La Roche Romaine

22 août, An VIII

Max : « Bonjour bonome:) Bien dormi ? Nous on est déjà prêts. »

Léo : « J’ai fait la première cafetière. »

Yann : « Pourquoi la première ? »

Max : « Bonome est pas du matin. Il faut qu’il se caféine pour commencer à émerger. La première cafetière lui permet d’ouvrir les yeux et de commencer à distinguer des formes. »

Samuel : « C’est seulement après la seconde qu’il est capable d’utiliser un langage articulé. »

Max : « Et après il va à la taverne pour boire ses deux cafés allongés mais il les boit assis 🙂 »

Léo : « Et là, il est enfin efficace. »

Le chevalier : « Vous commencez à vous moquer de moi avant même que je vous ai salués ? Toi aussi mon petitours ? »

Max : « Ben voilà ! Petit Sam est ton petitours ! Et nous, on est quoi nous ? »

Le chevalier : « Des machins. Des petits machins. »

Léo : « Je peux poser la question rituelle du matin ? »

Yann : « C’est quoi cette question ? »

Max : « C’est moi qui la pose ! Bonome, on va où aujourd’hui ? »

Le chevalier : « A la taverne, boire des cafés. »

Max : « Alors toi ! Comment veux-tu que je garde mon calme avec ce genre de réponses ? Dis moi. »

Samuel : « On va voir des volcans ? »

Le chevalier : « Alors… Je n’ai pas envie de chevaucher aujourd’hui. Nous ferons donc une boucle à partir de la cabane. Douze kilomètres je crois. »

Max : « Tu vas en faire quinze. »

Le chevalier : « Ah ? »

Max : « Ben oui. Tu vas forcément oublier de tourner à droite ou à gauche à un moment ce qui va faire un détour. Et tu auras envie d’aller voir par là même si c’est pas sur le chemin. Alors tu vas pas faire douze kilomètres mais quinze. Peut-être plus si tu te trompes deux fois. C’est possible, étourdi comme tu es. »

Le chevalier : « C’est moi qui marche… »

Samuel : « Tu as pas répondu ! On va voir des volcans ? »

Le chevalier : « Deux. Mais nous ne les verrons pas vraiment. »

Léo : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Comme vous le voyez, il y a des arbres un peu partout. Nous allons nous promener sur des chemins parfois bordés d’arbres, parfois sous les arbres… Nous serons sur des volcans mais nous les verrons à peine. »

Max : « On va pas se promener bonome. On va inspecter. »

Le chevalier : « Oula… Je n’inspecte pas à fond moi. J’ai besoin de repos. »

Yann : « Et pour te reposer tu vas cavaler quinze kilomètres en moyenne montagne 🙂 »

Samuel : « Il est comme ça bonome 🙂 »

Un peu plus tard…

Léo : « Tu as pas dit où on va ! Il y a bien un objectif à ton itinéraire ? »

Le chevalier : « Découverte de la faune et de la flore locale. Et nous verrons la Roche Romaine. »

Yann : « La Roche Romaine ? C’est quoi ? »

Le chevalier : « Je vous l’expliquerai sur place. »

Samuel : « On fait la flore ? »

Le chevalier : « Je peux vous présenter quelques plantes si vous le voulez. »

Samuel : « J’aime beaucoup les fleurs rose qu’on voir le long du chemin. Surtout celles qui ont les pétales découpés en lanières. »

Le chevalier : « Celles-ci ? »

Œillet de Montpellier (Dianthus hyssopifolius, Caryophyllacées)

Léo : « Tu connais ? »

Max : « J’espère ! J’ai oublié ma flore ! »

Le chevalier : « J’ai installé une application dans mon téléphone. Plus besoin de flore 🙂 »

Max : « Tu te modernises bonome 🙂 »

Yann : « Ça marche comment ? »

Le chevalier : « Je fotoe et monsieur Internet me dit qui c’est 🙂 »

Léo : « C’est pratique mais c’est moins intéressant qu’une bonne vieille détermination à l’ancienne. »

Le chevalier : « Je suis d’accord. »

Max : « On va pas débattre pendant des heures. C’est qui cette plante ? »

Le chevalier : « L’œillet de Montpellier, »

Max : « On est pas à Montpellier là. Il fait quoi ici cet œillet. Il est en vacances ? »

Le chevalier : « Sûrement 🙂 »

Samuel : « Et celui-là ? C’est un œillet aussi. »

Œillet des Chartreux (Dianthus carthusianorum, Caryophyllacées)

Le chevalier : « L’œillet des Chartreux. Je vérifie quand même… Oui, c’est ça. »

Yann : « Elles sont rares ces plantes ? »

Le chevalier : « Pas ici. Je pense que nous le reverrons. »

Léo : « Tu connais l’origine de ces noms ? »

Le chevalier : « Aucune idée pour l’œillet de Montpellier. Je sais que c’est une plante qui s’observe sur les pelouses rocailleuses des étages montagnard et sub-alpin. L’œillet des Chartreux est ainsi nommé car il était cultivé dans les jardins du monastère de la Chartreuse. »

Samuel : « Tu as pas donné les noms en scientifique. »

Le chevalier : « Dianthus hyssopifolius, Caryophyllaceae et Dianthus carthusianorum, Caryophyllaceae aussi 🙂 »

Léo : « L’œillet à feuilles d’hysope ? »

Le chevalier : « Oui. Ses feuilles ressemblent à celles de l’hysope. »

Yann : « Et Dianthus ? Ça veut dire quelque chose ? »

Max : « Ben voilà… Tu lances bonome avec le grékancien… »

Léo (à Yann) : « Laisse Maxou ronchonner 🙂 »

Le chevalier : « C’est la fleur (anthos) des dieux (dios), celle de Zeus mais je ne sais pas pourquoi. Voulez-vous savoir l’origine du mot ‘œillet’ ? »

Léo : « Oh oui ! »

Max : « Ça va encore être une légende horrible de la Grèce Ancienne… »

Samuel (à Yann) : « Les légendes de la Grèce Ancienne sont pleines de meurtres, d’incestes, de tromperies… »

Le chevalier : « 🙂 Diane, la déesse de la chasse, convoitait les beaux yeux d’un berger. Mais pas le berger lui-même. Seulement ses yeux. Elle les lui fit arracher pour jouer avec. Évidemment elle s’en lassa et les jeta sur les bords d’un chemin où naquirent de petites fleurs qu’on appela œillet c’est à dire petit œil. »

Max : « Ben voilà ! C’est bien ce que je disais. C’est horrible. »

Le chevalier : « Je n’y peux rien Max. »

Max : « Si ! Tu pourrais éviter de raconter ces horreurs. »

Le chevalier : « Certes. Pour les Chrétiens, l’œillet fait référence soit à Marie soit à Jésus. Dans le langage des fleurs c’est le symbole de la passion et on l’offre à l’être aimé pour accompagner des promesses de fidélité. On avance ? »

Max : « On avance ! »

Léo : « J’entends des zoisos. Il doit y en avoir pas loin 🙂 »

Samuel : « Ben oui ! Il y a des gobemouches. »

Léo : « Des gobemouches ? Je reconnais pas le chant du gobemouche gris… »

Max : « Parce que se sont des noirs 🙂 »

Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca, Muscicapidés)

Léo : « En internuptial… »

Max : « Ou bien une femelle ou un jeune… »

Léo : « On connaît pas bien les gobemouches noirs. On a juste vu un juvénile il y a quelques années au Royaume des Chevaliers. »

Samuel : « J’espère que nous verrons des mâles nuptiaux. »

Yann : « Et lui là ? »

Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus, Muscicapidés)

Max : « Rougequeue à front blanc 🙂 Tu t’approches bonome ? »

Le chevalier : « Tout doucement. Je ne voudrais pas le déranger… »

Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus, Muscicapidés)

Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus, Muscicapidés)

Yann : « Il se sauve ! »

Léo : « Il est juste là ! »

Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus, Muscicapidés)

Max : « Il faut pas peurer rougequeue. On fait que passer nous. »

Léo : « ‘Peurer’ 🙂 »

Max : « Ben oui ! Peurer ! »

Samuel : « Là, c’est Rougegorge. Bonjour Rougegorge ! Tu vas bien ? »

Rougegorge (Erithacus rubecula, Muscicapidés)

Max : « Il répond pas. Les zoisos nous répondent jamais ! Ils parlent qu’avec bonome. »

Léo : « Yann, tu sais que bonome parle le zoiso ? »

Yann : « Vous me l’avez déjà dit 🙂 »

Max : « Il parle pas que le zoiso. Bonome, il est polyglotte du zanimo et il veut pas nous apprendre ! »

Samuel : « C’est de la roche volcanique là ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « On y va ! Bonome, prépare toi à fotoer tes petizours sur la roche volcanique ! »

Les petizours sur une cheyre
Les petizours sur une cheyre

Léo : « C’est quel volcan ? »

Le chevalier : « Le Tartaret. »

Max : « Raconte-nous le Tartaret bonome. On est assis. On a le temps. »

Samuel : « Il fait partie du Mont-Dore ? »

Le chevalier : « Non. Il appartient aux volcans périphériques de la Chaîne des Puys et plus particulièrement à un groupement de volcans appelé Volcans du Sud. Il y a le Puy de Monténard, le Puy du Tartaret et le groupe Montchal – Pavin – Montcineyre. »

Léo : « La Chaîne des Puys vient jusqu’ici ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas à proprement parler la Chaîne des Puys. Mais c’est contemporain. »

Max : « Raconte le Tartaret ! »

Le chevalier : « Il est érigé en travers de la couze de Chaudefour. »

Max : « Ah non ! Tu commences pas à utiliser des mots que personne connaît à part toi ! C’est quoi une couze ? »

Le chevalier : « C’est comme cela qu’on appelle un torrent dans le secteur. »

Yann : « La couze de Chaudefour c’est le torrent qui passe juste devant la cabane ? »

Le chevalier : « Oui mais on l’appelle la couze Chambon. »

Léo : « Il y a pas un lac qui s’appelle Chambon ? »

Le chevalier : « Si 🙂 Nous le verrons plus tard, de haut. Il s’est formé suite à l’apparition du Tartaret qui a fait barrage sur la couze de Chaudefour. »

Max : « Il s’est formé quand ce volcan ? »

Le chevalier : « Il s’est formé en deux étapes. La première remonte à 16 000 ans. Il y a eu une gigantesque explosion phréato-magmatique. »

Max : « C’est quoi ça encore ? »

Léo : « Phréato ? Comme phréatique de la nappe phréatique ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Mmmmm… Et ça a explosé ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Je crois comprendre. »

Max : « Alors explique nous. »

Léo : « Pour une éruption volcanique il faut du magma. Ici c’est du magma basaltique qui est à environ 1 200°C. C’est très chaud. Imaginez que lors de sa remontée il rencontre une nappe phréatique. »

Yann : « Je peux pas imaginer. Je sais pas ce que c’est. »

Samuel : « C’est une gigantesque nappe d’eau qui se situe en profondeur mais pas trop. Souvent elle est coincée entre deux couches de roches imperméables. »

Yann : « C’est comme un étang sous terre ? »

Samuel : « Un peu. A quelques centaines de mètres de profondeur au maximum. »

Yann : « J’imagine un peu maintenant. Merci. »

Max : « Moi aussi j’imagine. Si le magma à 1 200°C arrive au contact de l’eau, l’eau se vaporise d’un coup. Et tout le monde sait que le volume augmente lors de la vaporisation. »

Le chevalier : « Dans les conditions normales de température et de pression, le volume molaire de l’eau est de 22,4 L. »

Max : « Ben oui ! Oulala ! Nous en parlions justement ce matin du volume de la molaire de l’eau. Elle a une grosse molaire l’eau. »

Le chevalier : « 🙂 Le volume molaire c’est le volume occupé par une mole. »

Max : « Une molle ? Pas une dure ? »

Le chevalier : « 18 g d’eau occupe 22,4 L à l’état de vapeur à 0°C et 101 325 Pa. »

Léo : « Je comprend pas tout. Mais si ça c’est à 0 °C, à 1 200°C le volume augmente considérablement. »

Max : « Et ça fait tout exploser ! »

Samuel : « L’éruption effusive avec des grandes coulées de laves fluides et une petite fontaine de lave devient une éruption gravement explosive. »

Le chevalier : « Le toit de la chambre magmatique est fragmenté. »

Max : « Aux quatre coins de l’Auvergne qu’on va le retrouver éparpillé par petits bouts façon puzzle. Dispersé. Ventilé. »

Léo : « Rhooo la référence ! »

Le chevalier : « Moi j’aime bien 🙂 Plus sérieusement, il se forme un grand panache éruptif formé de vapeur d’eau, de lave fragmentée et de morceaux du socle. Un cratère circulaire et profond se forme. C’est ce qu’on appelle un maar. »

Max : « Il y a pas de maar ici. »

Le chevalier : « Non parce que l’éruption s’est poursuivie de façon plus habituelle entre 16 000 et 8 500 ans. Le cône de scories sur lequel nous nous trouvons date de cette phase. »

Samuel : « Le cône de scories a donc recouvert le maar… »

Max : « Yann, les scories se sont des morceaux de roches volcaniques. Il y a souvent des trous dedans. On dit des vacuoles quand on veut se faire passer pour un savant. Les scories se forment à cause des fontaines de laves. Il faut savoir que le magma c’est de la roche fondue avec des gaz dissous. Quand le magma remonte, la pression qui s’exerce dessus diminue et les gaz forment des bulles. Les bulles remontent et entraînent ce qui devient petit à petit de la lave. »

Yann : « Alors la lave c’est le magma sans les gaz. »

Max : « Oui et non 🙂 Il reste toujours un peu de gaz dans la lave. Mais tu as raison quand même. Quand il y a beaucoup de gaz et que la lave est fluide, des lambeaux de lave sont projetés en l’air. Ça fait une fontaine de lave. Comme les lambeaux de lave sont pas très grands ils se solidifient vite et ce sont des morceaux de roches qui retombent. C’est ça les scories. Il y en a plus qui retombent juste autour du centre éruptif alors ça forme un cône. »

Yann : « Je comprends. »

Léo : « Parfois il y a une coulée de lave. Elle entraîne les scories avec elle en coulant. Du coup, le cône est pas complet. Ça forme comme un fer un cheval dont sort la coulée. »

Le chevalier : « Pour être précis, ici, il y a un cône de scorie complet et un cône égueulé. »

Max : « Égueulé ? C’est pas très poli. »

Le chevalier : « Je n’y peux rien. C’est le terme usité. On dit un cratère égueulé et pas ‘comme un fer un cheval’. La coulée Du Tarteret est l’une des plus longue de la région. Elle s’étire sur 22 km jusqu’à Neschers. Cette coulée a emprunté un ancien thalweg. »

Max : « Un quoi ? »

Le chevalier : « Une petite vallée. »

Samuel : « Si je comprends bien, il y a eu deux volcans. »

Le chevalier : « Oui. L’ancien et le nouveau Tarteret. L’ancien est peu visible. Il y a un saupoudrage de lapilli basaltique côté lac Chambon. Puis le nouveau Tarteret est apparu avec sa coulée. Pour être complet, ces deux volcans ont commencé par un épisode phréato-magmatique. »

Max : « Tu pourras me trouver une carte pour illustrer mon blog. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Carte géologie du Tartaret (Guide géologique régional – Volcanologie de la Chaîne de Puy

Le chevalier : « Le lac Chambon a été créé par les éruption du Tarteret. Les cônes ont en partie obstrué la Couze Chambon et il s’est formé un lac de barrage. »

Yann : « On est donc sur un cône de scories. Il va pas entrer en éruption ? »

Le chevalier : « Les volcans d’Auvergne sont bien étudiés et surveillés. Nous le saurions si une éruption était prévue. »

Samuel : « Il y a encore une activité magmatique dessous ? »

Le chevalier : « Oui. Mais je ne peux pas vous dire s’il y aura d’autres éruptions. Dites les machins, si nous faisons une longue pause à chaque arrêt nous allons rentrer de cette promenade à la fin de la semaine. »

Max : « Et l’article sera trop long. On se poche et on avance ! »

Samuel : « On voit pas les paysages. Le chemin chemine sous les arbres. »

Léo : « C’est bien agréable quand même. »

Yann : « D’accord avec Léo 🙂 »

Max : « Ce serait pas un cirse laineux là ? »

Cirse laineux (Cirsium eriophorum, Astéracées)

Léo : « Il y en a déjà eu le long du chemin. »

Max : « C’est une belle plante mais elle fait rien qu’à piquer. Il faut pas s’en approcher. »

Léo : « Oui. On reste loin. Tant pis si on voit pas les insectes qu’elle accueille. Il y a toujours des insectes sur les cirses. »

Samuel : « Tiens ! Un jeune Rougegorge. »

Rougegorge juvénile (Erithacus rubecula, Muscicapidés)

Léo : « J’entends… Des mésanges noires et… Des huppées ! »

Max : « Fotoes les bonome ! »

Le chevalier : « J’essaye mais elles ne se montrent pas ! »

Max : « Tu vas quand même pas rater des mésanges noires et des mésanges huppées ! »

Le chevalier : « Ben si… »

Yann : « Et là-bas ? C’est qui ça ? »

Max : « Un petit mammifère qui saute partout… Il me dit rien… »

Léo : « Une belette ? »

Hermine (Mustela erminea, Mustélidés)

Hermine (Mustela erminea, Mustélidés)

Le chevalier : « La démarcation entre le blanc et le marron est plutôt linéaire. L’extrémité de la queue forme comme un pinceau noir. C’est une hermine. »

Max : « Tu arrives à voir la démarcation entre le marron et le blanc toi ? »

Le chevalier : « Ben oui. »

Léo : « Une hermine ! La chaaance ! On avait jamais vu une hermine 🙂 »

Max : « Ce sont pas les fotos du siècle quand même… »

Samuel : « Cousin Max cela suffit ! Bonome a fotoé une hermine qu’on avait même jamais vue alors tu ronchonnes pas ! »

Max : « Je ronchonne pas ! Vous dites toujours que je ronchonne mais je ronchonne pas ! Je constate que ce sont pas les fotos du siècle. Ai-je réellement tort ? »

Le chevalier : « Non 🙂 »

Léo : « Ça vole de partout ici ! Oulala ! Là, il y a Rougegorge ! »

Rougegorge (Erithacus rubecula, Muscicapidés)

Samuel : « Un fauvette à tête noire ! »

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapila, Sylviidés)

Max : « Des pinsons des arbres ! »

Léo : « Et là une mésange nonnette ! »

Mésange nonnette (Poecile palustris, Paridés)

Yann : « J’ai vu des charbonnières ! »

Léo : « Oui et des bleues, des pies… »

Le chevalier : « Je peux avancer ? »

Max : « Oui, jusqu’à moment où il y a moins d’arbres. »

Le chevalier : « D’accord. »

Léo : « On va peut-être voir des volcans 🙂 »

Le chevalier : « Ce n’est pas très difficile. Tous les reliefs ont une origine volcanique. »

Yann : « C’est du volcan partout ? »

Le chevalier : « Oui. Regardez ça. »

Paysage

Paysage

Samuel : « C’est tout des volcans ? »

Le chevalier : « Oui. Mais ne me demandez pas les noms. Au fond c’est le Massif du Mont-Dore – Sancy. »

Max : « On ira ? »

Le chevalier : « J’y compte bien ! »

Max : « Bon, on continue parce qu’il reste quelques kilomètres ! Bonome ! BONOME ! »

Le chevalier : « Oui ? »

Max : « Tu vas où là ? Le panneau dit que la Roche-Romaine est à gauche et toi tu vas à droite ! Tu sais pas lire ? »

Le chevalier : « Le hameau que voilà est en hauteur. J’espère que la vue sera jolie. Et j’aime bien les petits villages. Découvrir l’habitat rural permet de comprendre une région. »

Max : « Il est fou dans sa tête ce bonome. »

Léo : « Surtout que tu dois grimper. »

Le chevalier : « Pas trop 🙂 Nous sommes en moyenne montagne vous savez. Je vais grimper chaque jour. »

Samuel : « Regardez là-haut ! »

Léo : « Rholala ! »

Milan royal (Milvus milvus, Accipitridés)

Léo : « Ça c’est un milan royal ! »

Samuel : « Milvus milvus, Accipitridés. »

Léo : « La queue est effectivement plus échancrée et plus pointue que celle du milan noir. Et on voit bien les rémiges primaires blanches en dessous. »

Max : « Un milan royal… »

Le chevalier : « Habituez-vous à en voir. »

Yann : « Pourquoi ? »

Léo : « Je sens que tu vas nous parler du milan royal 🙂 »

Le chevalier : « Rapidement. Le temps de retourner sur le chemin du Puy de Bessolles. Vous savez sûrement que le milan royal est l’une des deux seules espèces de rapaces endémiques de l’Europe avec l’aigle botté. »

Max : « Je savais pas ça moi. »

Yann : « Je sais même pas ce que ça veut dire endémique. »

Samuel : « Une espèce est endémique d’un territoire quand on la trouve que là. »

Yann : « Si je traduis ce qu’a dit bonome l’aigle botté et le milan royal sont les seules espèces de rapaces qu’on trouve qu’en Europe. »

Léo : « C’est ça. »

Max : « On est obligé de traduire ce que dit bonome… »

Le chevalier : « 🙂 Sa population a diminué de 20 % entre sur la décennie 1990-2000. Le milan royal est une espèce menacée. A ce titre, il est inscrit à la liste rouge des oiseaux du monde avec le statut de quasi-menacé. »

Max : « C’est pas des bonnes nouvelles ça. Princesse est au courant ? »

Le chevalier : « Je suppose. Les principales populations de milan royaux se trouvent en Allemagne, France et Espagne. En France on compte de 2 300 à 3 000 couples sur les 19 000 – 24 000 couples totaux. 30 % des couples français se trouvent en Auvergne. »

Léo : « Alors… Ça fait 5 % de la population mondiale ! Ça fait beaucoup pour une région ! »

Max : « Peut-être mais beaucoup de pas beaucoup ça fait quand même pas beaucoup ! »

Samuel : « Si j’ai bien compris et que je sais compter il doit y avoir entre 1 000 et 1 500 milans noirs en Auvergne. »

Le chevalier : « C’est à peu près ça. »

Léo : « Effectivement, nous devrions en voir. »

Max : « Avant qu’ils disparaissent… Fais des fotos en témoignage bonome. »

Milan royal (Milvus milvus, Accipitridés)

Milan royal (Milvus milvus, Accipitridés)

Le chevalier : « La bonne nouvelle est qu’il y a un programme de sauvegarde et de protection des milans noirs en Auvergne. »

Léo : « Comme cette région accueille une partie non négligeable de la population mondiale c’est important. Mais il serait dommage qu’il n’en reste que là. »

Yann : « Oh ! Un Hétérocère ! Vous le connaissez ? »

Phalène de l’Ansérine (Scotopteryx chenopodiata, Géométridés)

Samuel : « Scotopteryx chenopodatia, Geometridae, Larentiinae. »

Max : « Tu le connais ? »

Samuel : « Ben oui ! Vous aussi ! Nous l’avons vu aux Friches 🙂 »

Léo : « Et tu t’en souviens ? »

Samuel : « Cousin Léo, je voudrais pas te vexer mais si je donne son nom, sa famille et sa sous-famille c’est que je m’en souviens 🙂 »

Yann : « Et vlan Léo ! »

Max : « Bonome, il a bon ? »

Le chevalier : « Petit Sam a toujours bon 🙂 »

Léo : « Ta mémoire m’étonnera toujours. »

Max : « Et lui ? »

Mégère (Lasiommata megera, Nymphalidés)

Mégère (Lasiommata megera, Nymphalidés)

Samuel : « C’est un Nymphalidés Satyrinés. »

Le chevalier : « C’est une mégère. »

Max : « Bonome, tu insultes pas ce papillon s’il te plaît ! »

Le chevalier : « Je ne l’insulte pas ! C’est son nom vernaculaire. Lasiommata megera en scientifique. Cette espèce porte deux noms noms vernaculaires : satyre pour le mâle et mégère pour la femelle. »

Yann : « Et comment tu sais que c’est une femelle ? »

Le chevalier : « Le mâle porte une large bande androconiale marron sur les ailes antérieures. »

Léo : « Pas fâcher Max ! Pas fâcher ! »

Max : « Ce serait pourtant mérité ! Comment il fait Yann pour comprendre ? »

Samuel : « Je lui explique 🙂 La bande androconiale c’est une bande formée de cellules qui produisent des phéromones. Les phéromones sont des messagers chimiques qui attirent les femelles. Un peu comme une odeur. »

Yann : « Merci petit Sam. »

Max : « Tu grimpes là bonome. On est où ? »

Le chevalier : « Le Puy de Bessolles. »

Samuel : « C’est quoi comme volcan ? »

Le chevalier : « Aucune idée. Nous chercherons des indices en chemin si vous voulez. »

Max : « Ben oui ! On veut savoir nous ! »

Yann : « Vous connaissez ce papillon ? »

Moro-sphinx (Macroglossum stellatarum, Sphingidés)

Max : « Lui ? C’est un moro-sphinx. »

Samuel : « Macroglossum stellatarum. C’est un Sphingidé. »

Yann : « Vous connaissez tous les papillons ? »

Léo : « Oulala non ! Mais on a fait des progrès en Hétérocères cet été. »

Max : « Ça va bonome ? Tu souffres pas trop dans la montée ? »

Le chevalier : « Nous montons depuis le début de la randonnée 🙂 »

Max : « C’est pas trop dur ? Tu regrettes pas de pétuner ? »

Le chevalier : « Si. Un peu. »

Max : « Tu dis ça mais tu vas pas arrêter. Tu es trop bête dans ta tête. »

Le chevalier : « Pour avoir adopté une tribu de petizours ? »

Max : « Hééé ! C’est nous qui t’avons adopté ! »

Le chevalier : « Mais bien sûr 🙂 »

Samuel : « Léo ! Léo ! Regarde dans le ciel ! »

Max : « Pas nous ? »

Samuel : « Si si ! Écoute Léo ! C’est qui ce Corvidé ? »

Grand corbeau (Corvus corax, Corvidés)

Grand corbeau (Corvus corax, Corvidés)

Max : « On dirait un corbeau freux. Ou une corneille… »

Léo : « A l’oreille c’est pas ça… »

Max : « Un grand corbeau ? »

Léo : « Pourquoi pas ? C’est possible ça bonome ? »

Le chevalier : « Oui, c’est possible. »

Max : « Alors d’après l’oreille de Léo c’est un grand corbeau 🙂 »

Yann : « La buse variable c’est plus banal. »

Buse variable (Buteo buteo, Accipitridés)

Buse variable (Buteo buteo, Accipitridés)

Max : « Oui mais c’est important de noter quand même. C’est pas parce qu’on connaît bien un zoiso qu’il faut pas en parler. »

Samuel : « Surtout quand il y en a trois ! »

Léo : « Et ça bonome ? »

Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens, Acrididés)

Léo : « Je l’ai vu voler et les ailes sont bleues. »

Le chevalier : « Alors ça doit être un oedipode turquoise. »

Max : « Comme par chez nous ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « On en voit qu’au Royaume des Milans. Et en Charentmaritimie parfois. »

Le chevalier : « Il me semble qu’il y a un promontoire avec un joli point de vue par là. »

Max : « C’est encore un de tes détours ? »

Le chevalier : « Non, je ne pense pas. »

Léo : « On verra bien 🙂 »

Max : « Ah bah on voit ! Ça c’est du panorama ! »

Paysage

Samuel : « On voit pas le château ? »

Le chevalier : « Si. Là. »

Le château de Murol

Max : « Je préférais le voir depuis la route. »

Léo : « On revient au panorama ? C’est quoi la falaise ? »

Paysage

Le chevalier : « La Dent du Marais. Si j’ai bien compris personne ne connaît son origine. Il est possible que ce soit la paroi d’une caldeira. »

Yann : « C’est quoi une caldeira ? »

Le chevalier : « Sous un volcan il y a souvent un chambre magmatique. Celle-ci se vide à la fin d’une éruption. Il arrive qu’ensuite le plafond de cette chambre s’effondre. Il en résulte une dépression plus ou moins circulaire aux parois abruptes. »

Yann : « Donc la Dent du Marais serait la paroi d’une chambre magmatique. »

Le chevalier : « C’est une hypothèse. Cette Dent est également appelée Saut de la Pucelle. »

Max : « Tu vas encore nous raconter une légende du Pays des Zoisos toi 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 Je ne sais pas de quand elle date mais elle raconte qu’une jeune bergère qui en avait assez d’être poursuivie par un jeune seigneur épris d’elle se jeta un jour de ce relief. Pendant sa chute elle pria Notre Dame de Vassivière de lui sauver la vie. La Vierge l’exauça et elle atterrit saine et sauve. Mais, au lieu d’en rendre grâce elle s’en vanta. Elle s’en vanta tellement que les villageois en eurent assez et ne la crurent plus. Elle renouvela alors son saut sans implorer la Vierge et mourut. »

Yann : « C’est une triste histoire. »

Léo : « Les légendes du Pays des Zoisos sont souvent tristes. »

Max : « Et elles contiennent des erreurs. On prie pas la Vierge pour qu’elle nous exauce mais pour qu’elle intercède pour nous auprès de Dieu. Et puis la bergère elle connaissait pas les tentations au désert sinon elle aurait su qu’il fallait pas mettre Dieu à l’épreuve. On se vante pas d’un miracle. On en rend grâce. »

Samuel : « Cousin Max est un bon chrétien. Il connaît bien la théologie 🙂 »

Max : « Je connais pas bien. Mais j’ai un petit peu compris quand même ! »

Léo : « Oui Maxou. On revient au paysage ? Il y a le lac Chambon qui résulte de l’obstruction partielle de la Couze de Chaudefour suite à l’éruption du Tartaret. Au fond c’est le Massif du Sancy ? »

Le chevalier : « Dans les nuages ? Oui 🙂 »

Max : « Et les petits dômes couverts d’arbres ? »

Le chevalier : « J’ai peur de dire des erreurs. Il me semble que ce sont des petits cônes volcaniques qui se sont formés sur la coulée du Tartaret. »

Léo : « Comme des petites éruptions sur une coulée ? »

Le chevalier : « Oui. Étrange non ? »

Max : « Tu veux bien nous fotoer bonome ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 »

Les petizours

Le chevalier : « Voilà ! »

Yann : « On voit un peu la roche ! On peut savoir ce que c’est ? »

Yann observe le basalte.

Le chevalier : « Il y a une matrice et des cristaux. C’est donc une roche volcanique. Je ne vois qu’un seul cristal noir. »

Max : « Je le vois verdâtre moi. »

Le chevalier : « Verdâtre ? Tu penses que ce serait une olivine ? Je suis septique. Un pyroxène à la rigueur. Les basaltes à olivine ne sont pas la spécialité du secteur. Il me semble que ce sont plutôt des trachy-basaltes ici. Nous devrions d’ailleurs voir des plagioclases. »

Léo : « L’échantillon est trop petit. On peut pas conclure à partir de lui. »

Max : « Alors tu fais une autre foto et on reprend la route ! »

Paysage

Yann : « Elle est encore loin la Roche Romaine ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Et puis j’aimerais faire un petit détour. »

Max : « Tu vois ! Tu va finir par faire vingt kilomètres au lieu de douze. »

Le chevalier : « Tu es pressé de rentrer ? »

Max : « Non 🙂 »

Léo : « La Roche Romaine se trouve à 500 m sur la gauche. »

Le chevalier : « Et il y a un point de vue sur le Sancy à 1,5 km à droite. »

Max : « C’est parti pour trois kilomètres de détour 🙂 »

Le chevalier : « C’est moi qui marche Max. »

Max : « Je sais bonome. Je sais 🙂 »

Yann : « Il y a encore un moro-sphinx. »

Moro-sphinx (Macroglossum stellatarum, Sphingidés)

Samuel : « Et il y a un zoiso sur le chemin ! Bonome, tu le fotoes avant de t’avancer. On sait jamais. Il pourrait s’envoler. »

Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)

Samuel : « Vous le reconnaissez ? »

Max : « Pas vraiment. »

Yann : « Je le connais pas moi. »

Léo : « Peut-être de plus près… »

Max : « Il s’envole ! »

Léo : « Il s’est posé sur le poteau ! »

Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)

Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)

Samuel : « C’est un bruant jaune ? »

Léo : « Il me semble bien. »

Max : « Il a pas l’air farouche. On peut s’en approcher. »

Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)

Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)

Samuel : « Emberiza citrinella, Embérizidés. »

Max : « Je suis à peu près sûr qu’il est pas rare ici. »

Léo : « Ce sont pas les mêmes milieux que chez nous. En plus, on est en moyenne montagne et à la campagne. »

Samuel : « L’assemblage des zoisos est pas pareil 🙂 »

Max : « Il est encore loin ton point de vue bonome ? J’ai l’impression que le temps se couvre. Il va pas pleuvoir quand même ? »

Le chevalier : « Je n’espère pas. Il devait faire beau aujourd’hui. Nous arrivons. »

Paysage

Le chevalier : « Le Massif du Sancy… Et la vallée de Chaudefour. »

Paysage

Le chevalier : « Vous pouvez apercevoir la Crête de Coq et la Dent de la Rancune. »

Max : « Je les vois pas bien. »

Le chevalier : « Nous sommes un peu loin… »

Léo : « Tu nous expliques ? »

Le chevalier : « Pas maintenant. Nous devrions les voir de plus près dans quelques jours. »

Samuel : « On va aller au Sancy ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Bien… Tu as fait un détour de trois kilomètres pour voir le Sancy dans les nuages… »

Léo : « Il tombe des gouttes… »

Le chevalier : « Non non. Je n’ai pas prévu la pluie alors il ne va pas pleuvoir. »

Max : « Tu crois que ça marche comme ça toi ? »

Le chevalier : « Aujourd’hui, oui. Si je ne veux pas qu’il pleuve, il ne va pas pleuvoir. »

Max : « Oui oui oui… (à ses cousins) Il va vraiment pas bien dans sa tête… Il croit que la météo dépend de sa volonté… »

Léo : « Tu marches vite là. »

Le chevalier : « Nous connaissons déjà ce chemin. »

Samuel : « Mais on l’a pas vu à l’aller lui ! »

Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus, Mucicapidés)

Léo : « Encore un rougequeue à front blanc 🙂 »

Max : « Désolé RQF, on peut pas papoter, bonome arrête pas de cavaler ! »

Samuel : « RQF ? »

Max : « C’est plus rapide que rougequeue à front blanc et c’est comme GCI 🙂 »

Samuel : « ‘Oh ! C’est GCI !’ J’ai bien rigolé 🙂 »

Yann : « Oulala ! Ça descend là ! »

Le chevalier : « C’est une règle de la randonnée : tout pas fait vers le haut devra être fait vers le bas et réciproquement 🙂 »

Léo : « Si on monte, il faudra descendre et si on descend, il faudra monter. »

Max : « Ça c’est valable si on fait une boucle. »

Léo : « Vous avez vu le papillon ? »

Yann : « Il y en a plusieurs ! Le dessus des ailes et noir et blanc. »

Samuel : « Mais il se pose toujours les ailes refermées… »

Hipparchia sp.

Hipparchia sp.

Max : « Tu le connais bonome ? »

Le chevalier : « C’est un Hipparchia. Mais je ne peux pas vous dire lequel. Les trois espèces sont très semblables. Et lui a les ailes abîmées. »

Samuel : « Tu donnes sa taxonomie s’il te plaît. »

Le chevalier : « Nymphalidés, Satyrinés, Satyrini, Satyrina. »

Samuel : « Cousin Max, tu promets de pas te fâcher ? »

Max : « Pas la peine. Je me fâche jamais moi 🙂 Pourquoi me demandes-tu ça ? »

Samuel : « J’ai envie de savoir Hipparchia et ça ressemble à du grékancien. »

Max : « Quand on inspecte dans les régions françaises bonome parle de la Grèce Antique toutes les demi-heure. Je sais pas pourquoi. C’est un peu comme une horloge. Raconte Hipparchia à ton petitours bonome. »

Le chevalier : « Qu’est ce qui vous fait croire que j’ai quelque chose à en dire ? »

Max : « L’expérience ! Tu as toujours une histoire à raconter 🙂 »

Yann : « Ça me plaît bien 🙂 On découvre la nature et on a droit à des histoires. C’est une vie de rêve pour un petitours. »

Le chevalier : « D’accord. Hipparchia est une philosophe cynique de la fin du 4ème siècle avant Jésus-Christ. Peu de femmes philosophes sont connues. Malheureusement, ses écrits ne sont pas tous parvenus jusqu’à nous. »

Yann : « C’est quoi le cynisme ? »

Max : « C’est quand bonome parle 🙂 »

Léo : « C’est pas tout à fait faux Maxou. Antisthène, le premier des cyniques, prônait l’humilité et la désinvolture au sens de la liberté. C’est important la liberté pour les cyniques mais c’est pas un but en soi. C’est une étape qui permet de raisonner vraiment et d’atteindre la vertu et la sagesse. Plus tard Montesquieu dira : ‘C’est un fait troublant que toute la philosophie tient en ces quelques mots : je m’en fous.’ C’est pas très poli mais ça veut dire que seul le détachement permet de réfléchir. Si on s’implique personnellement, on est pas du tout objectif et on peut pas être vertueux et sage. Maxou, si tu connais bien ton bonome, tu sais qu’il dit souvent, je le cite : ‘Moi, je m’en fous.’ C’est pas qu’il s’en fiche mais il reste à distance pour tenter d’objectiviser les situations et les problèmes. En quelque sorte il est cynique. Tu avais raison. »

Le chevalier : « Tu sais que je suis là Léo ? »

Léo : « Ça t’embête que je parle de toi comme ça ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… C’est plutôt flatteur d’être relié à Antisthène et Diogène mais un peu gênant aussi. On m’avait déjà traité d’Aristotélicien 🙂 »

Max : « Bonome, on a déjà réfuté Aristote nous. Tu sais bien. Il était fixiste le pauvre. »

Le chevalier : « Ce n’était pas pour cette raison. Il paraît que ma philosophie part toujours du réel comme celle d’Aristote. »

Max : « Ça m’étonne pas de toi. Les faits ! Toujours les faits ! Rien que les faits ! »

Le chevalier : « Et leur interprétation ! »

Max : « Oui mais tu pars des faits, de la réalité. Tu es bassement matérialiste. »

Léo : « Comme les cyniques 🙂 »

Max : « Yann, tu découvres PhiloLéo. Il est très philosophe Léo. »

Samuel : « Je savais pas que tu connaissais aussi bien les philosophes cousin Léo. »

Léo : « Je connais juste un peu. »

Max : « Tu dis toujours ça ! Tu es juste un peu ornithologue. Tu connais juste les grandes lignes de l’histoire géologique du Massif Central. Tu connais juste un peu les philosophes… Tu es trop modeste Léo. »

Léo : « Bonome, je comprends que je t’ai gêné tout à l’heure 🙂 »

Le chevalier : « Tiens, ça alors ! Je m’attendais pas à le voir lui ! »

Max : « Qui ça ? »

Le chevalier : « Lui… »

Le Puy de Dôme

Max : « Et c’est qui lui ? »

Le chevalier : « Le Puy de Dôme voyons ! Sa silhouette est bien connue. »

Samuel : « On dirait qu’il y a deux dômes. »

Le chevalier : « Il y en a effectivement deux. »

Yann : « Ce sont des cônes de scories ? »

Le chevalier : « Ah non ! Ce sont des extrusions. »

Max : « Et voilà ! Il recommence ! »

Le chevalier : « Le Puy de Dôme est constitué d’une roche riche en silice puisqu’elle en contient entre 65 et 69 %. On peut dire qu’elle est sursaturée en silice puisqu’elle s’exprime sous la forme de cristaux de quartz. Elle contient des feldspaths alcalins (sanidine) plus nombreux que les plagioclases (andésine à oligoclase). On y trouve également de la hornblende et de la biotite. On appelle cette roche la dômite mais uniquement ici. En réalité c’est un trachyte. »

Samuel : « Avec autant de silice, il y a dû y avoir explosion. »

Yann : « Pourquoi ? »

Max : « Il faut étudier mes cours Yann 🙂 Quand il y a beaucoup de silice, la lave est visqueuse. Très visqueuse. Les bulles sortent mal. Elles s’accumulent et quand elles finissent par se libérer, elle le font brutalement dans un grande explosion. Des produits volcaniques sont dispersés un peu partout et ensuite la lave sort sous la forme d’un dôme qui se solidifie très vite. »

Yann : « D’accord. Je comprends. Le type d’éruption dépend de la quantité de silice dans le magma. C’est intéressant. »

Léo : « Moi je comprends pas pourquoi il y a des magmas acides alors que la Chaîne des Puys est plutôt basaltique. »

Le chevalier : « Cristallisation fractionnée et contamination crustale. »

Max : « J’en peux plus de ce bonome. Je vais te renvoyer à Princesse ! »

Léo : « 1. Elle le mérite pas. 2. Comment on va faire pour apprendre des choses savantes sans lui ? »

Max : « Il peut pas être réglé pour utiliser des mots qu’on connaît ? »

Yann : « Ah non ! Moi j’aime bien ses mots compliqués ! »

Samuel : « Moi aussi. »

Max : « D’accord. On le garde comme ça alors. Mais tu expliques bonome. »

Le chevalier : « J’allais le faire. Les magmas basaltiques séjournent en général dans des chambres magmatiques situées vers 30 km de profondeur. Ils n’y restent pas longtemps et évoluent peu avant de terminer leur ascension et de provoquer une éruption. Pendant leur stagnation, il y a peu de cristallisation. Vous savez que les premiers minéraux à cristallier sont les ferro-magnésiens et en particulier l’olivine. »

Léo : « Donc dans ces chambres profondes, il se forme des olivines. Mais pas trop et pas trop grandes. Du coup, elles remontent avec le magma. »

Le chevalier : « Oui. Par contre, si le magma séjourne vers 10 km de profondeur, il y a généralement plus de cristallisation. Le fer, le magnésium et dans une moindre mesure le calcium entrent dans la composition des cristaux qui se forment. Le magma restant s’enrichit donc en sodium, potassium et silice. Les cristaux sédimentent au fond de la chambre. »

Max : « D’accord ! Il y a une fraction du magma du cristallise d’où la cristallisation fractionnée. »

Le chevalier : « C’est ça ! Je vous rappelle qu’une chambre magmatique n’est pas une gigantesque grotte dans laquelle bouillonne le magma. C’est en général un réseau de fissures plus ou moins étroites remplies de magma et interconnectées les unes avec les autres. La surface de contact entre le magma et le socle est donc importante. »

Samuel : « Le socle est souvent riche en silice. »

Le chevalier : « Silice qui fond à relativement basse température. »

Max : « Je vois ! La silice du socle qui fond va dans le magma qui s’enrichit donc encore en silice. »

Léo : « C’est la contamination crustale. »

Samuel : « Donc la cristallisation fractionnée et la contamination crustale du magma dans un réservoir magmatique peu profond peuvent donner un magma acide qui donnera des explosions bien qu’au départ il y avait un magma basique. »

Le chevalier : « Vous avez compris. Les magmas acides arrivent en général en fin d’éruption. »

Léo : « C’est logique ! Il y a des volcans qui donnent toute la série de roches du basalte à la rhyolite ? »

Yann : « C’est quoi cette série de roches ? »

Samuel : « Si on fait simple c’est, par ordre croissant du pourcentage de silice : basalte, andésite, trachy-andésite, trachyte, rhyolite. De plus en plus clair 🙂 »

Le chevalier : « Cela arrive surtout pour les volcans qui se sont édifiés en de nombreuses éruptions. J’ai oublié de vous dire que la plupart des volcans de la Chaîne des Puys sont monogéniques. Il n’ont connu qu’une seule éruption et elle n’a souvent duré que quelques jours à quelques semaines. Le Sancy est ce qu’on appelle un strato-volcan. Il résulte d’une succession d’éruptions qui se sont succédé pendant des milliers voire des millions d’années. »

Yann : « C’est pas pareil. »

Max : « Ce serait pas la Roche Romaine ça ? »

La Roche Romaine

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « C’est un ancien site sacré ? »

Le chevalier : « Il me semble. »

Yann : « Comment tu sais ça Max ? »

Max : « Il y a une croix là. »

Une croix

Max : « Les chrétiens aiment pas les anciens sites sacrés. Ils ont toujours essayé de les christianiser. Je sais qu’ils ont sculpté une croix au sommet d’un menhir quelque part en Bretagne. Là, ils ont mis une croix pour transformer l’ancien site sacré en site chrétien. »

Léo : « Ça vous dérangerait de faire une pause avant de découvrir la Roche Romaine ? Je fatigue un peu moi. Et j’ai faim. »

Max : « Pause sandouich et chocolat ! »

Le chevalier : « Installez-vous à table et prenez la pose devant le Puy de Dôme. »

Samuel : « Oui mon bonome 🙂 »

Les petizours
Le Puy de Dôme

Max : « Ça fait du bien de manger un peu. Il est bon ton sandouich bonome ? »

Le chevalier : « Simple mais bon 🙂 Une gorgée ou deux d’eau citronnée et j’aurais bien mangé. »

Léo : « Ça c’est épicurien. Se satisfaire des plaisirs simples que la vie offre : le bon air, la nature, un repas frugal avec ses petizours… Savoir se satisfaire de ça sans rien demander d’autre 🙂 Tu es un disciple d’Épicure bonome 🙂 »

Max : « Des piqûres ? Oulala ! Moi j’aimerais pas ça ! »

Léo : « Il est bête ! Mais il est bête ! »

Yann : « Ils sont rigolos tous les deux 🙂 Maxou dit des bêtises exprès et Léo dit qu’il est bête 🙂 »

Samuel : « Leur numéro de duettiste est bien rôdé 🙂 Je trouve qu’ils se sont quand même calmés. Ils chamaillaient plus autrefois. »

Léo : « J’ai bien mangé moi. »

Yann : « Moi aussi 🙂 »

Max : « On va voir la Roche Romaine ? »

Le chevalier : « C’était un peu le but de la promenade 🙂 Allons-y ! »

La Roche Romaine

La Roche Romaine

Max : « On va derrière ? »

Le chevalier : « Évidemment ! »

Léo : « C’est du basalte avec des petits cristaux noirs… Des pyroxènes ? »

Le chevalier : « C’est probable. »

Samuel : « On s’installe et tu nous racontes la Roche Romaine. »

Les petizours sur la Roche Romaine
Les petizours sur la Roche Romaine

Le chevalier : « Vous allez être déçus… Je ne trouve rien sur cette Roche Romaine. »

Max : « Tu l’as pas vue quand tu étais jeune ? »

Léo : « Max, les romains c’est il y a 2 000 ans. Bonome a 15 milliards d’années. Il était déjà vieux sous les romains 🙂 »

Samuel : « Dis-nous ce que tu sais. »

Le chevalier : « Vraiment pas grand-chose. Il y a eu quelques découvertes archéologiques datant de la période romaine dans le secteur. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « Comme tu l’as dit c’est un ancien site sacré supposé. Ce petit pointement de basalte est étrange. Certains y voient une intervention humaine. Moi je ne le pense pas. Mais comme il est étrange, il a dû intriguer. Je pense que nos ancêtres y ont vu une intervention divine d’où la sacralisation du lieu. »

Samuel : « Ça fait comme un autel naturel. »

Le chevalier : « Exactement. »

La Roche Romaine

Max : « C’est juste ça la Roche Romaine ? Tu auras marché près de 20 kilomètres pour ça ? »

Yann : « Moi je pense que ça en valait la peine. Surtout avec tout ce qu’on a appris en chemin. »

Léo : « C’est le chemin qui compte. Pas là où on arrive. »

Samuel : « Surtout qu’on est pas arrivés 🙂 Il faut retourner à la cabane maintenant. »

Max : « Oui, ça en valait la peine. Je suis bien content. Et toi bonome ? »

Le chevalier : « C’est une bonne petite promenade 🙂 Ça fait du bien. »

Max : « Une petite promenade… Comment il est lui ! »

Léo : « Approche toi qu’on se poche. »

Le chevalier : « Oui Léo… Vous êtes installés ? »

Max : « Oui bonome ! Tu peux reprendre la bonne petite promenade. »

Le chevalier : « Ça ne vous ennuie pas si je cavale ? Il me semble qu’on va faire la descente dans les bois. Pas de lumière, pas de fotos. »

Léo : « Je comprends. Je suis d’accord. »

Samuel : « Moi aussi. »

Max : « On regarde un peu quand même ! »

Le chevalier : « Bien sûr. Je compte sur vous. C’est parti ! »

Max : « Ah oui ! Tu cours carrément là ! »

Le chevalier : « Je trottine 🙂 »

Léo : « Ça tu nous l’avais jamais fait 🙂 L’inspection en courant 🙂 »

Yann : « Tu fais attention aux cailloux ? »

Le chevalier : « Non non. J’ai envie de tomber et de me faire mal 🙂 »

Samuel : « Et vlan cousin Yann ! »

Yann : « Je disais ça pour toi bonome. Je m’en fiche si tu te blesses. »

Léo : « Tu dis ça parce que tu es vexé 🙂 »

Max : « Et tu t’en fiches rien du tout ! Imagine qu’il se blesse. On fait comment nous ? »

Samuel : « STOOOOP ! »

Le chevalier : « C’est pour moi ? »

Samuel : « Oui 🙂 »

Léo : « Tu as vu quelque chose ? »

Samuel : « Une énooorme chenille ! Vous voyez rien vous ? »

Yann : « Si ! Vu ! »

Max : « Ah oui ! Je descend voir ! »

Chenille du sphinx du troène (Sphinx ligustri, Sphingidés)

Chenille du sphinx du troène (Sphinx ligustri, Sphingidés)

Léo : « Un grande chenille comme ça avec une petite queue c’est celle d’un Sphingidé. »

Samuel : « Cousin Max, tu veux bien t’approcher pour donner l’échelle ? »

Max : « Je veux bien. Elle est pas méchante cette chenille et elle va pas m’urtiquer. Ça va là ? »

Max et la chenille

Yann : « Vous la connaissez ? »

Léo : « Non. Elle ressemble à une espèce qu’on a déjà vue : le sphinx demi-paon. Si je me souviens bien c’est la sous-famille des Smerinthinés. »

Le chevalier : « C’est ça. »

Samuel : « Tu dis la suite s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est, il me semble, la chenille du sphinx du tilleul. Mimas tilliae, Sphingidés, Smerinthinés, Mimatini. »

Max : « Ah oui ! Tu vas carrément jusqu’à la tribu 🙂 »

Le chevalier : « Quand je le peux… »

Léo : « On voit beaucoup des chenilles mais rarement les imagos… »

Max : « Je dirais pas qu’on voit beaucoup des chenilles mais plutôt qu’on voit beaucoup plus de chenilles que d’imagos. »

Samuel : « C’est sûrement parce que les chenilles se déplacent doucement et qu’elles sont diurnes alors que les imagos sont nocturnes. »

Max : « On devrait faire la technique du drap éclairé bonome. »

Le chevalier : « Oui bien sûr. Et après tu auras des dizaines de fotos à traiter et tu va déprimer parce que tu es en retard dans ton travail. L’année prochaine si tu es à jour. »

Max : « Oui bonome. D’accord bonome. Bien bonome. »

Léo : « C’est reparti pour la course dans la descente 🙂 »

Yann : « Ça va plus vite qu’en montée 🙂 »

Léo : « J’ai un peu le mal de bonome moi. »

Samuel : « Ça secoue pas mal. C’est rigolo. »

Max : « Avez-vous remarqué que notre cher bonome fais aucun bruit quand il court ? »

Le chevalier : « C’est pour vous laisser entendre les zoisos 🙂 »

Yann : « Il y en a pas. Ou alors ils chantent pas… »

Léo : « C’est vrai que j’entends rien. »

Max : « Tu sais où tu vas bonome ? »

Le chevalier : « En bas 🙂 Je devrais arriver à la couze. »

Léo : « Tu approches. Je l’entends. »

Max : « On y est ! La descente la plus rapide du monde 🙂 »

Yann : « Ça alors ! »

Max : « Qu’est ce qu’il y a Yann ? »

Yann : « Regardez les panneaux ! Murol est à 1,5 km par la droite ou par la gauche. »

Max : « Tu as passer par où bonome ? »

Le chevalier : « A gauche. Savez-vous ce qu’est ce petit bâtiment ? »

Le four banal

Samuel : « Pas du tout. »

Max : « C’est que que tu veux t’installer ? »

Le chevalier : « Non 🙂 C’est le four banal. »

Max : « C’est vrai qu’il a rien de particulier. »

Le chevalier : « Mais non ! Banal vient de ban c’est-à-dire la redevance que les paysans doivent payer au seigneur pour utiliser ce four qu’il met à leur disposition. »

Samuel : « C’est le seigneur de Murol qui a construit ce four pour les paysans ? »

Le chevalier : « Oui. Il devait également l’entretenir ainsi que son chemin d’accès. »

Samuel : « Et les paysans payaient le ban pour l’utiliser ? »

Le chevalier : « C’est ça. »

Max : « Tu peux faire cuire ton sandouich 🙂 »

Le chevalier : « J’ai tout mangé. Remarquez le toit en lauzes. Ce sont des pierres volcaniques débitées en plaques de quelques centimètres d’épaisseur. Je vous montrerai une source de ces pierres. Les toits de lauzes sont fréquents dans la région. »

Léo : « Ils doivent être très lourds. »

Le chevalier : « Bien plus lourds que les toits d’ardoises. »

Une croix

Le chevalier : « Allez ! C’est reparti. J’en ai plein les pattes moi. »

Max : « Tu as bien cavalé déjà. »

Le chevalier : « Il ne reste qu’un peu plus d’un kilomètre avec une très légère montée. Mais nous revenons à la civilisation… »

Max : « Comme ça tu redeviendras pas sauvage. »

Léo : « Oh ! »

Le chevalier : « Vu ! »

Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio, Laniidés)

Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio, Laniidés)

Max : « Pie-grièche écorcheur mâle en vue ! »

Samuel : « Lanius collurio, Laniidés. »

Léo : « On en a pas vu par chez nous cette année. »

Le chevalier : « Je ne suis pas surpris d’en voir ici. »

Yann : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « C’est une espèce bio-indicatrice de milieu campagnard riche et diversifié. Ici il y a des haies, des bosquets… L’entomofaune doit être variée. La présence de la pie-grièche écorcheur va de soi. »

Léo : « N’empêche qu’elle est intégralement protégée sur l’ensemble du territoire. »

Samuel : « Je suis bien content de l’avoir vue. »

Yann : « Moi aussi. »

Max : « Voilà ta petite montée bonome. »

Le chevalier : « J’ai hâte d’arriver au village. »

Max : « Correction : tu as hâte d’arriver à la taverne 🙂 »

Yann : « Regardez ! On voit le château ! »

Le château de Murol

Max : « Tu peux zoomer un peu bonome ? »

Le chevalier : « Je dois pouvoir faire ça. »

Le château de Murol

Max : « Tu nous expliques ce château s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oulala ! Tu n’as pas peur d’un exposé interminable et soporifique ? »

Max : « Tu peux pas faire court ? »

Léo : « Tu as déjà entendu bonome faire court ? »

Max : « Ah oui ! Quand il s’agit d’expliquer la Roche Romaine il fait court ! Le but de la sortie du jour ! Résumé en deux phrases ! »

Le chevalier : « Le château de Murol a été construit au 12ème siècle. »

Samuel : « Record battu ! Une seule phrase ! »

Yann : « Je crois que notre cher bonome en a assez pour aujourd’hui. »

Le chevalier : « Mon petit Yann me comprend lui au moins. »

Max : « ‘Mon petit Yann’… Alors Samuel est ton petitours et Yann est ‘ton petit Yann’. Léo, on est qui nous ? »

Léo : « On est ses petizours ancestraux 🙂 »

Max : « Héééé ! Je suis pas un ancêtre moi ! »

Léo : « Disons que nous sommes les aînés. »

Samuel : « Vous êtes les vieux 🙂 »

Le chevalier : « Nous arrivons au village… »

Yann : « Qu’est ce qu’il fait le monsieur ? »

Samuel : « Il pêche des écrevisses ! »

Max : « Bonjour monsieur le monsieur ! Auriez-vous l’amabilité de nous montrer l’une de vos écrevisses s’il vous plaît ? C’est pour dire à la LPO ce qu’il y a comme espèce ici. »

Le monsieur (au chevalier) : « Votre peluche parle ? »

Le chevalier : « Il lui arrive même de me crier dessus 🙂 Je vous conseille de lui répondre d’ailleurs. »

Le monsieur : « Vous voulez que je réponde à une peluche ? »

Max : « Je suis pas une simple peluche. Je suis Max Petitours. Petitours naturaliste de bonome au service de Princesse, médaillé de l’ordre de la Médaille, membre de la LPO à jour de ses cotisations, rédacteur en chef d’un site Internet et maître-assistant dans une schola en charge de l’enseignement à distance et de la remédiation. Et j’aimerais voir l’une de vos écrevisses s’il vous plaît. »

Le monsieur : « Je ne vais pas montrer une écrevisse à une peluche. »

Max (au chevalier) : « Bon, bonome, tu fotoes de loin et on se débrouillera. Merci quand même monsieur le monsieur. »

Une écrevisse

Une écrevisse

Max : « Et pourquoi on montrerait pas une écrevisse à une peluche d’abord ? C’est de la discrimination ça ! Je pourrais porter plainte ! Il le mériterait ce monsieur ! »

Samuel : « Reste calme cousin Max. C’est pas tous les jours qu’un zom rencontre une peluche qui parle. »

Yann : « J’ai bien aimé ta présentation Maxou. »

Max : « J’allais pas le laisser insinuer que je suis une simple peluche ! Je suis Max moi ! »

Léo : « Bonome, tu penses qu’on pourra identifier ces écrevisses ? »

Le chevalier : « J’en doute. »

Max : « Ben voilà ! On pourra pas dire qui c’est ! »

Yann : « Et cet insecte ? »

Petite biche (Dorcus parallelipepidus, Lucanidés)

Léo : « C’est une petite biche. Dorcus parallelipipedus, Lucanidés. On connaît bien. »

Yann : « Vous connaissez tout vous 🙂 »

Max : « Oulala non ! On a encore du travail ! »

Le chevalier : « Enfin ! »

Max : « Tu vas te caféiner à cette heure ci ? »

Le chevalier : « Il n’est pas tard. L’heure du café n’est pas encore passée. »

Max : « Celle du chocolat non plus alors ! Un chocolat avec quatre paille pour nous s’il te plaît ! »

Plus tard, à l’heure du coucher…

Max : « Bonome, je peux te parler ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Max : « Tu vas être bavard comme ça tous les jours ? »

Le chevalier : « J’ai été bavard ? »

Max : « Tu as raconté des tas d’histoires. Tu sais que je grave un blog moi ? »

Le chevalier : « Oui oui 🙂 »

Max : « J’y rends compte de nos inspections. Tu imagines tout ce que je dois retenir ? Et le temps que ça va me prendre pour graver tout ça ? J’ai pas de doigts moi ! »

Le chevalier : « Je t’aiderai Maxou. »

Max : « Sache que tes bavardages sont intéressants. Sauf les atrocités de la mythologie de la Grèce Antique. On devrait pas raconter des choses comme ça. Bon, je compte sur toi pour faire plus simple les prochains jours. »

Le chevalier : « Si tu veux mon petitours. »

Max : « Tu veux bien me porter jusqu’au lit ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Continuer la promenade

Direction l’Auvergne !

Dans la cabane du chevalier, pendant l’été de l’An VIII…

Max : « Bonome, je peux te parler ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Max : « Viens dans le bureau s’il te plaît. »

Le chevalier : « A tes ordres 🙂 »

Max : « Porte moi s’il te plaît. Ce sera plus facile. Les cousins nous attendent. »

Le chevalier : « Je suis convoqué par le conseil des petizours ? »

Max : « C’est un peu ça. On voudrait savoir quelque chose. Pose-moi s’il te plaît. »

Le chevalier : « Vous m’inquiétez. »

Max : « Bonome, c’est quoi ça ? »

Le conseil des petizours

Le chevalier : « C’est écrit dessus 🙂 »

Samuel : « Tu as écrit un mémoire sur les séries volcaniques du Mont-Dore et du Cantal ? »

Le chevalier : « Un petit mémoire. »

Léo : « Tu nous l’avais jamais dit. »

Le chevalier : « Je n’en ai jamais eu l’occasion. »

Max : « La vraie question est : que fait-il sur ton bureau ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas le droit de mettre ce que je veux sur mon bureau ? »

Max : « Si. Mais tu pourrais ranger parce que nous on a plus de place pour travailler ! Et puis tu l’avais jamais sorti ce mémoire. Qu’est ce qu’il fait là ? »

Le chevalier : « C’est un interrogatoire ? »

Yann : « Maxou je te trouve un peu inquisiteur dans la façon dont tu poses les questions. »

Max : « J’inquisite si je veux ! Bonome, que fait ce mémoire sur le bureau ? »

Le chevalier : « Je voulais réviser 🙂 »

Max : « D’un coup, comme ça ? Tu révises ton mémoire de 1812 ? »

Le chevalier : « 1812 ?! 🙂 Si me disiez plutôt pourquoi vous me convoquez pour parler de ce mémoire ? »

Samuel : « Ben moi j’aimerais bien que tu m’expliques un peu parce que j’ai pas tout compris en le parcourant. »

Le chevalier : « Si tu veux mon petit Sam. »

Max : « Et moi j’aimerais bien savoir pourquoi tu révises le Mont-Dore et le Cantal. »

Le chevalier : « Mmmmm… »

Max : « J’attends. »

Le chevalier : « Pour savoir où aller quand nous serons dans le Puy de Dôme 🙂 »

Yann : « On va dans le Puy de Dôme ? »

Samuel : « On va faire la géologie de l’Auvergne ? »

Léo : « Vous voyez ! Je vous l’avais bien dit ! »

Max : « Et tu attendais quoi pour nous prévenir ? On part quand ? »

Le chevalier : « Nous partons samedi. »

Léo : « Chouette alors ! »

Yann : « Je connais pas l’Auvergne moi ! »

Samuel : « Nous non plus ! »

Max : « Et tu sais ce qu’on va faire ? »

Le chevalier : « Absolument pas. Et j’ai surtout envie de me promener, profiter des paysages, de la nature… »

Max : « Je vois. On verra rien du tout ! »

Léo : « Je pense qu’on va voir un peu quand même. On restera longtemps ? »

Le chevalier : « Une semaine. Cela ne fait que six sorties si le temps le permet. C’est bien trop court pour découvrir le Parc Naturel des Volcans d’Auvergne… »

Yann : « Les volcans d’Auvergne… Ça fait rêver 🙂 »

Pendant la chevauchée…

Léo : « Bonome, si tu nous parlais un peu des volcans d’Auvergne là tout de suite ? »

Le chevalier : « Les volcans d’Auvergne ? Comme ça ? Au débotté ? »

Max : « Tu as même pas des bottes ! »

Léo : « C’est une expression Maxou 🙂 »

Le chevalier : « Je veux bien essayer. Mais j’ai peur d’oublier des choses… »

Max : « Tu as révisé ton mémoire ! »

Le chevalier : « Erreur ! Je l’ai sorti mais je ne l’ai pas encore relu. »

Yann : « C’est pas nous qui remarquerons tes erreurs. »

Léo : « On t’écoute bonome ! »

Le chevalier : « Commençons pas le cadre géologique. Les volcans d’Auvergne se situent dans le Massif Central. Que savez-vous de ce massif ? »

Léo : « L’histoire géologique du Massif Central est étroitement liée à celle de l’océan centralien et aussi celle de l’océan rhéique. L’océan rhéique c’est celui qui sépare la marge nord du Gondwana du petit continent Avalonia. Quand l’océan rhéique a commencé à subducter sous la marge nord gondwanienne au début du Silurien, une mer marginale est apparue et elle a séparé un autre petit continent : c’est comme ça qu’Armorica est apparu. »

Yann : « C’est quand le Silurien ? »

Samuel : « A l’ère primaire ou Paléozoïque. Entre 440 et 420 millions d’années environ. »

Max : « Ce qu’explique Léo, c’est qu’à un moment il y a eu du nord au sud : Avalonia, l’océan rhéique, Armorica, l’océan centralien et le Gondwana. »

Léo : « Avalonia et Armorica sont des minces bandes de terres et l’océan centralien a jamais été très large. »

Coupe montrant la disposition des continents et des terranes. La France résulte de l’agglomération de ces continents et terranes suite à la disparition des océans rhéique et centralien.

Yann : « Je visualise un peu mieux. Merci 🙂 »

Léo : « Évidemment ces océans se sont refermés et il y a eu formation de la chaîne hercynienne. La collision entre le Gondwana et Armorica a eu lieu au Dévonien et l’émersion des reliefs s’est faite vers le Dévonien voire le Carbonifère. Ça dépend des zones. A la fin de l’orogenèse il y avait une gigantesque chaîne de montagnes ressemblant un peu à l’Himalaya. »

Yann : « Ah oui ! Quand même ! »

Max : « Ça rigolait pas 🙂 »

Léo : « Ensuite il y a eu l’érosion. C’est surtout le socle qui est apparent maintenant. Il y a beaucoup de granitoïdes et de roches fortement métamorphisées. On peut même trouver des roches basiques dont le protolithe était des ophiolites. Mais je sais pas où. »

Yann : « Mais c’est quand le volcanisme ? »

Le chevalier : « Le volcanisme qui nous concerne a débuté à l’Oligocène, a connu un paroxysme au Miocène et s’est poursuivi jusqu’il y a environ 3 500 ans. »

Yann : « Vous pouvez me redire l’Oligocène et le Miocène s’il vous plaît ? »

Max : « On peut ! Bonome, un extrait de l’échelle stratigraphique s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Échelle stratigraphique

Samuel : « Il y a quoi comme volcans ? Le Mont-Dore, le Cantal… La Chaîne des Puys ? »

Le chevalier : « Oui, la Chaîne des Puys. C’est l’ensemble le plus récent puisqu’il y a eu des éruptions entre 150 000 et 6 900 ans. Le plus simple est que je vous montre des documents. Les voici. »

Yann : « Il y a tout ça de volcans ? »

Le chevalier : « Oui même si, en toute rigueur, le Massif de l’Escandorgue n’est pas dans le Massif Central. En fait, seuls les sept premiers ensembles sont en Auvergne. »

Max : « Et nous ? On va où ? »

Le chevalier : « Le Massif du Mont-Dore. »

Samuel : « Il y a 2,5 à 0,2 Mans »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Max : « Bonome, on sait pourquoi il y a des volcans en Auvergne ? »

Le chevalier : « Oui. On le sait. Regardez cette carte. Elle montre la localisation des volcans en Europe occidentale. »

Le volcanisme en Europe occidentale

Max : « Alors… Il y a les Alpes puis des rifts avec les volcans. »

Samuel : « Tu peux nous rappeler l’âge de la collision alpine ? »

Le chevalier : « Vers le début du Cénozoïque. »

Léo : « J’ai une hypothèse ! »

Le chevalier : « Je t’écoute Léo. »

Léo : « Il y a parfois des distensions en arrière d’une chaîne. C’est ce qui explique la formation de l’océan centralien par exemple. On peut supposer que c’est ce qu’il s’est passé ici. »

Le chevalier : « Bravo Léo ! C’est le modèle le plus souvent proposé. »

L’origine du volcanisme

 

Yann : « Il est fort Léo ! »

Max : « C’est vrai qu’il est en forme. Tu connais bien le Massif Central Léo. »

Léo : « Mes connaissances sont un peu superficielles. Je connais juste les grandes lignes de l’histoire de la chaîne. »

Samuel : « J’aimerais bien avoir des connaissances superficielles comme les tiennes cousin Léo 🙂 »

Max : « On sait tout ? »

Le chevalier : « Si vous n’avez pas de questions… »

Yann : « Il faut déjà que je digère tout ça. »

Samuel : « Moi aussi. »

Le chevalier : « Ça tombe bien. Nous arrivons. »

Max : « Tu t’arrêtes sur le bord de la route au beau milieu d’une descente ? On va loger dans une cabane dans les bois ? »

Yann : « Maxou, ouvre les yeux ! Tu comprendras pourquoi bonome s’est arrêté ! »

Le château de Murol

Max : « C’est ton château bonome ? »

Le chevalier : « C’est le château de Murol. Nous ne logerons pas loin. »

Max : « On va le visiter ? »

Le chevalier : « Ce serait aux détriments des sorties naturalistes. »

Léo : « Alors on visite pas le château ! »

Samuel : « Tu le connais bonome ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Est-ce qu’il y a quelque chose sur Terre que tu ne connais pas ? »

Le chevalier : « Ah oui ! La méthode pour te rendre agréable 🙂 »

Le château de Murol

Le château de Murol

Le blason de l’Auvergne

Le blason de Murol

Continuer la promenade

La RNMO

Léo : « Tu es prêt Yann ? »

Yann : « Oui mais je suis stressé oulala ! »

Samuel : « Ça va bien se passer cousin Yann. Aie confiance ! »

Max : « Bon, si tout le monde est prêt, on peut commencer ! C’est parti ! »

Yann en direct-différé depuis l’Observatoire de la RNMO.

Yann : « Bonjour à tous ! Soyez les bienvenus dans notre bulletin d’informations en direct-différé depuis la Charentmaritimie où j’ai eu la chance de faire mon premier séjour. Je suis pour le moment à l’Observatoire. Max, pouvez-vous me dire où vous êtes ? »

Max en direct-différé depuis le Petit Royaume des Barges.

Max : « Je me trouve non loin du Petit Royaume des Barges où nous avons fait un petit arrêt. Comme vous pouvez le voir, il y a pas d’eau dans la mer. Il y a jamais d’eau dans la mer ici… »

Yann : « Merci Cher Max. Hésitez pas à intervenir si l’occasion se présente. Léo, où êtes-vous ? »

Léo en direct-différé depuis la digue de Montportail.

Léo : « Je me trouve à Montportail. »

Max : « A ton portail ? Quel portail ? Depuis quand tu as un portail toi ? »

Léo : « Montportail pas mon portail ! C’est juste au nord de la Réserve Naturelle de Moëze-Oléron partie continentale. »

Max : « Ah oui ! Montportail ! Évidemment ! »

Léo : « Ben oui ! Si vous me le permettez je voudrais faire un petit état des lieux du trait de côte. »

Yann : « Bien sûr mon cher Léo. Mais tout d’abord je voudrais savoir où se trouve notre cher petit Sam. Samuel, où vous trouvez-vous ? »

Petit Sam qui fait pas la sieste !

Samuel : « Je suis actuellement en direct-différé depuis un magnifique exemplaire de Sphaerulites foliaceus du Cénomanien moyen de l’Île Où On Va à Pieds. »

Max : « Non mais ça va pas bien dans ta tête ?! On présente pas un bulletin d’informations depuis un Sphaerulites foliaceus du Cénomanien moyen de l’Île Où On Va à Pieds ! Comment il est lui ! »

Léo : « Et pourquoi petit Sam pourrait pas être en direct-différé depuis un Sphaerulites foliaceus ?  Qu’est ce que tu as contre les Sphaerulites foliaceus ? »

Yann : « Moi je trouve ça très bien 🙂 Léo, vous vouliez nous parler de la Réserve Naturelle de Moëze-Oléron il me semble. »

Léo : « Absolument, et plus particulièrement de son avenir. Mais avant, je voudrais la présenter un peu. »

Max : « Je peux le faire si tu veux Léo. »

Léo : « D’accord. Comme ça je peux revoir mes notes. »

Max : « Alors c’est parti ! La Réserve Naturelle de Moëze-Oléron, la RNMO pour les intimes, est une réserve naturelle créée par décret en 1985. Elle s’étend en grande partie sur le domaine maritime entre l’Île d’O et le continent (6 200 ha) et de prolonge sur l’île dans trois petits domaines terrestres ainsi que sur le continent. Il s’agit là du Royaume des Chevaliers dont nous vous avons souvent parlé et qui couvre 220 hectares. »

Yann : « Peut-être qu’une carte serait utile cher Maxou. »

Max : « Je vous la montre ! »

Périmètre de la RNMO

Max : « La partie continentale de la RNMO est en fait la partie littorale du Marais de Brouage d’une superficie de 60 000 ha environ. Voyez ça par vous-mêmes. »

Le Marais de Brouage

Max : « Le Marais de Brouage était autrefois occupé par la mer dans ce qui s’appelait le Golfe de Saintonge. Quand on se promène dans le Marais de Brouage, vers le sud, on peut voir un relief qui correspond à l’ancien trait de côte. C’est là qu’il y a la Tour de Broue dont on vous a parlé je sais plus quand et du coup je peux retrouver les fotos. »

Samuel : « Puis-je intervenir ? »

Yann : « Absolument petit Sam ! »

Samuel : « J’ai noté dans mes fiches un lien vers un tout petit documentaire qui explique l’histoire du Marais de Brouage. Puis-je vous le montrer ? »

Max : « Excellente idée ! Mais avant, je voudrais donner une petite précision géo-morphologique. Le Marais de Brouage est limité au nord et au sud par des reliefs assez peu élevés qui sont des bombements anticlinaux dans les terrains crétacés. L’anticlinal sud est bien visible sur la carte ci-dessous. »

Carte du relief

Max : « Au sud de cet anticlinal, il y a le Marais de la Seuldre. Mais on le connaît pas bien et on va pas vous en parler. »

Yann : « Merci cher Max. Samuel, vous pouvez lancer votre petit documentaire. »

 

Yann : « C’était très intéressant cher petit Sam. Je savais pas tout ça moi. »

Léo : « Je fais la suite ! Dans sa partie continentale, la RNMO est formée d’une gigantesque vasière plus ou moins colonisée par la slikke et le schorre. »

Max : « Le chlic et le chloc 🙂 »

Léo : « Tu es trop bête 🙂 Les plantes principales sont la salicorne, la spartine et l’obione. »

Max : « J’ai présenté tout ça il y a des année lors de ma première visite de La Plage Sauvage. »

Léo : « Cet estran gigantesque, comme on le voit derrière la foto de Max au début de cet article, est suivis en amont d’un marais retro-littoral d’origine anthropique. C’est ce que raconte la vidéo de petit Sam. »

Yann : « En résumé, dans des terrains gagnés sur les mer, il y a des bassins qui furent des marais salants puis des claires pour les huîtres. Actuellement, ce sont des bassins dont le niveau d’eau est activement régulé par les gestionnaires de la réserve. Et il y a aussi les pâturages pour le bétail. »

Samuel : « Je précise qu’actuellement c’est la Ligue de Protection des Oiseaux qui a reçu délégation de l’état pour la gestion de la réserve. »

Yann : « Je pense qu’il serait judicieux de montrer quelques fotos des bassins du Royaume des Chevaliers. »

RNMO La Tanne Ronde

RNMO La Tanne Ronde

RNMO La Tanne Ronde

RNMO La Tanne Ronde

RNMO La Tanne Ronde

RNMO La Tanne Ronde

Léo : « Cette réserve se trouve sur la grande voie de migration Est-Atlantique parcourue par des tas de zoisos migrateurs. »

La grande voie de migration est-atlantique

Max : « Ce qui fait qu’on y observe des tas de zoisos : des Ansériformes, des Charadriiformes mais aussi des Accipitriformes. »

Samuel : « Pour ceux qui sont étourdis et qui se souviennent plus de ces ordres disons qu’on peut observer des oies cendrées, des tadornes de Belon, des canards divers et variés tels que les colverts, les siffleurs, les souchets, les chipeaux, les sarcelles d’été et un peu d’hiver… »

Yann : « Des chevaliers de toutes les espèces avec beaucoup d’arlequins. »

Max : « C’est là qu’on en voit le plus en France 🙂 »

Yann : « Il y a des combattants variés, des barges, des courlis, des gravelots, des bécasseaux… »

Léo : « Oubliez pas les avocettes et les échasses ! »

Samuel : « Les spatules blanches et les Ardéidés ! »

Yann : « Près de 90 000 limicoles sont recensés chaque année dans la réserve ! »

Max : « Il y a GCI aussi ! »

Samuel : « Il faut que tu expliques cousin Max. »

Max : « C’était pendant ce séjour. Nous arpentions l’estran sableux vers le portail de Léo, quand on a vu ce zoiso. »

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)
Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Léo : « Bonome l’a reconnu tout de suite alors qu’on l’avait jamais vu ! »

Samuel : « C’est un gravelot à collier interrompu. Charadrius alexandrinus, Charadriidés. »

Yann : « Il était pas loin de ce panneau 🙂 »

Le panneau

Max : « Après l’avoir fotoé nous avons continué à cheminer. Un peu plus loin, il y avait un groupe d’enfants avec une animatrice de la LPO. Bonome a demandé si il pouvait l’interrompre deux secondes et il lui a mis une foto sous le nez. J’ai bien aimé sa réaction : ‘Oh ! C’est GCI !’ Bonome a juste répondu : ‘C’est donc bien lui’. Il a dit merci est on est repartis voir GCI. »

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Yann : « Quelques jours plus tard on y est retournés mais on le voyait pas. Alors bonome lui a parlé pour lui dire qu’on voulait pas l’embêter mais prendre de ses nouvelles. D’un coup, on l’a entendu siffler 🙂 Il nous a appelé 🙂 »

Léo : « Et il a pris la pose 🙂 »

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)
Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus, Charadriidés)

Léo : « Ça fait pas longtemps qu’il s’est installé là GCI. Il me semble que ça fait dix ans. »

Yann : « Maintenant que nous vous avons parlé de GCI nous pouvons revenir à la RNMO. »

Max : « En plus des zoisos, elle accueille sept espèces d’Amphibiens dont le très rare pélobates cultripède et la rainette méridionale. »

Pélobate cultripède (Pelobates cultripes, Pélobatidés) inpn.mnhn.fr
Rainette méridionale (Hyla meridionalis, Hylidés)

Max : « Il y a également sept espèces de Reptiles dont la cistude d’Europe. »

Cistude d’Europe (Emys orbicularis, Emydidés)

Samuel : « Sans compter les vingt six espèces de Mammifères qu’on peut y rencontrer ! Il y a même des loutres d’Europe ! »

Yann : « Et des centaines d’espèces d’Invertébrés ! »

Léo : « Autant dire que cette réserve est un intérêt écologique certain ! »

Max : « C’est l’intérêt des réserves 🙂 »

Léo : « Mais… »

Yann : « Mais quoi ? »

Léo : « Cette réserve est séparée de la mer par des digues. On les aperçoit au loin sur les fotos que vous avez présenté cher Yann. »

Yann : « J’en remets une. »

RNMO La Tanne Ronde

Yann : « On voit que cette digue est plantée d’arbres. De l’autre côté de cette digue il y a un petit cordon dunaire puis c’est la gigantesque vasière. »

Léo : « C’est de cette digue dont je voudrais parler. Pas dans ce secteur là précisément parce qu’on peut pas y aller à cause que c’est la réserve intégrale mais un peu plus au nord. »

Max : « Vers ton portail ? »

Léo : « Montportail ! Rholala ! Il est bête ! Mais il est bête ! »

Yann : « Vous laissez pas perturber par les interruptions inopinées de Max cher Léo. »

Léo : « En réalité je devrais parler des digues. Il y en a une première d’un dénivelé de 4m40 au-dessus du niveau de la mer. La digue intermédiaire est haute de 3m50 puis la troisième digue est haute de 2m40. Malheureusement, ces digues sont pas forcément en bon état. Regardez un peu ça. »

Léo sur la digue

Léo : « Je me trouve sur la digue. A votre droite c’est côté mer. A votre gauche il y a la réserve. Vous voyez peut-être que la digue est bien abîmée. On voit mieux sur les fotos suivantes. »

La digue

La digue

Léo sur la digue

La digue

Léo : « La première digue est très fragilisée. L’enrochement se trouve en avant de la terre. Il est fort probable que cet hiver, après deux ou trois fortes tempêtes, cette digue cède. »

Max : « C’est une catastrophe ! »

Léo : « Il y a les deux autres digues. »

Yann : « Que pouvons-nous faire ? »

Léo : « Nous ? Rien. De toutes façons, les spécialistes ont décidé de rien faire. »

Max : « Rien du tout ? »

Léo : « Dans la partie interdite aux visiteurs, une brèche est apparue en 2014. Elle a été comblée puis elle s’est ouverte de nouveau en 2016 puis en 2018. Une digue, ça coûte cher et ni les communes ni la LPO ni le conservatoire du littoral ont les moyens de refaire une digue tous les ans. Et puis il y a pas d’urbanisation en arrière de la réserve alors la décision a été prise de laisser la maritimisation de la réserve se faire librement. »

Yann : « Ce qui veut dire que le trait de côte va reculer ? »

Léo : « Tout à fait. »

Max : « On laisse faire la mer alors ? »

Léo : « Max, c’est pas la mer. C’est l’océan Atlantique et l’atmosphère. Que veux-tu que les zoms fassent face à ces éléments ? Ils peuvent juste accompagner le mouvement. »

Yann : « Que va t-il se passer ? »

Léo : « Je suis pas spécialiste. Ce que je peux vous dire c’est que des terrains terrestres vont devenir maritimes. Les bassins du Royaumes des Chevaliers qui sont actuellement en eau douce vont voir leur salinité augmenter. Les hauteurs d’eau et l’agitation vont augmenter également. Cela aura une influence sur la faune et la flore. Les petits limicoles pourront plus venir se reposer ici si la profondeur augmente. Les Ansériformes non plus mais eux ce sera en raison de l’agitation de l’eau. »

Max : « Comment ils vont faire ? »

Léo : « Il est probable qu’en amont de nouveaux bassins se créent suite à l’apparition de cordons dunaires nouveaux ou de bancs de vase ou de boue. »

Samuel : « En arrière de la réserve il y a actuellement des champs. Ils vont disparaître ? »

Léo : « Ah oui ! D’autant qu’avec le drainage des terres, des sédiments sont retirés en même temps que l’eau et le niveau de ces champs se trouve en-dessous du niveau de la mer. »

Samuel : « Et la mer va avancer jusqu’où ? »

Léo : « Je me suis procuré quelques documents. Voici par exemple des projections de l’évolution des paysages jusqu’en 2050. »

Projections

Max : « Je me rends pas bien compte. »

Léo : « Disons que la maritimisation pourrait atteindre la départementale 3. Cette carte vous permettra peut-être de mieux visualiser. »

Situation de la départementale 3. Elle relie Moëze à Brouage.

Yann : « Oulala ! Et c’est partout comme ça ? »

Léo : « Difficile à dire. Vous connaissez l’Île Où On Va à Pieds ? »

Yann : « Ah bah oui ! On est allés voir le fort ! »

Yann près du Fort de l’Île Où On Va à Pieds

Yann : « Et le Puits des Insurgés ! »

Le Puits des Insurgés (bonome aime beaucoup cet endroit).

Léo : « Exact 🙂 C’est dans ce secteur que nous avons vu le seul écroulement récent. »

Un écroulement

Samuel : « On voit quand même qu’il y a des tas de racines qui dépassent. »

Léo : « Oui mais malgré tout on a pas vu d’éboulis récents. Il semblerait que la mer grignote pas la falaise. C’est pareil Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés. »

Yann : « Je peux mettre des fotos ? »

Samuel : « Bien sûr cousin Yann. »

Là Où Les Cailloux sont Tout Cassés

Léo : « Là c’est pareil. Pas d’éboulis récents. Il y a quelques années, les galets, cailloux et fossiles étaient fréquents aux pieds des rochers. Depuis trois ou quatre ans, il y a de plus en plus de sable. »

Yann : « Ça voudrait dire qu’il y aurait ensablement ? »

Léo : « Légèrement mais oui. Là, la mer sape pas la falaise. »

Samuel : « Si je comprends bien l’anticlinal Cénomanien résiste mieux que les polders. »

Léo : « C’est ça. A long terme, le Golfe de Saintonge va de nouveau remplacer le Marais de Brouage. C’est pas vraiment une surprise. Mais la bonne nouvelle est que les autorités ont accepté le recul du trait de côte et qu’au lieu de s’y opposer tout est fait pour l’accompagner. Si vous voulez un peu plus de précision je vous conseil ce documentaire : https://vimeo.com/user61188445/review/517566039/2697e4ece8 »

Yann : « Cher Léo, votre exposé était absolument passionnant ! »

Léo : « Merci Yann. J’ai fait court mais je crois que j’ai dit l’essentiel. »

Max : « L’essentiel c’est que dans quelques années les paysages seront plus les mêmes et peut-être que la Charmante Petite Ville va redevenir un port 🙂 »

Léo : « Plus besoin de planche à roulettes pour pousser les bateaux à partir d’un port où il y a pas la mer 🙂 »

Yann : « Avant de vous quitter, quelques images de paysages d’hiver que nous avons jamais publié… »

Paysage
Paysage
Paysage

Yann : « Ce bulletin d’informations est maintenant terminé. Nous espérons que vous avez passé un bon moment en notre compagnie et nous vous disons : »

Samuel : « A bientôt ! »

Les petizours

Continuer la promenade

Auvergne Été 2021

Les petizours en Auvergne

Max : « Bonjour à tous ! C’est en direct-différé depuis les contreforts du Puy de Bessolles que nous vous proposons un autre Grand Jeu Concours ! »

Léo :  » Nous avons vu quelques beaux zanimos mais pas énormément quand même. »

Samuel : « Je suis pas d’accord ! »

Max : « Ils étaient pas beaux les zanimos ? »

Samuel : « Si si ! Mais je suis pas d’accord sur le pas énormément. Regardez notre bilan de ces six jours ! « 

Max : « Et on a encore des Hétérocères à publier ! »

Yann : « Je me rends pas bien compte moi mais ça m’a pas l’air mal en six jours. »

Samuel : « Ben oui ! Cousin Léo, oublie pas qu’on a fait la géologie aussi ! »

Léo : « Tu as raison petit Sam. »

Max : « On peut passer au Grand Jeu Concours ? »

Léo : « On peut ! »

Max : « Chers lecteurs, vous savez comment faire pour répondre. On vous ré-explique plus. Amusez-vous bien et faites pas trop des erreurs 🙂 « 

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Max : « Voilà voilà 🙂 « 

Léo : « On se retrouve bientôt pour vous raconter tout ça. »

Samuel : « Nous allons essayer de vous expliquer un peu le volcanisme du secteur du Mont-Dore et du Sancy. Mais il faut qu’on étudie tout ça. »

Yann : « En attendant, Léo vous parlera un peu de la Réserve Naturelle de Moëze-Oléron. »

Max : « Il faut qu’on se dépêche parce qu’aux prochaines vacances on retourne en Bretagne et on a même pas terminé de vous raconter Ploumanac’h… »

Léo : « Tout ça de travail… »

Samuel : « C’est pas du travail ! »

Max : « Bon, on vous laisse. On se retrouvera dans le prochain article. »

Yann :  » A bientôt ! »

Charentemaritimie été 2021

Yann en direct-différé depuis l’Observatoire de Charentmaritimie

Yann : « Bonjour à tous ! C’est à moi que revient le plaisir de présenter ce nouveau Grand Jeu Concours auquel, selon mes chers cousins, personne va participer 🙂 Mais l’essentiel pour nous est de le proposer. Comme d’habitude, il vous suffit de laisser vos réponses dans les commentaires. Amusez-vous bien 🙂 « 

01 Ce sont les trois individus identiques qui nous intéressent mais vous pouvez identifier l’autre si vous le voulez.
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14 Là, il y a deux espèces à identifier.
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16 Deux espèces également, au moins… On a pas observé chacun de ces oiseaux.
17 Pas facile car un peu loin…
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20 Deux espèces encore une fois mais c’est l’individu au centre qui est ciblé.
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24 Le premier zoiso que nous ayons vu lors de ce séjour.
25 C’est un nouveau copain 🙂
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28 Plusieurs espèces encore une fois…
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30 C’est l’individu au centre de la foto qu’il faut identifier.
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32 Encore une fois c’est l’individu central qu’il faut identifier.
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Le dragon du Port des Barques

Yann : « A tout de suite pour un autre Grand Jeu concours 🙂 »

suivant

Le Toëno

Max : « Allez bonome ! On y va là ! »

Samuel : « Cousin Max a l’air très impatient d’aller sur le terrain 🙂 »

Max : « On est là pour ça non ? »

Léo : « Absolument 🙂 »

Max : « Tu nous emmènes où aujourd’hui ? Me dis pas qu’on va encore voir le granite rose. On le connaît par cœur maintenant le granite rose. »

Léo : « Maxou, quand on va voir le Granite de Ploumanac’h il faut s’attendre à voir du granite rose. »

Max : « On va quand même pas passer une semaine sur un granite ! »

Le chevalier : « Non 🙂 Au programme aujourd’hui : Le Toëno et l’Île Grande. »

Max : « Et on va voir quoi ? »

Le chevalier : « Du granite 🙂 »

Plus tard…

Yann : « C’est ça le Toëno ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Léo : « C’est pas vraiment une île… »

Max : « Encore une île où on va à pieds. »

Samuel : « Avec un tout petit tombolo. »

Max : « Zutalor ! On a fait peur aux huîtriers-pies ! »

Huîtriers-pies (Haematopus ostralegus, Haematopodidés)

Huîtriers-pies (Haematopus ostralegus, Haematopodidés)

Max : « Il faut pas peurer les zoisos ! Quand allez-vous le comprendre ? On veut pas vous embêter ! On veut vous o-bser-ver ! »

Yann : « ‘Peurer’ ? »

Léo : « Petitoursien du nord 🙂 Dans cette langue étrange qu’est le petitoursien du nord, ‘peurer’ signifie avoir peur. »

Yann : « Je connaissais pas. »

Max : « Le petitoursien du nord est une langue précise et concise. Pourquoi dire avoir peur alors qu’on peut dire peurer ? »

Le chevalier : « Je m’en voudrais d’interrompre votre débat linguistique mais nous sommes sur le premier site. »

Yann : « C’est très beau. »

Le premier site

Max : « Vous imaginez avec un beau ciel bleu ? »

Samuel : « On s’en fiche du ciel bleu. On veut voir les granites ! »

Léo : « Avance Megapus ! »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « Alors… »

Granites G1 et G2

Yann : « Je crois reconnaître le granite G1 au premier plan. J’ai bon ? »

Léo : « Il me semble bien. Il est un peu caché par des algues mais c’est bien lui. »

Granite G1

Max : « Ben voilà ! On continue avec G1 ! Pfff ! »

Samuel : « Cousin Max, si tu observais un peu au lieu de ronchonner tu verrais un autre granite ! »

Granites G1 et G2

Granites G1 et G2

Max : « Ben je le vois ! Tu crois que je suis aveugle ? »

Léo : « Non 🙂 Tu as ni canne blanche, ni chien. »

Max : « Ben voilà ! »

Yann : « J’aimerais bien avoir un chien… »

Léo : « Bonome aussi 🙂 Même qu’il en voudrait deux pour pas qu’ils s’ennuient quand il est pas là. »

Max : « Avec nous ils s’ennuieraient pas 🙂 »

Samuel : « Ça vous ennuie si je fais la géologie ? »

Max : « Ça c’est petit Sam. Rien peut détourner notre cher petitours blanc de sa mission. Petit Sam, qu’as-tu à dire de ce granite ? »

Samuel : « Oulala ! Alors… Il a des grains fins. Sans être microgrenu il est quand même pas gros grenu 🙂 Le contact entre les deux granites est bien net. Tu peux fotoer ce granite bonome s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Granite G2
Granite G2

Samuel : « Merci. Je m’approche pour mieux voir. Il y a du quartz mais apparemment moins que dans le G1. Des feldspaths aussi. Plagioclase et microcline. Et je crois bien qu’il y a de la biotite. Oh ! Vous avez vu ça ? »

Enclave de G1 dans G2
Enclave de G1 dans G2

Yann : « Sont-ce des enclaves de granite G1 dans ce nouveau granite ? »

Léo : « Moi je dirais que oui. Bonome ? »

Le chevalier : « Absolument. »

Max : « Alors ce granite est postérieur à G1. Et G1 était déjà solidifié quand ce granite s’est mis en place. »

Léo : « Bonome, tu peux nous en dire plus ? »

Le chevalier : « Plus que ce qu’a décrit petit Sam ? Je ne vois pas trop ce que je peux ajouter. »

Max : « Ben si. Allez bonome ! »

Le chevalier : « C’est le granite G2 ou granite intermédiaire de type Canton. Comme l’a si bien observé Samuel, il est constitué de plagioclase, microcline, quartz et biotite et c’est en fait un monzogranite. Max, tu as eu raison de dire que ce monzogranite s’est mis en place après le refroidissement total de G1. Les enclaves en attestent. Ce sont des blocs anguleux. Certains sont de très grande taille. Cela implique que le granite G2 était sous forte pression quand il est remonté. »

Yann : « Alors le Granite de Ploumanac’h est pas le seul granite du Massif de Ploumanac’h… »

Le chevalier : « Ah ça non 🙂 »

Léo : « Bonome, tu peux nous expliquer la forme de ce rocher ? »

Le chevalier : « Quel rocher Léo ? »

Léo : « Celui-là. »

Le mamelon

Le chevalier : « Je vois 🙂 Tu ne m’en veux pas si je t’explique plus tard ? »

Léo : « Non bonome. Pourquoi t’en voudrais-je ? »

Max : « On a tout vu ici ? »

Le chevalier : « Nous avons vu ce qu’il y avait à voir 🙂 »

Max : « Alors on continue. Tu surveilles la marée bonome ? »

Le chevalier : « Nous ne sommes pas loin de l’étale de haute-mer… La mer doit commencer à descendre. Nous ne pourrons pas faire le tour de l’île mais nous ne risquons rien. »

Léo : « C’est grave de pas faire le tour ? »

Le chevalier : « Il nous manquera quelques observations mais rien de fondamental. »

Samuel : « Ça c’est un bel estran 🙂 »

L’estran

Max : « Tu es sûr que la marée commence juste à baisser ? Il y a pas beaucoup d’eau dans la mer là. »

Le chevalier : « Ne t’inquiète pas Maxou. »

Max : « Mouai… »

Yann : « Vous avez vu le rocher ? »

Le rocher

Le chevalier : « C’est peut-être le moment de vous expliquer le rocher de tout à l’heure. »

Max : « Je vois pas bien le rapport. »

Yann : « Moi je pense que j’ai compris. »

Léo : « Tu as compris le rapport entre ces deux rochers ? »

L’estran

Le rocher

Yann : « Peut-être que je pense une erreur mais je crois que j’ai compris 🙂 »

Samuel : « Explique nous cousin Yann ! »

Yann : « Je sais pas si vous vous souvenez de ce que bonome nous a expliqué de l’altération du granite du côté de Men Ruz. »

Léo : « Au chaos de Porz Kamor ! Oui oui oui ! Bravo Yann ! »

Max : « De quoi ils parlent ? »

Yann : « Souviens-toi Maxou. Bonome nous a expliqué que l’altération du granite se fait à la faveur des diaclases qui apparaissent lors du refroidissement du magma, de sa solidification. Quand le granite se forme, il est déjà découpé par ces diaclases. »

Max : « Ça je sais. »

Yann : « Quand le granite arrive à la surface, l’eau s’infiltre dans le sol et elle altère les minéraux. Si je me souviens bien il y a formation d’une arène granitique et d’un chaos. Mais l’altération de fait surtout dans le sol. Là, avec le rocher en forme de champignon on peut deviner où arrivait le sol. La partie la plus haute du rocher – le chapeau du champignon – était au-dessus du sol. Le rétrécissement montre le niveau du sol. La partie la plus étroite est celle qui a été la plus altérée. »

Max : « Je vois toujours pas le rapport avec l’autre rocher. »

Yann : « Sois patient Maxou, j’y arrive. Sur le rocher en champignon, l’érosion s’est arrêtée quand le sol a été dégagée par la remontée de la mer je sais pas quand. »

Le chevalier : « La transgression flandrienne il y a environ 19 000 ans. »

Yann : « Merci bonome. Imaginons que le sol ait pas été dégagé. L’altération aurait continué. La partie la plus étroite du rocher aurait été de plus en plus étroite. Le chapeau du champignon se serait retrouvé au dessus d’un fin pied mais il aurait tenu grâce au sol. Si à ce moment la mer était montée et aurait retirée le sol, le chapeau aurait plus tenu. Il serait tombé et il resterait que l’espèce de mamelon de l’autre rocher. Voilà 🙂 »

Samuel : « Bravo cousin Yann ! Bravo ! »

Yann : « Bonome nous l’avait expliqué. »

Max : « Il a pas expliqué comme toi. Il est impressionnant ce petitours breton. Tu trouves pas bonome ? »

Le chevalier : « Si 🙂 Bravo Yann. »

Yann : « C’est vraiment bien la géologie. On explique des paysages sur des durées de plusieurs milliards d’années en observant des objets allant de la taille d’une région à celle des minéraux. C’est comme une enquête policière pendant laquelle on cherche des indices. »

Max : « C’est à peu près ce qu’avait dit Brindille il y a des années 🙂 »

Léo : « Dites, on a vu un nouveau granite et ses relations avec l’autre. On a compris l’altération du granite. Si on faisait une pause zoisos ? »

Samuel : « Vite fait alors parce qu’à mon avis il y a autre chose à voir. »

Max : « On peut commencer par les goélands qui sont sur le champignon. »

Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)
Goéland argenté (Larus argentatus, Laridés)

Yann : « Dos gris clair, pattes rose… Ce sont des argentés. Larus argentatus, Laridés. »

Samuel : « Et là il y a Egretta garzetta. »

Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)

Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)
Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)

Yann : « Elle a mis ses chaussettes jaunes 🙂 »

Le chevalier : « Venez, il y a autre chose à voir. »

Max : « ‘Venez’ Comme si on avait le choix ! On est dans ta poche bonome ! »

Léo : « Voilà ! Max ronchonne encore ! »

Max : « Je ronchonne pas ! Arrêtez de dire que je ronchonne ! Je suis pas un ronchonneur ! »

Samuel : « Si 🙂 Mais on t’aime bien quand même 🙂 »

Le chevalier : « Nous y voilà. »

Une ancienne carrière

Max : « Des cailloux tout cassés… »

Le front de taille

Léo : « C’est encore du granite mais il est clair celui-là, presque blanc. C’est un leucogranite ? »

Samuel : « On peut descendre pour l’observer de près ? »

Le chevalier : « Bien sûr. »

Max : « Alors on y va ! »

Le granite G3

Yann : « Il est vraiment clair ce granite. Ça change du granite rose Maxou 🙂 »

Max : « Heureusement ! On allait quand même pas passer une semaine sur le granite rose ! »

Léo : « Il y a du quartz mais pas beaucoup. Des feldspaths blancs. Ça doit être des alcalins genre microcline. De la biotite… Je vois des paillettes blanches qui brillent. Ce sont des micas blancs. »

Max : « La muscovite ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Un granite à deux micas ! Ça alors ! »

Samuel : « Et les autres minéraux sombres ? Ce sont pas des ferro-magnésiens. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Des agrégats microcristallins qui contiennent de la séricite et de la chlorite. Ils dérivent de la cordiérite qui a été pinitisée par rétromorphose à relativement basse température. Maximum 400 °C. »

Max : « Bonome, je veux bien faire des efforts pour éviter de crier mais là… Comment je peux faire là ? Tu t’écoutes quand tu parles ? TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ? C’est quoi ça encore la ‘corde d’Éric qui a été finalisée par rétro métamorphose’ ? »

Le chevalier : « La cordiérite : Al3 Mg2 AlSi5O18 La pinitisation est une recristallisation. La cordiérite n’est pas très stable et elle se transforme en autres minéraux quand les conditions de sa formation ne sont plus respectées. Là, elle a donné de la chlorite et de la séricite. »

Max : « D’accord. Merci bonome. »

Samuel : « Et la formule de la muscovite ? Tu peux la donner s’il te plaît ? »

Le chevalier : « KAl2[(OH,F)2|AlSi3O10] »

Max : « Tu vas noter ça dans ta tête ? »

Samuel : « Je crois pas. Je vais faire des fiches plus tard. Tu me redonneras les formules bonome ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Samuel : « Merci. Bon, ça confirme bien ce que je pensais. Ce granite contient beaucoup d’aluminium. Il y en a dans les feldspaths alcalins, dans la cordiérite qui est plus de la cordiérite et dans la muscovite. »

Léo : « C’est toujours comme ça ? Les leucogranites sont toujours riches en aluminium ? »

Le chevalier : « Souvent. »

Max : « Ça nous apprend quoi cette richesse en aluminium ? »

Le chevalier : « L’origine de ce granite. Le magma à son origine provient de l’anatexie de roches sédimentaires. La présence de cordiérite montre qu’il s’est formé dans un contexte de basse pression et de haute température. »

Léo : « Alors c’est pas un granite lié à une orogenèse. Avec l’orogenèse c’est haute pression. »

Yann : « J’en reviens pas ! On a même pas beaucoup marché et on a vu trois granites différents ! »

Le chevalier : « C’est la particularité du Toëno 🙂 »

Léo : « Tu as pas une carte où une vue aérienne légendée pour mieux comprendre ? »

Le chevalier : « Je dois avoir ça… »

Vue aérienne du Toëno (source : Geoportail)

Max : « J’aurais mis ‘contact G2-G1’ moi. Ça indiquerait mieux les positions relatives. »

Le chevalier : « Tu peux le refaire si tu veux. »

Max : « Il est bien ton document bonome. Merci beaucoup 🙂 »

Léo : « L’île aux trois granites 🙂 »

Samuel : « On sait pas de quand il date G3 ! »

Max : « C’est vrai ça ! »

Le chevalier : « C’est le plus tardif. »

Yann : « Je m’en doutais. Ils sont numérotés dans l’ordre chronologique les granites. »

Le chevalier : « Bien… »

Max : « On a tout vu ici ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Pause zoisos ? J’en ai vu au loin vers le continent. Tu veux essayer de les fotoer ? »

Le chevalier : « Si la tribu est d’accord. »

Léo : « Sam ? Yann ? »

Samuel : « Bien sûr qu’on est d’accord ! »

Le chevalier : « J’avance un peu alors… »

Yann : « Il y a des gambettes pas très loin… »

Chevaliers gambettes (Tringa totanus, Scolopacidés)

Samuel : « Bien vu cousin Yann ! »

Léo : « Et tout là-bas ? »

Des zoisos

Des zoisos

Le chevalier : « Huîtriers-pies, bernaches cravants, gambettes… Et des courlis. »

Max : « Cendré ou corlieu ? »

Le chevalier : « A cette distance, je n’en sais rien. »

Léo : « Pas grave bonome. Se sont des tournepierres à côté ? »

Tournepierres à collier (Arenaria interpres, Scolopacidés)

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « J’ai vu des sternes caugek qui tournaient mais tu vas pas réussir à les fotoer. Trop loin et pas assez de lumière. On va ailleurs ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Samuel : « C’est où ‘ailleurs’ ? »

Le chevalier : « L’Île Grande. Une île qui est pas une île 🙂 »

Léo : « J’espère que le ciel va se dégager parce que là c’est menaçant. Je voudrais pas prendre la pluie moi. »

Max : « Surtout qu’on a encore oublié nos imperméables… »

Le chevalier : « Tu oublies tout toi. »

Max : « Même pas vrai ! Et je suis pas tout seul ! On est trois ! Pourquoi ça serait de ma faute ? »

Le chevalier : « Bonne remarque 🙂 »

Samuel : « S’il te plaît Le Vent, tu veux bien pousser un peu les nuages pour qu’on puisse profiter de la Bretagne s’il te plaît. Merci Le Vent. »

Yann : « Tu crois que ça va marcher ? »

Samuel : « Petitours de peu de foi ! Bien sûr que ça va marcher. Il est gentil Le Vent. »

Max : « Alors on y va ! »

En chemin on a croisé des tariers-pâtres…

Tarier patre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Tarier patre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Et un accenteur mouchet…

Accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés)

On en voit souvent des accenteurs mouchets. Peut-être que les pipits maritimes ont décidé de leur laisser le poste de zoisos-gardiens pour petizours…

Continuer la promenade

La Grève Rose et la Grève des Curés

Max : « C’est loin la Grève Rose ? »

Le chevalier : « Nous y sommes 🙂 »

Max : « Nous y sommes ? Mais on vient de quitter l’Île aux Lapins où il y a pas de lapins ! »

Le chevalier : « Je suis particulièrement efficace 🙂 »

Max : « Pfff ! »

Samuel : « C’est vrai ? On y est déjà ? »

Le chevalier : « A vrai dire je ne sais pas bien où elle se trouve cette Grève Rose. La Grève Blanche je vois bien. La Grève des Curés aussi. Mais la Grève Rose… »

Léo : « Ben montre nous la vue aérienne ! »

Le chevalier : « Bonne idée 🙂 »

Vue aérienne (source : Géoportail)

Léo : « D’accord… »

Max : « Bonome, tu veux pas légender ? On comprend rien sinon. »

Le chevalier : « Là ? Maintenant ? »

Max : « Ben oui ! »

Le chevalier : « Max… »

Max : « Oui mon bonome ? »

Le chevalier : « Non, rien… Ça ira plus vite de légender que de t’expliquer que c’est absurde de me demander ça sur le terrain. »

Max : « Pas très cohérent ça. Et tu vois ! Tu t’en sors très bien en quelques secondes. Montre un peu ? »

Vue aérienne légendée (source : Géoportail)

Max : « Ben voilà ! Là on comprend mieux ! »

Yann : « Max, je trouve que tu exagères. On pouvait se passer de cette vue aérienne légendée ! »

Max : « J’exagère rien du tout ! Vous pensez à mes lecteurs un peu ? »

Samuel : « Tu en as encore ? »

Max : « Ça c’est pas gentil ! »

Léo : « On va faire quoi bonome ? »

Le chevalier : « Observer le premier affleurement rocheux puis le second. »

Grève Rose et Grève des Curés (source : Géoportail)

Yann : « C’était un peu prévisible 🙂 Si on fait la géologie on observe les affleurements rocheux. »

Le chevalier : « Oui Yann. Tu l’avais compris toi 🙂 »

Samuel : « Moi aussi 🙂 »

Max : « Et si on commençait au lieu de parler ? »

Yann :: « Moi j’ai déjà commencé ! Même qu’il y a une grosse enclave sédimentaire dans le granite G1 juste là. »

Enclave sédimentaire dans le granite G1

Samuel : « Bien vu cousin Yann ! »

Yann : « Elle se voit bien. Je pouvais pas la rater 🙂 »

Léo : « On sait toujours pas de quand elles datent ces enclaves sédimentaires ? »

Le chevalier : « Pas plus d’infos qu’il y a environ une heure 🙂 »

Max : « Il y en a d’autres ! Je descends faire l’échelle ! »

Enclave sédimentaire

Léo : « C’est étrange qu’elle ait été dégagée par l’érosion comme ça. Elle est plus dure que le granite G1. »

Samuel : « Elle est gréseuse. Peut-on dire que c’est un grauwacke ? »

Max : « Tu peux le dire petit Sam ! On va pas te contredire nous. On sait même pas ce que c’est un gros vaque. »

Léo : « Si. C’est une roche sédimentaire détritique. Ou plutôt le protolithe est sédimentaire détritique. En gros ce sont des petits grains de feldspaths, quartz et micas et peut-être d’autres minéraux encore qui sont cimentés par des argiles. Et tout ça a subi un métamorphisme pour donner le grauwacke. »

Le chevalier : « C’est bien ça. Un grès à grain fin qui a été cuit. »

Yann : « Comme ça je comprends mieux. Il a été cuit quand le magma l’a entraîné dans sa remontée ? »

Le chevalier : « Peut-être aussi avant. »

Max : « Alors ce serait un biscuit 🙂 »

Samuel : « Il y a des enclaves basiques de norite aussi. »

Enclave basique dans le granite G1

Léo : « Avec des grands cristaux de feldspaths qui ont migré du granite à la norite. »

Yann : « Pourquoi il y a des trous comme ça ? »

Les géologues font des trous partout.

Max : « 🙂 On en a déjà vu Yann. »

Yann : « Ah oui ? Je me souviens plus. »

Léo : « A la Pointe de la Heussaye. Et peut-être… La Plage de la Grève d’en Bas je crois… Ou la Plage de la Fosse… »

Max : « Les géologues font des trous partout pour prendre des échantillons 🙂 »

Yann : « Ouiii ! Oui oui ! Je me souviens maintenant ! »

Samuel : « Quand il y a des trous dans la roche c’est que le site est géologiquement intéressant. »

Max : « Des enclaves anguleuses de grandes tailles de roches sédimentaires. Des enclaves décimétriques et arrondies de roches basiques… On connaît tout ça. On avance ? »

Le chevalier : « On avance ! »

Léo : « Non ! On regarde ! »

Yann : « Rhoooo ! Je descends faire l’échelle ! »

Un filon d’aplite contenant une enclave de granite G1.
Yann sur le filon d’aplite
Yann donne l’échelle.a

Yann : « J’en reviens pas ! Une enclave de granite G1 teintée de vert dans un gros filon d’aplite ! C’est trop beau en plus ! »

Max : « Vous l’avez entendu ? »

Léo : « Oui. »

Samuel : « Pareil. »

Yann : « Qu’est ce que j’ai dit ? »

Léo : « Il est déjà bien atteint. »

Samuel : « A ce stade c’est irréversible. »

Max : « On peut plus rien pour lui ? »

Léo : « Non. On aurait dû réagir plus tôt. »

Yann : « Qu’est ce que vous racontez ? Je suis atteint de quoi ? Vous me faites peur. »

Max : « Yann, je crois que le diagnostic est évident. Tu t’es entendu ? ‘Une enclave de granite G1 dans un filon d’aplite !’ »

Yann : « C’est pas ça ? »

Max : « Si si ! C’est bien la preuve. »

Yann : « La preuve de quoi ? »

Léo : « Tu te bonomises Yann. »

Samuel : « On peut même dire que ta bonomisation progresse vite. »

Max : « Même pas 10 jours de géologie à ton actif et tu vois des enclaves de granite dans des filons d’aplite. »

Léo : « Tu vois déjà plus pareil. »

Samuel : « Et tu utilises des mots compliqués que personne connaît. »

Yann : « 🙂 Vous rigoliez ! J’ai eu peur moi ! »

Max : « On rigole pas du tout. »

Léo : « Tu te bonomises à grande vitesse ! »

Yann : « Oui mais ça c’est pas grave ! Bon, on peut revenir à l’enclave de G1 dans le filon ? »

Samuel : « Pas la peine. Tu as déjà tout dit. »

Léo : « Je suis assez d’accord avec ton commentaire. C’est trop beau 🙂 »

Max : « Il y en a d’autres de ces enclaves. »

Une autre enclave de granite G1

Encore une enclave

Samuel : « Le granite G1 était déjà solidifié quand le magma à l’origine de l’aplite est remonté et a emporté ces enclaves. »

Léo : « Et là c’est encore une enclave basique. »

Une autre enclave basique dans le granite G1

Yann : « C’est pas une enclave bien nette comme on a déjà vu mais c’est pas un schlieren non plus. C’est un peu comme si la goutte de magma basique avait commencé à s’étirer à cause des mouvements de convection mais que ça s’était arrêté très vite. C’est entre l’enclave et le schlieren. »

Max : « Il a plus besoin de nous ce petitours ! »

Yann : « Vous voulez plus de moi ? »

Samuel : « Si si ! Il faut pas toujours écouter ce que dit cousin Max. »

Max : « Non mais oh ! Tu t’entends quand tu parles ? Il faut pas m’écouter… Bien sûr que si ! Et c’est pas parce que Yann a plus besoin de nous pour comprendre ce qu’il voit que ça signifie qu’on veut plus de lui ! »

Léo : « Yann, tu fais partie de la tribu maintenant. »

Yann : « J’arrive pas à le croire. »

Léo : « Petit Sam non plus 🙂 Pourtant ça fait longtemps qu’on l’a adopté. »

Le chevalier : « Si vous papotez, je fais une pause moi. »

Max : « Caféinage et pétunage sont les deux mamelles du bonome 🙂 »

Le chevalier : « Et regardage du paysage 🙂 »

L’Île aux Lapins

Léo : « Ça c’est le problème de la géologie. On a la truffe sur les cailloux et on oublie parfois de remettre dans le contexte et de bien observer le paysage. »

Max : « Tel qu’en lui même toujours il change 🙂 »

Léo : « Ça, Yann, c’est la phrase mystérieuse de Maxou. »

Samuel : « Il y a que lui qui sait ce que ça veut dire 🙂 »

Max : « Pas vrai ! Bonome a compris ! Pas vrai bonome ? »

Le chevalier : « Mmmmm ? Oui oui 🙂 »

Max : « D’accord. Je vois. Tu t’en fiches. »

Le chevalier : « Pas du tout Maxou. »

Léo : « Je crois qu’on a tout vu pour ce premier affleurement rocheux. On continue ? »

Le chevalier : « Puis-je prolonger la pause encore un peu ? »

Samuel : « Oui bonome. Pas trop fatigué de cavaler partout ? »

Le chevalier : « Pour le moment ça va. »

Max : « Ici tu peux pas te creuser un terrier. Aucun risque que tu redeviennes sauvage. Tu peux pauser encore un peu si tu veux. »

Le chevalier : « Alors je me ressers un café. »

Max : « Il faut surveiller la marée bonome. »

Le chevalier : « Pas de risques ici. »

Léo : « La mer arrive au pied du rocher quand même. »

Le chevalier : « On y va alors ! »

Max : « Euh… Tu vas où là ? »

Yann : « Je sais pas si tu t’en es rendu compte mais on a dépassé le rocher là bonome. »

Le chevalier : « Je sais 🙂 Je voudrais le voir avec le bon angle. »

Léo : « Pour la lumière ? Il y a trop de soleil. Il faut fermer un peu ou prendre un temps de pause très court. »

Max : « Léo, quand vas-tu comprendre que bonome s’en fiche ? Il fotoe et puis c’est tout. »

Le rocher
Le rocher aussi

Léo : «  Oui… Un peu surexposées ces fotos… »

Le rocher de plus près.

Léo : « Un peu trop même. On voit pas bien les différentes roches. C’est trop clair tout ça. »

Max : « Léo, pourrais-tu cesser de critiquer bonome et ses fotos ? Tu préfères pas regarder les roches en vrai ? »

Samuel : « Surtout là… »

Première partie

Léo : « Ah oui… Ce sont des enclaves gigantesques ou bien c’est le socle qui affleure ? »

Le chevalier : « Je penche plutôt pour des enclaves gigantesques. »

Max : « Oui ben penche pas trop. Tu es sur des rochers tout cassés ici. »

Yann : « 🙂 »

Léo : « Il faut fotoer ça ! Je grimpe faire l’échelle ! »

Roche sédimentaire et granite G1

Léo donne l’échelle.

Léo donne encore l’échelle.

Max : « Des roches sédimentaires… Ça ressemble aux enclaves que nous avons déjà vues. »

Samuel : « C’est moins sombre. »

Léo : « Tu as fotoé le contact entre les sédiments et le granite G1 ? »

Le chevalier : « Je fais. »

Contact roche sédimentaire – granite G1

Yann : « Ça vous rappelle rien ? »

Max : « Moi non. »

Samuel : « Pas mieux. »

Léo : « A quoi penses-tu Yann ? »

Yann : « J’ai peur de dire une erreur… »

Max : « Yann, ça arrive de dire des erreurs. Il faut pas que ça te fasse peur. »

Yann : « Vous vous souvenez de là où on a vu le menhir couché sur l’estran ? »

Max : « La Pointe du Chevet ? »

Samuel : « Je crois savoir à quoi tu fais allusion ! Tu penses que ça serait pareil ? »

Yann : « Je sais pas trop. Mais ça ressemble un peu. »

Max : « De quoi vous parlez ? »

Samuel : « Explique cousin Yann. »

Yann : « Ça me fait penser aux parois de la Pointe du Chevet. Je me souviens plus des noms des roches. En haut, il y avait un granite à grains fins je crois mais je suis pas sûr que c’est un granite. Et en dessous il y avait une roche sombre, d’origine sédimentaire mais toute transformée. »

Léo : « Oui oui ! Oui ! Rholala ! Trop fort Yann ! Bonome, tu peux retrouver les fotos ? »

Le chevalier : « Les parois de la Pointe du Chevet ? Je vais chercher dans le blog de Max… Voilà ! »

La paroi de la Pointe du Chevet

Des anatexites

Léo : « Ton hypothèse est intéressante Yann ! Bravo ! Mais à la Pointe du Chevet, il y a eu le métamorphisme encore après à cause de la subduction. »

Max : « Alors… Il y aurait un granite intrusif dans un socle sédimentaire formé de grès ou de gros vaques ? »

Samuel : « Grauwackes ! Fais un peu attention à ce que tu dis cousin Max ! »

Max : « Oui petit Sam. Et ensuite il y aurait eu le métamorphisme qui aurait pas vraiment transformé le granite mais carrément transformé le grauwacke en pegmatites ? »

Samuel : « Yann, c’est à ça que tu pensais ? »

Yann : « Intuitivement oui. Vous trouvez pas que ça ressemble ? »

Léo : « Ah bah si ! »

Max : « Bonome, qu’est ce que tu en penses ? »

Le chevalier : « D’accord avec Léo 🙂 L’hypothèse est intéressante 🙂 »

Max : « Tu es pas sûr ? »

Le chevalier : « Pas tout à fait. Mais, au risque de me répéter, c’est une hypothèse très intéressante. Une vaste enclave métamorphisée, à la limite de la migmatisation. »

Samuel : « Tu avais parlé de migmatisation bonome. Avec le mobilisat et la restite. »

Le chevalier : « C’est vrai. »

Max : « Alors on reste sur cette hypothèse ? A la Pointe du Chevet c’est comme ici mais après migmatisation dans un plan du subduction. »

Le chevalier : « Si on parle bien d’hypothèse je suis d’accord. »

Samuel : « Alors là ! Bravo cousin Yann ! »

Max (à Léo) : « Il est pire bonomisé que nous… »

Léo : « L’élève dépasse le maître 🙂 »

Yann : « Vous vous emballez là 🙂 Je connais pas des tas de choses fort savantes comme vous. »

Samuel : « Non, c’est vrai. Mais tu observes bien et tu sais mettre des éléments en relation avec une certaine efficacité. »

Yann : « Peut-être. Mais je comprends pas tout quand même. Par exemple, dans la roche d’origine sédimentaire qui constitue l’enclave, je comprends pas pourquoi les couches blanches sont coupées comme ça. »

Roche sédimentaire

Max : « Bonne remarque. Quelqu’un a une explication ? »

Léo : « On peut supposer que la roche a été étirée. »

Samuel : « Ça expliquerait ce qu’on voit. »

Max : « Il y a autre chose que je n’explique pas. Ces tâches noires… Il y en a de deux types… »

Minéraux du métamorphisme

Minéraux du métamorphisme

Max : « Tu sais ce que c’est bonome ? »

Le chevalier : « On reste dans les hypothèses ? »

Léo : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Je pense que ce sont des minéraux du métamorphisme. »

Samuel : « Quoi comme minéral ? »

Le chevalier : « De la cordiérite. »

Max : « Ça c’est un minéral. Tu as utilisé le pluriel. »

Le chevalier : « Il doit y avoir des petits grenats quelque part. »

Max : « Et tu les cherches pas ? Il y a des grenats et tu es pas à quatre pattes pour en trouver ! Tu as la fièvre ? Tu vas bientôt mourir ? »

Le chevalier : « Ce sont de très petits grenats. A mon avis ils ne sont visibles qu’au microscope. »

Max : « D’accord 🙂 J’ai eu peur moi ! »

Samuel : « C’est quoi la cordiérite ? »

Le chevalier : « Al3Mg2AlSi5O18 avec des traces de fer, titane, calcium, sodium et potassium. »

Max : « Tu vas le noter dans ta tête, ça, petit Sam ? »

Samuel : « Non. Je vais le noter sur mes fiches pour pouvoir réviser. Je retiens pas ça comme ça, moi. »

Yann : « Et qu’est ce qu’elle fait là la cordiérite ? »

Le chevalier : « C’est un minéral du métamorphisme thermique présent surtout dans les roches argileuses. C’est l’aluminium qui se réorganise sous l’influence de la température. »

Léo : « C’est quand même étrange le métamorphisme. Les atomes se ré-arrangent en fonction de la température ou de la pression. Ou des deux en même temps. »

Yann : « Ils trouvent la meilleure façon de s’assembler en fonction des conditions. »

Max : « Pas d’accord avec ta formulation. ‘Ils trouvent’ dis-tu. Cela sous-entend qu’ils sont actifs. C’est pas vrai et tu le sais bien. Ce sont les conditions de température et de pression qui font que les atomes se réarrangent. »

Yann : « Tu as raison Maxou. J’ai voulu résumer en quelques mots et j’ai manqué de précision. »

Samuel : « Vous avez vu la roche blanche érodée au plafond ? »

Léo : « Ah oui ! C’est quoi ? »

L’extrémité du filon d’aplite

Le chevalier : « C’est l’extrémité du filon d’aplite. »

Max : « De l’aplite blanche ? Depuis quand il y a de l’aplite blanche ? »

Samuel : « L’aplite se forme à partir du résidus du magma si j’ai bien compris. Dans ce résidu, il y a plus de fer et de magnésium ou plus beaucoup. Par contre il y a de la silice et la silice c’est ce qui fait qu’une magmatique roche est blanche. Le granite G1 est rose parce que les feldspaths alcalins sont roses à cause qu’ils contiennent de l’oxyde de fer… »

Max : « Et alors ? »

Samuel : « Et alors je sais pas… La toute fin du magma avec presque plus que de la silice ? Les feldspaths ont été lavés de leur oxyde de fer ? »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Aucune idée. »

Max : « Tu es là un peu toi ? A chaque fois que je te parle j’ai l’impression que tu es ailleurs. »

Léo : « Tu es dans ta tête ? »

Le chevalier : « Je profite de la nature. »

Max : « Ça t’empêche pas de suivre quand même ! »

Le chevalier : « Je suis Maxou. »

Max : « Tu suis rien du tout ! »

Le chevalier : « Je l’avoue. »

Max : « Ça fait plaisir ! J’attends une explication. »

Léo : « Max… »

Le chevalier : « Laisse Léo. Maxou, ça fait combien de temps maintenant que nous parcourons le Pays des Zoisos ensemble ? »

Max : « Huit ans je crois. »

Le chevalier : « Pendant toutes ces années j’ai répondu à toutes tes questions, toutes vos questions. Je vous ai expliqué la botanique, la zoologie, la géologie… »

Samuel : « Avec beaucoup de patience et de pédagogie. »

Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 Vous êtes de plus en plus autonomes. Vous discutez entre vous pour formuler des hypothèses, proposer des modèles. Je vous rappelle que l’histoire de la chaîne Cadomienne qu’a proposé notre petit Sam ressemble beaucoup au modèle le plus fréquemment avancé par les géologues. Yann propose une explication à ce que nous n’avions pas compris à la Pointe du Chevet en observant cet affleurement… »

Léo : « Je comprends bonome. Tu nous laisses faire et toi tu profites de la nature. De temps en temps tu reviens avec nous pour nous donner la connaissance qui nous manque et tu retournes dans ta tête. »

Le chevalier : « C’est un peu ça. Vous m’en voulez ? »

Samuel : « Ben non. Pourquoi on t’en voudrait ? Tu es là avec nous et tu expliques ce qu’on comprend pas. C’est toi qui pourrais nous en vouloir de pas te laisser en paix. »

Le chevalier : « Je suis très heureux de parcourir le Pays des Zoisos avec vous, moi 🙂 »

Léo : « Alors tout va bien 🙂 »

Max : « Tu suis assez pour pas nous laisser dire des erreurs ? »

Le chevalier : « Oui Max ! »

Max : « Alors ça va. Bon, personne sait pourquoi l’extrémité du filon d’aplite est blanc ? Non ? D’accord. On reprend l’observation ? »

Léo : « Oui mais c’est retour au granite G1. »

Samuel : « On va peut-être pouvoir réviser. Léo, tu grimpes sur le granite pour une vue générale. Moi je cherche un endroit intéressant pour une vue détaillée. »

Léo : « J’y vais ! »

Max : « Petit Sam, il y a une toute petite enclave basique là. C’est intéressant ? »

Samuel : « Oui cousin Max. J’y vais ! »

Léo sur le granite G1
Samuel sur le granite G1
Petite enclave basique

Yann : « Là, il y a une plus grosse enclave. Elle fait quoi ? 10 cm dans sa plus grande longueur. »

Une enclave basique décimétrique

Max : « Bonome, tu crois qu’il y a des feldspaths à structure Rapakivi ici ? »

Le chevalier : « C’est possible. Il faut chercher. »

Léo : « On cherche ! »

Samuel : « Il y en a là ! »

Yann : « Là aussi ! »

Feldspath à structure Rapakivi

Feldspath à structure Rapakivi

Samuel : « C’est une auréole de réaction quand le feldspath alcalins a été injecté dans la norite. »

Léo : « Sur le deuxième il y a des grains noirs dans l’auréole. C’est possible que ce soit des pyroxènes ? »

Le chevalier : « C’est même fort probable. »

Yann : « Moi je descends ! Il y a un petit filonnet d’aplite. Tu me fotoes bonome ? »

Le chevalier : « Bien sûr Yann. »

Yann et un filon d’aplite

Yann

Léo : « Elle est bien cette Grève des Curés. On voit tout d’un coup. C’est très pédagogique. »

Samuel : « Si on veut montrer rapidement le granite de Ploumanac’h à quelqu’un c’est ici qu’il faut venir. »

Max : « Pour la pédagogie je suis d’accord. On peut tout montrer d’un coup. Mais il manque quand même le paysage de Men Rouz. »

Yann : « C’est sûr que c’est pas pareil… »

Max : « Bon, on a vu les trois Grèves. On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On se promène ! On avance le long de la plage. »

Max : « On touriste au bord de la mer ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Yann : « Ça va nous reposer un peu. La journée a été dense quand même. »

Léo : « L’anse Sainte Anne, l’Île Renote, la Grève Blanche, la Grève Rose et la Grève des Curés. »

Max : « Mais c’est partout du granite rose. »

Samuel : « Rho la mauvaise foi de cousin Max ! Il est jamais pareil le granite rose. Tu te rends pas compte de tout ce qu’on a vu ? »

Max : « Si si. Je résume même si c’est pas moi qui le fait d’habitude. Il y a le granite G1 à feldspaths alcalins roses à cause de l’oxyde de fer. Il contient aussi du quartz, de la biotite et des amphiboles. À l’anse Sainte Anne on a vu qu’un autre magma s’était formé vers la fin. C’est un magma basique obtenu par fusion partielle du sommet du manteau. Ce magma s’est mélangé avec celui du granite G1 et c’est ce qui est à l’origine des enclaves noires, des schlierens et des auréoles réactionnelles autour de certains cristaux. Il peut y avoir des pyroxènes autour du quartz ou des feldspaths plagioclases autour des feldspaths alcalins ce qui donne les structures de Rapakivi. Et puis il y a les filons d’aplites qui marquent un peu la fin du fonctionnement de la chambre magmatique. J’ai tout dit ? »

Léo : « Il me semble bien. »

Samuel : « Toi aussi tu résumes bien cousin Max. »

Max : « Ben, j’ai l’habitude de rédiger pour mon blog. »

Yann : « Samuel et Léo t’aident pas ? »

Léo : « Max veut pas nous embêter avec ça. Il nous consulte, demande des précisions et nous fait relire mais il rédige tout seul. »

Max : « Comme ça vous avez le temps d’étudier autre chose. »

Samuel : « On est où là ? Parce qu’on papote et on regarde même pas le paysage. Il y a encore des îles… »

Le chevalier : « Vue aérienne ? »

Max : « Ça devient une habitude 🙂 »

Le petit fleuve (source : Géoportail)

Léo : « Nous sommes au nord du petit fleuve… Là où la vallée se rétrécit. »

Samuel : « C’est étrange les estuaires. On sait pas trop si c’est la mer, la terre ou le fleuve. A marée basse il y a que le petit fleuve et à marée haute c’est la mer… »

Yann : « Dites, vous savez expliquer les traînées d’algues sur la plage ? »

Vers la Grève des Curés

Max : « Les laisses-de-mer ? Bonome aime bien les explorer. Il espère toujours trouver quelque chose d’original. »

Léo : « On appelle ça des laisses-de-mer parce que c’est ce que la mer laisse en se retirant quand la marée descend. A marée montante les vagues poussent tout ce qui flotte. Et quand la mer redescend tout reste en place. »

Yann : « Alors pourquoi il y en a trois des laisses-de-mer ? »

Samuel : « Les coefficients de marée diminuent en ce moment. La plus haute laisse correspond au plus grand coefficient de marée. »

Yann : « Ça alors ! On peut connaître l’évolution des coefficients de marée comme ça ! »

Max : « Oui, quand il y a qu’une seule laisse-de-mer, c’est que les coefficients de marée augmentent. Dans ce cas là c’est fréquent qu’elle soit plus épaisse. »

Yann : « Oui, c’est comme si les trois laisses-de-mer qu’on voit là s’accumulaient. »

Léo : « Un jour il faudrait qu’on étudie attentivement ce petit environnement. C’est riche en matière organique. Il y a des Insectes, des Arthropodes… »

Max : « Et puis ça nous renseigne sur les espèces qui vivent dans l’étage infra-littoral et qu’on peut pas voir. »

Yann : « Comment ça ? »

Max : « Quand ils meurent, leurs restes sont déposés sur le sable dans les laisses-de-mer. »

Yann : « Vous connaissez tout, vous 🙂 »

Samuel : « On a quelques bases. Mais les espèces des laisses-de-mer on les connaît pas. On a jamais étudié. »

Léo : « On peut pas tout faire. »

Max (au chevalier) : « Tu fais encore une pause ? »

Le chevalier : « Oui. Et ensuite on rentre. »

Samuel : « J’ai jamais envie de rentrer mais là, je suis bien fatigué quand même. »

Le chevalier : « Moi aussi. »

Léo : « C’est calme ici… »

Le petit fleuve (amont)

Le petit fleuve (aval)

Max : « C’est quoi ça ! Regardez le petit fleuve ! »

Le chevalier : « Un mascaret ! »

Max : « Un mascaret ? C’est quoi ça ? »

Léo : « C’est ce que tu vois Maxou 🙂 »

Le chevalier : « Je dirais que c’est une onde de marée. C’est le signe que la mer monte et qu’il est temps de rentrer. »

Max : « Alors on y va ! »

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Continuer la promenade

La Grève Blanche

Le chevalier : « Nous voici arrivés ! »

Max : « Déjà ! Elle était pas très longue cette chevauchée. »

Yann : « Tant mieux ! J’ai un peu le mal de monture moi. »

Léo : « On s’y habitue Yann. »

Samuel : « Je voudrais pas prendre la place de cousin Max, mais est-ce qu’on pourrait voir les vues aériennes pour savoir où on va aller ? »

Max : « Tu me piques mes répliques ? Qu’est ce que je vais devenir moi ? »

Léo : « Tu vas plus servir à rien. Bonome va t’abandonner et tu vas errer comme une bête en quête de chocolat et après tu vas te faire prédater et dévorer et il restera rien de toi à part quelques morceaux de peluches ça et là 🙂 »

Max : « Pfff ! Tu dis des bêtises ! »

Samuel : « Pour une fois que c’est pas toi qui en dis 🙂 »

Le chevalier : « Et si vous regardiez les vues aériennes ? »

Yann : « Oui bonome ! »

Vue aérienne (source : Géoportail)

Léo : « On la connaît par cœur celle-là 🙂 »

Samuel : « On est à GB. Je suppose qu’on va faire GR et GC. »

Le chevalier : « Tu supposes bien mon petitours. »

Max : « La Grève Blanche, la Grève Rose et la Grève des Curés… »

Léo : « Yann, je sais pas si tu sais mais une grève c’est une plage. »

Yann : « Je m’en doutais. Mais je vois pas le rapport avec faire grève… »

Max : « Nous on sait ! C’est qu’autrefois, à la Capitale, les oeuvriers sans emploi allaient sur la grève du fleuve pour proposer leur service. Il y avait besoin de main d’œuvre pour charger ou décharger les bateaux qui approvisionnaient la Capitale. Et puis par glissement sémantique faire grève c’est devenu arrêter de travailler pour embêter tout le monde et faire connaître ses revendications. »

Léo : « Parce quand on fait grève, on travaille pas. »

Samuel : « Comme les oeuvriers qui avaient pas de travail sur la grève de la Capitale. »

Yann : « Pourquoi vous dites oeuvriers et non pas ouvriers ? »

Léo : « Ben en vrai c’est oeuvrier. Ça vient de œuvrer. »

Samuel : « Ouvrier est venu plus tard. C’est une mauvaise prononciation qui s’est imposée. »

Yann : « Rholala ! Vous en connaissez des choses ! »

Le chevalier : « Oui mais je vais finir par croire que les vues aériennes ne vous intéressent pas. »

Max : « Hé ! Ho ! On peut discuter un peu ou pas ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Tu zoomes un peu ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Vue aérienne du secteur de la Grève Blanche (source : Géolportail)

Le chevalier : « Nous allons commencer par la plage orientée est-ouest au centre de la foto. J’ai envie d’aller sur la petite île juste en face. C’est l’Île aux Lapins il me semble. Puis nous irons vers l’ouest : la Grève Rose, la Grève des Curés. Et si la marée le permet nous terminerons cette longue journée en remontant le petit fleuve. »

Max : « Il est même pas visible sur ta vue aérienne ! »

Le chevalier : « Nous le verrons en vrai 🙂 »

Vue aérienne de la Grève Blanche (source : Géoportail)

Max : « On y va bonome ? Parce que là on est même pas sur la plage ! »

Le chevalier : « Elle est juste là ! J’y serai en quelques pas… Voilà 🙂 »

La Grève Blanche

Max : « Ah oui ! »

Yann : « Ça c’est une belle plage ! »

Léo : « Rholala ! »

Samuel : « On a vraiment de la chance de voir ça ! »

L’Île aux Lapins

L’autre côté

Le chevalier : « A gauche c’est l’Île aux Lapins. »

Yann : « Il y a des lapins ? »

Le chevalier : « Aucune idée 🙂 »

Max : « On en cherchera pendant ta pause ! Parce que je suis à peu près sûr que tu vas t’asseoir sur un rocher pour te caféiner en pétunant tout en profitant du paysage. Tu fais toujours ça ! »

Le chevalier : « Quand je ne cavale pas pendant des heures pour satisfaire la curiosité scientifique d’une tribut de petizours qui ne cesse de s’agrandir ! Allons voir ce rocher. »

Un rocher

Léo : « A priori c’est encore le Granite de Ploumanac’h… »

Max : « Quelle surprise nous réserve t-il encore ? »

Le chevalier : « Voyez par vous-mêmes ! »

Max : « Il y a des enclaves ! Je descends faire l’échelle ! »

Une enclave

Max donne l’échelle

Yann : « Moi aussi je veux faire l’échelle ! Je suis une bonne échelle moi 🙂 »

Yann aussi

Léo : « Il y a une fine stratification. Ce sont encore des xénolithes d’origine sédimentaire. »

Max : « Ceux-là sont datés ? »

Le chevalier : « Pas plus que ceux de l’Île Renote. »

Samuel : « C’est pas surprenant. On dirait que ceux sont les mêmes et l’Île Renote et pas très loin. »

Yann : « D’après les principes de l’inclusion de solides dans un solide on sait quand même que ces xénolithes sont antérieurs à la mise en place du granite. Ils ont donc plus de 300 millions d’années et datent d’avant le Carbonifère. »

Max : « J’aurais pas dit mieux 🙂 »

Samuel : « Bravo cousin Yann ! Bravo ! »

Léo : « On aurait dit que tu citais Nicolas Sténon ! De solida intra solidum naturaliter contento dissertationis prodromus 🙂 »

Max : « Qu’est ce qu’il dit ? Bonome, tu comprends ce que dit Léo ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Léo, je ne savais pas que tu connaissais aussi bien l’œuvre de Sténon. Le prodrome de la discussion sur les solides naturellement contenu dans des solides… Si j’étais riche je crois que je chercherais un exemplaire original de ce livre. »

Léo : « Et je le lirais avant toi ! »

Yann : « Il dit quoi ce livre ? »

Léo : « Difficile de résumer en quelques mots. Les solides contenus dans des solides ce sont surtout les fossiles qui étaient pas bien compris à l’époque. Sténon a vécu entre 1638 et 1686. C’est 50 ans avant la naissance de l’abbé Dicquemare qui osait même pas dire que les fossiles étaient des traces d’êtres vivants anciens. »

Samuel : « Cousin Yann, il faut savoir que l’Abbé Dicquemare a étudié les fossiles des Vaches Noires en Normandie où on est allés fossiler. »

Max : « C’est un grand monsieur cet abbé Dicquemare. »

Léo : « Sténon a bien étudié la Toscane bien qu’il était danois. Il a compris des tas de choses. On en retient trois principales généralement connues sous le nom de principes de Sténon. Il a compris que les roches sédimentaires se déposent à l’horizontale. C’est le premier principe. Il a aussi compris que les roches se superposent quand elles se forment et que du coup les plus profondes sont les plus anciennes sauf si la tectonique a tout perturbé. Et puis il a énoncé le principe de continuité latérale. Parfois, quand les roches ont formé un pli, elles peuvent avoir été érodée quelque part. Sténon a compris qu’on pouvait quand même dire que c’était la même couche. Je m’exprime pas très bien mais vous avez sûrement compris. »

Yann : « Oui Léo. »

Léo : « Sténon est considéré comme le père de la stratigraphie et il a eu de l’influence dans la compréhension des fossiles. C’est un grand monsieur aussi Nicolas Sténon. Bon, son histoire géologique de la Toscane est pas très juste mais elle a été un premier pas très important dans l’histoire de la géologie régionale. »

Max : « Léo, ce que tu dis est passionnant comme d’habitude. Mais si tu veux bien, on en parlera ce soir en mangeant du chocolat. Là, il faut quand même qu’on étudie avant que la mer nous submerge. »

Léo : « Oui Max. »

Samuel : « On dirait qu’il y a des schlierens ! »

Une roche hétérogène

Léo : « Je sais pas si ce sont des schlierens mais la roche est hétérogène. Je monte donner l’échelle ! »

Léo donne l’échelle
Léo 🙂

Max : « Alors bonome ? Schlieren ou pas schlieren ? »

Le chevalier : « Max, les schlierens sont des bandes de roches dans une autre roche. Là, l’érosion a isolé un petit morceau. Léo est assis sur une zone sombre. Elle est très riche en minéraux ferro-magnésiens. »

Yann : « C’est un peu de norite qui s’est mélangée au granite ! »

Samuel : « Ce sont les magmas qui se sont mélangés Yann. »

Yann : « Oui petit Sam. Je me suis mal exprimé. Tu as eu raison de me reprendre. Là, on a l’impression qu’il y avait une grosse goutte de magma basique dans le magma acide. Et en dessous, il y a deux bandes sombres. Bonome a raison de dire que c’est un petit morceau isolé par l’érosion mais j’y verrais bien ces fameux schlierens. Les mouvements au sein de la chambre magmatique on fait se déplacer le magma basique. Sur les bords de la goutte, il s’est étiré et a donné ces bandes sombres dans le granite. Et puis au passage il a été contaminé par le granite ce qui fait que la partie sombre est pas vraiment de la norite. On voit bien que c’est un mélange. »

Léo : « Yann, tu progresse vraiment très vite ! »

Yann : « C’est qu’une hypothèse. Et c’est vous qui m’expliquez tout ça ! »

Max : « Il y a vraiment beaucoup de feldspaths roses dans cette enclave. C’est vraiment étrange. »

Samuel : « Ben non cousin Max. Si cousin Yann a bon, la présence de ces feldspaths roses s’explique très bien. Il y a eu mélange des deux magmas. C’est normal de trouver des cristaux de l’un dans l’autre. Mais le mélange a pas été complet. »

Max : « Bonome, que penses-tu de ce qu’a dit Yann ? »

Le chevalier : « J’aime bien 🙂 Il a raison sur tout sauf qu’il vaut mieux éviter de parler de contamination. Il me semble que ce terme est réservé au passage d’éléments traces d’un magma à l’autre. »

Max : « Les éléments traces ? »

Le chevalier : « Ceux qui sont en très petites quantités et qu’on ne peut connaître que par analyse chimique de la roche. Je pense notamment au REE. »

Max : « Bonome, tu me fatigues ! C’est quoi ça encore les REE ? »

Le chevalier : « Rare Earth Element. »

Max : « Je me suis trompé. Tu me fatigues pas. TU M’ÉPUISES ! »

Le chevalier : « Les terres rares. Mais leur étude est un peu complexe. Nous verrons cela plus tard. Quand vous serez grands 🙂 »

Max : « Ça c’est pas drôle ! On sera jamais grands ! On va rester des juvéniles toute notre vie ! »

Le chevalier : « Ça me va très bien. On continue ? »

Léo : « Il y a d’autres xénolithes sédimentaires. »

Une autre enclave sédimentaire

En gros plan

Yann : « Et là c’est étrange… »

Un étrange rocher

Léo : « Ah oui ! C’est intéressant ça ! Il faut commencer par décrire ce qu’on voit ! »

Yann : « Je fais ! En haut du rocher, il y a une roche grenue rose bien teintée de noir. Dessous, avec une limite nette, il y a une bande de roche rose qui montre pas de cristaux à cette distance. Cette bande est interrompue à gauche par une roche grise qui montre des bandes parallèles. »

Léo « Bravo Yann ! Je propose que tu fasses l’interprétation ! »

Yann : « Je veux bien 🙂 En haut, c’est une roche obtenue par cristallisation du mélange des deux magmas, celui a a donné la norite et celui qui a donné le granite. En dessous, c’est un filon. Je dirais, par comparaison avec ce que nous avons déjà vu, que c’est un filon d’aplite. Il se serait injecté dans les roches pré-citées vers la fin de leur cristallisation. Si je me souviens bien, la venue de ces filons d’aplite correspondrait à la toute fin de l’activité magmatique. Un peu comme un dernier souffle 🙂 La roche grise à gauche de ce filon ressemble à un xénolithe sédimentaire. Le magma qui a donné l’aplite l’aurait remonté lors de son ascension. »

Le chevalier : « Mon petit Yann, je confirme ce que t’as dit Léo. Tu progresses vraiment vite 🙂 »

Yann : « Merci bonome. J’en profite pour vous remercier. Avant de vous connaître, j’aurais juste vu un rocher étrange. Et encore ! Peut-être que j’aurais même pas fait attention à lui et j’aurais pas vu les différences de couleurs ou de textures. Grâce à vous ce rocher raconte une histoire. C’est vraiment passionnant la géologie. Ça a changé ma vision d’un paysage. Un paysage raconte toujours une histoire quand on le regarde bien ! »

Max : « Je raconte celle-là si vous voulez bien. Après la formation d’une chaîne de montagne, et en arrière de cette chaîne, les roches profondes de la lithosphère ont commencé à fondre et ont formé un magma acide. Ce magma est remonté et a commencé à cristalliser. En remontant, le magma a arraché et emporté des morceaux du socle formé de roches sédimentaires. C’est l’origine des xénolithes. En profondeur, la fusion s’est étendue aux roches du manteau supérieur ce qui a donné un magma basique. Lui aussi est remonté. Dans la chambre magmatique, ces magmas se sont un peu mélangés. Par endroits, là où il y avait des mouvements de convection, des gouttes de magmas basiques se sont étirées ce qui a donné les schlierens. Parfois des petits morceaux de ce magma basique ont cristallisé en norite. Sauf que des cristaux du magma acide se sont injectés dedans et ils se sont blindés avec les figures de Rapakivi ou des auréoles réactionnelles. En fin de cristallisation, les dernières remontées de magma ont donné des filons plutôt fins qui ont cristallisé rapidement ce qui fait qu’ils contiennent que des tout petits cristaux qui se voient pas à l’œil nu. Ce sont les filons d’aplite. Eux aussi ont pu remonter des xénolithes sédimentaires. Voilà pour l’histoire qu’il est possible de raconter à partir de nos observations du jour. »

Samuel : « Bravo cousin Max ! »

Léo : « Dites, on a à peine observé le granite 🙂 »

Samuel : « Je grimpe et je fais l’échelle ! Je vais me mettre à côté d’un feldspath alcalin rose pour montrer sa taille. »

Samuel et un feldspath alcalin

Max : « Il est presque aussi grand que toi ce cristal 🙂 »

Léo : « On voit bien la richesse en fer et magnésium ! C’est bien noir ! »

Max : « Oui mais ce qu’on voit sur aucune des fotos de bonome c’est que les cristaux sont orientés un peu pareil. C’est pas une texture équante. »

Samuel : « Ça veut dire que le magma a coulé un peu dans la chambre magmatique. Pendant ces mouvements les cristaux se sont un peu alignés. Mais on sait bien que le magma s’est déplacé. Sinon il y aurait pas le mélange et les schlierens. »

Léo : « Je crois qu’on a tout dit sur ce rocher… »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Je le crois aussi. »

Yann : « Très intéressant ce petit rocher 🙂 »

Le rocher

Max : « Direction : l’Île aux Lapins ! »

Vers l’Île aux Lapins

Léo : « Tu surveilles la marée bonome ? »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 »

Yann : « Vous avez vu toutes les enclaves de norites ? »

Des tas d’enclaves basiques

Samuel : « Elles dépassent du granite. J’en déduis qu’elles sont plus dures que lui ce qui fait qu’elles s’érodent plus lentement et elles dépassent. »

Max : « Tu fais une foto de détail bonome ? »

Le chevalier : « Si tu veux Maxou. »

Détail de l’une de ces enclaves

Max : « Merci bonome. C’est un tombolo cette fois ? »

Vers l’Île aux Lapins

Le chevalier : « C’est un cordon sableux qui relie une île au continent. »

Léo : « C’est la définition d’un tombolo 🙂 »

Samuel : « Encore une île où on va à pieds 🙂 »

Yann : « Elle est pas très loin de la plage cette île. »

Samuel : « C’est une île quand même. Au moins à marée haute. »

Max : « Bonome, tu veux bien me fotoer sur le granite à côté d’une enclave basique ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Max sur le granite
Une enclave basique

Léo : « On voit bien l’orientation privilégiée des cristaux. Regardez juste au-dessus de la fissure. On voit des bandes de cristaux allongés parallèlement à ces bandes. »

Samuel : « Je dirais pas qu’on voit bien. On voit un peu. On voit surtout quand on sait. »

Max : « La vision est une gnosie 🙂 »

Léo : « J’entends un tarier pâtre ! »

 

Max : « Il est là Léo 🙂 »

Un tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Un tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Un tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Un tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)
Un tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Yann : « Ça fait du bien de voir un zoiso 🙂 »

Léo : « C’est vrai qu’on est surtout géologues ici. On en oublierait presque les zoisos. »

Max : « Non non. On oublie pas du tout les zoisos. C’est juste qu’on en voit pas beaucoup. »

Samuel : « Ce qu’on oublie aussi, c’est de regarder toute la beauté qu’il y a autour de nous. Forcément, avec la truffe sur les rochers pour faire la géologie… »

Le chevalier : « Message reçu 🙂 »

Paysage

Yann : « LE FOU DE BASSAN ! IL Y A UN FOU DE BASSAN ! »

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Léo : « Je dirais bien que c’est le fou de Bassan du jour mais on en a déjà vu sur l’Île Renote. »

Max : « Vous pensez qu’on peut s’habituer aux fous de Bassans et même plus faire attention quand on en voit un ? »

Léo : « Ben non ! On s’est déjà pas habitués aux mésanges bleues ou charbonnières 🙂 »

Samuel : « On admire même les pigeons bisets 🙂 »

Léo : « Alors les fous de bassan… 🙂 »

Samuel : « Reprenons le paysage… »

Panorama
Panorama

Max : « Tu vas faire ta pause bonome ? »

Le chevalier : « Oui. Au bout de l’île, le temps de regarder la mer. »

Max : « Tu veux te fondre au paysage et en faire partie 🙂 Je comprends. Ça t’embête pas qu’on cavale partout pour chercher les lapins de l’Île aux Lapins ? »

Le chevalier : « Vous serez prudents ? »

Max : « Comme toi bonome 🙂 »

Le chevalier : « N’allez pas trop loin s’il vous plaît. Et soyez un peu sages quand même. »

Max : « Oui bonome ! Les cousins, on peut aller chercher les lapins ! »

Léo : « C’est parti ! »

Panorama

Un peu plus tard…

Max : « Tu te fonds bien dans le paysage ? »

Le chevalier : « J’essaye 🙂 »

Léo : « Tant que tu te creuses pas un terrier pour redevenir sauvage 🙂 »

Le chevalier : « Les gaulois avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête et mes petizours ont peur que je me creuse un terrier pour redevenir sauvage 🙂 »

Yann : « Tu ferais pas ça bonome ? »

Max : « Parfois on le craint vraiment… »

Le chevalier : « Avez-vous trouvé des lapins ? »

Max : « Aucun ! Pas la moindre crottes ! »

Léo : « On peut affirmer qu’il y a pas de lapin sur l’Île au Lapins ! »

Samuel : « Il faut renommer cette île ! Notre décision est sans appel ! »

Le chevalier : « Quel nom proposez-vous ? »

Max : « Zutalor ! On a pas pensé à ça ! »

Léo : « Il va falloir qu’on y réfléchisse. »

Samuel : « En attendant je propose qu’on l’appelle l’Île aux Lapins où il y a pas de lapins. Au moins c’est pas mensonger. »

Léo : « C’est un peu long mais je suis d’accord. »

Max : « Alors c’est voté ! »

Léo : « On continue bonome ? »

Le chevalier : « On continue ! »

Max : « Direction : la Grève Rose ! »

Filon de basalte

Continuer la promenade

L’Île Renote

Yann : « Ce sont de drôles d’êtres vivants les lichens. »

Léo : « Ce sont des symbioses. Il y a un champignon et une population de bactéries. Ils peuvent pas vivre l’un sans l’autre. »

Samuel : « C’est le principe de la symbiose 🙂 »

Yann : « Ça fait comme un seul être vivant mais il y en a deux. »

Samuel : « C’est une bonne façon de dire 🙂 »

Max : « Le champignon héberge les bactéries et les bactéries nourrissent le champignon. »

Yann : « Ça alors… »

Max : « Mais on connaît pas bien les lichens. »

Léo : « Dites, ce serait pas le moment de la vue aérienne ? »

Max : « Si 🙂 On fait une pause et on regarde ça. On descend ! Bonome, tu peux t’asseoir si tu veux 🙂 »

Le chevalier : « Merci Max 🙂 Je commence par la vue générale… »

Vue aérienne (source : Géoportail)

Léo : « Oui. On sait où on est 🙂 L’Île Renote maintenant ! »

Vue aérienne de l’Île Renote (source : géoportail)

Max : « Pour le moment on est encore sur le littoral sud-est de la toute petit baie… Elle a pas l’air bien grande cette Île Renote. On va vite en faire le tour. »

Léo : « C’est un tombolo qui relie cette île à la terre ? »

Le chevalier : « En toute rigueur ce n’est même pas une île. Elle est reliée au continent par un cordon rocheux couvert de sables et de galets. »

Max : « Il est surtout recouvert par une zone de stationnement ! C’est pas très écologique ça. »

Le chevalier : « C’est vrai. On y va ? »

Max : « Bien sûr bonome ! On est là pour ça ! »

Léo : « Vous entendez ? »

Yann : « Il y a un zoiso qui chante ! »

Léo : « C’est pas un zoiso ! C’est un accenteur mouchet ! Il y en a même plusieurs ! »

Yann : « Tu reconnais un accenteur mouchet Léo ? »

Léo : « Ben oui ! Écoute bien Yann. »

Max : « Si on les entend il faut les trouver. »

Yann : « Ce serait pas lui ? »

Accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés)

Accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés)

Léo : « Ah si 🙂 »

Samuel : « Ça me plaît bien d’être accueilli par un accenteur mouchet sur l’Île Renote qui est même pas une île. »

Max : « Il y a les îles où on va à pieds, les îles avec des tombolos, les îles qui sont pas des îles… »

Léo : « Les îles où on va en bateau 🙂 »

Max : « On a pas fait souvent mais c’était drôlement bien. Avec les embruns sur la truffes 🙂 »

Samuel : « Il y a des gambettes ! »

Max : « Des gambettes ? Où ça ? »

Samuel : « Juste là, les pattes dans l’eau. »

Chevalier gambette (Tringa totanus, Scolopacidés)

Max : « Des gambettes de Bretagne 🙂 »

Léo : « Avec toutes ces baies, ces criques, des estrans vaseux… C’est surprenant qu’on voit pas plus de Scolopacidés et autres Charadriiformes. »

Samuel : « Il faut dire que nous sommes pas toujours attentifs aux zoisos. On peut pas les voir avec la truffe sur les cailloux pour étudier les roches. »

Léo : « On peut pas tout faire petit Sam 🙂 »

Yann : « Lui aussi c’est un chevalier gambette ? »

Chevalier gambette (Tringa totanus, Scolopacidés)

Max : « Oui Yann. »

Samuel : « Tringa totanus, Scolopacidés. »

Yann : « Il nage ou il marche sur le fond ? »

Léo : « Il a pas les pattes palmées le gambette. Je pense pas qu’il puisse nager. »

Samuel : « Il doit marcher sur le fond. Il faut qu’il fasse attention ou bien il va perdre patte ! »

Max : « Totanus ! Reviens maintenant ! Tu vas trop loin du bord ! »

Léo : « Il revient 🙂 »

Max : « Dis donc Totanus, on va pas toujours être là nous ! Il faut rester juste au bord ! Tu dois pas avoir le corps dans l’eau. Seulement les pattes ! Fais un peu attention quand même ! »

Léo : « Bien… Un estran rocheux nous attend. »

L’estran

Yann : « Ça va encore être le chaos 🙂 »

Max : « STOOOOOP ! »

Le chevalier : « Oui Max. Que se passe t-il ? »

Max : « J’ai vu des beaux échantillons de granite par terre. On descend. Viens Yann ! »

Yann : « Oui Maxou ! »

Max : « Alors… »

Le granite de l’Île Renote

Max : « Léo ! Sam ! Vous descendez pas ? »

Léo : « Si si ! »

Samuel : « On est là ! »

Le granite de l’Île Renote

Yann : « Ça c’est un beau granite 🙂 »

Max : « Oui oui oui… Qui décrit ? »

Yann : « Moi ! Je fais le début parce que je vais vite être perdu. Il y a que des cristaux. C’est donc une structure grenue. Il me semble que les cristaux sont dans tous les sens. Vous devez avoir un mot pour dire ça. Peut-être même que vous l’avez déjà dit mais je me souviens plus. Ensuite… J’ai failli oublier ! Il faut dire les cristaux ! Il y a les feldspaths roses. Ça j’ai bien compris. Mais j’ai pas retenu comme petit Sam. Les cristaux blancs je sais pas. En gris c’est le quartz et puis les minéraux noirs sont riches en fer et magnésium. C’est tout ce que je peux dire. »

Max : « ‘C’est tout ce que je peux dire’. Non mais vous l’entendez ? Alors lui ! Il se prend pour Léo ! Léo, tu as une mauvaise influence sur Yann ! Tu vas en faire un modeste ! »

Léo : « 🙂 »

Samuel : « Bravo cousin Yann ! »

Yann : « Vous voulez bien reprendre ce que j’ai dit en précisant un peu ? »

Léo : « On va affiner 🙂 »

Max : « Il y a bien une structure grenue et équante. »

Yann : « Equante ? C’est quand les cristaux sont dans tous les sens ? »

Max : « C’est ça. »

Samuel : « C’est un mot compliqué que personne connaît qu’il y a que cousin Max qui l’utilise pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé ! »

Léo : « Et vlan Maxou ! »

Max : « Pfff ! La structure équante nous indique qu’il y a pas eu de mouvements dans le magma qui refroidissait. »

Léo : « Pour les cristaux il y a bien des feldspaths roses. Ce sont les feldspaths alcalins colorés en rose par l’oxyde de fer. »

Le chevalier : « Microcline 🙂 KAlSi3O6 »

Samuel : « Merci bonome ! Je note dans ma tête. »

Max : « Il y a encore de la place dans ta tête ? »

Samuel : « Elle est plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur 🙂 »

Léo : « Je reprends. Il y a les feldspaths blancs. Ce sont donc les plagioclases. »

Le chevalier : « Albite et oligoclase. »

Samuel : « Le pôle sodique ! Moins de 30 % de calcium. Du coup je dirais NaAlSi3O6. »

Léo : « Ensuite il y a bien le quartz gris translucide. Et puis les minéraux noirs c’est la biotite et je suppose qu’il y a un peu de hornblende comme d’habitude 🙂 »

Samuel : « Les feldspaths sont surtout alcalins. Même les plagioclases sont du côté alcalin. »

Max : « Ça ressemblerait pas un peu au faciès de Traouiéros ? »

Le chevalier : « Si Max. »

Léo : « D’accord. C’est donc encore un syéno- ou monzo-granite. »

Max : « Ben… C’est le Granite de Ploumanac’h 🙂 »

Le chevalier : « On parle parfois de faciès de l’Île Renote mais il n’est pas vraiment particulier. »

Yann : « J’ai encore des progrès à faire moi. »

Samuel : « Oui cousin Yann. Mais tu en as déjà beaucoup fait 🙂 »

Yann : « Comment vous faites pour être toujours indulgents comme ça ? »

Max : « Oulala ! On est pas indulgents ! On est réalistes ! »

Léo : « Nous aussi on a encore des progrès à faire 🙂 »

Yann : « 🙂 On s’attaque au chaos ? »

Max : « Oui Yann ! On y va ! »

Le chevalier : « Vous ne me demandez même plus mon avis ? »

Max : « Hein ? Non 🙂 On grimpe. On se poche et tu avances ! »

Le chevalier : « Donc si je voulais vous montrer quelque chose juste là je ne le fais pas ? »

Max : « Ah bah si ! Bien sûr que tu nous montres ! »

Samuel : « On y va à pattes ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours. Vous pouvez même courir jusqu’au bord de la microfalaise. »

Max : « Par là ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Le dernier arrivé est privé de chocolat ! »

Léo : « Preums ! »

Samuel : « Deuz ! »

Yann : « Troiz ! »

Max : « J’ai perdu ? Je suis privé de chocolat ? »

Léo : « C’est la règle Max 🙂 »

Max : « Je me sens pas bien… J’ai la tête qui tourne… Je crois que je vais faire le malaise vagal… »

Yann : « Je te donnerai ma part Maxou 🙂 »

Léo : « C’est ça que tu voulais nous montrer bonome ? »

Un xénolithe

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « C’est une enclave. »

Samuel : « Mais c’est pas une enclave basique de norite ou de basalte… »

Max : « Il y a des lignes horizontales que j’interprète comme des restes de stratification. Ce serait donc une enclave de roche sédimentaire. »

Léo : « Un morceau du socle sédimentaire entraîné par le magma dans sa remontée… »

Max : « Bonome, fais toi plaisir. Allez 🙂 »

Le chevalier : « Un xénolithe 🙂 »

Léo : « Une pierre étrangère 🙂 Ben oui ! »

Max : « Et il est daté ce xénolithe ? »

Le chevalier : « Pas du tout. »

Max : « Ah… Et on sait d’où il vient ? »

Le chevalier : « Il était sur le chemin du magma quand il est remonté. »

Max : « On sait rien du tout sur ce xénolithe alors ! »

Le chevalier : « Si. Il est là. »

Léo : « J’ajouterai : et avant il était pas là 🙂 »

Samuel : « Ben non. Il était pas là puisque le magma qui l’a emporté était pas là non plus. »

Yann : « J’en déduirais qu’il vient d’en dessous. »

Léo : « Voilà ! Nous sommes donc en présence d’un bout de roche qui était en-dessous d’ici avant d’être ici. »

Max : « C’est dingue tout ce qu’on apprend 🙂 »

Léo : « On continue ? »

Le chevalier : « Je n’ai plus rien à vous montrer sur l’île qui n’est pas une île. »

Samuel : « On a déjà tout vu ? »

Léo : « Qu’est ce qu’on va faire alors ? »

Max : « Je sais ! On va tourister ! »

Yann : « Tourister ? »

Max : « Oui ! On fait pas souvent mais c’est rigolo 🙂 »

Yann : « C’est quoi tourister ? »

Max : « C’est quand on se promène comme ça, les mains dans les poches, en sifflotant sans regarder partout comme quand on est naturalistes. »

Yann : « On est obligé de siffloter ? »

Léo : « Pas du tout Yann. Au contraire 🙂 »

Yann : « Et j’ai pas de poches. »

Samuel : « Nous non plus 🙂 »

Yann : « On peut tourister quand même ? »

Max : « Bien sûr Yann ! Bonome, tu es d’accord ? »

Le chevalier : « Tu me demandes mon avis ? »

Max : « C’est pour te faire croire que tu as de l’importance 🙂 »

Le chevalier : « Je suis d’accord pour tourister. On finit le tour de l’île tranquillement. »

Max : « On va traverser le chaos et on va même pas l’étudier ! »

Léo : « On touriste nous ! »

Samuel : « Quand les gens touristent ils disent toujours que c’est beau. »

Max : « Des fois ils disent que c’est pittoresque. »

Léo : « Ou que c’est typique ! »

Samuel : « Ou dépaysant ! »

Le chaos

Le chaos

Léo : « C’est vraiment pittoresque ! »

Yann : « Ça fait vraiment couleur locale 🙂 »

Le chaos

Le chaos

Max : « C’est vraiment très beau ! »

Samuel : « Il y a vraiment qu’ici qu’on peut voir ça ! »

Léo : « Quand on pense qu’il y a des gens qui vont au bout du monde alors qu’il y a ça ici. »

Yann : « Ils savent pas ce qu’ils perdent. »

Max : « Oh ! Et regardez moi si c’est pas joli ! »

Une mare

Yann : « Et le rocher en équilibre ! Vous avez vu le rocher en équilibre ! »

Un rocher en équilibre

Max : « Il ressemble à rien du tout ! Vous avez remarqué ? »

Léo : « Oh c’est vrai ! Il ressemble à rien du tout ce rocher ! Comme c’est charmant ! »

Samuel : « Et ce zoiso ! Vous avez entendu comme il chante ? »

Accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés)

Max : « On dirait un moineau. »

Léo : « C’est un accenteur Max ! »

Max : « Je sais bien ! Mais les touristes disent toujours que c’est un moineau ou une mouette. »

Léo : « Ah d’accooord ! Oui oui ! C’est un moineau. »

Samuel : « C’est vraiment pas la peine de venir en Bretagne pour voir des moineaux. Il y en a chez nous. »

Yann : « C’est tout à fait dépaysant de se promener en bord de mer comme ça. »

Le chaos

Samuel : « Et ce rocher en équilibre ! Lui aussi ressemble à rien du tout ! »

Un autre rocher en équilibre

Yann : « Qu’est ce que c’est bôôô ! »

Le littoral

Max : « Oui mais là on sait plus si tu parodies les touristes ou si tu es sincère 🙂 »

Yann : « Ben… C’est vraiment beau 🙂 »

Léo : « C’est dommage qu’on puisse pas aller sur les îles. »

Ar Jentilez

Samuel : « Il doit y avoir une colonie de fous de Bassan. »

Max : « Oui. Ils viennent jusqu’ici. »

Léo : « Les fous de Bassan du jour 🙂 »

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)
Fous de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Max : « Bonome, tu peux montrer encore la vue aérienne de l’Île s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Max : « Merci bonomou. »

Vue aérienne de l’Île Renote (source : géoportail)

Max : « Ben oui… C’est bien ce que je me disais. On est déjà sur la grande plage du nord-ouest de l’Île. C’est bientôt fini. »

Léo : « On va ailleurs après ? »

Le chevalier : « A la taverne 🙂 »

Max : « Pfff ! On peut même pas ! »

Léo : « Si 🙂 Si bonome veut passer prendre ses deux énoooormes cafés à emporter c’est qu’on va aller ailleurs ! »

Samuel : « J’en ferais presque la danse de la joie 🙂 »

Le chevalier : « Je serais curieux de voir ça 🙂 »

Samuel : « Un autre jour si tu veux bien bonome. Je voudrais conserver un minimum de crédibilité encore un moment 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 »

Une belle plage

Une belle plage
Une belle plage

Max : « Ça c’est vraiment une belle plage. »

Léo : « En été ça doit être plein de monde ! »

Max : « C’est le problème… »

Yann : « Je comprends pas les gens qui vont passer leurs journées à la plage. Ils ont vraiment que ça à faire ? »

Max : « Il faut croire. »

Le chevalier : « Si je vous montre un rocher allez-vous croire que je parodie les touristes ? »

Léo : « Ça dépend du rocher 🙂 »

Le chevalier : « Celui-là. »

Le Dé

Yann : « Ça alors ! On dirait un grand dé ! »

Le chevalier : « C’est Le Dé 🙂 C’est l’un des rochers emblématiques du secteur. »

Max : « C’est l’érosion qui l’a dégagé comme ça ? »

Le chevalier : « Il y a eu des carrières dans le secteur mais je pense qu’il est naturel. »

Yann : « Dites, on va reprendre l’inspection ou on va continuer à tourister ? »

Max : « On va reprendre l’inspection Yann. Tourister c’est rigolo comme ça mais il faut pas abuser 🙂 »

Léo : « Pour le moment, on est revenus à notre point de départ sur l’île. »

L’autre côté

Samuel : « Bonome, la marée monte pas trop vite ? On va pouvoir retourner au fond de l’Anse Sainte-Anne par l’estran ? »

Le chevalier : « Ça devrait aller petit Sam. »

Léo : « Et se sera encore la bonne marée pour la suite ? »

Le chevalier : « Nous verrons bien 🙂 »

Yann : « Vous avez vu les zoisos ? »

Max : « Oulala ! Ils sont loin ! Tu as des superzieux Yann ! Léo, tu arrives à savoir qui c’est ? »

Léo : « Trop loin. »

Samuel : « Des Scolopacidés indéterminés… »

Max : « Il faut super-méga-zoomer bonome ! »

Le chevalier : « Bien Max. Mais ils sont vraiment loin… »

Des zoisos
Chevaliers gambettes et bécasseaux maubèches

Léo : « Montre ! »

Max : « Ah… Petit Sam avait raison. Ce sont des Scolopacidés. »

Léo : « Chevaliers gambettes et bécasseaux maubèches ! »

Samuel : « Ils sont sur un radeau d’algues ! »

Max : « Ah oui 🙂 »

Le chevalier : « Bon, mes petitours, si nous voulons profiter de la marée, il va falloir cavaler. »

Max : « Ben… C’est toi qui cavale bonome. Nous on poche. »

Léo : « On demandera pas d’arrêts imprévus. »

Samuel : « Mais avant de partir, tu fotoes les goélands argentés et les linottes mélodieuses s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui petit Sam 🙂 »

Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)

Linottes mélodieuses (Linaria cannabina, Fringillidés)

Linottes mélodieuses (Linaria cannabina, Fringillidés)

Continuer la promenade

L’Anse Sainte-Anne

Dans la cabane, aux aurores…

Max : « Allez bonome ! On se lève ! »

Le chevalier : « Mmmmmm… Ondorplu ? »

Max : « On dort plus ! On se lève ! »

Le chevalier : « Ilékéleur ? »

Max : « L’heure de te lever grosse marmotte ! Tes petizours sont déjà prêts à partir inspecter. »

Le chevalier : « Vous êtes matinaux vous. Je dors encore un peu moi. »

Max : « Ah bah non ! On t’attend nous ! Et ton café refroidit. »

Le chevalier : « Il y a du café ? »

Max : « Léo a montré à Yann comment préparer ta boisson préférée 🙂 Ils voulaient te l’apporter au lit mais on peut pas monter les escaliers nous. On est trop petits. Alors avec ta tasse d’un hectolitre… »

Le chevalier : « C’est l’intention qui compte 🙂 Bon… Je dors plus alors 🙂 »

Max : « Non. Tu te dépêches de descendre. Dis, tu veux bien me porter pour descendre ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Le chevalier descend pour aller dans la cuisine…

Max : « LES COUSINS ! LA GROSSE MARMOTTE S’EST ENFIN LEVÉE ! »

Le chevalier : « Alors… Comment dire ?… Tu sais que je n’ai rien contre les surnoms que tu me donnes Maxou. Mais… POURRAIS-TU CESSER DE HURLER DANS MES OREILLES ? »

Max : « Oula ! Tu es de mauvaise humeur toi quand tu as pas tes 18h de sommeil… »

Léo : « Bonjour bonome ! »

Samuel et Yann : « Bonjour ! »

Le chevalier : « Bonjour mes petitzours 🙂 Vous m’avez fait du café ? »

Léo : « On te doit bien ça 🙂 »

Samuel : « Bonome, aurais-tu crié sur cousin Max ? »

Le chevalier : « C’est lui qui a commencé 🙂 »

Léo : « Maxou a l’air en forme aujourd’hui 🙂 »

Max : « Je suis toujours en forme moi ! »

Yann (à Samuel) : « Ça lui arrive d’être calme ? »

Max : « Hé ! Toi ! Le petitours breton ! Tu sais que je t’entends ! »

Yann : « 🙂 »

Le chevalier : « La journée va être agitée 🙂 Max, tu ne veux pas arriver directement à la question rituelle du matin ? »

Max : « Pas la peine bonome ! On sait où on va 🙂 Nous allons continuer l’itinéraire. Hier nous sommes allés au Tourony. Même que c’était déjà l’Anse Sainte-Anne. Aujourd’hui on va de l’autre côté du petit fleuve qui nous a empêché d’avancer plus hier. »

Le chevalier : « C’est surtout l’heure et la pluie qui nous ont empêchés d’avancer. »

Max : « Peut-être… Donc aujourd’hui on va chevaucher pour aller au fond de l’Anse Sainte-Anne. Tu vas te trouver une taverne pour ingurgiter ton second hectolitre de café matutinal et l’inspection va enfin commencer. »

Samuel : « Et on va voir des magmas qui se sont mélangés 🙂 »

Léo : « Tu veux bien montrer les traditionnelles vues aériennes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Je reprends la vue générale pour situer précisément les sites que nous allons explorer. »

Yann : « Les sites ? On va en faire plusieurs ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Yann : « Chouette alors ! »

Max : « On est comme ça nous ! On rigole pas 🙂 On fait DES sites 🙂 »

Le chevalier : « Alors… »

Vue aérienne (source : Géoportail)

Samuel : « J’ai repéré la cabane ! (CAB) ! On a déjà fait la partie Est. »

Yann : « C’était bien mais un peu compliqué. »

Max : « On a vu des gneiss icartiens ! Rholala ! »

Samuel : « C’était très beau. »

Léo : « On va à SA aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Oui. SA comme Sainte Anne 🙂 Puis nous irons faire le tour de l’Île Renote (IR). Ce n’est pas très loin. Puis peut-être que nous enchaînerons avec la Grève Blanche, la Grève Rose et la Grève des Curés. »

Max : « Ah oui… Tu vas tout cavaler alors. »

Yann : « On va encore voir le granite de Ploumanac’h ? »

Max : « Il y a des chances 🙂 Bon, bonome, tu vas t’habiller parce que tu vas pas sortir comme ça. Et peigne toi un peu ! »

Le chevalier : « Oui Max. »

Un peu plus tard…

Max : « Alors toi ! Tu sors de la taverne avec tes deux ééénooormes cafés et tu vas t’asseoir face à la mer pour les boire. Tu devrais arrêter de pétuner… »

L'Anse Sainte-Anne
L’Anse Sainte-Anne

Le château de Costaérès

Le chevalier : « On est pas bien là ? »

Léo : « Ah si ! Oulala ! »

Yann : « Je resterais bien là pendant des heures. »

Samuel : « Peut-être pas pendant des heures. Avec tout ce qu’on a à voir ! »

Le chevalier : « Tout ce qu’on va voir ? Une grande partie se trouve juste là. »

L’Anse Sainte-Anne

Léo : « Là ? Ces quelques dizaines de mètres de cailloux ? »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 Sur la vue aérienne ça représente… la première pointe boisée 🙂 »

Vue aérienne du site étudié (source : Géoportail)

Max : « Oui ben c’est pas une raison pour passer à journée à se prélasser au soleil ! On y va ! »

Le chevalier : « On y va ! »

Yann : « Je me demande quels détails nous allons voir aujourd’hui. Je pensais pas qu’on pouvait voir des tas de choses juste en étudiant un granite. »

Léo : « Il faut apprendre à regarder. »

Samuel : « C’est mieux aussi quand quelqu’un nous explique ce qu’on voit. »

Yann : « Mon cher petit cousin, je te rappelle que tu as trouvé tout seul comment s’est formée la chaîne cadomienne ! L’accrétion de terranes avec la subduction… »

Samuel : « J’ai pas trouvé tout seul. Et puis c’était qu’une hypothèse. »

Le chevalier : « Nous arrivons. »

Le premier site du jour

Max : « C’est pas le granite de Ploum’ ça. »

Le chevalier : « Non 🙂 »

Des roches basiques

Léo : « Ce sont des roches basiques. »

Samuel : « Cousin Léo, je t’ai connu plus rigoureux. Tu commences par la conclusion ! »

Léo : « Oui 🙂 Mais on le sait déjà 🙂 Par contre je comprends pas bien les traînées blanchâtres… »

Des roches basiques avec des traînées blanches

Le chevalier : « Avançons un peu…. Voilà. »

La norite et le granite G1
La norite

Léo : « D’accord. On voit mieux et maintenant je comprends. »

Yann : « Alors il faut que tu m’expliques Léo. »

Léo : « La roche grise, on voit bien qu’elle est constituée de petits cristaux. C’est une roche sombre donc basique. J’en déduis que c’est un microgabbro. »

Le chevalier : « C’est plutôt un norite. »

Max : « Une norite ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « C’est une roche intrusive basique qui contient principalement des plagioclases riches en calcium… »

Samuel : « Riche comment en calcium ? »

Le chevalier : « Moitié ou deux tiers… »

Samuel : « Alors c’est la labradorite. »

Léo : « Tu te souviens de ça toi ? »

Samuel : « Albite, oligoclase, andésine, labradorite, bytownite, anorthite. Ce sont les plagioclases. L’albite c’est le pôle sodique avec moins de 10 % de calcium. Après, les limites sont 30, 50, 70 et 90 % de calcium. Au delà de 90 % de calcium c’est l’anorthite, le pôle calcique. Si il y a moitié ou deux tiers de calcium alors c’est la labradorite. »

Yann : « Bravo petit Sam ! »

Max : « Je me demande quand même si il est pas autiste genre Asperger… »

Léo : « Ah non ! Tu vas pas recommencer avec ça ! Tu arrêtes avec ça ! Ou je te fossilise dans le granite ! »

Max : « C’est même pas possible 🙂 »

Léo : « Petit Sam est pas autiste ! Il a une mémoire prodigieuse ! Et puis il écoute et il étudie lui ! »

Samuel : « Qu’est ce qu’il y a d’autre comme cristaux ? »

Le chevalier : « Aucun n’est vraiment visible. Au microscope nous verrions de l’olivine et de l’hypersthène. »

Samuel : « Tu veux bien donner les formules chimiques ? »

Le chevalier : « Olivine : (Mg, Fe)2[SiO4] hypersthène : (Mg, Fe)[Si2O6] »

Samuel : « Merci bonome. Je note ça dans ma tête 🙂 »

Max : « Fer, magnésium, calcium et silice. On est bien dans des roches basiques. »

Samuel : « Ah ça oui ! Mais… »

Le chevalier : « Oui petit Sam ? »

Samuel : « Ben… Cousin Léo a dit que la norite est une roche microgrenue. Or je vois bien des gros cristaux moi. Et puis elle est collée au granite de Ploum’ qui lui a que des gros cristaux. »

Le chevalier : « Gardons les gros cristaux de la norite pour plus tard. La différence de cristallisation du magma basique et du magma acide s’explique facilement si on tient compte des températures de cristallisation de leurs minéraux constitutifs. »

Max : « Ça c’est sûr ! Ça s’explique facilement oulala ! »

Yann : « Ben moi j’explique rien du tout ! »

Max : « Cher Yann, souviens toi que les minéraux du magma basique se forment à relativement basse température. Vers 700°C je crois. »

Yann : « C’est une basse température ça ? »

Max : « Ça dépend à quoi tu compares ! Si tu chauffes le chocolat à cette température c’est très très chaud ! Il se vaporise et c’est du gâchis. Mais si tu compares aux minéraux basiques qui se forment vers 1100°C… »

Yann : « Je vois. »

Max : « Ben oui 🙂 Quand les magmas se refroidissent, les minéraux basiques ont pas trop le temps de grandir avant de se figer parce qu’il fait trop froid 🙂 Alors que les minéraux acides continue à se former pendant longtemps. »

Yann : « Merci pour cette explication Maxou. »

Léo : « On peut descendre et observer ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

La norite et le granite G1

La norite
Norite et granite G1

Max : « C’est quand même étrange de voir du granite et du gabbro collés comme ça. »

Léo : « Une norite Max, pas du gabbro. »

Max : « Et ça change quelque chose ? Ça fait moins étrange ? »

Léo : « Non 🙂 C’est même pire étrange 🙂 »

Yann et Max

Samuel et Léo
Léo

Léo : « Bonome, je pense qu’il est temps de se pencher sur les gros cristaux. Regarde un peu ça ! »

La norite

La norite et les grands cristaux qu’elle contient

Max : « Ils sont quand même grands ces cristaux pour une roche microgrenue. Je te rappelle que microgrenue ça veut dire ‘avec des petits grains’. »

Yann : « C’est pas des petits grains ça ! »

Feldspath à structure Rapakivi

Max : « Il y a même une bordure blanche autour du cristal. »

Le chevalier : « Oui. Nous sommes en présence d’un cristal de feldspath à structure Rapakivi. »

Max : « Ah… Oui… Si tu le dis… »

Yann : « Je suis pas le seul à pas comprendre et ça me rassure un peu. »

Max : « Personne comprend Yann. Ça c’est bonome ! Il utilise des mots savants et compliqués que personne connaît à part lui pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé mais IL FAIT RIEN QU’À M’ÉNERVER ! »

Le chevalier : « Vous êtes témoins que Max me crie encore dessus. »

Léo : « Nous le sommes ! »

Samuel : « C’est quoi la structure Rapakivi ? »

Le chevalier : « C’est une auréole réactionnelle. »

Léo : « Une auréole réactionnelle ? La bordure du cristal a réagi ? Mais elle a réagi avec quoi ? »

Le chevalier : « Avec le magma dans lequel il se trouve. »

Max : « Il y a pas d’auréole d’habitude. »

Samuel : « Je crois que j’ai compris. C’est grâce à cette structure qu’on sait que les magmas se sont mélangés ! Le feldspath il est trop grand pour venir de la norite qui est microgrenue. Ce feldspath vient du granite et c’est pour ça qu’il y a l’auréole réactionnelle ! »

Max : « Il a bon ? »

Léo : « C’est possible ça ? »

Le chevalier : « Oui et oui 🙂 Des cristaux du granite ont été injectés dans la norite. La bordure de ces cristaux a été déstabilisée et c’est ainsi que sont apparues les structures Rapakivi. »

Yann : « Tu es trop fort petit cousin ! »

Léo : « Alors ça ! Bravo petit Sam ! »

Samuel : « J’aime bien la géologie moi 🙂 »

Yann : « Moi aussi mais c’est pas pour ça que j’aurais trouvé. »

Samuel : « Cousin Yann, tu viens de commencer la géologie ! Tu peux pas tout trouver tout de suite. »

Léo : « C’est donc comme ça qu’on peut mettre en évidence un mélange de magma. D’accord. Mais alors ça veut dire qu’ils sont contemporains ces magmas. »

Max : « Bonome nous l’a expliqué au Ranolien. La fusion crustale a été tellement profonde qu’elle a également touché le sommet du manteau ! Donc les magma sont contemporains. »

Léo : « Je préférerais que tu dises que nous savons que la fusion a également touché le sommet du manteau parce que nous avons mis en évidence que les magmas sont contemporains. Nous voyons des roches Maxou. Pas le manteau d’il y a des millions d’années. »

Max : « Oui Léo. Tu as raison Léo. Tu as toujours raison Léo. »

Samuel : « Si je résume… Hier nous avons vu des traînées de roches basiques dans le granite de Ploum’ »

Le chevalier : « Des schlieren. »

Max : « Des quoi ? »

Le chevalier : « Des schlieren. Les figures que nous avons interprétées hier comme des arguments en faveur d’un mélange de magmas sont appelées schlieren. »

Max : « D’accord. Et pourquoi tu l’as pas dit hier ? »

Le chevalier : « J’ai oublié. »

Max : « Tu as oublié ? Il a oublié ! Et comment on fait pour connaître les schlieren nous si tu oublies de nous en parler ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas oublié de vous en parler. J’ai oublié de vous en donner le nom. »

Léo : « Et maintenant on sait ! »

Samuel : « On a appris les sackungs dans les Alpes et maintenant on apprend les schlieren 🙂 On en a de la chance 🙂 »

Léo : « Ah ça oui ! Je reprends. Hier nous avons vu les schlieren et aujourd’hui, nous observons des feldspaths à structure Rapakivi. Nous savons donc qu’il y a eu mélange de magmas ! Rholala ! Et dire que tu avais peur ce ce soit lassant d’étudier le Granite de Ploumanac’h cousin Max. »

Max : « Je savais pas tout ça moi. »

Le chevalier : « Observez d’autres cristaux. »

Yann : « J’en ai déjà vu mais je voulais pas vous interrompre. Regardez. »

Quartz à auréole réactionnelle

Quartz à auréole réactionnelle
Quartz à auréole réactionnelle

Max : « On dirait du quartz ! Cette fois l’auréole réactionnelle est noire ! Il y a pas du quartz dans une roche basique ! »

Yann : « Pourquoi ? »

Max : « C’est à cause de la fusion de la roche qui donne le magma. Je peux pas tout dire comme ça mais disons qu’un magma basique va contenir moins de silice qu’on magma acide. »

Samuel : « Un magma basique c’est entre 40 et 52 % de silice. »

Max : « Il sait ça lui ? Pfff… Merci quand même petit Sam. Quand un tel magma cristallise, toute la silice est utilisée pour former de minéraux. Il en reste plus pour faire du quartz. Dans le magma acide il y a tellement de silice qu’elle trouve plus d’autres éléments auxquels se combiner et elle reste toute seule pour former le quartz. »

Yann : « Je comprends. Donc dans la norite il devrait pas y avoir de quartz… »

Léo : « C’est encore un cristal qui a migré ! Du coup, il y a eu une réaction chimique avec le magma basique. »

Le chevalier : « Il me semble que dans ce cas là ce sont des pyroxènes qui se forment. »

Samuel : « Bonome, ce serait abuser de demander les formules chimiques des pyroxènes ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Mais je vais devoir simplifier : XYSi2O6 où X est un gros cations et Y un cation de taille plus petite. Lesquels pourrais-je citer ? Mg2Si2O6 (enstatite) Fe2Si2O6 (Ferrosillite)… »

Samuel : « L’hypersthène MgFeSi2O6 ! »

Le chevalier : « Exact petit Sam ! »

Samuel : « Je l’avais noté dans ma tête 🙂 »

Léo : « On sait tout alors ? »

Le chevalier : « Vous en savez suffisamment 🙂 »

Max : « Si on continue petit Sam aura plus de place dans sa tête pour noter les autres informations 🙂 »

Yann : « On fait quoi alors ? »

Léo : « Et si on s’asseyait sur un rocher pour raconter l’histoire de ce mélange de magma ? »

Max : « On reprend tout ? »

Yann : « Moi je veux bien. Comme ça je vais mieux comprendre. »

Le chevalier : « Qu’en penses-tu Samuel ? »

Samuel : « Je suis d’accord. »

Yann : « Je sais pas si vous avez remarqué mais c’est petit Sam le chef. »

Samuel : « Je suis pas le chef moi. »

Yann : « Si 🙂 Mais tu le sais pas. La tribu finit toujours pas demander ton avis et sans t’en rendre compte, c’est toi qui décide. C’est toi le chef petit Sam 🙂 »

Samuel : « Je m’en fiche de qui est le chef. Il y a pas de chef dans notre tribu. Je voudrais qu’on raconte l’histoire du mélange de magma. »

Léo : « Tu veux résumer ? »

Samuel : « Moi ? »

Max : « C’est toi le meilleur résumeur petit Sam. »

Samuel : « Je veux bien essayer. Alors… En profondeur, il y a eu la fusion partielle dans la croûte ce qui a donné le magma acide. Comme il était moins dense que les roches qui l’entouraient, il est remonté. A un moment, sa densité s’est équilibrée avec celle des roches qu’il a rencontrées et sa remontée s’est arrêtée. Là, il a commencé à cristalliser. Les cristaux ont grandi, grandi… Mais le magma était pas encore tout solide. Au même moment ou juste un peu avant, la partie supérieure du manteau a fondu elle aussi. Il y a eu le magma basique. Il est remonté et s’est mélangé avec le magma acide en cours de solidification. Je sais pas comment dire parce que ce machin acide était plus vraiment liquide mais pas encore solide. »

Le chevalier : « Un mush. On parle de mush pour la bouillie cristalline dans laquelle les orthoses et les quartz grossissent. »

Samuel : « Merci bonome. Donc le magma basaltique s’est insinué dans le mush. C’est à ce moment là que des cristaux du mush, déjà bien développés, se sont injectés dans le magma basique et les auréoles réactionnelles sont apparues. Il y a la structure Rapakivi pour les feldspaths et la bordure noire de pyroxènes autour des quartz. Pour un magma basaltique, un mush acide c’est un peu froid alors ce magma a cristallisé relativement rapidement. C’est pour cette raison que le magma basique a pas bien cristallisé et qu’il a donné que de tout petits cristaux. Et puis il y a eu des mouvements de convection dans le mélange de magma. Ce sont ces mouvements qui ont donné les schlieren. Ensuite tout était trop froid et ça c’est figé. Et puis maintenant c’est comme ça et la norite et collé au granite G1. Je crois que j’ai terminé. J’ai oublié quelque chose ? »

Max : « Oui 🙂 Tu as oublié de dire des erreurs 🙂 »

Yann : « Petit Sam tu m’impressionnes. Tu as tout ça dans ta tête ! Bravo petit Sam ! Bravo ! »

Léo : « Petit Sam tu es trop fort ! Mais est-ce que tu me permets un petit ajout ? »

Samuel : « Bien sûr cousin Léo. »

Léo : « Tu aurais pu ajouter que lors du mélange, des fragments de norites ont été dispersés dans le granite G1 ce qui explique les enclaves basiques. »

Samuel : « Ah oui ! Zutalor ! J’ai oublié ! Merci cousin Léo. »

Max : « Bonome, il a vraiment bon notre petit Sam ? »

Le chevalier : « Je n’aurais pas fait mieux 🙂 »

Léo : « Alors Maxou, tu penses toujours que c’est lassant de voir le granite de Ploum’ pendant huit jours ? »

Max : « Non Léo. Je l’ai dit tout à l’heure. Je savais pas tout ça moi. »

Yann : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Je propose que nous avancions un peu pour aller explorer l’Île Renote. »

Max : « On y va à pattes ? »

Le chevalier : « Votre Megapus y va à pattes pendant que vous pochez. »

Max : « Comme ça je veux bien 🙂 Allez ! On grimpe ! »

Léo : « On est installés ! »

Max : « Tu peux y aller Megapus ! »

L’estran

Léo : « J’aime bien voir le sable mouillé comme ça. On sait que la marée descend et qu’on va pas se noyer 🙂 »

Max : « Je te rappelle que nous savons nager Léo. »

Léo : « Pfff ! On a pisciné ! On a pas appris à nager dans la mer avec les grosses vagues et les congres. C’est pas pareil. »

Yann : « Regardez ! On retourne dans le chaos 🙂 »

Le chaos

Le chaos

Le chaos

Le chaos
Le chaos

Yann : « Regardez ce rocher ! »

Une enclave dans un rocher érodé

Yann : « On va voir si j’ai bien retenu. Sa forme montre le niveau de la terre autrefois. C’est dans le sol qu’il s’est érodé. Alors la partie la plus élargie tout en haut donne le niveau du sol. Et puis il y a un tache sombre dedans. Tu peux la fotoer s’il te plaît bonome ? »

Détail de l’enclave

Yann : « C’est un morceau de roche basique qui se trouve là à cause du mélange des magmas. Si je voulais avoir l’air intelligent et cultivé je dirais qu’il y a une enclave de norite dans le monzogranite de Perros-Guirec 🙂 »

Samuel : « Tu as bien retenu cousin Yann 🙂 »

Léo : « C’est un bon résumé 🙂 »

Max : « On continue ? »

Le chevalier : « Oui Max. Nous ne sommes pas encore sur l’Île Renote. »

Max : « On y va alors bonome ! On y va ! »

En chemin, on a arrêté la géologie et on a vu des tas de beaux lichens sur les rochers. Le problème c’est qu’on connaît rien du tout aux lichens et qu’avec tout le travail qu’on a on a pas pris le temps de se pencher sur le sujet. Alors on vous présente les fotos comme ça. Si vous avez des identifications à proposer, hésitez pas à nous contacter 🙂

Des lichens sur un rocher

Des lichens

Des lichens

Des lichens

Des lichens

Des lichens

Des lichens

Continuer la promenade