Lundi 28 Décembre, An II
Max : « Bonjour bonome. Bien dormi ? »
Le chevalier : « Très bien. Et toi ? »
Max : « Bof 🙁 Léo a rêvé de zoisos toute la nuit. Il a pas arrêté de siffler dans son sommeil. J’ai passé la nuit dans une volière. »
Le chevalier : « Toi qui aimes les oiseaux… »
Max : « Pas la nuit bonome, pas la nuit… La nuit j’aime surtout dormir. »
Le chevalier : « Pauvre Maxou. Mais je crois que tu vas pouvoir te reposer aujourd’hui. Tu as vu le temps ? »
Max : « Oui, il pleut. Je vais aller siester en attendant que le vent chasse les nuages. »
Léo : « Bonjour chevalier ! Bonjour Maxou ! Bien dormi ? … Ben ça alors, il s’en va sans me dire bonjour ! »
Le chevalier : « Bonjour Léo ! Max est fatigué. Un petitours imitateur d’oiseaux l’a empêché de dormir cette nuit 🙂 »
Léo : « ??? »
Le chevalier : « Tu as rêvé d’oiseaux et tu les as imités toute la nuit. »
Léo : « Oh zut ! Mais il aurait dû me réveiller et me gronder ! »
Le chevalier : « Max ronchonne souvent mais il ne t’aurait pas grondé. Il a préféré te laisser rêver. Laissons-le faire une bonne sieste. »
Léo : « C’était bien, hier 🙂 On a vu plein de zoisos. Et c’est beau la mer qui monte… Merci chevalier. On fait quoi aujourd’hui ? »
Le chevalier : « On regarde la pluie tomber ! »
Léo : « Je préférerais regarder les fotos d’hier. Tu veux bien ? »
Le chevalier : « D’accord. J’installe l’ordinateur. »
Léo : « Je pourrais m’installer sur toi ? »
Le chevalier : « Câlin ? »
Léo : « Ouiiii… en regardant les beaux zoisos 🙂 »
Plus tard…
Max : « Qu’est ce que vous faites ? »
Léo : « On regarde les fotos ! »
Le chevalier : « Veux-tu te joindre à nous ? »
Max : « Oui… Mais il faut pas m’en vouloir si je m’endors. »
Léo : « Je suis désolé d’avoir sifflé toute la nuit. Tu aurais dû me réveiller. »
Max : « Je sais ce que c’est que de rêver de zoisos 🙂 Je m’en serais voulu de t’interrompre. »
Léo : « C’est très gentil de ta part. Merci Maxou. »
Max : « Mais tu siffles pas en regardant les fotos ! »
Léo : « Promis 🙂 »
Encore plus tard…
Léo : « Chevalier, regarde, Max s’est endormi 🙂 »
Le chevalier : « Laisse-le dormir Léo. »
Léo : « oui, oui. Chut ! »
Encore, encore plus tard…
Max : « Mmmm… Vous regardez encore les fotos ? Il pleut même plus ! Et si on allait voir de vrais zoisos ? »
Léo : « Oh oui ! On va où ? »
Max : « On pourrait retourner au Royaume des Chevaliers et puis après on irait sur l’île où on va à pieds. »
Léo : « Mais on y est allés hier ! Le chevalier va en avoir assez de ce Royaume. »
Max : « Mais non 🙂 N’est ce pas bonome ? »
Le chevalier : « Moi aussi j’aime voir des oiseaux 🙂 Allez vous préparer. »
On s’est vite préparés puis on a chevauché doucement mais on est pas allés jusqu’au Royaume des Chevaliers. On s’est arrêtés 2 km avant pour tout marcher. Bonome voulait voir des Passériformes et des rapaces diurnes.
Léo : « Tu crois qu’on va encore voir des tas de beaux zoisos ?
Max : « Léo, tu sais bien qu’on peut jamais prévoir. »
Le chevalier : « Mais on peut observer. Regardez ! »
Léo : « C’est un pipit ! On en a vu un hier ! »
Max : « Et tu vas encore dire que tu n’arrives pas à identifier l’espèce ! »
Léo : « Tu sais, toi ? »
Max : « C’est un pipit farlouse ! »
Léo : « Anthus pratensis, Motacillidés ? Comme celui d’hier ? Tu confirmes, chevalier ? »
Le chevalier : « J’attends les arguments de Max 😉 »
Max : « Ça faisait longtemps que j’avais pas eu d’interro 🙁 Alors… Les stries sur les flancs sont aussi larges que celles de la poitrine et le bec est fin. »
Léo : « C’est tout ? »
Max : « On voit pas les griffes… Je peux pas dire si elles sont longues ou pas. »
Le chevalier : « Ce n’est pas mal mais je ne serais pas aussi affirmatif. Je ne suis pas très à l’aise avec les pipits. »
Max : « On a qu’à dire que c’est une hypothèse. »
Léo : « Et là-bas, sur l’autre poteau ? C’est un tarier pâtre ? »
Le chevalier : « La tête est sombre… Il a un demi-collier blanc… Pas de sourcil blanc… »
Léo : « C’est important l’absence de sourcil blanc ? »
Le chevalier : « Oui, le sourcil blanc est une caractéristique du tarier des prés. »
Léo : « Il y a un tarier des prés ? »
Max : « Oui oui, on l’a vu cet été 🙂 »
Léo : « Bon, il a pas de sourcils blancs. C’est un tarier pâtre alors et c’est un Muscicapidé. »
Le chevalier : « Je pense. »
Léo : « On a déjà vu deux Passériformes 🙂 »
Max : « Le héron cendré, c’est pas un Passériforme. »
Léo : « Ben non. C’est un Ardéidé, de l’ordre des Ciconiiformes. Il s’appelle Ardea cinerea. Mais pourquoi tu parles du héron cendré ? »
Max : « Ouvre les yeux Léo ! » Léo : « Ah oui 🙂 Il a la calotte sombre. C’est un juvénile. » |
Max : « Comme nous ! Tu crois qu’il voudra bien se chamailler avec nous ?
Le chevalier : « Ça ne te suffit pas de te chamailler avec Léo ? Il faut en plus que tu te chamailles avec les oiseaux ! »
Max : « Ouiiiiii 🙂 Viens Léo, on va voir le héron juvénile. »
Le chevalier : « Vous restez là ! Je ne veux pas que vous embêtiez le jeune héron. »
Max : « Mais c’est un juvénile ! Il doit aimer se chamailler. Pfff, t’es pas drôle 🙁 »
Léo : « C’est pas grave Maxou. On se chamaillera tous les deux 🙂 »
Le chevalier : « Regardez plutôt les étourneaux. » Max : « Sturnus vulgaris. » Léo : « Sturnidés. » |
Max : « Quand ils ont plein de tâches jaunâtres comme ça, c’est qu’ils sont en plumage internuptial. »
Léo : « Et ils peuvent former des bandes parfois immenses, en quête de nourriture. »
Max : « Ce sont des Passériformes. »
Léo : « Ceux que tu voulais voir. »
Le chevalier : « C’est bien aussi quand vous jouez les duettistes de l’ornithologie 🙂 »
Max : « C’est parce qu’on connaît bien les zoisos. »
Léo : « Et on est pas des foulques 🙂 »
Max : « On arrive au Royaume des chevaliers. »
Léo : « Chouette 🙂 »
Max : « Hibou 🙂 »
Léo : « T’es trop bête ! »
Le chevalier : « Bon, d’accord, allez voir le jeune héron ! »
Max : « Mais non, on se chamaille pas ! »
Léo : « Je le taquine 🙂 »
Max : « On est arrivés ! Oh zut ! Les colverts s’envolent ! »
Léo : « Ici, ils sont sauvages, les Anas platyrhynchos. C’est pas comme dans les Royaumes de chez nous. »
Max : « C’est à cause des zoms. Chez nous, ils les transforment en mendiants en leur donnant du pain. Et après ils ont la maladie du foie. »
Léo : « Comme nous avec le chocolat. »
Max : « Eux c’est pire, parce qu’ils meurent. Nous, on a juste tout vomi. »
Léo : « Il y en a des canards ici 🙂 Des colverts et des siffleurs. »
Max : « Anas penelope. »
Le chevalier : « Regardez ! La grande aigrette est encore là ! »
Max : « Dis bonome, quand on vient ici on regarde toujours les Anatidés, les Ardéidés, les Scolopacidés… Tous ceux qui ont les pattes dans l’eau. Si on cherchait des passereaux dans les arbustes ? Les autres, on les as vus hier. »
Léo : « Oui, s’il te plaît. Mais on regarde quand même dans les bassins pour rien louper. »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Max : « On avance et le premier qui en voit un annonce l’espèce. »
Léo : « Regulus regulus à gauche ! Là, dans l’arbre ! »
Le chevalier : « Bien vu Léo ! »
Max : « Il a une bande jaune sur la tête. »
Léo : « Il faut dire ‘elle’ alors. La bande jaune, c’est la femelle. Chez le mâle, elle est orange. »
Le chevalier : « Pouillot ! »
Max : « Pouillot ? C’est pas un nom d’espèce ça ! » Léo : « C’est quoi pouillot ? » Le chevalier : « Un pouillot ! Vous ne connaissez pas les pouillots ? » |
Max : « On parle en scientifique, nous 🙂 »
Le chevalier : « Phylloscopus sp. »
Léo : « Phylloscopus ! Ah oui, d’accord ! »
Max : « Il fallait le dire tout de suite ! Ça c’est le genre. Mais l’espèce ? Tu la connais l’espèce ? »
Le chevalier : « J’ai du mal avec les pouillots 🙁 »
Max : « Tu as déjà dit ça avec les pipits. Tu connais rien du tout en zoisos en fait. »
Léo : « Max, tu exagères ! »
Max : « J’exagère rien du tout ! Il connaît pas les pipits, pas les pouillots, pas les grimpereaux… IL CONNAIT RIEN DU TOUT ! »
Le chevalier : « Alors je te laisse faire la détermination. »
Max : « Pouillot fitis, Phylloscopus trochilus, Phylloscopidés. »
Léo : « Tu justifies pas ? »
Max : « Non, je justifie pas. C’est comme ça et puis c’est tout. »
Max : « Parus caeruleus, Paridés ! »
Léo : « Vue ! Mais il faut dire Cyanistes caeruleus ! »
Max : « Pfff, ils m’embêtent les scientifiques à pas être d’accord entre eux ! Qui est ce qui gagne ? »
Léo : « On joue, Max. il y a pas de gagnant. »
Max : « Tu dis ça parce que tu perds 🙂 »
Léo : « Je perds pas. J’ai vu le roitelet huppé et le chardonneret rigolo, Carduelis carduelis, Fringillidés. »
Max : « On a pas vu de chardonnerets rigolos ! »
Léo : « Moi oui ! Là-bas ! J’ai gagné ! »
Le chevalier : « Bravo Léo ! »
Max : « Il a pas gagné ! Pourquoi il aurait gagné ? Bonome ? Tu le laisses faire ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Regarde les chardonnerets. »
Max : « C’est pas juste… Il a pas gagné… Il est même pas fini le jeu… J’allais en trouver plein… C’est vraiment trop injuste… C’était mon idée ce jeu… »
Léo : « Max, au lieu de ronchonner, profite des beaux zoisos rigolos. »
Max : « Cet été on en a vu chaque jour. C’était notre zoiso gardien. Il veillait sur nous 🙂 Il y en a beaucoup là ! Oh ! Une buse variable ! Fotoe la bonome, vite ! » | |
Léo : « Buteo buteo, Accipitridés. C’est peut être la même qu’hier. Elle vient nous dire bonjour 🙂 »
Le chevalier : « Ou alors elle a faim et elle … 🙂 Je ne vous avais jamais vu regagner ma poche aussi rapidement. »
Max : « On veut pas se faire manger par une buse. »
Léo : « On aime les zoisos mais pas au point d’être leur repas 🙁 »
Le chevalier : « Je comprends mais sortez quand même les yeux pour voir le chevalier culblanc. »
Léo : « Tringa ochropus, Scolopacidé ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. »
Max : « Il est là ! Regarde Léo ! »
Léo : « Et là-bas il y a plein d’Anatidés 🙂 Rholala ! Et il y a des sarcelles d’hiver (Anas crecca). » Max : « Elles ont les fesses jaunes. C’est rigolo 🙂 » |
Léo : « Il y en a encore d’autres à droite ! Il suffit de tourner la tête pour voir des zoisos. La chaaaaannnce 🙂 »
Max : « Il y a des oies cendrées (Anser anser, Anséridés). »
Léo : « Max je t’ai déjà dit qu’on peut pas être sûrs à cette distance… Il y a des tadornes (Tadorna tadorna)… Des sarcelles d’hiver… oh ! Il y a même des canards chipeaux (Anas strepera) 🙂 »
Max : « Où tu vois des chipeaux, toi ? »
Léo : « Regarde tout à gauche. »
Max : « Ah oui … Ils ont les fesses noires 🙂 Bonome, tu veux bien changer d’appareil et les zoomer s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr. »
Max : « Bonome ! Bonome ! Elles s’envolent ! Fotoe-les vite ! … |
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… Elles sont parties les oies 🙁 On va voir un autre bassin ? »
Léo : « Encore des zoisos 🙂 Max, je crois que je vais encore siffloter cette nuit. »
Max : « Ah non ! Si tu siffles encore, je t’enferme aux toilettes ! »
Le chevalier : « 😀 »
Max : « Alors… Il y a surtout des canards siffleurs (Anas penelope, Anatidés), des tadornes… Tout au fond il y a un chevalier. Ça doit être un arlequin (Tringa erythropus, Scolopacidés)… Et là, juste devant ? Un chevalier culblanc (Tringa ochropus, Scolopacidés)… Oh non ! Les autres, c’est le zoiso qui t’énerve 🙁 Respire bonome. T’énerve pas. C’est pas grave si on le connaît pas. »
Léo : « Max, on le connaît. On a hypothésé : on suppose que c’est un combattant varié (Philomachus pugnax, Scolopacidés). »
Max : « Oups ! J’avais oublié ! Tant mieux, comme ça, bonome va rester calme 🙂 Bonome, qu’est ce que tu regardes ? »
Le chevalier : « Parlez doucement … Il y a une aigrette garzette qui s’approche de nous… »
Max : « Elle vient dans le petit canal devant nous… Elle est tout près 🙂 »
Léo : « Qu’est ce qu’elle a fait ? Elle a baillé ? »
Max : « Elle a pas crié. On a rien entendu… Elle descend dans l’eau… Elle va pêcher. »
Le chevalier : « Vous avez vu, elle agite une patte dans l’eau. »
Léo : « Pourquoi elle fait ça ? »
Le chevalier : « Pour déranger et débusquer ses proies. »
Max : « Elle s’est envolée. Tu as réussi à fotoer ? »
Le chevalier : « Raté. »
Max : « Pas grave… Tu surveilles l’heure, bonome ? »
Le chevalier : « Pourquoi ? Tu as un rendez-vous ? »
Max : « Oui, avec la marée basse, pour aller sur l’île où on va à pieds. »
Léo : « On y va vraiment à pieds sur cette île ? »
Max : « Seulement à marée basse. C’est grâce à un gué qui s’appelle la Passe aux Bœufs.»
Le chevalier : « Mais je vous propose d’y aller en chevauchant. »
Max : « Comme ça, on aura plus de temps pour la visiter. C’est pas bête ça, bonome. »
Le chevalier : « Nous pouvons y aller doucement si vous voulez. »
Léo : « D’accord, mais on regarde quand même les zoisos en chemin. »
Max : « Bonome ! Regarde le garde-bœufs ! » Léo : « Bubulcus ibis, Ardéidés. » |
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Max : « Il garde bien le bœuf 🙂 Ça fait plaisir de le voir faire son travail. Il vient vers nous. Tu crois qu’il va nous chasser ? »
Le chevalier : « Je ne pense pas. On est gentils, nous ! On va pas embêter le bœuf. »
Léo : « Tu parles comme Max ! »
Max : « Ça lui arrive parfois 🙂 Bon, tout va bien dans ce Royaume. On peut aller sur l’île. Allez, en route. »
On retournant à notre monture, on a vu plein de tariers pâtres (Saxicola torquatus, Muscicapidés).
C’est beau, les tariers pâtres, mais dès qu’ils chantaient, je faisais du bruit pour qu’ils s’envolent. Je voulais pas que Léo apprenne à les imiter. Je veux dormir cette nuit, moi !
Puis on a chevauché jusque sur l’île où on va à pieds. Ou plutôt l’île où on va sur notre monture 🙂 Il a fallu rassurer Léo : il avait peur qu’on se fasse coincer sur l’île par la marée haute. Bonome lui a expliqué qu’il ferait nuit bien avant la marée haute et qu’on serait à la cabane depuis longtemps quand la mer recouvrirait le gué. Léo s’est détendu et on a pu commencer l’inspection de l’île. Bonome a cavalé sur les cailloux tout cassés. Partout où on va, il y a des cailloux tout cassés et tout glissants. Il fait très attention mais un jour il va lui arriver des histoires. Il va tomber et c’est lui qui va être tout cassé ! Et nous, on pourra même pas l’aider 🙁 Au début, on voyait pas des zoisos. Même pas des Laridés. Rien du tout. Il y avait pas des zoisos… Puis il y en a eu tout un troupeau.
Léo : « Des bernaches cravants ! Il y en a tout un troupeau ! Rholala… »
Max : « Tu peux t’approcher bonome ? Mais fais attention. Ça glisse avec toutes ces algues. »
Léo : « Qu’est ce qu’elles sont belles ! »
Max : « Elles s’appellent Brenta bernicla, Anséridés. Ce sont des migratrices. Elles viennent nous rendre visite l’hiver mais je me souviens plus d’où elles viennent. Tu peux me le rappeler s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Elles viennent de très au nord. Elles passent l’été sur des îles et les côtes de l’arctique. »
Max : « Tout là-haut ? Oulala, je comprends qu’elles viennent ici l’hiver. Il doit faire très froid là-bas. »
Léo : « On peut rester un peu pour observer les bernaches s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si tu veux mon Léo. Elles ne sont pas vraiment rares mais nous n’aurons pas souvent l’occasion d’en revoir. »
Max : « Elles vivent longtemps ? »
Le chevalier : « Une douzaine d’années. Elles mesurent environ 60 cm et pèsent 1,5 kg. »
Léo : « Et les bernaches du Canada ? C’est pour comparer. »
Le chevalier : « Elles mesurent presque un mètre de haut et pèsent 4,5 kg. Leur longévité est d’environ 24 ans. »
Max : « Et les oies cendrées ? »
Le chevalier : « Environ 80 cm, 3 kg et une durée de vie de 17 ans environ. »
Léo : « La bernache cravant est la plus petite alors. Je crois qu’elles nous ont vus. Il faut s’en aller pour pas leur faire peur. »
Max : « C’est toi qui as peur des coups de bec ! »
Léo : « Parce que toi, tu aurais pas peur peut être ? »
Max « Euh… Ben si. J’ai pas envie de me faire éventrer. Allez bonome, on va voir ailleurs. »
Léo : « Oh ! Un goéland ! C’est lequel ? »
Max : « Tu sais bien qu’il faut observer les pattes et la couleur des ailes ! »
Léo : « Oui, je sais. Les pattes sont jaunes et les ailes sont gris foncé… »
Max : « Bonome, tu as vu ? il a des stries grises sur la tête. »
Le chevalier : « Max, Maxou, mon petitours… Ai-je une canne blanche et un chien ? »
Max : « Ouai… D’accord… Tu as vu… »
Léo : « Et il a le tour de l’œil rouge. »
Max : « Tu vois ça, toi ? »
Léo : « Ben oui. Regarde-bien. A partir de tous ces éléments, je dirais que c’est un goéland brun, Larus fuscus, Laridés. »
Max : « Tu es d’accord bonome ? »
Le chevalier : « Oui, c’est ce que j’aurais dit. »
Max : « Il est fort ce Léo 🙂 »
Le chevalier : « Ce n’est pas ce que tu aurais dit, Maxou ? »
Max : « Si, bien sûr. Mais moi j’en ai déjà vu beaucoup des Laridés… Bonome, tu vas où comme ça ? »
Le chevalier : « Sur l’estran… Il y a peut être des oiseaux. Et je voudrais prendre une photographie de la falaise et la fontaine… Voilà. »
Max : « Tu nous expliques la fontaine s’il te plaît. »
Léo : « Oui, raconte nous une histoire 🙂 »
Le chevalier : « Saviez-vous que cette île a servi de prison ? »
Max : « Une vraie prison ? »
Le chevalier : « Oui, une vraie prison. »
Léo : « A quelle période ? »
Le chevalier : « Au moins deux fois. Après la révolution… »
Max : « De 1789 ? »
Le chevalier : « Oui Max. Après la révolution de 1789, les révolutionnaires ont demandé aux prêtres catholiques de prêter serment à la constitution civile de clergé. »
Léo : « Pourquoi ? »
Le chevalier : « Ils trouvaient que le clergé avait été trop proche du roi et pas assez du peuple. Selon eux, le clergé avait été un appui de l’Ancien Régime. »
Max : « Alors il ont voulu en faire un allié du nouveau régime parce que c’était pas bien d’être un allié du pouvoir. C’est pas logique ça. »
Léo : « Max, tu sais bien que les zoms sont pas logiques… »
Le chevalier : « Malheureusement tu as raison Léo. Certains prêtres ont refusé de prêter serment. On les appelait les prêtres réfractaires. Ils ont été enfermés. Beaucoup ont été entassés sur cette île. La concentration d’hommes dans des conditions d’hygiène déplorable a conduit à une forte mortalité chez les prêtres. Bien plus tard, en hommage à ces morts, une grande croix de galets a été érigée sur cette île. »
Max : « Oui, on l’a vue tout à l’heure. Je connaissais pas son histoire. »
Léo : « Et la deuxième période ? C’était quand ? »
Le chevalier : « Après la Commune. »
Max : « C’est quoi la Commune ? »
Le chevalier : « Un court épisode de l’histoire de France qui fait suite à la guerre franco-prussienne de 1870. Au cours de cette guerre, Paris a beaucoup souffert. La ville a été assiégée, longuement. La population mourait de faim. Les bouchers vendaient du chat, du chien, du rat… Les éléphants du Muséum d’Histoire Naturelle, Castor et Pollux, ont été tués, dépecés et vendus extrêmement cher. »
Max : « Ils ont été mangés ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « C’est bon de l’éléphant ? »
Léo : « MAX ! »
Max : « Ben quoi ? On est zoophages, non ? »
Léo : « Mais pas éléphantophages ! Reprends ton histoire chevalier. »
Le chevalier : « Le gouvernement avait fui à Bordeaux puis s’est installé à Versailles. Les parisiens s’étaient battus courageusement et n’ont pas accepté la capitulation et ses conditions.
Max : « Quelles conditions ? »
Le chevalier : « Un défilé des troupes prussiennes dans Paris et une lourde rançon que la France devait payer à la Prusse. Et surtout la restitution des canons que les parisiens avaient payés par souscription. Le refus de ces conditions par les parisiens a conduit à une révolution et à la constitution de la Commune Libre de Paris. »
Max : « Qu’est ce qu’il s’est passé après ? »
Le chevalier : « Le pouvoir a repris Paris. Ce fut un carnage. Les historiens estiment qu’il y a eu au moins 15 000 morts côté communards pour 150 côté versaillais, pour l’essentiel au cours de la Semaine Sanglante. De nombreux parisiens furent ensuite jugés et condamnés à de lourdes peines. Certains furent entassés ici, sur des pontons flottants. D’autres, comme Louise Michel et Maxime Lisbonne, ont été déportés en Nouvelle-Calédonie pendant des années. »
Max : « Louise Michel et Maxime Lisbonne sont des amis à toi ? »
Le chevalier : « Je ne suis pas si vieux que ça Max ! Mais j’aurais été fier d’être de leurs amis. Puisque tu lis mes livres, je te conseille Le banquet des affamés de Didier Daeninckx. Il raconte la vie de Maxime Lisbonne. »
Léo : « Tu veux pas nous le lire le soir avant de dormir ? »
Le chevalier : « Non, mon Léo. Tu t’endors bien trop vite 🙂 Mais je vous le lirai, c’est promis. Revenons à la fontaine. En réalité c’est un puits. Il a été creusé par les communards entassés sur l’île. C’est le seul point d’eau potable. D’ailleurs, autour de ce puits, on voit des entéromorphes. »
Max : « Je sais ! Je sais ! Ce sont des algues vertes, des Chlorophycées, en forme de tubes d’où leur nom en scientifique : Enteromorpha intestinalis. Ça veut dire intestin intestin en grékancien et en latin. C’est à cause de leur forme. »
Le chevalier : « Bien Maxou. Ces algues ont besoin d’apports d’eau douce. Elles indiquent donc les sources d’eau douce. Voilà pour l’histoire de la fontaine. »
Max : « Du puits, c’est toi qui l’as dit ! »
Léo : « Dis donc, tu en connais des choses ! »
Max : « Oui, il connaît bien l’histoire. Et il est troubadour aussi 🙂 »
Le chevalier : « Et si nous retournions aux zoisos ? »
Léo : « Il y en a qui passent en volant. Tu les reconnais ? »
Le chevalier : « Jamais, Maxou. Mais je ne suis pas surpris : il y a de quoi se nourrir pour un héron cendré sur un estran vaseux. »
Léo : « Regardez ! Il y a un autre goéland cendré. J’aime bien les Laridés. C’est des beaux zoisos. »
Max : « Et là-bas, il y a d’autres zoisos qui volent en un grand V. Ce sont encore des tadornes ? »
Le chevalier : « Non Max, ce sont des bernaches cravants. »
Léo : « Celles de tout à l’heure ? On a eu de la chance de les voir alors ! »
Max : « Tu dis toujours qu’on a de la chance. »
Léo : « Parce qu’on a beaucoup de chance. Souviens-toi de l’époque où tu étais porte-clés. »
Max : « Tu as raison Léo. Bonome, tu nous fais un câlin ? »
Le chevalier : « Venez ici tous les deux. Installez-vous sur mes genoux et regardez les tadornes sur l’estran pendant que je vous gratte le front.»
Max : « Bonome ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Tu nous abandonneras pas n’est ce pas ? »
Le chevalier : « Bien sûr que non ! Que deviendrais-je sans mes petizours ? Pourquoi me demandes-tu ça ? »
Max : « Parce que Léo a raison. On a beaucoup de chance d’être tes petizours et de parcourir le Pays des Zoisos avec toi. Je veux pas retourner sur une étagère, moi. »
Le chevalier : « Ne vous inquiétez pas et ronronnez tranquillement. Ensuite nous traverserons l’île pour chercher des zoisos. »
Max : « On y va bonome. Tu es d’accord Léo ? »
Léo : « Pour aller voir des zoisos ? Ben évidemment ! »
Max : « C’est quoi les zoisos là-bas ? On s’approche ? Doucement, bonome, doucement… »
Léo : « Des chardonnerets rigolos ! Rhooo la chance ! »
Max : « Ils sont beaux ! Pourquoi on en voit pas chez nous ? »
Le chevalier : « Il me semble que nous en avons vu un. »
Max : « Un seul ! Et tu as raté la foto 🙁 »
Léo : « Et voilà, Max ronchonne ! On va voir le bassin à huîtres ? »
Max : « Oui, j’ai cru voir un zoiso. On dirait un chevalier. »
Léo : « C’est un guignette, Actitis hypoleucos, Scolopacidés. »
Max : « Bonome, je crois qu’il serait raisonnable de retourner à notre monture. A cause de la marée… »
Le chevalier : « Nous avons largement le temps mais allons-y quand même, comme cela nous aurons le temps de nous arrêter à la plage sauvage. J’ai envie de voir le coucher du soleil. »
En chemin, on a vu Martin 🙂 Il est passé en flèche au dessus du petit canal. Il a pas eu le temps de nous saluer. Il était très pressé, oulala ! On l’a à peine vu.
Et puis on est retournés au bord de l’eau et on a vu un goéland argenté (Larus argentatus, Laridés). Et après, on a chevauché vers la plage sauvage voir le soleil tomber dans l’eau. |
En arrivant à la Plage Sauvage j’ai installé ma serviette et j’ai invité Léo à s’asseoir pour profiter de la beauté.
Il y avait des nuages et le vent est venu nous voir. Il nous a raconté de belles histoires mais il ne faut jamais les répéter sinon, après, il veut plus parler. N’empêche qu’avec les nuages et le vent, j’ai regretté de pas avoir mis mon pantalon 🙁 Léo a mis sa capuche pour pas avoir froid aux oreilles.
Et puis on a regardé l’estran vaseux. On a compris tout de suite qu’on verrait pas le soleil tomber dans l’eau à cause des nuages. Mais c’était pas grave, on était bien sur ma serviette.
Léo : « Chevalier, je veux pas t’embêter mais là-bas, il y a des zoisos. Tu veux bien qu’on aille les voir ? » Le chevalier : « Bien sûr 🙂 Allons-y. » |
Max : « C’est quoi ? On dirait des bécasseaux sanderlings (Calidris alpina, Scolopacidés) mais ils sont trop grands. »
Le chevalier : « Approchons-nous encore… »
Léo : « Oh non ! Ils s’envolent ! »
Le chevalier : « Ce n’est pas grave. J’ai réussi à les photographier. »
Max : « Montre-nous s’il te plaît. »
Léo : « Vous avez vu ? Certains ont une tâche noire sous l’aile. »
Le chevalier : « Ça me dit quelque chose… Max, as-tu pris ton beau livre de zoisos ? »
Max : « Oui 🙂 Je l’ai mis dans ton sac. Je te le prête si tu veux. »
Le chevalier : « Merci Maxou. Alors… Non ce n’est pas ça… Pas celui-là non plus… Mmmm… VOILÀ ! J’Y SUIS ! C’est le pluvier argenté, Pluvialis squatarola, Scolopacidés. »
Léo : « Pluvialis squatarola, Scolopacidés, Pluvialis squatarola, Scolopacidés, Pluvialis squatarola, Scolopacidés, Pluvialis squatarola, Scolopacidés… »
Le chevalier : « Il y a peut être aussi des gravelots et des bécasseaux sanderlings. »
Max : « Merci bonome. On peut retourner s’asseoir sur le sable. » Le chevalier : « Bien sûr 🙂 » |
On a encore regardé l’estran depuis la plage.
Max : « Bonome, j’ai froid. Je voudrais rentrer. »
Le chevalier : « Allons-y. Moi aussi j’ai froid. Un petitours par poche. »
Max : « Mais… on est pas punis ! »
C’était pas une punition. Il a mis les mains dans les poches pour nous gratter le front. Mais je l’ai pas laissé faire. Je me suis serré fort contre sa main pour lui faire un gros câlin et je sais bien qu’il a souri. En arrivant à notre monture, il nous a laissés nous installer contre lui et on a chevauché doucement.
…
Léo : « Chevalier, je peux aller me coucher ? »
Le chevalier : « Oui mon petit Léo. Je t’emmène au lit. Max, veux-tu te coucher toi aussi ? »
Max : « Non, je voudrais rester un peu avec toi. »
Le chevalier : « D’accord. Je couche Léo et je reviens. »
Max : « Léo, je te rappelle que si tu siffles cette nuit, je t’enferme aux toilettes ! »
Léo : « 🙂 Oui Maxou. Bonnuit. »
Max : « Bonnuit Léo. »
Max : « Bonome, il faut que je te parle. »
Le chevalier : « Que se passe t-il Maxou ? »
Max : « Rien de grave, ne t’inquiète pas. C’est au sujet de Léo. Ça fait longtemps maintenant qu’il inspecte les Royaumes avec nous. C’est un bon ornithologue et un petitours naturaliste. Il faudrait qu’il ait un sacado lui aussi. Tu peux t’en occuper ? Je voudrais lui offrir demain. »
Le chevalier : « Demain ? Mais où veux-tu que je trouve un ‘sacado’ pour demain ? »
Max : « J’en sais rien moi ! Mais je suis sûr que tu vas y arriver. Tu me portes jusque dans mon lit s’il te plaît. »
Le chevalier : « Max, parfois tu exagères ! Tu aurais pu m’en parler plus tôt quand même ! »
Max : « Oui 🙂 Mais pour le principe, et pour l’exemple aussi, je trouve qu’il est bon d’exagérer ainsi ! 😉 »
Le chevalier : « Max ! Si tu laissais un peu ton âme mousquetaire… Va donc te coucher. »
Max : « Bonnuit bonome. »
Le chevalier : « Bonne nuit Maxou. »