Léo : « Tu vas nous expliquer les cornéennes bonome ? »
Le chevalier : « Je vais essayer… »
Max : « Oulala ! Quel enthousiasme ! Quelle détermination ! »
Yann : « On t’a connu plus convaincu bonome. »
Le chevalier : « C’est que… J’ai peur d’être un peu perdu. »
Max : « Toi ? Perdu ? »
Samuel : « C’est pas tous les jours que ça arrive. Pourquoi tu te sens perdu ? »
Le chevalier : « Les roches affectées par le métamorphisme de contact se ressemblent toutes. Il y a peut-être des lacunes dans la série sédimentaire et je ne connais pas les épaisseurs. De plus les sources documentaires vraiment détaillées sont rares… »
Léo : « Oui… D’accord. Mais tu vas improviser et tu vas bien t’en tirer j’en suis sûr. »
Le chevalier : « Merci Léo. Mais si je disais des erreurs ? »
Max : « On le saura pas. »
Le chevalier : « Et tes lecteurs ? La rigueur scientifique ? »
Max : « Mes lecteurs ? Tu crois que j’en ai encore ? Tu penses qu’ils vont voir si tu dis des erreurs ? »
Samuel : « Et puis tu vas être rigoureux dans tes explications. Si tu te trompes se sera avec rigueur 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Vous ne me laissez pas vraiment le choix. Je vous explique donc les cornéennes du Havre Jouan. »
Max : « Elles sont là ? »
Yann : « Attendez ! Vous parlez de cornéennes tout le temps mais vous voudriez pas me réexpliquer ? »
Le chevalier : « Si. Bien sûr. Au sens strict les cornéennes sont des roches dures, non fissiles, à patine et cassure d’aspect corné, à minéraux engrenés et enchevêtrés avec parfois des porphyroblastes automorphes. Elles sont totalement recristallisées. »
Max : « Bonome… »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Tu t’entends parler ? »
Le chevalier : « Oui. Je ne suis pas sourd. »
Max : « Et tu comprends ce que tu dis ou tu articules des syllabes au hasard en espérant que ça forme des phrases ? »
Le chevalier : « C’était trop compliqué c’est ça ? »
Max : « Yann est un petitours heureux. Il est pas vraiment naturaliste et il est plutôt néophyte en géologie. Tu crois qu’il a compris ? »
Samuel : « Te vexe pas cousin Yann, mais je suis sûr qu’il a pas compris un mot. Je suis plus néophyte moi et j’ai rien compris du tout. »
Léo : « Moi non plus. »
Le chevalier : « D’accord. Vous savez que la formation des cornéennes est liée à l’intrusion d’un magma. »
Max : « Oui on sait. Tu sais Yann ? »
Yann : « Ça j’ai compris. Je sais aussi que le magma est chaud. »
Le chevalier : « Plutôt oui. Ici sa température est estimée à 600°C. La chaleur qu’il porte va être évacuée par conduction. Ce n’est pas très efficace mais ça va cuire les roches. Elles vont se transformer à l’état solide sans changer de composition chimique globale à part des pertes d’eau et de dioxyde de carbone éventuelles. »
Samuel : « La transformation minéralogique à l’état solide c’est le métamorphisme. »
Léo : « Et comme ici il est dû à la température on parle de métamorphisme thermique, thermométamorphisme ou encore métamorphisme de contact. »
Le chevalier : « C’est ça. »
Yann : « Je vous suis. »
Le chevalier : « Les roches les plus proches sont les plus cuites. Tous leurs minéraux d’origine sont affectés et les roches néoformées sont entièrement recristallisées. »
Yann : « Je suis toujours. »
Le chevalier : « Les minéraux néoformés seront bien collés les uns aux autres voire écrasés car le magma comprime la roche encaissante. Et si le refroidissement est lent de beaux cristaux pourront se former. »
Yann : « C’est limpide. »
Le chevalier : « Au passage les plans de stratification disparaissent et il n’y a pas de foliation ou de schistosité donc la roche apparaît massive. »
Yann : « C’est évident. »
Max : « Comment tu as dit ça tout à l’heure ? »
Le chevalier : « Au sens strict les cornéennes sont des roches dures, non fissiles, à patine et cassure d’aspect corné, à minéraux engrenés et enchevêtrés avec parfois des porphyroblastes automorphes. Elles sont totalement recristallisées. »
Max : « D’accord. Je comprends toujours pas mais si ça correspond à ce que tu as expliqué à Yann je suis d’accord. »
Léo : « Dis bonome, si la conduction de la chaleur est pas très efficace je suppose que plus on s’éloigne du magma moins la transformation en cornéenne est possible. »
Le chevalier : « Tu supposes bien Léo. »
Samuel : « Donc les cornéennes au sens strict s’observent qu’aux abords du granite. »
Le chevalier : « Absolument. »
Max : « Mais les roches qui ne sont pas trop loin sont cuites quand même. Elles sont pas bien cuites mais elles sont à point, saignantes ou bleues. »
Le chevalier : « 🙂 Oui Max 🙂 Il y a bien un gradient de cuisson, de métamorphisme. En s’éloignant du granite on peut observer la succession de roches théorique suivante : schistes noduleux et micacés, schistes tachetés à cordiérite et andalousite, schistes à texture finement orientée, schistes sériciteux. »
Max : « Oui oui. Toutafé 🙂 »
Samuel : « Pourquoi tu dis théorique ? »
Le chevalier : « Tout dépend des roches encaissantes. »
Léo : « Et c’est quoi ici ? »
Le chevalier : « Bonne question… Pfff… S4b-a et d2b-a »
Max : « Tu me fatigues là. Bonome… »
Samuel : « S4b-a : Schistes et grès de May ; d2b-a : Grès à Orthys monnieri et Schistes et Calcaires de Néhou. Cousin Max si tu dis que je suis autiste je te… Je trouverai bien ! »
Max : « Je dis rien. »
Léo : « Tu as vraiment une mémoire prodigieuse petit Sam. »
Samuel : « Je mémorise bien 🙂 Mais il manque des formations entre les deux. »
Le chevalier : « Oui oui… Elles sont peut-être là… »
Yann : « Je suppose que ces roches différentes réagissent pas pareil et donnent des roches différentes quand elles sont cuites. »
Le chevalier : « Vous supposez bien 🙂 Oui Yann. Je vous ferez un tableau purement théorique. »
Léo : « Si je résume… Il y a des roches qui se ressemblent presque toutes à l’œil nu. Elles sont affectées de façon variable par la température et donne des roches qui elles aussi se ressemblent beaucoup. C’est bien ça ? »
Max : « Je comprends que tu aies peur d’être perdu… On le serait à moins. »
Samuel : « J’ai beaucoup d’estime voire d’admiration pour les géologues qui ont identifiés toutes ces roches sur le terrain. »
Léo : « Moi aussi. »
Yann : « Dites, vous m’en voulez pas si je me contente de la beauté du paysage, de la chaleur du soleil sur ma truffe et la caresse du vent sur mon visage ? »
Max : « Bien sûr que non Yann 🙂 Sois heureux. Nous on géologise 🙂 »
Léo : « On commence ? »
Le chevalier : « On commence. »
Vue générale du site
Max : « C’est tout cassé. Tu vas faire attention ? »
Le chevalier : « Je vais faire attention. »
Cornéenne du Havre Jouan
Le chevalier : « Ah… Ça se sont des cornéennes. Presque des vraies. Elles sont bien sombres… »
Léo : « Tu les connais ? »
Le chevalier : « Je ne connais rien. Je sais pas… »
Léo : « Hypothèse ? »
Le chevalier : « Bien que nous soyons haut sur l’estran je dirais que ce sont les Schistes et Grès de May. Cornéennes à micas et cornéennes à pyroxènes… Remontons encore… »
Cornéenne du Havre Jouan
Léo : « C’est pas un pli ptygmatique ça ? »
Pli ptygmatique dans les cornéennes
Le chevalier : « Ça y ressemble… »
Samuel : « La roche à l’air plus claire. »
Le chevalier : « Schistes et calcaires de Néhou ? »
Max : « Si on laissait tomber les cornéennes et qu’on s’intéressait aux filons ? Tu t’y connais en filons bonome ? »
Le chevalier : « J’espère que c’est plus simple… »
Filon de granite dans les cornéennes
Filon de granite dans les cornéennes
Filon de granite dans les cornéennes
Max : « Alors ? »
Le chevalier : « Là c’est le granite. Le microgranite plutôt. Vous voyez qu’il s’est insinué dans les roches encaissantes en respectant les plans de stratifications. Il y a bien une apophyse oblique qui recoupe les cornéennes mais globalement les filons sont parallèles entre eux. »
Léo : « C’est le même granite que le batholite ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Sauf qu’il a cristallisé plus rapidement d’où sa structure microgrenue. »
Filon de granite dans les cornéennes
Filon de granite dans les cornéennes
Max : « Ce sont de vraies cornéennes ici ? »
Le chevalier : « Vous voyez des traces des plans de stratification. Ce ne sont pas des roches massives. »
Samuel : « C’est peut-être la schistosité. »
Le chevalier : « Pfff… Oui… Je ne pensais pas que je serais perdu comme ça… »
Max : « Ça arrive bonome ! Ça arrive ! »
Samuel : « Nous c’est souvent comme ça 🙂 »
Le chevalier : « Vous avez fait d’immenses progrès. Tout à l’heure vous étiez totalement autonomes lors de la découverte du granite. »
Max : « Ben… On a passé une semaine complète sur le granite de Ploum’. On connaît un peu les granites roses 🙂 »
Samuel : « C’est encore un pli ptygmatique ? »
Pli ptygmatique dans les cornéennes
Le chevalier : « Au sens strict un pli ptygmatique est un pli serré très sinueux, à charnière arrondie, résultant du plissement d’une veine ou d’une couche à fort contraste de viscosité par rapport aux roches environnantes. »
Léo : « C’est pas un pli ptygmatique alors. »
Le chevalier : « Ça me fait plutôt penser au méandre d’un fleuve qui avance doucement sur un terrain quasiment horizontal et qui profite de roches plus tendre pour creuser son lit. »
Yann : « C’est poétique 🙂 »
Samuel : « Tu veux dire que le magma s’est insinué dans des zones de moindres résistances et c’est pour cela qu’il a un trajet sinueux ? »
Le chevalier : « Oui petit Sam. Il est passé par des discontinuités ou des cassures et cela explique sa forme. »
Léo : « Je comprends que tu sois perdu bonome. Regardez là -devant… »
Les cornéennes du Havre Jouan
Léo : « Il y a trois strates différentes et je suis sûr qu’elles ont pas réagi de la même façon à l’élévation de température. »
Samuel : « Bonome, tu sais c’est quelle formation ? »
Le chevalier : « Schistes et Grès de May probablement… Là aussi…»
Max : « Ça te déprime bonome ? »
Le chevalier : « Ça va être comme ça avec toutes les roches sédimentaires que nous allons voir… »
Max : « Ah… Léo, tu as pensé aux antidépresseurs ? »
Léo : « Je crois qu’on a ce qu’il faut en chocolat. »
Max : « Tu prendras l’apéro en rentrant le soir bonome. On t’autorise. C’est à but thérapeutique. »
Le chevalier : « Tu m’incites à boire de l’alcool ? »
Max : « Tu as pas beaucoup besoin d’être incité pendant les vacances 🙂 Tu te trouveras bien une spécialité locale improbable. »
NDA : La spécialité improbable pendant ce séjour a été le cidre de glace. Bonome a adoré. Il en a ramené plusieurs bouteilles mais il y touche pas. Elles décorent la cuisine.
Samuel : « C’est encore le granite ça ? »
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Le chevalier : « Ah ça non. Enfin… C’est un granite mais ce n’est pas celui de Flamanville. »
Max : « C’est un autre granite ? »
Le chevalier : « Oui, c’est un sill de microgranite. Il est antérieur à celui du batholite. Il s’est mis en place dans les roches sédimentaire. »
Max : « Comment tu sais ça ? »
Le chevalier : « Il est lui aussi affecté par une légère schistosité, comme les cornéennes. »
Léo : « Oui, donc il a subi lui aussi l’intrusion du batholite. »
Le chevalier : « Les cassures parallèles entre elles reprennent les plans de schistosité. Si on regarde bien… »
Yann : « Il y a des fous de Bassan ! »
Léo : « Des fous ?! »
Max : « Alerte fous ! Alerte fous ! »
Le chevalier : « D’accord 🙂 Je fotoe les fous 🙂 »
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Yann : « C’est vraiment un beau zoiso. »
Léo : « Oui mais il est en danger. »
Max : « Pourquoi tu dis ça ? »
Léo : « A cause de la grippe aviaire. Elle fait d’énormes dégâts chez les zoisos et en particulier chez les fous. Vous savez que la principale colonie de fous se trouve aux Sept Îles. »
Max : « Oui, en face de Ploum’. »
Léo : « L’an dernier il y a environ 90 % d’échec reproductif. Les parents mourraient et donc les petits aussi. »
Samuel : « Il y a une telle densité de population que le virus doit se propager rapidement. »
Léo : « Ben oui. Et puis les cadavres sont pas évacués. Ça fait des réservoirs pour les virus. »
Samuel : « 90 % d’échec. C’est énorme ! »
Léo : « Ça met la population en danger. »
Max : « J’espère qu’il a des populations isolées. »
Léo : « Pas beaucoup. Il faut espèrer que l’île de Batz soit pas touchée. »
Samuel : « Chez nous ce sont surtout les Laridae qui sont touchés. »
Léo : « Pas seulement petit Sam. Les Laridae on le sait parce qu’on voit les cadavres. Ce sont de gros zoisos et les cadavres sont sur les bords des plans d’eau ou flottent sur les étangs. Les passereaux qui meurent on les voit pas mais il y en a beaucoup aussi. »
Max : « Pfff… Déjà que les populations de zoisos diminuent à une vitesse folle à cause de la disparition des insectes. »
Yann : « C’est pas très réjouissant tout ça. »
Samuel : « Il vaut mieux reprendre la géologie. »
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Yann : « Qu’est ce qu’il se passe là ? »
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Filon de microgranite dans les cornéennes sombres
Le chevalier : « Il y a des plans de stratifications entre des formations lithologiques différentes. »
Léo : « Changement de strates ? »
Le chevalier : « Plutôt changement de formation. »
Max : « Et tu les connais ces formations ? »
Le chevalier : « Non Max. »
Max : « Bon tu es perdu et je le comprends mais je veux pas que tu fasses la dépression à cause de ça alors tu fotoes les fous de Bassan avant qu’il y en ait plus et après on va ailleurs. »
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Linnaeus 1758)
Max : « J’espère que les fotos seront belles parce que la scène était chouette 🙂 »
Le chevalier : « On verra Max. »
Léo : « On va où maintenant ? »
Le chevalier : « Je voulais aller voir les cornéennes en passant par l’anse de Sciotot et pourquoi attendre le coucher de soleil. »
Yann : « C’est où Sciotot ? »
Le chevalier : « Juste là… Mais on irait en chevauchant. »
Max : « Si on y va tu fais pas la dépression parce que tu es perdu ? »
Le chevalier : « Promis Max. »
Léo : « Tu trouveras bien des choses à nous dire. On y va ? »
Max : « Jusqu’à où ? Tu veux visiter les nuages ? »
Le chevalier : « Tu exagères Maxou. Je voudrais vous montrer ce que nous allons inspecter afin que vous ayez une vision d’ensemble. »
Yann : « C’est gentil ça. »
Léo : « Merci bonome. »
Samuel : « On pourrait regarder un peu quand même parce que là tu fais rien qu’à cavaler. »
Le chevalier : « Si vous voulez… »
Les cornéennes vues de haut
Le chevalier : « Pas encore assez haut. La vue n’est pas assez dégagée. »
Max : « Tu peux quand même nous faire visiter. »
Le chevalier : « Si tu veux. La grande plage est la plage de Sciotot. Elle se termine au niveau de la Pointe de Rozel. »
Samuel : « On a y aller ? »
Le chevalier : « A la Pointe de Rozel ? Mmmm… Il me semble bien. »
Yann : « Chouette ! »
Max : « Tu peux tout zoomer pour qu’on voit mieux les roches ? »
Le chevalier : « Si tu veux… Voilà. »
Les cornéennes vues de haut
Léo : « Des roches sédimentaires… Des couleurs différentes… On va tout étudier ? »
Le chevalier : « Le mieux possible. J’ai peur que ce soit lassant. Nous verrons bien. »
Max : « Explique nous un peu ces roches s’il te plaît. »
Le chevalier : « Pas encore. Avançons encore un peu… D’ici c’est plus clair. »
Les cornéennes vues de haut
Max : « Mouai… Peut-être que toi tu vois mieux mais moi non. »
Léo : « C’est pas vraiment plus clair. »
Le chevalier : « J’explique un peu alors. C’est peut-être le moment de sortir la carte géologique de Cherbourg. La voici… »
Carte géologique de Cherbourg (source : Géoportail)
Le chevalier : « Que voyez-vous ? »
Yann : « Des bandes de couleurs. J’aime bien l’harmonie des tons 🙂 »
Léo : « En bas à gauche, en plutôt rouge, c’est le granite de Flamanville. Les autres couleurs ce sont des roches sédimentaires ? »
Le chevalier : « Presque toutes oui. »
Léo : « Il doit y avoir des granites. Vers le nord je crois. Des roches sédimentaires qui forment des bandes comme ça… C’est qui le plus vieux ? Le vert ou le bleu bizarre ? »
Le chevalier : « Le vert. »
Léo : « Je vois. Les couches les plus anciennes sont à l’extérieur. Alors on dirait deux grands synclinaux. »
Yann : « Des synclinaux ? C’est quoi ça ? »
Max : « C’est quand les roches s’inclinent 🙂 Yann, tu sais que les roches sédimentaires se déposent au fond de l’eau en couches horizontales superposées. Les plus récentes sont au-dessus des plus anciennes. »
Yann : « Oui, ça je sais. »
Léo : « Les strates Maxou. Les couches c’est pour les bébés 🙂 »
Max : « Je simplifie pour que Yann comprenne facilement. »
Yann : « Et je t’en remercie Maxou. »
Max : « Imagine des strates superposées. Maintenant tu les plies en U mais pas trop et tu coupes à l’horizontale. Tu visualises ? »
Yann : « Pas sûr. Peut-être. Je sais pas trop. »
Max : « Bonome, un schéma s’il te plaît. »
Le chevalier : « Mais bien sûr. Comme ça, sur le terrain… »
Max : « Ben sois tu gribouilles quelque part. Soit tu te débrouilles 🙂 »
Le chevalier : « Je me débrouille pour gribouiller. »
Max : « Je trouverai un schéma pour mon blog. Montre ton œuvre. C’est pas mal. »
Schéma d’un synclinal
Yann : « J’avais bon 🙂 »
Léo : « Bon, là, il y a deux synclinaux séparés par un anticlinal. »
Samuel : « Un anticlinal c’est quand les roches sont pliés vers le haut. »
Yann : « Merci petit cousin. »
Max : « Bonome, il a bon Léo ? »
Le chevalier : « Oui. »
Léo : « Je le savais 🙂 Mais… C’est quoi la tache verte en bas presqu’au milieu à gauche ? »
Le chevalier : « Une boutonnière de briovérien. »
Samuel : « C’est le socle qui affleure. D’accord. Donc on a un socle briovérien et une couverture sédimentaire. »
Max : « Ça me rappelle la Normandie ça avec le synclinal de May. »
Le chevalier : « Bravo mes petits 🙂 »
Max : « C’est un synclinal comme à May-sur-Orne ? Du cambrien au silurien ? »
Le chevalier : « Avec les grès de May 🙂 Voulez-vous la succession des terrains visibles ? »
Max : « Petit Sam, fais des fiches dans ta tête ! Vas-y bonome ! »
Max : « Tu as retenu petit Sam ? »
Samuel : « Oulala pas tout ! »
Le chevalier : « Je vous redonnerai ce tableau. »
Tableau stratigraphique des roches sédimentaires de la région.
Léo : « On connaît déjà les grès armoricains et les grès de May. »
Max : « N’empêche que c’est monotone tout ça. Des schistes et des grès… Ça va pas être facile de les distinguer. Il y a des fossiles ? »
Le chevalier : « Je ne pense pas que nous en verrons beaucoup. Si nous en voyons… »
Léo : « On peut revenir à la carte s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr Léo. »
Carte géologique de Cherbours (source : Géoportail)
Le chevalier : « Que veux-tu savoir ? »
Léo : « Que tu expliques un peu plus. »
Le chevalier : « Il y a un socle briovérien constitué de roches volcaniques acides ou de brêches volcaniques acides. Sur ce socle se sont déposées des roches sédimentaires au cours des cycles de transgressions et régressions entre le cambrien et le dévonien. L’orogenèse hercynienne a plissé cette couverture. Le synclinal de Jobourg-Siouville est un vrai synclinal. Quoique… Je parlerais plutôt d’une gigantesque terminaison synclinale. Le synclinal sud, dit de Rauville, est en fait allochtone. Il chevauche un peu et il est bordé vers l’ouest de tas d’écailles de synclinal. Au nord il y a eu des tas de granites qui ont eux-aussi plissé et fracturé le synclinal de Jobourg-Siouville. Et puis il y a le granite de Flamanville. Je passe la transgression triasique que nous n’étudierons pas. »
Max : « D’accooord… Pfff… Je dirais bien que c’est pas trop compliqué mais j’ai peur de pas tout retenir. »
Le chevalier : « Je vais essayer de vous faire découvrir tout ça avec quelques petites pépites 🙂 On continue ? »
Yann : « Tu parles de la promenade ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Yann : « Moi je suis d’accord. »
Max : « Tiens, une carrière. »
Une ancienne carrière
Le chevalier : « Terrain privé. Et puis elle n’apporterait pas grand-chose. »
Max : « On y va pas alors. »
Samuel : « Tu penses qu’on reverra le granite ? »
Le chevalier : « Je pense oui. J’espère voir quelques petits affleurements d’ici peu. Pour le moment, on descend. »
Max : « Bonome… C’est la falaise là. Si tu descends là tu vas tomber et tu seras tout cassé genre pizza tout en bas. »
Le chevalier : « Genre pizza ? »
Max : « Ben… Tu vas t’écraser sur les rochers et il restera qu’un amas circulaire de chair. Et tu baigneras dans ton sang tout rouge comme la sauce tomate. Donc oui : genre pizza. »
Samuel : « J’ai pas tellement envie que tu finisses genre pizza bonome. »
Le chevalier : « Moi non plus 🙂 On y va ! »
Max : « Pfff… Il écoute rien. Un jour il va t’arriver des problèmes bonome. »
Le chevalier : « On en reparlera ce jour là. Ben voilà ! Elle est pas belle la vue ? »
Les cornéennes vues de haut
Yann : « Si 🙂 »
Léo : « On est dans l’axe des roches. Tu as pas dit ce que c’est ici. »
Le chevalier : « C’est vrai. De l’ordovicien au dévonien. Schistes et grès de May à Schistes et calcaires de Néhou. »
Max : « Ah oui quand même ! »
Le chevalier : « Je ne sais pas si je vais réussir à distinguer ces formations. »
Samuel : « Bonome, les lignes dans les roches ce sont des plans de stratifications ? »
Le chevalier : « Il va falloir être prudent. Il y a également des diaclases et la schistosité. Avez-vous vu les filons de granites ? »
Max : « C’est qu’on est pas encore aveugles. On les a vus tes filons ! »
Des filons dans les cornéennesDes filons dans les cornéennes
Yann : « C’est le granite qui s’est insinué dans les cornéennes ?
Léo : « Granite ou aplite… »
Samuel : « C’est un peu pareil mais pas vraiment au même moment. »
Le bord de mer
Max : « Bon, bonome, on va pas continuer à marcher comme ça pendant des heures. On a bien compris que le granite est intrusif dans des roches sédimentaires détritiques terrigènes et que le contact entre le pluton et les roches encaissantes est parallèle au trait de côte. On peut observer les cornéennes de près si tu veux bien. »
Léo : « C’est pas nous qui marchons Max. »
Samuel : « Vous avez entendu comment il parle ? Il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé. »
Yann : « Et vlan Max ! »
Max : « Je néglige. Vous avez vu les pipit spioncelle ? »
Léo : « Spioncelle ? C’est un farlouse Max ! »
Pipit farlouse (Anthus pratensis, Linnaeus 1758)
Pipit farlouse (Anthus pratensis, Linnaeus 1758)
Max : « Ben oui ! Pourquoi j’ai dit un spioncelle ? Oulala ! Il va falloir que je révise les pipits moi. »
Samuel : « Erreur d’étourderie cousin Max. »
Léo : « Vous vous souvenez de l’époque où on connaissait rien du tout au pipits ? »
Max : « On était des béotiens 🙂 On connaît pas bien encore. Peut-être qu’on rate des pipits des arbres en les identifiants comme des farlouses. »
Léo : « Peut-être… »
Yann : « Il est étrange le granite là ! »
Un étrange granite
Max : « Ça alors ! Le granite rose est blanc et noir. »
Léo : « Comment c’est possible… »
Samuel : « Il y a des enclaves basiques. Le fond noir vient de là. C’est riche en norite. »
Max : « Mais pourquoi les feldspaths sont blancs ici ? Bonome ? »
Le chevalier : « Bonne question 🙂 »
Léo : « C’est idiot de penser que l’oxyde de fer à été lessivé ? »
Le chevalier : « Non, ce n’est pas idiot mais je ne sais pas si c’est possible. »
Yann : « On voit bien qu’il est porphyrique ce granite. »
Max : « Bon, on va pas passer des heures sur cet affleurement. On a des cornéennes à étudier nous et il faut faire attention à la marée ! »
Max : « Tu vas pas imiter ce zoiso ! Au moins Léo l’imite bien lui ! »
Max : « Non… C’est pas possible… J’en peux plus de lui… »
Yann : « Le pouillot ou Léo ? »
Max : « Ce chant ! Le véloce ou Léo muet ça va 🙂 »
Samuel : « Il y a des bergeronnettes grises. Probablement des Yarrell aussi… Elles bougent trop. J’arrive pas à voir. »
Max : « Des Yarrell ? Tu es sûr ? »
Samuel : « J’ai dit probablement. Ça veut dire que je suis pas sûr. »
Léo : « Moi si ! Il y en a ! »
Max : « Bonome ! Fotoe les bergeronnettes de Yarrell pour tes petizours. »
Le chevalier : « ‘Bonome fais-ci. Bonome fais-ça’… »
Max : « Oui. Et sans ronchonner s’il te plaît 🙂 »
Le chevalier : « Je suis pas un ronchonneur ! »
Max : « Mouai… Tu as réussi ? Oui ? Montre… »
Bergeronnette de Yarrell ; Motacilla alba yarrellii (Gould, 1837)
Bergeronnette de Yarrell ; Motacilla alba yarrellii (Gould, 1837)
Max : « Pas très nettes. Tu peux pas faire mieux ? »
Léo : « Max, tu exagères. »
Yann : « Elles sont bien ces fotos ! »
Samuel : « On reconnaît bien la Yarrell. Bien noire sur le dessus. »
Max : « Et vous pensez à mes lecteurs ? »
Léo : « Il t’en reste ? »
Samuel : « Rho le vlan ! »
Max : « Mmmm… Si je me vexe vous aller dire que je suis susceptible et que j’ai pas fait l’ataraxie dans ma tête. Bien joué Léo ! Bien joué ! Ça c’est un beau vlan 🙂 »
Max : « Un troglodyte mignon ? Ah mais oui ! La première fois que j’en ai vu c’était sur les enrochements de la Plage Sauvage ! Il va à la mer Troglo ! »
Samuel : « Tu peux le tout zoomer bonome ? »
Le chevalier : « Je peux essayer… Zutalor ! Je vais encore me faire gronder… »
Max : « Pas mal bonome ! Pas mal ! Il tient pas en place Troglo. Tes fotos sont plutôt réussies. Bravo ! »
Le chevalier : « Je me sens mal là. Pas l’habitude de recevoir des compliments de ta part Maxou… »
Max : « Il va falloir t’y habituer bonome 🙂 »
Samuel : « Ça fait bizarre… »
Yann : « Oui… Je suis tout chamboulé… »
Léo : « Max qui devient gentil… On risque de s’ennuyer 🙂 »
Max : « Bonome je te dispense même de fotoer le rougequeue noir qui est là-bas parce que lui non plus tient pas en place. »
Samuel : « On sait qu’il est là. »
Yann : « J’aime bien quand ça vole de partout comme ça. »
Samuel : « C’est vrai qu’il y a beaucoup de passereaux sur ces rochers. »
Léo : « Avec Merle et Rougegorge dans les fourrés de la falaise… »
Max : « Les zoisos du Cotentin vont bien. On peut passer à la géologie. »
Le chevalier : « C’est parti ! »
Le granite de FlamanvilleLe granite de Flamanville
Max : « Pourquoi il y a des cassures parallèles comme ça dans le granite ? »
Le chevalier : « Ce sont des joints Max. »
Max : « De joints ? Ah… »
Léo : « Tu nos expliques les joints bonome ? »
Le chevalier : « J’aurais dû m’y attendre 🙂 Il y en a deux grandes familles. Les plans primaires. Ils se sont mis en place lors de la mise en place du magma, lors de son expansion. Ils sont généralement remplis de filon d’aplite et sont perpendiculaires à la bordure du massif. Les plans primaires sont plus tardifs. Ils sont apparus lors de la rétractation du granite au cours de son refroidissement. Ils sont parallèles à la bordure du massif. »
Léo : « Ça fait beaucoup de joints ça. »
Le chevalier : « Et ils débitent le granite en blocs relativement faciles à extraire. »
Samuel : « Merci bonome. »
Léo : « On peut aller cavaler sur l’estran pour voir le granite ? »
Le chevalier : « Vous serez sages ? »
Samuel : « On est toujours sages ! »
Le chevalier : « Faites attention à vous. »
Le granite de Flamanville
Le granite de Flamanville
Max : « C’est tout cassé. Bonome, ça glisse. Évite de tomber. »
Le chevalier : « Merci pour le conseil Max. »
Léo : « Bonome, tu veux bien me fotoer sur le granite. Je donne l’échelle. »
Le chevalier : « Oui Léo 🙂 »
Léo sur le granite
Un long moment plus tard les petizours convergent vers le chevalier…
Max : « On a tout trouvé ! »
Le chevalier : « Vous avez tout trouvé ? »
Max : « Oui. Enfin presque. Il y a pas de schlierens. »
Léo : « On en a pas vraiment vu. »
Le chevalier : « Qu’avez-vous donc trouvé ? »
Samuel : « Bonome, le granite de Flamanville c’est l’un des granites rouges de l’alignement qui va de l’Aber Ildut à Barfleur. C’est comme à Ploum’. Schlieren, enclaves de norites, cristaux à texture rapakivi, filon d’aplite… »
Yann : « On a tout vu ! »
Le chevalier : « On peut partir alors. »
Max : « Tu vas pas bien dans ta tête toi ! On te montre tout ! Allez, viens. »
Léo : « On commence par le granite. Yann, tu veux faire ? »
Yann : « Moi ? Mais je suis pas vraiment naturaliste ! »
Samuel : « Essaye cousin breton. »
Yann : « Vous vous moquerez pas ? »
Max : « Bien sûr que non Yann. »
Yann : « D’accord… »
Le granite
Yann : « Alors… Il y a des tas de cristaux de tailles variables qui se touchent les uns les autres. C’est une structure grenue caractéristique des roches intrusives c’est-à-dire des roches magmatiques qui se sont mises en place en profondeur et dont le magma a eu le temps de cristalliser. Comme minéraux il y a du quartz, des feldspaths alcalins, de la biotite et de la hornblende. C’est une amphibole. Le rose vient de l’oxyde de fer qu’il y a dans les cristaux de feldspaths alcalins. Les alcalins ce sont l’orthose et le microcline mais je me souviens plus des formules chimiques. »
Samuel : « KAlSi3O8 »
Yann : « Merci Samuel. J’avais bon ? »
Léo : « Il me semble bien. »
Max : « Tu as fait des progrès Yann. Bravo ! »
Samuel : « Comme il y a quelques gros orthose ou microcline on peut parler de texture porphyroïde. »
Léo : « Tu pinailles là petit Sam. »
Max : « Il se prend pour bonome 🙂 Tu as quelque chose à ajouter le grand dadais ? »
Le chevalier : « Avez-vous remarqué que les cristaux sont relativement bien alignés ? »
Texture foliacée et filon d’aplite
Max : « Ah oui ! »
Le chevalier : « On parle de texture planaire. Elle est la conséquence de la résistance des roches encaissante lors de l’intrusion du magma. »
Léo : « Merci bonome. »
Max : « On a tout dit sur le granite ? »
Le chevalier : « Le monzogranite. Ce n’est pas vraiment un granite. »
Max : « Ben voilà ! Le granite de Ploumanac’h est pas un granite et le granite de Flamanville non plus ! »
Léo : « On a choisi un endroit où il y a des filons d’aplite. »
Le granite
Filon d’aplite
Yann : « Les filons d’aplite se mettent en place à la toute fin de l’activité magmatique. Le reliquat de magma bouillonne un peu et il s’injecte dans les fissures. »
Léo : « Tu aurais pu dire que l’aplite a à peu près la même composition que le granite mais sa structure est micro-grenue. Le magma a pas beaucoup le temps de cristalliser alors les cristaux sont tout petits. »
Yann : « J’ai oublié. Merci Léo. »
Max : « Viens pas ici bonome… Là ! »
Filons d’aplites et enclave de norite
Léo : « Il y a des filons d’aplite mais c’est pas ce qu’on veut te montrer. »
Samuel : « Le granite est plus sombre et il y a des petites enclaves noires. C’est la conséquence du mélange des magmas : granite et norite. »
Enclave de norite
Max : « Ta foto de l’enclave est trop surexposée bonome. »
Yann : « On voit le mélange mais on a pas trouvé de schlierens. »
Max : « Je rappelle que la formation du magma à l’origine de la norite est la conséquence de la fusion partielle de la partie sommitale du manteau. Il y a eu fusion profonde ! »
Léo : « Là, il y a un beau rocher résultant du mélange de magma et il contient des enclaves. »
D’autres enclaves de norite
Encore une enclave de norite
Max : « Vous vous souvenez où on a vu un cristal à structure rapakivi ? »
Léo : « Oui, là-bas. »
Le chevalier : « Tu me guides Léo. »
Léo : « Oui oui… Là… C’est ça. »
Des tas de choses
Max : « Là on a un peu tout. On voit une zone dans laquelle les magmas se sont mélangés. Elle est traversée par un filon d’aplite. Et il y a un gros feldspath alcalin dans la zone de mélange. Tu zoomes s’il te plaît ? »
Cristal de feldspath alcalin à structure Rapakivi
Max : « Merci bonome. Il est bien rose cet alcalin mais il a une bordure blanche avec quelques points noirs. C’est l’auréole réactionnelle. Le noir ce sont des pyroxènes. »
Léo : « Il y en a pas mal dans la zone de mélange. »
Le chevalier : « Effectivement vous avez tout trouvé. Bravo mes petizours. »
Samuel : « On a fait des progrès en granite 🙂 »
Léo : « En granites rouges surtout. Je pense qu’on pourrait tous les décortiquer. »
Le chevalier : « Je le pense aussi. »
Samuel : « Bonome, ce granite est intrusif. Il y a donc des roches autour. Léo nous a parlé de cornéennes. On peut les voir ? »
Le chevalier : « On peut. »
Max : « Ça c’est toi qui nous montre. »
Le chevalier : « D’accord. C’est parti. »
Max : « Euh… Tu vas où là ? »
Le chevalier : « Voir les cornéennes. »
Max : « Et tu es obligé de grimper sur les rochers glissants pour ça ? »
Vers le contact
Le chevalier : « Un peu obligé Max. Elles se méritent ces cornéennes. »
Max : « Et les multiples fractures aussi… »
Le chevalier : « Voilà. »
Le contact entre le granite et les cornéennes
Léo : « Elles sont à gauche… Je vois… A droite c’est le granite. On est juste sur le contact. »
Samuel : « Il y a des enclaves de cornéennes dans le granite en bas à droite. »
Le chevalier : « Je fotoe 🙂 »
Le contact entre le granite et les cornéennes
Le contact entre le granite et les cornéennes
Yann : « Vous pouvez m’expliquer un peu les cornéennes ? »
Léo : « Juste un peu parce qu’on les a pas encore vraiment vues. Avant le granite il y a avait des roches. Je sais déjà que c’était des roches sédimentaires parce que j’ai lu un peu avant de venir mais je me souviens plus lesquelles. »
Max : « Tu nous dis bonome ? »
Le chevalier : « Quand nous irons les voir vraiment. »
Max : « D’accord. »
Léo : « Je continue. Le magma s’est formé suite à la fusion profonde de la croûte. Il a formé comme une grosse goutte qui est remonté et puis sa densité s’est équilibrée avec celle des roches et il a cessé son chemin. Un magma granitique s’est chaud. 900 à 950°C. Alors les roches en bordure de la bulle du magma ont été cuites. C’est le métamorphisme de contact. »
Samuel : « Il se produit dans la roche encaissante au contact du magma intrusif. »
Léo : « Oui petit Sam. Les minéraux de la roche encaissante sont transformés par la chaleur et on obtient une roche métamorphique appelée cornéenne. »
Yann : « Merci Léo. Alors ‘cornéenne’ c’est pas vraiment une roche. Il y a des tas de roches qui peuvent être des cornéennes. »
Max : « Oui Yann. Et j’aimerais bien connaître celles d’ici. »
Le chevalier : « Nous allons les voir Max. Sois patient. Pour le moment je fais quelques photos… Le contact entre le granite et les cornéennes… »
Le contact entre le granite et les cornéennes
Enclave de cornéennes dans le granite
Le chevalier : « Des enclaves… »
Enclave de cornéennes dans le granite
Enclave de cornéennes dans le granite
Léo : « Là bonome s’il te plaît. »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Enclave de cornéennes dans le granite
Max : « Il est bien sombre le granite là. »
Le chevalier : « Je me demande s’il ne s’est pas un peu mélangé aux cornéennes… »
Léo : « C’est possible ça ? »
Le chevalier : « Cela dépend des roches. Ici ce sont des schistes et des quartzites alors ça doit être possible. Avez-vous vu tout ce que vous vouliez ? »
Max : « Pas les cornéennes… »
Le chevalier : « Je t’ai demandé d’être patient Max. A part ça ? »
Samuel : « Granite, filons, enclaves, Rapakivi… »
Léo : « Et le contact avec les cornéennes. »
Yann : « En plus on a vu des zoisos. »
Max : « Alors on a tout. On fait quoi maintenant ? »
Le chevalier : « On prend de la hauteur 🙂 »
Enclaves allongées de norite
Enclaves allongées de norite
Elles contiennent de nombreux alcalins du coup on suppose que ce sont des enclaves de norite. Leur forme pourrait indiquer un léger mouvement qui les aurait étirées. Ce mouvement est dû à la convection dans le réservoir magmatique. Mais il n’était pas très dynamique ce qui fait qu’il n’y a pas de schlieren mais des enclaves allongées.
Le chevalier : « C’est bien. Il faut que je vous parle. »
Max : « Aïe ! J’aime pas quand ça commence comme ça… »
Samuel : « On a pas fait de bêtises. »
Le chevalier : « Qui vous parle de bêtise ? Vous savez que les vacances approchent. »
Max : « Ben oui. On le sait. Et si tu étais pas aussi étrange tu dirais que tu es déjà en vacances. On est vendredi soir et tu n’as plus cours. Mais non. Pour bonome les vacances commencent le premier matin où il va pas travailler. Le lundi matin… Avant c’est juste le week-end. »
Léo : « Max, quand comprendras-tu qu’il est comme ça ? »
Max : « Qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre ? Je crois que je m’y ferai jamais. »
Yann : « On va en Bretagne ? »
Samuel : « Tu fais la nostalgie bretonne Yann ? »
Yann : « Le bord de mer me manque un peu… »
Samuel : « Moi aussi cousin Yann. »
Le chevalier : « Alors vous devriez être contents 🙂 »
Max : « On va en Bretagne ?! »
Le chevalier : « Non. »
Max : « En Charentmaritimie ? »
Le chevalier : « Non plus. »
Max : « En Normandie ? »
Le chevalier : « Un peu. »
Max : « Comment ça ‘un peu’ ? On y va ou on y va pas ! On y va pas un peu ! »
Le chevalier : « Disons que nous allons en Normandie mais ce n’est pas tout à fait la Normandie. »
Léo : « Alors je sais 🙂 Je suppose que c’est un peu la Bretagne aussi. »
Le chevalier : « Oui mon Léo 🙂 »
Léo : « Un mélange de Bretagne et de Normandie ça s’appelle la façade ouest du Cotentin. On va là ? »
Le chevalier : « On va là 🙂 »
Samuel : « Chouette alors ! »
Max : « Et on part quand ? »
Le chevalier : « Samedi prochain. »
Max : « D’accord. Bien. Merci beaucoup bonome. »
Yann : « Qu’est ce qu’il y a Max ? »
Max : « Une semaine ! Il nous laisse une semaine pour nous préparer ! On fait comment nous ? »
Samuel : « Notre malle est toujours prête. On a juste à prendre nos sacados. Une semaine devrait suffire cousin Max 🙂 »
Max : « Et on se documente comment ? Tu connais le Cotentin toi ? »
Samuel : « Depuis quand c’est nous qui préparons ? »
Yann : « Je suppose que bonome sait déjà où on va aller 🙂 »
Léo : « Côte ouest du Cotentin… Flamanville et son auréole de métamorphisme. C’est incontournable. Connaissant bonome on ira à la Baie d’Écalgrain et l’Anse du Cul Rond. Peut-être même deux fois. Il y a le calcaire dévonien de Baubigny… Après je sais pas trop. »
Max : « Comment tu sais ça toi ? Me dis pas que bonome te l’avait dit et que tu as encore tenu le secret ! »
Léo : « Oulala non ! J’avais pas aimé le secret. Je veux plus de secret. Non non… »
Max : « Ben alors ? »
Léo : « Comment tu dirais ? … Mais qui m’a fichu un cousin pareil ? Tu connais même pas ton bonome ! (J’aurais dû crier pour mieux t’imiter.) »
Yann : « Oui 🙂 Mais sinon c’est tout à fait ça 🙂 »
Max : « D’accord… Tu m’expliques ? »
Léo : « Le rapport de stage de géologie en Normandie de bonome. Tu t’en souviens ? »
Max : « Euh… Oui. On s’en ai servi pour rédiger nos aventures de Normandie. »
Léo : « Ben tu aurais dû tout lire buteo trois fois 🙂 »
Max : « Il y a le Cotentin ? »
Léo : « Un peu. »
Max : « Et pourquoi petit Sam en parle pas lui qui a une mémoire prodigieuse ? »
Samuel : « Parce que je suis un buteo trois fois moi aussi. J’ai même pas tout lu ! »
Yann : « Bonome, tu m’en veux pas si je demande à Léo de nous expliquer le Cotentin plutôt qu’à toi ? »
Le chevalier : « Je ne sers plus à rien moi… Mais vous ferez ça demain. Il est temps de dormir. Ne chahutez pas trop ! »
Max : « Tu nous fais notre bisou ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Les petizours : « Bonnuit bonome ! »
Le lendemain…
Max : « Bon Léo, j’ai tout installé. Tu nous explique rapidement le Cotentin et après bonome nous présente l’itinéraire. »
Le chevalier : « Ah, je sers quand même un peu ? »
Max : « Ben tu sais bien qu’on a besoin de toi pour les chevauchées. On est pas autonomes à ce niveau là nous. »
Le chevalier : « Merci… »
Léo : « Et puis tu peux servir à aller me chercher la carte géologique de Cherbourg s’il te plaît 🙂 »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo se prépare à expliquer le Cotentin.
Léo : « Alors… Le Cotentin… Je cherche une carte… Celle-là ! »
Léo : « Je rappelle rapidement les différents domaines du Massif Armoricain. Au sud de la zone broyée sud armoricaine ou cisaillement sud-armoricain c’est le domaine sud-armoricain. »
Max : « On connaît le Cap Caval ou Pays Bigouden. C’est vers la baie d’Audierne ! »
Samuel : « On a même vu les deux branches principales de la zone broyées sud armoricaine dans la baie des trépassés. »
Yann : « Qu’est ce qu’elle est belle cette baie ! »
Max : « Mais j’ai toujours pas mis ça dans mon blog… »
Léo : « Ensuite c’est le domaine centre-armoricain. »
Max : « On l’a étudié à Kraozon mais vous étiez pas encore là… »
Samuel : « Moi j’ai lu ton blog cousin Max. C’est très beau Kraozon et c’est passionnant ! »
Max : « Si je me souviens bien ce domaine est composé de séries sédimentaires paléozoïques qui reposent sur un socle briovérien et la tectonique a tout chamboulé. »
Léo : « C’est ça. Au nord de ce domaine il y a la zone broyée nord armoricaine puis de l’ouest vers l’est le Pays du Léon et le domaine nord-armoricain. »
Max : « Il faudrait qu’on aille voir Léon quand même ! »
Samuel : « 😀 Le reste du domaine on le connaît déjà. Le Trégor avec Ploumanac’h. »
Max : « Que j’ai pas terminé… »
Samuel : « Là-bas c’est vraiment cadomien. Si je dis pas des erreurs on parle des Unités du Trégor et de Saint-Brieuc. »
Léo : « C’est ça petit Sam. Puis il y a l’Unité de Saint-Malo où on retrouve encore nettement l’influence de l’orogenèse cadomienne. »
Max : « Le Pays de Penthièvre que j’ai pas terminé non plus… »
Yann : « On avait parlé du domaine de monnaie il me semble. »
Léo : « 🙂 Le domaine domnonéen Yann 🙂 Et c’est là qu’on va ! Il reprend les unités dont on vient de parler et leur prolongement vers le nord-est qui est le Cotentin ! »
Samuel : « On retourne en Domnonée ! Chouette alors ! »
Léo : « Je change de carte… »
Carte géologique simplifiée du Massif Armoricain
Léo : « C’est la carte qui montre les granites roses. »
Max : « Comme celui de Ploum’ ! »
Léo : « L’Aber Ildut, la baie de Morlaix, Ploumanac’h, Flamanville et Barfleur. Bonome, tu as prévu d’aller voir celui de Barfleur ? »
Le chevalier : « Tu me parles ? »
Max : « Tu pourrais suivre ce que dis ton petitours bonome ! »
Léo : « Le granite de Barfleur est-il au programme ? »
Le chevalier : « Pfff… Peut-être. Si nous avons le temps… »
Léo : « On se contentera de celui de Flamanville alors 🙂 Je change de carte… »
Carte géologique du Massif Armoricain (Source : BRGM)
Léo : « Comme ça on voit mieux. Le domaine nord-armoricain est en gros coupé en deux. Au sud c’est le domaine mancellien. Comme on le voit sur la carte il est constitué d’un socle ancien peu ou pas métamorphique dans lequel il y a plein d’intrusions granitiques. Les célèbres granites mancelliens. »
Max : « Peu ou pas métamorphiques… Tu es sûr Léo ? C’est pas ce qu’on a vu en Normandie près de l’Orne ? La carrière de je sais plus quoi où on a vu les flics briochoriens avec des slips en titane et fer ? »
Le chevalier : « La carrière de la Roche-Blain, les flyschs briovériens contenant des spilites titanifères. »
Max : « C’est ce que je viens de dire ! Fermeture d’un bassin sédimentaire avec des restes de basaltes océaniques. »
Léo : « C’est ça. Quand on remonte vers le nord il y a la Zone Bocaine avec des synclinaux. Nous on a vu un peu au nord encore le synclinal de May-sur-Orne. On retrouve ce genre de synclinaux dans le Cotentin. C’est un peu pareil. Sauf que le socle est beaucoup plus compliqué et ressemble beaucoup plus à la Bretagne. »
Samuel : « C’est pour ça que tu as dit hier que le mélange de la Bretagne et de la Normandie ça donne la façade ouest du Cotentin ? »
Léo : « Oui petit Sam. Pour faire simple le socle ressemble à ce qu’on a vu en Bretagne et la couverture paléozoïque est celle de la Normandie. »
Max : « Merci beaucoup Léo pour cette introduction presque pas longue du tout. Mes lecteurs ont décroché il y a déjà trois jours. »
Yann : « Tu connais bien Léo ! »
Samuel : « Rholala oui ! Je suis impressionné ! »
Léo : « Merci 🙂 Petit Sam je sais que tu aurais fait mieux que moi. »
Max : « Bonome, as-tu des choses à ajouter ? »
Le chevalier : « Ben non. Mes exposés sont interminables et soporifiques. »
Max : « Il m’énerve en ce moment ce bonome… Il m’énerve ! »
Le chevalier : « Vous devriez faire une carte. Il n’y a pas de bonne carte sur Internet. »
Léo : « Bonne idée ça bonome ! Je vais y réflechir. »
Max : « Bon, tu nous expliques l’itinéraire ? »
Le chevalier : « L’itinéraire ? Aucune idée 🙂 J’ai juste quelques sites en tête. Nous observerons le granite de Flamanville et son auréole de métamorphisme comme tu l’as dit Léo. Pour cela nous irons à Diélette et à Siouville. Il y a effectivement des sédiments paléozoïques qui ressemblent à ceux que nous avons pu observer dans la Vallée de l’Orne. Le Synclinal de Jobourg est homologue à celui de May-Sur-Orne. Nous irons l’observer dans la Baie d’Écalgrain. Il me semble qu’on peut observer son socle. Juste à côté il y a l’Anse de Cul-Rond. Là nous verrons les roches les plus anciennes de France. »
Max : « Ah bah non. On les a déjà vues. Elles sont à Pors Raden près de Trébeurden. »
Le chevalier : « Celles de l’Anse de Cul-Rond ont à peu près le même âge. »
Yann : « 2 041 000 000 d’années. »
Samuel : « Ça fait beaucoup quand même ! Rholala ! »
Max : « Bonome avait déjà 13 milliards d’années 🙂 »
Léo : « Quoi d’autre ? »
Le chevalier : « Le calcaire de Baubigny si je le trouve… Et d’autres séries sédimentaires avec éventuellement leur relation avec le socle. Et puis, au hasard de mes erreurs de chemin, des granites ou je ne sais quoi. »
Max : « Ah. Tu as déjà prévu de te perdre en chemin ? »
Le chevalier : « Si je vous écoute ma capacité à me perdre ou à ne pas aller là où je devais est légendaire… »
Yann : « C’est un peu vrai bonome 🙂 »
Léo : « Mais l’imprévu a toujours son charme 🙂 »
Max : « Bonome, aurais-tu des documents à nous proposer ? Comme on a une semaine… On pourrait étudier un peu ! »
Le chevalier : « Je vous donnerai quelques pistes… »
Max : « Tu te souviens qu’on doit aller voir l’endroit que Yann a trouvé très beau hier ? »
Le chevalier : « Je m’en souviens Max. »
Max : « Tu as trouvé un itinéraire ? »
Le chevalier : « Ne suis-je pas ton bonome ? »
Max : « Ah bah si ! Ça fait dix ans que je te dresse ! Je crois qu’on peut dire que tu es mon bonome maintenant 🙂 Mais ça répond pas à ma question. As-tu trouvé un itinéraire ? »
Le chevalier : « Je ne serais pas ton bonome si je n’avais pas trouvé 🙂 On y va ? »
Max : « On y va ! LES COUSINS !!! LA GROSSE MARMOTTE EST PRÊTE ! ON Y VA !!! »
Après la chevauchée…
Max : « C’est la station de ski ici ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Ils sont bêtes les zoms ! Ça sert à rien les stations de ski. En plus c’est une catastrophe écologique et un crime contre la nature. »
Léo : « Maxou, je propose que tu te lances pas sur le sujet. C’est pas bon pour la tension artérielle de s’énerver. Surtout de bon matin. »
Max : « De bon matin ? A cette heure ci ? Où tu as vu qu’on est de bon matin ? Tu crois que bonome connaît le bon matin ? »
Le chevalier : « Je ne suis pas très matinal mais quand même ! »
Max : « Pfff !!! Quand même rien du tout ! Tu es une grosse marmotte qui arrive jamais à sortir de son lit ! »
Le chevalier : « Et mes petizours hiberneraient toute l’année si je ne les sortais pas du leur ! »
Yann : « L’ambiance est dynamique ce matin 🙂 Le thème de la journée est le reproche ? »
Léo : « Laisse-les chamailler Yann. Ce sont des foulques 🙂 »
Max : « Je suis pas une foulque ! Je chamaille même pas en plus ! Je fais remarquer à juste titre que bonome est pas du matin ! C’est factuel ! »
Samuel : « Ben moi non plus je suis pas du matin pendant les vacances alors ça m’arrange que bonome traîne au lit. »
Yann : « Bonome, pourquoi tu regardes partout comme ça ? Tu as vu quelque chose ? »
Le chevalier : « Non Yann. C’est que… »
Max : « Non ? Pas déjà ? Tu as pas fait ça ? »
Léo : « Qu’est ce qu’il a pas fait ? »
Max : « Bonome, me dis pas que tu t’es trompé de chemin ? »
Le chevalier : « Je crois bien que si… »
Max : « Tu progresses ! Oulala ! D’habitude il te faut plusieurs heures de marche avant de te perdre ! »
Le chevalier : « Je n’ai pas pris le bon versant… Nous devrions être de l’autre côté de la vallée… »
Samuel : « Et c’est grave ? »
Le chevalier : « Euh… Non 🙂 »
Max : « Tu dis ça pour pas passer pour un grand dadais étourdi dès le départ ! »
Le chevalier : « Je dis ça parce qu’on soit de ce côté ci ou de l’autre, on arrivera là où Yann voulait aller ! »
Yann : « Merci bonome 🙂 »
Samuel : « Elle était au programme cette jolie cascade ? »
Une jolie cascade
Le chevalier : « Non petit Sam. »
Samuel : « Alors tu as eu raison de te tromper de versant 🙂 »
Une jolie cascade
Max : « Mouai… Je sais pas ce que mes lecteurs vont penser de ces fotos. Ce sont pas tes meilleures bonome ! »
Le chevalier : « Il y en a de plus belles, de cascades, un peu partout. Je te propose de prendre tes petites pattes et d’aller les chercher toi-même. Tu nous raconteras ça ce soir. »
Max : « Dites les cousins, vous trouvez pas qu’elle est vraiment chouette cette cascade ? Il doit pas y en avoir de plus belles dans toute l’Auvergne. »
Léo : « Oui Max 🙂 »
Samuel : « Tu as peur d’user tes petites pattes le machin ? »
Max : « JE SUIS PAS UN MACHIN ! Et mes pattes sont pas plus petites que les vôtres ! »
Léo : « Oulala ! Comme c’est bôôô ! »
Rhooo c’est bôôô !
Samuel : « C’est une mosaïque de petits milieux ! On va étudier ? »
Léo : « On pourrait faire la phytosociologie ! On étudie les communautés végétales et leur relation avec le milieu en faisant des listes floristiques les plus exhaustives possibles ! »
Max : « Non, on fait pas ça ! »
Léo : « Et pourquoi s’il vous plaît monsieur Max ? »
Max : « Déjà parce que ça prendrait des semaines et des mois ! En plus on serait obligés de trouver les noms compliqués des associations végétales et ça intéresse personne. Et après on aurait plus d’amis parce que c’est pas possible d’avoir des amis en faisant la phytosociologie. Et vlan ! »
Samuel : « C’est vrai que ça prendrait des mois cousin Léo… »
Yann : « Pourquoi on a pas d’amis quand on fait la phytosociologie ? »
Léo : « C’est Max qui dit ça. Néglige Yann. »
Samuel : « Tu sais bien que cousin Max aime bien polissonner. »
Yann : « Tu m’amuses petit Sam quand tu dis que Max est un polisson 🙂 »
Samuel : « 🙂 »
Léo : « C’est vraiment très beau rholala ! L’autre versant aurait pas été aussi bien 🙂 »
Landine à Éricacées
Le chevalier : « Nous serions sur la crête… Je vais voir… Peut-être pour la descente… »
Max : « Je parie ma part que de chocolat que tu vas encore te tromper pour la descente. Tu vas improviser et il y aura forcément un moment où tu vas te demander où tu es 🙂 »
Léo : « Oui Max. Il est comme ça bonome. Il est distrait et il s’en fiche un peu du chemin. Mais on s’est jamais vraiment perdus et l’imprévu a toujours été très bien. »
Yann : « D’accord avec Léo ! Vous avez-vu ? On dirait qu’il y a du coton dans les végétos ! »
Une linaigrette du genre Eriophorium (Cyperaceae)
Max : « Ça ? C’est une linaigrette. A cette distance là je peux pas dire laquelle. Les linaigrettes sont des plantes qui aiment l’eau en altitude. On les connaît bien. Ce sont un peu nos amies de la montagne. »
Yann : « Vous connaissez quand même bien la nature vous. »
Max : « Pas assez Yann. Pas assez… »
Léo : « Je sais pas si on la connaît. Mais on l’aime 🙂 »
Samuel : « Oenanthe oenanthe ! »
Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidae)
Max : « Tu joues aux zoisos ? »
Samuel : « Je sais pas. Mais oui 🙂 Samuel : 1 point ! »
Yann : « C’est quoi jouer aux zoisos ? »
Léo : « Tu connais pas ? C’est Max qui a inventé ce jeu. Le premier qui dit le nom en scientifique d’un zoiso gagne un point. Max perd toujours 🙂 »
Max : « C’est même pas vrai ! »
Samuel : « Ah si 🙂 »
Yann : « Je peux pas jouer moi. Je connais pas assez. »
Léo : « C’est pas grave Yann. »
Max : « Et dire que les zoms viennent ici quand c’est tout couvert de neige… »
Un beau paysage
Yann : « C’est tellement beau… »
Léo : « Bonome, tu connais ce sommet ? »
Le Puy de Paillaret
Le chevalier : « C’est le Puy de Paillaret. »
Yann : « Je comprends pas… On te demande un sommet et tu le connais. Tu connais toujours tout. Tu as une carte dans la tête. Et tu te trompes de chemin à chaque sortie… »
Max : « Bah… C’est bonome ça ! Le plus grand étourdi de la Terre ! Un grand dadais ! Il sait qu’il va devoir aller à droite et il va à gauche. Un jour, il a suivi un papillon ! Le papillon allait là alors il allait là lui aussi ! Alors forcément… Il a bien une carte dans la tête Yann. Tu as raison. Mais si il a envie d’aller là, il y va. Et après il se débrouille. Tant pis si il a fait des kilomètres en plus. »
Léo : « Parfois il ronchonne contre lui-même parce que le détour était trop long 🙂 »
Le chevalier : « Je ne m’habituerai jamais à vous entendre parler de moi comme ça… »
Max : « On a pas raison peut-être ? »
Le chevalier : « Si… Si si… C’est ça qui me perturbe le plus. »
Samuel : « Et si on faisait la pause ? C’est pas l’heure de ton sandouich bonome ? »
Le chevalier : « Mmmm… Pourquoi pas ? J’ai déjà bien marché. L’endroit est joli. Les autres, vous êtes d’accord ? »
Max : « Les autres ? C’est comme ça que tu nous appelles ? »
Le chevalier : « Tu n’aimes pas que je vous appelle les machins alors j’improvise. »
Max : « ON EST PAS DES MACHINS ! »
Le chevalier : « Des petits machins 🙂 »
Léo : « Les autres sont d’accord bonome 🙂 »
Samuel : « Merci les cousins 🙂 »
Max : « Et là-bas, c’est quoi ? »
Le Puy Gros
Le chevalier : « Le Puy Gros. L’objectif du jour. Si vous regardez vers la droite vous verrez la pointe du Puy de Sancy. »
Max : « On voit rien du tout bonome. Tu veux pas centrer ta foto et tout zoomer ensuite ? »
Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »
Le sommet du Puy de Sancy vu de loin.Le sommet du Puy de Sancy tout zoomé
Max : « Ah oui ! Il est quand même impressionnant ce super-méga-zoom 🙂 »
Yann : « Si les gens qui sont au sommet savaient qu’on les voit d’ici 🙂 »
Le chevalier : « Merci mes petizours 🙂 »
Max : « Pourquoi merci ? »
Léo : « Parce que c’est nous qui lui avons offert cet appareil tête de piaf ! »
Max : « Ah oui 🙂 »
Dans cet article Max relate cet épisode : Noël an V
Max : « Bon sandouich bonome 🙂 »
Le chevalier : « Bon chocolat les machins 🙂 »
Yann : « Bonome, ça te dérange pas de manger des mauvais sandouich assis par terre ? »
Le chevalier : « Non Yann. J’aime bien. »
Max : « Ça m’étonnera toujours ça… »
Léo : « C’est à cause de l’ataraxie. »
Max : « Qu’est ce que tu dis Léo ? »
Yann : « C’est quoi la taraxie cousin Léo ? »
Léo : « L’ataraxie ? C’est pas difficile. Il suffit d’observer bonome et on comprend tout 🙂 »
Max : « Oui ben moi je vois pas du tout de quoi tu parles. »
Samuel : « PhiloLéo est de retour 🙂 »
Yann : « Tu nous expliques Léo ? »
Léo : « Je vais essayer de faire bref. L’ataraxie est un concept clé chez Démocrite, Épicure, les stoïciens, les sceptiques… C’est très simple. Étymologiquement ça veut dire absence de troubles. Il s’agit d’éviter le déplaisir. Voilà. »
Max : « Ah non ! C’est un peu court jeune homme ! On pouvait dire, Ô mon dieu, bien des choses en sommes ! »
Léo : « Pfff ! 😉 »
Yann : « Surtout que tout le monde évite le déplaisir il me semble. »
Max : « Ben oui ! Il faudrait être fou pour se mettre dans une situation déplaisante. Par exemple je vais pas aller toucher le fil électrique qui empêche les vaches de se perdre dans la montagne ! »
Léo : « C’est pas ça Max. Bien sûr que personne a envie de se mettre dans une situation déplaisante. Le principe s’est d’être capable d’affronter les situations déplaisantes grâce à une discipline morale, intellectuelle ou physique exigeante et un mode de vie austère sans non plus se mortifier. Ou bien de savoir les éviter… »
Yann : « Ça a l’air compliqué. »
Samuel : « Tu veux bien expliquer un peu cousin Léo ? »
Léo : « Un exposé interminable et soporifique ? »
Max : « Pourquoi pas. Ça changera de ceux de bonome 🙂 »
Léo : « D’accord. Hésitez pas à m’interrompre. Le concept d’ataraxie apparaît chez Démocrite (-460 -370). Selon lui, elle correspond à la tranquillité, la paix de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie. »
Max : « Comme l’harmonie avec la nature ? »
Léo : « Oui Maxou. Pourquoi pas 🙂 »
Le chevalier : « Et la modération dans les sorties ornithos… »
Max : « On se modère bonome 🙂 Léo, continue s’il te plaît. »
Léo : « Toujours chez Démocrite, le corps et l’âme sont en étroite relation. La paix de l’âme est donc possible que si elle s’accompagne de la paix du corps. Des exercices corporels sont donc nécessaires pour atteindre l’aponie. »
Max : « Atteindre la Laponie ? Pour quoi faire ? »
Léo : « Pas la Laponie ! L’aponie ! C’est l’absence de troubles corporels. »
Yann : « Donc il y a l’ataraxie pour l’âme et l’aponie pour le corps. »
Léo : « Oui Yann. Pour Épicure (-342 ; -270), si on atteint l’ataraxie et l’aponie on est en euthymie. C’est la disposition idéale de l’humeur correspondant à une forme d’équanimité, d’affectivité calme et de constance relative des états d’âmes. »
Samuel : « C’est quoi l’équanimité ? »
Léo : « C’est une sorte de détachement, de sérénité, qui permet d’aborder les événements sans passion. »
Yann : « Je commence à comprendre. »
Léo : « 🙂 Je reviendrai à Épicure plus tard. Chez les Sceptiques je sais pas bien l’ataraxie. Si j’ai bien compris, ils cherchent à se débarrasser de l’assentiment et du jugement des autres en ayant une autonomie de pensée. Ils se débarrassent aussi du bien et du mal et des doctrines. Je dirais bien qu’ils se fondent une éthique mais je connais pas assez. »
Max : « Alors on s’en fiche des Sceptiques. »
Samuel : « Tu as évoqué les Stoïciens tout à l’heure. Ils font l’ataraxie eux-aussi ? »
Léo : « Pour Épictète (50 ; 125 ou 130) l’ataraxie rejoint l’apatheia c’est-à-dire l’absence de passions. Pour lui l’ataraxie est un état de quiétude atteint par la méditation et un travail sur soi, une libération des passions négatives qui engendrent angoisse et colère. C’est une sorte de détachement, de lâcher-prise, qui permet de considérer un événement comme un moment nécessaire par lequel il faut passer. »
Yann : « Je remarque que tous ces philosophes veulent ni s’énerver, ni se mettre en colère. »
Léo : « Ni subir les événements. Ils cherchent la paix intérieure qui permet de tout vivre le plus sereinement possible. »
Max : « Je vois quand même pas en quoi ça évite le déplaisir. »
Léo : « Ben si Max. Je prendrais des exemples plus tard. Pour le moment, je reviens à Épicure. Il distingue les plaisirs naturels, nécessaires, qu’il faut satisfaire des plaisirs non naturels, non nécessaires. Je résiste pas à vous donner un extrait de la lettre à Ménécée : ‘Quand nous disons que le plaisir est notre but, nous n’entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, oui qui sont en désaccord avec elle, ou ceux qui l’interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l’absence de souffrance corporelle et de troubles de l’âme.’ »
Yann : « Aponie et ataraxie ! »
Max : « Et un grand vlan ! à tous les faux épicuriens 🙂 »
Samuel : « Mais comment on fait pour réussir l’absence de souffrance corporelle et de troubles de l’âme. »
Léo : « Pas facile ça… Pour éviter les troubles physiques il faut s’habituer à l’austérité, endurcir son corps en faisant de l’exercice physique… »
Samuel : « Bonome il fait bien l’aponie. Quand il fait froid il dit que c’est vivifiant 🙂 »
Max : « Souvenez vous du premier séjour au Pays de Penthièvre ! -7°C pendant toute la semaine, du vent, les plages gelées, la banquise sur la plage de Bon-Abris. Il souriait et était content ! »
Léo : « Oui 🙂 »
Samuel : « Mais pour l’ataraxie ? »
Léo : « Vous me demandez ça à moi qui suis qu’un petitours… Je sais pas trop. Je pense qu’il faut savoir ce qu’on pense, ce qu’on veut. Il faut être au clair avec soi-même. Comme ça on sait de quoi on est responsable. Il faut bien se connaître. ‘Connais toi toi-même.’ C’est pas Socrate qui a dit ça. C’était écrit sur l’un des frontons de temple de la pythie à Delphes. Socrate s’est juste approprié cette injonction. Se connaître soi-même c’est aussi connaître les autres, l’humain. Il faut oser affronter ses problèmes sans se mentir et accepter les conséquences des solutions qu’on trouve… Je pense que c’est ça : être au clair avec soi-même. Comme ça, on se débarrasse de la recherche de l’assentiment et on peut rejeter ou négliger les jugement. Du coup, les relations aux autres sont sereines, apaisées. Si quelqu’un se fâche contre nous, ou est injuste on peut négliger. On assume ce qu’on fait, ce qu’on est… »
Max : « C’est un peu bonome ça. Il analyse, affronte la réalité, prends ses décisions en se fichant de ce que pense les autres et assume les conséquences de ses actes… »
Le chevalier (dans sa barbe) : « Et il les regrette parfois… »
Max : « Qu’est ce que tu marmonnes ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Rien. »
Max : « Léo raconte tout ça parce que bonome mange un mauvais sandouich assis sur un cailloux… Il satisfait ses besoins naturels en toute simplicité. Le sandouich pour satisfaire sa faim et un cailloux pour être assis. Du café parce qu’il aime ça. Et l’harmonie avec la nature. Regardez le… (Le chevalier s’est éloigné un peu.) »
Samuel : « Cousin Léo, je peux proposer quelque chose ? »
Léo : « Bien sûr petit Sam. »
Samuel : « Si on fait l’ataraxie et l’aponie, on a des tas de plaisirs dans la vie. Comme profiter du paysage. »
Léo : « Oui petit Sam. »
Samuel : « Voir un coucher de soleil. »
Max : « Manger à la cantine 🙂 Les collègues râlent parce que c’est pas bon et lui il est content d’avoir du manger dans son assiette sans rien avoir à faire 🙂 Il trouve ça bon, pas toujours mais souvent, et il dit merci au chef et aux dames qui font sa vaisselle. »
Yann : « Il est toujours content notre bonome. »
Max : « Princesse disait de lui qu’il est autosuffisant. Une façon de dire qu’il a atteint la suffisance de soi. Bonome ! BONOME ! Tu peux revenir s’il te plaît ? »
Le chevalier : « J’arrive… Oui Maxou ? »
Max : « Tu as entendu ce qu’a dit Léo ? »
Le chevalier : « Tu veux savoir si ce que dit Léo est juste ? Je pense, oui. Tu sais que Léo étudie beaucoup. »
Max : « Et après vous discutez tous les deux et on comprend rien du tout. »
Yann : « Moi j’ai bien compris ce qu’a expliqué Léo. Être assis par terre ce n’est pas déplaisant quand on a l’habitude de l’austérité ! Bonome évite le déplaisir et il a du plaisir partout ! »
Léo : « C’est ça Yann 🙂 C’est ça être vraiment épicurien : être capable de se satisfaire des multiples petits plaisirs que la vie offre en abondance quand on est capable d’en profiter. Ce n’est pas du tout la recherche du plaisir mais la satisfaction qu’apportent les petits plaisirs de la vie. Relisez l’extrait de la lettre à Ménécée. »
Yann : « Comme profiter d’un paysage magnifique même si on est assis par terre avec des bestioles et en mangeant un mauvais sandouich. »
Le chevalier (pour lui-même) : « Ils ne sont pas si mauvais que ça mes sandouichs… »
Léo : « Intellectuellement c’est pareil. Il faut régler ses problèmes et être en paix avec soi-même pour pouvoir affronter les difficultés de la vie. »
Max : « Quand on va bien dans sa tête ça aide. C’est vrai. »
Léo : « Ça se travaille aussi ça. »
Samuel : « Cousin Léo, je me trompe si je dis que l’ataraxie mène à la liberté ? »
Léo : « Pas du tout petit Sam. C’est même le meilleur chemin. La discipline physique, corporelle, permet d’être bien partout et donc d’aller partout. La discipline intellectuelle permet de penser librement, de parler librement et d’agir librement. »
Max : « Bonome, il a raison Léo ? »
Le chevalier (un peu renfrogné) : « Non. Il dit n’importe quoi. Ils sont bons mes sandouichs. »
Max : « Il pense qu’à ses sandouichs ! Léo philosophe et lui nous parle de sandouichs ! »
Léo : « Tu les trouves bons bonome. C’est pas pareil 🙂 Tu les trouves bons parce que tu t’en fiches en fait. Tout ce que tu veux c’est être dans la nature, tranquillement, avec tes petizours. Tu t’en fiches s’il faut marcher, si tu as mal aux pieds, aux chevilles et aux genoux et si ton sac pèse lourd sur tes épaules, qu’il fait chaud ou froid ou même qu’il pleut. Tu es capable d’oublier ces déplaisirs parce qu’ils sont insignifiants par rapport aux plaisirs que t’apportent cette promenade dans la nature et la rencontre éphémère avec un traquet motteux ou une linaigrette. »
Yann : « Alors nous aussi on fait l’ataraxie ? »
Léo : « Oui Yann. Bonome nous l’a appris sans qu’on s’en rende compte 🙂 »
Samuel : « Ben moi je suis bien content. Merci de nous avoir expliqué ça cousin Léo. »
Yann : « Comment tu connais ça Léo ? »
Léo : « J’aime bien quand bonome nous parle de la Grèce Antique alors je fais des recherches et on en discute après. »
Max : « Bonome, ça te vient d’où ça ? »
Le chevalier : « Mmmm… Regardez là-haut ! »
Max : « Là-haut ? »
Léo : « Rhooo ! »
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Max : « On l’a jamais vu lui ! »
Yann : « Je peux pas dire 🙂 C’est un rapace ? »
Samuel : « Ah bah oui ! Un gros rapace même ! »
Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! »
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Max : « Montre ! »
Léo : « Rholala ! »
Max : « Léo tu recommences à perdre ta mâchoire. Ça faisait longtemps 🙂 »
Léo : « Ben c’est pas tous les jours qu’on voit des vautours ! »
Yann : « Des ? »
Léo : « Ben oui ! Regarde ! Il y en a un là, un autre là ! »
Samuel : « Et d’autres arrivent ! »
Max : « Tu es sûr que ce sont des vautours Léo ? »
Léo : « Oui 🙂 Mais je sais pas lequel… Fauve ou moine… »
Max : « Bonome ? »
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Le chevalier : « Mmmm… L’avant de la face inférieure de l’aile est plus sombre que l’arrière et il y a des bandes blanches. Vautour fauve. Gyps fulvus, Accipitridae. »
Samuel : « Bonome : 1 point ! »
Léo : « Des vautours fauves ! Rhooo la chaaaance ! »
Max : « Il est bien ton itinéraire bonome 🙂 »
Le chevalier : « Je n’avais pas prévu ça… »
Max : « Mouai… On sait bien que tu parles le zoiso. Je serais pas surpris que tu aies fait exprès d’être allé sur le mauvais versant parce que tu savais qu’ils allaient passer là les vautours. »
Léo : « Tu nous expliques le vautour fauve s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Vous expliquer le vautour fauve ? »
Max : « Oui bonome. Nous expliquer le vautour fauve… »
Le chevalier : « Je n’ose pas faire un exposé après celui de Léo… »
Max : « Tu l’as même pas écouté ! »
Le chevalier : « Mais je connais mon Léo 🙂 »
Léo : « Merci de te moquer gentiment de moi 🙂 »
Le chevalier : « Je ne me moque pas Léo. »
Léo : « Je sais 🙂 »
Max : « Bon… Les vautours fauves ! »
Le chevalier : « Gyps fulvus, Hablizl, 1783, Accipitridae. Également appelé griffon depuis l’Histoire Naturelle des Oiseaux de Georges-Louis Leclerc de Buffon. »
Max : « Le grand Buffon l’a appelé griffon ? Comme les griffons des griffons ? »
Le chevalier : « Oui Max. Les vautours ont un long cou. Lui et la tête paraissent déplumés mais c’est un effet d’optique. En fait le cou et la tête sont couverts d’un fin duvet pour éviter de trop se salir lors des curées. »
Max : « Qu’est ce qu’il vient faire là le curé ? »
Le chevalier : « La curée ! C’est comme ça qu’on appelle la ruée avide des vautours sur une charogne. Parce que les vautours sont des nécrophages exclusifs de type tireur-fouilleur. »
Yann : « C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Les vautours ne se nourrissent que des parties molles des animaux morts. Ils fouillent la cavité abdominale en quête des viscères. De ce fait il n’est pas utile que les pattes soient préhensibles. Elles ne servent pas à attraper les proies qui sont déjà mortes et immobiles. »
Léo : « Ils peuvent pas bouger les doigts alors. »
Le chevalier : « Non Léo. »
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Le chevalier : « Les vautours fauves ont une envergure d’environ 2m60. Ils pèsent 9 kg et peuvent vivre environ 30 ans. »
Yann : « Il y en a beaucoup en France ? »
Le chevalier : « Dans les Pyrénées, le Massif Central et le sud des Alpes. »
Samuel : « Ils vivent en montagnes. Peut-être parce qu’il y a de gros mammifères : chamois, bouquetins, marmottes… »
Léo : « Des vaches ou des chevaux aussi… »
Le chevalier : « Oui… Ils trouvent de quoi manger… Sachez qu’ils sont quand même totalement protégés par toutes les conventions internationales. Il est donc interdit de les toucher, de les ramasser ou de les transporter.
Max : « Si on trouve un crane de vautour fauve je peux pas le prendre pour ma collection alors. »
Le chevalier : « Ton amas d’objets divers entassés sur les étagères ou en vrac dans des tiroirs ? »
Max : « Oui ben j’ai pas le temps de m’en occuper et tu veux jamais m’aider… »
Yann : « Vous les avez comptés ? »
Léo : « Plusieurs dizaines… »
Samuel : « On devrait aller au Puy Gros. Apparemment ils passent juste au-dessus. »
Max : « Et c’est là que Yann voulait aller. »
Le chevalier : « J’ai compris 🙂 Pochez vous ! »
Après ça, on a cheminé en silence. On profitait de la beauté en souriant. Le Vent nous caressait le visage. On était bien 🙂
Un vautour est passé au dessus de nous et a tournoyé un peu.
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
On a même pas eu peur parce qu’on est pas des charognes 🙂 On pense qu’il venait observer le grand chevalier au Petizours. Un monsieur a vu bonome fotoer le vautour alors il a demandé qui était ce zoiso. Bonome a expliqué gentiment et il a repris la route. On est rapidement arrivés au Puy Gros. C’est qu’il cavale notre Megapus 🙂 Un petit coup d’œil au Puy de Sancy tout proche…
Léo a insisté pour observer encore les Sancyites parce que c’est pas tous les jours qu’on en voit 🙂
Max sur les Sancyites
Léo sur les Sancyites
En avançant sur le Puy Gros on a pas pu s’empêcher de profiter du paysage et d’observer encore le Puy de Sancy et ses étranges gerbes de prismes. On vous a déjà expliqué les gerbes de prismes. C’est du magma basaltique qui s’est infiltré dans les nappes de ponces, qui y a formé un lac et qui a pris ces formes en se solidifiant.
On a vu des papillons aussi 🙂 Dans ces cas là, bonome devient un enfant qui sautille partout pour les suivre et réussir à les fotoer. Cette fois là il a été un peu déçu parce que les papillons ont pris la pause et il a pas eu à les pourchasser.
Machaon (Papilio machao, Paplionidae)
Cuivré mauvin (Lycaena alciphron, Lycaenidae)
Arrivés au Puy Gros on a profité du paysage. C’est vraiment très beau l’Auvergne.
Le Vent a apporté quelques nuages. Je sais pas si je vous l’ai déjà dit mais c’est la sécheresse. Même en Auvergne l’herbe est toute sèche et les étiages sont très bas un peu partout. L’arrivée de nuages était donc une bonne nouvelle mais il a pas plu quand même. Ça nous a juste empêché de bien voir les vautours fauves qui passaient au-dessus de nous. Certains étaient à peine visibles dans les nuages mais on les applaudissaient quand même 🙂
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Vautour fauve (Gyps fulvus, Accipitridae)
Bonome a pas pu s’empêcher d’essayer de nous faire croire qu’il est intelligent et cultivé en parlant latin d’un coup comme ça : ‘Ubi pecora, ibi vultures’ nous a t-il dit d’un coup. A ce qu’il paraît c’est une vieille maxime latine qui dit que là où il y a du bétail il y a des vautours. C’est un peu logique. Le bétail meurt et ça attire les vautours. De nos jours, dès qu’un zanimo meurt, il est ramassé et envoyé chez l’équarrisseur pour éviter les zoonoses. C’est pas une bonne idée. Il faut laisser des charognes dans la nature pour nourrir les nécrophages. Ils sont importants les nécrophages.
Pour le retour, bonome s’est pas vraiment trompé de chemin mais il a fait la descente en courant. Ça l’amuse. Il s’est juste arrêté pour nous montrer la Crête de Coq et la Dent de la Rancune.
La Crête de Coq et la Dent de la Rancune
La Dent de la Rancune
La Crête de Coq
Voilà pour cette jolie promenade. Je dis promenade et pas inspection parce qu’on a pas vraiment étudié la nature. On était bien tous ensemble, sans trop parler. Le genre de plaisir simple qui aurait plus à Épicure je pense 🙂
Il faut que je vous raconte quelque chose. C’était il y a quelques semaines. Le 11 août pour être précis. Bonome s’ennuyait un peu. Il avait le cafard qu’on sait même pas pourquoi. Alors on l’a motivé pour aller aux zoisos. Ça marche bien la zoisothérapie 🙂 Il a un peu ronchonné mais il a fini par accepter. Pour nous faire plaisir. Il peut pas nous refuser d’aller aux zoisos le grand dadais. Le conseil des petizours a opté pour une sortie classique : Petit Royaume Sauvage et Grand Étang.
En arrivant, le grand dadais, le roi des étourdis s’est rendu compte que sa batterie était pas chargée. Encore ouf que l’autre l’était ! Il s’est quand même copieusement insulté avec des mots pas polis du tout et s’est un peu plus enfoncé dans le cafard. Là, ça devenait compliqué pour nous. En plus, il y avait pas des zoisos. Enfin… Cet été ça a été la sécheresse. La nature est encore en manque d’eau. Le plan d’eau du Petit Royaume Sauvage était plutôt bien réduit. Alors forcément il y avait pas des zoisos. Sauf que… C’est Yann qui l’a vue le premier 🙂 Je le cite : « Dites, c’est qui ce zoiso aux trèèèès longues pattes et au long bec tout fin ? »
Léo s’est mis à crier en chuchotant : « UNE ÉCHASSE ! UNE ÉCHASSE ! » Oui, nous les petizours, on sait crier en chuchotant 🙂 Bon, c’est pas super rare l’échasse blanche en IDF mais ça fait toujours plaisir d’en voir une. Tiens, puisqu’on parle d’échasse blanche… Comme vous le savez, il y a eu la sécheresse cet été. Depuis le printemps même. Ça a posé problème à beaucoup d’espèces mais les échasses en ont bien profité. Elles pondent dans les marais, juste au-dessus du niveau de l’eau. Certaines années c’est l’hécatombe chez les œufs à cause de l’eau qui monte. Ben là, il y a pas eu ce problème. D’autres espèces ont profité de ça aussi. Mais pas les libellules. Des tas de larves sont mortes à cause des assecs et d’autres ont pas trouvé d’eau pour pondre leurs œufs… Là, au moment où j’écris, il pleut. Depuis ce matin… Ça fait du bien à la nature mais il y a du retard. Les étiages sont encore très bas… Je rajoute quelques fotos de l’échasse parce que c’est vraiment un beau zoiso.
Comme bonome avait qu’une seule batterie, il a décidé d’aller directement au Grand Étang. On a donc chevauché rapidement. Juste en arrivant on a croisé Nicolas. C’est une petit jeune passionné par la nature. Il cavale partout en quête de zoisos et de bestioles depuis des années déjà. À peine les salutations d’usages il a demandé à bonome : « Tu viens pour les flamants ? » Des flamants ? Comme dans ‘les flamants roses sont de beaux zoisos’ , On savait pas nous !!! Là, bonome a fait semblant de rester calme. Il s’est dirigé d’un pas décidé vers le grand observatoire et dès que plus personne pouvait le voir il s’est mis à trottiner 🙂 Nous, on avait un peu le mal de bonome mais on était pressés aussi ! Imaginez un peu qu’ils se soient envolés pendant le court trajet !!! Mais non ! Ils étaient là ! Juste en face ! Regardez ça.
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Bon d’accord, ils sont loin. Mais ce sont des flamants roses ! En Île de France ! C’est seulement la deuxième observation de cette espèce dans la région. La première c’était en 1999. Autant dire au siècle dernier 🙂 Pendant que bonome essayait de faire de belles fotos (je vous ai montré les plus belles) on se demandait ce qu’ils faisaient là ces flamants roses. Olivier aussi. Olivier c’est un monsieur de la LPO. Même qu’il est en train d’écrire un article sur les zoisos rares du Royaume des Grèbes et qu’il va utiliser la foto de l’eider à duvet de bonome 🙂 La seule obs de ce canard dans notre département 🙂 Je vous mets une foto comme ça en passant.
Eider à duvet ; Somateria mollissima (Linnaeus, 1758)
Revenons à nos flamants. On sait pas ce qu’ils faisaient là. Aucune idée. La carte de répartition de l’espèce dans oiseaux.net nous aide pas du tout.
Carte de répartition des flamants roses (source : www.oiseaux.net)
C’est par pays. En vert c’est là où ils nichent et en bleu là où ils sont rares ou occasionnels. Comme il y en a en Camargue, toute le France est verte mais ça veut pas dire qu’on en trouve en Alsace par exemple. Bon, on voit bien qu’il y en a un peu au nord de l’Europe. Sont-ce des migrateurs qui se sont perdus ? Des sudistes qui remontent tellement il fait chaud ? Le problème est qu’ils se nourrissent de petites crevettes qui aiment les eaux saumâtres des lagunes et ici il y a pas ces crevettes. Il y a bien des écrevisses mais c’est un peu grand. Ils pouvaient pas manger ces pauvres flamants. Bonome papotait, papotait… Puis il a décidé d’aller pétuner. Il peut pas s’en empêcher. Pendant ce temps Olivier a téléphoné à Grégory pour le prévenir de la présence des flamants. Et puis quand on a repris l’observation, plus de flamants ! Ils étaient plus là ! Zutalor ! On a cherché, cherché… C’est Olivier qui les a retrouvés ! Ils étaient là-bas, dans l’eau !
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Un peu loin avec pas beaucoup de lumière mais on les reconnaît bien. Oups ! J’ai pas donné le nom de l’espèce en scientifique ! Quelle tête de linotte je suis ! Phoenicopterus roseus, Pallas 1811, de la famille des Phoenicopteridae. Voilà ! Oubli réparé 🙂
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Apparemment ils ont pattes 🙂 Il est vraiment pas très profond ce Grand Étang. Bon, d’accord, il est plutôt grand le flamant rose. De 1m25 à 1m 50 pour une masse de 3 à 4 kg. Par comparaison, le héron cendré atteint au mieux 1 m pour 2 kg. Il peut vivre jusqu’à 30 ans le flamant. Comme chez toutes les espèces à longue durée de vie, la reproduction commence tardivement. Pas avant 4 ans mais souvent vers 10 ans. Il y a des couples monogames qui se forment après des parades compliquées et très agitées. La femelle pond un seul œuf. Bon, il arrive qu’il y en ait deux mais c’est rare. J’ai oublié de dire que c’est une espèce grégaire. Mais ça se voit bien.
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Comme il se passait rien, bonome a fotoé une bécassine des marais qui se nourrissait au bord de l’eau.
Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)
Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)
Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)
Bécassine des marais ; Gallinago gallinago (Linnaeus, 1758)
Nous, on courrait tout autour de l’observatoire pour essayer de voir d’autres espèces. On s’en fiche de se montrer. Olivier nous connaît puisque c’est moi qui suis inscrit sur Faune IDF. Max Petitours! On a rien vu du tout et quand on est revenus aux flamants ils étaient plus là ! Encore partis ! Ils venaient de s’envoler et on a réussi à les retrouver en vol. Ils partent ! Ah bah non ! Ils reviennent !
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Oulala ils font rien qu’à tourner ! Mais qu’est ce qu’ils font ?
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Ils repartent ? Apparemment ils partent vers le nord… Vers le nord ?
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Bon, ben voilà… Si j’en profitais pour vous expliquer leur couleur ? En fait ils se nourrissent de tas de bestioles mais ils affectionnent particulièrement des petits crustacés comme les artémies. Or ces artémies contiennent beaucoup de carotènes. Les carotènes sont des pigments oranges-rouges. Les pélicans les détruisent pas vraiment et ils les rejettent pas non plus. Ils s’en servent pour construire leurs plumes. Du coup, ces plumes sont roses. Parfois c’est tout le flamant qui est rose. Sauf les rémiges primaires. Elles sont noires ces plumes là.
Oulala ! Ils reviennent ! Ils étaient pas vraiment partis ! Oulala ! (Léo en a perdu sa mâchoire.)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Ils tournent encore ! Qu’est ce qu’ils font ?
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
On dirait qu’ils cherchent un bon endroit pour ce poser. Ils vont passer la nuit ici. C’est sûr çà. Ils partiront demain.
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Phoenicopterus roseus (Pallas, 1811)
Ils se sont effectivement posés. Derrière les arbres tout là-bas. On les voyait plus. C’est à se moment que Grégory est arrivé. On était déçus qu’il ait pas vu les flamants mais pas lui ! Il avait réussi de jolies fotos depuis le chemin en arrivant. C’est pas la meilleure observation mais il les a vu quand même. Il était tard. Bonome s’était changé les idées. Parce que c’est pas tout le monde qui a vu des flamants roses en Île de France. D’après Faune IDF nous sommes 7 et ça fait pas beaucoup :)Même si on avait pas envie, on pouvait rentrer.
Coucher de soleil
Coucher de soleil
Voilà voilà. J’espère que ce petit article en retard vous à plu. A bientôt !
Max : « Bon, ça suffit la pause ! Il faut faire la descente maintenant ! »
Léo : « Ça va aller bonome ? »
Le chevalier : « Bien sûr Léo. Pourquoi ça n’irait pas ? »
Léo : « Tu arrêtes pas de cavaler depuis qu’on est arrivés. »
Le chevalier : « Ça me fait du bien. Bon, pochage ! »
Yann : « On grimpe ! Viens petit cousin ! »
Max : « D’accord. Alors Léo, tu vas devoir me supporter ! »
Léo : « Pfff ! Pourquoi je suis puni ? »
Samuel : « Et vlan cousin Max ! »
Max : « Oula ! Tu démarres vite bonome ! »
Le chevalier : « J’aime bien descendre et il n’y a pas beaucoup de monde. »
Yann : « On peut quand même profiter de la vue 🙂 »
Max : « La belle vue elle est derrière er on voit rien du tout ! »
Le chevalier : « Message reçu Max ! Voilà ! »
Vers le sommet
Yann : « Si j’ai bien compris tout ce qui dépasse ce sont des intrusions dans les scories qui se sont mises en place lors d’une éruption précédente. »
Le chevalier : « Ou au début de cette phase éruptive. »
Léo : « On sait quand même l’ordre chronologique relatif. »
Max : « Un dyke… »
Dykes
Max : « Les gerbes d’orgues volcaniques… »
Gerbes d’orgues volcaniques
Gerbes d’orgues volcaniques
Léo : « On connaît déjà ! Il faut avancer. Regardez comme c’est beau devant. »
Le chemin sur la crête
Max : « Il y a moins de monde qu’au sommet. Tu te sens mieux monsieur Jémpaléjens ? »
Le chevalier : « C’est quand même plus agréable. »
Yann : « C’est étrange quand même. D’un côté les pentes sont calmes et de l’autre c’est tout déchiqueté. »
Léo : « Tout à l’heure c’était dans l’autre sens. »
Yann : « Ce sont les scories là ? »
Des scories
Des scories
Max : « Alors là, vous voyez des cailloux dans des cailloux avec des tas de cailloux autour. J’en déduis que nous sommes en Cailloutie. Ces cailloux se sont mis en place lors d’une avalanche de cailloux tout frais à peine sortis du four. A l’époque ils étaient bien croustillants autour et tout tendres au cœur. Et puis ils ont durci et plus personne les regarde et ils sont bien tristes. Heureusement la tribu des petizours est là pour leur redonner toute leur importance à ces cailloux ! »
Léo : « Mouai… Tu as déjà fait mieux. »
Samuel : « On t’a connu plus en forme. »
Yann : « C’était bien essayé… »
Max : « Je sais. Désolé. Mais au moins j’aurais tenté un truc. »
Le chevalier « Il y a du vrai dans ce que tu as dit Maxou. »
Max : « Du vrai dans mes bêtises ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 C’est étonnant non ? Ces scories se sont bien mises en place lors d’avalanches. Enfin presque. On parle de coulées pyroclastiques. »
Max : « Non bonome. Personne parle de coulées pyroplastiques. Il y a que toi qui parle de coulées pyroplastiques. »
Le chevalier : « Pyroclastique Max. »
Léo : « Pyro ? Comme πύρ, le feu en grékancien ? »
Max : « Ah nooon ! Ben non. Léo, tu vas pas te mettre au grékancien toi aussi ! »
Léo : « Léo de Leo en latin ancien qui veut dire Lion 🙂 Et si tu me laisses pas faire le grékancien quand ça s’impose je pourrais te dévorer tout cru ! »
Yann : « Bon courage Léo ! Maxou est rempli de chocolat ! Tu arriveras jamais à tout manger 🙂 »
Samuel : « Et revlan cousin Max ! Mais on pourrait revenir au feu du grékancien ? »
Le chevalier : « Pour continuer l’étymologie… κλάστος = brisé. »
Max : « Comme dans orchidoclaste qui te qualifie à merveille mon cher bonome 🙂 »
Samuel : « Rhooo ! Cousin Max ! Ça se fait pas ça ! Tu vas pas bien dans ta tête toi ! Là c’est plus de la polissonnerie : c’est de l’insolence ! Tu mériterais d’aller au coin ! Espèce d’alburostre ! »
Léo : « C’est un peu limite mais ça me fait rigoler 😀 Juste utilisation du suffixe -claste 🙂 Et bravo pour ‘alburostre’ petit Sam 🙂 »
Yann : « Je comprends pas bien moi. »
Samuel lui chuchote à l’oreille…
Yann : « 😀 Max, tu exagères ! Bonome est pas orchidoclaste du tout ! »
Samuel : « On s’égare encore… Je sens que la descente va pas être sérieuse du tout 🙂 »
Le chevalier : « Mes coulées pyroclastiques vous intéressent-elles ? »
Samuel : « Moi oui 🙂 »
Le chevalier : « Ce sont des morceaux de roches qui ont été projetées lors d’éruptions pliniennes. Ces morceaux de roches sont de toutes tailles… »
Samuel : « Cendres, scories et bombes selon la taille croissante ! »
Le chevalier : « C’est ça 🙂 Et effectivement, la croûte durcit plus vite que l’intérieur. Enfin, en ce qui concerne les plus gros morceaux. »
Yann : « Croustillants dedans et tout tendres à l’intérieur. Tu avais raison Maxou. »
Max : « Ben voilà où j’en suis rendu. Même quand je dis des bêtises exprès j’ai bon 🙂 »
Léo : « Tu es devenu trop savant Max. »
Max : « Sérieusement, vous vous souvenez quand on comprenait rien du tout ? »
Yann : « Ah bah moi je me souviens bien 🙂 C’était il y a pas longtemps encore. 10 minutes je crois 🙂 »
Samuel : « Oui mais toi tu es un néophyte cousin Yann. C’est pas pareil. »
Léo : « Et puis tu as décidé d’être un petitours heureux et pas forcément un naturaliste. »
Max : « Ça reste un bon choix 🙂 N’empêche qu’on comprenait rien du tout. Et on pensait que bonome voyait pas comme nous. »
Léo : « Et oui ! On s’est bonomisés 🙂 On voit plus des cailloux, aussi beaux soient-ils, mais des volcans, des océans qui s’ouvrent ou se ferment… »
Max : « On voit plus pareil qu’avant ! Comment tu dis bonome ? Ah oui ! La vision est pas un sens mais une gnosie. On gnosise carrément maintenant 🙂 »
Le chevalier : « Et vous n’avez plus besoin de moi 🙂 »
Max : « Pfff… Ben si ! Forcément. On peut pas chevaucher tout seuls nous. »
Léo : « Et puis à pattes les inspections seraient bien trop longues. »
Samuel : « Sans vouloir remettre sur le tapis le problème de l’argent de poche, on pourrait pas s’acheter du chocolat sans toi. »
Yann : « Et on est trop petits pour fotoer nous-mêmes. On arrive même pas à le porter l’appareil ! »
Max : « Tu vois : on a besoin de toi 🙂 »
Le chevalier : « C’est bassement utilitaire ! Quelle déception ! »
Léo : « Tu l’as bien cherché ! »
Le chevalier : « C’est pas faux 🙂 Bon, et la géologie ? »
Max : « Je crois qu’on connaît tout sur le Sancy. »
Léo : « Peut-être pas tout mais assez pour aujourd’hui. »
Yann : « Là c’est la sancyite. »
La sancyite
Yann : « C’est elle qui forme l’armature du Puy de Sancy parce qu’elle est très dure. »
Le chevalier : « D’accord. Alors on cavale ! »
Max : « Tu as l’air en forme mon bonome 🙂 Tu cavales bien malgré ton grand âge. Je pense que si il y avait personne tu te mettrais à courir. »
Le chevalier : « Tu me connais bien Maxou 🙂 »
Yann : « Oui ben la marche rapide c’est suffisant. Quand tu galopes j’ai le mal de bonome moi ! »
Le chevalier : « J’en suis désolé mon petitours. Admirez moi ce paysage ! »
La vallée
Léo : « Rhooolaaalaaaaa ! »
Max : « Tiens ! Ça faisait longtemps que tu avais pas rholalaé Léonou 🙂 »
Léo : « Je gnosisais trop ! Là, je me contente de voir la beauté et il y en a beaucoup d’un coup ! »
Samuel : « D’accord avec cousin Léo. Vous avez vu ? La petite vallée qui descend vers la grande vallée… »
Yann : « On descend par où bonome ? »
Le chevalier : « La petite vallée suspendue. »
Yann : « Chouette alors ! »
Max : « On arrive bientôt au Col de je sais pas quoi. Après, on verra plus pareil. Tu veux bien fotoer encore une fois derrière nous ? »
Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »
Juste après, on est arrivé au col. Il y avait des gens d’armes et une bénévole de la LPO. Les gens d’armes c’est parce que les zoms sont bêtes alors il faut les surveiller même à la montagne. Le Sancy il est intégré à la Réserve Naturelle Nationale de Chasseix-Sancy. Ça veut dire qu’il faut pas sortir des chemins jamais. Et au col, il y a des gens qui vont partout. Surtout sur les dykes ou les pierriers. Mais il faut pas. Alors les gens d’armes passent leur temps à demander de descendre de là ou de pas aller là-bas. Mais ça va. Les zoms râlent pas trop. Ils disent qu’ils savaient pas que c’était une réserve naturelle et ils retournent sur le chemin. La bénévole de la LPO c’est pour répondre aux questions des gens sur les zoisos. Je préfère pas dire quelles questions ils posent. C’est un peu gênant pour eux 🙂 Mais évidemment bonome est allé lui parler pour demander quels zoisos il y avait dans le secteur. Ils ont papoté, papoté… Bonome, quand il parle zoisos, il est pire que Léo. Il s’arrête jamais 🙂 J’ose pas imaginer si il y avait eu un géologue 🙂 Au bout d’un moment on a fait exprès de sortir nos truffes de ses poches pour le ramener à la réalité. La bénévole a été surprise mais elle a aussi été très gentille avec nous 🙂 Elle savait pas qu’il existait des petizours naturalistes. Alors quand elle a vu mon gilet de la LPO elle en revenait pas. Peut-être qu’elle en est toujours pas revenu et qu’elle est toujours là-bas.
Max : « Madame la bénévole vous êtes charmante et discuter avec vous est très agréable mais nous avons une vallée à descendre nous. Voulez-vous bien nous rendre notre bonome ? »
Léo : « On a mis des années à le dresser. »
La bénévole : « Vous l’avez dressé ? »
Max : « Ben oui ! Il était sauvage au début. Vous imaginez même pas à quel point ! Dès qu’il voyait du monde, il ronchonnait et se sauvait. Maintenant il accepte de discuter avec d’autres zoms. Et il donne même la patte en disant merci à la dame 🙂 »
La bénévole : « Vous les laissez dire ? »
Le chevalier : « Ça les amuse de croire qu’ils m’ont domestiqué 🙂 Merci pour les infos ! Bonne journée ! »
La bénévole : « Bonne descente ! »
Max : « Bonome, je crois que je préférais quand tu étais sauvage. »
Le chevalier : « C’est vrai ? Je peux redevenir sauvage et me creuser un terrier ? »
Max : « Ah bah non ! Pas à ce point ! Mais quand tu bavassais pas pendant des heures avec tous les ornithologues que tu croises ! »
Le chevalier : « Je ne bavasse pas ! »
Max : « Si tu bavasses. »
Le chevalier : « Je discute. Ce n’est pas pareil ! »
Max : « Non, tu bavasses. Tu papotes, tu papotes… Un jour tu vas user ta langue ! »
Le chevalier : « Ça ne te gêne pas quand c’est pour t’expliquer quelque chose. Je dois toujours t’expliquer quelque chose. ‘Bonome expliques moi la vache !’ ‘Bonome explique-moi les sancyites’. Bonome explique-moi la Bretagne !’ Tout ça pour me dire ensuite que je fais des exposés interminables et soporifiques ! »
Max : « Ben… C’est vrai que tu es soporifique. Avec toi, pas besoin de sable de là où le soleil se couche pour s’endormir. »
Yann (à Samuel) : « Comment vous dites dans ces cas là ? Ah oui !!! Dites, il y a des foulques à la montagne ? »
Léo : « 😀 »
Max : « On est pas des foulques !!! »
Le chevalier : « On ne se chamaillait pas comme des foulques ! Nous discutions ! »
Samuel : « Si ! Vous chamailliez 🙂 Même que Maxou t’a vexé bonome 🙂 »
Le chevalier : « Pas du tout. Je ne bavasse pas. Je le saurais si je bavassais. Je n’ai jamais bavassé. Je ne suis pas un bavasseur moi. »
Yann : « On peut attaquer la descente alors ! »
Léo : « Pas tout de suite ! Bonome aurais-tu l’amabilité de fotoer ce magnifique dyke avant d’entamer la descente s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »
Un dyke
Samuel : « Il y a un rougequeue noir ! Là ! Là ! »
Yann : « Ah oui ? Pourtant on en entend dans la cabane. Et elle est pas à la montagne la cabane. »
Max : « Ce serait bien oulala ! »
Léo : « Tu oublies la neige et le froid l’hiver Max. »
Max : « On serait obligés d’hiberner. Ou resterait dans notre lit pendant la moitié de l’année après s’être goinfrés de chocolat pour faire du gras. »
Léo : « Ah bah ça tu as commencé ! Je te rappelle que pour le moment on hiberne pas. Pas la peine de faire autant de gras ! »
Samuel : « Rholala ! Le vlan qui vient de se prendre cousin Max ! Bravo cousin Léo ! Bravo ! »
Yann : « Ils sont bêtes ! Mais ils sont bêtes ! Vous pouvez m’expliquer les rougequeues noirs de chez nous ? »
Léo : « Ils aiment les parois rocheuses et les bestioles qu’elles hébergent. Pour un zoiso, une paroi rocheuses c’est une paroi rocheuse. Ils s’en fichent si les zoms appellent ça le mur d’une maison ou d’un immeuble. Tant qu’il y a une paroi et des bestioles, les rougequeues sont contents et ils s’installent. »
Yann : « Je comprends Léo. Merci. »
Max : « Elle est vraiment belle cette vallée… »
La vallée
Le chevalier : « On peut y aller maintenant ? »
Samuel : « Tu fotoes le paon du jour avant ! »
Paon du jour (Aglais io, Nymphalidae)
Max : « Et le dyke ! C’est pas tous les jours qu’on en voit ! »
Le dyke
Yann : « Et ce papillon là ! »
Grande tortue (Nymphalis polychloros, Nymphalidae)
Max : « C’est la grande tortue ça non ? »
Léo : « Je crois bien. »
Le chevalier : « Je peux y aller maintenant ? »
Max : « Mmmmm… oui. »
Le chevalier : « Alors c’est parti ! »
Léo : « Fais-toi plaisir bonome ! Cavale ! »
Max : « Il aime ça notre bonome 🙂 »
Samuel : « Oui ben moi ça me plairait bien qu’il regarde un peu où il met ses pieds parce que ça me fait peur là. »
Max : « Le bonome regarde pas ses pieds. Il observe partout. »
Samuel : « Et le bonome va se prendre les pieds dans un cailloux qui dépasse, il va dévaler la pentes en rouler-bouler et il va finir tout cassé ! »
Max : « Cher petit cousin, tu t’exposes à un exposé interminable et soporifique sur l’art du tricot ! »
Yann : « Pourquoi le tricot ? »
Max : « Parce que lorsqu’on fait une remarque à notre grand dadais sur les risques qu’il prend, il répond toujours qu’à la place il peut faire du tricot car c’est bien moins dangereux mais maladroit comme il est il se planterait une aiguille dans la main ou il se crèverait un œil. HÉ ! Pourquoi tu t’arrêtes comme ça d’un coup ? Tu vas quand même pas te mettre au tricot tout de suite ? »
Le chevalier : « Non, pas tout de suite… »
Léo : « Il est à l’arrêt. La truffe en avant. Une patte tendue. Il a vu quelque chose… »
Yann : « Ben… Il y a bien un zoiso dans sa ligne de mire mais je sais pas si c’est lui qui l’a arrêté d’un coup comme ça. Je connais pas assez les zoisos. »
Max : « Un zoiso ? Je vois pas. Il est comment ? »
Yann : « Bleu et orange si je vois bien. »
Léo : « BLEU ET ORANGE ???!!! »
Samuel : « Plutôt gris et orange. Bien vu cousin breton ! »
Léo : « Tu le vois Maxou ? »
Max : « Euh… »
Léo : « OUI ! OULALA ! RHOLALALALA ! LÀ ! LÀ ! »
Max : « Ben voilà ! Je suis encore le seul à rien voir du… Rhôôôô ! »
Samuel : « Tu l’as vu aussi cousin Max 🙂 »
Max : « Tu fotoes bonome ? »
Le chevalier : « Déjà fait 🙂 »
Max : « Tu t’approches doucement alors. Pas de mouvements brusques. Tu fais le fantôme… »
Le chevalier : « Tiens, ça faisait longtemps. »
Monticole des roches (Monticola saxatalis, Muscicapidae)
Monticole des roches (Monticola saxatalis, Muscicapidae)
Yann : « Apparemment c’est un drôle de zoiso ce zoiso. J’ai rarement entendu Léo oulalaer et rholalaer comme ça. Je suppose que vous le connaissez. »
Léo : « Seulement par les livres Yann. C’est un monticole des roches. Monticola saxatalis (Linnaeus, 1766). Famille des Muscicapidae. On le voit qu’à la montagne mais même là il est rare. C’est pas tout le monde qui a déjà vu un monticole des roches ! »
Monticole des roches (Monticola saxatalis, Muscicapidae)
Monticole des roches (Monticola saxatalis, Muscicapidae)
Yann : « C’est normal les taches blanches ? »
Léo : « C’est parce que c’est un juvénile. C’est pour ça qu’il est gris et pas bleu. Vous voyez les parents ? »
Max : « Moi je vois rien du tout aujourd’hui. Je me demande s’il me faudrait pas une canne blanche et un chien… »
Samuel : « Je les vois pas. »
Léo : « Ils doivent être en train de lui chercher du manger. »
Samuel : « Et ils vont pas venir si on reste là. Il faut qu’on s’en aille. »
Le chevalier : « Je crois bien que tu as raison mon petit Sam. »
Max : « Et on voit pas les parents ? »
Samuel : « On les verra pas ! Ils vont pas venir si on reste là et le petit aura pas son manger. Tu veux avoir la mort d’un petit monticole des roches sur la conscience ? »
Max : « Ah bah non. On y va bonome ! »
Je vous passe la cavalcade de descente. Je dirais juste que notre cher bonome est heureux dans la nature là où il y a pas trop de monde. Il gambade, galope, trotte, s’ébroue. Parfois même il sourit sans raison juste parce qu’il est là. Il a besoin de grands espaces Megapus… Il devrait être garde-naturaliste ou quelque chose comme ça. Mais il est persuadé qu’il est à sa place dans une schola face à des asticots. C’est vrai qu’ils l’aiment bien ses asticots et il les fait bien travailler. Il a peut-être raison. Il a souvent raison mon bonome…
La valléeSancyiteVers le haut de la valléeVers le bas de la vallée
D’un coup, il s’est encore arrêté. Comme un chien d’arrêt…
Léo : « Tu vois cette fois Maxou ? »
Max : « Rholala oui ! »
Samuel : « C’est pas dans les Alpes seulement ? »
Léo : « J’aurais ajouté les Pyrénées mais pas le Massif Central. »
Max : « Sciuridae ? Comme l’écureuil roux ? Tu es sûr Léo ? »
Léo : « Je suis sûr Maxou. »
Samuel : « Une marmotte des Alpes au Puy de Sancy… Je sais pas quoi en penser. Elle est férale bonome ? »
Le chevalier : « Aucune idée. Je ne m’attendais pas à en voir ici. »
Yann : « Vous m’avez répondu sans me répondre 🙂 Oui, vous la connaissez. »
Samuel (qui chuchoteà l’oreille de Yann) : « On a même connu une marmotte peluchiforme. Elvire. Elle est guide-botaniste à la réserve naturelle des Aiguilles-Rouges. Elle donne pas de nouvelles et ça rend triste cousin Max. »
Yann : « Merci petit cousin. Je dirai rien. Chut. »
Max : « Ça se fait pas de chuchoter comme ça ! On est une tribu et on se dit tout. »
Yann : « Oui chef ! Samuel me rappelait discrètement ce que veux dire féral pour pas que je passe pour un béotien. »
Max : « Tu es pas un béotien. Tu es un néophyte et un petitours heureux. »
Yann : « Oui 🙂 C’est facile ici et avec vous d’être un petitours heureux. Surtout quand on voit des marmottes que je connaissais même pas. »
Léo : « Il y en a pas en Bretagne Yann. C’est seulement à la montagne. »
Max : « Bonome, tu crois que tu pourrais te creuser un graaaand terrier pour notre tribu et une famille de marmotte ? »
Léo : « Et douze tonnes de chocolat pour satisfaire ton énoooorme appétit ! Tu serais le seul à grossir pendant l’hibernation 🙂 »
Max : « Oui, alors, je pense pas que c’est moi qui aurait le plus grossi à la fin du séjour. Parce qu’il y a l’apéro en rentrant… »
Le chevalier : « Ce soir je fais léger. »
Max : « Oui bonome. Bien sûr bonome. Tu prendras pas de fromage avec ta truffade 🙂 »
Léo : « On reprend ? »
Le chevalier : « On reprend 🙂 »
Des rochesDes roches feuilletéesLa vallée
Max : « Tu ralentis. C’est pas bon signe ça… »
Léo : « Ça veut dire qu’on est proche de l’arrivée. »
Samuel : « C’est dommage. C’était une bien belle journée. »
Yann : « J’ai l’impression qu’elle a duré plusieurs jours cette journée. »
Max : « Oui, ça arrive. Parfois une journée dure une semaine 🙂 »
Léo : « Elle est passée vite cette journée de plusieurs jours. »
Max : « Bonome, trouve un truc pour la prolonger encore un tout petit peu. »
Le chevalier : « Je pourrais fotoer ce pierrier… »
Un pierrier
Max : « Un pierrier ? Pour quoi faire ? »
Léo : « L’habitat naturel de Rougequeue noir ! Il faut le trouver ! »
Samuel : « Zutalor ! J’en vois pas… »
Max : « Moi non plus… »
Yann : « Il est pas là ? »
Max : « Ben non. On va devoir rester un petit moment. »
Léo : « On peut regarder les papillons en attendant ? »
Samuel : « C’est qui lui ? »
Grand nacré (Speyeria aglaja, Nymphalidae)
Grand nacré (Speyeria aglaja, Nymphalidae)
Max : « Il ressemble au tabac d’Espagne. »
Léo : « Oui mais c’est pas ça. »
Max : « J’ai pas dit que c’était un tabac d’Espagne ! J’ai dit qu’il ressemble ! »
Léo : « Oui donc c’est pas ça. »
Samuel : « Je suis pas sûr que c’est en chamaillant qu’on va faire durer la promenade. »
Léo : « On chamaille pas. On débat. »
Samuel : « Votre débat ressemble à une chamaillerie. »
Max : « Même pas vrai ! »
Léo : « Famille des Nymphalidae, sous-famille des Heliconiinae, Tribu des Argynnini et sous-tribu des Argynnina mais je connais pas le genre. »
Le chevalier : « Speyeria aglaja, Linnaeus, 1758. »
Yann : « Voici une affaire rondement menée 🙂 Et sinon, on l’appelle comment ? »
Le chevalier : « C’est un grand nacré. »
Yann : « Merci bonome. Ça je m’en souviendrai. Mais je retiendrai pas toute sa famille 🙂 »
Samuel : « Il est là rougequeue. »
Rougequeue noir
Max : « Tu l’as fotoé bonome ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « On a plus d’excuses pour prolonger la promenade alors. »
Le chevalier : « Il y en aura une autre demain. »
Max : « Demain, on va là où Yann voulait aller ! »
Max : « Ben voilà ! Nous sommes au pied du Sancy ! »
Le Puy de Sancy
Yann : « C’est beau ! »
Léo : « Tu vas grimper tout ça bonome ? »
Le chevalier : « C’est pour ça que nous sommes là 🙂 »
Samuel : « Ben moi je le ferais pas à pattes ! »
Max : « On est trop petits nous ! C’est pas possible pour des petizours de grimper tout là-haut ! »
Léo : « Tu as toutes tes affaires bonome ? Appareil-fotos, herbe à pétun, briquet, thermos de café, gourde… »
Le chevalier : « Gourde ? Non, Brindille n’est pas là 🙂 »
Max : « Rholala ! Oh lui ! Tu vas avoir des ennuis ! Rhooo ! »
Léo : « 😀 C’était rigolo 🙂 »
Samuel : « Brindille a beaucoup d’humour. Elle va pas se fâcher. Ça va même la faire rigoler. Si elle avait été là je me serais pas privé d’ajouter : ‘Et vlan Brindille !’ »
Max : « Je suis pas solidaire. Pas d’accord. Je veux pas d’ennuis moi. »
Yann : « Vous bavassez et vous dites même pas ce que c’est que ce ruisseau. »
La Dore
Le chevalier : « C’est la Dore qui prend naissance un peu plus haut vers 1694 m. Plus bas, vers 1366 m, elle reçoit un autre ruisseau, la Dogne, avec laquelle elle forme la Dordogne. »
Max : « La Dore et la Dogne qui forment la Dordogne. Évidemment ! »
Le chevalier : « Ce n’est pourtant pas aussi évident que tu le penses Maxou. Dordogne ne vient pas de la fusion des noms des deux rivières. »
Max : « Comment ça ? »
Le chevalier : « Dordogne vient de Duranius. Je ne sais pas ce que cela veut dire mais c’est très ancien. Au Moyen-Âge c’est devenu Dorononia fluvius puis Dornonia et Dordonia. Il faudrait creuser un peu et peut-être que ces deux ruisseaux tireraient leurs noms de celui de la Dordogne. »
Léo : « Je vois ! Au lieu de coller Dore et Dogne pour former Dordogne, on décompose Dordogne en Dore et Dogne. »
Yann : « C’est trop compliqué. Je préfère contempler le paysage. »
Le Puy de Sancy
Samuel : « Cousin Yann est un contemplatif 🙂 »
Max : « Bah… Il a bien raison ce cousin Yann 🙂 »
Léo : « Tu parles pas beaucoup bonome… »
Le chevalier : « Mmmm… Non 🙂 Je propose une pause. Il me semble avoir vu un papillon. »
Max : « Oh lui ! Rhooo le menteur ! »
Léo : « Le menteur ? Pourquoi tu dis ça Max ? »
Max : « Des papillons j’en ai déjà vu des dizaines ! C’est pas pour les papillons la pause ! »
Samuel : « C’est vrai que ça manque pas de papillons par ici 🙂 »
Max : « Bonome, fais ta pause. Respire profondément et remets-toi. Évite de faire l’étourdissement s’il te plaît. Et surtout médite sur ton pétunage. Était-il nécessaire de pétuner autant pendant la chevauchée ? Surtout que tu savais que tu allais devoir tout grimper. »
Léo : « Max a pas tout à fait tort ! »
Max : « J’ai tout à fait raison ! Tu vas pas bien dans ta tête bonome ! Pétuner autant avant de grimper le Sancy ! En plus, je te connais, il faut que tu marches plus vite que tout le monde ! Orgueilleux le bonome ! Et vlan ! Au bout de 20 min tu es tout rouge et proche de l’évanouissement ! Pfff ! »
Le chevalier : « Je suis parti un peu vite je le reconnais 🙂 Et je pétune trop. Tu as raison Maxou. »
Max : « Tu vas réussir à atteindre le sommet ? »
Le Puy de Sancy
Le chevalier : « Oui Max ! »
Max : « Sûr ? Sans faire la crise cardiaque ? »
Le chevalier : « J’ose dire que je vais l’atteindre facilement 🙂 Ce sont toujours les 20 premières minutes les plus difficiles. Bien, je suis remis. On redémarre ? »
Samuel : « Tu as pas fotoé de papillon… »
Max : « Il y avait même pas de papillon ! Bon, c’est reparti. Mais cette fois tu fais pas l’orgueilleux et tu adoptes un rythme raisonnable. »
Léo : « Max, on le saurait si bonome était raisonnable. »
Yann : « J’ai une idée ! Pour bien marcher ou bien courir, il faut être capable de parler. Bonome, aurais-tu l’obligeance de nous raconter le volcan du Sancy s’il te plaît ? »
Samuel : « Ça c’est une bonne idée ! »
Le chevalier : « En marchant ? »
Yann : « Oui. Ça régulera ton rythme. »
Le chevalier : « Ça c’est inédit 🙂 Raconter le Sancy en en faisant l’ascension. Pourquoi pas ! »
Max : « Tu commences pas par la Grèce Antique s’il te plaît. »
Léo : « Tu commenceras plus tard. C’est quoi ça ? »
Orgues volcaniques à contre-jour
Le chevalier : « Tu le sais Léo. Puis-je te faire remarquer que tu m’as parlé comme Max le ferait ? »
Léo : « Oups… Désolé pardon bonome. Je le ferai plus. Je sais ce que c’est ? »
Max : « Ben oui ! On a déjà vu ça ! Léo, quand même ! »
Samuel : « Cousin Léo est pas réveillé je crois. »
Yann : « Même moi je me souviens ! »
Léo : « Mmmm… Je vois. Oui oui ! Oulala ! Petit Sam, tu as raison. Je suis pas réveillé 🙂 Des orgues volcaniques ! Ce sont des orgues volcaniques ! Je m’attendais pas à en voir comme ça. »
Max : « C’est vrai ça. Tu as pas dit qu’elles se forment en profondeur ? »
Le chevalier : « Si mais j’ai également parlé de l’érosion. »
Samuel : « C’est vrai. J’en suis témoin. Avec l’érosion, on sait plus bien les altitudes. Je suis sûr que le somment du Sancy est pas son vrai sommet. Le vrai a été érodé. »
Le chevalier : « Le sommet est actuellement à 1885 m. On suppose que le ‘vrai’ sommet se trouvait vers 3000 mètres. »
Yann « Ah oui ! C’est pas pareil. »
Léo : « Donc ces orgues volcaniques devait être à environ 1200 m de profondeur quand elles se sont formées. »
Le chevalier : « A peu près. »
Max : « Ça se couvre là-haut ! »
Le sommet dans les nuages
Léo : « Non, les nuages font que passer… »
Le sommet sans nuage
Max : « Dites, vous aussi vous avez cru que le sommet était le machin tout pointu quand on était plus bas ? »
Léo : « Oui. »
Yann : « Pareil. »
Samuel : « Pas mieux. »
Le chevalier : « Illusion d’optique ! Le machin tout pointu accueille l’arrivée du téléphérique. Ensuite il y a un chemin de bois, des marches, pour accéder au sommet. Je pense qu’il va y avoir du monde… »
Max : « Aïe ! Monsieur Jémpaléjens va devoir s’adapter. »
Léo : « On va pas rester longtemps là-haut. »
Yann : « Vous avez vu derrière ? »
Samuel : « On oublie trop souvent de regarder le chemin parcouru. Merci cousin Yann. »
Le chemin parcouru
Le chevalier : « Le Capucin et la Banne d’Ordanche… »
Max : « On va y aller ? »
Le chevalier : « Pas le temps. Au prochain séjour. »
Max : « Parce qu’il va y avoir un prochain séjour ? »
Le chevalier : « Je pense bien 🙂 »
Bon, il y a bien eu un prochain séjour programmé pile un an plus tard. On est allés en Auvergne mais après une seule journée d’inspection, on a dû rentrer en urgence. Alors on a pas vu le Capucin et la Banne d’Ordanche et ça, ça embête un peu bonome…
Léo : « On arrive à une sorte de replate. »
Max : « Ça va te reposer un peu Megapus 🙂 »
Yann : « Il cavale bien Megapus. C’est vrai que les vingt premières minutes ont été un peu difficile mais depuis ça a l’air facile. »
Le chevalier : « Trois cents mètres de dénivelé en 40 minutes… Mouai… J’ai déjà fait mieux. »
Samuel : « Dans ta jeunesse 🙂 Il y a bien longtemps… »
Léo : « Et vlan bonome ! »
Le chevalier : « Oui, je sais, j’ai 15 milliards d’années. J’ai assisté à la naissance de l’Univers… »
Max : « Tu vas prendre le chemin qu’on voit vers la droite ? »
Le Puy de Sancy
Le chevalier : « Non, trop de monde. On monte par la gauche, le Pan de la Grange, puis le Col de la Cabane. De là, je cours au sommet et on redescend vite fait pour faire une petite pause sandouich et chocolat. »
Léo : « Et après ? »
Le chevalier : « Après ? Direction le Col de la Coure et descente par le Val de Coure. »
Yann : « Je suis pas plus avancé 🙂 »
Samuel : « 🙂 Max et Léo le diront pas mais ils sont comme toi. »
Max : « Je connais pas les noms mais j’ai bien compris qu’il y a encore de la marche avant la pause. Et après on redescend. »
Le chevalier : « Max a raison. Il y a encore de la marche alors allons-y ! »
Max : « Bonome, quand comprendras-tu qu’on a pas le choix. On est dans tes poches ! Si tu y vas, nous aussi ! »
Le chevalier : « J’aime bien vous informer 🙂 »
Max : « Merci bonomou. Fais une nouvelle foto du Sancy. Il y aura ni la cahute ni le chemin. Ça fera plus sauvage. »
Le Sancy en plus sauvage
Yann : « Le relief a l’air plus doux vu d’ici. »
Le chevalier : « Oui Yann. C’est ce que j’aime à la montagne. Le paysage change rapidement. Comme le dit si bien Max il est ‘tel qu’en lui même toujours il change’. Ça ne veut rien dire mais je perçois le sens de ce constat. »
Samuel : « C’est la Dore ? »
La Dore
Le chevalier : « Oui Max. »
Un petit milieu humide
Max : « Léo, tu demandes pas les plantes et tu fais pas la sociobiologie sinon je te ploufe dans la Dore et on te retrouvera peut-être en Charentmaritimie à cause de la dérive littorale ! »
Léo : « C’est pas très gentil de me menacer comme ça ! Moi aussi je peux te ploufer mais tu as de tellement grosses fesses à cause de tout le chocolat que tu ingurgites tu descendrais même pas dans la vallée ! Tu ferais barrage et un lac apparaîtrait ! »
Max : « J’ai même pas des grosses fesses ! Et j’ingurgite pas tant de chocolat que ça ! On est à la diète ! Bonome se gave de fromages et de charcuterie et nous on mange à peine ! Je dépéris ! Je suis à deux doigts de l’inanition ! »
Samuel : « Max tu exagères encore ! Enfin, en ce qui concerne la diète pour nous. Côté bonome c’est vrai qu’il se prive pas de fromages et de charcuterie 🙂 Comment s’appelle ton plat préféré ? »
Le chevalier : « La truffade 🙂 »
Samuel : « C’est même pas une vraie truffade ! Saint-Nectaire, crème fraîche et patate tout ça dans une omelette accompagnée de 4 énoooormes tranches de jambon de pays ! Tu vas plus rentrer dans tes pantalons bonome 🙂 »
Yann : « Vous oubliez l’hypocras ! Ça aide pas à rentrer dans les pantalons l’hypocras 🙂 »
Le chevalier : « Oui… En effet… Je mange un peu gras… Mais je marche beaucoup ! »
Samuel : « A ta décharge, chez nous, tu fais maigre tous les jours. C’est Carême toute l’année. »
Max : « C’est bien beau tout ça mais on perd de vue le chocolat. »
Léo : « On perd de vue que tu as menacé de me ploufer dans la Dore ! Bonome, n’est-ce pas de la maltraitance de petitours ? »
Le chevalier : « Si ! Absolument ! »
Léo : « Max, tu vas aller en prison ! »
Max : « M’en fiche si j’ai du chocolat… »
Yann : « Vous le trouvez pas agaçant avec son chocolat ? »
Samuel : « Ben si ! »
Yann : « J’ai une idée ! Pause chocolat et observation des zoisos dans le petit milieu humide. »
Samuel : « Cousin Yann, tu es plein de bonnes idées aujourd’hui ! C’est voté ! »
Max : « Tu demandes pas nos avis ? »
Samuel : « Non ! Je demande pas l’avis de petizours qui menacent de se ploufer réciproquement ! Vous obéissez en silence. »
Léo (la truffe basse) : « Oui petit Sam. »
Max (les yeux baissés) : « Bien petit Sam. »
Samuel : « Enfin un peu de calme… »
Quelques minutes plus tard…
Max : « Maintenant que nous sommes repus, est-il possible que nous observions les zoisos ? »
Samuel : « On a raté un merle à plastron… »
Max : « QUOI ? Un merle à plastron ! Bonome, tu as quand même pas raté un merle à plastron ? »
Le chevalier : « Si 🙂 Il est passé trop vite. Il devait avoir des trucs de merles à plastron à faire. »
Max : « Léo, tu entends ça ? »
Léo : « Je l’ai vu passer moi 🙂 »
Yann : « Le zoiso noir avec une tache blanche sur la gorge ? C’était lui ? »
Samuel : « Oui cousin Yann. »
Yann : « Alors je l’ai vu moi aussi. »
Max : « Je suis donc le seul à pas l’avoir vu… Adulte ou juvénile ? »
Léo : « Adulte 🙂 »
Max : « Noooon ! C’est vraiment trop injuste ! »
Samuel : « Cousin Max, il faut que tu restes attentif MÊME quand tu manges ton chocolat 🙂 »
Max : « J’ai raté un merle à plastron… Je vais me ploufer… »
Samuel : « Ah non ! NON NON NON ! »
Léo : « Tu boucherais la Dore 🙂 »
Yann : « Max, observe les zoisos ! »
Max : « Mmmm… C’est qui lui ? Il est tout gris. C’est l’accenteur ? »
Max : « Pas la peine de venir ici pour en voir ! »
Yann : « Ça fait plaisir quand même 🙂 »
Léo : « Et là ? Sur le poteau… »
Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)
Max : « Un traquet motteux Léo ! Tu reconnais pas le traquet motteux ? »
Léo : « Ben… Il a du noir. Il est plutôt marron d’habitude. »
Max : « Parce qu’on les voit tôt dans l’année. Ils sont chamois, gris-brun ou brun parce que ce sont des juvéniles ou des adultes pré-nuptiaux. En cette saison, le mâle est gris et noir comme lui. »
Léo : « Pfff… C’est tout mélangé dans ma tête. »
Samuel : « Tu es fatigué cousin Léo. Ça arrive. »
Yann : « J’ai cru entendre des chardonnerets rigolos. C’est possible ? »
Léo : « Je les ai entendus aussi. »
Max : « Rien d’extraordinaire… »
Léo : « Un merle à plastron ? Pas extraordinaire ??? »
Max : « Alors… 1. Je l’ai même pas vu alors ça compte pas ! 2. Bonome l’a pas fotoé alors ça compte encore moins ! »
Le chevalier : « Mes chers petizours qui sont tous mon préféré m’ont l’air en forme 🙂 On repart ? »
Max : « Tu es pressé pour pas rater l’apéro ? »
Le chevalier : « Même pas 🙂 J’ai envie d’arriver là-haut. »
Le sommet
Yann : « Ça me fait rêver… C’est le point le plus haut de la région ? »
Le chevalier : « 1885 mètres. Le Plomb du Cantal et le Puy Mary n’atteignent que 1815 m il me semble. Nous allons donc nous retrouver au plus haut point d’Auvergne. »
Max : « Et on va rien voir du tout ! »
Samuel : « Pourquoi dis-tu ça ? »
Max : « Bonome, fais trois fotos à trois secondes d’intervalle s’il te plaît. »
Le chevalier : « Je fotoe quoi ? »
Max : « Le sommet tête de piaf ! »
Le chevalier : « Bien chef ! »
Des nuages arrivent…Ça se couvre…On voit plus rien !
Max : « Bravo pour la foto floue bonome ! »
Le chevalier : « L’appareil ne savait pas sur quoi faire la mise au point. Un nuage c’est un peu trop immatériel pour lui. »
Léo : « Je comprends pourquoi tu as demandé ces fotos. Mais c’est qu’un nuage de passage. On aura une belle vue. »
Le chevalier : « Pas du sommet. »
Max : « Et pourquoi ? »
Le chevalier : « Je ne pense pas y aller. »
Max : « QUOI ? Et pourquoi s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Tu verras… Nous passerons quelques mètres plus bas. »
Max : « Pfff… Il est pas possible ce bonome ! »
Léo : « A mon avis, il y a trop de monde. »
Yann : « C’est quoi en bas ? »
Vers Super-Besse
Le chevalier : « Super-Besse. Ville moderne construite pour attirer le touriste aux sports d’hiver. »
Max : « Les sports d’hiver… Une véritable catastrophe écologique ! Un crime contre l’environnement ! »
Léo : « T’énerve pas Max. On changera pas le monde. Un jour il y aura plus assez de neige et le problème se réglera de lui-même. »
Samuel : « Tu as raison cousin Max mais cousin Léo a raison lui aussi. Pas la peine de t’énerver. »
Le chevalier : « Le Col de la Cabane 🙂 On va là ! »
Vers le sommet
Max : « Tout à l’heure le relief avait l’air plus doux et maintenant on est vraiment à la montagne ! Rholala ! »
Léo : « Tu vas grimper ça ? »
Le chevalier : « C’est ce que je préfère Léo. Je suis bien échauffé. Je vais me régaler 🙂 »
Léo : « La roche est claire… C’est pas du basalte ça. »
Le chevalier : « Il y en a assez peu ici. C’est bien plus acide, genre trachyandésite. Nous aurons l’occasion d’en voir. »
Yann : « C’est ça les trachyandésites ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Yann : « Je descend faire l’échelle ! »
Max : « Fait attention Yann. Il y a du monde ! Les zoms font pas attention et ils pourraient te marcher dessus. »
Yann : « Bonome me protège ! Voilà ! »
Des roches. Yann donne l’échelle.
Une roche gris-clair avec de gros cristaux blancs.
C’est de la Sanidine.
Et la roche est la Sancyite définie par Alfred Lacroix à la fin du 19e siècle.
Max : « C’est quoi cette roche bonome ? »
Le chevalier : « La sancyite 🙂 »
Samuel : « Dépêche-toi de remonter Yann ! »
Yann : « Oui oui ! Voilà ! »
Léo : « La sancyite ? Tu as parlé de trachyandésite tout à l’heure… »
Le chevalier : « Je vous redonne le tableau que j’avais fait pour comprendre les correspondance entre les différentes nomenclatures. »
Samuel : « Oui, tu l’as montré hier… »
Max : « Pfff… Je vais jamais retenir tout ça moi. »
Le chevalier : « Pas grave Maxou 🙂 Observons bien cette roche. »
Une roche gris-clair avec de gros cristaux blancs.
Le chevalier : « Ce qui a marqué Alfred Lacroix en 1893 est l’abondance de sanidine de grande taille. Pour rappel, la sanidine est un feldspath alcalin potassique. »
Samuel : « KAlSi3O8 ! »
Léo : « C’est pas l’orthose le pôle potassique ? »
Le chevalier : « Pas là ! La sanidine est la version haute température et haute pression. »
Max : « Si on ajoute que la roche est claire, on sait qu’il y a beaucoup de silice. C’est bien acide. Vous voyez du quartz ? »
Samuel : « Nul part. »
Léo : « Pas d’olivine non plus, évidemment. »
Max : « C’est ni sur-saturé ni sous-saturé alors. »
Samuel : « Tu suis cousin Yann ? »
Yann : « Je vous écoute avec fascination 🙂 »
Léo : « Je comprends quand même pas pourquoi il y a tant de gros cristaux de sanidine… La roche est presque entièrement cristallisée ! »
Le chevalier : « Tu partages donc l’étonnement d’Alfred Lacroix 🙂 C’est pour cette raison qu’il a proposé un nouveau nom pour la roche du Sancy. »
Max : « Ça explique pas comment elle s’est formée ! »
Le chevalier : « Pas très difficile à comprendre. Imaginez une chambre magmatique. »
Max : « On commence à avoir l’habitude 🙂 »
Le chevalier : « En général, quand des cristaux se forment dans le magma, ils se déposent au fond sous l’action de la gravité. Il se forme un cumulat et le magma évolue petit à petit par cristallisation fractionnée. »
Léo : « On peut passer d’un magma sous-saturé à un magma un petit peu acide mais pas trop quand même. »
Le chevalier : « Mmmm… On peut arriver à de petites quantités de rhyolites. »
Max : « Mais c’est pas ce qu’il s’est passé ici. »
Le chevalier : « Effectivement. Ici, la chambre magmatique était constamment approvisionnée en magma avec apport de chaleur. »
Samuel : « Et donc des mouvements de convections qui ont empêché les cristaux de s’enfoncer ! Ils ont eu le temps de grandir ! »
Le chevalier : « Ce qui a encore augmenté la viscosité de la lave qui a eu du mal à sortir. D’où les dômes, les dykes, les explosions… »
Max : « Et Alfred Lacroix a compris tout ça en 1893 ? »
Le chevalier : « Avec un marteau de géologue et un microscope polarisant. »
Max : « C’était pas un handicapé du cerveau cet Alfred 🙂 »
Le chevalier : « Je pense que cet hommage petitoursien le toucherait 🙂 Je peux reprendre ma grimpette ? »
Max : « Fais toi plaisir bonome ! »
Yann : « Attendez ! »
Le chevalier : « Oui Yann ? »
Yann : « C’est beau là… On va y aller ? »
Le Puy Gros
Le chevalier : « Le Puy Gros et, en arrière, le Puy de Paillaret. »
Samuel : « Ça te plaît cousin Yann ? »
Yann : « Oui. Je sais pas pourquoi… »
Max : « Bonome, il faudra y aller ! »
Le chevalier : « Il ne reste que deux jours Max. »
Max : « Ben voilà ! On y va demain ! »
Le chevalier : « Demain ? »
Max : « Yann a envie d’y aller alors on y va. Je vois pas où est le problème. »
Le chevalier : « D’accord. Nous irons demain. Je trouverai un itinéraire. »
Yann : « Vous allez faire ça pour moi ? »
Max : « Ben oui 🙂 Pour nous aussi 🙂 »
Yann : « C’est gentil ça. Merci les cousins et merci bonome. »
Samuel : « On reprend la géologie s’il vous plaît. Il y a des tas de reliefs ici ! Ça change un peu de ce qu’on a vu jusque là ! Je suppose que ces reliefs sont des roches dures qui ont été dégagée par l’érosion. Regardez ! Il y en a partout ! »
Des roches en relierf
Un peu de zoom
Léo : « Il y a des prismes ! Rholala ! Tu nous expliques bonome ? »
Le chevalier : « Pas tout de suite. Je préfère que vous cumuliez les observations. »
Léo : « D’accord. Je note les prismes. »
Le chevalier : « Nous les reverrons 🙂 »
Samuel : « Regardez un peu ça ! »
Des roches en relief
Max : « Et par là ! »
Vers le Col de Courre
Le chevalier : « Vous en oubliez que nous sommes presque au sommet ! »
Max : « Oui c’est vrai ! Je comprends pourquoi tu veux pas aller au sommet vraiment. Il y a vraiment trop de monde ! C’est l’embouteillage sur le chemin de bois. »
Yann : « C’est pour éviter que les zoms piétinent la végétation ? »
Le chevalier : « Oui Yann. Les flux sont canalisés. Je n’aime pas trop la promiscuité mais c’est un mal pour un bien. »
Max : « Fotoe la roche bonome ! »
Des roches en relief
Des roches en relief
Max : « Ça forme des alignements. Dommage que j’ai encore oublié ma boussoule. »
Yann : « N120 et N140. »
Max : « Qu’est ce que tu dis ? »
Yann : « Les roches sont alignés selon deux directions : Nord 120 et Nord 140. »
Max : « Comment tu sais ça ? »
Yann : « J’ai toujours eu le sens le l’orientation 🙂 »
Max : « Bonome, il a bon ? »
Le chevalier : « Il a bon 🙂 Bravo Yann ! »
Léo : « On voit mieux les prismes d’ici ! »
Des roches en relief
Des gerbes de prismes…
Yann : « Ça fait beaucoup de choses à expliquer ça. »
Le chevalier : « Pas tant que ça. Il est peut-être temps de faire la pause déjeuner. Je vais essayer de trouver une place au Pas de l’Âne. »
Max : « Fais des fotos avant. Côté sommet et vers là où on va après ton sandouich. »
Le chevalier : « Bien Max. »
Le sommet déchiqueté
Vers le Col de Courre
Max : « Merci bonome. On peut aller déjeuner maintenant. »
Le chevalier : « Le lieu vous convient-il ? »
Max : « Ça nous va ! »
Léo : « La vue est jolie. »
Yann : « C’est le chemin de ce matin là-bas de l’autre côté de la vallée ? »
La Haute Vallée de la Dore
Le chevalier : « Oui Yann. »
Max : « Bon, on mange et après tu nous expliques les espèces de murs de roches N120 et N140 et puis les prismes volcaniques disposés en gerbes. Bon appétit à tous ! »
Un peu plus tard…
Léo : « Bon, maintenant, tu peux nous expliquer un peu ce qu’on a vu. L’espèce de mur de roche. C’est quoi ? »
Un mur de roche
Le chevalier : « Vous le savez. »
Max : « On le sait ? »
Samuel : « Ben oui qu’on le sait. Bonome en a parlé tout à l’heure et c’est pas très difficile. Ce sont des dykes. La lave s’est injectée dans les autres roches et elle s’est solidifiée. Les autres roches étaient forcément moins dures puisqu’elles ont été érodées. »
Le chevalier : « C’est ça mon petitours. »
Yann : « Bravo petit Sam. Et c’était quoi les autres roches ? On dit les roches encaissantes c’est ça ? »
Le chevalier : « C’est ça. Nous les verrons plus loin. »
Léo : « On sait les murs de roches. C’est vrai qu’on aurait pu y penser. Mais les prismes ? »
Des roches en relief
Des gerbes de prismes…
Le chevalier : « C’est encore une histoire de lave qui remonte. Tout à l’heure nous avons vu la sancyite. Vous avez sûrement remarqué qu’elle constitue l’essentiel du Puy de Sancy du côté par lequel nous l’avons grimpé. Elles forment un dôme, ou ce qu’il en reste. »
Léo : « C’est un dôme parce que la lave était visqueuse et qu’elle a eu du mal à couler. Elle a fait une extrusion en forme de dôme. »
Le chevalier : « Oui Léo. Nous le verrons plus tard mais le dôme est en partie couvert de scories. »
Max : « C’est ça les roches plus tendres qui ont été érodées ! »
Le chevalier : « C’est ça. Mais avant d’être érodées, les nappes de scories étaient bien là, sur le dôme trachyandésitique. De la lave est encore remontée en traversant le dôme, profitant de failles. Cette lave a ensuite formé des lacs au sein du cône de scories et c’est là que les gerbes de prismes de sont développés. Je vous rappelle que la prismation se fait toujours perpendiculairement aux zones les plus froides. »
Max : « On sait donc déjà qu’il y a eu une éruption de lave visqueuse. Elle a donné un dôme qui constitue la base du Sancy. Une éruption de lave visqueuse c’est plutôt explosif. Ça m’étonnerait pas qu’il y ait eu un gros panache éruptif et des explosions mais les produits de ces explosions ont dû être rapidement érodés. Ensuite il y a eu une nouvelle éruption de lave un peu plus fluide puisqu’il y a eu des nappes de scories. Et ensuite il y a eu une nouvelle injection de lave dans tout ça et ça a donné des dykes et des gerbes de prismes. »
Le chevalier : « Bravo Maxou. Mais n’est-ce pas petit Sam qui résume d’habitude ? »
Max : « Si. Désolé petit Sam. »
Samuel : « Je vois pas de problème. J’aime bien résumer. Ça m’aide à comprendre. Mais c’est bien quand c’est toi qui le fais. »
Léo : « L’histoire s’arrête pas là. »
Max : « Comment tu le sais ? »
Léo : « Regardez de l’autre côté de la vallée, tout en haut. »
Nappe de ponces
Max : « Tu peux tout zoomer bonome ? »
Le chevalier : « Je peux. »
Nappe de ponces
Nappe de ponces
Le chevalier : « On dirait une nappe de ponces… Bien vu Léo. »
Léo : « Une nappe de ponces ça veut dire qu’il y a eu une autre éruption explosive et comme cette nappe est tout en haut c’est qu’elle est intervenue en dernier. »
Max : « J’ai une hypothèse. »
Samuel : « On t’écoute Max. »
Max : « Le magma a évolué vers le pôle acide par différenciation fractionnée. A la fin il restait que de la lave acide saturée en silice. Trop visqueuse elle arrivait pas à sortir et ça a fait l’explosion. Boum ! »
Le chevalier : « Ça se tient. »
Samuel : « On t’entends pas beaucoup cousin Yann. »
Yann : « Je connais pas bien le volcanisme moi alors je peux pas me mêler de la discussion. Mais j’écoute attentivement et j’essaye de retenir. C’est passionnant. On voit des cailloux et on reconstitue une histoire. »
Samuel : « Oui, c’est passionnant la géologie. Quand on connaît un peu, on voit plus pareil. Le Puy de Sancy c’est pas juste une belle montagne. C’est un volcan qui a connu des tas d’éruptions. »
Max : « Bonome, puis-je te faire remarquer que tu as rien raconté du tout ? »
Le chevalier : « Vous vous débrouillez très bien sans moi 🙂 Je pense que vous commencez à comprendre ce qu’est un stratovolcan. »
Yann : « Oui. Il est constitué de tas de couches empilées les unes sur les autres qui correspondent aux différentes éruptions. Je comprends aussi pourquoi on dit qu’il est polygénique. On a le temps de continuer la pause ? »
Samuel : « Il aurait pu répondre : ‘A la cabane’. »
Yann : « Là on sait qu’on continue. »
Max : « Ça vous dérange pas de pas savoir où on va ? »
Léo : « Bof. »
Samuel : « Pas trop. »
Yann : « Ça changerait rien du tout. »
Léo : « Et puis comme ça on aura la surprise. »
Max : « Des fous ! Je suis entouré par des fous ! »
Yann : « Profite du paysage Maxou. »
Samuel : « Regarde un peu ça… »
Puy de PaillaretPuy de Paillaret
Max : « C’est un volcan qu’on voit là ? »
Le chevalier : « Oui Max. Le Puy de Paillaret. »
Max : « C’est quoi comme roche ? »
Le chevalier : « Tiens, voici la carte géologique. »
Carte géologique du Puy de Paillaret (Source : Géoportail)
Max : « Merci bonome. Tu expliques ? »
Le chevalier : « Non. Je marche. »
Max : « Tu expliques pas ? Et comment on va faire pour savoir le Puy de Paillaret nous ? »
Le chevalier : « Vous étudierez. »
Max : « Je vois. Vous êtes témoins que bonome nous aime plus et qu’il va nous abandonner sur le bord de la route. »
Les trois autres : « 😀 »
Le chevalier : « Ce n’est pas ce que j’ai dit ! »
Max : « C’est pareil. Tu veux pas nous expliquer le Puy de Paillaret… C’est bien que tu nous aimes plus et que tu vas nous abandonner. »
Léo : « Max, je crois que tu exagères un tout petit peu. »
Samuel : « Bonome a pas envie d’expliquer. C’est pas grave. »
Yann : « Laisse-le se reposer un peu. »
Max : « Ça vous dérange pas d’être abandonnés sur le bord de la route ? »
Samuel : « Cousin Max… »
Max : « Oui petit cousin ? »
Samuel : « Le coin… »
Max : « Pfff… abandonné et au coin ! »
Yann : « Sauf si tu laisses bonome se promener tranquillement. »
Léo : « Ce sont sûrement des basaltes, des mugéarites et des benmoréites des différentes phases de volcanisme. Pour une fois on saura pas tout. »
Yann : « Et puis je voudrais voir ces plantes à fleurs ! Elles sont très belles. »
Œillet des chartreux
Samuel : « Encore des œillets des Chartreux ! »
Yann : « Je me disais bien qu’on les connaissait déjà ! »
Léo : « On voit pas beaucoup de zoisos… »
Samuel : « J’entends des pouillots véloces. »
Max : « Tschiff tschaff tschiff tschaff… J’en peux plus des pouillots véloces moi ! »
Léo : « Yann, l’allergie de Maxou pour les véloces date de l’un de nos séjours en Bretagne, au Cap Fréhel. Il y en avait tous les 10 mètres et on les entendait à longueur de journée. »
Yann : « C’est pas le chant le plus mélodieux que je connaisse mais de là à faire l’allergie… »
Max : « Tu veux toujours pas nous dire où on va bonome ? »
Le chevalier : « Non 🙂 Surtout que ce n’est qu’un détour avant d’aller ailleurs. »
Léo : « Après on va ailleurs ? »
Le chevalier : « Oui, vite fait. Je ne sais pas trop ce que ça va donner… »
Yann : « La chaaance ! »
Samuel : « Surtout que le ciel s’est dégagé. »
PaysagePuy de Chambourguet
Le chevalier : « Je crois que nous approchons… »
Max : « On approche de quoi ? »
Léo : « Chut ! Écoutez ! »
Yann : « J’entends ! On approche d’une cascade ! »
Max : « On va voir une cascade ? »
Le chevalier : « Tu vas voir petit impatient ! »
Samuel : « A l’oreille c’est bien ça ! »
Yann : « La voilà ! »
Cascade de la Barthes
Max : « Alors toi ! Tu abordes les cascades par le haut ! Il y a que toi qui fais ça… »
Le chevalier : « Si tu veux la voir par le bas, tu peux descendre si tu veux. »
Max : « Vous voyez ! Il veut m’abandonner et me jeter dans la cascade !!! »
Léo : « Mmmm… Je commence à le comprendre. »
Yann : « Je suis pas loin d’être d’accord moi. »
Samuel : « Ça suffit ! Cousin Max, tu arrêtes de dire que bonome veut nous abandonner. Tu ronchonnes parce que tu es fatigué. Cousin Léo et cousin Yann, vous cessez de dire des bêtises. On va voir la cascade et on profite de la journée sans trop poser de questions parce que sinon ça fait trop de travail pour graver les articles du blog de Max. Et ça nous repose un peu nous aussi ! On peut pas tout savoir tout le temps ! »
Léo : « Petit Sam, tu es la voix de la sagesse 🙂 »
Yann : « Il est tout petit le ruisseau… »
Cascade de la Barthes
Ruisseau de Neuffond
Le chevalier : « C’est le ruisseau de Neuffond. »
Léo : « C’est une bien belle cascade. Merci bonome. »
Samuel : « Ça fait quand même beaucoup de marche pour la voir. Il faut retourner à la monture maintenant. »
Le chevalier : « Oui. C’est un peu le défaut de ce détour… »
Yann : « Tu vas être tout fatigué. Pauvre bonome. »
Le chevalier : « Ça vous ennuie si je trottine un peu ? Ça ira plus vite. »
Léo : « C’est toi le chef bonome ! »
Max : « Ça va nous secouer un peu mais tant pis. C’est pas drôle les marches de transition. »
Samuel : « C’est parti ! En petites foulées ! Hop hop hop ! »
Yann : « C’est sûr que ça va plus vite 🙂 »
Max : « Tu feras quand même une pause pour fotoer la callune et la chapelle qu’on voit là-bas. »
Le chevalier : « Oui Max ! Tout de suite Max ! »
Callune
Max : « La callune c’est pour montrer la végétation et la chapelle c’est pour que tu nous racontes une histoire pendant que tu trottines. »
Notre Dame de Vassivière
Léo : « Tu la connais cette chapelle ? »
Le chevalier : « Nous irons la voir un jour. C’est Notre Dame de Vassivière. Le nom est tirée du celte. ‘Vas’ signifie demeure ou temple. ‘iver’ veut dire eau ou rivière. Vassivière indique donc qu’il y a eu un temple de l’eau ici il y a fort longtemps. Le christianisme s’est approprié le lieu et une chapelle a été construite. Je ne sais pas de quand date la première construction. Cette chapelle accueille la statue d’une Vierge noire. Après la destruction de l’ancienne chapelle la statue a été transférée à l’église saint André de Besse. En 1547 un protestant recouvre la vue après avoir vénéré cette statue. »
Max : « Pourtant les protestants vénèrent pas les statues ! Ils sont pas très emballés par le culte marial. »
Le chevalier : « Pierre Gef a oublié ce principe en raison de sa cécité récente. »
Yann : « Pierre Gef ? C’est le protestant qui a retrouvé la vue ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Yann : « Il a dû être bien content ! »
Le chevalier : « Et surpris ! Le lendemain la statue avait disparu. On l’a retrouvé à son ancien emplacement. Cela s’est reproduit trois fois de suite. Du coup, Catherine de Médicis qui était propriétaire des lieux a ordonné de faire reconstruire une chapelle là il y en avait une pour y installer la statue. Un premier pèlerinage a eu lieu le 6 juin 1555. »
Léo : « Il existe encore ce pèlerinage ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Au 17e siècle c’était l’un des plus populaire de France. Actuellement il est un peu plus confidentiel. Il y a à côté de la chapelle un chemin de croix et surtout la chapeloune. »
Max : « La chapeloune ? C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Un petit abri qui abrite la source. »
Léo : « Je suis curieux de voir ça 🙂 »
Samuel : « Le pèlerinage c’est le 15 août je suppose. »
Le chevalier : « Non mon petit Sam. Il sa fait en deux temps. Il y a ‘la montée’. La statue qui passe l’hiver à Besse est remontée à la chapelle le 2 juillet, jour de la fête de la Visitation. Elle y reste jusqu’au dimanche qui suit la saint Mathieu (21 septembre). C’est la ‘dévalade’. »
On est effectivement allés à cette chapelle plus tard… Mais je mets les fotos maintenant…
Notre Dame de VassivièreNotre Dame de VassivièreNotre Dame de VassivièreCroix sur le paysageCroix sur le paysageLa chapeloune et le Sancy
Léo : « Tu as dépassé le lieu où nous avons laissé la monture bonome. »
Yann : « Ben oui ! On va ‘ailleurs’ ! »
Max : « Oh ! C’est qui ces zoisos ? »
Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)
Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)
Léo : « Des bruants jaunes !!! Rhooo la chaaance ! »
Yann : « Vous en aviez jamais vu ? »
Max : « Une femelle première année. C’était… Léo, tu t’en souviens ? »
Léo : « En Charentmaritimie. Un Royaume de bord de mer, pas loin du Petit Royaume des Barges. »
Max : « C’est ça ! Bravo Léo ! »
Yann : « Donc vous en avez déjà vu 🙂 »
Samuel : « Ben oui ! On en a vu pendant la première sortie de ce séjour !!! Les bruants s’appellent Emberiza mais c’est lequel lui déjà ? »
Léo : « Emberiza citrinella »
Yann : « Ils ont l’air pressés. »
Max : « Oui ! Une petite pause sur le fil de fer et zou ! Plus de bruants jaunes ! »
Samuel : « Quand est-ce qu’on va au Sancy bonome ? »
Le chevalier : « Tu poses la question parce qu’on le voit d’ici ? »
Samuel : « Oui mon bonome 🙂 »
Massif du Sancy
Le chevalier : « Demain. La montée se fera par la face nord. »
Max : « Tu dis ça comme si on allait grimper le Malaya. »
Léo : « Je suppose que tu parles de l’Himalaya. »
Max : « En petitoursien on dit le Malaya. Bon, on sait où on va demain mais là, on va où ? »
Le chevalier : « A la narse de Clamouze. »
Max : « La quoi ? Qu’est ce que tu dis encore ? »
Le chevalier : « La narse de Clamouze. C’est ça ! »
La narse de Clamouze
Max : « D’accord… Alors on est venus en Auvergne pour voir les volcans qui sont des montagnes et toi tu vas au seul endroit tout plat… Mais qui m’a fichu un bonome pareil ???!!! »
Yann : « A mon avis c’est un bel endroit. »
Léo : « La vue est jolie. »
Samuel : « Et puis ça va reposer bonome. Demain il a Sancy 🙂 »
Max : « D’accord. C’est quoi ton machin bonome ? »
Le chevalier : « La narse de Clamouze ? Ou l’appelle aussi la Barthe. C’est une zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique. »
Max : « C’est une ZNIEFF ??? Type 1 ou type 2 ? Tu pouvais pas le dire tout de suite ? »
Yann : « C’est quoi une ZNIEFF ? »
Léo : « Comme bonome l’a dit c’est une zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique. C’est un endroit où on trouve un milieu, des plantes ou des animaux rares qui méritent qu’on protège la zone. »
Yann : « Je comprends. Merci Léo. »
Le chevalier : « Type 1 Max. »
Max : « Ah… Très protégée alors. Je suppose qu’il est interdit de sortir du sentier en bois. »
Le chevalier : « Tu supposes bien. Et puis, il ne vaut mieux pas. En fait nous allons rester dans la partie classée en zone 2. »
Léo : « Évidemment. Je crois comprendre que c’est une tourbière. »
Max : « Sauf que c’est la sécheresse depuis des mois. Elle doit pas être très humide la tourbière. »
Samuel : « On sort quand même pas du chemin. C’est interdit. »
Léo : « Lui, il aurait dû sortir du chemin… »
Léo et une chenille
La chenille du petit paon de nuit (Saturna pavonia, Saturnidés)
Yann : «Ah bah oui !!! Zutalor ! Elle s’est fait crabouiller cette chenille. »
Samuel : « Il me semble que c’est un Saturnidé. »
Max : « Bonome ? »
Le chevalier : « Saturnia pavonia ou petit paon de nuit. C’est bien un Saturnidé. Bravo petit Sam. »
Léo : « Je connaissais pas la chenille… »
Yann : « Dommage qu’on la voit dans cet état. »
Max : « Mon cher petit bonome, tu te rends compte que tu vas devoir faire un aller-retour ? Parce qu’il y a pas d’autre chemin. »
Le chevalier : « Pas bien grave… »
Le chemin
Yann : « Encore une chenille morte ! »
Une autre chenille du petit paon de nuit (Saturna pavonia, Saturnidés)
Max : « Je sais pas quoi penser. Soit ça veut dire qu’il y en a beaucoup dans le secteur, soit il y a une forte mortalité… »
Léo : « Je pense qu’il y a en beaucoup. Il y a les plantes hôtes des chenilles un peu partout. Mais il y a aussi une forte mortalité à cause de la sécheresse. »
Max : « La sécheresse… Elle est pas bien humide cette tourbière… »
La tourbière
La tourbière
Yann : « Vous connaissez ces plantes ? »
Léo : « Si je dis pas des erreurs il y a de la molinie et de la callune. »
Max : « Je sais pas si c’est vraiment intéressant de cheminer sur ce chemin bonome. Tu vas avoir besoin de force demain. »
Le chemin
Le chevalier : « Je peux continuer d’avancer un peu… »
Léo : « a gauche c’est tout la lande humide à callune… »
Lande humide à callune
Lande humide à callune
Max : « Et à droite c’est la tourbière à molinie. Là-bas on voit carrément la tourbe ! »
Max : « La tourbe ? C’est de la matière organique fossile. C’est quand les végétos peuvent pas se décomposer à cause du manque de dioxygène. Ça arrive dans les milieux humides et toujours saturés en eau. La tourbe est composée surtout de cellulose et de lignine. Ce sont des groooosses molécules que seuls les végétos fabriquent. Elles se décomposent mal. Les zoms digèrent par ces molécules. Sans dioxygène, ces molécules s’accumulent. Si je dis pas des erreurs elles peuvent constituer jusqu’à 90 % de la tourbe. Le reste c’est la matière organique dégradée et du carbone. Il y a beaucoup d’eau aussi. La tourbe s’accumule petit à petit. Environ 5 cm par an. Ça va pas très vite. Le problème pour la nature est que la tourbe ça fait un combustible et les zoms exploitent les tourbières. Après, il y en a plus. A la place il y a des étangs ou des marais. C’est embêtant parce que les tourbières sont rares et ce sont des milieux qui accueillent beaucoup d’espèces qu’on trouve pas ailleurs. »
Yann : « C’est pour ça que c’est une ZNIEFF alors. »
Max : « Oui. Il faut protéger les tourbières. Elles méritent d’exister. Il y a pas de raison que les zoms les fassent disparaître. »
Léo : « Et puis on peut pas protéger les espèces si on protège pas le milieu. »
Max : « Bonome, tu connais les espèces rares d’ici ? »
Le chevalier : « Je te donnerai un document bien complet. »
Samuel : « C’est tellement humide qu’il y a même un ruisseau… »
Eau douce
Le chevalier : « Une ‘tourbière’ est généralement une mosaïque de milieux. Ce n’est pas étonnant de trouver un ruisseau. »
Max : « Bon, mon bonome, tu fais quelques fotos de plantes et on rentre. Il faut pas que tu t’épuises aujourd’hui. »
Le chevalier : « C’est gentil ça 🙂 Quels plantes veux-tu ? »
Max : « Elles ! Elles sont très belles ! »
Pensée des vosges
Pensée des vosges
Le chevalier : « Viola lutea Violacées. »
Yann : « Elle ! »
Reine des près
Le chevalier : « La reine des près 🙂 Très bon choix Yann. »
Samuel : « Elle s’appelle comment en scientifique ? »
Le chevalier : « Filipendula ulmaria. C’est une Rosacées. »
Max : « Pas envie de faire la botanique. »
Le chevalier : « Tu voulais que je fotoe des plantes ! »
Max : « C’est pas pareil bonome. Fotoer des plantes c’est regarder de la beauté et en garder une trace. Faire la botanique c’est étudier. Et là j’ai pas envie. Vous avez envie vous ? »
Léo : « Pas vraiment. Je commence à fatiguer. »
Samuel : « Tout pareil ! »
Yann : « Je suis d’accord avec Max. J’ai envie de voir la beauté pas d’étudier. »
Le chevalier : « Alors un œillet… »
Œillet des chartreux
Le chevalier : « La casse-lunettes… »
Casse-lunettes
Léo : « On l’a vue dans les Alpes ! Euphrasia officinalis, Orobranchacées. La petite euphraise ou euphraise des champs. Elle soigne les problèmes de vue d’où sont nom de casse-lunettes. »
Le chevalier : « Bravo Léo ! Bien, installez-vous bien dans ma poche. Je cavale et je chevauche vers la cabane. »
Max : « On peut siester ? »
Le chevalier : « Mmmm… Vous n’aurez plus sommeil ce soir. »
Yann : « Ah si ! Oulala ! »
Le chevalier : « Alors siestez bien 🙂 »
Le soir on a été sages. Douche, repas et câlins. On a laissé bonome se reposer parce que demain, il va grimper le Sancy. Et ça m’a pas l’air tout facile !
Max : « Allez bonome ! Prépare-toi ! On a une longue marche au programme aujourd’hui ! »
Le chevalier : « Oui Max. »
Léo : « Il fait pas très beau… »
Max : « C’est pas ça qui va arrêter notre bonome ! »
Samuel : « Il va pleuvoir ? »
Le chevalier : « Je n’espère pas. »
Max : « Tu es prêt ? On peut y aller ? »
Le chevalier : « Oui Max 🙂 »
Max : « Alors c’est parti ! »
Léo : « C’est étrange une journée qui commence pas par la question rituelle de Maxou. »
Yann : « Je peux la poser moi si vous voulez. »
Léo : « Oui, s’il te plaît 🙂 »
Yann : « Bonome, on va où aujourd’hui ? »
Le chevalier : « Là ! »
Les rochers de Saint Guénolé
Max : « Des rochers ! Nous sommes à Saint-Guénolé. Je suppose que ce sont les rochers de Saint-Guénolé. »
Samuel : « Cousin Max, tu es très perspicace 🙂 »
Léo : « Ça ressemble à la Bretagne ça 🙂 »
Max : « Avec un petit air de Ploumanac’h. C’est quoi comme roche ? »
Le chevalier : « Je vais vous laisser découvrir mais pas tout de suite. »
Léo : « C’est du granite. Ça se voit même de loin. »
Yann : « Je peux réviser à voix haute comme petit Sam ? »
Léo : « Bien sûr Yann. »
Yann : « Observez ce rocher. »
Un rocher
Yann : « Il a une encoche arrondie un peu au-dessous de son sommet. Ça indique le niveau du sol autrefois. L’acide humique qu’il y avait dans ce sol a altéré le granite alors que la partie qui dépassait a pas été altérée. On connaît donc la hauteur du sol d’autrefois. J’ai bon ? »
Samuel : « Tu as bon cousin breton 🙂 »
Yann : « Merci petit cousin 🙂 Là-bas il y a un autre rocher avec une encoche. »
Les rochers de Saint Guénolé
Yann : « Au premier plan le granite est altéré en pelures d’oignon. »
Léo : « Oh ! Regardez ce rocher ! »
Le tire-bouchon
Le tire-bouchon
Yann: « Il est étrange. »
Samuel : « L’encoche à sa base est vraiment asymétrique. »
Max : « On va pas tout refaire l’altération du granite. Ça donne des formes étranges aux rochers et puis voilà ! »
Léo : « Oui Max. On avance bonome ! »
Yann : « On approche d’une petite crique. »
Paysage
Max : « Ça ressemble vraiment à Ploumanac’h. »
Léo : « C’est moins haut, moins rose… mais oui. »
Yann : « Il y a même l’écume de mer comme à Men Ruz 🙂 »
Écume de mer
Une petite crique
Une petite crique
Max : « C’est dommage qu’il fasse pas très beau. Les fotos seront pas magnifiques. Tu fotoes quand même bonome ! »
Le chevalier : « Je sais Max. Pour montrer la beauté à tes lecteurs 🙂 »
Max : « Ceux qui ont de la beauté dans les yeux s’en fichent si le ciel est pas bleu. »
Yann : « Je dois en avoir moi parce que je trouve ça très beau. »
Léo : « Ça on sait Yann 🙂 »
Samuel : « Regardez le rocher. »
Un rocher
Léo : « Qu’est ce qu’il a ? »
Samuel : « Vous avez pas remarqué qu’il a comme des couches penchées ? J’ai déjà observé ça tout à l’heure. Un granite ça a pas des couches. »
Le chevalier : « Ça peut arriver. »
Max : « Ah oui ? Et depuis quand ? »
Le chevalier : « Mmmm… Il me semble que vous le savez. »
Léo : « Comme des couches dans le granite et on le sait… Mmmm… »
Max : « Tu trouves Léo ? Petit Sam, tu as pas ça dans tes fiches ? »
Samuel : « Non, j’en faisais pas encore à l’époque. Cousin Léo, pense à Brétignolles. »
Léo : « Brétignolles ? Il y a pas de granite là-bas ! »
Samuel : « Je sais 🙂 »
Max : « Les porphyroïdes de la Saussaie ? Ça ressemble vaguement à un granite… »
Léo : « Mais oui ! Bien sûr ! Bien joué petit Sam ! C’est la foliation ! »
Yann : « La foliation ? C’est quoi ça ? »
Léo : « Le granite a été comprimé. Il y a eu augmentation de la température et de la pression ce qui l’a légèrement modifié. »
Yann : « C’est le métamorphisme ça. »
Léo : « Oui Yann. Là, il a pas été très intense. C’est juste que des plans sont apparus. Il me semble qu’ils sont perpendiculaires à la contrainte et dans ces plans il y a eu recristallisation. On devrait voir des minéraux orientés. »
Max : « Il a bon bonome ? »
Le chevalier : « Le mieux est d’aller voir 🙂 Voici Porzh Karn. »
Porzh Karn
Le chevalier : « Allez vous dégourdir les pattes et observer le granite. »
Max : « On descend ! »
Après quelques minutes de jeu du chat…
Max : « Bon, on l’observe ce granite ? »
Léo : « Ben oui. Bonome, petit Sam nous a ratatinés à chat comme d’habitude. »
Yann : « Tu es trop fort petit cousin 🙂 »
Samuel : « Observez le granite au lieu de me flatter 🙂 »
Max : « Alors Léo ? Foliation ou pas ? »
Léo : « Mmmm… J’ai un doute… J’hésite entre foliation et schistosité. »
Max : « Ah bah ça ! Oulala ! Grave dilemme ! Bonome tu en penses quoi ? Bonome ? BONOME ! Tu vas pas dans ta tête ! Tu restes avec nous et tu réponds à ton petit Léo ! »
Le chevalier : « Mmmm ? Schistosité ou foliation ? Ici ? Schistosité S orientée N60 et cisaillements C orientés N30. Ils déterminent des plans privilégiés propices à l’altération. »
Max : « Ben voilà Léo, tu as ta réponse. A mon avis il faut pas demander plus d’explications. »
Léo : « Merci bonome. »
Samuel : « Ça nous dit pas ce que c’est ce granite. Aloraloralor… »
Yann et Léo observent le granite
Yann et Léo observent le granite
Le granite
Samuel : « Il est bien orienté. Ça se voit au niveau des minéraux. Quels sont ces minéraux ? Quartz, feldspaths, biotite, muscovite… C’est ça. C’est un granite à deux micas, un leucogranite relativement pauvre en silice mais riche en aluminium. Je crois qu’on dit hyperalumineux. Les leucogranites se forment le plus souvent lors de collisions continentales et ont pour origine l’anatexie de métasédiments relativement riches en eau. C’est un granite intrusif mais je sais pas dans quoi. »
Léo : « Comment tu sais ça toi ? »
Max : « Il a dû faire des fiches… Bonome tu as compris ce qu’a dit ton petitours préféré ?
Le chevalier : « C’était plutôt clair 🙂 »
Max : « Oui oui. Tout le monde a compris. Pfff… »
Léo : « Ben… C’est pas si difficile que ça. La vraie question est de savoir comment petit Sam connaît tout ça. »
Samuel : « Le granite est en face de moi. C’est pas très difficile de savoir ! »
Yann : « Ben moi j’aurais pas bien vu les minéraux alors j’aurais pas pu dire que c’est un leucogranite hyper lumineux. Du coup, pour l’interprétation… »
Léo : « Hyperalumineux Yann, pas hyper lumineux. »
Max : « Il est autiste ! Cette fois j’en suis sûr ! »
Samuel : « Cousin Max. »
Max : « Oui petit Sam ? »
Samuel : « Je suis au regret de te dire que je suis banalement neurotypique et que par conséquent je comprends tout à fait ce que tu dis ! Tu vas cesser de dire que je te suis autiste ou JE TE METS AU COIN ! »
Yann : « A ta place je présenterais des excuses à notre petit cousin, Max. »
Max : « Euh… Petit Sam je te présente toutes mes excuses. »
Samuel : « Et elles sont acceptées mais si tu étudiais un peu plus tu connaîtrais les leucogranites toi-aussi. »
Max : « J’étudie quand j’en ai le temps ! Bonome, fotoes ton petitours préféré ! »
Samuel : « Je veux bien si tu viens avec moi ! »
Le chevalier : « D’accord ! »
Max et Samuel
Yann : « Ben et nous ? »
Le chevalier : « Installez-vous mais faites attention au vent. »
Les petizours
Léo : « Petit Sam, tu nous as tout dit sur ce granite ? »
Samuel : « J’ai dit ce que je savais. »
Max : « Bonome, ô grand bonomou, prince des naturalistes, splendeur de la Nature, aurais-tu quelque chose à ajouter ? »
Le chevalier : « 😀 Pas pour le moment. A part que c’est le granite de Pont-l’Abbé et qu’il occupe une grande partie du Finistère sud. »
Samuel : « Tu peux donner le code ? Il y a toujours une espèce de code. S’il te plaît. »
Le chevalier : « Si tu veux 🙂 gγA2AL »
Max : « Tu vas retenir ça petit Sam ? »
Samuel : « Je vais le noter dans mes fiches 🙂 »
Yann : « C’est beau ici… »
Porzh Karn
Porzh Karn
Le chevalier : « Oui. Et on va là-bas… »
Beg an dorchenn
Yann : « Tu vas cavaler tout ça ? »
Le chevalier : « Ce n’est pas si loin… »
Léo (à Samuel) : « J’ai bien aimé ton ‘Je suis banalement neurotypique’ 🙂 »
Samuel : « C’est factuel 🙂 »
Léo : « Oui petit Sam. Tu es neurotypique 🙂 »
Yann : « Vous allez vous moquer si je dis que c’est très beau. »
Samuel : « Ben non. Tu as raison cousin Yann. C’est très beau. »
L’estran et c’est beau
Léo : « Et pourtant c’est même pas le grand beau temps. »
Max : « La nature est belle tout le temps. Pas besoin du grand soleil pour ça. »
Léo : « Il y a des rochers sur l’estran… Ils affleurent à peine. »
L’estran
Max : « Bonome, on peut descendre voir ? «
Le chevalier : « Bien sûr. Évitez de vous mouiller s’il vous plaît. »
Léo : « C’est étrange ça. Qu’en penses-tu petit Sam ? »
Samuel : « J’en pense que c’est étrange… »
Max : « Petit Sam, tu fais l’échelle et bonome nous explique. »
Samuel : « Oui chef ! »
Une roche énigmatique
Une roche énigmatique
Max : « Alors bonome ? »
Le chevalier : « Alors… Observons un peu mieux. »
Max : « Tu sais pas ? »
Le chevalier : « Pour moi la journée se limitait au granite de Pont-l’Abbé. »
Yann : « Tu comptes sur ces affleurements pour t’aider ? Ça va pas être facile… »
La roche in situ
Samuel : « Là ? C’est mieux ? »
Une roche énigmatique
Max : « On retrouve la même chose que tout à l’heure… »
Léo : « Là, on voit cette roche énigmatique et… ça doit être le granite… »
Une roche énigmatique
Yann : « Je vais sur le granite ! Léo, sur l’autre roche ! »
Léo : « C’est parti ! »
Une roche énigmatique et sa relation avec le granite
Max : « Ça t’aide mon bonome ? »
Le chevalier : « Pfff… Disons que c’est une enclave, un lambeau de roche dans laquelle le granite s’est injecté. Je ne m’attendais pas à ça. »
Léo : « Et qu’est ce que ça pourrait être ? »
Le chevalier : « Le granite est intrusif dans les gneiss fins micacés et micaschistes du groupe de Nerly. »
Samuel : « Ce serait ces gneiss fins micacés et micaschistes ? »
Le chevalier : « Je ne vois pas ce que ça peut être d’autre. »
Max : « Il est où normalement ce groupe de Marly ? »
Le chevalier : « Nerly Max. Il forme une écharpe au nord du granite de Pont-l’Abbé jusqu’au delà de Quimper. Le contact entre les deux formations est généralement progressif. »
Léo : « Avec des zones de transition à cause de la chaleur ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Les métasédiments se sont transformés en paragneiss et le granite en orthogneiss et il y a des dykes de pegmatites, d’aplites et de granitoïdes. »
Yann : « Alors on va trouver des pegmatites, des aplites ou des granitoïdes dans le secteur. »
Le chevalier : « On devrait 🙂 »
Max : « Il faut chercher ! C’est parti ! »
Le chevalier : « Si je leur avais dit de ne pas courir ils n’en auraient pas tenu compte… »
Max : « BONOME ! BONOOOM’ ! LES COUSINS ! »
Le chevalier : « Qu’est ce que tu as vu Max ? »
Max : « Venez voir ! »
Les trois autres : « On arrive ! »
Max sur le granite
Léo : « Ah oui ! »
Yann : « D’accord. »
Samuel : « Ça c’est pas pareil que tout à l’heure. »
Max : « Il est pas beau mon granite ? »
Léo : « Il est orthogneissifié 🙂 »
Samuel : « C’est plus tout à fait du granite. »
Yann : « Vous m’expliquez ? »
Léo : « Je sais pas trop pourquoi mais ici la température et la pression ont augmenté. Il y a eu des réarrangements des atomes. Ça a favorisé la croissance des plus gros cristaux existants perpendiculairement aux contraintes. »
Yann : « Ça a l’air facile quand tu expliques Léo. »
Léo : « Je simplifie parce que je comprends pas tout. »
Yann : « Ta simplification me va bien. Merci Léo. »
Samuel : « Je crois que je vais compliquer un peu les choses. »
Léo : « Qu’est ce que tu as vu petit Sam ? »
Samuel : « Un gros feldspath. Avec un gros cristal comme ça on est pas loin des pegmatites. »
Max : « J’ai de gros quartz moi ! »
Samuel et de gros feldspaths
Max et de gros quartz
Léo : « Bonome, on a déjà parlé des pegmatites aux Ébihens. Tu nous as dit que ce sont des roches caractérisées par la présence de gros cristaux. Mais comment on explique ces gros cristaux ? Pourquoi ils forment des filons ? »
Le chevalier : « Ça risque d’être long. »
Max : « On est pas pressés, si ? »
Léo : « Non. »
Samuel : « Non plus. »
Yann : « J’ai tout le temps moi ! »
Le chevalier : « Les pegmatites… Elles ont généralement la composition d’un granite : quartz, feldspaths, micas, surtout de la muscovite. On y trouve que très rarement des minéraux basiques. »
Max : « Explique-nous bonome. Vas-y ! Lâche-toi ! Fais ton exposé interminable et soporifique. Je vois bien que tu en meurs d’envie. »
Le chevalier : « Il se trouve que je n’ai pas vraiment le choix si vous voulez que j’explique vraiment. Je me lance… Au fur et à mesure de la cristallisation du magma granitique, un liquide résiduel se forme. Il contient les éléments qui cristallisent en derniers et les éléments dits incompatibles c’est-à-dire ceux qui ne s’incluent que très tard dans la formation des cristaux. »
Léo : « Tu peux détailler les éléments qui cristallisent en derniers et les incompatibles ? »
Le chevalier : « Ça va être long 🙂 Qui rappelle les éléments majeurs ? »
Max : « Les majeurs ? Ceux qui forment leurs propres cristaux ? Mais il y en a beaucoup ! »
Le chevalier : « Une dizaine d’entre eux constituent l’essentiel de la Terre. »
Samuel : « Oxygène, silice, aluminium, fer, magnésium, sodium, potassium et calcium ! L’oxygène et le silicium interviennent dans presque tous les minéraux. D’abord il y a le fer et le magnésium. Puis ce sera les alcalins et le calcium. »
Le chevalier : « Vous ai-je déjà parlé des séries de Bowen ? »
Max : « Je sais plus… »
Léo : « Ça me dit rien. »
Le chevalier : « L’ordre de cristallisation des minéraux ? »
Max : « Pfff… Peut-être. »
Samuel : « Tu nous expliques tellement de choses… »
Le chevalier : « Je vous montre quand même… »
Yann : « Je comprends pourquoi tu montres ça. Les premiers minéraux qui cristallisent restent au fond et les autres éléments vont dans le liquide. Ce liquide est donc enrichi en silice et alcalins. »
Samuel : « On sait donc expliquer la composition des pegmatites mais pourquoi elles forment des filons ? »
Le chevalier : « Il y a toujours de l’eau et d’autres molécules volatiles dans un magma. Elles-aussi s’accumulent dans le liquide résiduel. Ces molécules volatiles finissent par passer à l’état gazeux ce qui augmente fortement la pression. Des fracturations apparaissent. Surtout à la périphérie du pluton. »
Max : « Vous suivez les cousins ? »
Yann : « Jusque là oui ! »
Max : « Alors tu peux continuer bonome. »
Le chevalier : « Avec la pression, le liquide résiduel s’injecte dans les fractures et les fissures et c’est la qu’il cristallise. Le liquide étant riche en silice et alcalins il y a des gros quartz, des gros feldspaths… Et parfois des minéraux accessoires riches en éléments incompatibles. »
Yann : « C’est pas si difficile que ça en fait. »
Léo : « Bonome a simplifié. »
Le chevalier : « Pas tant que ça Léo. »
Samuel : « Donc les pegmatites se mettent en place à la toute fin de la cristallisation du pluton et elles correspondent aux résidus de cristallisation. »
Le chevalier : « C’est ça. »
Léo : « On sait donc que le sud de Cap Caval est formé du leucogranite de Pont-l’Abbé et que ce leucogranite est bordé au nord par des gneiss micacés et des micaschistes. On sait aussi que la transition se fait en douceur avec orthogneissification du granite et pegmatitisation. Hoplà ! »
Samuel : « Tu savais tout ça en arrivant bonome ? »
Max : « Il savait même pas qu’il y avait des enclaves d’une formation qu’il connaissait pas dans le granite ! »
Samuel : « Tu te crois drôle à te moquer de bonome ? »
Léo : « Je vois où tu veux en venir Sam. Fais attention à toi Maxou 🙂 »
Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? »
Léo : « Tu verras 🙂 »
Max : « Où veux-tu en venir petit Sam ? »
Samuel : « Toi tu te moques de bonome mais lui il explique tout alors qu’il connaissait même pas avant de venir et toi tu connais rien du tout ! »
Yann : « Et vlan Maxou ! »
Le chevalier : « 🙂 Je ne comprends pas tout… Que pensez-vous de la promenade ? »
Yann : « Moi j’aime beaucoup. Comment tu dis déjà ? Ah oui ! C’est vivifiant 🙂 »
Le chevalier : « Ça fait du bien de marcher non ? »
Léo : « Ben… Nous on poche. C’est toi qui cavale Megapus. »
Le chevalier : « Alors je vous le dis : ça fait du bien de marcher 🙂 »
Max : « Tu penses au retour ? Tu penses jamais au retour… »
Le chevalier : « Je ne préfère pas. J’y penserai au retour 🙂 »
Max : « Un jour tu seras allé tellement loin que tu arriveras pas à rentrer. »
Le chevalier : « Non Maxou. »
Léo : « On va là ? »
Beg an dorchenn
Le chevalier : « On va là 🙂 »
Max : « Il y a des Paillepeurs ! »
Léo : « Piper Max ! »
Max : « C’est exactement ce que je viens de dire 🙂 »
Piper (Il était blessé à une patte et ça nous a brisé le coeur).
Yann : « Ben oui ! Ce sont nos zoisos-gardiens des estrans sableux ! C’est normal qu’ils soient là 🙂 »
Max : « Tu veux bien filmer ? »
Le chevalier : « Même si ils sont solitaires ? »
Max : « Oui mon bonome. »
Le chevalier : « D’accord. »
Samuel : « Ça fait du bien le grand estran sableux. On prend l’air et on fait pas grand-chose. »
L’estran et la Pointe de la Torche
Yann : « C’est reposant. »
Le chevalier : « Dites que je vous fatigue 🙂 »
Max : « La journée est bien dense. »
Le chevalier : « Ah… Elle n’est pas terminée 🙂 »
Max : « On a l’habitude avec toi. On marche plusieurs jours chaque jour 🙂 »
Yann : « Et on apprend des tas de choses fort savantes. »
Léo : « Ça te plaît d’apprendre des choses savantes Yann ? »
Yann : « Oui bien sûr. Mais… Je peux vous avouer quelque chose ? »
Max : « Pourquoi tu pourrais-pas ? »
Yann : « J’ai un peu peur… »
Samuel : « Il faut pas cousin Yann. »
Yann : « Merci petit Sam 🙂 Je suis pas tout à fait comme vous. J’aime beaucoup apprendre des choses et étudier la nature mais c’est pas grave si je retiens pas. J’apprends doucement et je m’en fiche si j’ai des lacunes. Je suis pas tout à fait un petitours naturaliste. Je suis un petitours heureux 🙂 »
Max : « Ça alors ! »
Yann : « Je te déçois Maxou ? »
Max : « Oulala non ! Non non non ! Oula ! Je crois que tu viens même de changer de statut ! »
Yann : « Comment ça ? »
Max : « Avec une telle déclaration c’est toi maintenant le préféré de bonome 🙂 »
Le chevalier : « Tous mes petizours c’est mon préféré 🙂 Yann, ce que tu viens d’avouer ne m’étonne pas de toi 🙂 »
Samuel : « Ça se voit que tu es un petitours heureux cousin breton 🙂 »
Yann : « Il faut dire que vous m’avez bien accueilli. »
Max : « Je propose qu’on s’arrête là pour le moment. On continuera ce soir à l’apéro ! On pourra picoler nous aussi bonome ? »
Le chevalier : « Picoler vous aussi ? »
Max : « Ben oui. Quand on est en Bretagne tu picoles toi. Pourquoi on pourrait pas nous ? »
Le chevalier : « Je picole ? »
Max : « Bah… L’apéro, parfois un verre à table, le digestif… Moi j’appelle ça picoler. »
Le chevalier : « Mais pour qui tu vas me faire passer ???!!! »
Max : « Un grand chevalier qui s’adapte à son environnement. Tu t’intègres à la culture locale. Tu es en Bretagne donc tu picoles 🙂 »
Léo : « Tu me fais bien rigoler Maxou 😀 »
Max : « J’en suis ravi mais ça répond pas à ma question ! On pourra chouchenner nous aussi ? Il y a du miel dans le chouchen et il est bien connu que les ours aiment le miel 🙂 »
Le chevalier : « Je picole… »
Max : « C’est les vacances oulala ! Tu picoles si tu veux ! Tu chevauches même pas après ! »
Samuel : « Je propose qu’on reprenne l’inspection. On revient au granite de Pont-l’Abbé. »
L’estran et la Pointe de la Torche
Yann : « Avec la Pointe de la Torche en point de mire. Beg an dorchenn… »
Max : « On y va Yann. On y va ! »
Samuel : « Oh ! »
Le granite
Max : « Le granite est taché de sang 🙂 »
Léo : « T’es trop bête toi ! Il est juste oxydé. La tache est centrée sur les fractures. L’eau s’est infiltrée et elle a oxydé les minéraux riches en fer. »
Samuel : « Je préfère la version de cousin Max. C’est plus poétique quoi qu’un peu… morbide. »
Léo : « Ça c’est étrange… »
Max : « Koiça ? »
Léo : « Ça ! Là ! »
Les granites !
Yann : « Je vais faire l’échelle ! »
Yann donne l’échelle
Max : « Bon… Vu comme ça c’est la même composition mais pas la même texture. Grain grossier et grain fin… Comment tu expliques ça bonome ? »
Le chevalier : « Pfff… Encore une injection tardive du granite dans le granite 🙂 »
Léo : « C’est ta seule hypothèse ? »
Le chevalier : « Oui. »
Samuel : « Elle est valable. Un peu brève mais valable. »
Yann : « Bonome nous a déjà expliqué beaucoup de choses aujourd’hui. On a pas fini l’aller et il y a le retour. On pourrait peut-être cesser de l’importuner avec notre soif de savoir. »
Max : « Et on fait quoi ? On est heureux ? »
Samuel : « Oui ! On fait ça ! On sourit la truffe au vent 🙂 »
Léo : « D’accord ! »
Max : « C’est une bonne idée 🙂 Mais je sais pas ce que je vais raconter dans mon blog… »
Léo : « A ce qu’il paraît tes articles sont trop longs. Quelques lignes de bonheur ça sera suffisant 🙂 »
Samuel : « Merci cousin Yann. »
Yann : « Pour quoi petit cousin ? »
Samuel : « De nous rappeler qu’il faut être heureux. »
Max : « On est déjà arrivés ! On est sur la pointe ! »
Yann : « Ar beg… »
Léo : « Si on regardait les vagues ? »
Le chevalier : « Le lieu est connu pour ses vagues. C’est un spot de surf. »
Max : « On a déjà fait du surf nous ! »
Yann : « C’est vrai ? »
Max : « Un jour je retrouverai les fotos pour te montrer. »
Léo : « On a pisciné en fait. Bonome nous a fait faire un peu de surf sur un os de sèche mais c’était pas les grosses vagues comme ici. »
Les vagues
Les vagues
Samuel : « Un zoiso ! Un zoiso ! »
Max : « Ouça ? »
Léo : « Là ! Là ! Oulala ! Le rate pas bonome ! »
Yann : « Je sais qu’on a pas vu beaucoup de zoisos aujourd’hui mais quand même ! »
Max : « On le connaît pas lui ! Tu as réussi les fotos ? Dis moi que tu les as réussies !! »
Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis, Calcariidés)
Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis, Calcariidés)
Max : « Rholala ! Léo, regarde ça ! Sam ! Yann ! »
Samuel : « Tu le connais cousin Léo ? »
Léo : « Je crois. Bonome, tu as le beau livre de zoisos de Max ? J’ai pas pris le mien. »
Max : « On peut demander à monsieur Internet. Donne ton téléphone à Léo bonome ! »
Léo : « Je peux ? »
Le chevalier : « Bien sûr Léo. »
Léo : « Merci bonome… Alors oiseaux.net… Mmmm… On dirait bien 🙂 Qu’est ce que vous en pensez ? »
Max : « Le bruant des neiges ? Ici ? »
Samuel : « On dirait bien ! »
Yann : « Ça m’a l’air d’être une bonne nouvelle ça 🙂 »
Max : « Ah bah c’est pas tous les jours qu’on voit un bruant des neiges ! »
Samuel : « C’est notre premier 🙂 »
Léo : « Même ici il est rare 🙂 »
Max : « On a vu un bruant des neiges… »
Samuel : « J’ai plutôt l’impression que c’est lui qui est venu nous voir… »
Max : « Tu filmes les vagues bonome ? »
Le chevalier : « Oui. Le film n’aura pas beaucoup d’intérêt mais j’aime bien 🙂 »
Max : « Je le mettrai dans mon blog. »
Pipit maritime (Anthus petrosus, Motacillidés) Notre zoiso-gardien des roches est jamais loin.
Léo : « Allez ! On avance ! »
Yann : « Très beau rocher… »
Les vagues sur le Veilleur
Les vagues sur le Veilleur
Le chevalier : « C’est Le Veilleur 🙂 Une star locale 🙂 »
Max : « Il encaisse bien les vagues. »
Le chevalier : « Mais moi je me dispenserais bien des embruns. Venez, j’ai quelque chose à vous montrer. »
Max : « Venez… Tu vas jamais cesser de dire ça ! ON EST DANS TA POCHE ! »
Le chevalier : « Ah oui 🙂 Bon ben… Je dis quoi alors ? »
Léo : « ‘Venez’ c’est bien 🙂 »
Max : « C’est quoi ça ? »
L’allée couverte
Yann : « C’est une allée couverte. C’est fréquent en Bretagne ça. »
Samuel : « Tu connais les allées couvertes cousin Yann ? »
Yann : « Juste un peu comme ça. Bonome va dire des mots compliqués que personne connaît à part lui pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé mais moi je vais dire simplement. »
Max : « Et vlan bonome ! Il est bien ce petitours breton 🙂 »
Yann : « 🙂 Une allée couverte c’est des gros cailloux qui délimitent une allée. Normalement il y a des cailloux verticaux qui portent des cailloux horizontaux qui forment le toit. A un moment de l’allée, il y a une paroi qui délimite une chambre. Il me semble que c’est un monument funéraire et qu’on enterrait un mort dans la chambre du bout de l’allée. Autrefois, elles étaient couvertes de terre. Parfois il y a des petits cailloux autour pour éviter que la terre glisse. Je dis autrefois mais je sais pas de quand ça date. »
Max : « Alors bonome ? Tu penses quoi de ce que dit Yann ? »
Le chevalier : « Je suis impressionné. Bravo Yann 🙂 »
Max : « Je suppose que tu vas tout reprendre en faisant en sorte que personne comprenne… »
Le chevalier : « Je relève le défi 🙂 Une allée couverte est un très long dolmen composé d’une chambre unique. Ce dolmen est constitué d’orthostates portant des tables horizontales. Un dalle transverse délimite la cella de l’antecella. Normalement la hauteur de l’antecella est inférieure à celle de la cella. Effectivement les allées couvertes étaient recouvertes de terre pour former un tumulus. »
Samuel : « La version de cousin Yann est plus facile à comprendre. »
Léo : « Moi j’aime bien les mots alors j’aime bien la version de bonome. »
Max : « Il y a quand quelque chose qui va pas dans ce que vous dites… »
Léo : « Ah ? Mais quoi ? »
Max : « Observez un peu au lieu de bavasser ! »
Samuel : « On bavasse pas nous ! »
Max : « Vous n’observez pas quand même sinon vous verriez que ça va pas ! »
L’allée couverteL’allée couverteL’allée couverte
Samuel : « Ah oui… »
Léo : « Effectivement… »
Yann : « C’est un peu plus compliqué qu’une simple allée couverte… »
Max : « Comment explique-tu ça bonome ? Il y a pas qu’une seule allée et j’arrive pas bien à voir mais la cella est pas toute seule… »
Le chevalier : « Ce site est occupé depuis très longtemps. Au néolithique ancien un premier monument a été construit. Il s’agit d’un dolmen dont la galerie s’ouvre sur deux chambres latérales trapézoïdales. Il date de 4000 à 3500 ans B.-C. Ce premier édifice se trouve à l’ouest. Plus tard, au néolithique final, entre 2500 et 2000 B.-C. Une allée couverte a été ajoutée. Au total, de monument funéraire comporte cinq chambres dont quatre latérales. En réalité l’histoire est bien plus longue et complexe. »
Léo : « Ben raconte ! »
Le chevalier : « Si on creusait, on tomberait sur plusieurs couches anthropiques. »
Max : « Des couches anthropiques… Oui oui oui… »
Le chevalier : « Au-dessus du granite, il y a un premier sol. Il est lui même couverts d’amas coquilliers. »
Yann : « Les zoms préhistoriques ont mangé des huîtres ici ? »
Le chevalier : « Oui mais pas seulement 🙂 Par dessus, il y a un premier cairn c’est-à-dire une accumulation de cailloux. Dans ce premier cairn ont été découverts deux squelettes proprement inhumés. Au-dessus il y a un second cairn évidemment plus tardif. Les monument que nous voyons fait partie de ce second cairn. Une dernière chose… Si je me souviens bien, les morts étaient inhumés à l’extérieur des allées couvertes le temps que la chair se décompose. Ce n’est qu’après ça que les squelettes étaient transférés dans les chambres funéraires. »
Max : « Merci pour ces précisions bonome. »
Yann : « C’est effectivement plus long et plus complexe… »
Le chevalier : « Environ 6 000 ans d’occupation continue par les zoms 🙂 »
Léo : « Je comprends. Ce site est magnifique 🙂 »
Samuel : « Et majestueux. Dès qu’un site est un peu original, les zoms en font un site sacré. »
Le chevalier : « Tu ne crois pas si bien dire mon petit Sam. Saviez-que non loin d’ici, à Lestriguiou, 600 à 700 menhirs disposés sur quatre rangées pointent exactement vers le sommet de ce tumulus ? »
Max : « Nooon ? C’est vrai ? »
Léo : « Te moques pas Maxou 🙂 »
Samuel : « La Bretagne est vraiment une terre mystérieuse pleine de légendes… »
C’est sur cette belle parole de notre petit Sam que nous avons décidé à l’unanimité de bonome tout seul qu’il fallait rentrer. Le retour on vous le raconte pas. C’est pas la peine. On a tous fait comme Yann : on a été heureux 🙂 On a pas fait les naturalistes. Quand les chardonnerets rigolos sont passés nous voir on les a juste salués chaleureusement. Même les quelques gouttes de pluie ont pas fait disparaître nos sourires béats. Il a raison Yann. C’est bien d’apprendre des choses fort savantes mais le plus importants est d’être heureux. Bonome a pris tout son temps pour le retour et quand on est revenus aux rochers c’était le coucher de soleil. Alors on en a profité.