144-1 En attendant…

Vendredi 10 Février, An IV

Max : « Bonjour bonome. On a t’a laissé dormir longtemps à cause de la marée. On peut pas aller se promener tout de suite. »

Le chevalier : « Bonjour Maxou. Bonjour Léo. C’est gentil, merci. Samuel n’est pas avec vous ? »

Léo : « Il dort encore. Il a pas très bien dormi. »

Max : « C’est un peu ma faute. A cause que j’ai tout pleuré hier soir. »

Le chevalier : « Tu vas mieux ? »

Max : « Ben… Je suis triste parce que Grébu est certainement tout mort maintenant. Mais c’est comme ça la nature. Et on a prié pour lui hier… »

Le chevalier : « Mon pauvre Maxou… Je vais aller voir Samuel… Bonjour mon petit Sam. »

Samuel : « Mmmmm… Bonjour chevalier. »

Le chevalier : « Bien dormi ? »

Samuel : « Un peu tard… Mais… Chevalier, j’ai fait un drôle de rêve ! Il y avait une grande dame… Et un chien… »

Le chevalier : « Une grande dame ? Un chien ? Y avait-il un bateau ? »

Samuel : « Oui. Comment tu le sais ? »

Le chevalier : « Samuel, attends que tes cousins arrivent pour raconter ton rêve. MAX ! LÉO ! VENEZ ICI S’IL VOUS PLAÎT ! »

Léo : « On arrive ! »

Max : « On est là ! »

Léo : « Bonome, pourquoi le paysage est-il tout blanc ? C’est quoi ce tout blanc ? »

Le chevalier : « Le paysage est tout blanc ? Laisse-moi voir… Il a neigé ! On est en Normandie et il a neigé ! »

Max : « C’est la neige le tout blanc ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « On va aller dans la neige ? »

Le chevalier : « Il va bien falloir… j’espère que nous pourrons chevaucher… »

Max : « On va voir la neige… Ça alors ! »

Léo : « Dis, pourquoi tu nous a appelés ? Samuel est pas malade quand même ? »

Samuel : « Ben non, j’ai pas la maladie. J’ai rêvé. »

Max : « Tu as rêvé ? »

Samuel : « Oui. D’une grande dame qui se promène sur un bateau en compagnie d’un chien 🙂 »

Max et Léo : « TANTE YVONNE ! »

Samuel : « Je crois bien que c’est elle. D’après ce que vous m’en avez dit… »

Max : « Comment elle va ? »

Léo : « Ça fait longtemps qu’elle a pas donné de ses nouvelles… »

Samuel : « Elle va bien. Elle m’a dit qu’elle voulait me rencontrer. Elle était jamais venue dans mes rêves à moi. Alors, pour donner de ses nouvelles, elle est passée par mes songes. Bon, elle va bien. Elle est avec Chien. Vous savez que maintenant ils ont plus besoin de manger. Mais elle fait quand même exprès de laisser traîner du manger pour que Chien puisse le voler. Parce que, si j’ai bien compris, Chien était un coquin qui pensait qu’à manger. Pendant mon rêve, elle a posé un poulet négligemment sur la table. »

Léo : « Et Chien l’a volé ? »

Samuel : « Oui. Il est allé le manger dans un coin du bateau comme si on avait pas vu qu’il l’avait chipé. »

Max : « Elle est où Tante Yvonne ? »

Samuel : « Au Jurassique. Comme on observe souvent le Jurassique, elle a décidé d’aller le voir en vrai. Si je dis pas des erreurs elle navigue le long de la marge nord du jeune océan Téthys. Elle voudrait voir toute son ouverture puis sa fermeture et la formation des Alpes. »

Léo : « Rhooo la chance ! »

Max : « Bonome, on dira à Brindille que Chien va bien. »

Léo : « Tante Yvonne… »

Samuel : « Elle m’a gratouillé le front 🙂 »

Léo : « Parce que tu es un gentil petitours. »

Samuel : « C’est ce qu’elle a dit. Puis on s’est mis à la proue du bateau pour regarder la mer. Le vent a fait une petite tempête pour que les embruns nous fouettent le visage. J’ai bien aimé même si j’avais un peu peur de ploufer. »

Max : « Tu avais un gilet de sauvetage ? »

Léo : « Max, c’est pas la peine. On peut pas se noyer dans les rêves. »

Max : « Dis donc Léo, tu permets que je m’inquiète pour mon petit cousin Samuel ? »

Léo : « Je te permets Max. Mais c’est pas la peine. En plus son rêve est fini. Il est réveillé maintenant. Et il est pas noyé. »

Max : « Bonome, qu’est ce qu’il se passe si on meurt dans son rêve ? On est tout mort en vrai ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas Maxou. »

Léo : « Petit Sam, tu as fini de raconter ton rêve ? »

Samuel : « Ben… Après, Tante Yvonne m’a de nouveau gratouillé le front et le vent m’a emporté très loin. Au début j’avais peur mais je me suis habitué et j’ai apprécié la promenade. Vu du ciel le Pays des Zoisos est très beau. Même au Jurassique. Puis le vent m’a déposé sur une belle plage. Je me suis assis et il a fait une bourrasque pour que je tombe. Poum ! Et je me suis réveillé. »

Léo : « La chance… »

Max : « Tu as fait un très beau rêve petit Sam. Et on sait que Tante Yvonne et Chien vont bien. »

Max : « Bien… Bonome… »

Le chevalier : « Nous allons aux Falaises des Hachettes 🙂 Mais je n’en dirai pas plus. A part que la chevauchée va être un peu longue. Un peu plus d’une heure. »

Max : « On part quand ? »

Le chevalier : « Dès que vous êtes prêts. »

Max : « Petitzours, départ dans 10 minutes 00. Préparez les sacados et rassemblement devant la porte. »

On a tout chevauché 🙂 Le paysage était tout blanc. Bonome était très surpris de voir la neige en Normandie. Parce que la mer gèle jamais. Sa température reste vers les 10°C l’hiver. Alors ça réchauffe un peu la côte et du coup, la neige est rare. Bon, là, c’était juste une fine couche de neige. Et elle a pas tellement tenu. Même si il faisait froid… Oulala !

Mais le plus étonnant pendant la chevauchée, ça a été de voir, de loin, un nid de cigognes avec deux cigognes dedans. Ben oui 🙂 Des cigognes en Normandie et en plein hiver ! On a pas pu fotoer à cause qu’on chevauchait. Mais je t’assure qu’on les a vraiment vues en vrai. Maintenant tu sauras qu’on peut croiser des cigognes en hiver en Normandie Princesse.

Et puis on est arrivés au bord de la mer. Bonome a mis son équipement spécial grand froid, avec pantalon imperméable au dessus du pantalon de randonnée. Mais il a pas mis ses gants. Il met jamais ses gants ce bonome. Pfff…

Max : « Tu es prêt bonome ? »

Le chevalier : « Oui, allons-y. »

Max : « Ça t’embête pas si on poche ? »

Le chevalier : « Non, c’est mieux. Le vent souffle fort aujourd’hui et vous risqueriez de vous envoler. »

Léo : « Notre ami le vent est là 🙂 »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Max ? »

Max : « Mon petit bonome, bonomou… Tu peux me dire comment on va faire pour avancer ? »

Le chevalier : « Nous allons attendre… »

Max : « Et on va faire quoi en attendant ? Du tricot ? »

Léo : « On pourrait étudier la falaise… Regarde ça Max. »

Max : « Un coin de marnes dans des calcaires… Ça commence bien ! Et ben ! Elle est bien rangée cette falaise ! On est à peine arrivés et on constate que les marnes sont intercalées dans les calcaires ! Pfff… et comment on va faire pour remettre ça en place ? »

Samuel : « Cousin Max, pourquoi veux-tu toujours tout remettre en place ? »

Max : « Sinon Princesse va nous gronder ! »

Samuel : « Je connais pas Princesse mais je doute qu’elle nous gronde parce qu’il y a une faille quelque que part en Normandie… »

Léo : « Bien parlé petit Sam 🙂 »

Max : « Bonome, c’est une faille ? »

Le chevalier : « Max, tu devrais le savoir ! »

Max : « Mmmmm Il y a deux blocs. Ils se sont déplacés l’un par rapport à l’autre. Nous sommes donc manifestement en présence d’une faille. C’est tout à fait ça. D’accord. Bien. »

Léo : « Elle affecte des calcaires et des marnes. »

Max : « On voit toujours des calcaires et des marnes… »

Samuel : « On peut étudier un peu ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « C’est des marnes ça ? »

Léo : « Max, tu vois bien que c’est tout gris ! »

Max : « C’est aussi beige ! Et beige, c’est du calcaire. Du calcaire marneux à la rigueur. »

Samuel : « C’est vrai ça ! Pourquoi c’est tout mélangé ? »

Le chevalier : « C’est effectivement étrange mais l’explication est très simple. Au-dessus des marnes se trouvent des calcaires. Ces calcaires s’effritent et des petits morceaux se déposent tout au long de la falaise, de sorte qu’elle semble entièrement constituée de calcaires. »

Max : « C’est un effet d’optique 🙂 »

Léo : « Bonome, pourrais-tu nous expliquer cette vue ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. Nous voyons là l’ensemble des formations que nous allons rencontrer cet après-midi. Au premier plan vous voyez des éboulis du Calcaire à spongiaires. A droite, affleurent les Marnes de Port-en-Bessin. Légèrement en haut à droite du centre de la foto il y a une petite falaise beige. Ce sont les Calcaires du Bessin qui recouvrent les Marnes de Port. Puis, au loin, la pointe qui nous barre la route est formée de Calcaires à spongiaires. Vous voyez peut-être une faille légèrement à droite de cette pointe. Les Marnes de Port sont en contact sub-vertical avec les Calcaires à spongiaires. »

Max : « On va voir tout ça ? »

Le chevalier : « Si le temps le permet… »

Max : « D’accord. Bien, mon bonomou, pourrais-tu nous donner l’âge de ces roches ? L’étage, tout ça… »

Le chevalier : « Nous sommes il y a 170 à 168 millions d’années avant nos jours… »

Max : « C’est le matin ou l’après-midi ? »

Léo : « T’es trop bête 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 C’est le Bajocien. »

Max : « Le Bajocien ? Tu expliques le Bajocien s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Le nom vient des Bajocasses, un ancien peuple Celte. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « Oui Max, pour l’instant 🙂 Léo, veux-tu bien donner l’échelle sur le bloc de calcaire à spongiaire s’il te plaît. »

Léo : « J’y vais ! … Ce bloc là ? »

Le chevalier : « Oui, sur la face avant s’il te plaît. »

Léo : « Je vois ! Je grimpe… Voilà ! »

Le chevalier : « Merci mon petitours. »

Léo : « Ce sont des éponges ? »

Max : « Ben Léo ! Le calcaire à spongiaires il contient forcément des éponges ! »

Léo : « Je voulais vérifier ! »

Max : « C’est sage. Philoléo 🙂 »

Samuel : « Philoléo ? »

Max : « C’est son surnom de philosophe 🙂 »

Samuel : « Je connaissais pas encore… »

Max : « Bon… La marée est encore trop haute… »

Léo : « Mais on voit bien là. Alors… La faille entre les Marnes de Port, à droite, et le Calcaire à Spongiaires, à gauche. Des éboulis des Calcaires du Bessin. Et au sol, ce sont les calcaires à spongiaires recouverts de galets… »

Max : « Et si on allait voir de l’autre côté ? »

Léo : « On pourra pas avancer non plus ! »

Max : « Ben oui mais de ce côté on a tout vu ! »

Samuel : « Cousin Max a raison. Allons de l’autre côté. »

Léo : « D’accord petit Sam. »

 

Max : « Tiens, il y a une cascade… et pourquoi il y a des végétos dans cette cascade ? »

Le chevalier : « Je l’avais déjà vue sans me poser les bonnes questions… Vous voyez qu’elle émerge du sommet des Calcaires à spongiaires… Ou du bas des Marnes de Port… Les marnes sont des roches imperméables. L’eau ne les traverse donc pas. A la base des Marnes de Port il existe trois fines couches dures. Elles doivent être en calcaire marneux et sont très dures. J’espère que nous pourrons les étudier plus tard. Je pense que l’eau ruisselle et s’écoule au sommet de ces couches dites Couches de Passage. »

Max : « Et les végétos ? Pourquoi ils sont là ? »

Le chevalier : « Les êtres vivants ont besoin d’eau. Ce n’est pas vraiment une surprise que des végétaux se développent là où il y a une source constante d’eau douce. La particularité de ces mousses, ce sont surtout les mousses, et qu’elles supportent d’être constamment immergées. »

Léo : « Bonome, c’est tout cassé ici. Il faut par rester là. »

Léo : « Les éboulis nous prouvent qu’il y a souvent des éboulements. On pourrait se faire crabouiller… »

Le chevalier : « Tu as raison. Inutile de prendre des risques en restant là. Nous aurons largement l’occasion d’étudier le Calcaire à Spongiaires. »

Léo : « Max, tu vas où ? »

Max : « Dans la grotte ! »

Léo : « Dis, tu écoutes ce qu’on dit ? Tu veux finir crabouillé toi ? ON VA PAS DANS LA GROTTE ! »

Max : « Je vais voir si il y a pas un dragon… Ou des korrigans ! »

Léo : « Il y a des korrigans en Normandie ? »

Le chevalier : « Non, ils vivent tous en Bretagne. Et il n’y a pas de dragon non plus. »

Max : « Comment peut-on savoir si on va pas voir ! »

Léo : « Max, on te dit qu’il y a pas de dragon ! On le verrait si il y avait un dragon ! »

Samuel : « Regardez les belles éponges ! »

Léo : « Oui petit Sam. »

Max : « Bonome, tu connais les espèces ? »

Le chevalier : « Mon petit Max, il y a assez peu de données précises sur le Calcaire à Spongiaires et les Marnes de Port. Je ne connais donc que peu de noms d’espèces. Nous devrons nous contenter des groupes zoologiques ou des familles… »

Max : « D’accord. On saura rien du tout. »

Samuel : « Et si Princesse nous interroge on pourra pas répondre et elle va nous bannir ! Et comme on a pas de dragon on pourra rien dire pour notre défense et on sera jetés hors du Pays des Zoisos. »

Léo : « Et on va errer comme des bêêêêtes 🙂 »

Max (au chevalier) : « Ils se moquent de moi là ? »

Le chevalier : « Nooooon… »

Max : « Ils se moquent de moi ! Mais plus rien les arrête ! Ça suffit maintenant ! Les limites dépassent les bornes ! Mais jusqu’où s’arrêteront-ils ? Si on les laisse faire c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! »

Léo : « Absolument ! »

Samuel : « Tout à fait ! »

Léo : « C’est certain ! »

Samuel : « C’est inadmissible ! »

Léo : « Intolérable ! »

Samuel : « Il faut sévir ! »

Léo : « Bonome fais quelque chose ! »

Max : « Ils sont bêtes… »

Samuel et Léo : « Ouiiii 🙂 »

Le chevalier : « Je vois que le mauvais temps ne vous dérange pas. »

Max : « Ben non. »

Léo : « C’est vivifiant 🙂 »

Le chevalier : « Tout à fait d’accord 🙂 »

Samuel : « Chevalier, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Si je dis que c’est une belle trouvaille, très intéressante, Max va encore me parodier 🙂 »

Max : « Médisance ! Honte sur toi grand chevalier ! C’est effectivement une belle trouvaille. (Max prend Samuel par l’épaule et ils s’approchent de la trouvaille.) Tu vois petit Sam, ceci est une géode de calcite. La calcite, de formule chimique CaCO3, est un carbonate de calcium. C’est comme cela que les gens prétentieux qui ont pas d’amis appellent le calcaire. Comme il y a plein de calcaire dans le coin, il y a plein de calcite. Et la calcite est soluble. Elle se dissout dans l’eau. Mais en fait, elle aime pas rester dissoute trop longtemps. C’est pas son style la dissolution à la calcite. C’est trop vulgaire. Elle, ce qu’elle préfère, c’est former de jolis cristaux. Alors, quand elle trouve une belle cavité quelque part, elle recristallise. Mais bien. Pas n’importe comment comme un simple calcaire. Non non ! Elle fait des beaux cristaux. Et après ça donne ça. »

Samuel : « Merci cousin Max. Ça c’était une bien belle explication. Rholala ! »

Max : « A ton service mon petit Sam. Si tu as des questions et que tu veux des réponses que tout le monde peut comprendre, hésite pas à me demander. Si tu préfères rien comprendre du tout, tu peux demander au grand machin qui est là. »

Le chevalier : « C’est moi le grand machin ? »

Max : « Tu en vois un autre ? »

Le chevalier : « Un grand machin… Voilà tout ce que je suis pour toi… »

Samuel : « Chevalier, tu connais cousin Max. C’est un pudique. Il va pas dire tout ce que tu es pour lui. Ça se fait pas en Max. »

Le chevalier : « Un grand machin… »

Max : « Dis donc, grand machin, on retourne là-bas ? »

Le chevalier : « On ne pourra toujours pas passer la pointe… »

Max : « Tu vas bien trouver quelque chose à nous expliquer… »

Le chevalier : « Je vous emmène et je vous laisse explorer un peu pendant que je mange. Puis vous me montrerez vos découvertes et j’expliquerai. Ça vous va ? »

Max : « Les cousins ? »

Léo : « D’accord. »

Samuel : « D’accord aussi. »

Max : « Alors on y va ! »

Léo : « Ben voilà ! On y est en trois enjambées 🙂 »

Max : « On te laisse manger ton sandouich 🙂 »

Un peu plus tard, les petizours reviennent vers le chevalier… 

Max : « Il était bon ton sandouich mon bonome ? »

Le chevalier : « Pas terrible… »

Max : « Tu pourrais t’en faire des bons plutôt que d’en acheter en plastique…

Le chevalier : « Oui Maxou. Avez-vous fait de belles découvertes ? »

Max : « Tu nous diras. Viens, on va commencer par ça… »

Léo : « Tu sais ce que c’est ? »

Max : « Bien sûr qu’il sait ! »

Le chevalier : « Avez-vous formulé une hypothèse ? »

Max : « Aucune ! On suppose rien du tout… »

Le chevalier : « Je vois. »

Max : « Mais on en a déjà vu beaucoup. Hier déjà… »

Léo : « On s’est dit que les lecteurs de Max en avaient peut-être déjà observé eux aussi. »

Samuel : « Où qu’ils en verront… »

Le chevalier : « Ce sont des pontes de buccins. »

Max : « Oui bien sûr. Bah avec ça ils vont être contents mes lecteurs. Oualala ! ‘Tu sais ce que c’est ?’ ‘Oui des pontes de buccins.’ ‘Wouah tu en connais des choses !’ ‘Ben oui ! Et c’est grâce au Blog de Max !’ Le Blog de Max, le seul blog qui vous fait vous trouver encore plus bête après l’avoir lu qu’avant ! Merci bonome ! »

Le chevalier : « Mon petitours, j’adore ton humour 🙂 Tu as le don de faire des critiques acerbes et cinglantes tout en gardant le sourire. »

Max : « Je sais bonome, je sais 🙂 »

Samuel : « On pourrait savoir les pontes de buccins ? »

Le chevalier : « Le buccin est un mollusque gastéropode. On l’appelle bulot dans les plateaux de fruits de mer. C’est en fait le buccin ondé, Buccinum ondatum, Buccinidés. La femelle fécondée peut pondre des centaines d’œufs enfermés chacun dans une capsule nidamentaire. Ces capsules sont soudées les unes aux autres et forment cet amas. En fait, là, les capsules sont vides. »

Max : « Tu as une foto du buccin ondé ? »

Le chevalier : « Nous en trouverons une. »

Le chevalier : « Saviez-vous que ces amas de capsules nidamentaires de buccins ondés sont appelées savon-de-mer par les marins ? »

Max : « Bonome, on savait même pas ce que c’était il y a trente secondes… »

Le chevalier : « Vous ne saviez donc pas. Très bien. Je vous ai donc appris quelque chose, simplement, sans aucun mot compliqué que personne connaît à part moi. Pas mal pour un grand machin 🙂 »

Max : « FAUX ! Capsule nidamentaire ! Tu crois que quelqu’un connaît les capsules nidamentaires ? Tu as déjà entendu quelqu’un parler de capsule nidamentaire ? Demande à tes collègues si ils connaissent. Pour voir… »

Le chevalier : « D’accord… »

Léo : « Pourquoi savon-de-mer ? »

Le chevalier : « Parce que les marins s’en servaient pour se nettoyer les mains 🙂 »

Léo : « Merci bonome. »

Samuel : « Viens voir chevalier… Là… et là ! »

Léo : « A gauche on sait. C’est un œuf de Batman 🙂 »

Max (à Samuel) : « C’est la première blague de Léo au chevalier. Il osait même pas la dire. Il voulait que je le fasse à sa place 🙂 »

Samuel : « Cousin Léo est parfois un peu timide ou réservé. Mais il est rigolo aussi 🙂 »

Léo : « L’œuf de Batman est en fait une capsule d’œuf de raie. Mais je sais pas l’espèce. La petite raie se développe là-dedans. Elle est reliée à une espèce de jaune d’œuf et, quand elle a utilisé toutes les réserves de l’espèce de jaune d’œuf, elle sort de sa capsule et devient une petite raie autonome. »

Le chevalier : « Très bien Léo. Mais on dit vitellus, ou réserve vitelline, à la place d’espèce de jaune d’œuf. L’autre est une capsule d’œuf de roussette. C’est un tout petit requin de la famille des Scyliorhinidés. Vous pouvez voir les prolongements enroulés qui permettent à la capsule de s’accrocher aux algues marines, ce qui lui évite de dériver. »

Léo : « Et ça là-bas ? Viens… »

Le chevalier : « Je vois. C’est intéressant car nous aurons l’occasion d’en rencontrer dans les roches que nous allons étudier. »

Max : « Tout fossilisé ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Et c’est quoi ? C’est sur une algue mais c’est pas l’algue. »

Le chevalier : « Non, on parle d’organisme épibionte. Un épibionte est un organisme qui se développe sur un autre. Non, je dis des erreurs, les Bryozoaires ne sont pas toujours épibiontes. Ils peuvent se développer sur des coquilles vides, des rochers… »

Max : « Les quoi ? Les bricozohar ? Qu’est ce que c’est encore que ça ? »

Le chevalier : « Bricozohar 🙂 Pas mal 🙂 Un jour je vous expliquerai ce qu’est le Zohar 🙂 Les Bryozoaires ou Ectoproctes… »

Max : « Ectoprout toi même ! »

Samuel : « Cousin Max, c’est pas ectoprout, c’est ectopropre. Du grékancien Ecto qui signifie autour et propre qui veut dire propre. Les ectopropes sont propres autour mais pas dedans. »

Léo : « Mais non ! Ce sont les hectopotes ! Parce qu’ils sont nombreux, au moins 100 ! D’où hecto, le préfixe qui veut dire 100. Et ils s’entendent bien tous. Ils sont potes. Donc on dit les hectopotes. C’est logique. »

Le chevalier : « Mes petizours sont en forme aujourd’hui. »

Max : « On est toujours en forme. »

Léo : « On déborde d’énergie. »

Samuel : « La fougue de la jeunesse 🙂 »

Le chevalier : « D’accord. Si l’un d’entre vous me fait une remarque du genre : ‘Tu peux pas t’en souvenir parce que c’était il y a 15 milliards d’années’ je le ploufe ! »

Max : « Oulala il est ronchon aujourd’hui ! »

Léo : « Il s’est pas arrêté à la taverne pour boire ses 18 cafés habituels… »

Samuel : « Il est en manque de caféine… »

Max : « Évitons de le contrarier… »

Léo : « Il faut le prendre avec des pincettes… »

Samuel : « Prenons des gants… »

Le chevalier : « Bien bien bien… Laissons donc de côté les Bryozoaires ou Ectoproctes… »

Max : « Ah non ! »

Samuel : « On veut savoir nous ! »

Samuel : « On peut pas rester ignorants ! »

Max : « Bonome, nous t’écoutons. »

Léo : « Sagement. »

Samuel : « Nous sommes attentifs. »

Le chevalier : « Vos plaisanteries nous ont fait perdre du temps. Je ferai donc bref. Max, spécialement pour toi, je vais commencer par l’étymologie. »

Max : « Et voilà ! C’est reparti pour le grékancien… »

Le chevalier : « Ouiiiii 🙂 Bryozoa : du grec Bruon ‘mousse’ et zoon ‘animaux’. Ce sont des animaux à l’aspect moussu. Ectoprocte : Ektos : dehors et proktos : anus. »

Max : « Des zanimos mousse qui ont l’anus dehors… On peut s’asseoir ? Je sens que ça va être long… »

Le chevalier : « Je vais faire simple… Ce sont des animaux fixés pour la plupart. On dit sessiles. Il y a bien quelques exceptions mais elles sont très rares. Le problème est que mes sources se contredisent. La plupart disent que ce sont des colonies d’animaux. Vous voyez des centaines de petites loges. Chacune de ces loges accueillerait un individu appelé zoïde ou zoécie. Les zoécies produisent une loges chitineuse qui la protège en partie. La chitine est une protéine. La même qui constitue la cuticule des insectes. Chez la plupart des espèces, ces loges sont minéralisées par de la calcite. Et l’ensemble de la colonie, le zoarium, édifie petit à petit une construction calcaire. »

Léo : « Et si c’est pas une colonie ? »

Le chevalier : « Il s’agirait alors d’un organisme constitué de centaines d’éléments identiques. »

Max : « Tu peux parler de l’anatomie des zoécies s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux Max. Nous mettrons un schéma dans ton blog… »

http://www.auxbulles.com/decouverte-biologie-bryozoaires.html

Le chevalier : « Ces animaux sont assez simples. Ils sont constitués de deux parois cellulaires, comme les éponges, mais il existe des cellules entre ces deux parois. Le tube digestif forme un U. La bouche est entourée de tentacules qui permettent la capture de toutes petites proies. La digestion est en partie cellulaire en partie extracellulaire. Et l’anus s’ouvre à l’extérieur de la loge. D’où le terme d’Ectoprocte. J’ai oublié ! L’ensemble des tentacules forme un organe appelé lophophore, que l’on retrouve dans d’autres groupes, notamment les Brachiopodes. Nous en verrons pendant le séjour. L’ensemble des animaux possédant un lophophore sont des Lophophoriens. »

Samuel : « Dis, c’est quoi les toutes petites proies des Bryozoaires ? »

Le chevalier : « Surtout des petites algues unicellulaires. Mais aussi des larves de Crustacés, d’Échinodermes… Tous les organismes de très petite taille, souvent invisibles à l’œil nu, qui dérivent au gré des courants et qui forment le plancton. Pas d’autres questions ? »

Max : « Mmmm… Apparemment non. Merci pour ce petit cours de biologie marine mon bonome. On connaît mieux les œufs de Batman et les ectoprouts maintenant 🙂 »

Léo : « Le passage s’est dégagé ! On peut avancer ! »

Le chevalier : « Attendez… Venez voir ici… »

Max : « Ooooh ! »

Léo : « C’est bôôôô ! »

Samuel : « C’est encore de la calcite ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. Elle a cristallisé sous la forme de petites aiguilles. Il me semble qu’on parle de cristallisation aciculaire. »

Max : « Non, personne parle de ça bonome… »

Léo : « Tiens ! Un tarier pâtre ! »

Samuel : « Saxicula rubicola, Muscicapidés ! »

Léo : « Samuel : un point ! »

Max : « Il est parti par là ! »

Léo : « Il nous montre le chemin ! »

Max : « Alors c’est parti pour l’étude des falaises ! En route bonome ! »

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185 – Aujourd’hui il a neigé :)

Mardi 6 février, An V

Princesse, aujourd’hui il a tout neigé. Mais alors beaucoup oulala ! Même que bonome a eu du mal à tout chevaucher pour rentrer de la schola. Nous, on y était allés avec lui et en rentrant, on a eu envie d’aller jouer dans la neige. Parce qu’on est des juvéniles. Et on avait jamais vu la neige comme ça. Alors, comme c’est un très gentil super bonome, il nous a laissés jouer un peu. Et on a bien rigolé 🙂

La neige

On a essayé de faire un bonours de neige mais on l’a raté. Zutalor !

Les petizours dans la neige

Les petizours dans la neige

Et, après le repas, on s’est mis à la fenêtre pour regarder la neige tomber. Bonome, lui, il essayait de travailler. Mais comme il a très mal dormi cette nuit il y arrivait pas. A cause de la fatigue. Il s’est accoudé sur son bureau et nous a observés regarder la neige tomber. Et, d’un coup, il a mis sa grosse pelisse et ses grosses chaussures et il nous a emmenés dans la neige. On a pu y jouer tous les trois. Et il nous a fotoés. Regarde Princesse ! Petit Sam est tout enneigé 🙂

Les petizours dans la neige

Les petizours dans la neige

Ensuite on a encore essayé de faire un bonours de neige. Et on a pas plus réussi que la première fois. Zutalor encore ! Alors on s’est remis à chahuter dans la neige. On courait par ci, on courait par là… On tombait dans la neige… Poum les petizours ! On s’enfonçait tellement qu’on dépassait plus du tout de la neige. Et puis on a vu un bonome de neige 🙂 Il était pas très beau ce bonome de neige mais on l’a fotoé quand même.

Une bonome de neige

Un bonome de neige

Et puis on est rentrés pour se sécher. Parce que la neige, ça mouille 🙂

Je profite de cet article pour donner des nouvelles de nos amis.

Arthur va bien. Il s’amuse dans la neige du jardin de Brindille. Et lui, il a réussi son bonours de neige 🙂

Arthur et son bonome de neige 🙂

Monsieur Balanin va bien lui aussi. Sa chasse aux champignons a été fructueuse 🙂

Monsieur Balanin a trouvé un gros champignon.

Puis il a eu la neige lui aussi.

Monsieur Balanin fait l’ange de neige.

Monsieur Balanin et son bonome de neige.

Monsieur Balanin, fais un peu attention à toi quand même ! Tu as fait l’ange de neige entre des empreintes de Corvidé ! Tu sais pas que les Corvidés sont balanophages ? Pfff…

En fait, on est les seuls à avoir raté notre bonours de neige…

Je t’embrasse Princesse. J’espère que tu es pas bloquée sous la neige…

Continuer la promenade

143-4 Les zoisos des Vaches-Noires

Jeudi 9 février, An IV (fin)

Bonjour Princesse, c’est Max 🙂

Je vais finir la journée aux Vaches-Noires en te montrant les belles fotos de zoisos que bonome a faites. Mais avant il faut que je t’avoue quelque chose. En vrai, on a tout vu tout mélangé. Les falaises, les roches, les fossiles, les zoisos, les Marnes de Dives… Tu t’en doutais n’est ce pas ? J’ai choisi de tout séparer pour que ce soit plus facile à comprendre et pour faire plusieurs articles courts. Tu imagines un peu si j’avais tout fait comme on a vu ? Oulala ! L’article aurait été très très long et très compliqué. Pfff… J’espère que tu m’en veux pas.

Bon, les zoisos on les a vus surtout au début et à la fin. Parce que c’est pas facile de voir les zoisos quand on regarde les fossiles par terre. Forcément 🙂 Et il y en a presque pas dans les falaises. Il y a bien des petits passereaux, mais on peut pas les voir quand on est loin. Ce jour, au bord de la mer, on a surtout vu des Laridés et Léo était aux anges. Il aime beaucoup les Laridés Léo.

Sur la plage, en direction de la digue…

Léo : « Bonome, toi qui connais tout, tu sais si on va voir des zoisos ? Il y a des Laridés ? »

Max : « Léo, voyons ! Tu sais bien qu’on peut pas savoir ce qu’on va voir au Pays des Zoisos ! »

Léo : « Mais bonome est déjà venu, lui ! Il sait peut-être ! »

Le chevalier : « Max a raison Léo. Tu le sais bien. »

Max : « Tu pourrais demander au vent ! Il souffle un peu. »

Léo : « Il est venu nous voir à la mer 🙂 »

Max : « Léo, aujourd’hui tu dis des erreurs ! Le vent est partout chez lui ! Et il est partout en même temps ! Il est pas venu nous voir. Il est là tout le temps ! »

Léo : « Même quand il souffle pas ? »

Max : « Ben oui ! Pfff ! Je croyais que tu connaissais mieux le vent que ça ! »

Samuel : « Le vent c’est notre ami 🙂 »

Léo : « Il nous raconte de belles histoires. »

Max : « Bonome, on fera une pause pour l’écouter. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Nous l’écouterons. »

Max : « Dis le vent, tu veux pas nous apporter des zoisos ? »

Le chevalier : « Max ! Laisse le vent tranquille s’il te plaît ! »

Max : « Ben voilà ! Je me fais gronder ! C’est pas juste ! C’est pour Léo que je demande au vent d’apporter des zoisos ! »

Samuel : « Ronchonne pas cousin Max. Regarde ! »

Léo : « Un goéland argenté ! Larus argentatus, Laridés ! Rhooo ! »

Samuel : « Cousin Léo, tu vas pas commencer à rhooooer ! »

Léo : « Pardon petit Sam. Mais j’aime beaucoup les Laridés 🙂 »

Samuel : « Pourquoi spécialement les Laridés ? Tous les zoisos c’est des beaux zoisos. »

Léo : « Ben oui. Je sais pas… Peut-être parce que ce sont des bons planeurs. Quelquefois on les observe longtemps et pendant tout ce temps ils donnent pas un seul coup d’ailes ! Ils restent dans le vent, comme ça, en planant… Ça me fait rêver. Et j’aime bien leurs cris. »

Max : « Comme hier quand on est arrivés et que bonome est allé à l’échoppe ! Au dessus de la place du village il y avait une bonne quarantaine de goélands qui faisaient rien qu’à crier ! »

Léo : « C’était bien ! »

Samuel : « Je voudrais pas vous interrompre en pleine nostalgie, mais je connais pas ce goéland… »

Max : « Aïe ! Il est pas fini ce goéland ! Léo et bonome vont l’étudier pendant des heures. On va rester là sans bouger et on verra jamais les falaises… »

Samuel : « Cousin Max je crois que tu exagères ! »

Max : « Tu les as jamais vus étudier un Laridé juvénile, toi ! Ils vont hypothéser pendant des heures et bonome va perdre le peu de cheveux qui lui restent, en se grattant la tête. »

Samuel : « Il a mis sa casquette ! »

Léo : « Tu en penses quoi bonome ? »

Le chevalier : « C’est un argenté. »

Léo : « Oui, ça c’est acquis. Quelle année ? »

Le chevalier : « 3ème hiver ? »

Léo : « Oui, je pense aussi. »

Samuel : « Ben voilà ! Ils ont terminé ! »

Max : « Oui, ben j’espère qu’il y en aura pas trop des juvéniles ! »

Léo : « Ooooh ! Un cendré ! Regarde petit Sam ! Un goéland cendré ! Larus canus. »

Samuel : « On l’a déjà vu en Charentmaritimie 🙂 »

Léo : « C’est vrai. On voit bien son œil sombre et ses pattes verdâtres. Et il est bas sur pattes et tout allongé. J’aime beaucoup ce goéland. »

Max : « Tous les goélands c’est ton préféré 🙂 »

Léo : « Et là ! Des mouettes qui rigolent ! »

Samuel : « Chroicocepahlus ridibundus, Laridés. »

Léo : « Et des goélands marins Larus marinus ! Tout ça de Laridés ! »

Léo : « Des argentés, des cendrés, des marins… On est au Pays des Laridés ? »

Max : « Léo, à la mer il y a toujours des Laridés. Ce sont des zoisos de mer… »

Samuel : « Cousin Léo, qu’est ce que tu regardes attentivement comme ça ? »

Léo : « Je regarde si il y a pas des goélands qu’on a jamais vus… »

Samuel : « Des goélands pontiques ? »

Léo : « Oui, entre autres… Ou des goélands bourgmestres, à ailes blanches… Il y en a qui sont signalés un peu partout de temps en temps… »

Max : « Léo, tu as vu ceux là ? »

Léo : « Mmmmm… Des argentés… Il y a un 3ème hiver… Rien d’extraordinaire. Tant pis… »

Samuel : « Sois pas triste cousin Léo ! »

Léo : « Je suis pas triste petit Sam 🙂 »

Après ça, on a fait la géologie : la lithostratigraphie, la biostratigraphie, la paléontologie… On regardait les cailloux alors on pouvait pas voir les zoisos. Et puis bonome s’est mis à tout marcher alors on a revu des zoisos.

Là, ce sont des Laridés et des grands cormorans. On s’est pas approchés pour pas les déranger. Puis on a vu passer un goéland cendré.

Il a fienté juste au moment où bonome le fotoait. Léo, pour rigoler, a dit qu’on faisait ch… les zoisos. C’est pas très poli mais on a bien rigolé 🙂

Puis on a vu lui.

Tu le reconnais Princesse ? C’est le troglodyte mignon. On s’attendait pas du tout à l’observer ici. C’était une bonne surprise. Bonome nous a dit qu’il peut se nourrir de petits insectes ou crustacés qui se trouvent parmi les algues. Et après, il va se réfugier chez lui, dans les arbustes de la fausse-terrasse. On continuait à avancer quand…

Max : « Bonome ! Regarde ! »

Léo : « C’est grébu ! Qu’est ce qu’il a ? Il a pas l’air en forme… On va voir ? »

Max : « Il est blessé ! T’approche pas bonome ! Tu lui fais peur ! Rholala, il est tout blessé… Pauvre grébu ! Bonome, il faut le soigner ! Va le chercher s’il te plaît ! »

Max : « On lui fait peur ! Il se traîne pour se sauver. Bonome, si on fait rien il va mourir et si on s’approche il se sauve ! Bonome… »

Le chevalier : « Mon petitours… »

Max : « On peut rien faire ? »

Le chevalier : « Non… »

Max : « On peut rien faire et il va mourir… »

Le chevalier : « Venez dans mes bras tous les trois… Ne pleure pas Maxou. »

Max : « Grébu va mourir bonome. »

Samuel : « Cousin Max, tu sais bien que les zanimos meurent. »

Max : « Mais lui on pourrait l’aider ! On pourrait le soigner ! C’est pas obligé qu’il meurt ! »

Léo : « Je crains que nous puissions rien faire pour lui. »

Samuel : « Il faut nous éloigner. Comme ça il pourra remonter sur l’estran et se reposer. Il guérira peut-être… »

Max : « Il est trop blessé ! »

Le chevalier : « Mon pauvre Maxou… »

Max : « C’est pas juste bonome ! »

Le chevalier : « Pochez-vous. On va laisser grébu se reposer. Sam, Léo, prenez soin de Maxou. »

On s’est pochés comme nous l’a demandé bonome. Samuel et Léo m’on pris dans leurs pattes et m’ont gratté le front. Moi, j’ai beaucoup pleuré. Puis je me suis endormi. On dort bien quand on a beaucoup pleuré. J’ai bien dormi mais pas longtemps. Les cousins m’ont réveillé pour fossiler. Et ils ont fait exprès de me chahuter. Ça m’a fait penser à autre chose. J’ai pas oublié grébu mais j’y pensais plus. J’ai déjà raconté les fossiles alors je recommence pas. N’empêche qu’on a vu des belles mamonites 🙂 Et puis on a revu un goéland argenté…

Max : « Bonome, tu as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu savais que les goélands mangeaient des étoiles de mer ? »

Le chevalier : « J’avais déjà vu… »

Max : « Évidemment… »

Léo : « Comment qualifie t-on un zoiso qui mange des étoiles de mer ? »

Max : « Les étoiles de mer sont des Astéridés… »

Léo : « On peut dire astérophage alors. »

Max : « Bonome, ça existe comme mot ? »

Le chevalier : « Aucun idée. Mais il me plaît bien 🙂 »

Léo : « Alors ce mot est adopté. Les goélands sont astérophages. »

Max : « C’est comme ça qu’évolue le petitoursien 🙂 C’est une langue vivante, pas comme le grékancien. »

Léo : « Et si on faisait une pause ? »

Max : « Oui ! On a dit qu’on écouterait le vent. Et là, il souffle un peu. »

Samuel : « Et il y a des beaux rochers pour s’asseoir. »

Le chevalier : « D’accord. Je crois que je n’ai pas le choix. »

Max : « Non 🙂 Tu nous portes jusqu’à ce rocher s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours. »

Max : « On est bien, là 🙂 »

Léo : « Chut ! »

Samuel : « On écoute le vent ! »

Je me suis tu moi aussi et on a écouté le vent. Tu sais bien qu’on peut pas répéter ses histoires Princesse. Mais je peux quand même te dire qu’il nous a raconté les mers du Jurassique, les grands reptiles marins et les mamonites, la Normandie qui se promène sous les tropiques pendant que l’océan Téthys coupe l’Europe en deux… Puis il a fait une grosse bourrasque exprès pour qu’on tombe à la renverse. On a bien rigolé 🙂 C’était le signe de la fin de l’histoire. Et on a repris notre inspection. Le vent continuait à souffler un peu pour nous accompagner. J’aime bien quand il nous accompagne partout.

Puis on est revenus au début des falaises, vers les Marnes de Dives. Ce que je vais te montrer, je sais plus si on l’a vu avant, pendant, ou après l’étude des Marnes de Dives. Je pense me souvenir que c’était après. On traînait sur l’estran parce qu’on avait pas envie de rentrer.

Léo : « Bonome ! Il y a un goéland qui a une étoile de mer dans le bec ! »

Max : « Il se pose là ! »

Samuel : « Il y a d’autres goélands qui le rejoignent ! »

Léo : « Il veulent lui chiper son manger ! »

Max : « Ben oui, les Laridés sont kleptoparasites. Ils se volent entre eux… »

Léo : « Il s’envole ! »

Max : « Ben oui. Il peut pas manger son étoile de mer tranquille sur cette plage ! »

Max : « Il s’est re posé ! »

Léo : « Les autres l’ont suivis ! »

Samuel : « Chevalier, il faut intervenir quand même ! »

Le chevalier : « Nous n’avons pas à intervenir dans les affaires internes des goélands ! »

Max : « Alors on les suit ! »

Léo : « Il est là ! »

Max : « Vous avez vu ? Il a lavé son étoile de mer dans l’eau ! »

Léo : « Ben oui. Elle devait être couverte de sable. »

Samuel : « Ou alors il aime bien saler ses aliments. L’eau de mer est salée n’est ce pas ? »

Léo : « Elle est 🙂 »

Max : « Pfff ! Les autres veulent encore lui chiper son repas ! »

 

Samuel : « Il s’est encore envolé ! »

Léo : « Il est poursuivi ! »

Max : « Il s’est de nouveau posé ! »

Samuel : « Vous croyez qu’il va réussir à l’avaler ? »

Léo : « On dirait qu’il essaye… »

Max : « Ben ça alors ! Vous avez vu ? Il l’a gloubé d’un coup ! »

Léo : « Gloub l’étoile de mer ! »

Samuel : « Il a un gros ventre maintenant… »

Max : « C’est bon des étoiles de mer ? »

Le chevalier : « Mmm… A part des articles calcaires plus ou moins articulés les uns aux autres… Il n’y a pas grand-chose à manger. Le système aquifère des Échinodermes contient de l’eau de mer… Il y a bien les gonades… »

Max : « Pas grand-chose à manger… Tout ça d’efforts pour pas grand-chose à manger… »

Léo : « C’est pas très rentable. »

Samuel : « Là, il y un goéland argenté adulte qui a une étoile de mer lui aussi… »

Max : « Lui aussi se fait kleptoparasiter… »

Léo : « Mais il essayait pas de la glouber d’un seul coup. Il coupait des morceaux, lui… »

Max : « Il a quand même tout avalé d’un coup. »

Samuel : « Pour pas se faire chiper son repas. »

Léo : « Rholala… Tout ça de Laridés… Et de belles scènes en plus… »

Max : « Plus les fossiles… »

Samuel : « Et les falaises… »

Le chevalier : « La journée vous a plu ? »

Léo : « Oh ouiiii ! »

Max : « Ben oui bonome. Mais si tu demandes ça, c’est qu’on va rentrer… »

Le chevalier : « Il le faut bien mon petitours… »

Max : « Tu vas repasser par le village pour aller à la taverne ? »

Le chevalier : « Bonne idée 🙂 »

Max : « Mon bonome, tu sais que depuis quelque temps, on décore notre pochette avec des écussons des endroits où on est allés. »

Le chevalier : « Je sais Maxou. »

Max : « Tu voudras bien nous trouver le blason de Normandie ? S’il te plaît. »

Léo : « Et celui de la ville d’ici ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours. »

Max : « Merci superbonome 🙂 Euh… Hier tu es allé à l’échoppe pour ton manger. Tu as fait des réserves de chocolat ? »

Le chevalier : « Il y en a assez pour tout le séjour. Mais je l’ai caché 🙂 »

Plus tard, dans la cabane, après la toilette et le repas… Les petizours sont dans la chambre et le chevalier les rejoint. 

Le chevalier : « Vous écoutez de la musique ? »

Max : « Tu es là ? Oui oui… »

Samuel : « Tu veux te joindre à nous ? »

Le chevalier : « Volontiers. »

Léo : « On te fait une place… »

Max : « Je vais te passer un morceau… »

Max lance la musique. Les dialogues reprennent avant la fin du morceau…

Le chevalier : « Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Qu’est ce que j’ai fait ? »

Max : « C’est à cause de la musique… »

Léo : « Le titre du morceau… »

Samuel : « C’est ‘la danse des chevaliers’… »

Max : « Et tu es un chevalier… »

Léo : « Alors on attend que tu danses… »

Le chevalier : « Vous voulez que je danse ? »

Max : « Bonome, c’est la danse des chevaliers on te dit ! »

Léo : « Et tu es un chevalier ! »

Samuel : « Alors il faut que tu danses ! »

Le chevalier se lance dans une danse volontairement maladroite et grotesque…

Samuel (qui applaudit) : « Bravo chevalier ! Bravo ! »

Léo : « Tu m’étonneras toujours bonome 🙂 »

Max : « Tu sais ce que je préfère chez toi ? »

Le chevalier : « La liste de mes qualités est si longue que ça va m’être difficile de trouver 🙂 »

Léo : « Ton seul défaut est ta perfection. C’est ça ? »

Le chevalier : « Non. Je n’ai aucun défaut 🙂 »

Max : « Oui oui oui, bien sûr. Non, sérieusement. Ce que j’aime chez toi, c’est que tu hésites pas à te ridiculiser pour nous faire rigoler. Merci bonomou. »

Samuel : « Très belle danse chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon petit Sam. Vous écoutiez Roméo et Juliette de Prokofiev ? »

Max : « On naviguait un peu au hasard et on est tombés sur lui. »

Léo : « On a écouté un peu Alexandre Nievski. »

Samuel : « Et un truc bizarre. Étrange mais très beau. »

Max : « ‘The dance of the pagan monster’ Tu connais ? »

Le chevalier : « Extrait de la Scythian suite. Oui, je connais. Samuel je suis d’accord avec toi. Étrange, mais très beau. Toutefois je préfère ‘Roméo et Juliette’. Surtout la mort de Thibault. »

Max : « Mes cousins, nous avons confirmation. Notre bonome va pas bien dans sa tête : il aime voir mourir les gens. »

Léo : « Bonome, écoute pas Max. Thibault meurt ? »

Le chevalier : « Oui. Après un duel il me semble. »

Léo : « Tu nous fais écouter ? »

Le chevalier : « Vous voulez ? »

Max : « Ben oui. On est mélomanes nous. »

Le chevalier : « D’accord. Alors… La mort de Thybalt… »

Max : « Thybalt ? C’est pas Thibault ? »

Léo : « C’est pareil Maxou. »

Le chevalier : « Voilà… »

Samuel : « C’était bôôô ! »

Max : « Il était pas tout seul dans sa tête Prokofiev… »

Le chevalier : « Tu n’as pas aimé ? »

Max : « Si si ! Mais pour écrire ça, ou la danse du monstre païen, il faut pas être tout seul dans sa tête… »

Le chevalier : « C’est un peu vrai 🙂 »

Léo : « Rhoooo… J’en ai les poils tout hérissés… »

Max : « C’est pas à tout le monde que ça arrive ça. J’ai entendu que seulement 10 % de la population mondiale pouvait avoir cette réaction. »

Le chevalier : « Tu nous raconteras ça un autre jour Maxou. Il est temps d’aller au lit. »

Max : « Bonome, pendant la prière du soir, on pourra dire une intention pour grébu ? »

Le chevalier : « Tu y penses encore ? »

Max : « Oui. Je vais y penser encore longtemps. Et, avant de m’endormir je crois que je vais encore pleurer la mort de mon ami… »

Le chevalier : « Oui mon petitours. C’est normal. »

Léo : « Dites, vous vous rendez compte de notre journée ? »

Samuel : « Comment vous dites déjà ? … Ah oui ! C’était une journée un peu dense 🙂 »

Léo : « On a fait : un peu d’histoire des sciences, de la lithostratigraphie, de la biostratigraphie, de la paléontologie, de l’ornithologie, de la musicologie… »

Samuel : « Vous savez ce qui m’étonne le plus ? »

Léo : « Non. »

Samuel : « Avec ce chevalier, c’est une journée ordinaire 🙂 »

Léo : « Oui, c’est vrai 🙂 »

Le chevalier : « Bien, au lit maintenant. »

Les petizours : « Bonnuit bonome ! »

Pour la première fois depuis son arrivée, Samuel a pas dormi tout serré contre Léo. Il s’est collé à moi et m’a gratouillé le front jusqu’à ce que je m’endorme. Parce que j’étais triste. C’est vraiment un gentil petitours ce Samuel.

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

Parce que j’aime beaucoup la musique :

La grande porte de Kiev, Modeste Moussorgsky, extrait des Tableaux d’une exposition (On peut trouver mieux comme version… Celle-là manque de puissance…)

Les tableaux d’une exposition, version un peu originale…

Fanfare for the common man, Aaron Copland

Je pourrais mettre des dizaines d’autres liens… On verra plus tard…

143-3 Les Marnes de Dives

Jeudi 9 Février, An IV (suite)

Max : « Nous voici revenus au niveau des Marnes de Dives. »

Léo : « On va fossiler 🙂 »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « Bonomou, avant que nous nous lancions dans un fossilage débridé aurais-tu quelques remarques à nous faire ? »

Le chevalier : « Je peux commencer par un rappel. Les Marnes de Dives appartiennent au Callovien terminal, vers 164 millions d’années. Ce sont des marnes bioclastiques avec des bancs calcaires, silteux ou lumachelliques. »

Max : « Oui bien sûr… »

Léo : « Tu prends des risques bonome 🙂 »

Le chevalier : « J’ai utilisé trop de mots compliqués que personne connaît à part moi, c’est ça ? »

Max : « Noooon… Pas trop ! TU AS UTILISÉ UNIQUEMENT DES MOTS COMPLIQUÉS QUE PERSONNE CONNAÎT À PART TOI ! NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ! Des marnes biocaustiques avec des bancs calcaires s’il pleut où j’ai lu ma chère lique. Ça veut même rien dire d’abord ! »

Le chevalier : « Ça c’est sûr ! »

Samuel : « Cousin Max a pas tout à fait tort. Tu pourrais expliquer un peu s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je peux 🙂 Une marne est une roche sédimentaire, mélange de calcite (CaCO3) et d’argiles, dans des proportions allant de 35 à 65 % de calcite. Au-delà de 65 % il s’agit d’un calcaire marneux et en-deçà de 35 % c’est un marno-calcaire.  Bioclastique signifie qui y a beaucoup de bioclastes c’est à dire de morceaux de fossiles. Des bancs peuvent être enrichis en argiles ou en calcaires. Ils sont dits silteux ou calcaires. Une lumachelle est une roche sédimentaire contenant un grand nombre de fossiles entiers ou brisés accumulés par sédimentation. Les lumachelles peuvent se former dans des zones de forte production biologique ou lors d’un arrêt ou d’un ralentissement de la sédimentation. Prenons le premier cas. Imaginons un estran contenant de nombreux bivalves. A leur mort, les coquilles s’accumulent dans le sable ou en haut de la plage. Il se formera plus tard une lumachelle. En général, dans ce cas, l’agitation étant importante, les valves sont retrouvées séparées et souvent brisées. Dans le second cas, les coquilles s’accumulent toujours au même rythme sur un fond calme mais comme la sédimentation est plus lente, ou inexistante, la densité de coquilles augmente. Comme le milieu est calme, les coquilles sont souvent entières. »

Léo : « Si on résume, on peut dire qu’il y a des argiles avec des couches plus ou moins riches en calcaires ou en fossiles. »

Le chevalier : « C’est à peu près ça. »

Max : « C’est tout à fait ça ! Léo utilise pas des mots compliqués pour faire croire qu’il est savant et cultivé et tout le monde peut le comprendre. »

Samuel : « Je comprends mieux quand c’est cousin Léo qui explique. »

Léo : « C’est gentil petit Sam mais je pourrais pas expliquer si bonome l’avait pas fait avant. »

Le chevalier : « Une dernière chose. Simple. Nous trouverons deux types de fossiles. Ceux qui se trouvent dans la roche, en place. Nous saurons qu’ils datent réellement du Callovien terminal. Et des fossiles libres. Ceux-là seront plus difficiles à dater. Pas de question ? »

Max : « Si ! On peut fossiler ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais regardez d’abord notre terrain de jeux. »

Max : « On voit un platier. Avec une couche plus dure au dessus. »

Samuel : « Je suppose que tout en bas c’est plus silteux, et que la couche plus dure est plus riche en calcaire. Parce que les calcaires sont plus durs que les argiles. »

Le chevalier : « Bien raisonné petit Sam. »

Max : « Bonome, tu connais les horizons des Marnes de Dives ? »

Le chevalier : « Ce sont les niveaux H1 à H5 d’Hébert. En réalité nous ne verrons que les horizons supérieurs qui correspondent à la Zone à Lamberti. »

Max : « C’est quelle mamonite Lamberti ? »

Le chevalier : « Quenstedtoceras lamberti, Cardiocératidés. »

Samuel : « Vous vous rendez compte ? On va dans la zone à Lamberti du Callovien supérieur. C’est pas tout le monde qui fait ça 🙂 »

Léo : « Ah ben non ! Quelle chance on a ! »

Max : « Les zoms qui passent sont contents d’être aux Vaches-Noires. Ils savent même pas qu’ils sont dans la zone à Lamberti du Callovien supérieur. »

Le chevalier : « Max, mon petitours, il me semble que tu répètes souvent que je ne vois pas comme vous. »

Max : « Oui mon bonome. »

Le chevalier : « En es-tu sûr ? »

Max : « Mmmmmm… »

Léo : « Je vois où tu veux en venir. On voit un peu comme toi maintenant. »

Max : « C’est vrai ça ! On est à la fois aux Vaches-Noires en l’an IV et au Callovien supérieur d’il y a 160 millions d’années… »

Léo : « On connaît quand même un peu moins bien la faune que toi. »

Le chevalier : « Certes. Mais vous progressez chaque jour. Et après être allés au musée, vous verrez vous aussi de grands reptiles marins. »

Max : « On peut en trouver ? »

Le chevalier : « La célébrité de l’Oxfordien de Villers est essentiellement due aux restes de vertébrés et à l’abondance des ammonites des Marnes de Dives 🙂 »

Samuel : « Chevalier, toi aussi tu es un plaisantin. Tu dis que la célébrité de l’Oxfordien est due au Callovien 🙂 J’aime bien t’écouter raconter la géologie. »

Léo : « Bonome, tu as vu les petits trous dans le niveau plus meuble ? »

Le chevalier : « Oui. Approchons-nous un peu… »

Max : « Il y a des bivalves dans certains de ces trous. »

Le chevalier : « Ce sont des pholades. »

Max : « Ben… Explique nous les pholades ! Quand même ! Tu veux qu’on reste ignorants ? »

Le chevalier : « Ce sont des Mollusques bivalves Myoidés appartenant à la famille des Pholadoidés. Leur nom vient du grec phôlados qui signifie ‘qui vit dans des trous’. Ce sont des organismes filtreurs. La particularité des pholades est qu’elles forent les roches avec la partie arrondie et dentée de leurs valves. Le coquillage use la roche en réalisant de petits mouvements tournants. Elles s’enfoncent d’environ un millimètre par mois. Évidemment la galerie s’élargit au fur et à mesure de la croissance de l’animal. »

Max : « Elles peuvent plus jamais sortir alors ! »

Le chevalier : « Et non ! Bien, il est temps de se mettre en chasse. »

Max : « On reste autour de toi bonome. »

Léo : « C’est parti ! »

Samuel : « J’ai trouvé quelque chose ! Là ! Et là ! Venez voir ! »

Max (Se grattant la tête pour imiter le chevalier) : « Mmmmm… C’est intéressant ça ! Belle trouvaille mon petit Sam ! Ceci est fragment de Fossilus noirus de la sous-espèce bizarrus. Découvert en 1412 par l’abbé Cassine-Desmarest il ne fut correctement interprété qu’en 1827 par le grand Alain Connu, fondateur de la cryptocristallographie zoologique et paléontologue amateur les mois impairs. Ce cher Alain ne put affirmer la nature réelle de ce fossile que dans le secret de son cabinet car les hautes autorités ecclésiastiques ne pouvaient accepter que le Fossilus noirus put avoir vécu en Normandie avant l’invention du camembert. Mais je ne vous apprends rien. Précisons tout de même que la position systématique du Fossilus noirus a été révisée à de nombreuses reprises. On le trouve sous l’appellation de Fossilus negritus dans une publication de 1854 en bas-breton. Sous l’appellation Fossilus nigriscens en 1897 dans un obscur opuscule publié en 3 exemplaires dans le sud de la Germanie. J’en ai un dans ma collection, je vous le montrerai. Le plus cocasse est qu’il y a faute dans le nom de l’auteur sur la couverture. Ce cher Auguste Justin Laurent-Pierre de Faustinirac est simplement nommé Auguste Justin Laurent-Pierre Faustinirac. La particule a disparu ! Quelle injustice envers ce brillant esprit empli de noblesse ! Pauvre Auguste Justin Pierre-Laurent ! Il ne s’en est jamais remis. Voilà, je crois que j’ai tout dit. »

Samuel : « Bravo cousin Max ! Bravo ! »

Léo : « Le Fossilus noirus de la sous espèce Bizarrus… L’abbé Cassine-DesmarestTu t’es encore surpassé 🙂 »

Max : « Merci public adoré, merci 🙂 Bonome, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « C’est un fragment de lignite. »

Max : « Bonome, mon cher petit bonome, aimes-tu à ce point entendre mes cris ? »

Le chevalier : « Lignite ? »

Max : « Lignite… Qui connaît ce mot ? As-tu déjà entendu quelqu’un parler de lignite ? »

Le chevalier : « Je sais pas, j’ai pas d’amis 🙂 »

Max : « Et témpaléjens… Bon, on va pas y passer la journée ? On a tout le Callovien terminal à explorer nous. Alors dépêche-toi un peu ! »

Le chevalier : « C’est un morceau de végétal ligneux. »

Max : « C’est un bout d’arbre ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Comment dire sans attirer tes moqueries… Disons que les arbres, tels que nous les connaissons, n’existaient pas à l’époque. Nos arbres sont des Angiospermes ou des Gymnospermes. C’est à dire des plantes à fleurs. Ces végétaux ne sont apparus qu’après la crise Crétacé-Tertiaire il y a environ 65 millions d’années. »

Max : « C’est quand même un morceau d’arbre… »

Le chevalier : « Ce qui nous indique la proximité de zones émergées. »

Max : « Le bois flotte. Il peut se déplacer loin sur la mer. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais ici les fragments de lignites sont nombreux. Notre petit Sam en a trouvé deux non loin l’un de l’autre. Nous sommes proches de la source. Donc il y a des zones émergées pas loin. »

Léo : « C’est logique. »

Samuel : « On continue ? »

Le chevalier : « Oui. Venez, j’ai aperçu un endroit intéressant… Là… »

Léo : « C’est une accumulation de fossiles. C’est ça une lumachelle ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « La sédimentation s’est arrêtée et les coquilles se sont accumulées. »

Max : « Tu connais ces fossiles ? Il y en a plusieurs espèces… »

Le chevalier : « Vous voyez certainement les petits gastéropodes allongés et couverts de ponctuations. Nous en reverrons sûrement. Ce sont des cerithes, probablement Cerithium millepunctatum, Cérithiidés. En bas à gauche de la seconde foto il y a une valve de bivalve. Peut-être Nicanellia scalaria. Et il me semble apercevoir une nucule… »

Samuel : « Chevalier, c’est ça le Cerithium millepunctatum ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Samuel : « 🙂 Je suis ton petitours. »

Léo : « Moi aussi 🙂 »

Samuel : « J’ai encore du mal à me rendre compte que je vais rester avec vous. »

Léo : « Pourquoi tu partirais ? »

Samuel : « Je veux pas partir ! Mais on fait tellement de choses passionnantes ! Et j’ai deux gentils cousins et un super chevalier ! J’ai toujours l’impression de rêver 🙂 »

Max : « Un rêve de plusieurs mois alors 🙂 »

Samuel : « Ouiiii 🙂 »

Léo : « Et ça bonome ? Tu connais ? »

Le chevalier : « Un autre Gastéropode : Oolithicia meriani si je ne dis pas d’erreur. Mais il me semble que cette espèce appartient à la zone à Athleta… La mamonite est Peltocera athleta, Aspidocératidés. Nous serions donc dans l’horizon H1 ou H2 d’Hébert… »

Léo : « Rholala… »

Max : « On voyage dans le temps et on a même pas ton Tardis 🙂 »

Le chevalier : « Tu penses vraiment que je suis Le Docteur ? »

Max : « On s’en fiche que je le pense ou pas. De toutes façons tu le reconnaîtras jamais 🙂 »

Samuel : « Et là ? C’est qui ce petit fossile ? Je l’ai enlevé de la roche pour le poser en évidence… »

Le chevalier : « Une nucule. Je vous avais bien dit que nous en reverrions ! Un tout petit bivalve… il y a plusieurs espèces de nucules : Nucula castor, Nuculoma pollux… Mais si nous sommes effectivement dans la zone à Athleta c’est probablement Paleonucula calliope… »

Max : « Tu as l’air perplexe bonome. Quelque chose ne va pas ? »

Le chevalier : « … Oui… Je suis en train de vous citer des espèces de la Couche du Mauvais Pas… »

Léo : « C’est quoi la Couche du Mauvais Pas ? »

Le chevalier : « Une couche un peu profonde du Callovien supérieur qui s’observait autrefois à l’embouchure de la Touque, à l’autre bout des falaises des Vaches-Noires. Cette couche n’est plus visible car la construction d’une digue a provoqué son ensablement… La dénomination vient du fait que les bateaux s’échouaient facilement sur cette couche. »

Léo : « Peut-être que les fossiles dont tu parles sont pas limités à la zone à Athleta. C’est même fort probable. Tu es pas tout à fait sûr de tes déterminations mais elles sont pas idiotes. Pour quelles espèces tu es sûr de toi ? »

Le chevalier : « Je ne suis jamais sûr de moi… Mais Procerithium et Oolithicia sont presque certains. »

Léo : « Alors c’est pas Paleonucula calliope mais peut-être Nucula castor… C’est une nucule et ça suffit. »

Le chevalier : « Tu es vraiment un gentil petitours mon Léo. »

Léo : « Si j’avais pas les pattes couvertes d’argile, je te gratouillerais le front 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon Léo. »

Max : « On trouve pas des mamonites… »

Le chevalier : « Alors cherchons ! »

Max : « Vous trouvez ? »

Léo : « Ben non… »

Samuel : « On vient de commencer… »

Max : « Toujours pas de mamonites… »

Samuel : « Là ! J’en ai une ! Chevalier ! Viens la fotoer ! »

Le chevalier : « J’arrive Samuel ! »

Max : « Moi j’en ai pas… »

Léo : « Cherche Maxou, au lieu de ronchonner… »

Max : « LÀ ! UNE BELLE MAMONITE ! »

Le chevalier : « Je viens Max… Ah oui ! Bien ! Bravo mon petitours. »

Samuel : « On est tous ton petitours 🙂 »

Léo : « Tous tes petizours c’est ton préféré 🙂 »

Le chevalier : « Tout à fait exact ! Vous êtes tous les trois mon préféré 🙂 »

Léo : « Alors bonome, qu’as-tu à dire sur ces ammonites ? Celle de Max est bien, non ? »

Samuel : « La mienne est pas terrible. Je suis content de l’avoir trouvée mais on peut pas l’étudier. Elle est trop mal conservée. »

Le chevalier : « Il faudrait la dégager pour pouvoir l’étudier mais je crains qu’elle ne résiste pas à ma brutalité. Laissons la. Voyons celle de Max… »

Le chevalier : « Mmmmm… C’est une Cardiocératidé… Genre Quenstedtoceras… Examinons la dans le détail… Sans la dégager je ne vais pas voir la section ou le ventre… Tant pis. Alors… Côtes tournées vers l’avant, côtes bifurquées avec une seule côte intercalaire à chaque fois… Je suppose que les côtes forment un chevron sur le ventre… »

Max : « Il est parti dans sa tête. »

Léo : « Il doit être dans son fauteuil de dans sa tête avec un beau livre d’ammonites sur les genoux. »

Max : « Je l’imagine bien fumant la pipe dans sa tête… »

Léo : « Avec une grosse barbe 🙂 »

Max : « Et une tasse de café posée à côté de lui. »

Le chevalier : « Ça doit être ça… Quenstedtoceras praelamberti… Zone à Lamberti, sous-zone à Lamberti… Ce qui nous ramène aux horizons H3 à H5… »

Max : « Bonome ! Tu es là ? »

Le chevalier : « Mmmm ? Oui, je suis là. Pourquoi cette question ? »

Max : « Comme ça, pour rigoler 🙂 »

Le chevalier : « J’ai cru entendre parler de café. J’en prendrais bien une tasse, moi… »

Max : « Dis nous d’abord qui c’est cette mamonite ! »

Le chevalier : « Quenstedtoceras praelamberti si je ne dis pas de bêtises. »

Léo : « C’est la bonne zone ? »

Le chevalier : « Oui oui ! Zone à Lamberti ! Max, tu as fait une belle découverte 🙂 »

Max : « Je sais bonome, je sais 🙂 »

Samuel : « On continue ? »

Le chevalier : « Oui, profitons un peu du beau ciel bleu. Et la marée n’en est même pas à son étale de basse mer. Nous avons le temps. »

Max : « Quand je pense qu’on est il y a 160 millions d’années 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les Alpes n’existent pas encore. A la place il y a un vaste Océan en train de s’ouvrir. C’est l’Océan Téthys. La péninsule ibérique est encore soudée à l’actuelle façade atlantique de la France. L’océan Atlantique n’existe pas encore d’ailleurs. Il doit en être au stade du rift continental au sein d’un vaste continent qui regroupe l’Europe et les Amériques… »

Max : « Bonome, j’aimerais bien voir les Alpes… »

Le chevalier : « Je m’en doute mon Maxou. Moi aussi tu sais… »

Max : « Tu pourrais organiser une grande inspection un jour. »

Le chevalier : « Je vais voir ce que je peux faire… »

Samuel : « J’ai encore un beau fossile ! »

Léo : « Moi aussi ! »

Le chevalier : « Des trigoniidés ! A gauche c’est une Trigonie, Trigonia sp., et à droite une myophorelle, Myophorella sp. »

Max : « Tu connais pas les espèces ? »

Le chevalier : « Je ne connais pas tout tu sais Maxou. »

Max : « Tu connais tellement de choses… »

Le chevalier : « Tu vas bien Max ? »

Max : « Ben oui ! Pourquoi ? »

Le chevalier : « Tu viens de me complimenter 🙂 »

Max : « Un moment d’égarement ! Et tout le monde peut dire des erreurs 🙂 »

Le chevalier : « Je vois 🙂 Dites, vous n’êtes pas fatigués vous ? »

Léo : « Si, un peu. »

Samuel : « On a beaucoup marché. »

Max : « Et c’est fatiguant de fossiler. »

Le chevalier : « On pourrait arrêter. »

Max : « Tu veux rentrer ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Bon, on jette encore un coup d’œil et on zoisote. »

Léo : « Bonne idée ! »

Samuel : « Oh oui ! »

Max : « Si tu veux bien bonome. »

Le chevalier : « Je veux bien. »

Léo : « Mais avant tu nous présentes ce fossile. »

Le chevalier : « C’est un petit bivalve, un Pectinidé. Peut-être Chlamys fibrosa, Pecténidés. »

Max : « C’est une petite coquille saint-Jacques ? »

Le chevalier : « Oui, on peut le dire comme ça. »

Samuel : « Et ça ? »

Le chevalier : « Un joli fragment d’ammonite 🙂 Probablement de la famille des Aspidocératidés. Je la prends celle-la. »

Max : « Il va être lourd ton sacado 🙂 »

Léo : « Bonome, tu veux bien nous expliquer encore un fossile ? »

Le chevalier : « Tu sais bien que je ne peux rien refuser à mon petit Léo. Qu’as-tu trouvé ? »

Léo : « Ça… »

Le chevalier : « Quelle hypothèse peux-tu formuler ? »

Léo : « On dirait du corail. »

Le chevalier : « C’est du corail. Genre Isastrea. Il vient du Coral-Rag. »

Max : « De tout en haut de la falaise ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors on est tout en bas et on trouve un fossile de tout en haut ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Si je me trompe pas, on a des fossiles de toutes les formations de la falaise. Des Marnes de Dives au Coral Rag ! Rholala ! »

Le chevalier : « Alors il est temps d’arrêter. »

Max : « Tu en as assez bonome ? »

Le chevalier : « C’est fatiguant de s’accroupir tous les trois mètres pour chercher des fossiles. Je suis pas un fa dièse moi 🙂 »

Max : « Tu es un ré ! Le plus loin du sol ! Tu veux bien zoisoter quand même ? »

Le chevalier : « Oui, c’est bien moins fatiguant que fossiler. »

Max : « D’accord. On peut pocher ? »

Le chevalier : « Oui, c’est mieux. »

Les trois petizours : « Merci bonome ! »

Bien plus tard, dans la cabane du chevalier…

Le chevalier : « Mes petizours en plein travail ! »

Max : « Tu tombes bien, toi 🙂 »

Le chevalier : « Vous vous lancez dans la détermination des ammonites de Villers ? »

Max : « Oui. Léo et moi étudions le gros morceau que tu avais fotoé sur l’estran. Samuel voulait faire la petite. Elle est très belle. Alors il travaille seul. Et il y a un autre fragment qu’on sait pas du tout qui c’est. »

Léo : « Tu veux bien nous aider ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « Oulala ! D’accord. Par laquelle commençons-nous ? »

Léo : « Sam est a fait une hypothèse. Tu veux bien vérifier ? »

Le chevalier : « Voyons ça… »

Le chevalier : « Quelle est ton hypothèse mon petit Sam ? »

Samuel : « Ben… Je pense qu’on en a vu une pareille dans les Marnes de Dives. Quenstendtoceras praelamberti, Cardiocératidés. Ça correspond à la description qui en est faite dans ton beau livre d’ammonites. »

Le chevalier : « L’ornementation est faite de côtes proverses légèrement surélevées à partir du rebord ombilical. Il y a des côtes intercalaires ou bifurquées qui prennent naissance au milieu du flanc mais sans surélévation… »

Samuel : « Tu connais le livre par cœur ? »

Le chevalier : « Non petit Sam. »

Samuel : « Pourtant tu le récites par cœur. C’est exactement ce que je viens de lire. »

Max : « Ben oui, c’est notre bonome… On dirait que c’est lui qui a écrit tous les livres de la terre. »

Léo : « Continue bonome. »

Le chevalier : « Où en étais-je ? Ah oui ! Les côtes bifurquées… Entre ces côtes bifurquées il n’y a qu’une seule intercalaire… Le ventre maintenant… Oui c’est ça ! L’angle formé par les côtes dépasse 90° et il n’y a pas de carène… Petit Sam, est-ce que ça correspond à la description que tu as lue ? »

Samuel : « Tout pareil chef ! »

Léo : « Alors petit Sam avait bon ? »

Le chevalier : « Disons que je suis d’accord avec lui 🙂 »

Max : « On va la mettre dans ma collection ! »

Léo : « Elle est à Sam ! »

Le chevalier : « Pas de chamaillerie ! Nous la mettrons dans ma collection. »

Max : « Tu as une collection de Villers ? »

Le chevalier : « Oui, et de tous les sites que nous allons explorer. »

Max : « Tu nous le montreras ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Il faut justement que je refasse les vitrines de Villers. Les ammonites sont à identifier… »

Léo : « On regarde le gros morceau ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Quelle hypothèse avez-vous faite ? »

Max : « On trouve pas ! On en reste à la famille : les Aspidocératidés. »

Le chevalier : « C’est déjà bien vous savez. Il nous sera impossible d’aller plus loin. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Chez les Aspidocératidés, la présence des tours internes est nécessaire pour déterminer l’espèce. »

Léo : « Et on a pas les tours internes… »

Le chevalier : « C’est peut-être le genre Peltoceras ou Euaspidoceras… »

Max : « D’accord. Et l’autre morceau ? On trouve même pas la famille… »

Le chevalier : « Kosmoceras duncani, Kosmocératidés. Marnes de Dives, Callovien supérieur, Zone à Lamberti, début de la sous-zone à Lamberti. »

Max : « Ah oui, quand même… »

Samuel : « Bravo chevalier ! Bravo ! »

Léo : « Tu m’as l’air bien sûr de toi 🙂 »

Le chevalier : « Pourtant je ne le suis toujours pas… »

Max : « Bonome, tu nous montres ta collection ? »

Le chevalier : « Maintenant ? »

Max : « Tu as autre chose à faire ? »

Le chevalier : « J’irais bien me coucher… »

Max : « Après bonome, après ! »

Le chevalier : « D’accord. Débarrassez le bureau je vais chercher mes deux vitrines… »

Samuel : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Voilà… Poussez-vous si vous ne voulez pas vous faire écraser par des fossiles 🙂 »

Max : « Bonome, tu as encore cambriolé un musée ! Tu vas finir en prison ! »

Le chevalier : « Je n’ai rien cambriolé du tout ! Ce sont mes propres découvertes ! »

Léo : « Rholala ! Tout ça de fossiles ! Et il y a des tas de petites ammonites ! »

Le chevalier : « Cette vitrine est à refaire. Je n’ai fait presque aucune détermination. »

Max : « Au travail bonome ! Allez ! »

Le chevalier : « Non. Il me faudrait une vitrine supplémentaire et je n’en trouve plus. »

Léo : « Tu as bien cherché ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. J’ai, dans des boites à chaussures, de quoi faire une dizaine de vitrines supplémentaires… »

Léo : « Avec les fossiles de Villers ? »

Le chevalier : « Non. J’en ai en provenance d’autres sites. Notamment ceux que vous avez collectés. »

Max : « On cherchera des vitrines alors. Tu nous présentes tes fossiles ? »

Le chevalier : « La première uniquement. Ce fossile… »

Le chevalier : « C’est une éponge assez commune dans les roches datant du Crétacé. Elle appartient au genre Placoscyphia. Celle ci provient de la Glauconie de base du Crétacé. On voit la gangue constituée de sable riche en grain de glauconie verte. »

Max : « Tu as pas enlevé la gangue… »

Le chevalier : « Presque personne ne le fait. J’ai vu un exemplaire entièrement dégagé un jour sur Internet. Son préparateur faisait l’admiration de tous ceux qui le voyaient. De toutes façons cet exemplaire n’est pas assez solide. Passons aux échinodermes… »

Le chevalier : « Il y a les radioles de cidaris de l’Oxfordien moyen. »

Léo : « Du Coral-Rag ? »

Le chevalier : « Ou de l’Oolithe de Trouville. Il y a aussi un joli petit oursin fouisseur. C’est un Nucleolites scutatus. Il provient soit des Calcaires d’Auberville, soit des Calcaires de Trouville. Ensuite… Un serpule.»

Le chevalier : « Les serpulidés sont des vers qui se construisent des tubes calcaires. Là, le tube a été construit sur un fragment de coquille. »

Léo : « Et là… »

Le chevalier : « Une huître du genre Lopha et une moule 🙂 La moule est de l’espèce Modiolus bipartitus. »

Samuel : « Et là ce sont des Lopha gregarea ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « Et là des petits pectenidés comme on a vu dans les Marnes de Dives. »

Le chevalier : « Là c’est un petit bivalve. Je pense que c’est un Neithea quinquecostata du Cénomanien. »

Léo : « Et là ? Tu as pas mis les noms. »

Le chevalier : « Ce sont des bivalves. Mais je ne suis pas parvenu à les identifier à l’époque. Celui qui se trouve en haut à gauche appartient peut-être au genre Phalodomya. A vérifier… Bien, ça suffit maintenant. »

Max : « Mais tu as pas fait l’autre boite ! »

Le chevalier : « Je la laisse sur le bureau. Vous pourrez l’étudier demain. Si vous voulez je vous laisserai déterminer les ammonites. »

Samuel : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Pour le moment il est l’heure d’aller au lit ! »

Max : « Tu nous portes ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Samuel : « Je crois que je vais rêver de fossiles moi. »

Léo : « On va rêver du Jurassique ! »

Max : « Direction le callovo-oxfordien de Normandie ! »

Le chevalier : « Bonne nuit mes petizours ! »

Les trois petizours : « Bonnuit bonome ! »

Continuer la promenade

143-2 Les fossiles

Jeudi 9 février (suite)

Max : « Mon bonomou, maintenant que tu nous as tout expliqué les falaises, est-ce qu’on peut fossiler ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, c’est prévu. Allons au pied de la pseudo-terrasse… Tiens… Quelle belle surprise ! Mon petit Max, tu vas être ravi. Regarde un peu ça ! »

Max : « C’est une mamonite ? »

Samuel : « Une ammonite cousin Max ! »

Max : « C’est ce que je viens de dire ! Tu connais cette mamonite bonome ? Tu peux la retirer du rocher ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Je prends mon matériel… Aïe ! »

Max : « Tu t’es fait mal ? »

Le chevalier : « Non, pire que ça. J’ai laissé mon marteau dans une pochette de notre monture. »

Max : « Tu vas devoir marcher alors. La monture est à peine à un kilomètre d’ici. Si tu marches vite tu auras fait l’aller-retour dans 20 minutes… On t’attend ici. »

Le chevalier : « Non ! Hors de question que je vous laisse seuls. Grimpez dans ma poche. »

Max : « Vous avez entendu ? Pochage ! »

Ça c’est bonome. Il est un peu tête en l’air parfois. Ou alors il avait décidé de pas se servir de son marteau et au premier fossile venu il a regretté. Bon, il a tout cavalé et on est revenus à la mamonite. On a eu un peu de mal à la retrouver… Au bout de quelques minutes elle était dégagée de la roche. On dit la gangue. Un fossile est entouré de gangue. Ben oui. Tu le sauras maintenant Princesse.

Max : « Montre un peu ton trophée bonome. »

Léo : « Tu connais cette ammonite ? Elle provient de quelle formation ? »

Le chevalier : « Mes petizours, nous sommes ici dans un site particulièrement riche en ammonites. Les espèces sont nombreuses, les genres aussi. Et il y a souvent plusieurs espèces du même genre. Autant dire qu’une détermination précise peut-être assez difficile. Il faut des spécimens en bon état et de nombreuses connaissances, donc je vais avoir du mal… Observons quand même. De toute évidence, la gangue est calcaire. Nettement calcaire même. Le bloc dont provient l’ammonite date donc de l’épisode carbonaté. C’est soit l’Oxfordien moyen soit le Cénomanien. Il me semble que les ammonites sont rares dans le Coral-Rag. Je dirais donc que cette ammonite date de l’Oxfordien moyen. Peut-être le Calcaire d’Auberville, ou le Calcaire oolithique de Trouville. Disons que c’est la zone à Densiplicatum. »

Léo : « C’est quoi la zone à Densiplicatum ? »

Le chevalier : « Les étages sont découpés en zones dans lesquelles on peut observer des ammonites particulières. Elles ne s’observent que pendant cette période. Ici il s’agit d’une ammonite, Cardioceras densiplicatum, qui n’a vécu que pendant une courte période à la base de l’Oxfordien moyen. »

Léo : « Il y a beaucoup des zones à ammonites ? »

Le chevalier : « Plusieurs par étage… Autant dire qu’il y en a des dizaines. Sans compter les sous-zones… »

Léo : « Oulala ! C’est pas facile alors ! Merci bonome. »

Max : « Bon, et c’est qui cette mamonite ? »

Le chevalier : « Comme ça, je dirais qu’elle fait partie de la famille des Aspidocératidés. Peut-être au genre Euaspidoceras… »

Léo : « Alors il faut chercher les Euaspidoceras de la zone à densiplicatum. »

Max : « Au travail bonome ! »

Le chevalier : « Ici ? Maintenant ? Et je fais comment ? »

Max : « Tu te débrouilles ! »

Il pouvait pas se débrouiller comme ça, tout de suite, au pied d’une falaise. Mais il a fait des recherches mon petit bonome. Et surtout, il a bien nettoyé sa mamonite. Avec un pic à escargot, grain par grain, en s’abîmant les mains. Il y a passé des heures… Regarde comme elle est belle cette mamonite maintenant.

Et, pour me faire plaisir, il a cherché, cherché, cherché… qui ça peut-être cette mamonite, ce qui lui a permis de faire une hypothèse. Attention Princesse, c’est qu’une hypothèse. Si un spécialiste dit que c’est une erreur il faudra pas gronder mon bonome ! Selon lui, ce serait Euaspidoceras perarmatum, Aspidoceratidés, Euospidocératinés.

Max : « On a une belle mamonite 🙂 Bravo bonome ! On continue ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! Dispersez-vous et inspectez les galets… »

Max : « Je préfère qu’on reste groupés. Si tu veux bien. »

Le chevalier : « Je veux bien. Mais nous trouverons moins de fossiles en groupe que séparément… »

Max : « Mais on risque moins de perdre un petitours ! On reste groupés ET C’EST PAS NÉGOCIABLE ! »

Samuel : « Cousin Max crie 🙂 »

Léo : « Il s’était un peu calmé ces derniers temps 🙂 »

Samuel : « On retrouve notre Maxou 🙂 »

Max : « Dites donc tous les deux, vous voulez que je vous perde dans les rochers ? »

Samuel : « Non cousin Max. »

Léo : « Ben non. Bonome serait trop triste. Dites, c’est qui ce fossile ? »

Max : « On dirait ton cendrier de bureau bonome 🙂 »

Léo : « C’est vrai ça ! Ton cendrier de bureau est un fossile d’ici ? »

Max : « Quel snob ! Alors monsieur a comme cendrier un fossile de l’Oxfordien des Vaches-Noires datant d’il y a environ 160 millions d’années ! Monsieur peut pas avoir un banal cendrier en plastique comme tout le monde ! »

Léo : « Ben non ! C’est bonome quand même ! »

Le chevalier : « Vous m’avez démasqué 🙂 »

Max : « Bon, celui-ci on l’offrira à tonton Rico. Mais il faut que tu nous dises qui c’est. »

Le chevalier : « Comme ça, sur l’instant je dirais que c’est une gryphée. Probablement Gryphaea dilatata, Gryphéidés. Elle appartient à l’ordre des Ostréidés, c’est à dire des huîtres. »

Max : « Merci bonome. Mets la dans ton sacado. On continue ? »

Le chevalier : « Oui mais écartez-vous un peu tout en restant dans mon champ de vision. »

Max : « Tu veux nous perdre ? »

Le chevalier : « Non, je veux que vous trouviez des fossiles ! »

Léo : « Max, tu peux quand même t’éloigner d’un ou deux mètres ! »

Max : « D’accord. Vous voulez vous débarrasser de moi et bien je m’en fiche. Je vais trouver un beau fossile tout seul ! Hopla ! … Tiens, le voilà mon beau fossile ! Venez voir ! »

Max : « C’est qui bonome ? »

Samuel : « C’est un coquillage triangulaire avec des points dessus. »

Max : « Samuel, ça existe même pas les coquillages. Ce sont des Mollusques. Là ce doit être un bivalve triangulaire. »

Le chevalier : « Exact. C’est bien un bivalve du genre Myophorella. »

Max : « Et l’espèce ? Tu dis pas l’espèce ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. Il y a plusieurs espèces. A vrai dire, je ne sais pas si ce sont des espèces ou des formes particulières d’une même espèce. Mais vous vous doutez que c’est difficile de savoir quand on parle de paléontologie. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Pouvez-vous redonner la définition d’espèce ? »

Léo : « Une espèce est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui peuvent avoir une descendance féconde ! »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Voyez-vous les écueils de cette définition ? »

Samuel : « ‘Qui se ressemblent’ : Ça veut pas dire identique. On sait bien que tous les individus d’une même espèce sont pas absolument identiques. »

Léo : « C’est la variabilité intraspécifique. »

Max : « Je vois l’écueil. Mais tu as dis au pluriel. Il y en a d’autres ? »

Le chevalier : « Oui Max. Au moins un. »

Léo : « Les fossiles sont tout morts ! »

Max : « Évidemment ! C’est la trace d’un individu tout mort, un fossile ! On sait bien qu’ils sont tout morts ! »

Léo : « Ben oui ! Mais du coup comment tu fais pour savoir si ils peuvent avoir une descendance féconde ? »

Max : « Ah oui. C’est un autre écueil. Comment on fait pour savoir si c’est une espèce alors ? »

Le chevalier : « On ne sait pas toujours. Parfois on donne des noms différents à ce qui est peut-être la même espèce, mais comme des millions d’années séparent les échantillons récoltés, on pense que l’évolution a été suffisante pour que la reproduction soit devenue impossible. Ou serait impossible… »

Max : « Je comprends. »

Léo : « Et, si je comprends bien, quelquefois on donne des noms différents à des espèces peut-être différentes, alors que ce sont que deux formes différentes d’une même espèce. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. La notion d’espèce en paléontologie n’est pas tout à fait la même qu’en biologie. »

Max : « Alors on dit que c’est Myophorella sp. C’est quelle famille ? »

Le chevalier : « Ordre des Trigonoidés, famille des Trigonoiidés. Les trigonies ou les myophorella sont des espèces qui vivaient dans les mers chaudes du Jurassique. … Là, il y a un bloc de calcaire qui vient du Coral-Rag de Trouville. Observez attentivement. Il doit y avoir des fossiles à sa surface… »

Samuel : « Il y a ça… »

Léo : « J’ai la même chose ici ! »

Le chevalier : « Max, est-ce que ça te rappelle quelque chose ? »

Max : « Ça devrait ? Mmmmmm… »

Le chevalier : « Nous avons vu des fossiles similaires lors de ta première inspection du Jurassique de Charentmaritimie. »

Max : « Je vois le site. Le Kimméridgien… Qu’avions-nous vu ? … Serait-ce des piquants de zoursin ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. On parle de radioles. Ils appartiennent à une espèce d’oursins de surface : Paracidaris florigemma, Cidaridés. »

Léo : « Dis bonome, il y a des tas de petits fossiles souvent incomplets, dans ce rocher. »

Le chevalier : « Oui, c’est le principe du coral-rag. Ici rag signifie débris. Un coral-rag est une roche constituée de débris de fossiles ayant vécu dans un milieu récifal. »

Léo : « Alors on sait qu’à l’oxfordien moyen, la Normandie était sous les tropiques et qu’elle était couverte d’une mer chaude, peu profonde et peu agitée. »

Max : « Il faudra s’en souvenir quand on racontera l’histoire de la Normandie. Bonome, tu m’écoutes ? »

Le chevalier : « Distraitement. Pardon Maxou. J’ai vu une autre myophorella. Venez. »

Max : « On connaît déjà les myophorella. »

Léo : « Max le prétentieux ! On en a vu pour la première fois il y a moins de 10 minutes ! »

Max : « C’est bien ce que je dis ! On connaît déjà ! »

Le chevalier : « Oui, mais là on voit bien la gangue. Observez la… »

Léo : « Il y a des tout petits grains marron… »

Samuel : « Dans l’argile grise. »

Le chevalier : « Des petits grains marron. Très bien. Des tout petits œufs de pierre riches en fer. »

Léo : « Serait-ce une oolithe ferrugineuse ? »

Le chevalier : « Bravo mon Léo ! Quel sens de la déduction ! C’est bien l’oolithe ferrugineuse de Villers ! Bravo ! »

Léo : « Merci bonome. Oo- comme œuf. -lithe comme roche. Et riche en fer donne ferrugineux. »

Max : « On avait compris ! »

Samuel : « Alors on a vu des fossiles de l’oolithe ferrugineuse de l’Oxfordien inférieur, des calcaires de l’Oxfordien moyen et du coral-rag de au-dessus des calcaires. »

Léo : « En regardant par terre 🙂 »

Max : « Oui, je sais, bonome avait raison. Il a toujours raison ! Qu’est ce qu’il est agaçant ce bonome ! »

Léo : « Il a accumulé de l’expérience au cours de ses 15 milliards d’années d’existence. »

Samuel : « Tu fais pas ton âge chevalier 🙂 »

Léo : « Une autre gryphée ! Prends la bonome, tu auras un autre cendrier de snob 🙂 »

Le chevalier : « Vous trouvez ça snob ? Je l’aime bien mon cendrier de l’Oxfordien. »

Max : « Il te rappelle ta jeunesse 🙂 »

Le chevalier : « Mon petitours, si j’ai réellement 15 milliards d’années comme vous le dites, j’étais déjà très vieux au Jurassique. »

Max : « C’est vrai. Je te l’accorde. »

Samuel : « Et ça ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Une éponge. »

Max : « Une éponge ? »

Le chevalier : « Une éponge 🙂 »

Max : « Tu devrais la prendre pour nettoyer le tableau à la schola 🙂 »

Le chevalier : « Si tu le permets, j’en prendrai une plus petite 🙂 »

Léo : « Tu nous expliques les éponges s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Ce sont les plus simples des animaux pluricellulaires. Ils forment le groupe des Spongiaires. Il me semble que ce groupe est paraphylétique, c’est à dire que toutes les éponges actuelles ne descendent pas d’un ancêtre commun. »

Max : « Alors c’est pas un vrai groupe et les éponges ça existe même pas ! »

Léo : « A chaque fois qu’on aborde un groupe, on commence par apprendre qu’il existe pas… »

Le chevalier : « J’en suis désolé. »

Max : « C’est pas ta faute bonome. »

Le chevalier : « Il existe trois groupes principaux de Spongiaires. Deux sont apparentés. Les éponges siliceuses comprennent les Démosponges et les Hexactinellidés. Comme leur nom l’indique, les éponges siliceuses ont un squelette de silice. Chez les Démosponges ce squelette est constitué de petits éléments, les spicules, à une, trois ou quatre pointes. Des fibres de spongine sont associées à ce squelette. Les éponges de toilette font partie des Démosponges. Les Hexactinellides ont des spicules à 6 pointes. Le troisième groupe est celui des éponges calcaires. Comme le nom l’indique, leur squelette est formé de petits éléments de calcite. Les Spongiaires ont très peu de types de cellules différents. Ce sont des organismes très simples. Mais je n’ai pas envie de détailler plus pour le moment. Nous y reviendrons peut-être. »

Max : « Oui bonome. D’accord bonome. Bon, cette éponge est trop grande. On la prend pas. On continue ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Samuel : « Alors tu peux me dire ce que c’est ce fossile ? »

Le chevalier : « Très intéressant ! C’est un Lopha gregarea, Ordre de Ostréoidés, famille des Ostréidés. »

Léo : « Lopha gegarea comme dans Argiles à Lopha gregarea ? »

Le chevalier : « Absolument ! »

Max : « Alors on a un fossile d’une formation de plus ! Tout ça en regardant par terre ! Bonome, elles sont très bien tes falaises. »

Le chevalier : « Vous étiez moins enthousiastes à notre arrivée. »

Max : « Mais on savait que tu nous ferais aimer ! »

Léo : « On te l’avait dit ! »

Samuel : « Parce qu’on sait que tu es un grand chevalier naturaliste. »

Max : « Le plus grand de tous les chevaliers ! »

Le chevalier : « Merci à vous trois 🙂 »

Samuel : « C’est bien la géologie 🙂 »

Léo : « Oui petit Sam. Et tu es un bon fossileur 🙂 »

Max : « Moi aussi 🙂 Regardez ce que je viens de trouver ! »

Le chevalier : « Belle trouvaille ! »

Max : « On est des bons fossileurs on te dit 🙂 »

Léo : « C’est une coupe dans un Mollusque Gastéropode. On voit d’autres fossiles dispersés dans le calcaire. »

Samuel : « Sur la deuxième foto, en haut à gauche, on voit des petits grains blancs. Serait-ce une oolithe calcaire ? »

Le chevalier : « Le calcaire oolithique de Trouville ? C’est une bonne hypothèse petit Sam. »

Léo : « Mais tu es pas sûr ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… Non. Mais j’aime bien l’hypothèse. De nombreux gastéropodes sont signalés dans cette formation qui renferme un banc de calcaire compact. Hypothèse intéressante petit Sam. Mais je n’oserais pas être affirmatif. »

Max : « Si l’hypothèse était juste, on aurait vu toutes les formations. »

Léo : « Pas les Marnes de Dives du Callovien supérieur ! »

Max : « Ben non mais on va les étudier plus tard ! »

Léo : « On les a donc pas encore vues ! »

Max : « Si monsieur Léo. Tout à l’heure bonome nous les a montrées ! Il fallait suivre ! »

Léo : « On les a vues de loin ! Ça compte pas ! »

Samuel : « Chevalier, les duettistes recommencent leur numéro. »

Le chevalier : « Oui, c’est signe de fatigue. Vous cavalez partout depuis un moment. Il est temps de faire une pause… Je me trouve un bon rocher et on s’installe. »

Max : « Tu vas nous câliner ? »

Le chevalier : « Vous pourrez vous installer sur mes cuisses et, si vous êtes sages, je vous ferai des gratouillis. »

Léo : « On est sages 🙂 »

Max : « Adorables même 🙂 »

Léo : « Les plus gentils de tous les petizours. »

Max : « Des petizours modèles ! »

Le chevalier : « Vous ne seriez pas en train d’exagérer un peu ? »

Max : « Pas du tout ! »

Léo : « C’est absolument vrai si on tient compte de tous les petizours visibles en ce lieu. »

Samuel : « J’en vois pas d’autres que nous. »

Léo : « Nous sommes donc les plus gentils 🙂 »

Le chevalier : « Si je vous gratouille, vous tairez-vous ? »

Max : « Pas sûr… »

Léo : « Mais ça vaut le coup d’essayer 🙂 »

Le chevalier : « Pour un peu de silence… Le cri des goélands… »

Max : « On est bien, là… »

Léo : « De belles falaises du Secondaire pleines de fossiles… »

Max : « Des zoisos… »

Léo : « Des gratouillis… »

Samuel : « Et un grand chevalier… »

Le chevalier : « Il nous manque que le silence 🙂 »

Max : « Ben dis tout de suite qu’on parle trop ! »

Léo : « Fais nous taire ! »

Samuel : « Empêche nous de nous exprimer ! »

Max : « En un mot : brime nous ! »

Le chevalier : « Tu ne vas pas tarder à me menacer d’un rapport à Princesse 🙂 »

Max : « Tu le mériterais ! Motif : maltraitance de petizours ! Et tu irais en prison ! Bien fait ! »

Le chevalier : « Scène désormais classique 🙂 Mes pauvres petizours… Dire que je vous oblige à naturaliser au bord de mer. Je suis vraiment méchant. »

Léo : « Ouiiii 🙂 »

Samuel : « Chevalier, j’ai aperçu quelque chose là-bas. Puis-je aller voir ? »

Le chevalier : « Tu resteras à portée de vue ? »

Samuel : « Oui chevalier. »

Le chevalier : « Alors va voir… »

Léo : « Moi aussi j’ai vu quelque chose. Par là, à portée de vue. J’y vais. »

Max : « Bon, si je veux pas avoir l’air bête, il faut que je trouve un machin aussi. Je vais voir par là. »

Samuel : « chevalier ! Viens voir ! »

Léo : « Bonome ! Tu peux fotoer ici ? »

Max : « Non ! Ici d’abord ! »

Le chevalier : « J’arrive ! Voilà pour ton fossile petit Sam… Léo… Belle trouvaille ! Je fotoe… Maxou… Très intéressant ça ! Bravo mes petizours. »

Max : « Tu nous expliques ? »

Le chevalier : « Nous revenons aux éponges 🙂 Vous avez tous les trois découvert des éponges. Une chacun 🙂 »

Max : « Mais elles sont pas pareilles. »

Le chevalier : « Il y a de très nombreuses espèces d’éponges. »

Léo : « Pour un groupe qui existe même pas… »

Le chevalier : « Oui 🙂 Bon, il est inutile de me demander les noms d’espèces. Ni les groupes… Rien du tout. Observons quand même celle de Samuel. »

Le chevalier : « Vous voyez qu’elle forme des espèces de doigts. La paroi d’une éponge est assez simple. Elle est formée de deux couches de cellules entre lesquelles il n’y a pas de cellules mais des fibres et du liquide. Je suppose, mais ce n’est qu’une supposition, que nous voyons les deux couches cellulaires et l’espace situé entre ces couches. »

Max : « Bonome, elles sont très épaisses les couches cellulaires. »

Le chevalier : « Oui, c’est ce qui me perturbe… Mais bon… Une autre caractéristique des éponges est le choanocytes. Ce sont des cellules particulières. Elles possèdent une collerette encerclant une flagelle grâce à laquelle elle peut attraper des petites particules de matière organique en suspension dans l’eau. Elles digèrent ensuite les particules en les faisant pénétrer à l’intérieur d’elles mêmes. La digestion est donc cellulaire. Il n’y a pas d’appareil digestif. En fait, il n’y a aucun appareil. Il existe des cellules nerveuses mais elles sont dispersées. »

Léo : « C’est donc que deux couches de cellules… C’est très simple, en effet. »

Le chevalier : « Oui. Et les cellules ne sont pas très bien attachées entre elles. Il me semble, mais il faudrait vérifier, que si on séparait les cellules d’une éponge, elles pourraient se réassembler. »

Max : « On la passe au mixer et elle se reforme ? »

Le chevalier : « A peu près 🙂 »

Léo : « et la mienne, d’éponge ? »

Le chevalier : « C’est une éponge en coupe. Je pense que nous avons là le bas de la coupe. Léo, ne m’en veut pas mais je n’ai pas grand-chose à en dire. »

Léo : « Tu peux pas tout savoir bonome. On peut la prendre celle-ci ? »

Le chevalier : « Oui, celles de Max et de Samuel aussi. »

Max : « On va avoir une belle collection d’éponges 🙂 Et la mienne ? Elle t’inspire ? »

Le chevalier : « Je reste dans les hypothèses. D’après la gangue je pense qu’elle vient de la formation dite Glauconie de base qui forme la base du Cénomanien. Et les deux couches grises concentriques seraient les couches cellulaires. »

Max : « Et l’anneau blanc correspondrait à l’espace sans cellules qui se trouve entre les deux. »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « On serait donc en présence d’une éponge en forme de coupe qui daterait du Cénomanien. »

Le chevalier : « Exact. Selon mes hypothèses… »

Samuel : « Ça suffit les éponges ! J’en ai assez moi. »

Léo : « D’accord petit Sam. On s’en fiche de ces cailloux. »

Max : « Bonome, fotoe les quand même s’il te plaît 🙂 »

Samuel : « On continue vers l’ouest ? »

Le chevalier : « Oui, la marée nous le permet. »

Max : « Il y a moins de galets au sol ici. On va plus trouver des fossiles. »

Le chevalier : « Peut-être un peu plus loin… »

Max : « Beaucoup plus loin ! On a des petites pattes, nous. On est pas des échassiers ! »

Le chevalier : « J’ai compris le message 🙂 Grimpez ! »

Max : « Ben quand même… Tu veux nous épuiser ? »

Léo : « Nous user ? »

Le chevalier : « Je veux me débarrasser de vous, tout le monde sait ça 🙂 »

Max : « Tu le reconnais enfin ! »

Le chevalier : « Oui, je l’avoue. Je n’en peux plus de vous. »

Max : « C’est réciproque. »

Le chevalier : « Il nous faut nous séparer. »

Max : « Il n’y a pas d’autre issue. »

Le chevalier : « C’était inéluctable. »

Max : « On y peut plus rien. »

Le chevalier : « C’est mieux comme ça. »

Max : « Il faut l’accepter. »

Samuel (à Léo) : « Il vont continuer longtemps ? »

Léo (à Samuel) : « Je crois qu’aucun des deux ne veut être le premier à s’arrêter… »

Le chevalier : « Je vous rends votre liberté. »

Max : « Personne me rend ma liberté. Je la garde ! »

Le chevalier : « J’en suis fort aise. »

Max : « Pas autant que moi ! »

Samuel (à Léo) : « Bon, on fait quoi ? On intervient ? »

Léo (à Samuel) : « Tu veux pas savoir jusqu’où ils vont aller ? »

Samuel (à Léo) : « Ils sont capables d’y passer l’après-midi. »

Léo : « HÉ ! HO ! LES RIGOLOS ! ALLEZ-VOUS CESSER ? ON A AUTRE CHOSE À FAIRE QUE D’ASSISTER À VOTRE COMBAT D’ORGUEIL ! ALORS VOUS VOUS FAITES UN GROS CÂLIN OU JE VOUS MORDS ET JE VOUS JETTE DANS LA MER ! »

Max : « Pardon bonomou. »

Le chevalier : « C’est moi qui ai commencé. Désolé mon petitours. »

Max : « Il faut reconnaître que je suis pas toujours facile. »

Le chevalier : « Il m’arrive aussi de m’emporter. »

Max : « Uniquement lorsque les bornes dépassent les limites. »

Samuel (à Léo) : « Ils recommencent ? »

Léo (à Samuel) : « Oui, ils sont en forme aujourd’hui 🙂 »

Samuel : « ÇA SUFFIT MAINTENANT ! C’EST PAS TOUS LES JOURS QU’ON EST EN NORMANDIE ALORS ON PERD PAS DE TEMPS À POLISSONNER ! VOUS ÊTES SAGES ET ON INSPECTE ! »

Max (au chevalier) : « Bonome, tu trouves pas que Léo et Samuel sont agressifs aujourd’hui ? »

Le chevalier (à Max) : « Qu’est ce qu’ils ont à crier comme ça ? »

Max (au chevalier) : « Ils ont dû mal dormir. »

Le chevalier (à Max) : « Ils sont ronchons. »

Max (au chevalier) : « Léo nous a même menacés de nous jeter dans la mer ! »

Le chevalier (à Max) : « Je serais curieux de voir ça… »

Samuel (à Léo) : « Viens cousin Léo, on va étudier, nous. »

Léo (à Samuel) : « On a autre chose à faire que de les supporter. »

Samuel (à Léo) : « Tu as vu ces coulées de boue ? »

Léo (à Samuel) : « Quand on pense que ces gros blocs proviennent du haut de la falaise…

Samuel (à Léo) : « Et qu’ils se sont formés dans une mer chaude et peu profonde, située sous les tropiques, il y environ 120 millions d’années. »

Léo (à Samuel) : « Alors que la Normandie était partie se promener sous les tropiques. »

Samuel (à Léo) : « Il n’y avait pas de cousin Max à l’époque. »

Léo (à Samuel) : « Tout était calme et tranquille. »

Max : « Il y avait pas de Léo ni de Samuel ! Bon, on reprend tous ensemble ? »

Samuel : « Ouiiiii ! »

Le chevalier : « Regardez ! Les vaches noires ! »

Max : « C’est à cause de ces roches que ces falaises s’appellent les Vaches-Noires ? »

Le chevalier : « Il me semble que c’est ce secteur, au niveau du chaos d’Auberville, qui est à l’origine du nom des falaises. Là d’où nous venons, il y avait beaucoup moins de rochers éboulés. »

Max : « C’est quand même un drôle de nom pour des falaises. »

Léo : « Elles font combien de longueur ? »

Le chevalier : « Environ 4 km. »

Max : « Tu auras encore beaucoup marché aujourd’hui. »

Le chevalier : « L’aller-retour, les zig-zag… Une dizaine de kilomètres… Le plus fatiguant c’est de m’agenouiller et me relever des centaines de fois pour observer un caillou au sol. »

Léo : « C’est plus facile pour nous ! On est au ras du sol 🙂 »

Le chevalier : « Vous êtes des fa dièses 🙂 »

Max : « Bonome, ô bonomou ! Prince des humoristes ! Splendeur de la blague ! Pourrais-tu nous expliquer ta sapro-blague ? »

Le chevalier : « Le fa dièse est la note la plus proche du sol 😀 »

Max : « Je vois. Les cousins, à mon commandement, rigolez ! »

Les petizours : « Hi hi hi. »

Samuel : « C’est tout la falaise ici. »

Léo : « Et ça ? C’est le sang des falaises ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. L’eau ruisselle, entraîne des particules argileuses et de la matière organique et va enrichir la mer. »

Max : « Bonome, je te propose de faire demi-tour et d’aller étudier les Marnes de Dives du Callovien supérieur. »

Le chevalier : « Moi je veux bien, mais qu’en pensent Samuel et Léo ? »

Samuel et Léo : « On est d’accord ! »

Continuer la promenade

143-1 Les falaises de Vaches-Noires

Jeudi 9 février, An IV

Max : « Bonome, mon bonomou, aurais-tu l’obligeance de nous expliquer un peu où nous sommes ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. Nous sommes au début des célèbres falaises des Vaches-Noires. Elles bordent le Pays d’Auge. »

Max : « Les Vaches-Noires ? On va voir des vaches ? Au bord de la mer ? »

Le chevalier : « Non Maxou, nous n’allons pas voir de vaches. Mais certains blocs éboulés de la falaise se couvrent d’algues brunes quand ils se retrouvent sur l’estran et, vus de la mer, ils ressemblent à des vaches noires. Je vous montrerai ça plus loin… Il me semble d’ailleurs que les falaises des Vaches-Noires se trouvent un peu plus loin. Mais regardez un peu… »

Max : « C’est pas très beau… »

Léo : « C’est un peu chaotique… »

Samuel : « C’est tout effondré… »

Le chevalier : « Quel enthousiasme ! Ça me fait plaisir de vous avoir emmenés ici… Un haut lieu de la géologie et de la paléontologie ! »

Max : « Ronchonne pas bonome. Mais des falaises grises quand le temps est gris… »

Léo : « Avec aucun recul en plus. »

Samuel : « A cause que la mer est haute ! »

Max : « Mais tu vas nous faire aimer. J’en suis sûr. »

Léo : « Quand tu nous auras tout expliqué les falaises. »

Samuel : « Chevalier, nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Par où commencer ? »

Max : « C’était un soir d’été, dans la Grèce Antique… »

Léo : « Max ! Commence pas à te moquer ! »

Samuel : « Et le lance pas sur la Grèce Antique ! Tu as le front tout le tour d’la tête toi ! »

Le chevalier : « Tu crains un long exposé interminable et soporifique, toi aussi mon petit Samuel ? »

Samuel : « J’aime bien t’écouter expliquer chevalier. Mais je suis impatient de fossiler. »

Léo : « Mais avant, tu dois nous raconter un peu ces falaises. »

Le chevalier : « Asseyons nous alors. Bien, je ne débuterai pas l’histoire dans la Grèce Antique mais dans les années 1760-1760. 1767 je pense… Jean-Baptiste Louis Romé de l’Isle (1736-1790) est le premier à s’intéresser à ce site, essentiellement pour les fossiles qu’il renferme. Toutefois les connaissances de l’époque étant assez limitées, ce physicien et minéralogiste de talent peine à interpréter les fossiles qu’il collecte. Il prendra ce qui doit être un plésiosaure pour un cachalot. Vous vous rendez compte ? »

Max : « Bah oui ! Oulala ! Confondre un Plésiosaure et un cachalot ! La honte ! Pfff ! »

Samuel : « Chevalier, c’est quoi un pliosaure ? »

Le chevalier : « Un vertébré Sauropside Diapside. »

Max : « Évidemment ! Tout le monde sait ça voyons ! Bonome, nous fais pas perdre notre temps à raconter des banalités s’il te plaît. »

Samuel : « Cousin Max ironise 🙂 »

Le chevalier : « Disons que ce sont des reptiles marins. Je pense qu’il y a un squelette au musée de paléontologie. Je vous le montrerai. »

Max : « On va aller au musée de paléontologie ? On va voir des dinosaures ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Nous irons au musée. Et nous verrons des dinosaures non-aviens. »

Max : « Des vrais dinosaures ? Rhooo ! »

Samuel : « Cousin Max, tu voles les répliques de cousin Léo 🙂 »

Max : « On va voir des dinosaures ! Rholala ! Des dinosaures ! On y va quand ? »

Le chevalier : « Nous verrons. »

Max : « Bonome, quand je vais graver l’article de cette sortie, on sera déjà allés au musée. Pourrais-je mettre une foto de plésiosaure s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est ton blog Maxou. Tu fais comme tu l’entends. »

Max : « Merci bonome. »

Le chevalier : « Max, les plésiosaures ne sont pas des dinosaures. »

Max : « Pas grave bonome, pas grave ! »

Léo : « La suite s’il te plaît ! »

Le chevalier : « La suite, nous la devons à l’abbé Diquemare, toujours à la fin du 18ème siècle. Il s’intéresse beaucoup aux terrains sédimentaires de Normandie qu’il parcourt sans relâche. La légende dit même qu’un jour, alors que le roi Louis XVI en personne demandait à le voir, on ne put le trouver car il arpentait les falaises littorales. A partir de ses multiples observations, l’abbé ose affirmer que les fossiles ont une origine organique. »

Léo : « Un origine organique ? Ben oui ! Ce sont des restes d’êtres vivants les fossiles. Pourquoi dis-tu que l’Abbé ose l’affirmer ? »

Le chevalier : « Parce qu’à l’époque cela ne va pas de soi ! Certains affirment encore que les fossiles se forment spontanément dans la roche. Ou que ce sont des jeux de la nature, des facéties de Dieu… Ou même des traces du déluge biblique ! »

Max : « Des zoms pensaient tout ça ? »

Le chevalier : « Eh oui ! Mais n’oubliez pas que la pensée évolue. Au 18ème siècle on pense encore que la Terre n’a que quelques milliers d’années… »

Léo : « Elle a 4,5 milliards d’années environ… »

Le chevalier : « Oui, nous le savons maintenant. Bien, revenons à notre abbé. Il affirme donc que les ossements qu’il recueille sont des fossiles. Mais aussi que ce sont des espèces exotiques. On peut supposer qu’il pense que ce sont des espèces disparues mais ça, il ne l’affirme jamais. »

Léo : « Il ose pas ? »

Le chevalier : « Non ! Dans le contexte de l’époque, ce serait sacrilège. N’oublions pas que pour la plupart des gens de l’époque, et l’Église en tête, les espèces ont été créées par Dieu lors de la Genèse. Dire qu’une espèce a disparu, c’est sous-entendre qu’elle n’était pas adaptée et donc que Dieu s’est trompé en la créant ! »

Max : « Au bûcher ! Au bûcher ! »

Le chevalier : « Peut-être plus à cette époque 🙂 »

Léo : « Bonome, il y a une stèle ou quelque chose quelque part en hommage à l’abbé Diquemare ? J’aimerais l’honorer. »

Le chevalier : « Cela t’honore. Nous chercherons… »

Samuel : « Et après ? Il y a qui ? »

Le chevalier : « Jean Léopold Nicolas Frédéric Cuvier, dit Georges Cuvier (1769-1832). »

Max : « Le grand Cuvier ? Il est venu ici ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On va marcher sur les pas du grand Cuvier. Rholala ! »

Samuel : « Cousin Max, pourrais-tu cesser de rholalaer s’il te plaît ? J’écoute moi ! »

Max : « Oui Samuel 🙂 »

Le chevalier : « Le grand Cuvier est venu étudier les crocodiles. »

Max : « On va voir des crocodiles fossiles ? »

Le chevalier : « Il doit y en avoir au musée. »

Max : « J’ai hâte d’y être ! »

Le chevalier : « Nous irons Maxou. C’est promis. Cuvier a attentivement étudié les fossiles de crocodiliens trouvés dans la région et surtout ici. Il a remarqué que certaines espèces n’existaient plus et il en a déduit que les espèces pouvaient disparaître. »

Léo : « Il l’a affirmé, lui ? »

Le chevalier : « Oui, mais cela le perturbait quand même. En effet, si les espèces disparaissent, il risque de n’en plus rester un jour. Cuvier a donc imaginé la théorie des créations successives. Les espèces disparaissent mais Dieu – Cuvier était profondément croyant – les renouvelle régulièrement en réactualisant la Création. Bon, signalons quand même que le grand Cuvier a dit des erreurs. Certaines vertèbres qu’il a attribuées à des crocodiliens sont en réalité celles de dinosaures. Mais les dinosaures n’étaient pas encore connus et le mot lui-même ne fut créé qu’en 1842 par Richard Owen. »

Max : « Si même le grand Cuvier dit des erreurs… »

Samuel : « Tout le monde en dit un jour 🙂 »

Le chevalier : « Bien, à ce moment la position systématique de nombreuses espèces, notamment des vertébrés, est encore floue… »

Max : « Tu vas pas nous faire toute l’histoire des sciences ? »

Le chevalier : « Non, je m’arrête là pour l’histoire de la paléontologie… Passons à la stratigraphie. »

Léo : « Petit Sam, la stratigraphie est l’étude des strates, c’est à dire des couches. »

Samuel : « Merci cousin Léo. »

Max : « Tu vas nous faire toute l’histoire de la stratigraphie ? »

Le chevalier : « Il faudrait débuter avec Nicolas Sténon (1638-1686). Il est l’auteur d’un ouvrage passionnant : le prodrome sur les solides naturellement contenus dans les solides. On peut dire que c’est le fondateur de la sédimentologie. Et il me semble bien qu’il sous-entend que les fossiles ont une origine organique… »

Max : « Bonome, je voudrais pas manquer de respect à ton ami Nicolas Sténon mais tu nous en parleras un autre jour. »

Le chevalier : « Oui Max. Son prodrome est absolument passionnant ! Bon, revenons ici. Avec un anglais cette fois : Henry de la Beche. Il est le premier à comparer les argiles des Vaches-Noires aux Argiles d’Oxford (Oxford-clay). On peut dire qu’il est donc le premier à attribuer les argiles d’ici à l’étage Oxfordien. »

Léo : « C’est l’Oxfordien ici ? »

Samuel : « C’est quand l’Oxfordien ? »

Max : « Au Jurassique supérieur. »

Le chevalier : « Entre 163 et 157 millions d’années avant nos jours. »

Max : « Donc ici c’est l’Oxfordien. »

Le chevalier : « Pas seulement. C’est toujours de la Beche qui découvre que la base des falaises appartient au Callovien supérieur et que le sommet date du Cénomanien. »

Max : « Le Cénomanien ? Mais c’est au Crétacé supérieur ça ! »

Le chevalier : « Oui, le sommet des falaises date bien du Crétacé. »

Léo : « Alors si je résume, on sait depuis de la Beche, que les falaises sont du Callovien supérieur, de l’Oxfordien et du Cénomanien. »

Max : « On va voir tout ça ? »

Le chevalier : « Je vais vous expliquer au fur et à mesure de notre avancée. »

Léo : « Tu as des choses à ajouter ? »

Max : « Léo… Bonome a toujours des choses à ajouter. On va passer la journée assis sur un rocher à l’écouter bavasser… »

Samuel : « Néglige, chevalier. Ajoute des choses 🙂 »

Le chevalier : « 1860 environ. Edmond Hebert (1812-1890) propose une stratigraphie détaillée en 33 horizons. Sa nomenclature est encore utilisée de nos jours. »

Max : « Je suppose qu’un horizon est une fine couche. »

Le chevalier : « Tu supposes bien. »

Max : « Tu connais tous les horizons ? »

Le chevalier : Non Maxou 🙂 J’accélère. Arrivons en 1881 et à Henri Douvillé (1846-1937). Il se fonde sur les ammonites pour établir une subdivision de la falaise. »

Max : « Des mamonites ? On va voir des mamonites ? »

Le chevalier : « Des ammonites Max ! Pas des mamonites ! »

Samuel : « Chevalier, cousin Max le fait exprès ! Il polissonne ! Et plus tu vas le reprendre, plus il dira mamonite 🙂 C’est un plaisantin, cousin Max. »

Léo : « Bonome, tu connais les subdivisions de la falaise ? »

Le chevalier : « Euh… Oui… De bas en haut :

Marnes de Dives (H1 à H5 de Hebert) ; Callovien supérieur.

Marnes de Villers (H6 à H14) ;

Oolithe ferrugineuse de Villers (H15) ;

Argiles à Lopha gregarea (H16)

Calcaires d’Auberville (H17 à H22) ;

Calcaire oolithique de Trouville ;

Coral-rag de Trouville.

Je vous propose de commencer à avancer. Nous étudierons les marnes de Dives à notre retour. »

Max : « Pourquoi que les Marnes de Dives ? Et pourquoi au retour ? »

Le chevalier : « Nous allons longer la falaise. Vous verrez pourquoi. Les Marnes de Dives affleurent sur l’estran. Elles sont donc facilement accessibles, mais quand la marée est basse 🙂 »

Max : « Alors on y va ! »

Léo : « C’est parti ! »

Samuel : « En route ! »

Max : « Euh, bonome, tu as dit que nous allions longer les falaises. On va aller à leurs pieds ? »

Le chevalier : « Pas vraiment. C’est interdit et dangereux. Nous resterons sur l’estran. Regardez un peu… »

Le chevalier : « Ce qu’il y a là, juste devant, ce sont des éboulis. Des coulées de boue… Nous risquerions de nous y enfoncer. Je dois avouer que j’ai essayé d’y aller il y a quelques années. J’ai cru que j’allais y laisser mes chaussures 🙂 »

Léo : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Vous voyez peut-être des fines traînées gris clair. Ce sont des écoulements d’eau chargée en argiles. Là où il passe, l’argile devient très meuble. J’ai posé un pied dans l’une de ces coulées. Il s’est enfoncé jusqu’à la cheville. En essayant de le retirer j’ai appuyé très fort sur l’autre pied qui s’est également enfoncé. J’ai tiré, tiré… Et mon pied est venu. Mais pas ma chaussure 🙂 J’ai eu énormément de mal à la récupérer. »

Léo : « Mais comment tu t’en es tiré ? Tu pouvais pas marcher ! »

Le chevalier : « Il y a toujours une solution mon petitours. La pression du corps est trop importante sur un pied… »

Léo : « Il faut augmenter la surface sur laquelle s’exerce la pression… »

Max : « Bonome ! Non ? Tu as pas fait ça ? »

Samuel : « Fait quoi ? »

Max : « Augmenter la surface ! J’en suis sûr ! Tu t’es mis à plat ventre et tu as rampé ! »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

Max : « Mais tu devais être tout crotté ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 Et je me suis fait très peur. Alors nous n’irons pas au pied de la falaise. Surtout que depuis c’est devenu une ZNIEFF. »

Léo : « Un ZNIEFF ? Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique ? »

Le chevalier : « Oui. La végétation est variée, adaptée aux sols lourds et humides et la faune est très intéressante. »

Max : « Oui mais on s’en fiche ! On veut des mamonites ! »

Le chevalier : « Regardez moi ça… »

Max : « Tu nous expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas facile… Le bas de la falaise que nous voyons est occupé par les Marnes de Villers. Peut-être apercevez-vous une fine couche brune. On la voit mieux dans le piton à droite. C’est l’Oolithe ferrugineuse de Villers. Au dessus il y a les argiles à Lopha gregarea. En blanc ce sont les calcaires d’Auberville… Enfin, si je ne me trompe pas… Prenons un peu de recul… »

Le chevalier : « Vous voyez bien au premier plan la pseudo-terrasse formée par les coulées de boue. Elle est soumise à l’action des vagues. Encore plus en avant il y a les blocs de calcaires durs qui se détachent petit à petit de la terrasse. Ce sont surtout des morceaux du Coral-Rag de Trouville non visible sur la foto. Il est au sommet de la falaise, légèrement en arrière. »

Léo : « Bonome, si j’ai bien compris il y a un épisode marneux en bas de la falaise. Il date du Callovien supérieur et de l’Oxfordien je suppose inférieur. Puis un épisode calcaire au dessus. Et la transition se fait doucement. »

Le chevalier : « Tu comprends bien mon petitours. On parle effectivement de l’Oxfordien inférieur terrigène et de l’Oxfordien moyen carbonaté. Il y a donc un changement progressif de sédimentation. Les apports sédimentaires provenant du continent sont de plus en plus réduits. A la place, des carbonates se forment sur une plate-forme peu profonde. »

Léo : « Pourquoi ça change ? »

Le chevalier : « Léo, tu sais bien qu’il faut étudier dans le détail pour comprendre tout cela. Je ne vais pas tout vous dévoiler tout de suite. »

Léo : « On va enquêter 🙂 »

Samuel : « Elles sont belles ces falaises avec le soleil. »

Max : « Bonome, c’est le calcaire de quoi en blanc ? »

Le chevalier : « Je pense que c’est le calcaire d’Auberville… »

Max : « Et comment on fait pour accéder aux formations du haut de la falaise ? »

Le chevalier : « On regarde par terre 🙂 »

Max : « Toi tu cherches tout en bas pour trouver ce qu’il y a tout en haut ! Ben d’accord ! »

Samuel : « Je sais ! J’ai compris ! »

Max : « Explique moi alors ! »

Samuel : « Les falaises s’effondrent et il y a des coulées. Puis les fossiles se séparent de la roche et s’accumulent en bas. Donc pour trouver les fossiles du haut, on regarde par terre ! »

Léo : « Bravo petit Sam ! »

Max : « Mais comment on sait de quelle couche ils viennent ? »

Le chevalier : « A leur aspect, leur couleur, les morceaux de gangues qui les recouvrent encore… »

Max : « Elles font quelle hauteur ces falaises ? »

Le chevalier : « Je ne trouve plus ma carte mais il me semble que le point côté le plus élevé se trouve non loin de notre cabane à une altitude de 105 mètres. »

Max : « 105 mètres ! Oulala ! Tout ça ! »

Léo : « Et la mer rogne ces falaises, qui reculent inexorablement jusqu’au jour où il en restera rien… »

Le chevalier : « Il me semble qu’en ce moment l’estran s’ensable… »

Max : « Alors partout la mer grignote la côte, mais pas ici ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas partout Maxou. Globalement, la mer gagne du terrain mais il peut arriver que localement la côte soitstable, voire qu’elle avance dans la mer. Rien n’est simple tu sais. »

Max : « On parle, on parle… Et on fossile pas… C’est pas comme ça que je vais trouver des mamonites moi ! »

Le chevalier : « Oui Max. Mais avant de nous y mettre, éloignons nous un peu… Voilà… »

Le chevalier : « Au premier plan, sur l’estran, ce sont les Marnes de Dives, du Callovien supérieur. Nous les examinerons tout à l’heure. Retournons au pied de la pseudo-terrasse… »

Le chevalier : « Voilà… Voyez-vous les gros blocs de calcaires ? »

Max : « Bonome, avons-nous des lunettes noires, des cannes blanches et des chiens ? »

Le chevalier : « 🙂 Ça faisait longtemps 🙂 »

Léo : « Ce sont des blocs du Coral-Rag de Trouville ? »

Le chevalier : « Exact mon petitours. »

Max : « On commence à étudier ? »

Le chevalier : « Oui. Dis Maxou, si je trouve une jolie colonne stratigraphique du lieu, la mettras-tu dans ton blog ? »

Max : « Bien sûr mon bonome. Mais on la commentera pas plus que tu l’as fait 🙂 »

Lithothèque de Normandie

Continuer la promenade

142 – La Normandie (ou presque…)

Mercredi 8 Février, An IV

Le chevalier : « Max ! Léo ! Samuel ! Voulez-vous bien venir ? … Mes petizours ! Mais… Où sont-ils ? MES PETIZOURS ! »

Le chevalier les cherche partout dans la cabane et termine par leur chambre…

Le chevalier : « Vous êtes au lit ? A cette heure ci ? »

Max : « On muche… »

Le chevalier : « Qu’est ce qu’il vous arrive ? »

Léo : « Rien… »

Le chevalier : « Alors que faites-vous au lit ? »

Samuel : « On attend la mort… »

Le chevalier : « A ce point ? »

Max : « Bonome, voudrais-tu nous égorger s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Vous égorger ? Max ! »

Léo : « Pour abréger nos souffrances… »

Samuel : « C’est un geste d’humanité en quelque sorte. »

Le chevalier : « Allez-vous m’expliquer ? Qu’est ce qu’il vous arrive ? »

Max : « Il y a rien à expliquer. »

Léo : « Il nous arrive rien. »

Samuel : « Mais alors rien du tout… »

Le chevalier : « Je commence à comprendre… »

Max : « Tu vas nous égorger alors ? »

Le chevalier : « Non 🙂 »

Léo : « Alors laisse nous… »

Samuel : « Tu fais peur à la mort. Elle va pas venir si tu restes là… »

Max : « Et nous on l’attend… »

Léo : « Faut pas rester là bonome. »

Samuel : « Oust ! »

Le chevalier : « Vous m’agacez ! Ne serait-il pas plus simple de ronchonner parce que nous n’avons pas du tout inspecté depuis les dernières vacances ? »

Max : « Ça changerait quelque chose ? »

Léo : « Tu retournerais dans le temps avec ton Tardis pour nous emmener aux zoisos ? »

Samuel : « Sinon laisse nous… »

Le chevalier : « Max, je te rappelle que nous avions, ou plutôt vous aviez décidé de moins inspecter pour te laisser plus de temps libre pour graver ton blog. »

Max : « Mais bonome ! On est des petizours naturalistes nous ! Qu’est ce qu’on devient si on inspecte pas ? »

Léo : « On devient des riens du tout. »

Samuel : « Et on attend la mort… »

Le chevalier : « Alors si je vous dis de vous préparer… »

Max : « Pfff ! A cette heure ci ? »

Le chevalier : « La grosse pochette. Avec tout votre matériel… »

Léo : « On va en vacances ? »

Samuel : « En Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Nous partons demain. Mais pas en Charentmaritimie… »

Max : « Où ça alors ? »

Le chevalier : « Que diriez-vous d’aller en Normandie ? »

Léo : « En Normandie ? »

Max : « Au pays des mamonites ? »

Samuel : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui, oui et oui 🙂 »

Max : « D’accord bonome ! »

Le chevalier : « Vous n’attendez plus la mort ? »

Max : « Qui attend la mort ? »

Samuel : « Chevalier, quand même ! »

Léo : « Tu vas pas bien dans ta tête toi ! »

Le chevalier : « Je vous préfère comme ça 🙂 Malgré votre mauvaise foi. »

Max : « On a pas un mauvais foie ! »

Samuel : « Il va très bien notre foie ! »

Max : « Il risque rien vu le peu de chocolat que tu nous donnes… »

Le chevalier : « Ah… Je croyais que les peluches n’avait pas d’organes internes… Bon, préparez votre pochette et ce soir il y a soirée fotos, chocolat et gratouillis ! »

Max : « Ouiiii ! »

Léo : « Merci bonome ! »

Samuel : « Chouette alors ! … Euh… Vous avez du sable de Là Où le Soleil se Couche ? J’ai peur de pas réussir à m’endormir ce soir. »

Il s’est trompé notre petit Sam. Il s’est endormi dès les premiers gratouillis 🙂

Voilà Princesse, c’est comme ça que notre bonome nous a annoncé le départ en Normandie. Et, comme dirait Léo : ‘J’ai hâte d’y être !

Deux jours plus tard, le matin…

Max : « Bonome… Bonomou… Tu te réveilles pas ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Ilékéleur ? »

Max : « Il est tôt 🙂 »

Le chevalier : « Alors laisse moi dormir encore un peu… »

Max : « On va pas inspecter ? »

Le chevalier : « Si. En bas de la falaise, là… Mais il faut attendre que la mer baisse. »

Max : « C’est marée haute ? »

Le chevalier : « Oui, pour le moment… »

Max : « Alors il faut pas y aller. Dors encore bonomou. … Dis, il y a des dragons en Normandie ? »

Le chevalier : « Tu continues ta quête ? »

Max : « Ben oui. Je voudrais bien que tu sois plus banni… »

Le chevalier : « Et tu reverrais Princesse 🙂 »

Max : « Oui. Mais tu serais plus banni… A tout à l’heure. Dors bien mon bonome. »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Mes petizours, êtes-vous prêts ? »

Max : « Tu es levé ? »

Léo : « Toi tu es prêt 🙂 »

Samuel : « On y va ? »

Le chevalier : « Dès que vous avez mis vos sacados ! »

Max : « En route pour la falaise aux mamonites ! »

Continuer la promenade

141 – L’hiver…

Samedi 31 Décembre, An III

Le chevalier : « Mes petizours ! »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Que diriez-vous de terminer l’année par une inspection ? »

Max : « Une inspection ? »

Léo : « Aujourd’hui ? »

Max : « Mais il fait tout gris ! »

Le chevalier : « Oui, il fait gris et froid. C’est l’hiver. Vous n’avez pas encore eu l’occasion d’observer ce visage de l’hiver. »

Léo : « C’est vrai ça. »

Max : « Tu veux nous présenter l’hiver ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Les cousins, qu’en pensez-vous ? »

Léo : « Moi je suis d’accord. »

Samuel : « Ben moi aussi. On va voir l’hiver 🙂 »

Max : « Tabernak rho la chance ! »

Léo : « Max, tu commences pas ! »

Samuel : « Cousin Max polissonne 🙂 »

Max : « Bonomou, tes petizours acceptent ta proposition à l’unanimité d’eux-mêmes. Mais… on va où ? »

Le chevalier : « Je pensais au Royaume des Grèbes. »

Léo : « D’accord ! C’est un bel endroit pour rencontrer l’hiver. »

Max : « Alors en route ! »

Au Royaume des Grèbes…

Max : « Oulala ! Qu’est ce qu’il fait froid ! »

Léo : « Ben oui Maxou, c’est l’hiver 🙂 »

Le chevalier : « La température est négative. Il doit faire trois ou quatre degrés en-dessous de zéro… »

Samuel : « Heureusement que vous avez des pantalons. »

Léo : « Toi tu as une salopette mais c’est pas très chaud en haut… Tu as pas froid petit Sam ? »

Samuel : « Un peu… Mais c’est pas grave. C’est normal d’avoir froid l’hiver. Le chevalier aussi a froid et il dit rien. »

Max : « Il y a un merle ! Au même endroit que la dernière fois ! »

Samuel : « Turdus merula, Turdidés. Il est sur une aubépine du genre Crataegus de la famille des Rosacées. »

Léo : « Bravo Samuel ! »

Samuel : « Le chevalier nous l’a expliqué quand on avait vu le merle. Même qu’il y avait un mâle et une femelle. Ils sont pas pareils et on parle de dimorphisme sexuel. »

Max : « Il mérite vraiment son sacado ce petitours blanc. »

Samuel : « Il faut que je sois à la hauteur, moi. Je fais partie de l’équipe des petizours naturalistes du chevalier maintenant. »

Max : « Au service de Princesse ! »

Léo : « C’est tout gris… »

Max : « Les arbres sont couverts de glace. Ça les embête pas ? »

Le chevalier : « Quelquefois les branches s’alourdissent. Parfois de plusieurs dizaines de kilogrammes… Mais si vous observez bien les branches principales, celles qui s’alourdissent le plus, elles sont généralement légèrement courbées, en arc tourné vers le haut. Cette forme leur donne une certaine élasticité et, le plus souvent, elles résistent à la surcharge. Toutefois, il arrive que certaines se brisent. »

Max : « Mais les arbres ont pas froid ? »

Le chevalier : « Difficile à dire… Ils ne gèlent pas. »

Léo : « Bonome, il me semble que les arbres ont de la sève. C’est liquide la sève. Elle gèle jamais ? »

Le chevalier : « Il y a effectivement de la sève. La sève brute est un mélange d’eau et de sels minéraux. En simplifiant un peu, on peut dire que c’est l’eau qui est absorbée par les racines. Elle doit monter dans tout l’arbre. Cette sève, appelée sève brute, circule dans un système de tuyaux appelé xylème. Il y a également la sève élaborée qui contient des sucres et autres substances organiques. Ces substances sont formées dans les feuilles à partir d’eau et de dioxyde de carbone prélevé par les feuilles dans l’air. »

Léo : « C’est ça la photosynthèse ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo 🙂 Tu aimes les formules chimiques il me semble. »

Léo : « Ouiiiii. J’aime bien quand on fait la chimie. Tu vas faire ? »

Le chevalier : « On parle plutôt de biochimie dans ce cas. Je peux essayer, en faisant simple afin de ne pas m’attirer les foudres de mon petit Max 🙂 »

Max : « Tu me prends pour Zeus ? »

Léo : « On s’en fiche de la mythologie grecque. Fais la biochimie bonome. »

Le chevalier : « La formule chimique de l’eau est H20, celle du dioxyde de carbone est CO2. Dans les feuilles, et grâce à l’énergie lumineuse, l’eau et le dioxyde de carbone se combinent pour former un sucre appelé glucose.

6CO2 + 6H20 C6H12O6 + 6O2 »

Léo : « O2 c’est le dioxygène. Qu’est ce qu’il devient ce dioxygène ? »

Le chevalier : « Les plantes le rejettent. »

Léo : « Mais… Normalement les êtres vivants prélèvent du dioxygène pour respirer ! »

Max : « Et ils rejettent du dioxyde de carbone. »

Samuel : « Tu as dit l’inverse chevalier ! »

Le chevalier : « J’ai parlé de la photosynthèse ! Lors de la photosynthèse, les plantes prélèvent du dioxyde de carbone et de l’eau pour fabriquer du glucose et elles rejettent du dioxygène. Lors de leur respiration, elles utilisent le glucose qu’elles oxydent grâce au dioxygène. Cela fournit de l’énergie et produit du dioxyde de carbone et de l’eau. »

Léo : « Si je comprends bien, la photosynthèse et la respiration, c’est pareil mais pas dans le même sens. »

Max : « Donc c’est pas pareil ! »

Léo : « Mais les équations sont les mêmes, mais pas dans le même sens ! »

Le chevalier : « Vous avez raison tous les deux, et donc tort tous les deux. Les mécanismes sont très complexes mais on peut dire que c’est la même équation globale dans un sens ou dans l’autre. Toutefois, si on fait le bilan, les plantes produisent légèrement plus de dioxygène qu’elles en prélèvent. »

Léo : « Elles enrichissent donc l’air en dioxygène. »

Max : « Et sans elles on pourrait pas respirer. »

Samuel : « Ben, nous on est des peluches. On respire même pas 🙂 »

Léo : « 🙂 Bonome, tu as pas dit les vaisseaux de la sève élaborée. »

Max : « Et tu as pas répondu à ma question ! »

Le chevalier : « J’étais en train de le faire Maxou. La sève élaborée circule dans le phloème. Mais comme il n’y a pas de feuilles en hiver, il n’y a pas de circulation de sève. Elle est stockée dans les racines. Les vaisseaux se vident et donc la sève ne gèle pas. De toutes façons, la sève est trop riche en sels minéraux ou en sucre pour geler. »

Max : « D’accord. Merci bonome, tu as mis moins de 20 minutes pour répondre à ma question. Tu progresses ! Si si ! Oulala ! Et tu as presque pas utilisé de mots compliqués que personne connaît à part toi. »

Samuel : « On sait maintenant que les arbres craignent pas trop le froid. Encore ouf sinon cousin Max aurait demandé qu’on leur tricote des habits 🙂 »

Léo : « 😀 Et vlan ! »

Max : « Ben oui ! Je prends soin de la nature moi ! »

Léo : « Oui Maxou. Bon, on va voir les zoisos ? »

Max : « Oui ! Allez bonome ! Cavale ! »

A l’observatoire…

Max : « C’est presque tout gelé… »

Léo : « Sauf là… »

Samuel : « Les zoisos sont obligés de se concentrer… »

Max : « Il y a pas de cygne qui fait le brise-glace aujourd’hui… »

Léo : « Le héron ! »

Max : « Bien joué bonome ! J’en attendais pas moins de toi. »

Léo : « Pourtant, avec si peu de lumière, c’est pas facile. Il faut un long temps de pause et pour un sujet en mouvement… Pas facile de cadrer en plus… »

Max : « Tu vois Samuel, ça c’est notre Léo. Il a jamais ouvert un livre de fotos mais il connaît tout : le vocabulaire, la technique… »

Léo : « Si tu dis que c’est parce que je suis autiste je te ploufe ! »

Samuel : « Un autiste dirait pas ça… »

Max : « C’est quand même pas normal… »

Léo : « Hé ! Toi, le petitours à casquette, tu arrêtes maintenant ou je te renvoie au château de ta Princesse adorée ! Et en te bottant les fesses en plus ! »

Max : « Bonome, tu entends ça ? Léo me menace ! Je vais le dire à Princesse ! »

Léo : « Cafteur ! »

Samuel : « Chevalier, ils recommencent à se chamailler. On les laisse faire ? Viens, on observe les zoisos tous les deux. »

Léo : « Moi aussi je veux voir les zoisos. »

Max : « Ben moi aussi ! Si Léo me ploufe pas… Je peux m’approcher ? »

Léo : « Tu peux. Si tu dis plus des bêtises. »

Samuel : « Cousin Léo, sois pas si sévère ! Que va dire cousin Max si tu lui interdis de dire des bêtises ? »

Le chevalier : « Et vlan ! »

Samuel : « C’est vrai qu’on s’ennuie pas avec vous 🙂 »

Léo : « 🙂 Bon, on observe ? »

Samuel : « Qu’est ce que tu vois cousin Léo ? »

Léo : « Tu pourrais reconnaître tout le monde petit Sam. »

Samuel : « J’aime bien quand tu nous dis. »

Max : « Et moi, non ? »

Samuel : « Toi, je préfère tes interventions spontanées 🙂 C’est souvent pertinent et original. Et rigolo 🙂 »

Max : « Tout à fait ! Je suis pertinent et original moi. Et on rigole bien avec moi. C’est évident 🙂 Bon, Léo, nous t’écoutons. »

Léo : « C’est pas juste ! C’est toujours moi qui ai interro. Les autres sont même pas interrogés et après je vais avoir faux et bonome va plus m’aimer et je vais me retrouver tout seul… »

Max : « Léo ! Cesse immédiatement de me parodier ! Ça fait très longtemps que j’ai plus fait ça en plus ! »

Samuel : « Vous vous arrêtez jamais ? »

Le chevalier : « Parfois ils dorment 🙂 »

Samuel : « Tu sais que je les ai déjà vus faire la bagarre pour de rire pendant leur sommeil ? »

Le chevalier : « Alors qu’ils dormaient ? »

Samuel : « Oui oui ! Et plusieurs fois ! »

Léo : « C’est vrai ? »

Samuel : « Ben oui ! J’invente pas moi. »

Max : « On fait la bagarre quand on dort ? »

Samuel : « Ça c’est produit au moins trois fois depuis mon arrivée. »

Max : « Et c’est moi qui gagne ? »

Léo : « T’es trop bête ! »

Samuel : « Cousin Léo, tu nous dis les zoisos s’il te plaît ? »

Léo : « Oui petit Sam. Bon, il y a des mouettes qui rigolent. On voit une jeunette avec son bec orange. C’est son premier hiver et elle doit être bien étonnée d’avoir aussi froid. De dos, en noir, c’est une foulque macroule, Ralida atra, Rallidés. Il y a des chipeaux aussi. Un mâle et deux femelles. Et sur la seconde foto, on voit un mâle milouin qui sort de l’eau. »

Samuel : « Cousin Léo, je peux pas te mettre une bonne note. Tu as pas donné les noms en scientifique et les familles. Ça va pas du tout ça ! Je sais même pas si tu mérites la moyenne. »

Max : « Petit Sam, nous t’écoutons. »

Samuel : « D’accord ! Mouette qui rigole : Chroicocephalus ridibundus, Laridés. Canards chipeau : Anas strepera, Anatidés. Fuligule milouin : Aythya… Aythya… Je sais plus ! »

Max : « Aythya jeçéplu ? Je connaissais pas. C’est la famille des jeçépahidés ? »

Léo : « Aythya ferina, Anatidés. »

Max : « Bon, ben la moyenne va pas être terrible… »

Le chevalier : « Ce n’est pas noté 🙂 On continue ? »

Max : « On continue ! Mais on se poche. Il fait trop froid pour nos petites pattes. »

Léo : « Il nous faudrait des chaussettes 🙂 »

Bonome nous a réchauffés dans sa main, puis on s’est faufilés dans sa poche avec juste la tête qui dépassait. Et il a cheminé sur les chemins. On a pas vu de zanimos et c’est pas du tout la saison de la botanique. Mais c’était bien quand même. C’est beau l’hiver quand le givre se dépose partout. Sur les toiles d’araignées, les plantes… Il y a une forme de calme et de sérénité qui flotte dans l’air… Bonome a fait quelques fotos que j’aime bien. Et monsieur Vivaldi a écrit une très belle œuvre sur l’hiver. Un concerto en trois parties. Le mouvement du milieu raconte bien le calme de l’hiver. Alors, Princesse, je te propose de lancer la musique et de regarder lentement les fotos, en rêvassant. C’est mieux si tu lis cet article l’hiver. Il faut couper le chauffage et ouvrir la fenêtre. Si c’est l’été, va mettre les pieds dans le réfrigérateur. Ça te mettra dans l’ambiance 🙂 On se retrouve au faucon…

Max : « Tiens, notre faucon habituel… »

Léo : « On le voit souvent ici. »

Max : « Il doit habiter pas loin. »

Léo : « Bonome, tu sais où se trouve son nid ? »

Le chevalier : « Comment le saurais-je ? »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Max… »

Max : « Demande-lui en zoiso ! »

Samuel : « Max, il me semble que c’est toi qui m’as dit que les zoisos nous répondent jamais. »

Max : « Nous non, parce qu’on parle pas le zoiso. Mais bonome sait leur parler… »

Samuel : « Bonjour gentil faucon. Tu vas bien ? »

Léo : « Il nous regarde 🙂 »

Max : « Un jour, il est venu tout près, juste là. »

Léo : « Là, il est parti… »

Max : « Ben oui, il pouvait pas rester là, à papoter avec nous. »

Léo : « On va à l’autre observatoire ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! »

Léo : « On va peut-être voir de beaux zoisos 🙂 »

Max : « Ou du rien du tout… Pour le moment, on a pas vu grand-chose. Vous avez vu des grèbes vous ? »

Léo : « Non. Ni grébu, ni grébou… »

Max : « Pas de grèbes au Royaume des Grèbes… »

Samuel : « Taisez-vous un peu ! On arrive ! »

Léo : « C’est beau le tout gris… »

Max : « Ici l’étang est pas gelé… »

Samuel : « Chevalier, tu connais les fruits rouges qui sont juste là ? »

Le chevalier : « Non 🙂 A ma grande honte je ne me souviens plus à quoi ressemblent les feuilles et les fleurs de cet arbuste. Je sais qu’il me gêne souvent pour observer ou fotoer les zoisos mais je n’ai jamais pensé à l’observer. C’est peut-être une viorne, genre Viburnum, famille des Adoxacées. Les fruits des viornes restent jusque l’hiver… »

Max : « Ce sont des apports d’énergie pour les zoisos alors… Vous avez vu les Anatidés ? »

Léo : « Ben oui ! »

Samuel : « On les connaît bien 🙂 »

Max : « Alors interro pour Samuel ! »

Léo : « Mais à la fin il nous ennuie ! »

Samuel : « Il fanfaronne ! »

Léo : « Personne ne va donc lui répondre ? »

Samuel : « Personne ? Attendez… Je vais lui lancer un de ces traits ! »

Le chevalier : « Ah !? Vous aussi ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 On a trouvé ton livre secret que tu cites discrètement le plus souvent possible 🙂 »

Samuel : « On a beaucoup aimé. »

Léo : « Quel personnage ! »

Samuel : « Et quel nez ! »

Léo : « On s’est dit que tu lui ressemblais un peu. Tu devrais écrire la tirade des oreilles 🙂 »

Le chevalier : « Vous pensez ? »

Léo : « Tu devrais essayer 🙂 »

Le chevalier : « Je n’ai pas assez d’imagination… Mais si vous y arrivez, je la publie dans le blog de Max. »

Max : « Qu’est ce que vous racontez tous les trois ? »

Léo : « On t’expliquera Maxou. Bon, on s’occupe un peu des Anatidés ? »

Samuel : « Oui ! Chevalier, il faut fotoer ! »

Max : « Commence par les milouins. Il y a monsieur et madame juste là… »

Léo : « Et là un monsieur milouin qui ploufe ! »

Max : « Ils ont pas froid les canards ? »

Léo : « Max, tu sais bien que leurs plumes sont imperméables et qu’elles emprisonnent de l’air. L’air diffuse mal la chaleur ou le froid. L’air se réchauffe au contact de leur corps et le froid arrive pas jusqu’à leur peau. Il ont un peu froid aux pattes. C’est par là qu’ils perdent de la chaleur. Et c’est pour ça qu’ils dorment sur une patte. L’autre est toute repliée dans les plumes pour la réchauffer. »

Max : « On pourrait leur faire des bottes en caoutchouc… »

Samuel : « J’en étais sûr ! Je savais que cousin Max allait proposer une solution 🙂 »

Léo : « Il va faire un rapport à Princesse 🙂 »

Max : « J’en ai assez que vous vous moquiez de moi ! A deux contre un en plus ! C’est pas gentil ! J’essaye juste de bien faire ma mission et d’aider les zanimos… »

Léo : « Maxou, sois pas triste ! C’est pour de rire ! Tu sais bien que les zoisos sont adaptés à leur milieu. Ils survivraient pas sinon. Regarde un peu ces canards. Ils vont très bien ! Nous on serait tout gelés mais pas eux. »

Samuel : « On va plus te moquer cousin Max. »

Le chevalier : « Viens ici mon petitours. »

Max : « Oui bonome. Fais moi un câlin s’il te plaît. »

Le chevalier : « Pauvre Maxou… »

Samuel : « Là, il y a une madame milouin… »

Léo : « Et là un monsieur morillon avec madame… »

Max : « Juste sous l’observatoire il y a un monsieur sarcelle d’hiver… »

Samuel : « Les canards sont copains entre eux 🙂 »

Léo : « Oui, il y en a souvent plusieurs espèces côte à côte. Ils mangent pas tout à fait au même endroits. Les ploufeurs vont à des profondeurs différentes. Les non ploufeurs sont pas en compétition avec les ploufeurs… Et les canards sont pas spécialisés en nourriture. Ils mangent un peu tout ce qu’ils trouvent. »

Max : « On a quand même pas vu beaucoup de zoisos… »

Samuel : « Non, mais on a vu l’hiver gris. »

Léo : « Le gel… »

Samuel : « La glace… »

Max : « C’est vrai que c’est beau l’hiver. Mais j’ai froid aux pattes. »

Samuel : « Et à la truffe. »

Le chevalier : « Voulez-vous que nous rentrions ? »

Max : « Les zoisos sont cachés bonome. »

Léo : « On va pas beaucoup en voir. »

Samuel : « On pourrait rentrer doucement. »

Le chevalier : « D’accord. Pochez-vous confortablement. »

Max : « Et chaudement 🙂 »

Samuel : « Oh ! Regardez rougegorge ! »

Max : « Il s’est transformé en boule de plumes ! »

Léo : « Il gonfle ses plumes pour emprisonner de l’air et garder sa chaleur. »

Max : « Léo, tu as toujours une explication à donner toi. C’est toi qui devrais être guide en zoisos. »

Léo : « Moi ? Non non, je suis pas guide moi. »

Samuel : « Cousin Léo est trop timide. Il oserait pas. Cousin Max, tu connais bien les zoisos aussi toi, peut-être un tout petit moins que cousin Léo. Tu seras un bon guide. Savant, précis et rigolo 🙂 »

Max : « Pfff… Toutes façons on sera jamais guides nous… »

Léo : « Il fait de plus en plus gris… »

Max : « Et de plus en plus froid… »

Le chevalier : « J’ai compris. On rentre… »

Bonome a cheminé sur les chemins, un tout petit peu plus vite que d’habitude. Mais il regardait partout quand même. Et il fotoait l’hiver… Je sais pas si il avait pas froid ou si il s’en fichait d’avoir froid. A un moment il nous a demandé : ‘Vous ne trouvez pas que c’est vivifiant tout cet air frais ?’ C’est mon bonome ça 🙂 Princesse, je te remets quelques fotos. Et un peu de musique de monsieur Vivaldi encore… En chemin, on a vu un patapon. Un zoiso gris dans l’hiver gris 🙂 Et, avant de partir, on a revu le merle.

Voilà Princesse. J’espère que ça t’a plu l’hiver. Nous on a beaucoup aimé. Mais en rentrant on est allés directement au lit pour nous réchauffer. On a muché. Bonome a travaillé un peu puis il est venu avec nous, nous raconter une belle histoire.

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

184 – C’est encore Noël !

Après Noël de l’An IV, en janvier de l’an V

Le chevalier : « Mes petizours, voulez-vous bien venir ? »

Max : « On arrive ! »

Léo : « On est là ! »

Max : « On a rien fait bonome ! Il faut pas nous gronder ! C’est pas nous ! »

Le chevalier : « Auriez-vous fait des bêtises en mon absence ? »

Max : « Pas du tout ! »

Léo : « On s’est chamaillés un peu 🙂 »

Samuel : « On a fait la bagarre pour de rire 🙂 »

Léo : « Et on a chahuté. »

Samuel : « Mais on a pas fait des bêtises. »

Le chevalier : « Vous avez fait les juvéniles. »

Max : « Bonome, on est des juvéniles 🙂 »

Léo : « On a étudié aussi. Et Max a avancé dans son blog. »

Samuel : « On l’a aidé un peu. »

Max : « Et on a bien rigolé 🙂 »

Samuel : « Cousin Max t’a imité, quand tu prends ton regard sévère, comme ça. »

Léo : « Et il a imité ta grosse voix 🙂 »

Le chevalier : « Je vois. Vous avez donc passé une bonne journée. »

Max : « Oui bonome. Mais tu voulais pas nous parler ? »

Le chevalier : « Si. Enfin, pas vraiment… J’ai quelque chose pour vous. Poussez-vous un peu et fermez les yeux… Voilà, vous pouvez regarder… »

Léo : « C’est un cadeau ? Mais c’est passé Noël ! »

Max : « C’est pour nous ? Ça va pas rentrer dans la chambre ça… »

Samuel : « Qu’est ce que c’est ? »

Le chevalier : « Attendez, j’enlève le film de protection… C’est fait… »

Max : « Oulalaaaaaaa ! »

Léo : « Rhooooo… »

Samuel : « Chevalier, je crois que cousin Max et cousin Léo se sont évanouis 🙂 Poum Max ! Poum Léo ! »

Le chevalier : « Il me semble bien 🙂 »

Samuel : « On les réveille ? »

Le chevalier : « Oui. Gratouillis-thérapie. Tu t’occupes de Léo ? »

Samuel : « Oui chevalier. Léééooooo… Léééoooo… »

Le chevalier : « Maxou… Mon petitours… »

Max : « Mmmmmm… »

Léo : « Mmmmmm aussi… »

Samuel : « Vous vous remettez ? »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Maxou ? »

Max : « Bonome, c’est nous ça ! »

Le chevalier : « Oui c’est vous. »

Max : « Il est magnifique ce tableau ! »

Samuel : « Tu as un peu d’embonpoint sur ce tableau 🙂 Tu manges trop de chocolat cousin Max 🙂 »

Léo : « C’est pas toi qui as fait ça bonome ! C’est un professionnel ! »

Le chevalier : « Une. Elle est douée non ? »

Max : « Oh ben oui alors ! Rholala ! »

Léo : « Et c’est pour nous ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Tu vas l’exposer dans ta chambre. Au dessus du morceau de muséum qu’il y a là. Oulala ! »

Léo : « Rhoooo… »

Samuel : « Chevalier, tes duettistes devraient travailler un peu leurs dialogues 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Allez prendre la pose devant ce magnifique tableau, que je vous immortalise. »

Quelques jours plus tard…

Le chevalier : « Bonjour Max. Tu travailles ? »

Max : « Mmmmm… Oui, attends un peu… Je charge les fotos pour mon blog… »

Max « Voilà ! Bonome, que puis-je faire pour toi ? »

Le chevalier : « C’était la rentrée aujourd’hui. »

Max : « Oui oui. Ça c’est bien passé ? »

Le chevalier : « Très bien, merci. C’est la première fois que je revoyais les élèves depuis Noël et il se trouve que certains m’ont demandé de te transmettre quelques cadeaux… »

Max : « Des cadeaux ? Pour Moi ? Rhooo la chance ! Montre bonome ! »

Le chevalier : « Les voici… »

Max : « Un cadeau de la part d’Anastasia ! Et des chocolats ! C’est qui les chocolats ? »

Le chevalier : « Yasmine. »

Max : « Yasmine de 6ème ? Tu les remercieras bonome… Non ! Je vais venir à la schola pour les remercier de vive voix. Viens, on va rejoindre Samuel et Léo pour ouvrir mon cadeau. Ils sont dans la chambre pour étudier. »

Max : « Léo ! Sam ! Regardez ! J’ai eu un cadeau ! »

Léo : « Rhooo la chance ! Ouvre le ! »

Max : « Un réveil ! Chouette alors ! On va le mettre dans la chambre ! Un réveil bleu, spécialement pour moi. C’est gentil ça 🙂 »

Léo : « Il va encore falloir pousser les murs 🙂 »

Samuel : « Cousin Max, tu auras plus d’excuses pour expliquer tes retards ! »

Max : « Mais je suis pas en retard moi ! Qui a dit que j’étais en retard ? »

Le chevalier : « Personne Maxou. Petit Sam te taquine. Léo, Sam, Max a également eu une boite de chocolats. En voulez-vous ? »

Samuel et Léo : « Ouiiiii ! »

Max : « Attendez ! Bonome, on a eu un œuf aussi. Tu pourrais nous fotoer avec notre bel œuf. Comme ça je pourrai faire un deuxième article de Noël. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Je vais le chercher. »

Tu vois Princesse, on a été gâtés cette année. On a eu plein de beaux cadeaux. Mais bonome en a pas eu lui… Tu as eu des beaux cadeaux toi ?

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

140-2 Les Royaumes des Passereaux, des Chevaliers et Au revoir la mer…

Mardi 27 Décembre, An III (suite)

Bonjour Princesse, c’est Max 🙂 J’espère que l’article de Samuel t’a plu. Il est bien son article. Moi j’en ai assez d’être en retard dans mon blog. Je travaille, je travaille… et j’avance pas. J’aimerais bien arriver à la Normandie. Parce que bonome nous a emmenés en Normandie voir les mamonites 🙂 On est gâtés comme petizours 🙂 Mais avant ça, il faut que je termine les vacances en Charentmaritimie. Il y a quelques belles fotos que je voudrais te montrer. Pour gagner du temps, je vais faire comme Samuel. Pas de dialogue cette fois encore. Des fotos un peu commentées et c’est tout. Il faut pas m’en vouloir Princesse. Le plus important est que bonome fasse bien sa mission. On a bien inspecté. Tu peux dormir tranquillement 🙂

Après être allés sur l’Île Où On Va à Pieds, on a décidé d’aller au Petit Royaume des Passereaux. Ce Royaume est un petit chemin qui serpente entre des arbres et des arbustes…

On y voit pas beaucoup de zoisos… Des passereaux surtout. Mais les passereaux sont toujours difficiles à fotoer. Là, bonome a réussi un pinson des arbres, Fringilla coelebs, Fringillidés.

Et puis on a vu ça…

Mais on sait pas ce que c’est. Léo a fait des recherches et il a rien trouvé. Il a demandé l’aide de bonome qui sait pas non plus. On a découvert qu’il existe des guêpes potières. Ce sont des Hyménoptères et plus précisément des Euménidés. Mais leurs nids sont plus petits et ils ont une ouverture évasée. Là, on a pas vu d’ouverture… Et puis c’est bien trop grand pour être un nid d’Euminidés… Léo a décidé de continuer à enquêter. Si un jour on trouve, on t’informera Princesse.

Bon, comme on voyait pas de zoisos, on était très contrariés tous les trois. Bonome, lui, s’en fichait. Il est toujours content d’être dans la nature. Mais voyant nos mines déconfites, il nous a proposé de faire un petit détour par le Royaume des Chevaliers. Après tout, il est qu’à une lieue d’ici. Tu imagines notre joie Princesse 🙂 Même si on y va souvent dans ce Royaume, on l’aime quand même.

C’est un courlis cendré qui nous a accueillis.

Le courlis cendré s’appelle Numenius arquata. C’est le plus grand des Scolopacidés. Son long bec lui permet d’aller chercher des vers dans la vase de l’estran ou dans la boue des marais.

Ensuite on a vu des sarcelles d’hiver, Anas crecca, Anatidés. Tu vas dire qu’on en voit souvent et que c’est plus intéressant les sarcelles d’hiver. Mais là, il y en avait beaucoup 🙂 Regarde un peu ça…

Un peu plus loin il y avait des Anatidés tout mélangés : des tadornes, des colverts, des sarcelles d’hiver et des canards siffleurs, Anas pennelope. Ils viennent jamais tout près les canards siffleurs. Ils sont pas gentils… Pour les reconnaître, c’est pas difficile. Ils ont la tête rouge.

Après, on a vu un pouillot. Et on a déprimé à cause qu’on connaît toujours pas les pouillots et que peut-être on les mélange avec les hypolaïs.

Mais Samuel a dit qu’on s’en fichait parce que c’était un beau zoiso quelque soit son espèce.

Puis deux cygnes tuberculés sont passés en reconnaissance au-dessus de nous.

Tu as déjà entendu des cygnes passer au-dessus de toi Princesse ? C’est très impressionnant, oulala ! C’est le bruit qui est le plus surprenant. Le cygne tuberculé est pas un zoiso discret quand il vole. Non non ! Comme on avait les truffes en l’air, on a aperçu un busard des roseaux, Circus aeroginosus, Accipitridés.

On le reconnaît bien maintenant. Tu te souviens de nos débuts ? On connaissait rien du tout aux rapaces. A part le faucon crécerelle. Même bonome avait du mal à distinguer les buses des busards ou des milans noirs. Maintenant, on fait la différence au premier coup d’œil. Ils sont pas pareils ces rapaces.

Tiens, puisqu’on parle de faucon crécerelle…

Bon, les fotos sont moins belles que celles de l’article précédent mais quand même. On voit bien que les plumes de la queue sont rayées. On peut dire que c’est une femelle. Bonome, quand il voit un faucon crécerelle en train de muloter, il peut pas s’empêcher de le fotoer. On a des centaines de fotos de faucon crécerelle en train de muloter 🙂

Bon, tu vas dire que jusque là, il se passe rien d’extraordinaire, que j’aurais pu me dispenser de graver cet article. Mais c’est parce que tu as pas encore levé la tête. Regarde ça Princesse…

Samuel et moi avons eu du mal à identifier ces zoisos. Léo, lui, en a perdu sa mâchoire. Quand on les avait vus au Royaume des Paons, il avait dit qu’il aimerait voir un vol migratoire. Il l’a vu son vol migratoire de grues cendrées mon Léo. Et ça m’a fait bien plaisir. Ben oui, ce sont bien des grues cendrées, Grus grus, Gruidés. Léo était ravi, même si elles ont fait que passer les grues cendrées.

Il y en avait que cinq. Cinq bonnes raison de rholalaer pour mon Léo. ‘Rholala, des grues cendrées… Rhoooo… Des grues cendrées…’ Même Samuel s’est moqué de lui 🙂

On était même pas encore tout au bout du Royaume mais j’ai proposé à bonome de rentrer. Après une telle surprise c’était plus la peine de se fatiguer. Je l’aime bien mon bonome Princesse. C’est un peu grâce à toi que je partage sa vie maintenant. Et comme je l’aime bien, je veux pas l’épuiser tout de suite. Il peut encore servir. Au retour, on a juste vu un chevalier arlequin, Tringa erythropus, Scolopacidés.

On a pas vu beaucoup de chevaliers pendant ce séjour… Je crois même que c’est la première foto de chevalier de la série d’articles… C’est comme ça au Pays des Zoisos…

Et puis d’un coup, on a été entourés de zoisos ! Il y en avait partout autour de nous, des dizaines de zoisos… Bonome a dégainé son appareil et a fotoé plus vite que son ombre…

Bon, d’accord, cette fois les fotos sont vraiment pas terribles. Mais ce sont nos zoisos gardiens ! Les chardonnerets rigolos, Carduelis carduelis, Fringillidés. C’est la première fois qu’ils viennent nous voir par dizaines, comme ça, d’un coup. Ils sont sûrement venus nous dire au revoir. Parce que c’est notre dernier jour en Charentmaritimie. Demain matin, à l’aube, on retourne chez nous. Et bonome va se remettre à travailler…

Max : « Bonome, on rentre demain. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Si on rentre demain on va passer dire au revoir à la mer. »

Le chevalier : « Cela fait partie des rituels 🙂 Où voulez-vous aller ? »

Léo : « En face de l’Île s’il te plaît. »

Samuel : « Oh oui ! S’il te plaît. »

Max : « Bonome, tu as ta réponse 🙂 On y va ? »

Le chevalier : « On y va mes petizours 🙂 »

On s’est pochés pour la chevauchée, mais en laissant dépasser nos truffes. Au cas où… Léo regardait toujours en l’air et d’un coup sa mâchoire s’est décrochée. Du coup moi aussi j’ai regardé en l’air. Et j’ai compris. J’ai crié pour avertir bonome qui a fait un arrêt d’urgence.

Encore des grues cendrées 🙂 Là, il y en a eu plus de cinq. Léo en croyait pas ses yeux. Des dizaines de grues cendrées. Peut-être même des centaines ! Samuel a applaudi en criant ‘Bravo les grues, bravo !’ 🙂

En octobre, on voit des grues cendrées pour la première fois dans un parc ornithologique. Léo exprime son désir de voir des vols migratoires. Deux mois plus tard on voit des dizaines et des dizaines de grues cendrées lors d’un vol migratoire. On est les petizours les plus chanceux du monde 🙂 En plus, on les voit la veille du départ. La chance ! Déjà qu’on a vu un hibou des marais, un renard, un bruant jaune… Maintenant des grues cendrées… Tout ça de zoisos !

On a regardé les grues partir. Elle ont fait un virage par là, puis par là… Elles avaient pas l’air de savoir où elles allaient ces grues cendrées. Ce serait plus simple pour elles d’aller tout droit ! Peut-être qu’elles cherchaient un endroit où se reposer. Je sais pas combien de temps peuvent voler les grues cendrées sans se poser. Je t’ai déjà expliqué brièvement Princesse. Certains zoisos volent quelques heures et se reposent un jour ou deux. D’autres zoisos volent pendant des milliers de kilomètres avant de faire une pause de plusieurs semaines…

Ensuite on a repris la chevauchée, la tête dépassant de la poche de bonome. On regardait pas du bon côté quand il a fait un autre arrêt, alors on a pas compris. Puis on l’a vu, lui…

C’est un goéland cendré, Larus canus. Les goélands cendrés ont la réputation de pas se laisser fotoer facilement. Lui il devait pas être au courant 🙂 Pendant qu’on observait ce beau goéland, Samuel ronchonnait parce qu’on regardait pas au bon endroit ! Il avait vu un autre zoiso 🙂

C’est une grive musicienne, Turdus philomelos, Turdidés. Bonome a ronchonné parce qu’elle restait toujours dans la petite ombre d’un poteau. Mais c’est normal. A l’ombre, la terre est plus humide donc plus meuble. Et c’est plus facile de capturer des insectes à l’ombre. Elle est pas bête cette grive 🙂 On est restés là un petit moment. Bonome fotoait le goéland, puis la grive, puis le goéland… Ces deux zoisos avaient pas du tout l’air d’être incommodés par notre présence. Léo regardait en l’air régulièrement. Mais je peux déjà te dire qu’on a pas revu de grues.

Léo : « On va voir la mer ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Nous y allons. »

Léo : « Mon petitours… Merci mon bonome 🙂 »

Max : « Pour une fois on va voir l’eau à la mer 🙂 »

Léo : « La marée est haute ? »

Le chevalier : « Elle monte. Je ne sais pas où elle en est. »

Max : « La Passe aux Bœufs est peut-être déjà recouverte. »

Samuel : « On voit jamais l’eau de la mer. Quand on y va c’est toujours marée basse. »

Max : « Petit Sam, on sait pas nager nous. Alors c’est mieux si il y a pas d’eau dans la mer. »

Léo : « On arrive. »

Max : « Oulala ! La mer monte ! La Passe aux Bœufs est plus visible ! Bonome, il faut pas descendre sur l’estran. »

Le chevalier : « Non Maxou, nous resterons sur la digue. »

Max : « Tu la descends pas s’il te plaît. Ça te réussit pas de descendre une digue le dernier jour 🙂 »

Le chevalier : « Je suppose que je vais avoir droit à ce genre de remarque jusqu’à la fin des temps. »

Max : « Et même après 🙂 »

Samuel : « Il y a des bernaches cravants. Elles sont belles ces bernaches. Chevalier, tu veux bien les fotoer s’il te plaît ? »

Max : « Fotoe bonome ! »

Léo : « Oh ! Elles marchent au pas ! »

Max : « Le pas de l’oie 🙂 »

Samuel : « Elles s’en vont… »

Max : « Peut-être que c’est aussi leur dernier jour en Charentmaritimie. »

Léo : « Elles, elles restent toujours au bord de mer. Elles sont inféodées aux estrans, lagunes et marais littoraux. »

Max : « Bonome, je t’ai jamais dit mais on est des bernaches cravants nous. On doit rester toujours ici. »

Le chevalier : « Toi, tu es une bernache ? »

Max : « Ben oui. Tu savais pas ? »

Le chevalier : « Tu as des ailes et les pattes noires. »

Max : « Des ailes d’ange 🙂 »

Samuel : « Cousin Max est prêt à tout pour rester ici 🙂 »

Léo : « Maxou, je te comprends mais quand même, dire que tu es une bernache… »

Samuel : « Le chevalier est ni aveugle ni fou dans sa tête. Il sait bien que tu es pas une bernache. »

Léo : « Tu es son petitours. »

Max : « Je vous ferai remarquer que j’essaye de prolonger notre séjour. Vous pourriez m’aider un peu. »

Léo : « Tu veux qu’on se laisse pousser les ailes ? »

Samuel : « Et le bec ? »

Le chevalier : « Et si nous allions un peu plus loin, le long du Grand Fleuve d’Ici ? »

Max : « On peut pocher ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Venez là que je vous aide… »

J’aime bien quand bonome a pas envie de rentrer et qu’il flâne en bord de mer. Bon, là, c’était au bord du fleuve qu’il a flâné. Enfin, je sais pas bien si c’est la mer ou le fleuve ici. C’est bizarre les estuaires. L’eau douce et l’eau de mer s’y mélangent. Le fleuve coule mais il subit l’influence de la marée. On a qu’à dire qu’on a flâné le long de l’estuaire. En avançant par là, on a aperçu des zoisos.

Ce furent d’abord des bécasseaux.

Mais à cette distance on a pas réussi à les identifier. Mais on s’en fichait. On profitait de la nature en ouvrant tous nos sens. Samuel nous a prévenus pour les tadornes.

Tu te doutes que Léo a tout de suite vu l’avocette élégante et la barge. Rien n’échappe à notre Léo 🙂 En fait, des avocettes élégantes, il y en avait beaucoup plus un peu plus loin. Avec des bécasseaux.

Comme tu peux voir, le soleil était déjà bas sur l’horizon et comme il y avait pas des nuages, les couleurs étaient très belles. Bonome est allé s’asseoir sur un rocher et il a posé ses appareils. Alors on est sortis de la poche pour aller nous installer sur ses genoux. Il nous a gratté le front distraitement. Il était dans sa tête mon bonome. Je sais pas ce qu’il fait quand il va dans sa tête. Je crois bien qu’il parcourt l’univers et le temps, tout en étant assis sur un rocher au bord du Grand Fleuve d’Ici. Peut-être que nous aussi, un jour, on pourra aller dans nos têtes. Léo et Samuel regardaient plus du tout les zoisos. Ils se sont allongés pour profiter des gratouillis en ronronnant. Moi, je surveillais bonome, pour être sûr qu’il revienne de dans sa tête. J’étais un peu inquiet. J’ai peur, qu’un jour, il y reste coincé. Ou qu’il veuille plus revenir. Mais là, je me suis inquiété pour rien. Il a de nouveau fixé les zoisos. Il avait l’air un peu intrigué. Puis il a pris son appareil et s’est préparé à fotoer. Comme si il savait… Il a juste eu à appuyer pour déclencher une rafale…

Princesse, tu as pas vu la scène mais je suis convaincu qu’il savait que les zoisos allaient s’envoler. Je sais pas comment il a fait. Il est comme ça mon bonome. Il peut prévoir les zoisos.

Moi j’ai compris qu’il était temps qu’on parte nous aussi. L’envol des zoisos était le signal de notre propre départ alors, à regrets, j’ai sorti mes cousins de leurs rêveries. Bonome s’est approché de l’eau.

Au revoir la mer et prends soin de tes zoisos.

Continuer la promenade