ? Tu à déjà vu un four à froid, toi ? »

Le chevalier : « A chaux. Avec un x à la fin. Je vous expliquerai. Là aussi, nous verrons des roches volcaniques. Puis, nous irons explorer la dune grise et les abords du marais. C’est la zone centrale de la photographie. Voilà le programme de la journée. »

Léo : « Rholala ! Tout ça ! »

Le chevalier : « Oui, tout ça 🙂 Le programme est effectivement bien chargé. Beaucoup de géologie. Mais nous verrons quand même des oiseaux. »

Max : « Tu as pensé à les prévenir de notre venue ? »

Le chevalier : « Nous en verrons. Je vous le promets. »

Max : « Alors tu les as prévenus. Sinon tu promettrais pas. Parce qu’on peut pas savoir ce qu’on va voir au Pays des Zoisos. Tu es bien caféiné ? On peut y aller ? »

Le chevalier : « Allons-y 🙂 »

***

75 1 03 La falaise

Le chevalier : « Voilà la falaise que nous allons explorer. »

Max : « Bonome, tu vas marcher sur les cailloux tout cassés, couverts d’algues et glissants ? »

Le chevalier : « Il le faut bien. »

Max : « Mais c’est dangereux ! »

Le chevalier : « J’en assume les risques. Je crois te l’avoir déjà dit. Ou alors nous nous inscrivons à un cours de tricot. »

Léo : « Il y a pas des zoisos au cours de tricot. Et on peut pas faire la géologie. On va explorer la falaise. »

Max : « Et si il tombe ? »

Le chevalier : « Je ne tomberai pas. »

Léo : « Il va être prudent Maxou. Sinon, on le gronde. »

Max : « D’accord. Si tu tombes, tu as des baffes ! »

Le chevalier : « D’accord Obélix 🙂 »

Max : « Pfff… Je ne suis pas gros. Tu veux bien nous expliquer un peu ce qu’on va voir ? C’est quoi comme roches ? Et elles datent de quand ? »

Le chevalier : « Difficile à dire. Il y a peu de données sur ce site. Je pense que les roches appartiennent au Groupe de Kerguillé. C’est un ensemble de roches qui datent du Silurien. »

Max : « Silurien ? C’était quand le Silurien ? Et le nom ? Il vient d’où ? De Silurie ? »

Le chevalier : « Le Silurien est compris entre 435 et 410 millions d’années avant nos jours. Et le mot vient des Silures, une ancienne peuplade du Pays de Galles. »

Max : « Il y a beaucoup de roches de cette époque au Pays de Galles ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Elles y ont été bien étudiées. »

Max : « Et c’est quoi comme roches ? Tu as pas dit. »

Le chevalier : « Des schistes et quartzites. »

Léo : « C’est quoi des chistékoirzites ? »

Le chevalier : « 🙂 Des schistes. Et des quartzites. Ce sont des roches métamorphiques. »

Max : « C’est quoi ça ? Tu avais dit qu’on verrait des roches sédimentaires ! »

Le chevalier : « Au départ ce sont des roches sédimentaires. Vous vous souvenez des argiles de Charentmaritimie ? »

Max : « Oui. »

Léo : « Oui aussi 🙂 »

Le chevalier : « Les schistes ont été des argiles. Mais elles se sont transformées sous l’influence de la pression et de la température. »

Léo : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Je vous expliquerai plus tard. Les quartzites ont été des sables. Ils se sont également transformés en raison d’une forte compression et de leur échauffement. Mais nous sommes arrivés. Observez un peu. »

75 1 04 C'est tout plié 75 1 05 Pli

Max : « Bonome ! C’est quoi ça ? Elles sont tout pliées les roches ! Oulala ! Si Princesse apprend ça ! Va chercher un fer à repasser, vite ! Il faut tout remettre à plat. Allez, dépêche-toi. Oulala ! »

Le chevalier : « Max ! »

Max : « Pas le temps bonome, pas le temps ! Le fer à repasser vite ! Oulalaaaaaa ! Comment on va faire ? Voilà, les vacances sont gâchées. On y arrivera jamais 🙁 »

Le chevalier : « MAX ! »

Max : « Tu es encore là ? Tu es pas allé chercher le fer à repasser ? Dépêche-toi voyons ! Tu te rends pas compte du travail ! Et on va les mettre où les roches quand elles seront bien à plat ? Elles vont recouvrir la mer ! Pfff… »

Léo : « Max, je crois que le chevalier voudrait te parler. »

Max : « J’ai pas le temps de papoter moi ! Il va falloir repasser toute la falaise ! »

Le chevalier : « MAX ÇA SUFFIT ! C’est normal que les roches soient pliées. Princesse ne dira rien ! Ce sont ces plis que je voulais vous montrer. »

Max : « C’est normal ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Il faut pas tout repasser alors ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Les vacances sont pas gâchées ? »

Le chevalier : « Non 🙂 »

Max : « Il y a des plis partout et c’est normal ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Tu dis ça parce que tu as pas de fer à repasser et que tu es toujours tout chiffonné. »

Le chevalier : « 🙂 Non je t’assure. Ne t’inquiète pas. Je vais vous expliquer. Asseyez-vous. »

Léo : « On peut s’asseoir sur un pli ? Et tu nous fotoes sur le pli. »

Le chevalier : « D’accord… Voilà ! Je peux vous expliquer maintenant ? »

75 1 06 Pli

Léo : « Oui, Maxou se remet 🙂 Je vais lui gratter le front pendant que tu nous expliques. Ça finira de le calmer 🙂 »

Le chevalier : « Bonne idée 🙂 Vous savez peut être que la Terre est une grosse boule de 5500 km de rayon constituée de plusieurs couches. Au centre, il y a le noyau interne. Il est solide et son rayon est d’environ 400 km. Il y a ensuite le noyau externe qui a les propriétés d’un liquide. Il est compris entre 5100 et 2900 km de profondeur. Puis il y a le manteau solide recouvert d’une fine couche appelée croûte épaisse de 30 km environ. »

Max : « C’est pas de la lave en profondeur ? »

Le chevalier : « Non. C’est bien solide. J’expliquerai plus tard la lave. »

Léo : « J’ai bien compris les couches. Mais pourquoi tu nous racontes ça ? »

Le chevalier : « Vous avez bien compris ? »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Je peux faire un peu plus compliqué ? »

Léo : « Pas trop quand même s’il te plaît. »

Le chevalier : « J’ai dit que la croûte reposait sur le manteau mais c’est un peu plus compliqué. De 300 à 100 km de profondeur, le manteau change de propriété. Il est un peu plus mou. On appelle cette couche asthénosphère. Au dessus, sur une épaisseur de 100 km, il y a une couche de roches solides et cassantes : c’est la lithosphère. »

Max : « D’accord. Tu suis Léo ? »

Léo : « Oui oui. Mais il faut pas faire d’interro tout de suite 🙂 »

Le chevalier : « En surface, la lithosphère est découpée en une douzaine de plaques. »

Max : « Les plaques tectoniques ! »

Le chevalier : « Tout à fait ! Et ces plaques se déplacent les unes par rapport aux autres en glissant sur l’asthénosphère. Les plaques sont indéformables. Enfin presque. Elles ne peuvent se déformer qu’en leurs marges. »

Max : « C’est quoi les marges ? »

Léo : « C’est les bords ! »

Le chevalier : « Oui Léo ! Les plaques ne peuvent se déformer que sur leurs bords. »

Max : « Et quel est le rapport avec les plis que tu trouves normaux ? »

Le chevalier : « Si deux plaques se rapprochent et entrent en collision… »

Max : « Boum ! Il faut faire un constat d’accident ! »

Le chevalier : « 🙂 Si elles entrent en collision, leurs bordures vont se déformer : elles vont se plier et se casser. Et parfois, elles peuvent se chevaucher. »

Léo : « Mais pas les 100 km de la lithosphère quand même ! »

Le chevalier : « Souvent les déformations ne touchent que la croûte. »

Max : « Alors si il y a des plis c’est qu’on est pas loin de la zone de collision des bords de deux grandes plaques. C’est ça ? »

Le chevalier : « C’est ça ! »

Léo : « Mais si elles se chevauchent… Ça fait des gros machins très épais, tout cassés et tout pliés… C’est des montagnes ?! C’est comme ça que se forment les montagnes ? Par collision de deux plaques ? »

Max : « Mes petizours, vous êtes de grands naturalistes ! Vous comprenez tout ! »

Léo : « Arrête, je vais te croire 🙂 »

Max : « Mais quand même… Si les plaques se rapprochent, c’est qu’elles étaient séparées. Qu’est ce qu’il y avait entre les plaques ? »

Le chevalier : « Un océan. La formation d’un océan n’est pas au programme aujourd’hui. Retenez seulement que l’océan se ferme petit à petit quand les plaques se rapprochent et qu’elles entrent en collision et donnent une chaîne de montagnes. »

Max : « Alors quand on voit des montagnes c’est qu’il y avait un océan avant. Oulala ! Les Alpes… Il y avait un océan entre la France et l’Italie. »

Léo : « Mais la Bretagne c’est pas des montagnes. Elles sont passées où les montagnes ? »

Le chevalier : « Elles ont été usées. »

Max : « C’est l’érosion ! Les roches s’usent à cause de l’eau, du gel, du vent… Mais il a fallu longtemps pour user des montagnes ! »

Le chevalier : « Environ 300 millions d’années. »

Max : « Bonome, c’est quand même un peu compliqué tout ça. On peut faire une pause ? Et on va chercher des plis. Des beaux plis. Pour montrer à Princesse. »

Le chevalier : « Allons-y. »

Max : « Il y en a là ! Dans la falaise ! »

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Max : « Celui de gauche dessine un M ! C’est rigolo 🙂 »

Léo : « Et là ! Sur l’estran ! Il y en a d’autres ! »

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Le chevalier : « Oui, ces couches sont fortement plissées. Et les couches de quartzites sont bien visibles dans les schistes. »

Léo : « Les quartzites sont beiges. Et ils dépassent souvent des schistes. »

Le chevalier : « C’est parce qu’ils sont plus durs. Venez voir, je connais deux endroits où il y a de beaux plis. »

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Léo : « Rholala ! Ils sont beaux ! Et quand on connaît leur histoire c’est encore plus beau ! Rhooo… »

Max : « Celui de droite, on dirait un serpent 🙂 Heureusement qu’on doit pas tout repasser 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

Max : « Je peux te poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Pourquoi des fois les roches cassent et ça fait une faille et d’autres fois elles se plient ? »

Le chevalier : « Bonne question Maxou. Tout dépend de la profondeur des roches. Quand on s’enfonce dans la Terre la température s’élève. Quand les roches s’enfoncent, elles s’échauffent et deviennent légèrement molles. Dans ce cas, lorsqu’elles sont soumises à des contraintes, elles se plient. »

Max : « Alors les failles c’est plus en surface et les plis c’est plus en profondeur. »

Le chevalier : « C’est ça. »

Léo : « Je peux tenter un résumé ? »

Le chevalier : « Nous t’écoutons petit Léo. »

Léo : « Du sable puis des argiles se sont déposés au fond de la mer. Ils ont formé des couches. Puis les couches ont été enfouies et les sables ont donné des quartzites et les argiles ont donné des schistes. Et puis il y a eu des mouvements et les couches se sont déformées et les plis sont apparus. Et puis encore après, l’érosion a fait remonter les couches à la surface et on peut voir des plis dans les schistes et les quartzites. Et tout ça, ça a pris en gros 400 millions d’années. »

Max : « Il est bien son résumé 🙂 »

Le chevalier : « Très bien mon Léo. »

Max : « Tu nous montres autre chose ? »

Le chevalier : « Oui, un zoiso 🙂 »

Léo : « Iléou le zoiso ? »

Max : « Vu ! »

75 1 12 Pipit maritime

Léo : « Vu aussi ! C’est qui ce zoiso ? Tu le connais ? »

Le chevalier : « C’est un pipit maritime, Anthus petrosus, Motacillidés. »

Max : « Tu es sûr ? Parce que d’habitude tu reconnais jamais les espèces de pipits. »

Le chevalier : « Je suis assez sûr de moi. Les couleurs sombres… Et puis on est à la mer… »

Max : « Pas très scientifique… Léo, tu en penses quoi ? »

Léo : « Je le crois. C’est un beau zoiso le pipit maritime 🙂 MAIS TU DIS PAS QUE C’EST MON ZOISO PRÉFÉRÉ ! C’EST PAS MON PRÉFÉRÉ ! ET TOUS LES ZOISOS C’EST PAS MON PRÉFÉRÉ ! »

Max : « Calme Léo ! Caaaalme ! Respire profondément ! Bonome, gratte lui le front. Vite ! »

Léo : « C’est parce que tu dis toujours que tous les zoisos c’est mon préféré. Tu l’as même dit à Brindille ! Tu m’énerves ! J’aime beaucoup les zoisos parce que c’est beau un zoiso. Et tu te moques pas de moi. Je veux pas. »

Max : « D’accord Léo. Moi aussi j’aime beaucoup les zoisos. Bonome, on continue la géologie ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Je vous ai montré des figures tectoniques, je vais maintenant vous montrer des figures sédimentaires. »

Max : « On peut en voir même dans des roches transformées par la chaleur et la pression ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Venez voir. »

75 1 13 Megarides de courant 75 1 14 Megarides de courant

Max : « Oulala ! C’est quoi cette grosse dalle ? Elle est pas plissée. Elle est ondulée. »

Léo : « Tu as vu Maxou ? Au premier plan, en bas à gauche, toutes les couches fines. On dirait un mille-feuilles de roches. »

Max : « Tu nous expliques bonome ? »

Le chevalier : « Le mille-feuilles est constitué de fines couches de schistes. La grosse dalle ondulée est une quartzite. Venez voir sur le côté. »

75 1 15 Megarides de courant

Max : « Oulala ! On voit bien les superpositions de couches. Et puis on peut voir l’épaisseur de la dalle ondulée. »

Léo : « Mais là, c’est pas tout plié. »

Le chevalier : « Non, ces couches sont plus résistantes. Ce sont les couches de schistes qui ont subi les plissements. Ici nous sommes à la fin du Silurien ou à la base de Dévonien. Nous avons changé de formation et nous sommes passés dans la formation des schistes et quartzites de Plougastel. Elle est au contact de la formation de Kerguillé par une faille mais nous ne l’avons pas vue 🙁 »

Max : « Mais la dalle ? Tu as pas expliqué. »

Le chevalier : « C’est probablement la conséquence de vagues de tempête sur une plate forme marine peu profonde. »

Léo : « C’est quoi la plate forme ? »

Le chevalier : « Une mer côtière à fond assez plat et peu profonde. »

Max : « Tu es en train de dire qu’on voit la trace d’une tempête d’il y a 410 millions d’années ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, ce jour là il y a eu une grosse tempête 🙂 »

Léo : « Rholala ! C’est bien la géologie. On se promène et on voit des tempêtes d’il y a 410 millions d’années. Rholala… »

Max : « Bonome, tu crois que le vent voudra bien nous raconter cette tempête ? Si on lui promet de pas répéter. »

Le chevalier : « Nous le demanderons Maxou. Je suis aussi curieux que toi d’entendre cette histoire. Léo, que regardes-tu comme cela ? Tu m’as l’air bien perplexe. »

Léo : « Oui, je cherche la faille… Tu peux fotoer le contact ente les schistes et la dalle de quartzite s’il te plaît… Montre-moi. »

75 1 16 Contact grès schistes

Le chevalier : « A quoi penses-tu ? »

Léo : « Je connais pas bien la géologie moi et ici, ça a l’air très compliqué. Mais regarde : les schistes, à gauche, sont tout plissés. La dalle, à droite, est pas du tout plissée. Et le contact entre les deux a l’air bizarre. Si c’était la faille le contact ? »

Le chevalier : « Bien observé… C’est intéressant… J’aime bien ton hypothèse. D’après la carte, la faille est presque perpendiculaire à la falaise. C’est cohérent avec ce que tu dis. »

Max : « Il est fort ce Léo 🙂 »

Le chevalier : « Oui, même si je ne suis pas sûr que son hypothèse se vérifie. »

Léo : « 🙂 Tu peux fotoer les plis. J’aime beaucoup les plis. »

Le chevalier : « D’accord. Et après, on fait une pause. »

75 1 17 Plis 75 1 18 Les petizours

Max : « Bonome, il y a des falaises ici. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Je peux faire l’escalade ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Mais tu fais attention à toi. »

Max : « Oui 🙂 Viens Léo, je vais t’apprendre l’escalade. C’est rigolo. »

Léo : « Non merci. Mais je veux bien te surveiller. Et je te rattrape si tu tombes. »

Le chevalier : « Si tu tombes, tu as des baffes 🙂 »

Max : « Je tomberai pas. Et j’assume les risques 😉 »

75 1 21 L'escalade 75 1 22 L'escalade
75 1 23 L'escalade 75 1 24 L'escalade
75 1 26 L'escalade 75 1 27 L'escalade

Max : « Ohé ! Vous me voyez ? Je suis tout là-haut ! »

Léo : « Tant mieux pour toi ! Nous, on va voir des zoisos 🙂 Viens bonome. »

Max : « Ben et moi ? Hé ! Me laissez pas tout seul ! Cavapalatête ! HÉ ! HÉÉÉÉ ! BONOME ! »

Le chevalier : « Saute dans mes bras Maxou. »

Max : « Vous m’avez fait peur ! J’ai cru que vous alliez me laisser tout seul 🙁 »

Le chevalier : « Comment peux-tu croire ça ? Qu’est ce que je deviendrais sans mon petitours ronchonneur ? »

Léo : « Ça suffit tous les deux. Venez voir les zoisos. Max, installe ta serviette s’il te plaît. »

Le chevalier : « Observation statique ? »

Léo : « Oui. On s’installe, on regarde et les zoisos vont venir nous voir. »

75 1 28 Goéland argenté 75 1 29 Goéland argenté

Léo : « Rholala… Un goéland… Qu’est ce qu’il est beau ! »

Max : « C’est un goéland argenté. Larus argentatus, Laridés. »

Léo : « Max, il faut expliquer pourquoi tu dis que c’est un argenté. »

Max : « Tu sais pas ? Pourtant tu aimes bien les Laridés. »

Léo : « Oui, mais c’est pour Princesse. Elle a peut être oublié. »

Max : « Je vois… Tu me fais un interro de goéland… Je veux bien 🙂 Il a les ailes gris clair, les pattes rosées et l’œil jaune. On voit bien le cercle orbitaire rouge. Et la tâche rouge sur le bec. Je pense que c’est suffisant pour identifier le goéland argenté. Voilà ! Trop facile ton interro 🙂 »

Léo : « Oh zutalor ! Il s’envole ! »

Max : « C’est parce qu’il y a des jeunes qui chahutent. Ça l’a dérangé. »

75 1 30 Goélands en vol 75 1 31 Goélands en vol
75 1 32 Goélands en vol 75 1 33 Goélands en vol

Léo : « Maxou, tu sais reconnaître les jeunes goélands ? Moi j’y arrive pas. Je mélange tout. Les premières années marins avec les deuxième années bruns… C’est compliqué les jeunes goélands. »

Max : « Moi aussi je mélange tout. On regardera ça dans la cabane, au calme. Tu veux bien bonome ? … Bonome ? »

Le chevalier : « Oui ? »

Max : « Tu rêvais ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « De quoi ? »

Léo : « Max ! On ne demande pas ce genre de choses ! Laisse le rêver si il veut. »

Max : « Pfff… »

Léo : « C’est beau la mer. Il y a de belles vagues aujourd’hui. C’est à cause du vent ? »

Max : « Oui. Mais c’est pas la tempête 🙂 »

Léo : « Rholala… Le gros goéland ! Avec les ailes foncées comme ça et les pattes gris-rosé c’est un goéland marin. C’est sûr ! »

75 1 36 Goéland marin 75 1 37 Goéland marin

Max : « Larus maritimus, Laridés. C’est le plus gros des goélands. La mer c’est son royaume. On le voit jamais à l’intérieur des terres celui-là. Lui aussi il est ami avec le vent. Bonome, tu crois qu’on en verra planer et surfer sur les bourrasques quand on ira sur les pointes ? »

Le chevalier : « Qui te dit que nous irons inspecter les caps ? »

Max : « Bonome, tu nous as montré tous les sites que nous devons explorer. Fais pas semblant de pas savoir. »

Le chevalier : « 🙂 »

75 1 38 Goélands 75 1 39 Goélands

Léo : « Vous avez vu les Laridés ? »

Max : « Ah ouai ! Parce que toi aussi tu crois que je suis aveugle ? Tu m’as vu avec un chien et une canne blanche ? »

Léo : « Avec un chien, oui 🙂 La canne blanche ne devrait pas tarder. Ils sont beaux les Laridés… La chance… »

Max : « On voit bien que le goéland marin est très très grand. Il est bien plus grand que le goéland argenté. Bonome, tu sais toujours pas identifier les jeunes goélands ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Je n’ai pas appris au cours des cinq minutes qui viennent de s’écouler 🙂 »

Max : « Tu veux pas qu’on regarde dans mon beau livre de zoisos ? On va peut être trouver. »

Le chevalier : « Nous pouvons essayer… »

Léo : « D’abord il faut bien décrire le jeune qu’on veut identifier. Comme ça on est obligés de bien l’observer. »

Max : « Bien oui ! Bon, on essaye celui de la foto de droite. Il est allongé sur le sable… Il est plutôt sombre. »

Léo : « Son bec est tout noir et la zone autour des yeux est très sombre aussi. Presque noire… »

Max : « On dirait qu’il a des tâches en damier sur les ailes… »

Léo : « Quoi d’autre ? »

Max : « Bonome ? Tu nous aides pas ? »

Le chevalier : « Je vous écoute… »

Max : « On sait plus quoi dire… On regarde dans le beau livre ? »

Le chevalier : « Où voulez-vous chercher ? »

Max : « Ben… Dans les Laridés ! Toi alors ! »

Léo : « Je crois qu’il veut savoir quels Laridés ? »

Max : « Ah oui 🙂 Il est à côté d’un goéland marin et d’un goéland argenté. Si on cherchait de ce côté là ? »

Le chevalier : « Bonne idée 🙂 »

Max : « Le goéland marin d’abord… Alors… Non, celui là est trop sombre et son bec n’est pas assez fort. Ça ressemble pas à un jeune goéland marin. »

Léo : « Je suis d’accord avec toi Maxou. »

Le chevalier : « Je cherche le goéland argenté ? »

Max : « Non ! Attends ! Regarde le goéland brun du premier hiver ! Ça ressemble bien. Tu en penses quoi Léo ? »

Léo : « On a pas encore vu de goéland brun… Lis le commentaire. »

Max : « … extrêmement variable, ressemblant parfois au G. argenté… D’accord… Bon, tourne les pages bonome. On va voir le G. argenté… Tu trouves que ça ressemble ? »

Léo : « Le juvénile un peu… Mais pas le 1er hiver… »

Max : « Pfff… Tu en penses quoi bonome ? »

Le chevalier : « Il est fort probable que ce soit un goéland argenté qui passe son premier hiver… »

Max : « Fort probable… »

Léo : « Donc pas certain… »

Max : « On sait pas vraiment alors… »

Léo : « Chevalier, tu peux me remontrer la page avant le goéland argenté s’il te plaît ? »

Max : « Tu as vu quelque chose ? »

Léo : « Oui, il montre des goélands en vol. »

Max : « Bien joué Léo. Bonome, la foto avec les goélands en vol s’il te plaît. On va étudier tout ça. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Pourquoi tu souris ? Tu te moques ? »

Le chevalier : « Non… j’aime vous voir étudier les oiseaux 🙂 Voilà ce que vous m’avez demandé. »

76 1 40 Guide ornitho 75 1 30 Goélands en vol

Léo : « Merci 🙂 Regarde Maxou. Les différences entre le dessus des ailes des goélands bruns et argentés sont plus nettes en vol. »

Max : « Mais ils disent que ce sont des juvéniles… »

Léo : « Oui, j’ai vu mais on peut peut être s’aider quand même de ce document. Regardons la foto. »

Max : « La pointe de l’aile est sombre… »

Léo : « La base de la queue semble blanche… »

Max : « C’est un argenté. »

Léo : « C’est fort probable 🙂 »

Max : « Bon, on va dire que c’est un goéland argenté dans son premier hiver. Peut être que c’est une erreur. »

Léo : « Mais on est pas tout à fait affirmatifs. Et puis, ça arrive de dire des erreurs. »

Le chevalier : « Dites mes petizours, si nous allions de l’autre côté de la plage ? »

Léo : « Voir le volcanisme des temps anciens ? »

Max : « Et l’île où on va à pieds d’ici ? »

Le chevalier : « oui. »

Max : « On y va ! »

75 1 41 Goélands argentés

Continuer la promenade

75 – Vive les vacances !

Jeudi 25 février, An III

75 01 Les petizours Max : « Bonome, on voudrait te parler. »

Le chevalier : « Je vous écoute mes petizours. Que puis-je faire pour vous ? »

Max : « Ça fait presque une semaine que tu es en vacances et tu arrêtes pas de travailler. On est même allés en inspection une seule fois. Bonome, il faut qu’on y aille ! On devient fous dans ta cabane. Et Princesse va nous gronder si on fait pas notre mission. »

Le chevalier : « J’y pense Max, j’y pense. Mais je voulais terminer mon travail pour pouvoir faire une très longue inspection. »

Léo : « Tu vois, je te l’avais dit ! Il travaille pour être tranquille après. Je suis sûr qu’il va nous emmener à la mer. »

Max : « C’est vrai ça ? On va aller à la mer ? »

Le chevalier : « Oui Max. Léo avait raison 🙂 »

Max : « Chouette alors ! On va en Charentmaritimie 🙂 On ira au Royaume des Chevaliers ? Et au Royaume des Sternes de mer. Il doit y avoir des migrateurs. Oulala ! Ça va être bien 🙂 »

Le chevalier : « Nous n’irons ni au Royaume des Chevaliers ni à celui des Sternes de mer. »

Max : « QUOI ? ON VA PAS DANS CES ROYAUMES ? Ben qu’est ce qu’on va faire alors ? »

Le chevalier : « En visiter d’autres 🙂 »

Max : « En Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Non Max, en Bretagne. »

Max : « On va en Bretagne ! On va voir le vent ! »

Léo : « J’étais sûr qu’il nous réservait une surprise 🙂 Je commence à le connaître mon chevalier. Rholala… On va aller en Bretagne… Rhoooo la chance… »

Max : « Oh oui ! Rholala rhoooo la chance ! Tout à fait d’accord avec toi Léo ! Rhoooo la chance. »

Léo : « On part quand ? »

Le chevalier : « Demain 🙂 »

Max : « Et tu attendais quoi pour nous avertir ? Et Princesse ? Elle sait qu’on va tout là-bas Princesse ? Je fait comment pour la prévenir maintenant ? Pfff… »

Le chevalier : « J’attendais de terminer mon travail. Je voulais vous l’annoncer au moment de votre coucher. Entre deux gratouillis de front. Ils ne sont peut être pas aussi agréables que ceux de Brindille mes gratouillis mais… »

Léo : « On les aime bien quand même 🙂 On prend Brindille avec nous ? Et Chien ? »

Le chevalier : « Non Léo. Brindille et Chien ne viennent pas avec nous. »

Max : « Et on va où en Bretagne ? »

Le chevalier : « Nous allons sur la presqu’île de Kraozon. Elle se trouve pas loin de là où se termine la terre. Nous occuperons une grande cabane située sur une falaise. Vous aurez chacun votre chambre. »

Max : « On s’en fiche d’avoir chacun sa chambre. »

Léo : « Ben oui. On veut être ensemble. »

Max : « Et avec toi. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Max : « Et on va rester longtemps ? »

Léo : « Il y a des zoisos ? »

Le chevalier : « Nous resterons une semaine. Et oui mon Léo, il y a des zoisos. »

Max : « Dis bonome, tu es déjà allé là-bas ? »

Le chevalier : « Oui, l’an dernier à la même époque. »

Max : « Et tu as fait des tas de fotos. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Ça à l’air de te contrarier. »

75 02 Max inquiet Max : « Ben, tu sais que je fouine dans ton ordinateur et un jour j’ai ouvert le dossier Kraozon. Il y a des centaines de fotos, des tas de documents, des cartes… Tu as fait beaucoup la géologie. »

Le chevalier : « Je ne comprends toujours pas ce qui te contrarie. »

Max : « C’est à cause de mon blog… Il va me falloir plusieurs semaines de travail par jour pour graver tout ça. J’y arriverai jamais 🙁 »

Le chevalier : « Ne pense pas à cela pour le moment mon petitours. »

Léo : « On va faire beaucoup la géologie ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Je suis sûr que tu vas aimer cette science passionnante. Et puis, en nous promenant sur les estrans, parce que la géologie se fait surtout au bord de mer, nous verrons des oiseaux. Et puis je connais un bel endroit pour faire l’ornithologie. »

Léo : « Ça va être bien alors 🙂 Rholala, j’ai hâte d’y être. »

Max : « Bonome, tu vas encore marcher sur des cailloux tout cassés. Tu promets de faire attention à toi ? Et ta cheville qui te fait mal ? Tu as pensé à ta cheville ? Je n’ose même pas parler de tes genoux qui craquent dès que tu bouges. »

Le chevalier : « A t’entendre je suis cassé de partout Maxou 🙂 La cheville, les genoux… »

Max : « Et la tête ! »

Léo : « Alouette ! »

Le chevalier : « Vous êtes bêtes tous les deux ! Voulez-vous que je vous montre une carte géologique simplifiée de la presqu’île de Kraozon ? »

Léo : « Et tu nous montres où on va aller ! »

Le chevalier : « D’accord. Regardez la carte ! Non. Les cartes. A droite c’est un assemblage des cartes au 1/50 000ème éditées par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. A droite, c’est une carte simplifiée. On devrait plutôt parler de schéma structural. »

75 05 Carte BRGM 75 03 Carte simplifiée
75 06 La carte
75 07 Les petizours 75 08 Léo

Léo : « Rholala ! Qu’est ce qu’elles sont belles ! »

Le chevalier : « Vous voyez, j’ai entouré tous les sites que nous allons explorer. Enfin, si le temps le permet. »

Max : « Oulala… Mais il y en une douzaine ! On va faire tout ça en une semaine ? »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Les journées vont être chargées. Mais nous pourrons tout faire. S’il fait beau, nous pourrons même aller plusieurs fois aux mêmes endroits. Pour les oiseaux surtout. »

Léo : « Chevalier, c’est quoi toutes ces couleurs ? »

Le chevalier : « Regardez la légende. »

75 09 La légende Max : « Phyllades de Douarnenez… Schistes de Postolonnec… Arénig… Ashgill… Caradoc… Grauwackes du Faou… Mais bien sûr ! Ah ben elle nous aide bien la légende. Merci bonome. »

Le chevalier : « Chaque couleur correspond à une formation rocheuse. La légende indique l’âge et la nature des roches. Je vous expliquerai tout cela sur le terrain. »

Max : « D’accord… Ce sont des roches sédimentaires comme en Charentmaritimie ? Il y a des fossiles ? Elles ont quel âge ces roches ? »

Le chevalier : « Oui, ce sont des roches sédimentaires. Avec quelques épisodes volcaniques. Oui, il y a des fossiles. Ils sont rares et difficiles à observer mais il y en a. Et les roches les plus anciennes que nous verrons se sont déposées au fond d’un océan il y a 485 millions d’années. »

Léo : « Rholala… Tout ça ! Elles sont très très vieilles ces roches ! »

Max : « Et dire que tu t’es baigné dans cet océan ! Tu étais tout jeune à l’époque et tu avais encore beaucoup de cheveux sur la tête 🙂 »

Le chevalier : « Mais bien sûr 🙂 Voulez vous voir l’échelle stratigraphique pour l’ère primaire qu’on appelle paléozoïque ? »

Max : « Pas la peine, on l’a vue, suspendue à une falaise, en Charentmaritimie 🙂 »

Léo : « L’écoute pas chevalier. Montre-nous l’échelle stratigraphique s’il te plaît… Rholala… C’est compliqué mais c’est très beau. Je crois que ça va me plaire la géologie. Surtout si en plus on peut voir des zoisos 🙂 »

75 10 Echelle stratigraphique

Le chevalier : « Oui, je suis sûr que ça va te plaire. Nous verrons l’ouverture d’un océan et les conséquences de sa fermeture, nous évoquerons de vastes chaînes de montagnes aujourd’hui complètement disparues… Nous verrons des plis, des failles, des chevauchements… Nous verrons que les roches qui se sont formées au fond de l’océan ont été enfouies en profondeur avant de revenir, transformées, au niveau de la mer… Nous verrons des graptolithes, des trilobites… qui peuplaient les mers et océans il y a 450 millions d’années… Et nous verrons nos amis : le vent et les oiseaux… »

Léo : « Merci chevalier de nous faire découvrir tout ça. »

Le chevalier : « Merci de m’accompagner dans mes inspections. Bon, la chevauchée va être longue demain. Préparez vos affaires et allez vous coucher. »

***

Max : « Voilà ! Nos affaires sont prêtes. Il y a nos sacados, mon pantalon, ma loupe, ma serviette, les jumelles, le beau livre de zoisos, ton couteau… Je prends ma flore de Gaston ? »

75 11 Les affaires 75 12 Les affaires

Le chevalier : « Pas la peine. Nous sommes en hiver. Et la botanique n’est pas au programme de notre séjour. »

Léo : « Non non ! On fait l’ornithologie et la géologie. Et c’est tout. »

Max : « Bon, ben on va se coucher. Tu viendras nous faire notre bizou de bonnuit ? »

Le chevalier : « Et votre câlin du soir 🙂 »

Bon, après le câlin, on arrivait pas à dormir. On était trop impatients d’aller en Bretagne. Alors on a chahuté, comme des cormorans au fond de la classe. Au bout d’un moment bonome nous a grondés parce qu’on l’empêchait de dormir. Et avec la longue chevauchée du lendemain, il avait besoin de repos. Pour pas faire l’accident… Mais il nous a pas grondés fort. Juste ce qu’il fallait pour nous calmer. Et puis, il nous a de nouveau câlinés. Et on s’est endormis dans ses bras. En ronronnant 🙂

Princesse, demain, on sera en Bretagne. Rhoooo la chance… 😉

Je t’embrasse Princesse. Et ne t’inquiète pas. On va très très bien 🙂

Continuer la promenade

74 – Le Petit Royaume Sauvage

Lundi 15 février, An II

Le chevalier : « Max ! Léo ! Voulez-vous venir s’il vous plaît ? »

Max : « On veut bien 🙂 »

Léo : « On arrive ! »

Max : « On est là ! »

Léo : « Qu’est ce qu’on peut faire pour toi ? »

Le chevalier : « Est-ce que ça vous dirait d’aller faire une petite inspection ce matin ? »

Max : « C’est à nous que tu demandes si on voudrait aller inspecter ? »

Léo : « Tu es sérieux ? »

Max : « Bonome, tu sais bien qu’on ne supporte plus les inspections. »

Léo : « On y va seulement pour te faire plaisir. »

Max : « Mais on doit faire de gros efforts. Oulala ! »

Léo : « Parce qu’on en peut plus des inspections. »

Le chevalier : « Ah… D’accord. C’est dommage. Brindille va être déçue de ne pas vous voir. »

Léo : « Parce que Brindille vient avec nous ? »

Max : « On rigolait bonome. »

Léo : « Tu sais bien qu’on adore aller aux zoisos. »

Max : « On est des naturalistes nous. On a des sacados. Alors on veut toujours aller inspecter. »

Léo : « Et si en plus il y a Brindille… »

Le chevalier : « Bien. Alors préparez-vous et dépêchez-vous 🙂 »

Max : « On est prêts ! »

Léo : « Chevalier, on peut passer chez Brindille ? Pour voir le chien. »

Max : « Oh oui bonome ! S’il te plaît ! »

Le chevalier : « C’était prévu 🙂 J’ai même acheté une friandise pour le chien. Vous pourrez lui offrir si vous voulez. »

Léo : « Rhoooo… Merci chevalier. »

Max : « Allez, on y va. »

***

Max : « Bonjour Brindille ! »

Brindille : « Bonjour Max ! Bonjour Léo ! »

Léo : « Bonjour Brindille ! Tu viens avec nous aujourd’hui ? »

Brindille : « Oui petit Léo. Où m’emmenez-vous ? »

Max : « On a pas réfléchi à ça 🙁 On était pressés de voir ton chien. On peut aller le voir ? »

Brindille : « Bien sûr ! Suivez-moi. »

Léo : « Rholala ! Il est beau ton chien. Il s’appelle comment ? »

Brindille : « Le chevalier l’appelle Chien 🙂 »

Max : « C’est le chien Chien ? »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Installez-vous sur le banc et Chien va venir vous voir. »

Léo : « On pourra le caresser ? »

Le chevalier : « Chien adore les caresses. »

Max : « Oulala ! Il s’approche ! »

Léo : « Tu as peur Maxou ? »

Max : « Un peu… Il est très grand ! »

Léo : « Chevalier, tu peux nous fotoer avec Chien s’il te plaît ? »

74 02 Avec Chien

Léo : « Chien, on t’a apporté une friandise. Tu la veux ? »

Max : « Hé ! Doucement Chien ! »

74 03 La friandise 74 04 La friandise
74 05 On est tombés

Max : « Il nous a bousculés ! »

Léo : « On est tombés ! »

Brindille : « Pauvres petizours ! Venez ici que je vous gratouille le front. »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Dites tous les trois, il va falloir y aller. Brindille n’a pas beaucoup de temps pour l’inspection. »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « Mais… On a pas encore fait du chien ! Chien, viens ici s’il te plaît. On va monter sur ton dos. Il faudra être gentils avec nous. Allez, approche. Et couche toi. Allez ! Couché Chien ! »

Max : « Il t’a obéi ! Il s’est couché ! »

Léo : « Ben oui ! Je sais parler aux chiens moi 🙂 Allez, viens Maxou. On va le chevaucher… Tu es installé ? Tiens-toi à moi… Debout Chien ! »

74 06 On fait du chien 74 07 On fait du chien

Max : « Oulala ! J’ai le mal de mer moi 🙁 »

Léo : « On fait juste un petit tour. Courage Maxou ! Rholala… On fait du chien 🙂 »

Max : « ça suffit maintenant. On descend Léo. Dis à Chien de se coucher pour qu’on descende. »

Léo : « Stop Chien ! Voilà… C’est bien… Couche-toi maintenant. Couché Chien ! Tu peux descendre Maxou. Bon, on fait des fotos avec Chien et on va aux zoisos. » 74 08 Avec Chien

Max : « Bonome, on va où ? Quelle décision unanime as-tu prise ? »

Brindille : « Décision unanime ? Il prend des décisions unanimes tout seul ? »

Max : « Euh… Oui… C’est parce que la dernière fois, Léo et moi on l’a un peu énervé. Alors il a choisi tout seul notre destination. A l’unanimité de lui même. Et depuis j’ose plus trop lui demander où on va. »

Le chevalier : « 🙂 Que pensez-vous du Petit Royaume Sauvage ? »

Léo : « Oh oui ! Il est beau ce Royaume. Tu vas voir Brindille. Je suis sûr qu’il va te plaire. »

Brindille : « On y voit des oiseaux ? »

Léo : « On a vu un pic mar. Il est très beau le pic mar Et des sitelles… Oui, il y a de beaux zoisos. Allez, on y va maintenant. »

Max : « Attendez ! Brindille, tu peux signer ce papier avant de partir s’il te plaît ? »

Brindille : « Quel papier ? Montre-moi… »

Le chevalier : « Max, c’est quoi ce papier ? »

Max : « T’occupe pas de ça. C’est entre Brindille et moi. »

Brindille : « Max, je ne peux pas signer ça 🙂 »

Max : « Et pourquoi pas ? »

Brindille : « Parce que tu dis mon bonome et le chevalier n’est pas mon bonome ! »

Max : « Alors tu barres mon et tu dates et tu signes. »

Brindille : « D’accord 🙂 »

P1810052Le chevalier : « Max, je ne savais pas que tu t’inquiétais pour moi à ce point. »

Max : « C’est par pour toi que je m’inquiète. Si tu vas en prison, qui nous fournira du chocolat ? »

***

Max : « Nous voilà arrivés 🙂 »

Le chevalier : « Vous entendez ? Puuuiiiit puuuiiiit… »

Léo : « Chevalier, c’est comme ça que tu imites le zoiso ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Tu es rigolo 🙂 Ce qu’on entend, c’est le cri d’appel. Écoute chevalier. »

Brindille : « Tu imites drôlement bien les oiseaux Léo. »

Léo : « Merci Brindille 🙂 Mais il faut le trouver maintenant. »

Le chevalier : « C’est fait 🙂 Il est même déjà fotoé. »

Léo : « Je l’ai vu ! »

Max : « Moi aussi ! Il est là Brindille. Tu le vois ? »

Brindille : « Vu ! »

74 11 Pinson des arbres 74 12 Pinson des arbres

Max : « C’est un pinson des arbres. »

Léo : « Fringilla coelebs, Frindillidés. Il a pas de rouge sur les joues. C’est donc une femelle. Tu connais les pinsons des arbres Brindille ? »

Brindille : « Il y en a qui viennent manger les graines dans mon jardin. »

Léo : « Rhooo la chance… Tu as tes propres pinsons des arbres… »

Max : « Nous on a que des mésanges charbonnières… »

Léo : « Regarde comme il est beau ce Royaume 🙂 »

Brindille : « Il est magnifique ! »

74 13 Le Petit Royaume Sauvage

Max : « On va passer derrière les arbres. Il y a deux grands chênes là-bas. On verra peut être les sittelles torchepots. Chut ! Il faut pas se faire repérer. »

74 14 Le chevreuil 74 15 Le chevreuil
74 16 Le chevreuil

Léo : « Rholala… Rhooolaaalaaa... »

Brindille : « C’est un chevreuil ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Fotoe-le vite ! »

Max : « Il s’en va 🙁 »

Léo : « Il est parti… Rhooo la chance ! On vient d’arriver et on a déjà vu un chevreuil… La chance ! »

Max : « Brindille, tu parles le mammifère ? »

Brindille : « Pourquoi me demandes-tu cela ? »

Max : « Quand tu es venue, la première fois, on a vu des renards. Aujourd’hui, on voit un chevreuil. C’est pas du hasard. Tu parles le mammifère : le renard, le chevreuil… C’est pour ça que tu t’entends bien avec bonome. Vous parlez le zanimo tous les deux. »

Brindille : « Tu crois vraiment que ton bonome parle le zanimo et que je parle le chevreuil ? »

Max : « On en est sûrs ! La preuve, on voit des mammifères avec toi. »

Brindille : « Vous en aviez déjà vus avec le chevalier. »

Max : « Ben oui ! Il parle l’écureuil et un peu le renard. Je savais pas qu’il parlait le chevreuil. C’est sûrement toi qui lui as dit de venir. Donc, tu parles le chevreuil. Toi non plus tu voudras pas l’avouer. Mais merci de lui avoir dit de venir. C’est très gentil à toi. »

Léo : « Vous pourriez quand même nous apprendre le zanimo. »

Brindille : « Mais Léo, tu imites parfaitement les oiseaux. »

Max : « Imiter et parler c’est pas pareil. Léo imite très bien mais il sait pas ce qu’il dit. Alors que bonome, il parle vraiment. Toi aussi tu parles le zoiso ? »

Le chevalier : « Max, ça suffit tes histoires de langues animales. Allez, on zoisote. »

Max : « Max, ça suffit … On peut même pas discuter dans ce Royaume… Il a raison Léo : ils pourraient nous apprendre le zanimo… »

Léo : « Je crois que Maxou ronchonne 🙂 »

Max : « JE RONCHONNE PAS ! »

Léo : « Chevalier, on voit pas des zoisos 🙁 »

Brindille : « Ce n’est pas grave. Profitez de la beauté. Il est vraiment magnifique ce Royaume. »

74 17 Le Petit Royaume Sauvage 74 18 Le Petit Royaume Sauvage

Max : « Bonome, c’est quoi les végétos qu’il y a partout ? Ils poussent sur les troncs, par terre… Et ils sont tout petits. Tu connais ? »

74 19 Les mousses 74 20 Les mousses

Le chevalier : « Les mousses ? Oui, je connais. Enfin, un peu… »

Max : « Tu connais les mousses Brindille ? »

Brindille : « J’en ai déjà vues mais je ne pourrais pas vous expliquer les mousses 🙂 »

Max : « Non ? Tant pis. Il va falloir écouter bonome. Allez, explique-nous les mousses. Au travail. Et ne sois pas trop assommant pour une fois. »

Le chevalier : « Les mousses : du grékancien Mousse qui veut dire mousse en latin ancien qui est une langue ancienne que personne ne parle à part moi 🙂 »

Max : « Tu te moques là ! C’est pas bien de se moquer ! ON SE MOQUE PAS DE SON PETITOURS QUAND ON EST UN GRAND CHEVALIER ! »

Léo : « Là, je crois que Maxou crie 🙂 »

Brindille : « Il ronchonne, il crie… Quel caractère ! »

Max : « Je vous néglige… Bonome, les mousses s’il te plaît. »

Le chevalier : « Elles sont vertes. »

Max : « On voit bien qu’elles sont vertes ! On a pas besoin de toi pour voir qu’elles sont vertes ! »

Le chevalier : « C’est important quand même. Te souviens-tu des algues ? Il en existe de différentes couleurs en raison des pigments qu’elles contiennent. Max, mon petitours, comment s’appelle le pigment vert ? »

Max : « Attends… Oui oui, ça me dit quelque chose… C’est le vert des feuilles mais il faut le dire en grékancien… Comment on dit vert déjà ? … Et la feuille ? … Pfff… »

Léo : « Max, pense à la poule-d’eau. »

Max : « Parce qu’elle est verte la poule d’eau ? »

Léo : « Mais non ! Ses pattes seulement ! »

Max : « Ah oui ! Pattes vertes = chloropus ! Le pigment vert des feuilles, c’est la chlorophylle ! Merci Léo. Sans toi j’aurais eu une mauvaise note à l’interro. »

Brindille : « Parce que le chevalier vous fait des interrogations ? »

Léo : « Non, jamais. Ou alors pour de rire. Mais dès qu’il pose une question Max dit que c’est une interro. Il est comme ses élèves ! »

Le chevalier : « 🙂 Il y a un pigment qui permet l’utilisation de la lumière solaire pour se nourrir : c’est donc un végétal. »

Max : « Un végéto. En Petitursie on dit un végéto. Tu devrais savoir ça depuis qu’on se connaît. »

Le chevalier : « D’accord. C’est donc un végéto. Les mousses n’ont pas de racines. C’est ce qui leur permet de pousser sur des rochers ou des troncs. »

Brindille : « Pourtant j’ai appris que les végétos prélevaient l’eau et les sels minéraux dont ils ont besoin dans le sol grâce à leur racines. Comment font les mousses ? »

Le chevalier : « Elles le font directement par leur feuilles. Ce ne sont pas exactement des feuilles d’ailleurs. Mais ne compliquons pas. »

Léo : « Et sans racines, comment elles tiennent sur leur support ? »

Le chevalier : « Elles ont de petits crampons qui s’insinuent dans les petites fentes du support. Ce n’est pas très solide mais c’est largement suffisant pour elles. »

Max : « Et elles ont pas des fleurs. Or les fleurs servent à la reproduction des plantes à fleurs. Elles font comment pour se reproduire, les mousses ? »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous des fougères que nous avons vues au Royaume des Papillons ? »

Max : « Je l’avais oublié ce Royaume ! Il faudra y retourner pour faire l’entomologie. Tu aimes l’entomologie Brindille ? »

Brindille : « Je ne connais pas beaucoup. Vous m’apprendrez 🙂 »

Max : « Les Odonates, les Hyménoptères, les Diptères, les Lépidoptères… »

Brindille : « Les hélicoptères 🙂 »

Max : « Ah non ! Pas de blagues pas drôles ! Normalement, quand tu es là, bonome en fait pas. Alors tu vas pas t’y mettre ! »

Brindille : « Si 🙂 »

Le chevalier : « Je n’ai donc plus aucune raison de kidnapper Brindille 🙂 »

Brindille : « Me kidnapper ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Depuis qu’il t’a rencontrée, Max veut que je t’enlève. Il dit qu’au vu de ma réputation au château je ne risque rien. Et Léo ne dit trop rien mais je crois qu’il est d’accord. »

Léo : « Oui 🙂 Tu nous grattes bien le front 🙂 »

Brindille : « Est ce une raison suffisante pour m’enlever ? »

Léo : « Ouiiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Merci pour moi 🙁 Et si nous revenions aux mousses ? Ou plutôt aux fougères. Rappelez-moi comment se reproduisent les fougères. »

Max : « Voilà ! Encore une interro ! Alors… Elles n’ont pas de fleurs, jamais… Il y avait des petits machins marrons au dos des feuilles… »

Léo : « Des frondes ! Chez les fougères il y a pas des feuilles. On dit des frondes. Et les petits machins marrons sont pas des machins mais des amas de sporanges. »

Max : « Qui produisent des spores ! Les fougères se reproduisent grâce à leurs spores. Elles en fabriquent des milliers et elles sont dispersées grâce au vent. Il est gentil le vent. »

Le chevalier : « Les mousses produisent également des spores. Voyez-vous les petites urnes brunes parmi les feuilles ? Ce sont les sporogones : les organes qui produisent les spores. »

Léo : « Tu peux remontrer la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! »

74 20 Les mousses Léo : « Là, je les vois. Et donc les sporogones éclatent et libèrent les spores qui seront dispersées par le vent. »

Max : « D’accord. Tu as tout compris Brindille ? Il a pas été trop barbant ? »

Brindille : « Non 🙂 Rassure-toi. »

Max : « Bonome, connaîtrais-tu un mot compliqué que personne connaît pour dire mousses en scientifique ? Tu sais, le genre de mots qui viennent du grékancien et que mes lecteurs ne lisent même pas 🙂 »

Le chevalier : « Oui, évidemment ! Ce sont les Bryophytes 🙂 »

Max : « Bah oui ! Bryophytes ! Tout le monde sait ça ! Et elles commensalisent ou elles sont mimétiques ? »

Le chevalier : « Max aime beaucoup mettre plusieurs mots que personne connaît dans la même phrase, pour me parodier 🙂 J’allais oublier quelque chose d’important. Deux choses, même ! Savez-vous que les mousses sont reviviscentes ? »

Max : « Mais bien sûr ! Évidemment ! Voyons, bonome quand même ! Pour qui nous prends-tu ? La reviviscence des mousses… »

Le chevalier : « Alors tu vas nous expliquer. »

Max : « Non non, je laisse Brindille le faire. »

Brindille : « Les mousses peuvent se dessécher entièrement. Elles paraissent mortes mais reprennent vie dès qu’elle sont de nouveau humides. »

Léo : « Rhoooo… Tu en connais des choses. Toi aussi tu es naturaliste ! Tu devrais avoir un sacado. »

Max : « C’est vrai ça ! Pourquoi tu as pas de sacado ? »

Brindille : « Je ne sais pas… Parce que je suis pas une naturaliste, moi… Par contre je sais que les mousses sont des plantes pionnières. »

Le chevalier : « C’est la seconde chose importante que j’avais oubliée ! Comme elles n’ont pas besoin de sol, elles peuvent se développer sur des rochers. Elles s’accumulent et forment, petit à petit, une couche d’humus qui peut accueillir d’autres plantes qui, elles, ont des racines. »

Max : « Merci bonome. Maintenant je connais bien les petites plantes qui poussent partout. Merci aussi Brindille. »

Léo : « N’empêche que pendant tout le temps que tu nous a expliqué les mousses on a pas vu des zoisos. Il y a pas des zoisos aujourd’hui. »

Brindille : « Ce n’est pas vrai petit Léo. Écoute ! »

Léo : « C’est très énervant quand on les entend et qu’on les voit pas. Ils veulent pas venir nous voir 🙁 »

Brindille : « Continuons la promenade, nous en verrons sûrement. »

Max : « On se promène pas ! On inspecte ! On est au service de Princesse pour vérifier que tout se passe bien au Pays des Zoisos ! On est en mission nous ! »

Brindille : « Alors continuons à inspecter 🙂 Il est vraiment magnifique ce Royaume ! »

Max : « Tu dis toujours il est magnifique ! »

Le chevalier : « Et toi, tu embêtes tout le monde ! »

Max : « Mais… »

Brindille : « Il ne m’embête pas. Il m’amuse 🙂 »

74 21 Le Petit Royaume Sauvage 74 22 Le Petit Royaume Sauvage

Max : « Il y a des zoisos noirs là-bas, sur l’eau. On va voir ? Dis bonome, il était pas tout inondé comme ça le Petit Royaume Sauvage quand on l’a découvert. »

Le chevalier : « Non, effectivement. Mais il a beaucoup plu ces derniers temps. Vous devriez le savoir. Nous n’avons pas beaucoup inspecté à cause de la pluie. »

74 23 Les foulques 74 24 Les foulques

Léo : « Ce sont des foulques ! Tout ce chemin pour des foulques macroules ! »

Brindille : « Tu n’aimes pas les foulques, Léo ? »

Léo : « J’aime tous les zoisos mais ce sont pas les plus rares. Et puis, elles font rien que se chamailler et j’en ai déjà deux à la maison 🙂 »

Léo : « Chevalier ! Il y a un zoiso là ! Fotoe-le ! C’est qui ce zoiso ? »

74 27 Un zoiso 74 28 Un zoiso
74 29 Un zoiso 74 30 Un zoiso

Le chevalier : « Je dirais un pouillot. »

Max : « Alors tu sais pas. Tu connais rien aux pouillots. Tu sais pas les différencier. Et puis il y a des espèces qui se ressemblent et je suis sûr que tu les mélanges toutes. »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 Mais il est beau quand même ce zoiso. »

Max : « Il est magnifique 🙂 »

Brindille : « Tu te moques là ! C’est pas bien de se moquer ! ON SE MOQUE PAS DE BRINDILLE QUAND ON EST UN GRAND PETITOURS ! 🙂 »

Léo : « Tiens, Brindille crie sur Max 🙂 »

74 25 Le Petit Royaume Sauvage Le chevalier : « Bon, le reste du Royaume est totalement inondé. Nous ne pouvons plus avancer. Il va falloir faire demi-tour. »

Max : « Tu veux toujours rentrer 🙁 »

Le chevalier : « Pas plus que toi Max. Si tu veux continuer à avance,r il va te falloir nager. »

Max : « Je sais pas nager. D’accord, on fait demi-tour. »

Brindille : « Regardez ! Il y a des tas d’empreintes dans le sol. »

Léo : « On va voir ! »

74 31 Une empreinte 74 32 Une empreinte

Léo : « Ça, c’est une empreinte de chevreuil ! Il est passé par ici ! »

Max : « Viens voir Léo, il y en a une autre ici ! »

Léo : « On est en territoire chevreuil 🙂 C’est mieux qu’en territoire sanglier. »

74 33 Une autre empreinte

Brindille : « J’ai lu vos aventures au Royaume des Sangliers. Vous avez eu peur ? »

Léo : « Ben oui. C’est dangereux un sanglier. »

Max : « Même bonome pourrait pas forcément nous protéger. »

Léo : « Ils ont des grosses dents. Ils pourraient nous déchiqueter. »

Max : « Et ils pèsent 180 kg. Tu imagines un sanglier qui fonce vers toi ? »

Brindille : « Je ne préfère pas. »

Le chevalier : « Il y en a probablement dans le secteur. »

Max : « C’est pas vrai ! C’est territoire chevreuil ! »

Léo : « Tu dis ça pour nous faire peur ! »

Max : « Parce que tu veux rentrer ! »

Léo : « T’es pas gentil ! »

Le chevalier : « Non, je ne cherche ni à vous faire peur, ni à vous pousser à rentrer. Mieux vaut être averti du danger. Et ici, il peut y avoir des sangliers. Voyez vous les petites plates-formes disposées régulièrement le long des chemins ? »

Max : « Oui, je me demandais… Elles servent à quoi ? »

Le chevalier : « Ce sont des refuges 🙂 Si un sanglier arrive, il faut courir se réfugier sur l’une de ces plates-formes. Il y en a beaucoup. Nous ne risquons rien. Et si nous allions nous asseoir un peu sur l’une d’entre elles pour nous reposer un peu ? »

Max : « D’accord. Et puis comme ça, Brindille pourra te poser sa question. »

Brindille : « Quelle question Max ? »

Max : « Mais tu sais bien, celle que tu as posée dans les commentaires de mon blog. Je t’avais pas répondu exprès. »

Brindille : « Oui 🙂 Je m’en souviens maintenant. »

Max : « J’ai fait quelques recherches dans les livres qui tapissent les murs de la cabane. On s’installe et tu poses ta question. »

74 34 Les petizours 74 35 Les petizours

Max : « Oups, on est encore tombés ! »

Brindille : « Vous tombez tout le temps 🙂 »

Léo : « C’est parce qu’on est tout petits. On pèse à peine quelques grammes. »

Max : « Et le vent nous a poussés. »

Brindille : « Mais n’est-il pas votre ami ? »

Max : « Si si ! Il a pas fait exprès. Je sais bien qu’il est désolé. »

Brindille : « Installez-vous sur mes genoux. Vous ne tomberez plus. »

Léo : « Merci Brindille 🙂 »

Max : « Allez, pose ta question ! »

Brindille : « Il y a des canards ploufeurs et des non-ploufeurs, les canards de surface. Est-ce que tu peux m’expliquer pourquoi ? Les non-ploufeurs sont-ils arrivés en retard au cours de natation ? Et est-ce qu’ils mangent la même chose ? »

Léo : « Tu vas répondre à tout ça ? Rholala… »

Max : « Bonome va m’aider. D’abord il faut savoir que les non-ploufeurs étaient très sages au cours de natation. Ils chahutaient pas au fond de la classe comme les cormorans. Et ils apprenaient bien leurs leçons de natation. En fouinant dans les fotos de bonome, j’ai bien vu que les petits colverts, pas les tout petits, et ben ils savent ploufer. Oui oui ! C’est après qu’ils arrêtent. C’est parce qu’ils mangent tout le temps et qu’on leur a dit qu’il fallait pas se baigner pendant les trois heures qui suivent les repas. Il y a jamais trois heures entre leurs repas alors ils ploufent pas. Les autres, ils font pas attention à ça. Ils s’en fichent des règles. C’est même pire que ça : ils mangent en ploufant ! C’est comme si tu allais te baigner dans la rivière avec ton sandwich 🙂 Alors eux, les trois heures… »

Le chevalier : « Max… »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Rien. Continue… »

Max : « J’ai pas raison ? Tu as jamais fotoé des petits colverts en train de ploufer ? »

Le chevalier : « Si Max, tu as raison. »

Brindille : « D’accord. Et leurs régimes alimentaires ? »

Max : « Ils ont tous à peu près le même. Des végétos, des larves, des petits gastéropodes, quelques insectes quand ils se présentent… »

Brindille : « Alors pourquoi certains plongent ? »

Max : « Parce qu’ils aiment bien ! Tu as déjà vu les zoms quand ils vont se baigner ? Il y en a qui vont sous l’eau et d’autres qui gardent précautionneusement la tête hors de l’eau. »

Le chevalier : « Tu dis des erreurs Maxou. Et tu le fais volontairement. »

Max : « Tu sais pourquoi il y a des ploufeurs et des non-ploufeurs, toi ? Tu as déjà trouvé quelque chose là-dessus dans tout tes livres ? »

Le chevalier : « Non, jamais. Je pense que c’est dû à leur flottabilité. Chez le colvert 25 % du volume est occupé par de l’air. Cela l’isole contre le froid. Mais la conséquence est qu’il flotte trop bien. Pour s’enfoncer dans l’eau, il devrait dépenser beaucoup d’énergie. »

Léo : « Il y a 25 % d’air dans un canard colvert ! »

Le chevalier : « Environ, oui. Entre les plumes surtout. C’est une bonne protection contre les variations de température. »

Léo : « Et les autres ont moins d’air donc ils s’enfoncent plus facilement dans l’eau. Mais ils sont moins bien protégés contre le froid alors. Les pauvres. »

Max : « Cet hiver il faudra leur distribuer des manteaux. »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Mais vous savez, il ne faut pas changer beaucoup la proportion d’air dans le corps pour modifier la flottabilité. Chez l’Homme… »

Max : « On s’en fiche des zoms. »

Le chevalier : « Chez l’Homme, la différence tient à deux litres environ. Avec les poumons remplis, l’individu flotte. Avec les poumons à moitié vide, il coule. 2 litres pour un poids moyen de 75 kg… »

Léo : « Si j’ai bien compris, la différence entre ploufeurs et non ploufeurs vient de la proportion d’air entre les plumes. Tu as compris ça aussi Brindille ? »

Brindille : « Oui petit Léo. »

Max : « Bonome, tu es sûr de ce que tu racontes ? »

Le chevalier : « Autant que toi avec les 3h 🙂 Non, ce n’est qu’une hypothèse. »

Brindille : « Je m’en contenterai. »

Max : « Il vaut mieux, sinon il va se relancer dans des explications interminables. »

Léo : « Brindille, tu veux bien nous grattouiller le front avant de reprendre l’inspection ? »

Brindille : « Bien sûr Léo. »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Mes chers petizours, je suis désolé d’interrompre vos ronronnements gratouillesques avec Brindille mais l’heure tourne… »

Max : « On s’en fiche, on la kidnappe. Elle reste avec nous maintenant. On peut rester des heures si on veut. »

Le chevalier : « Malgré sa blague pas drôle ? »

Max : « Ah… oui… J’avais oublié… Brindille, nous te relâchons. Il y a déjà bonome qui fait des blagues pas drôles. Deux dans la même cabane, ça serait vraiment trop. »

Brindille : « On est bien peu de choses… »

Léo : « Moi je veux bien te garder quand même 🙂 »

Brindille : « Merci Léo, c’est gentil. »

Max : « Au retour, on pourra s’arrêter le long de l’étang ? Pour voir si il y a des zoisos ? »

Le chevalier : « D’accord. De toutes façons nous y passons. »

***

Léo : « Regardez ! Il y a des sarcelles d’hiver, Anas crecca, Anatidés. »

Brindille : « Tu les reconnais à cette distance ? »

74 37 Sarcelles d'hiver

Léo : « Oui 🙂 C’est parce que j’aime beaucoup les zoisos. Et elles sont très belles, les sarcelles d’hiver. »

Max : « Tu as vu, Brindille ? Quand Léo parle d’un zoiso, on a toujours l’impression que c’est son préféré. Tous les zoisos c’est son préféré à Léo 🙂 »

Brindille : « 🙂 Je le comprends. La sarcelle d’hiver, c’est un canard plongeur ou un canard de surface ?»

Léo : « C’est un canard de surface. »

Max : « Il faudrait le dégonfler un peu, comme ça, il pourrait ploufer 🙂 »

Léo : « Levez la tête ! Il y a un faucon crécerelle, Falco tinnunculus, Falconidés. »

74 39 Faucon crécerelle 74 40 Faucon crécerelle

Max : « On a peur des rapaces ! »

Brindille : « Générateurs aléatoires de câlins ? »

Max et Léo : « Ouiiiii !!! »

Brindille : « Vous voulez pocher ? »

Max : « Dans TA poche ? Bonome, tu veux bien ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Après tout, Brindille n’est pas la première venue 🙂 »

Brindille : « Venez 🙂 Léo, tu veux bien m’expliquer comment tu reconnais le faucon crécerelle ? »

Léo : « Oui Brindille. D’abord, il vole sur place. On appelle ça muloter. A ma connaissance il n’y a que les faucons qui font ça. Et puis c’est le faucon le plus probable. Le chevalier et Max ont vu un hobereau au Grand Étang de T mais il est quand même assez rare. Et tu vois, il a les plumes de la queue étalée. Tout ça, on le voit vite. Après, il faut regarder les couleurs. Mais c’est pas facile par en dessous et à contre-jour. N’empêche que c’est un faucon crécerelle. Et qu’il est parti… »

Brindille : « Merci petit Léo. Nous aussi nous allons devoir partir. Il faut que je rentre. Chien m’attend 🙂 »

Léo : « On pourra rester sur tes genoux pendant la chevauchée du retour ? »

Brindille : « Si vous voulez et si le chevalier est d’accord. »

Max : « Il est d’accord. Bonome, tu chevaucheras lentement. C’est plus prudent. »

***

Le chevalier : « Voilà, nous sommes arrivés. Dites au revoir à Brindille. »

Max : « Au revoir Brindille. A bientôt. »

Léo : « Au revoir Brindille. Tu reviendras encore ? »

Brindille : « Je vais faire de mon mieux. C’est un plaisir d’inspecter le Pays des Zoisos avec vous. Au revoir chevalier. Au revoir les petizours. »

Léo : « Tu caresseras Chien de notre part s’il te plaît. »

Voilà Princesse. Brindille est revenue avec nous. Mais ça nous a pas empêchés de bien faire notre mission. Au Petit Royaume Sauvage il y a des beaux zoisos mais ils veulent pas se montrer.

On va bien tous les trois Princesse. J’espère que toi aussi. Je t’embrasse.

Continuer la promenade