105-1 Godechaud

Jeudi 21 Juillet, An III

Max : « Léo, réveille toi ! »

Léo : « Mmmmm… »

Max : « Réveille-toi ! »

Léo : « Késkya ? Ifétounui… »

Max : « Oui ! Allez, réveille-toi et viens… »

Léo (qui s’assied dans son lit) : « Maxou, il fait tout nuit encore. Où veux-tu aller ? Et bonome dort encore. Je veux pas qu’il se réveille. »

Max : « Je veux pas le réveiller. Viens, j’ai quelque chose à te montrer… »

Léo : « D’accord. Je viens… »

Léo : « Rhoooo ! C’est bôôôô ! »

105-1 01 La lune

Max : « C’est la lune 🙂 »

Léo : « Maxou, je sais que c’est la lune 🙂 C’est même la pleine lune. »

Max : « C’est beau non ? »

Léo : « Rho oui alors ! C’est pour ça que tu m’as réveillé ? »

Max : « Oui 🙂 »

Le chevalier (qui vient s’asseoir près de ses petizours) : « Vous êtes venus regarder la lune ? »

Léo : « Tu t’es réveillé ? »

Le chevalier : « J’ai senti qu’il manquait quelque chose dans mon environnement et ça m’a réveillé 🙂 »

Max : « Tu as senti qu’on était plus dans la chambre ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Ça c’est mon bonome 🙂 »

Léo : « 🙂 La lune se regarde en silence. »

Max : « Mais il est pas interdit de gratouiller ses petizours 🙂 »

Le matin…

Le chevalier : « Max ! Léo ! Il est l’heure de vous lever ! »

Max : « Non… »

Léo : « On dort… »

Max : « On se lève pas… »

Le chevalier : « Pas d’inspection alors ? »

Max : « Si… »

Léo : « Mais plus tard… »

Max : « Pour le moment on dort… »

Le chevalier : « Bon dodo mes petizours 🙂 »

Bien plus tard…

Max : « Bonjour bonomou 🙂 »

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours 🙂 Avez-vous bien dormi ? »

Max : « Très bien. Et toi ? »

Le chevalier : « Des petizours sont venus me gratter le front pour m’endormir hier soir 🙂 »

Max : « C’est vrai ? Ce sont de gentils petizours ça 🙂 »

Léo : « Quelle charmante attention 🙂 »

Le chevalier : « Oui, il faudrait que je les adopte ces petizours 🙂 »

Max : « Pfff… Tu en as déjà ! »

Léo : « Et tu pourrais t’en occuper un peu ! Ça fait 5 minutes que nous sommes là et tu nous as toujours pas gratouillés ! »

Le chevalier : « Tiens, Léo ronchonne 🙂 »

Léo : « Je ronchonne même pas 🙂 »

Max : « Bonomou, il était bien le nouveau Royaume hier. »

Léo : « Le Royaume des Tadornes… Avec des bébés tadornes… »

Max : « Il faut nous trouver un autre nouveau Royaume aujourd’hui ! »

Léo : « Oh oui ! »

Le chevalier : « Encore un nouveau Royaume ? Mmmmm… Je vais voir ce que je peux faire… Allez vous préparer. »

Max : « On est déjà prêts ! »

Le chevalier : « Alors en route ! »

Pendant la chevauchée…

Max : « Tu veux bien nous parler du Royaume que nous allons inspecter s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est un Royaume de bord de mer 🙂 »

Max : « Ben oui, on est à la mer ici ! »

Léo : « Il y aura des zoisos ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. »

Max : « Pas de zoisos ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas le but de notre inspection. »

Max : « En bord de mer… Pas de zoisos… »

Léo : « Je sais ! On va faire la géologie ! »

Max : « Bonome ! Il fallait le dire ! On aurait pris nos casques ! »

Le chevalier : « Ce n’est pas nécessaire. Nous arrivons… Voilà… »

Max : « C’est beau la mer 🙂 »

Léo : « Mais on la voit jamais bien parce qu’on vient toujours quand la marée descend… »

Max : « C’est obligé Léonou. Si on venait à marée montante on finirait tout noyés. Tu veux être tout noyé toi ? »

Léo : « Bonome sait nager. »

Max : « Et alors ? »

Léo : « On pourrait lui mettre des rênes et une selle et on le chevaucherait dans la mer 🙂 »

Max : « On boirait la tasse à cause des vagues. »

Léo : « Et on serait tout noyés… Mauvaise idée 🙁 »

Max : « Bonome, il va falloir que tu nous apprennes à nager ! »

Le chevalier : « D’accord, si vous voulez. Mais pas aujourd’hui 🙂 »

Léo : « Regardons le paysage… »

105-1 02 Le paysageMax : « Là, tu regardes vers le sud. »

Léo : « Je sais Maxou 🙂 Que voyons-nous ? »

Max : « L’estran rocheux avec un petit cordon de sable… »

Léo : « Une petite baie occupée par une plage… »

Max : « Une pointe rocheuse… »

Léo : « Une autre baie bien plus grande que la première… »

Max : « Et une autre pointe rocheuse… Bonome, la seconde baie, ce serait pas le Royaume des Sternes de Mer ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Et donc, la pointe rocheuse de tout là-bas, c’est juste avant le Petit Royaume des Barges. On a fait la géologie là-bas non ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Léo : « On avait vu des œufs de Batman 🙂 Et la Naissance de Max, d’après Botticelli 🙂 »

Max : « 🙂 »

Léo : « C’était quel étage déjà ? »

Max : « Si je me souviens bien… C’était… Ben ça alors ! Je me souviens plus ! Tu sais Léo ? »

Léo : « Je me souviens d’une falaise dont la base était marneuse et le sommet calcaire. Et il y avait une échelle étrange 🙂 »

Max : « Ben oui ! Mais c’était quel étage ? »

Léo : « Le quatrième sans ascenseur 🙂 »

Max : « Pfff ! »

Le chevalier : « Le kimméridgien supérieur ! »

Max : « Le kimméridgien supérieur ! C’est ça ! C’est le Jurassique supérieur. »

Le chevalier : « Le kimméridgien a duré de -157 à –152 millions d’années avant nos jours. »

Max : « C’était pas hier ça ! »

Léo : « Mais le chevalier était déjà un homme d’âge mûr 🙂 »

Max : « 🙂 Et ici, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Le kimméridgien inférieur. »

Léo : « Alors, si je comprends bien, dans la région, quand on va du nord au sud on va du plus ancien au plus récent. »

Le chevalier : « Tu comprends bien Léo 🙂 »

Max : « Comment ça se fait ? »

Le chevalier : « Les strates sont légèrement penchées. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « Oui, c’est tout. »

Max : « D’accord. Bon, on attaque ? »

Léo : « Oui, attaquons ! On va par où ? »

Le chevalier : « Vers le nord ! »

Léo : « On remonte le temps alors ! En route ! »

Max : « Léo, tu vois ce que je vois ? »

105-1 03 L'estran

Léo : « Les strates penchées de l’estran ? La falaise dans le fond ? »

Max : « Les cailloux tout cassés ! Bonome va encore cavaler sur des cailloux tout cassés ! »

Léo : « Oui, c’est comme ça la géologie. T’inquiète pas. Il fait très attention. »

Max : « Bonomou. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu me promets d’être prudent sur les cailloux tout cassés ? »

Le chevalier : « Ça, je te le promets 🙂 »

Max : « On est obligés de pocher nous. Sinon, il va nous falloir escalader chacune des couches et on va être épuisés. »

Le chevalier : « Je comprends. Grimpez ! »

Max : « Tu viens Léo ? »

Léo : « Je viens 🙂 »

Le chevalier : « Êtes-vous bien installés ? »

Max : « Nous sommes ! »

Léo : « C’est plus facile en pochant 🙂 »

Max : « On est trop petits nous. On peut pas cavaler sur ces cailloux tout cassés. »

Léo : « Regarde ! On est déjà arrivés à la falaise ! »

105-1 04 La falaise

Max : « Bonome, nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Que voulez-vous savoir ? »

Max : « Tout 🙂 »

Le chevalier : « Que voyez-vous ? »

Max : « Oh non ! Pas une interro ! »

Léo : « Il fallait pas lui demander tout ! Juste un peu aurait suffi ! »

Max : « C’est trop tard maintenant ! Il y a interro… »

Le chevalier : « Oui ! Et c’est noté ! »

Max : « Ça va compter dans la moyenne ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « On a pas révisé ! »

Max : « On savait pas qu’il y aurait interro de géologie sur le kimméridgien inférieur ! »

Le chevalier : « Mes petizours, vous savez qu’il faut commencer par décrire ce que l’on voit. Que voyez vous ? »

Léo : « Tout en bas il y a des cailloux. Ils se sont détachés de la falaise et sont tombés. Poum les cailloux 🙂 »

Max : « Et il faut pas qu’ils nous tombent dessus, sinon on va être tout crabouillés. »

Le chevalier : « Savez-vous comment on appelle des morceaux de falaise qui sont tombés ? »

Léo : « Moi m’sieur ! Moi ! »

Le chevalier : « Léo ? »

Léo : « Des éboulis ! Ce sont des éboulis ! »

Le chevalier : « Bien Léo 🙂 »

Max (à Léo) : « Pfff… J’allais le dire ! »

Le chevalier : « Max, puisque tu allais le dire, que vois-tu d’autre ? »

Max : « Des bancs calcaires, épais de quelques dizaines de centimètres. On peut dire des bancs décimétriques. Ils sont séparés par des interbancs… marneux… C’est plus riche en argile entre les bancs calcaires. »

Le chevalier : « Très bien Max 🙂 »

Léo : « On peut ajouter que les bancs sont massifs et réguliers. »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et au-dessus, c’est moins net. C’est beaucoup plus marneux. On voit plus bien les bancs. »

Léo : « Et presqu’en haut, il y a une fine couche marneuse un peu ondulée. »

Max : « Et encore au-dessus, il y a de nouveau un ou deux bancs de calcaire mais ils sont tout cassés. »

Léo : « Et pour finir, on voit une fine couche marron qui contient des petits cailloux de calcaire. Et il y a les végétos. Tout en haut 🙂 »

Le chevalier : « Très bien à tous les deux 🙂 La dernière couche, marron, constitue le sol. Son étude est l’objet d’une science à laquelle je ne vous ai pas encore initiée : la pédologie. »

Max : « Et pourquoi tu nous as pas encore initiés à la pédologie s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Parce que nous ne pouvons pas tout faire 🙂 »

Max : « Bonome, tu nous inities immédiatement à la pédologie ! »

Léo : « Ben oui ! On peut pas être totalement ignorants en pédologie ! On est des naturalistes nous ! Quand même, bonome ! »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Vous voyez que le sol repose sur le sous-sol et il est couvert par la végétation. D’ailleurs, les racines de végétaux s’ancrent dans le sol. On peut dire que le sol est une zone de transition entre la roche et le vivant. »

Max : « Il vient d’où le sol ? »

Le chevalier : « En partie du sous-sol et en partie de la végétation. Ici, nous avons un sol sur roche calcaire. Le calcaire contient des argiles. Vous savez sûrement que le calcaire, ou carbonate de calcium, peut se dissoudre en présence d’acide. »

Max : « Il y a de l’acide ? Aïe ouille ! »

Le chevalier : « Non Max. Pas aïe ouille ! Il n’y a pas assez d’acide. Cet acide résulte de la dissolution du dioxyde de carbone de l’air dans l’eau. »

Léo : « Tu pourrais écrire des équations chimiques compliquées s’il te plaît ? J’aime bien les équations chimiques compliquées 🙂 »

Le chevalier : « CO2 + H2O HCO3 + H+ »

Léo : « Si je dis pas des erreurs, à gauche, c’est le dioxyde de carbone qui se combine avec l’eau. Mais je connais pas les produits de droite. »

Le chevalier : « C’est un hydrogénocarbonate et un proton. C’est le proton qui fait que c’est acide. »

Max : « Aïe ouille ! »

Léo : « Et après ? »

Le chevalier : « Les protons réagissent avec le carbonate de calcium. »

Max : « On a vu en Bretagne le carbonate de calcium, au four à chaux. C’est comment déjà ? »

Le chevalier : « CaCO3 »

Max : « Ben oui. »

Léo : « Et les protons réagissent avec le carbonate de calcium… Et ça donne quoi ? »

Le chevalier : « Du calcaire soluble 🙂 Et au fur et à mesure le calcaire se dégrade il libère les argiles qu’il contient. Et vous voyez aussi que les bancs calcaires se fragmentent en morceaux de plus en plus petits vers le haut. Les végétaux peuvent alors commencer à se développer, du moins ceux qui supportent le calcaire. Puis, les végétaux meurent et se décomposent. Ils enrichissent le sol en formation en matière organique. »

Léo : « Alors, si je comprends bien, le sol s’épaissit par le bas et par le haut. »

Le chevalier : « Tu comprends bien. Par le bas, par dégradation de la roche mère, et par le haut, par enrichissement en matière organique. »

Max : « Et donc, le sol, c’est un peu minéral et un peu organique. C’est pour ça que tu dis que c’est intermédiaire entre la roche et le vivant 🙂 »

Le chevalier : « Exact Max. »

Léo : « Chevalier, les scientifiques donnent des noms que personne connaît à part eux à tout ce qu’ils décrivent. Les sols, ils ont des noms aussi ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « Il s’appelle comment ce sol là ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien. A vrai dire, je ne sais même pas si ce que je vous ai dit est juste. Je me demande si ce sol n’est pas simplement un dépôt de limons. »

Max : « Un dépôt de limons ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Des particules emportées et déposées par le vent. »

Max : « C’est le vent qui aurait déposé le sol ? Il est vraiment gentil le vent 🙂 Mais il souffle pas beaucoup. Il nous caresse doucement le visage mais il raconte pas de belles histoires. »

Le chevalier : « Vous n’avez pas encore pris le temps de l’écouter. »

Max : « C’est vrai. Mais il nous accompagne partout. On est toujours avec lui. Et des fois, entre amis, on a pas besoin de se parler. On est ensemble et ça suffit. Bon, maintenant que nous sommes plus ignorants en pédologie, on peut avancer. »

Léo : « Rholala ! On a fait la pédologie ! C’était bien ! Dis chevalier, ils se forment toujours pareil les sols ? Par dessous et par dessus ? »

Le chevalier : « Les mécanismes précis sont forcément différents puisqu’ils dépendent de la roche-mère mais le principe reste le même Léo. »

Max : « Regardez ! On va explorer tout ça ! »

105-1 05 La falaise

Léo : « Rholala ! »

Max : « Je propose qu’on étudie bien la falaise à l’aller et qu’on fossile au retour. Vous voulez bien ? »

Léo : « Ouiiii ! Si tu es d’accord chevalier. »

Le chevalier : « Je suis d’accord. »

Max : « Alors on commence par la falaise… »

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Léo : « On voit bien les alternances de bancs calcaires et de bancs un peu plus marneux. »

Max : « Oui, mais on a pas nos casques alors il faut pas s’approcher. »

Léo : « Ben non. La falaise peut tomber. »

Max : « Poum la falaise ! »

Léo : « Et poum les petizours ! Tout crabouillés les petizours ! »

Max : « Et bonome aussi ! Tu crois qu’on se fossiliserait ? Et que les paléontologues du futur nous découvriraient ? »

Léo : « Ils nous étudieraient 🙂 Et on se retrouverait dans la vitrine d’un muséum avec des étiquettes : Petitursus sp. et Bonomus chevalierus découverts ensemble dans des éboulis Jurassiques mis en place au Quaternaire. »

Max : « C’est une belle mort pour des naturalistes 🙂 »

Le chevalier : « Mon Maxou, je ne suis pas pressé de mourir dans un éboulement de falaise. »

Léo : « Moi non plus… »

105-1 08 La falaise 105-1 09 La falaise

Max : « C’est toujours pareil la falaise… »

Léo : « Elle est juste un peu plus haute. »

Max : « Et les bancs calcaires sont moins épais. »

Léo : « Pourquoi il y a alternance comme ça ? »

Le chevalier : « Vous devriez savoir ! »

Max : « Oh non ! Tu vas pas refaire une interro ! C’est la deuxième aujourd’hui ! »

Léo : « En plus, on est fatigués parce qu’on s’est levés cette nuit pour regarder la lune… »

Le chevalier : « D’accord. Je vous explique. »

Max : « Merci bonomou 🙂 »

Le chevalier : « Vous savez que le calcaire se forme par accumulation des tests d’algues microscopiques. »

Max : « Oui, ça on sait ! On sait même qu’elles aiment plutôt les eaux chaudes. Mais ça tombe bien, parce qu’au Jurassique la Charentmaritimie était bien plus au sud ! »

Le chevalier : « C’est exact. Et les argiles viennent du continent. »

Léo : « Elles sont apportées par les fleuves ! Ce sont les plus petites particules obtenues par érosion des roches. »

Max : « Mais qu’est ce qui s’érodait à l’époque ? »

Le chevalier : « Le Massif central. »

Max : « Le Massif Central ? Il va falloir que tu nous y emmènes un jour. »

Le chevalier : « Max, je ne peux pas vous emmener partout. »

Léo : « On inspecte déjà beaucoup 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Bon, si je résume, les roches de la falaise viennent en partie de l’érosion du Massif Central qu’on connaît même pas et du dépôt des tests des algues microscopiques. »

Le chevalier : « C’est bien résumé 🙂 »

Léo : « Je comprends. Quand il y a moins d’algues, la proportion d’argile augmente. »

Max : « Et pourquoi il y aurait moins d’algues par moments ? »

Léo : « Je suppose que c’est à cause des variations de la température. Elles aiment les eaux chaudes. Si la température baisse, même juste un peu, les algues sont moins nombreuses. »

Max : « Il a bon ? »

Le chevalier : « Son hypothèse me plaît bien. »

Max : « Il est vraiment fort Léo ! Et il a même pas révisé ! Je crois que je vais écrire à Princesse pour lui demander de confier une mission à Léo. »

Léo : « Quelle mission ? »

Max : « De me former ! »

Léo : « Mais non ! C’est toi qui dois me former ! C’est ta mission ! »

Max : « Tu connais plus de choses que moi. Je sers plus à rien… »

Léo : « Tu te prends pour bonome ? ‘Je sers plus à rien.’ ‘vous n’avez plus besoin de moi’. Vous allez pas bien dans vos têtes tous les deux ! On fait des choses fort savantes tous les trois, et des fois, il y en a un qui connaît mieux, ou qui fait fait une meilleure hypothèse pour expliquer ce qu’on voit… Mais on s’en fiche de qui c’est ! On apprend tous ensemble. Moi, j’ai besoin de vous deux et puis c’est tout. »

Max (au chevalier) : « Oulala ! Je crois que Léo s’est énervé 🙂 »

Le chevalier : « Avec raison 🙂 »

Max : « Léo, il est comme toi. Il a souvent raison 🙂 »

Léo : « Vous êtes bêtes ! Dites, vous avez vu la falaise ? »

105-1 10 La falaise 105-1 11 La falaise

Max : « C’est étrange ! »

Léo : « Je dirais même que c’est bizarre 🙂 »

Max : « Léo, aurais-tu une hypothèse ? »

Léo : « Ben non ! »

Max : « Moi non plus. On dirait une faille. Mais une faille ça s’interrompt pas comme ça ! »

Léo : « Chevalier, as-tu une hypothèse ? »

Le chevalier : « … Mmmm… est-ce bien une faille ? »

Max : « Ben oui ! Il y a fracture des couches en deux compartiments. Et on voit bien qu’ils sont pas à la même hauteur. Les couches ne sont pas l’une en face de l’autre. C’est bien une faille. Et elle s’interrompt en haut. Ça va pas ça ! »

Le chevalier : « Et si la faille n’était tout simplement plus visible en haut ? »

Max : « Et pourquoi elle serait plus visible s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Parce qu’elle affecte une couche toute cassée 🙂 »

Léo : « Alors selon toi, la faille va bien jusqu’en haut mais on la voit pas parce que la couche du haut est constituée de cailloux tout cassés. Oui, c’est une hypothèse intéressante… »

Max : « Mais, apparemment, elle satisfait pas tout à fait Léonou 🙂 »

Léo : « On la verrait quand même un peu… »

Max : « Pas forcément. Les cailloux tout cassés ont pu se déplacer et masquer la faille. »

Léo : « Oui… Peut-être… »

Max : « Bon, ça suffit la falaise. C’est trop monotone. On peut fossiler maintenant. »

Léo : « Attends Maxou. Regarde les arbres. »

105-1 12 La falaise 105-1 13 La falaise

Max : « Ils sont tout anémomorphosés 🙂 »

Le chevalier : « Voilà ! Max recommence ! Il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui ! Il va pas bien dans sa tête ! Tout ça pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé ! Mais il y a que lui qui le croit ! »

Max : « Bonome, essayerais-tu de m’imiter parlant de toi pour te moquer ? »

Le chevalier : « Moi ? Noooonnn 🙂 Loin de moi cette pensée 🙂 »

Max : « C’est mieux, parce que ça marcherait même pas ! Je me reconnais absolument pas dans cette pseudo-imitation 🙂 »

Léo « Ah bon ? Moi je trouvais ça assez ressemblant 🙂 N’empêche que ce sont de beaux arbres tout déformés à cause du vent. »

Max : « Bon, on peut fossiler maintenant ? »

Léo : « Oui ! C’est parti ! »

Max : « J’ai déjà trouvé quelque chose ! Mais c’est bizarre… »

Le chevalier : « Jolie découverte Maxou 🙂 »

105-1 14 Des morceaux de crinoïdes

Max : « Tu sais ce que c’est ? »

Le chevalier : « Oui, bien sûr. »

Max : « Tu sais toujours tout, toi 🙂 »

Léo : « Tu nous expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je suis là pour ça. Max, tu as découvert deux fragments de pédoncule de crinoïde. »

Max : « Oui oui, bien sûr. Je le savais. Et c’est quoi une caroncule de crinoline ? »

Léo : « Il a pas dit caroncule de crinoline Maxou 🙂 »

Max : « Parce que toi, tu pourrais répéter ce qu’il a dit peut être ? »

Léo : « Oui 🙂 Il a dit pédoncule de crinoïde. Je sais pas ce que c’est mais j’ai retenu le nom. »

Le chevalier : « Max, tu devrais connaître. Nous en avions trouvé en faisant la géologie du Kimmeridgien supérieur. »

Max : « Des crinoïdes ? On a déjà vu des crinoïdes ? Tous les deux ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « … Laisse moi réfléchir… Ce serait pas ces fossiles que tu devais fotoer pour mettre dans mon blog et montrer à Princesse ? Chose que tu as jamais faite ! C’est bien ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. Désolé Max. Mais ma collection était à la schola. Je te promets que cette fois je ferai la foto et je te la donnerai pour que tu la mettes dans ton blog. »

Max : « Promis ? »

Le chevalier : « Promis 🙂 »

Max : « Mais en attendant il faut que tu nous expliques. »

Le chevalier : « Il y a là deux morceaux de pédoncule de crinoïdes. Celui de droite est posé à plat et il est coupé. On voit donc le canal qui passe à l’intérieur. Et à gauche, c’est une coupe transversale. On voit que le pédoncule avait une section circulaire. Et on peut observer le canal en son centre. Parfois les pédoncules de crinoïdes ont une section en étoile et et on trouve parfois des petits morceaux isolés. Ce sont des petites étoiles à cinq branches toutes mignonnes. J’en avais dans ma collection mais je les ai perdues. Autrefois, il y avait une légende qui disait que ces petites étoiles étaient les étoiles filantes qu’on peut voir dans le ciel. »

Max : « J’aime beaucoup les légendes du Pays des Zoisos 🙂 »

Léo : « Venez voir ! J’ai trouvé d’autres morceaux de pédoncules de crinoïdes ! »

Max : « Il y en a encore ici ! »

105-1 15 Des morceaux de crinoïdes 105-1 16 Des morceaux de crinoïdes 105-1 17 Des morceaux de crinoïdes

Max : « Il y avait beaucoup des crinoïdes au Kimméridgien ? »

Le chevalier : « Actuellement, ils peuvent former de vastes prairies assez denses. »

Max : « Alors il devait y en avoir beaucoup. »

Léo : « Et ça ? C’est quoi ? »

105-1 18 Montlivaltia supposé 105-1 19 Montlivaltia supposé

Le chevalier : « Ce sont des coraux solitaires. Ils ont une forme cylindrique, ou légèrement en cône, et se terminent en partie supérieure par une ouverture circulaire divisée par des parois rayonnantes. »

Max : « Ils sont pas vraiment solitaires tes coraux solitaires 🙂 »

Le chevalier : « Si ! Celui de droite, dont on ne voit que l’ouverture terminale, est bien seul. Solitaire ne veux pas dire isolé. Il arrive que plusieurs individus se développent côte à côte. »

Max : « D’accord. Et tu connais son nom à ce corail solitaire ? »

Le chevalier : « C’est un Montlivaltia de la famille des Montlivaltiidés. »

Léo : « Montlivaltia comment ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. Je ne connais que le nom du genre. »

Léo : « Il y en a encore ici ! »

Max : « Oh ! »

Léo : « Quoi oh ? »

Max : « On dirait qu’il y a un gastéropode fossilisé à côté du corail ! »

Léo : « Bien vu Maxou ! »

Max : « Zoome bonome ! »

105-1 20 Montlivaltia supposé 105-1 21 Montlivaltia supposé et peut être procerithium

Léo : « Tu le connais ce gastéropode ? »

Le chevalier : « Je dirais que c’est un Procerithium. »

Max : « Tu t’arrêtes encore au genre. Tu connais pas le nom d’espèce ? »

Léo : « Max, c’est déjà bien de connaître le genre ! »

Max : « Oui, je sais. Mais bonome connaît tellement de choses… »

Le chevalier : « Vous êtes gentils tous les deux 🙂 Mais les noms que je vous propose ne sont que des hypothèses. Je ne suis pas un spécialiste vous savez. »

Max : « Il faudrait trouver des spécialistes pour tout vérifier mon blog… On est que des petizours naturalistes nous. On sait pas tout. »

Léo : « Bonome c’est pas un petitours ! »

Max : « Non, c’est un grantours 🙂 On continue à fossiler ? »

Léo : « Encore un Montlivaltia ! Il y en avait beaucoup aussi ! »

105-1 22 Montlivaltia supposé

Max : « Vous avez vu l’espèce de spirale juste au-dessus, vers la gauche ? »

Léo : « Encore un Gastéropode ! Mais on peut pas savoir qui c’est ! »

Max : « Et ça bonome, c’est quoi ? »

105-1 25 Nerinella sp

Léo : « C’est très fin et très allongé… C’est peut-être un long piquant de zoursin. »

Max : « Je pense plutôt à un Gastéropode très long et très fin. »

Léo : « On voit pas bien. »

Le chevalier : « Je pense que Maxou a raison. »

Léo : « Et tu le connais ce Gastéropode ? »

Le chevalier : « C’est peut-être Nerinella eliator, Nerinellidés. La description de Max correspond à peu près. »

Max : « Alors on a déjà vu : des coraux solitaires du genre Montlivaltia, un Procerithium et une Nerinella éliator. »

Léo : « Et ça ! »

105-1 24 Terriers fossilisés

Max : « J’ai une hypothèse ! »

Le chevalier : « Nous t’écoutons ! »

Max : « J’hypothèserais que ce sont des terriers horizontaux fossiles ! »

Le chevalier : « C’est cohérent avec ce que nous voyons. »

Léo : « Tu valides l’hypothèse ? »

Le chevalier : « Je n’irais pas jusque là ! Disons qu’elle est satisfaisante. »

Max : « Si je comprends bien, tu sais rien du tout ! Tu fais que des hypothèses ! »

Le chevalier : « Ce qui n’a rien de choquant pour un scientifique naturaliste 🙂 »

Léo : « Et ça ? Qu’est ce que c’est ? J’en ai déjà vu tout à l’heure. »

Max : « Moi aussi. »

105-1 26 Pinna sp

Le chevalier : « C’est une coupe dans un gros bivalve. Venez, essayons de trouver un fossile un peu plus présentable… »

Max : « Tu trouves bonome ? »

Le chevalier : « Pas encore 🙂 Il faut être patient… »

Max : « Toujours pas trouvé ? »

Le chevalier : « Toujours pas 🙂 »

Max : « Et là ? »

Léo : « Max ! Arrête d’embêter bonome ! »

Max : « Je l’embête pas. Je le taquine 🙂 »

Le chevalier : « Tu peux arrêter ! J’ai trouvé 🙂 »

105-1 27 Pinna sp 105-1 28 Pinna sp 105-1 29 Pinna sp

Max : « Parce que ça, pour toi, c’est un fossile présentable ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « C’est la même chose que ce que j’ai trouvé tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Et tu dis que c’est un Bivalve ? »

Le chevalier : « C’en est un. Je pense que c’est une pinne ou jambonneau. Pinna sp. »

Léo : « C’est la coquille d’origine ? »

Le chevalier : « Peut-être, c’est possible. »

Léo : « Et elle date du kimméridgien inférieur ! Rholala ! Une coquille de près de 150 millions d’années ! Tu as vu Maxou ? »

Max : « Oui, j’ai vu. Bonome, il ressemble à quoi ce bivalve ? »

Le chevalier : « Il a une forme triangulaire, assez allongée. La pointe est vers le bas. En général elle est enfoncée dans le sédiment. »

Max : « Et ils se nourrissent comment les Bivalves ? »

Le chevalier : « Vous savez que ce sont des animaux aquatiques qui respirent grâce à des branchies. »

Max : « On sait 🙂 »

Le chevalier : « Leurs branchies jouent également un rôle dans la nutrition. Elles piègent les petites particules de matière organique ou les tout petits êtres vivants et les dirigent vers la bouche. »

Max : « Ils se nourrissent avec leurs branchies ? »

Le chevalier : « Oui, en filtrant l’eau. »

Max : « D’accord. Merci bonome. »

Léo : « Et ça ? »

105-1 30 Un bivalve

Le chevalier : « C’est le moulage externe d’une valve de Bivalve. On peut voir que la valve portait des points en relief et que, vers la gauche, cette ornementation s’arrêtait. Il devait y avoir des lignes parallèles au bord de la valve. »

Max : « Tu vois ça toi ? »

Le chevalier : « Je le devine. »

Max : « Et tu connais cette espèce ? »

Le chevalier : « Non, mais je connais un genre qui ressemble. C’est le genre Myophorella. »

Léo : « Dis donc, tu en connais des choses. »

Le chevalier : « Merci mon Léo. Mais je ne suis certain d’aucun des noms que je vous ai donnés aujourd’hui. »

Léo : « Je sais. Mais quand même, tu reconnais les fossiles et tu es capable d’hypothéser. J’aimerais être capable d’en faire autant ! Rholala ! »

Max : « On est revenus au début de la falaise 🙁 C’est fini la géologie. »

Le chevalier : « Nous avons vu beaucoup de fossiles. »

Max : « On en a pas ramassé pour ma collection. »

Le chevalier : « Mais je les ai fotoés pour ton blog. »

Max : « Merci bonomou. Tu peux nous en dire plus sur ce que nous avons vu ? »

Le chevalier : « Que dire de plus ? Le kimméridgien est l’avant dernière division du Jurassique et doit son nom à la localité de Kimmeridge dans le Dorset, en Angleterre. Cette localité de référence à été choisie par Alcide d’Orbigny en 1849. Dans la région, il est découpé en kimméridgien inférieur, surtout calcaire, et kimméridgien supérieur, récifal et aussi marneux. »

Max : « Ici c’est l’inférieur ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. Et c’est même la formation inférieure appelée calcaires à Nerinées et Montlivaltia. »

Max : « Bonome, on a vu le kimméridgien inférieur aujourd’hui. Mais on a déjà vu la suite, le kimméridgien récifal. Et le marneux aussi. Et le Cénomanien inférieur, le Cénomanien moyen et supérieur et même le Turonien. On a beaucoup fait la géologie en Charentmaritimie. Tu crois qu’on pourrait faire une synthèse régionale ? »

Léo : « Oh oui ! C’est une bonne idée ! Une grande synthèse ! Tu veux bien dis ? »

Le chevalier : « 🙂 Je suis d’accord sur le principe. Ce serait effectivement très intéressant de faire une synthèse. Mais nous avons encore quelques sites à explorer avant de pouvoir la faire. Mes petizours, je vous charge de commencer la collecte et l’étude des données qui nous permettront de réaliser cette grande synthèse. »

Max : « Mais tu vas nous aider ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais vous pouvez commencer sans moi. Vous travaillez bien tous les deux. »

Léo : « Chouette alors ! On va collecter et analyser des données ! Et on commencera la synthèse ! Rholala ! Tu as eu une bonne idée Maxou 🙂 »

Max : « En attendant, on a terminé notre inspection et c’est même pas l’heure de rentrer. En plus, on a pas vu de zoisos. »

Léo : « C’est le moment où Max demande où on va maintenant 🙂 »

Max : « Ben oui. Bonome, on va où maintenant ? »

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