Mardi 13 Juin après-midi, An IV
Princesse, il me faut terminer le compte-rendu de la sortie de la schola en Bourgogne. Un bien beau voyage… L’après-midi du second jour nous sommes allés visiter une carrière souterraine. Je vais donc t’expliquer les carrières souterraines. Mais rapidement. J’ai déjà beaucoup gravé pour cette sortie de la schola. Et puis, après, je voudrais expliquer pourquoi ce voyage était vraiment très bien. Et j’ai peur d’être un peu long en raison de ma bonomisation 🙂
Commençons par la carrière souterraine. Souvent, on pense qu’une exploitation souterraine est une mine et que les carrières sont à ciel ouvert. Mais c’est pas vrai. Une carrière c’est pour l’exploitation de matériaux de construction : le calcaire, le granit, la meulière… (Quand c’est une pierre de construction le granit prend pas de e à la fin. Et c’est pas souvent le granite au sens des géologues.) Les mines c’est plutôt pour les minerais. Et normalement, tout le monde peut exploiter une carrière. Si il y a du calcaire sous ton jardin, tu peux l’exploiter. Alors que les minerais, pendant longtemps, il y avait que l’Etat qui pouvait les exploiter. Ou alors il donnait une autorisation spéciale parce qu’il avait pas envie d’exploiter le minerai lui même, l’Etat. Mais bon, c’est compliqué tout ça.
Là, c’était une carrière de calcaire. Je t’ai déjà présenté le calcaire. Si si ! En Bretagne ! Le calcaire est constitué de reste de coquilles de petites algues microscopiques qui fabriquent du calcaire. Il me semble que je t’ai déjà montré ces restes d’algues appelées coccolithes. C’est très beau. Tiens, je remets l’image.
En chimie, le calcaire s’appelle le carbonate de calcium (CaCO3). En fait, il faudrait l’appeler la calcite. Ou l’aragonite. Ça dépend du système cristallin. Mais on s’en fiche. Disons que c’est de la calcite et hopla ! Tiens, si on en profitait pour réviser les échelles ! Le carbonate de calcium c’est un assemblage d’atomes. On appelle ça une molécule. La taille des molécules est de l’ordre de l’angström c’est à dire 0,0000000001 m. En scientifique on dit 10-10 mètres. C’est tout petit ! Bien plus petit qu’un petitours ! Les algues microscopiques se mesurent en micromètres c’est à dire en 0,000001 m ou 10-6 mètres. C’est beaucoup plus grand mais c’est encore minuscule. Par contre, les couches de calcaire se mesurent en mètres ou en centaines de mètres. Ce qui fait beaucoup de petizours oulala ! On peut en déduire qu’il a fallu vraiment beaucoup de petites algues pour faire tout ça de calcaire ! Et il y a des couches qui recouvrent presque toute l’Europe de l’Ouest ! Sur des centaines de mètres d’épaisseur ! Eh oui ! Mais en géologie, on a le temps. La petite algue vit peut-être quelques semaines ou quelques mois mais son espèce peut vivre des millions d’années… C’est ça qui est compliqué en géologie. Appréhender le temps… Mais bon. On a pas fait la géologie en fait. Et on a pas fait de recherches non plus. Du coup, on sait pas de quand datent les calcaires de cette carrière. Peut-être du Jurassique, peut-être du Crétacé… Et si je te la montrais cette carrière ?
Moi, j’ai bien aimé la carrière. Même si les caractéristiques physiques de cet environnement sont un peu difficiles à supporter : 80 % d’humidité et une température de 12°C. Bonome, lui, appréciait la fraîcheur du lieu. ‘C’est vivifiant’ disait-il ! Bon, sur les parois on voit la trace des blocs qui ont été extraits. C’est pas facile d’extraire un bloc de calcaire. La gentille guide nous a tout expliqué mais bonome disait des bêtises pour faire rigoler sa gentille collègue et on a pas bien suivi. Mais on a bien rigolé 🙂
C’est ici que nous aurions dû avoir toutes les explications.
Sur ces fotos on voit tous les outils des carriers de l’ancien temps. Il y a les scies et la barre en métal portée par un trépied et la lampe. C’est tout. Rien d’autre. Au moins à l’ancien temps. Avec la barre en métal les carriers faisaient un sillon dans la roche. Puis un autre. Et ensuite il faisaient une encoche à la base.
Mais je me souviens plus comment ils décollaient le bloc de la paroi. Sûrement avec la barre de métal. Ils devaient mettre de la paille à l’endroit où allait tomber le bloc. Pour pas qu’il se casse en tombant. Et après ils sciaient le bloc avec les scies. Ici, le calcaire est pas très dur. Il se raye avec l’ongle. Alors c’est pas trop difficile de le scier. Puis ils signaient les petits blocs et ils le transportaient avec des chars à bras. C’était important de signer les pierres parce que les carriers étaient des tâcherons. C’est à dire qu’ils étaient payés à la tâche, au nombre de pierres… Après toutes ces explications on s’est promenés dans la carrière.
Par endroit il y a 25 mètres du sol au plafond. Ça fait beaucoup. Des fois, les carriers ont signé leur passage, mis des petits mots pour les générations futures… Et puis il y a des chefs-d’œuvre un peu partout. Le chef-d’œuvre est le travail d’un compagnon tailleur de pierre. Le compagnonnage est une vieille tradition. Ça remonte au Moyen-Âge. Dans les chantiers, comme ceux des châteaux-forts ou des cathédrales, il y avait toujours des maîtres. Ils formaient des apprentis qui devenaient compagnons quand leur formation était accomplie. Mais pour montrer qu’ils étaient vraiment bien formés, les compagnons devaient réaliser un tour de France et accomplir un chef-d’œuvre. C’est seulement après ça qu’ils étaient vraiment reconnus. Les Compagnons du Tour de France existent encore. Dans des tas de spécialités. Bonome dit qu’un ancien élève de la schola a fait une formation de plombier chez les compagnons du Tour de France. Les compagnons sont toujours de très bons ouvriers. Si un jour tu as des travaux à faire dans ton château, je te conseille de faire appel à eux Princesse. En plus, ils peuvent pas faire des mauvais tours aux gens parce qu’ils engageraient la réputation de tous les compagnons. Et les autres seraient pas du tout contents. En Allemagne, il y a aussi des compagnons. Parce que c’est une vieille tradition partout en Europe. Les compagnons allemands portaient une boucle d’oreille distinctive autrefois. Eh bien quand l’un deux faisait pas bien son travail ou qu’il arnaquait un client, les autres lui arrachaient sa boucle d’oreille. Et il était plus compagnon.
Comme chef-d’œuvre, on a vu un bel escalier. Il est installé là mais il peut être démonté et remonté où on veut. Bonome l’a mal fotoé alors je te le montre pas. Mais il y avait un petit détail qui nous a pas échappé 🙂
C’est un escargot 🙂 Parce que la carrière est en Bourgogne et qu’en Bourgogne il y a beaucoup des escargots. Princesse la foto est pas à l’envers. Cet escargot se promène au plafond de l’escalier.
Puis il y a une décoration sur une paroi. Regarde.
C’est un trilobe comme il y en a dans les cathédrales. C’est pour montrer la continuité du travail des compagnons tailleurs de pierre. Le savoir-faire se transmet de génération en génération. Plus personne veut des trilobes dans sa maison mais il faut continuer à savoir les faire. Au moins pour restaurer les anciennes constructions. Et puis pour pas perdre le savoir-faire. Ce trilobe a des décorations. Au centre, il y a les instruments des tailleurs de pierres : le compas, l’équerre et le fil à plomb. Il y a aussi le marteau à grains d’orge, la truelle et un autre instrument que je reconnais pas. C’est peut-être un ciseau… En haut il y a la tête de Bacchus. Bacchus c’est son nom romain. En grékancien il s’appelle Dionysos et c’est le dieu de la végétation et en particulier de la vigne et du vin. Bonome, qui est très cultivé et qui peut pas s’empêcher de le montrer, nous dit que le culte de Dionysos a fortement contribué au développement de la tragédie et de l’art lyrique. Pour insister sur la vigne et le vin, les sculpteurs ont réalisé une grappe de raisin. Elle est en bas à gauche. A droite, il y a livre ouvert. Mais on pas réussi à lire ce qu’il est écrit dessus. Alors on sait pas ce qu’il représente. Ils sont forts les sculpteurs oulala ! Mais ce sont aussi de petits plaisantins 🙂 Si tu cherches bien, tu verras qu’ils ont aussi sculpté une paire de fesses 🙂 Et un tonneau et des verres. Bonome dit que ce genre de sculpture est très fréquent dans les cathédrales. Mais elles sont souvent en hauteur, là où personne, ou presque, les voit. Dans l’art roman c’était très fréquent. Même à faible hauteur. Il y a un mot pour ça : les indecencia ou impudica, quelque chose comme ça. C’est en rapport avec la tunique de peau et le péché. Mais c’est compliqué à expliquer. D’après bonome, à la Grande Église de Meaux, il y a un petit archer caché en hauteur qui vise la maison du chanoine qui gérait les comptes de la fabrique. Les sculpteurs avaient demandé une augmentation de salaire au chanoine, qui l’a refusée. Alors ils se sont vengés en mettant ce petit archer. Quand je te disais que les sculpteurs étaient de petits plaisantins 🙂
Dans la carrière il y a d’autres chefs-d’œuvre. Je t’en montre que deux mais il y en a beaucoup d’autres. J’espère que les autres compagnons vont pas être jaloux.
Après la visite, il y a eu le meilleur moment ! Les élèves ont participé à un atelier de tailleur de pierre. Ils ont tous eu un bloc de calcaire tendre, un maillet et un ciseau et ils ont dû dégager un écusson et graver leurs initiales dedans. Bonome et sa gentille collègue ont travaillé tous les deux. Et moi je l’ai fait aussi ! Regarde moi Princesse ! Je suis un petitours tailleur de pierre 🙂
Les élèves ont beaucoup aimé cet atelier. Bon, ils sont pas tous doués pareils, tu t’en doutes. Bonome aime beaucoup ce genre d’atelier parce ceux qui réussissent sont pas toujours les bons élèves. Il dit que ça les valorise. Ils voient qu’ils sont capables de réussir quelque chose. Parce qu’il y a pas que l’école dans la vie. C’est important de réussir à l’école. Mais on peut être heureux et devenir quelqu’un de bien même si on est pas un bon élève. Enfin, il faut pas trop que je dise ça parce que tout le monde comprend pas ce discours.
Voilà pour la carrière. J’ai réussi à faire bref 🙂
Il me reste plus qu’à faire la conclusion de tous ces articles, pour expliquer pourquoi ce voyage était très intéressant et intelligemment construit. Mais je crois que tu as déjà compris Princesse.
Reprenons un peu. Nous avons vu : un château de seigneur en cours de construction par des artisans, une cathédrale et une carrière. Et tout ça se situe à peu près à la même époque. Je dis à peu près parce que le château date du début du 13ème siècle. La cathédrale a été commencée avant mais elle était encore en construction au 13ème siècle. Et la carrière est beaucoup plus récente mais les techniques n’avaient pas beaucoup évolué. Il y a donc une unité de temps dans ce voyage. Pendant deux jours nous étions en 1248, en plein Moyen-Âge.
Et, au Moyen-Âge, il y avait trois grandes catégories de personnes. On dit des ordres : ceux qui travaillent, ceux qui se battent et ceux qui prient. Laboratores, bellatores et oratores. C’est du latin médiéval. Tu as compris Princesse. On a pu observer la marque de ces trois ordres. Le seigneur du château se battait. Dans la cathédrale il y avait les prêtres qui priaient et, dans la carrière et les ateliers du château ceux qui travaillaient.
Laboratores : ceux qui travaillent…
Ils forment la plus grande partie de la population. Il y a les paysans. Certains sont attachés à la terre. Pas attachés en vrai avec une corde. Ben non ! Mais ils appartiennent à la terre. Si tu achètes le terrain, tu as les paysans avec ! Sans supplément de prix. Ces paysans attachés à la terre sont appelés les serfs. Comme les terres appartiennent aux seigneurs, les serfs appartiennent aussi aux seigneurs. Ils peuvent pas déménager. Je crois qu’ils peuvent même pas se marier sans l’autorisation du seigneur. Puis il y a les paysans libres. On les appelle les vilains mais ils sont pas forcément vilains. Non non ! J’ai pas dit, mais les paysans sont ceux qui travaillent la terre. Ils labourent, sèment, récoltent… ils élèvent des zanimos : des poules, des cochons, des vaches… Ils vivent dans des petites maisons, souvent d’une seule pièce, et avec les zanimos. Ce sont pas des grandes exploitations comme maintenant. Les maisons des paysans sont groupées en petits villages. On devrait plutôt dire des hameaux. La vie des paysans était très dure. A certaines périodes une personne de quarante ans était rare. On vivait pas si vieux. Il y avait des famines, des disettes… Et il y avait pas la médecine. Alors on mourait jeune. J’ai lu que vers 1100, l’espérance de vie dépassait à peine 30 ans ! Et puis on était estropié à cause d’une fracture mal remise. On perdait ses dents très tôt. On avait le visage grêlé en raison des maladies… C’était pas tout facile la vie.
En plus des paysans, il y avait les artisans. Les charpentiers, les maçons, les boulangers, les bouchers, les minotiers… En général, ils étaient un peu plus riches alors ils mangeaient mieux. Leurs maisons étaient un peu plus confortables. Mais pas beaucoup quand même.
Dans les villes, il y avait des marchands, des commerçants, des taverniers…
Tout ça c’est le petit peuple qui travaille qui essaie de survivre plus ou moins bien.
Mais tous ces gens étaient menacés en cas de guerre. Et c’est là qu’interviennent les seigneurs.
Bellatores, ceux qui se battent…
On pourrait dire : ‘ceux qui protègent’. Mais ils protègent pas toujours puisque parfois ce sont eux qui agressent les autres villages. Bon, disons qu’il y avait que quelques méchants. Les autres seigneurs devaient protéger ceux qui travaillent. Leurs serfs, mais aussi les vilains. C’est pour ça que les châteaux sont devenus de plus en plus grands. C’était pour accueillir les travailleurs lors des guerres. Les travailleurs allaient se réfugier dans le château et le seigneur devait les protéger. C’était le contrat. En échange, les paysans travaillaient pour lui. Soit comme serfs, soit en payant des impôts et en faisant les corvées. Les corvées sont des travaux obligatoires à faire pour le seigneur sans être payé. Curer les douves, travailler sur les terres du seigneur…
Le seigneur avait intérêt à être gentil avec ses paysans. Comme ça ils travaillaient mieux, se nourrissaient mieux et payaient plus d’impôts. Mais tous les seigneurs faisaient pas ça. Il y en a qui opprimaient les pauvres. C’étaient de mauvais seigneurs. Parce que j’ai oublié de le dire, mais les seigneurs sont des chevaliers. Pas des chevaliers Scolopacidés ! Des chevaliers comme bonome ! Et, un bon chevalier doit protéger au nom du Christ. Il doit protéger tout le monde : le pauvre, la veuve, l’orphelin… Alors un seigneur qui opprimait ses paysans était forcément un mauvais seigneur. Mais il y en a eu. Et trop !
Moi, il y a quelque chose que je comprends pas. Si les seigneurs étaient là pour protéger les pauvres, pourquoi il y avait des guerres ?
C’est pas juste parce qu’il y avait de mauvais seigneurs… Selon Léo, c’est parce que les seigneurs étaient formés à se battre. Et quand ils se battaient pas ils s’ennuyaient et ils allaient faire la guerre. ‘Tiens, j’ai rien à faire en ce moment. Et si j’allais envahir le château du voisin. La rumeur dit qu’il a pas été gentil avec un de ses paysans. J’ai qu’à dire que je guerroie pour le punir de cette injustice et hopla ! Oui ! Allons un peu lui montrer notre respect à coups de hache et de masse d’arme ! On en profitera pour le voler et violer quelques paysannes. Qu’est ce qu’on va s’amuser ! ’ Je crois bien que Léo a raison.
Oratores, ceux qui prient…
Avec tout ça, il fallait bien que quelqu’un s’occupe du salut de ces pauvres chrétiens et de tout le monde sur terre. Entre ceux qui étaient opprimés, ceux qui mourraient de faim, ceux qui se faisaient massacrer et ceux qui massacraient… Il y avait du travail pour toute une armée de clercs. On appelle clerc tout membre de l’Église. (Brindille tient à préciser que tous les chrétiens sont membres de l’Église. Elle a raison mais elle m’embête. Ici, les membres de l’église sont ceux qui appartiennent au clergé). Il y a les prêtres, les curés, les abbés, les moines, les moniales, les diacres, les chanoines… Eux leur travail était de prier pour le salut des pécheurs. A temps plein. Ils pouvaient pas cultiver la terre alors ils levaient des impôts. On appelait ça la dîme. Ça veut dire que les paysans payaient des impôts au seigneur et au clergé. Des fois, quand il leur restait quelque chose, ils pouvaient manger un peu. Sinon ils mouraient de faim mais c’était pas grave puisque le clergé priait pour qu’ils aillent au paradis. Ils l’avaient bien mérité le paradis ! N’empêche que le clergé insistait quand même sur la menace de l’enfer. Mais bon…
Le clergé c’est comme pour les seigneurs : il y avait de bons clercs et de moins bons. Les bons se dirent que c’était pas bien de tuer des gens. Ils ont bien réfléchi avant de le dire. Alors que dans les dix commandements il est écrit : ‘Tu ne tueras point !’ Mais, avant, ils avaient pas dû lire ce passage. Du coup, quand ils l’ont découvert, ils ont décidé qu’il fallait plus se battre le dimanche, le jour de la messe et de la résurrection de Jésus. Ils instaurèrent la Paix de Dieu. Et ils virent que cela était bon. Alors les seigneurs furent d’accord parce qu’ils étaient des bons chrétiens. Les clercs dirent : ‘Oui, mais le samedi, le Christ était au tombeau. Et on peut pas se battre quand le Christ est au tombeau.’ Les seigneurs furent d’accord parce qu’ils étaient de bons chrétiens. Alors les clercs dirent : ‘Ben oui, mais le vendredi est le jour de la mort du Christ. Vous allez pas vous battre le jour de la mort du Christ quand même ! ’ Les seigneurs furent d’accord parce qu’ils étaient de bons chrétiens. Alors les clercs dirent : ‘Dites, le jeudi, Jésus a instauré l’eucharistie ! Vous trouvez pas que c’est un peu sacrilège de se battre le jour de l’institution de l’eucharistie ?’ Les seigneurs opinèrent car ils étaient de bons chrétiens. Et ils arrêtèrent de se battre du mercredi au coucher du soleil au lundi au lever du soleil. Les clercs appelèrent cette pause la trêve de Dieu. Et ils virent que cela était bon. Mais un jour un seigneur dit : ‘Dites les gars, c’est bien beau la trêve de Dieu mais nous on est là pour se battre ! Bellatores et tout ça ! Alors quand même, du lundi matin au mercredi soir c’est un peu court pour fracasser des crânes et violer des paysannes ! Si ça continue, on va passer notre temps à manger et on va grossir ! Et comme on est pas très futés, à force, on va devenir des gros cons !’ Les autres dirent : ‘Ben oui ! Quand même !’ Ce qui prouve leur manque d’éloquence et d’érudition, autant dire leur indigence intellectuelle ! Alors les clercs eurent une idée ! ‘Il est pas bon de tuer des chrétiens ! Par contre, il y a plein de sarrasins par là-bas ! En plus ils vivent autour du tombeau du Christ. Alors si vous pouvez ni vous empêcher de manger, ni vous empêcher de fracasser des crânes à coups de hache, allez donc massacrer les sarrasins. On dira que vous êtes en mission pour libérer le tombeau du Christ et ça vous fera maigrir. On appellera ça une croisade et vos péchés vous seront remis.’ Alors les chevaliers partirent en croisade, car ils étaient de bons chrétiens. Les pauvres partirent aussi et moururent encore plus jeunes. Mais avec la promesse d’aller au paradis. Et les clercs furent contents car il y avait moins de guerre en terre chrétienne. La guerre avait lieu là-bas. Mais les relations entre les sarrasins et les chrétiens étaient quand même bonnes. Bon d’accord, on raconte que, lors de certaines batailles les combattants pataugeaient dans le sang jusqu’aux chevilles mais c’était fait dans le respect et l’estime mutuels. L’expérience fut enrichissante pour les deux civilisations. Enfin, surtout pour les chrétiens. Parce que les sarrasins avaient traduit les auteurs grecs anciens. Et ils avaient fait des mathématiques et de la médecine. Du coup, en rentrant, les chrétiens emportèrent des livres, des mathématiciens et des médecins. L’Europe redécouvrit Aristote ! Elle importa les chiffres dits arabes. Selon bonome, les chiffres arabes sont en fait indiens. Ils viennent d’Inde. Les arabes les ont importés chez eux et comme les chrétiens les ont trouvés dans les pays arabes, ils les ont nommés chiffres arabes. Ces chiffres sont beaucoup plus pratiques que les chiffres romains pour faire des calculs. Je t’assure Princesse. Et les arabes ont inventé un chiffre en plus ! Le zéro ! Et ça, c’est une grande invention ! D’ailleurs, le mot chiffre vient de l’arabe zifr qui veut dire zéro. Et ils ont inventé des tas d’autres choses comme l’algèbre, les algorithmes…
Puis, avec le temps, la mode des croisades est passée…
Mais je crois que je me suis encore égaré dans mes explications.
Reprenons le bilan de cette sortie : une unité de temps et la présentation des trois ordres de la société féodale. On pourrait dire bien d’autres choses encore… La découverte de l’art gothique… Ou le travail de la pierre, travail d’artisans qui sert à construire les châteaux et les églises…
Je voudrais terminer par ce travail de la pierre justement. Tu te souviens que les élèves ont terminé le séjour par un atelier de sculpture. Je te remets la foto de détail de la façade de la Grande Église d’Auxerre.
Peut-être apprécieras-tu ce travail à sa juste valeur maintenant.
En conclusion, on peut dire que c’était un très beau voyage 🙂
« Qui que tu sois, si tu veux exalter l’honneur des portes, n’admire ni la dépense ni l’or mais le travail de l’œuvre. L’œuvre noble brille, mais l’œuvre qui brille dans sa noblesse devrait illuminer les esprits afin qu’ils aillent à travers la vraie lumière où le Christ est la vraie porte. Ce que la vraie lumière est à l’intérieur, la porte dorée le détermine ainsi : l’esprit engourdi s’élève vers le vrai à travers les choses matérielles et, plongé dans l’abîme, à la vue de la lumière, il ressurgit. »
Suger, inscription sur la porte de la cathédrale de saint-Denis
« Notre esprit est si faible que ce n’est qu’au travers les réalités sensibles qu’il s’élève jusqu’au vrai. »
Denis l’Aréopagite
Bonjour Arthur,
Nous aussi on a bien rigolé en regardant les bébés canards 🙂
Merci pour ce lien.
Nous te serrons chaleureusement la patte 🙂
Salut les Petizours 🙂
Une drôle de petite vidéo qui prouve que les zoisos aiment s’amuser 🙂 J’ai bien rigolé en la regardant 🙂
http://www.huffingtonpost.com/2013/10/25/baby-duck-slide-_n_4163783.html
Serrage de pattes à tous, les copains !
Arthur