132-3 Jusqu’à la Pointe Rouge

Lundi 31 Octobre, An III (encore…)

Max : « Bonomou ? »

Le chevalier : « Oui mon Maxou. »

Max : « C’est bien les câlins avec gratouillis 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Mais on est naturalistes nous. »

Le chevalier : « Oui, vous avez des sacados. »

Max : « Il faudra en trouver un pour Samuel d’ailleurs. »

Le chevalier : « Il me semble que tu l’as déjà dit. »

Max : « Oui, sans doute… Bonome, et si on continuait la géologie ? Il y a encore des tas de rochers à voir. Tu veux bien ? »

Léo : « Oh oui ! S’il te plaît ! »

Samuel : « Ce serait gentil de ta part. »

Le chevalier : « Vous voulez continuer ? »

Max : « Ben oui ! C’est ce qu’on vient de te dire ! Pfff ! Tu comprends rien du tout ! »

Léo : « Max ! Tu parles pas comme ça à bonome ! »

Max : « Ben il comprend rien ! C’est pas de ma faute quand même ! »

Samuel : « Ils recommencent ! Tu les grondes jamais chevalier ? »

Le chevalier : « Pour quoi faire ? Ils se calment d’eux-mêmes. Et ils m’amusent. »

Samuel : « Tu es trop gentil avec tes petizours. Tu devrais sévir un peu. »

Max : « Hé ! Ho ! Le petitours blanc ! Çavapalatête ! Tu dis pas à mon bonome qu’il est trop gentil avec ses petizours ! Et tu lui dis encore moins de sévir ! »

Léo : « Et toi tu parles pas sur ce ton à Samuel ! »

Le chevalier : « Calmez vous un peu. Vous vouliez continuer ? Alors continuons. »

Samuel : « C’est là que tu comprends plus tout ? »

Le chevalier : « J’en ai bien peur… »

Samuel : « On y va quand même ! Allez, en route ! »

Max : « Mais… C’est moi qui dis ça normalement ! »

Samuel : « TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! METS TA CASQUETTE MAX ! OULALA ! QU’EST CE QU’ON VA FAIRE DE TOI ! PFFFF ! »

Léo : « Et toc ! »

Max : « Il m’a crié dessus… Bonome, Samuel m’a crié dessus ! »

Le chevalier : « Ouiiii 🙂 Je l’aime beaucoup ce petitours blanc. Tu viens Samuel, on va faire la géologie. »

Léo : « Ben et nous ? »

Le chevalier : « Vous venez aussi 🙂 »

Max : « Alors, en route ! »

Léo : « Qu’est ce qu’on va voir ? »

Le chevalier : « Nous allons commencer par observer les séries rythmiques inférieures. Elles sont visibles sur l’estran et en falaise. »

Léo : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Les voici… »

Léo : « C’est beau ! »

Max : « Tu dis toujours que c’est beau… »

Samuel : « Et toi tu lui fais toujours remarquer qu’il dit que c’est beau… »

Le chevalier : « Mes petizours, vous m’avez l’air bien dissipés. Peut-être devrions nous rentrer. »

Max : « Non bonome ! »

Léo : « On est sages ! »

Samuel : « On dissipe plus ! »

Max : « Bonomou, pourrais-tu nous expliquer un peu mieux les séries rythmiques inférieures s’il te plaît ? »

Léo : « C’est quoi comme roches ? »

Samuel : « On veut savoir nous. »

Max : « Parce qu’on est géologues. On est pas dissipés… »

Le chevalier : « Ce sont des phyllites. »

Léo : « Des phyllites ? On a jamais vu des phyllites ? »

Le chevalier : « Si, mais je n’ai pas donné ce nom. »

Léo : « Et là, tu affines 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les phyllites sont des roches feuilletées. D’ailleurs phyllite vient du… »

Max : « Grékancien 🙂 Ça faisait longtemps que tu avais pas parlé du grékancien. »

Le chevalier : « Et ça te manquait 🙂 Donc phyllite vient du grec φΰλλον qui signifie feuille. »

Léo : « Je comprends… il y a des feuillets collés les uns aux autres. Elles viennent d’où, les phyllites ? »

Le chevalier : « Ce sont des roches métamorphiques foliées composées à l’origine de micas à base de séricite et de chlorite. »

Max : « Ben voilà ! Léo te pose une question simple et quand tu réponds, on comprend rien du tout ! Bonome, s’il te plaît, pourrais-tu arrêter de parler en grékancien. S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je me suis emballé. Pardon Maxou. La séricite et la chlorite sont des minéraux argileux. »

Max : « Ben voilà ! Les phyllites sont constitués de minéraux argileux. Je suppose qu’ils ont été chauffés et comprimés et qu’une schistosité est apparue et ça a donné les phyllites. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Donc, le milieu de dépôt était encore calme. On est toujours sur le talus ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « Mais l’océan centralien s’est élargi je suppose. Armorica est loin au Nord maintenant. »

Le chevalier : « Absolument. »

Samuel : « Alors on a vu les rhyolites machins qui montrent le tout début de l’ouverture de l’océan au sein du Gondwana. Et là, on voit l’océan élargi. Tabarnak ! C’est bien la géologie. On est au Gondwana 🙂 »

Léo : « Les zoms d’ici pensent qu’ils sont en Vendée et nous on est au Gondwana 🙂 »

Max : « Peut-être faudrait-il préciser à mes lecteurs qu’à l’époque, l’océan Atlantique existait même pas et que l’océan Centralien était orienté Est-Ouest. »

Léo : « Bonome, tout ça c’est les phyllites de la série rythmique inférieure ? »

Le chevalier : « Tout quoi ? »

Léo : « Tout ça, là ! La falaise, l’estran… »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « On connaît l’épaisseur de cette série ? »

Le chevalier : « Difficile à dire avec tous les plissements… Moi, je ne la connais pas. »

Léo : « C’est pas grave. »

Max : « Oulala ! Regardez un peu la ! Et là ! C’est beau ! »

Samuel : « Cousin Max, tu dis toujours que c’est beau. On attendait une réponse de géologue nous 🙂 »

Max : « Tu te moques là ! Bonome, Samuel se moque de moi ! »

Le chevalier : « Qu’est ce qui ne va pas ? Ce sont tes propres mots il me semble. »

Max : « Oui, mais moi j’ai le droit ! C’est mon style ! Et je suis l’aîné. J’ai le droit de taquiner mes cousins plus jeunes. »

Le chevalier : « Samuel aussi. »

Max : « C’est pas juste… Samuel se moque de moi et bonome le gronde même pas… »

Léo : « Bonome, Maxou a raison : c’est très beau. Mais il faut que tu nous expliques. »

Le chevalier : « Expliquer quoi ? »

Léo : « Les belles roches ! Montre les fotos… »

Samuel : « A gauche, ce sont les phyllites. Mais là, on les voit pas en coupe. Elles sont penchées et érodées. Alors on voit plein de couches différentes. Mais à droite, je sais pas. »

Max : « On dirait des ignimbrites à grains très fins… Ce sont les mêmes couleurs. »

Le chevalier : « Tu as raison Maxou. Mais je ne suis quand même pas sûr que ce soit des ignimbrites bien qu’il y en ait de signalées au sein de la SRI… »

Max : « Tu sais pas ce que c’est alors ? »

Le chevalier : « Non. Je vous avais prévenus que je ne connaissais pas tout dans ce secteur… »

Max : « Chouette alors ! Bonome connaît pas tout ! »

Samuel : « Et cette couche noire ? »

Le chevalier : « Ce sont des ampélites. »

Léo : « Des ampélites ? Comme à Lam Saoz ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « Une fine couche comme ça ? C’est étrange… »

Léo : « Bonome, pourrais-tu faire un rappel sur les ampélites. Pour Samuel. Il était pas là en Bretagne alors il connaît pas les ampélites. »

Le chevalier : « Samuel, va toucher les ampélites s’il te plaît. »

Samuel : « Tu veux ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Samuel : « J’y vais… C’est un peu gras ! … Zutalor ! J’ai la patte toute noire ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Tu viens de découvrir que les ampélites sont très riches en matière organique 🙂 »

Le chevalier : « Il peut y avoir jusqu’à 25 % de carbone… »

Max : « Et avec le carbone il y a encore des argiles. »

Le chevalier : « Oui, on parle parfois de schistes graphiteux d’ailleurs. »

Léo : « Il y a un rapport avec la vigne aussi, mais je me souviens plus. »

Le chevalier : « Oui, à cause du grékancien. Ampélos signifie vigne. On mettait des ampélites dans les vignes pour enrichir la terre en matière organique et parce qu’on croyait que la pyrite qu’elles contiennent repoussait les chenilles. »

Max : « La pyrite, c’est du sulfure de fer, FeS2. »

Léo : « Et la richesse en matière organique et en pyrite indique un milieu réducteur. Il y avait pas beaucoup de dioxygène. Alors le fer se combinait avec le soufre qui s’oxydait pas non plus, et la pauvreté de dioxygène empêchait la décomposition de la matière organique. »

Samuel : « Rholala ! Vous connaissez bien les ampélites vous. »

Léo : « On en a déjà vu. C’est normal. »

Max : « Même que dans les ampélites de Lam Saoz, on a trouvé des graptolites, des fossiles bizarres que personne connaît à part bonome. »

Léo : « On les a trouvés en 2 minutes. Bonome les avait même pas vus l’année d’avant. »

Max : « On est des bons fossileurs, nous. »

Samuel : « Il y a des graptolites ici aussi ? »

Le chevalier : « Quelques rares découvertes… Du même genre qu’à Lam Saoz. »

Max : « C’était la même mer bonome. Mais sur l’autre rive. »

Le chevalier : « Savez vous que si les ampélites avaient été un peu plus chauffées et comprimées, elles auraient donné du pétrole ? »

Max : « Du pétrole ? Le pétrole se forme à partir des ampélites ? »

Le chevalier : « Non, à partir de matière organique. »

Max : « Tu nous expliqueras ça une autre fois. »

Léo : « D’autres choses sur les ampélites ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Elles sont très friables. On dit qu’elles ne sont pas compétentes. »

Léo : « Tu nous as déjà expliqué. Les roches peuvent être compétentes. On dit aussi cassantes. Ou alors elles peuvent être non compétentes ou ductiles. »

Le chevalier : « Quelle mémoire Léo ! Les roches ductiles sont souvent à la base des chevauchements ou des écailles… C’est pour cette raison qu’ici, les ampélites sont souvent débitées en lanières. »

Léo : « Quand tout se plisse ou se complique à cause de la tectonique, les ampélites résistent pas du tout et c’est là que ça se décolle et que ça glisse… »

Le chevalier : « Oui mon Léo. On dit qu’elles forment des couches-savons. »

Léo : « Et tout glisse dessus ! Hopla ! »

Max : « Tu vois Samuel, ça, c’est bonome quand il comprend pas tout… »

Samuel : « Et Léo comprend tout tout le temps… »

Max : « Oui, on a l’impression qu’il connaît aussi bien que bonome. Il doit être autiste… »

Léo : « JE SUIS PAS AUTISTE ! TU ARRÊTES AVEC L’AUTISME OU JE TE SAVONNE LA TRUFFE AVEC DES AMPÉLITES ! »

Le chevalier : « J’aimerais bien voir ça 🙂 »

Léo (au chevalier) : « C’est vrai ? Je peux ? »

Le chevalier : « Quand même pas Léo. Je ne peux pas te laisser faire. »

Léo : « D’accord… Il le mériterait quand même… »

Samuel : « Regardez les ampélites sur la falaise… »

Le chevalier : « Oui… Nous les reverrons plus loin. »

Max : « On regarde pas ? »

Le chevalier : « Non, pas là. »

Max : « Samuel nous montre des ampélites et on les regarde pas… C’est pas gentil ça. Viens Samuel, on s’en fiche de bonome. On va voir les ampélites sur le rocher. … Bonome veut pas étudier ici parce qu’il connaît rien du tout à ce rocher. Mais on s’en fiche. On observe et puis c’est tout. »

Samuel : « Cousin Léo, tu comprends ce rocher toi ? »

Léo : « Non… Au dessus des ampélites je dirais que ce sont les phyllites vertes et roses de la série rythmique inférieure. Mais en dessous, je sais pas. »

Max : « Pas grave. Bonome, on continue ! »

Léo : « On va voir la Pointe Rouge ? »

Le chevalier : « Pas encore. J’ai quelque chose à vous montrer. Venez… »

Max : « Encore une faille ! »

Le chevalier : « Exact Maxou ! »

Max : « Dis bonome, il y a des failles comme ça et des failles comme ça. Pourquoi ? »

Le chevalier : « Mon petitours… Il y a effectivement deux familles de failles. Certaines sont orientées parallèlement à la côte. Ce sont les failles F1. Les autres sont perpendiculaires à la côte. C’est la famille de faille F2 à laquelle appartient celle-ci. »

Max : « D’accord. Léo, qu’est ce que tu observes ? »

Léo : « Le miroir de faille et les deux compartiments… »

Léo : « On voit bien le miroir de faille. Samuel, le miroir c’est la zone toute lisse. C’est la surface au long de laquelle a eu lieu le mouvement. A droite, ce sont les phyllites. Elles sont très redressées. Presque verticales même. A gauche, je sais pas ce que c’est. Mais c’est moins penché… »

Le chevalier : « Bien vu Léo. C’est la formation de droite qui est venue chevaucher celle de gauche. On parle de faille inverse. Cette faille nous indique qu’il y a eu un serrage Nord-Sud. »

Léo : « Merci bonome. »

Max : « Dis Léo, tu as remarqué que tu dis de plus en plus souvent bonome ? »

Léo : « J’avais pas fait attention… »

Max : « Depuis que Sam est arrivé 🙂 »

Léo : « Ça t’embête pas chevalier ? »

Le chevalier : « Non mon petitours. Je suis content d’être ton bonome 🙂 Samuel, toi aussi tu peux m’appeler bonome si tu veux. »

Samuel : « Pas tout de suite chevalier. Je viens d’arriver moi. On se connaît pas encore très bien. J’oserai pas. »

Le chevalier : « Sens toi libre petit Sam. »

Samuel : « Merci chevalier. »

Léo : « Mmmmm… »

Max : « Pourquoi tu mmmmmes en te grattant la tête Léo ? C’est parce que Sam veut pas appeler bonome bonome ? »

Léo : « Mais non 🙂 C’est à cause de cette pointe d’ampélites au sol… »

Max : « Qu’est ce que tu vas dire en voyant le rocher ! »

Léo : « Je dirais bien que c’est beau mais tu te moquerais de moi… »

Max : « Pas à chaque fois Léo, pas à chaque fois… »

Léo : « Tu trouves pas ça beau toi ? »

Max : « Ben si ! Évidemment ! »

Samuel : « C’est encore à cause de la tectonique ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « Bonome, on peut grimper sur le rocher pour que tu nous fotoes ? »

Le chevalier : « Allez-y ! Et après nous ferons une courte pause avant d’aller voir la Pointe Rouge. »

Continuer la promenade

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