132-2 La Grotte du Four à Catteau et le chevauchement

Lundi 31 Octobre, An III

Max : « Bonome, on continue la pause ? »

Le chevalier : « Oui, regarde 🙂 »

Max : « Samuel fait dodo 🙂 »

Léo : « Il a déjà vu beaucoup de choses fort savantes depuis son arrivée… »

Max : « Tous les zoisos des Royaumes de Charentmaritimie, le Royaume des Paons, la géologie de la Vendée… »

Le chevalier : « Deux cousins qui le chahutent… »

Léo : « Je le chahute pas, moi. Je veille sur lui. »

Le chevalier : « Je sais mon Léo. Max m’a dit que Samuel dormait contre toi toutes les nuits. Tu arrives à dormir, toi ? »

Léo : « Je peux pas bouger mais j’arrive à dormir. Je crois que ça le rassure de dormir contre moi. »

Max : « Tu es son doudou 🙂 »

Léo : « Il nous a jamais raconté sa vie au Lac Saint-Jean… »

Le chevalier : « Non, c’est vrai. »

Léo : « Il a peut-être vécu des événements terribles qui font qu’il a peur la nuit. »

Max : « Il faudra enquêter. Mais, en attendant, maîtrise ton imagination Léo. Il a l’air en pleine forme ce petitours blanc. »

Léo : « Tu as raison Maxou. Il a juste besoin d’un peu d’affection. »

Max : « Il a du être sevré trop tôt… Ça arrive mais c’est pas bien grave. Bon, on attend qu’il se réveille ou on y va sans lui ? »

Léo : « Tu vas pas bien dans ta tête, Max ! On va pas le laisser là le petit Sam ! »

Max : « Je voulais pas le laisser là ! Mais bonome pourrait le pocher. »

Léo : « Et il verrait pas la géologie compliquée ? Non, je suis pas d’accord. »

Max : « On le réveille alors ? »

Léo : « Non, on réveille pas le petit Sam ! »

Max : « Oulala ! Léo pourrait mordre si on embêtait le petit Sam… »

Samuel : « Mmmmmm… Vous parlez de moi ? Qu’est ce que j’ai fait ? »

Léo : « Rien Samuel. Tu es un gentil petitours. »

Samuel : « Je crois que j’ai tout dormi… »

Max : « Oui, tu as tout dormi. La pause est terminée. »

Samuel : « On reprend la géologie ? »

Léo : « Nous t’attendions. »

Samuel : « Alors on y va ! C’est parti. »

Max : « On voit quoi maintenant bonome ? »

Le chevalier : « Quelque chose qui va vous plaire, dans la Grotte du Four à Catteau. »

Max : « Une grotte ? On va dans une grotte ? Il faut les casques ! Bonome, as-tu prévu un casque pour Samuel ? »

Le chevalier : « Évidemment ! Je te connais Maxou 🙂 Sachez quand même que ce n’est pas une vraie grotte. Une grotte de petitours à la rigueur… »

Max : « On y va bonome, on y va ! »

Léo : « Rhoooo… »

Max : « Rholala la chance 🙂 Attendez avant d’approcher. Il faut étudier la vue générale… Revoyons la foto en grand… »

Léo : « Nous t’écoutons monsieur Max. »

Max : « A gauche on voit des roches blanches. D’après leur position je dirais que ce sont les arkoses qu’il y a au-dessus des ignimbrites. En dessous, il y a le bout du Rocher Sainte-Véronique en phtanites. Et à droite, on sait pas encore. Les relations entre toutes ces roches ont l’air étranges… On peut aller voir maintenant. » 

Le chevalier : « Oui, nous allons commencer par le bas de la paroi, sur la gauche. Mettez vos casques et allez-y. »

Max : « Oui bonome ! Petizours, casques sur la tête ! En avant, marche ! »

Le chevalier : « Alors ? »

Léo : « C’est bôôôô ! »

Max : « Oui Léo, c’est beau. Mais je crois que bonome nous demandait notre avis de géologue. »

Léo : « Et un géologue peut pas trouver ça beau ? »

Max : « Si, mais il le dit pas. Il donne une réponse géologique puisqu’il est géologue. »

Léo : « Et ben moi je suis un géologue qui dit que c’est beau ! »

Max : « Tu es même pas géologue ! Tu es un petitours ! »

Léo : « Un petitours naturaliste ! Et dans naturaliste il y a géologue ! »

Samuel (au chevalier) : « On les laisse faire ? »

Le chevalier : « Oui, profitons du spectacle 🙂 »

Max : « Un tout petit géologue alors ! »

Léo : « Tu es pas plus grand que moi je te signale ! »

Max : « Mais moi je dis pas que c’est beau ! »

Léo : « Non, tu dis rien du tout ! Ou alors tu dis que c’est compliqué ! »

Le chevalier : « Il suffit ! Cessez de vous chamailler ! Léo a raison de dire que c’est beau. Rien n’empêche de le dire avant d’étudier. Max, présente tes excuses à Léo ! »

Max : « Mais… »

Le chevalier : « Immédiatement ! »

Max : « Oui bonome, pas fâcher bonome… Mon Léo, je te présente mes excuses. Tu es un vrai géologue qui trouve que c’est beau. Hopla ! On peut étudier maintenant 🙂 »

Léo : « Ça ressemble aux phtanites de Sainte-Véronique. Mais en moins noir, avec plus de niveaux argileux. »

Le chevalier : « Exact Léo. Les niveaux riches en matière organique sont plus rares. »

Max : « Ce sont encore des phtanites ? »

Le chevalier : « A vrai dire, je n’ai jamais lu le nom que l’on donne à ces roches… Dans la littérature scientifique, on parle des séries rythmiques inférieures. »

Max : « On connaît leur âge ? »

Le chevalier : « Elles datent du Wenlock, au Silurien inférieur. En gros, de 440 à 420 millions d’années avant nos jours. »

Max : « On voit bien la stratification S0. »

Léo : « Mais elle est pas horizontale. C’est encore tout penché. »

Max : « Mais au moins, il y a pas de plis… »

Le chevalier : « Venez voir… »

Le chevalier : « Nous allons étudier le pilier au centre de la foto… »

Max : « On y va bonome 🙂 »

Samuel : « Qu’est ce que c’est beau ! »

Max : « C’est vrai petit Sam. »

Léo : « Alors lui, il a le droit de dire que c’est beau ! Quelle injustice ! »

Max : « Ben non ! C’est parce que tu m’as convaincu qu’un géologue pouvait dire que c’est beau ! »

Léo : « C’est vrai ? »

Max : « Ben oui mon Léo. »

Léo : « Chouette alors ! Chevalier, c’est quand même dommage que tu aies pas réussi à rendre compte des vraies couleurs sur ta foto. Problème de luminosité je suppose… »

Le chevalier : « Oui Léo. Je fotoe toujours un peu hâtivement. »

Léo : « Et tu négliges la technique. Mais c’est à cause de nous. Tu préfères observer et nous expliquer que soigner le fotoage. »

Max : « Tu es pas fotoeur bonome. Tu es naturaliste. »

Le chevalier : « Merci pour votre indulgence 🙂 Décalons nous un peu vers la gauche, vers le rocher Sainte-Véronique. »

Max : « Ah oui, d’accord… C’est plus pareil ici… »

Samuel : « Max ! Vite ! Va chercher le fer à repasser ! Qu’est ce qu’elle va dire Princesse ! Oulala ! Les vacances sont gâchées ! »

Max : « 😀 »

Léo : « On voit bien les plis isoclinaux formés par les couches jaunes… »

Max : « Dans les couches noires aussi… »

Samuel : « Alors là, c’est pas tout plié et juste à côté c’est tout plié… »

Max : « C’est vrai ça… Bonome, je vois bien les plis et j’ai un peu appris la stratigraphie. Les couches se déposent horizontalement et les plus anciennes sont en dessous des plus récentes. Et là, il y a des plis. J’en déduis donc qu’il y a eu des plissements. Forcément. Mais j’arrive pas à bien me représenter ce qu’il s’est passé. Je pourrais faire des schémas qui montrent les différents stade de l’évolution entre le dépôt des couches et ce que j’observe. Mais quand même… Tu comprends ce que je veux dire ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Comment réussir à plier des couches de roches comme une feuille de papier ? D’autant plus que des couches sont pliées, alors que celles situées quelques mètres plus loin ne le sont pas… Et, dans l’imaginaire collectif, rien n’est plus immuable qu’une roche… C’est un problème auquel tous les géologues sont confrontés. On s’y fait tu sais… »

Léo : « Regardez moi ces plis… »

Max : « Pfff… La couche noire… Elle est pliée en un pli isoclinal. Mais le pli est décalé par une faille… »

Le chevalier : « On parle de pli faillé. »

Max : « Elle était en forme la tectonique ici 🙂 »

Le chevalier : « Ce n’est pas fini. Retournons voir au-dessus des couches non plissées… Voilà 🙂 »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Max 🙂 »

Max : « En bas de la paroi il y a les séries rythmiques inférieures du Wenlock. Mais en haut… »

Léo : « On dirait les phtanites de Sainte-Véronique du Llandovery. »

Max : « Et si je dis pas des erreurs le Wenlock c’est après le Llandovery, juste après même. Alors, normalement les séries rythmiques inférieures devraient être au-dessus des phtanites, pas en-dessous… Montre la foto… »

Max : « Ben oui, les phtanites sont bien au-dessus… »

Samuel : « C’est tout inversé ! »

Léo : « Mmmmm… J’ai une hypothèse… »

Samuel : « Cousin Léo a toujours des hypothèses 🙂 »

Léo : « Serions-nous en présence d’un chevauchement ? »

Le chevalier : « Nous sommes 🙂 »

Max : « C’est ça que tu voulais nous voir découvrir par nous mêmes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, et vous ne m’avez pas déçu 🙂 »

Léo : « Rholala ! Un chevauchement ! »

Samuel : « Les roches de là sont passées par dessus les roches d’ici ? C’est ça un chevauchement ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. Plus précisément une nappes de roches est passée par dessus une autre nappe. Vous vous souvenez des ignimbrites de la Sauzaie ? »

Max : « Ben oui ! Elles sont juste là ! »

Léo : « Et au nord de Brétignolles… »

Le chevalier : « C’est toute cette nappe qui s’est décollée de son socle est qui est venue chevaucher ici. »

Léo : « J’en reviens pas ! Un chevauchement… »

Max : « Léo, on en a déjà vu un en Bretagne. »

Léo : « Ben oui, je sais, mais quand même ! Tu t’habitues, toi, à ce que des morceaux de roches de plusieurs kilomètres sur plusieurs kilomètres se déplacent et se grimpent dessus comme ça ? »

Max : « Non, c’est vrai… »

Le chevalier : « Observons un peu le détail… »

Max : « Rholala ! Alors en bas, il y a les roches de la série rythmique inférieure… Bonome, la petite surface plane, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Une surface de décollement. »

Max : « Mais… Elle est dans la série rythmique ! Il y a eu des chevauchement dans la série elle-même ? »

Le chevalier : « Oui, il y a des écailles. »

Léo : « On voit bien le chevauchement principal. A peu près à l’équateur de la foto. Au-dessus ce sont les phtanites. »

Max : « Et il y a une autre surface de chevauchement… »

Le chevalier : « C’est peut-être une écaille de la série rythmique qui a chevauché les phtanites… »

Max : « Elle était vraiment en forme la tectonique 🙂 »

Le chevalier : « On peut observer le chevauchement vers la gauche aussi. Regardez… »

Léo : « C’est bizarre ! Ici, la série rythmique, en bas, est pas du tout pliée… »

Le chevalier : « C’est vrai… Voyons maintenant les surfaces de contact… »

Léo : « Dire que c’est le long de cette surface que les roches se sont déplacées… »

Max : « C’est normal que ce soit tout lisse… »

Léo : « Bonome, est-ce qu’il y a des stries qui indiquent le sens du déplacement ? »

Le chevalier : « Pas à ma connaissance… »

Samuel : « Chevalier, pourrais-tu remontrer la dernière foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Tu as vu quelque chose ? »

Samuel : « Oui, en bas à droite… Regardez les plis noirs… »

Max : « Ça alors ! Bonome, tu avais pas vu ! Tu as donc pas fotoé. Tu peux recadrer l’image ? »

Le chevalier : « Elle ne va pas être très nette. Essayons… »

Max : « C’est pas mal bonome. »

Le chevalier : « Attendez un peu… Mmmmm… Là… Voyons ça… Mmmmm… Ça ira ! Regardez un peu ça ! »

Max : « Tu te lances dans l’utilisation de logiciels graphiques ? On voit que tu débutes… »

Léo : « Max ! »

Max : « Ben quoi ? Le trait est pas très assuré et l’étoile jaune est toute petite. Tu as pas réussi à l’agrandir bonome ? »

Le chevalier : « Non… »

Max : « Pas grave. C’est bien d’avoir essayé. Je pourrai utiliser cette image pour mon blog ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Max : « Merci bonome. Voyons ça… »

Max : « En bas à droite, il y a la série rythmique tout plissée. On voit bien le pli que Samuel a découvert. Au dessus du premier trait rouge la série rythmique a pas l’air plissé. C’est un chevauchement interne à la formation. Et le second trait rouge est le chevauchement principal. C’est là que les phtanites viennent sur la série rythmique. L’étoile jaune, si mes lecteurs réussissent à la voir, montre la surface de contact entre les deux formations. »

Le chevalier : « Bravo Maxou. »

Max : « Merci mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « La journée vous plaît-elle ? »

Samuel : « Rhoooo oui 🙂 »

Léo : « Oui bonome. On a vu un chevauchement 🙂 »

Max : « Et tu fais pas trop compliqué pour le moment. Je vois bien que tu te retiens 🙂 C’est gentil. »

Le chevalier : « Je propose de faire une autre pause avant d’attaquer la suite. »

Max : « Tu vas manger ton sandouich ? »

Le chevalier : « Non, je n’ai pas encore faim. Vous allez encore faire la bagarre ? »

Max : « Non, pas tout le temps. On va rester avec toi. Mais d’abord on va retourner observer les roches. Tu veux bien ? »

Le chevalier : « Bien sûr. N’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin d’explications. »

Max : « Merci bonome. Mais on va essayer de te laisser méditer. Évite de partir dans ta tête quand même 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou. A tout à l’heure 🙂 »

Un peu plus tard…

Léo : « Bonome, je peux interrompre ta méditation ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Je comprends pas bien la falaise là. Tu veux pas m’expliquer ? »

Le chevalier : « Qu’est ce que tu ne comprends pas ? »

Léo : « Les relations entre les arkoses blanches et les phtanites chevauchées par la série rythmique inférieure. »

Le chevalier : « Je vois… Tu veux bien aller chercher Max et Samuel s’il te plaît. Les explications vont peut-être les intéresser. »

Léo : « J’y vais 🙂 »

Max : « On est là ! »

Samuel : « On t’écoute 🙂 »

Le chevalier : « Normalement, et si les datations sont correctes, la série rythmique inférieure est en continuité avec les phtanites. Les roches se ressemblent beaucoup. On note juste une diminution de la proportion de quartz avec le temps. Les niveaux argileux sont de plus en plus nombreux et ceux de phtanites le sont moins. »

Max : « D’accord. Mais les arkoses de la formation des porphyroïdes de la Sauzaie ? »

Le chevalier : « Vous me rappelez de quand elles datent ? »

Léo : « Le Trémadoc ! Ordovicien Inférieur ! »

Max : « Et c’est avant le Silurien. Normalement, les arkoses devraient être sous les phtanites. Là, on voit bien qu’elles sont dessus ! »

Le chevalier : « Oui, je ne peux pas le nier… »

Max : « Comment tu expliques ça mon bonome ? »

Le chevalier : « En fait, ce sont les porphyroïdes qui sont chevauchants sur les phtanites. Mais en avançant, elles ont entraîné des écailles de phtanites qui ont elles-même chevauché la série rythmique inférieure. »

Léo : « D’accord. Je comprends mieux maintenant. »

Max : « Bonome, on peut retourner de l’autre côté du Rocher pour voir le chevauchement ? Le vrai, des porphyroïdes sur les phtanites. S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Que ne ferais-je pas pour mes petizours 🙂 Pochez-vous. »

Léo : « Chouette alors ! On y va en poche ! »

Max : « Mon bonome, pourrions-nous prendre un peu de recul s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Pour une vue générale du site ? »

Max : « Ben oui. »

Le chevalier : « Ça te va ici ? »

Max : « Oui, merci bonome. »

Léo : « Nous t’écoutons Max. »

Max : « C’est encore moi qui explique ? »

Samuel : « Oui, nous en avons décidé ainsi 🙂 »

Max : « D’accord. On connaît presque tout maintenant. En blanc ce sont les arkoses qui appartiennent à la formation des porphyroïdes de la Sauzaie. An centre, on voit bien la terminaison du Rocher Sainte-Véronique. Il forme un pli plissé. Et à gauche il y a la série rythmique inférieure. »

Le chevalier : « Les roches de la série rythmique inférieure se prolongent vers nous, sur l’estran. »

Max : « Avançons un peu… »

Max : « Voilà ! A la base des arkoses il y a une couche un peu jaune. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Nous verrons mieux cette couche tout à l’heure. Regardez plutôt les différences de pendages. A droite, les strates sont presque verticales alors qu’au centre, elles sont peu penchées. »

Léo : « Bonome, en haut à droite, il y a des roches noires. Ce sont des phtanites ? »

Le chevalier : « Il faudrait aller voir. Mais ça ne m’étonnerait pas. »

Max : « Ben oui, la tectonique est capable d’avoir déposé des phtanites tout là haut, oulala ! »

Max : « Pfff… C’est vraiment tout chamboulé ici 🙂 »

Léo : « Le coin, en triangle, ce sont des éboulis ? »

Le chevalier : « On dirait. »

Léo : « Alors il y a la terminaison des arkoses juste à gauche. Rholala ! »

Samuel : « Chevalier, je crois que tu dis des erreurs… »

Le chevalier : « Je t’écoute mon petitours. »

Samuel : « On dirait que les strates, en haut à droite, sont pas presque verticales. Je dirais plutôt qu’elles forment tout un tas de plis très serrées. »

Le chevalier : « Effectivement… Bien vu Samuel, bravo 🙂 Passons de l’autre côté du rocher… »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Tu vois bonome, si on avait commencé par ici j’aurais rien compris du tout mais là ça va. »

Samuel : « C’est grâce à toi chevalier. »

Max : « Bon, il y a quand même le problème de la couche jaune. Parce qu’on voit bien les arkoses blanches qui appartiennent à la formation des porphyroïdes de la Sauzaie. Et à droite, ce sont les phtanites. On les reconnait bien maintenant. Mais cette couche jaune… C’est quoi cette couche jaune ? »

Le chevalier : « Ce sont des métarhyolites mylonitiques. Tout le monde sait ça Maxou. »

Max : « Alors toi ! Tu peux pas t’en empêcher ! Qu’est ce qu’on va faire de toi bonome ? Pfff… »

Léo : « Max, je crois qu’il le fait exprès pour t’embêter 🙂 »

Max : « Je sais mon Léo, je sais… Pourquoi crois-tu que je lui ai pas crié dessus ? »

Samuel : « Chevalier, je comprends pas les métarhyolites mylonitiques moi. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Rassure-toi mon petit Sam, tu ne dois pas être le seul à ne pas comprendre. Bon, le préfixe méta- signifie que la roche a subi un important métamorphisme. Ici, il est placé devant le nom de la roche, la rhyolite. »

Max : « C’est pas vraiment une rhyolite. C’est une ignimbrite rhyolitique. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Et mylonitique ? Ça informe sur quoi ? »

Le chevalier : « Ça indique que la roche a connu une recristallisation importante des minéraux qui la composent, sous l’effet d’une intense déformation. Les roches mylonitiques ont une texture très finement litée et des grains très fins, souvent invisible à l’œil nu. »

Samuel : « Je comprends pas tout quand même… »

Léo : « Moi je crois comprendre. En fait, cette couche jaune, au début, c’est de l’ignimbrite rhyolitique. En fait, je pense que c’est plutôt des arkoses. Mais comme elles viennent de l’érosion des ignimbrites, c’est un peu pareil. Si on regarde bien, cette couche est à la base du chevauchement. C’est cette couche qui a le plus subi les effets du chevauchement. »

Max : « Comment ça ? »

Léo : « Max, frotte tes pattes l’une contre l’autre très fort. »

Max : « Comme ça ? »

Léo : « Frotte plus fort ! »

Max : « Aïe ! Ça brûle ! Ouille ! Ouille ! »

Léo : « Tu comprends ? »

Max : « En frottant l’une contre l’autre lors du chevauchement les couches se seraient échauffées comme quand j’ai frotté mes pattes l’une contre l’autre ? »

Léo : « Oui ! Et la couche la plus proche du frottement s’est encore plus métamorphisée. Les cristaux se sont modifiés et tout ça et ça a donné la couche jaune. »

Max : « Bonome, il a bon ? »

Le chevalier : « Oui, il a bon. »

Samuel : « Tu es un grand géologue cousin Léo 🙂 »

Max : « Comment tu fais pour savoir tout ça Léo ? »

Léo : « Je sais pas… Bonome explique et après je comprends. »

Max : « Mais il a pas expliqué les métamachins mignonlitiques. »

Léo : « Ben non. Mais… Vous trouvez que je suis prétentieux si je dis que c’est pas difficile d’y penser ? »

Max : « Mon Léo, je pourrai jamais dire que tu es prétentieux. Je sais même pas si tu as des défauts… Tu trouves ça tout seul ? Comme ça ? »

Léo : « Ben oui… »

Max : « Bonome, je sais que je t’ai déjà posé la question mais il serait pas autiste notre Léo ? Les autistes savent plein de choses des fois. »

Le chevalier : « Non Maxou, notre Léo n’est pas autiste. Il est très doué pour comprendre la géologie. C’est très impressionnant mais ce n’est pas de l’autisme. »

Max : « Bravo mon Léo. Je suis très fier d’être ton cousin. »

Léo : « Je suis qu’un petitours naturaliste tu sais. Et c’est un peu grâce à toi. C’est toi qui m’as initié. »

Samuel : « Cousin Léo, il faudra tout m’apprendre. S’il te plaît. »

Léo : « Je vais faire de mon mieux. Mais tu sais, Max connait plein de choses fort savantes lui aussi. Il aime pas le montrer, c’est tout. »

Max : « Bonome, tu peux faire d’autres fotos s’il te plaît. Pour la beauté… »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Et avec nous sur les roches ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Les cousins, on grimpe ! »

Max : « Moi je suis sur les phtanites, Léo sur les métarhyolites mylonitiques et Samuel est pile sur le chevauchement. Fais attention petit Sam, si ça se met à bouger de nouveau tu vas être tout broyé 🙂 »

Samuel : « C’est même pas vrai ! Ça va pas bouger cousin Max. Tu dis des bêtises 🙂 »

Max : « 🙂 Merci mon bonome. Dis, tu veux bien faire une pause avec tes petizours sur les genoux ? »

Léo : « Avec des gratouillis… »

Le chevalier : « Je veux bien. Venez tous les trois. »

Max : « Merci bonomou 🙂 »

Le chevalier : « Mais avant, je voudrais vous montrer un schéma qui reprend ce que nous avons vu. Il vient de la notice de la carte géologique de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. »

Max : « Mmmmm… Oui oui, c’est ça… »

Le chevalier : « Vous n’avez pas l’air très intéressés par le schéma. »

Max : « On attend notre câlin… »

Léo : « Et nos gratouillis… »

Samuel : « Tu avais promis… »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Continuer la promenade

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