106-1 La Passiflore

Vendredi 22 Juillet, an III

Max : « Bonjour bonomou 🙂 As-tu bien dormi ? »

Le chevalier : « Très bien, merci. Tu es seul ? »

Max : « Léo étudie. »

Le chevalier : « Et toi ? »

Max : « Je t’attendais. On voulait te montrer une jolie plante que nous avons vue dans le jardin autour de la cabane. »

Le chevalier : « Vous êtes allés dans le jardin ? Tous les deux ? »

Léo : « Oui 🙂 Tu dormais si bien que nous avons pas voulu te réveiller. Alors nous sommes allés explorer le jardin. On a jamais pris le temps d’y aller. »

Max : « On avait entendu des jeunes mésanges. On a reconnu le chant particulier de la toute jeune mésange qui demande du manger. »

Léo : « Alors on est allés les voir. »

Max : « J’aime bien les voir demander du manger à leurs parents. Elles écartent légèrement les ailes et les agitent très vite. On dirait qu’elles vibrent 🙂 »

Le chevalier : « Mais je ne veux pas que vous alliez dans le jardin sans moi ! »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « A cause des chats voyons ! »

Max : « Oui, on a vu une jolie femelle. »

Léo : « Au pelage roux, noir et blanc. »

Max : « Avec une oreille abîmée. »

Léo : « Et un gros ventre. Il faudrait la mettre au régime. »

Le chevalier : « Vous avez vu Mounette ? »

Max : « Oui 🙂 »

Léo : « Tu savais que les chats aiment aussi se faire gratter le front ? »

Max : « Le menton aussi 🙂 »

Léo : « Elle arrêtait pas de ronronner 🙂 »

Max : « On aurait dit un petitours 🙂 »

Le chevalier : « Vous lui avez gratté le front ?! »

Max : « Ben oui ! Sinon on saurait pas qu’elle aime ça. Bonome, tu es pas encore réveillé toi. Tu t’es pas caféiné ? »

Léo : « Tu as l’air inquiet ? Quelque chose ne va pas ? »

Le chevalier : « Vous êtes allés seuls dans le jardin ! Vous avez gratouillé un chat ! »

Max : « Ben oui. »

Léo : « Et alors ? »

Le chevalier : « Mais… Elle pouvait vous éventrer d’un coup de griffes ! »

Max : « Pourquoi elle aurait fait ça ? »

Léo : « Elle est très gentille… Comment tu l’as appelée déjà ? »

Le chevalier : « Mounette… »

Léo : « Elle est très gentille Mounette. »

Max : « Tu la connais ? »

Le chevalier : « Oui… »

Max : « Alors tu sais qu’elle est très gentille. Mais elle doit manger trop de chocolat. Elle a un gros ventre. »

Le chevalier : « Je ne veux pas que vous retourniez seuls dans le jardin. Il y a d’autres chats et ils ne sont pas tous aussi gentils que Mounette. »

Max : « Alors viens avec nous ! Il faut que tu nous présentes la jolie plante à fleurs. »

Léo : « Allez viens ! Elle est par là. »

Max : « Et fais attention aux chats ! »

Le chevalier : « Ce n’est pas drôle. »

Max : « Pfff… Ton humour est resté au lit ? »

Léo : « Voilà la jolie plante. Tu nous l’expliques s’il te plaît ? »

106 01 Une fleur de la Passion

Le chevalier : « C’est une fleur de la Passion, également appelée passiflore. »

Max : « Une fleur de la Passion ? Passion, parce qu’on l’aime passionnément ? »

Le chevalier : « Non Maxou, sinon je n’aurais pas mis de majuscule à Passion. »

Max : « Bonome, je crois que tu vas aller te caféiner d’urgence. Tu es pas bien réveillé dans ta tête ! Comment on peut savoir que tu as mis une majuscule. On voit pas les majuscules à l’oral ! »

Le chevalier : « Ah oui 🙂 Pardon. »

Max : « La Passion… Comme dans La Passion de Jésus, le Christ, Notre Seigneur ? Celle qu’on fête à Pâques et tous les dimanches ? »

Le chevalier : « Exactement ! »

Léo : « Je veux pas paraître irrespectueux mais je vois pas bien le rapport entre une fleur, même très jolie, et la mort de Jésus sur une croix. »

Le chevalier : « Je comprends 🙂 Je crois que peu de gens connaissent le lien. Je ne sais même pas s’ils comprennent ce que veut dire Passion. »

Max : « Alors tu nous expliques. Bonome, nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Si vous me le permettez, je vais commencer par l’aspect botanique. »

Max : « Nous te le permettons 🙂 »

Le chevalier : « Cette jolie fleur est une passiflore du genre Passiflora. Il me semble que c’est l’espèce caelurea. Elle appartient à la famille des Passifloracées qui regroupe 530 espèces essentiellement sud-américaines. »

Léo : « A quoi on reconnaît les Passifloracées ? »

Le chevalier : « La famille est très homogène. Ce qui veut dire que les passiflores se ressemblent beaucoup. Nous allons donc décrire celle-ci et vous saurez reconnaître toute la famille. »

Léo : « D’accord. »

Le chevalier : « Commençons par l’extérieur. Vous voyez sûrement les 10 Tépales. »

Max : « On les voit pas bien tous mais on te croit. On dit tépales quand les sépales et les pétales sont pareils. »

Le chevalier : « Viennent ensuite les nectaires. Ils sont en forme de filaments. Ici ils sont violet, blanc et bleu. »

Léo : « C’est original comme forme 🙂 »

Max : « C’est très beau quand même 🙂 »

Le chevalier : « Au centre, il y a l’androcée et le gynécée… »

Max : « STOP ! Bonome, pourquoi tu utilises des mots compliqués que personne connaît à part toi ? »

Léo : « Ça sent le grékancien 🙂 »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 L’androcée est l’ensemble des étamines et le gynécée l’ensemble des organes féminins. »

Max : « Les étamines et le pistil… Tu peux pas faire simple ! Bonome, qu’est ce qu’on va faire de toi ? »

Léo : « Max, tu sais bien qu’il affine pour qu’on fasse des progrès. Comme ça, après, on a plus de vocabulaire. On est naturalistes nous, alors on doit utiliser un vocabulaire scientifique adapté. Continue chevalier. »

Le chevalier : « Je préfère parler d’androcée et de gynécée pour que vous compreniez la suite. Si vous regardez bien, vous allez voir que le gynécée se trouve sur l’androcée. »

Max : « Tu peux traduire s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Vous voyez cinq machins qui portent des trucs. »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Ce sont les cinq étamines qui portent les anthères, parfois appelées sacs polliniques. »

Le chevalier : « C’est mieux. »

Léo : « Et c’est ça l’androcée. »

Le chevalier : « Oui Léo. Dessus, il y a un ovaire en trois parties surmonté de trois longs styles terminés chacun par un stigmate. »

Léo : « Le gynécée. »

Max : « D’accord. Et c’est quoi la suite ? »

Le chevalier : « Vu la disposition particulière de ces organes on parle d’androgynophore. »

Max : « Pfff… »

Léo : « Le vocabulaire est compliqué mais je comprends. »

Max : « Moi aussi. Ce que je comprends pas, c’est pourquoi on dit pas qu’il y a cinq étamines et, dessus, un pistil comprenant un ovaire, trois style et trois stigmates. »

Le chevalier : « Tout simplement parce que le mot androgynophore dit tout cela en un seul mot. »

Léo : « C’est plus rapide. »

Max : « D’accord. Et toutes les Passifloracées ressemblent à ça ? »

Le chevalier : « Je ne les connais pas toutes mais oui. »

Passiflora_caerulea_coupe2

Léo : « Et le rapport avec la Passion de Notre Seigneur ? Je comprends pas bien. »

Le chevalier : « Les prêtres se sont servis de cette fleur comme support pédagogique pour expliquer la Passion du Christ. »

Max : « Je suis curieux d’entendre tes explications. »

Le chevalier : « C’est assez simple. Vous savez que Jésus a été accusé de s’être proclamé roi des juifs. »

Max : « Mais c’est pas vrai ! Il a jamais dit ça ! »

Le chevalier : « Je le sais Max. Il a été accusé à tort et injustement condamné. Mais c’est quand même le motif de sa condamnation. »

Max : « Et à cause de ça, il a été cloué sur une croix. »

Le chevalier : « Ce qui était rare. Les crucifiés étaient attachés à la croix. »

Max : « C’était une pratique barbare. Le supplicié mettait des jours à mourir. Ils sont méchants les zoms. »

Le chevalier : « Trop souvent. C’est vrai. Savez-vous que la mort se fait par asphyxie ? Le corps s’affaisse et la position fait que les mouvements respiratoires ne sont plus possibles. Le supplicié meurt donc étouffé. »

Max : « C’est barbare quand même. J’aime pas les zoms. Et Jésus méritait pas de mourir comme ça. »

Léo : « Il est pas mort à cause du coup de lance dans son cœur ? »

Le chevalier : « Non Léo. Il était déjà mort. »

Max : « J’aime pas qu’on parle de ça. Et je comprends toujours pas le rapport avec la fleur. »

Le chevalier : « J’y viens. Avant d’être crucifié, Jésus a été coiffé d’une couronne d’épines. Par dérision. »

Max : « Pour se moquer ? »

Le chevalier : « Oui, pour se moquer. Les filaments des nectaires, en forme de filaments, rappellent cette couronne d’épines. Les trois stigmates représentent les trois clous qui ont servi à la crucifixion. Il ont causé quatre plaies. Mais si on ajoute celle provoquée par le coup de lance, elles sont au nombre de cinq. »

Léo : « Les cinq étamines ! »

Max : « Il y a d’autres équivalence ? »

Le chevalier : « Chez certaines espèces on peut observer une trentaine de tâches noires sur les pièces florales. Elles sont l’équivalent des trente deniers que reçut Judas comme prix de sa trahison. »

Max : « Judas est pas un traître ! Il fallait que Jésus meurt puis qu’il ressuscite pour racheter nos péchés. Alors Judas l’a aidé. C’est pas un traître. Il aimait Jésus. C’était son ami. »

Le chevalier : « Mon petitours… Tu ronchonnes, tu grognes, tu râles… mais tu es un vrai disciple de Jésus. Tu vois toujours l’amour même quand il se cache dans des comportements qui paraissent en être dénués. Tu as raison. Judas aimait Jésus et ce n’était pas un traître. »

Max : « Il a aidé Jésus à passer de ce monde à son Père. Il a aidé son ami à accomplir sa mission. »

Léo : « Il y a d’autres choses encore ? »

Le chevalier : « Les feuilles. Elles sont lobées et chaque lobe rappelle la pointe de la lance qu’on lui a plantée dans le cœur. Et les vrilles qui permettent à la plante d’être grimpante rappellent les fouets qui ont servi à flageller Jésus avant sa crucifixion. »

Léo : « Je comprends mieux le nom maintenant. On peut effectivement se servir de cette fleur pour raconter la Passion du Christ. »

Max : « Bonome, les petizours vont ressusciter aussi ? »

Le chevalier : « Je le crois. »

Max : « Et on ira au paradis avec toi ? »

Le chevalier : « Tu m’as déjà posé cette question Maxou. Il n’y aura pas de paradis pour moi si vous n’êtes pas à mes côtés. »

Max : « Même si, parfois, on mange trop de chocolat, on se chamaille et on est pas gentils avec toi ? »

Le chevalier : « Oui Max. Mais je n’ai pas souvenir que vous n’ayez pas été gentils avec moi. »

Max : « On sera jamais séparés alors ? On sera ensemble pour l’éternité ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Ne t’inquiète pas. Vous êtes d’adorables petizours et je ne vois pas ce qui pourrait faire que vous n’alliez pas au paradis. Je suis plus inquiet pour moi… »

Max : « Mais tu es un grand chevalier toi ! Tu iras bonome ! »

Le chevalier : « Alors nous serons ensemble. »

Léo : « Et on retrouvera Tante Yvonne. »

Max : « Et tous tes amis des temps anciens. »

Le chevalier : « Oui 🙂 et si, en attendant, nous allions faire un gros câlin ? »

Max et Léo : « Ouiiiii 🙂 »

Je sais bien pourquoi il a proposé un câlin mon chevalier. Il a bien vu que cette discussion m’avait un peu contrarié. Et puis, il a eu peur en apprenant qu’on s’était promenés sans lui dans le jardin. En plus, il était fatigué par la longue journée d’hier. Alors on s’est câlinés tous les trois, on a chahuté puis il nous a gratté le front. Évidemment, Léo et moi, on a ronronné. Et on s’est endormis tous les trois pour une longue sieste réparatrice. D’habitude, on dort pas avec bonome. On a nos lits à nous. Mais là, pour la sieste, on est restés tous les trois ensemble. Quand je me suis réveillé, Léo était tout serré contre bonome 🙂 Il aime beaucoup bonome Léo. Moi aussi je me suis serré conte lui, comme un avant goût de paradis et j’ai fait semblant de dormir, pour pas les réveiller. Mais j’ai ronronné et ça les a réveillés. C’est Léo qui s’est levé le premier. Ou plutôt, il s’est assis sur le lit.

Léo : « Dites tous les deux, si on allait se promener ? »

Max : « Se promener ou inspecter ? »

Léo : « Se promener 🙂 »

Max : « Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Je veux bien. Mais nous n’allons pas loin. »

Max : « On fait comme tu veux bonomou. On enfile nos sacados et c’est parti ! »

106 02 Une fleur de la Passion

Continuer la promenade

105-3 La Réserve Naturelle du Marais d’Y

Jeudi 21 Juillet, an III (suite)

Max : « Bonome, tu m’as pas répondu. On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Parce que, pour toi, il est acquis que nous allions ailleurs ? »

Max : « Ouiiii 🙂 On va pas rentrer maintenant quand même. Léonou serait déçu : on a même pas vu de zoisos. »

Le chevalier : « C’est pour Léo que tu veux continuer à te promener ? »

Max : « Ben oui ! Tu imagines la déception de ce pauvre Léo si nous rentrions maintenant ! Il s’en remettrait jamais. Tu aurais 50 % de petizours dépressifs. Tu veux pas ça quand même ? »

Léo : « 🙂 Quelle imagination 🙂 »

Le chevalier : « Max, j’apprécie ta générosité. Je vais emmener Léo pour continuer l’inspection – je ne voudrais pas qu’il soit dépressif – et toi tu garderas notre monture. »

Max : « Et ma dépression à moi ? Tu t’en fiches si je suis les 50 % de petizours dépressifs ? »

Le chevalier : « Ah… J’avais mal compris alors. Je pensais que tu n’avais pas envie de continuer à inspecter, que tu ne t’inquiétais que de la santé mentale de ton doux cousin Léo. »

Léo : « 🙂 »

Max : « Bonome, tu NOUS emmènes tous les deux ! Et plus vite que ça ! »

Le chevalier : « Bien Maxou. A tes ordres Maxou ! »

Max : « Dis bonome, on va où alors ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Nous allons nous promener sur une longue plage… Oui, c’est ça. Nous allons inspecter la plage qui borde la Réserve Naturelle du Marais d’Y. »

Léo : « Et il y a des zoisos ? »

Le chevalier : « Je pense qu’il y en aura mon Léo 🙂 »

Max : « Toi, tu as des amis végétos que tu veux aller saluer 🙂 Tu as des tas d’amis végétos sur les dunes. Tu nous les présenteras ? »

Le chevalier : « Je vous les présenterai 🙂 Nous voici arrivés. »

105-3 01 Le panneau

Max : « Tu fotoes le panneau ? C’est pour montrer à Princesse ? »

Le chevalier : « Oui Max. Afin qu’elle voit que nous faisons bien notre mission 🙂 »

Max : « Elle prend pas beaucoup de nos nouvelles quand même 🙁 »

Le chevalier : « Tu lui en donnes par ton blog. Je suis sûr qu’elle se manifesterait si elle voyait que nous n’allions pas bien. »

Max : « Tu dis ça mais elle a même pas laissé de commentaire quand tu étais tout cassé. »

Le chevalier : « Max, ça suffit maintenant. Arrête de geindre et profite du paysage. »

Max : « Je geins pas ! Je constate ! »

105-3 02 Le marais

Léo : « Rhoooo ! C’est bôôôô ! C’est la réserve naturelle ? »

Le chevalier : « Pas encore mon Léo. C’est une exploitation agricole qui borde la réserve. »

Max : « Bonome, tu as vu la grande plante à fleurs ? On peut aller la voir s’il te plaît. »

Le chevalier : « Allons-y 🙂 »

105-3 03 Un cynara

105-3 04 Un cynara 105-3 05 Un cynara

Léo : « Qu’est ce qu’elle est belle ! Et elle est presque aussi haute que toi ! »

Le chevalier : « Ne vous approchez pas trop, vous risqueriez de vous faire piquer les fesses ! »

Max : « Aïe ! Ouille ! Trop tard bonome, trop tard… »

Le chevalier : « Si tu voulais bien mettre ton pantalon ! »

Max : « Je suis un petitours moi. L’ordre des Peluchiformes fait quand même partie des Mammifères et j’ai donc un épais pelage qui me tient chaud. J’ai pas besoin de pantalon ! »

Léo : « Il te protégerait contre les piqûres 🙂 »

Max : « Je suis épicurien ! J’ai pas à être protégé contre l’Épicure 🙂 »

Léo : « Pfff ! Bon, chevalier, négligeons Maxou et présente moi cette magnifique plante à fleurs s’il te plaît. »

Le chevalier : « 🙂 C’est une Astéracée tubuliflore du genre Cynara. C’est peut-être Cynara scolymus. Son nom vernaculaire est artichaut. »

Max : « Les zoms mangent des artichauts… »

Le chevalier : « Oui, mais avant qu’ils soient en fleurs. Ils mangent la partie charnue qui est à la base des bractées. Et aussi le thalamus, la partie du capitule qui porte les fleurs. »

Max : « Et ils disent que c’est un légume ! En botanique, ça veut rien dire légume ! C’est une fleur, une feuille, une tige, même des fruits parfois ! »

Le chevalier : « Max, permets moi de te dire que tu as tort 🙂 »

Max : « Tort de quoi ? »

Le chevalier : « En botanique, le mot légume décrit les fruits d’une famille de plantes appelée légumineuses. Ce sont des termes devenus obsolètes mais le terme légume est bien issu de la botanique. »

Léo : « C’est quelle famille les légumineuses ? »

Le chevalier : « Les actuelles Fabacées, autrefois appelées Papilionacées. »

Max : « Alors, en botanique, un légume c’est un fruit 🙂 Et en cuisine c’est n’importe quoi. »

Le chevalier : « Max, tu sais bien que je ne suis pas qualifié pour parler de cuisine 🙂 »

Max : « Bonome, dans la cabane, la cuisine est la pièce dans laquelle tu vas faire le café 🙂 »

Léo : « Quel gâchis ! Une pièce complète pour une cafetière ! »

Max : « C’est là aussi que tu stockes le chocolat 🙂 SUR L’ÉTAGÈRE DU HAUT QU’ON PEUT MÊME PAS ATTEINDRE ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 Choix judicieux que je me félicite d’avoir fait 🙂 »

Max (grommelant dans sa barbe) : « On peut même pas manger du chocolat quand on veut ! C’est pas juste ! On devrait toujours avoir le droit de manger du chocolat. C’est bon pour le moral le chocolat. Et ça évite de manquer de magnésium… »

Léo : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés ! »

105-3 06 Un grand gravelot

Max : « Ouça ? Tu joues aux zoisos ? Tu as même pas prévenu ! »

Max : « Il est tout seul ! Il doit chercher du manger dans la vase… »

Léo : « Derrière il y a des salicornes. Tu as déjà goûté Maxou ? »

Max : « Ben non. Je suis zoophage et chocolatophage. Pas phytophage. Je mange pas la salicorne. »

Léo : « Et toi chevalier ? »

Le chevalier : « Oui, mais je n’en garde pas un souvenir impérissable… »

Max : « Allez, on arrête de parler cuisine et on avance ! Hirundo rustica, Hirundinidés ! »

105-3 07 Une hirondelle rustique

Léo : « Bien vu Maxou ! Mais elle a pas la face rouge. Ce serait un juvénile ? »

Max : « C’est bizarre… Parce que, même juvéniles, les hirondelles rustiques sont noires avec des reflets bleus. Et puis les plumes de la queue se terminent par un long filet. Et là, c’est pas comme ça… Bonome, qu’en penses-tu ? »

Le chevalier : « Que vous observez de mieux en mieux 🙂 »

Max : « C’est gentil mais ça nous aide pas 🙂 »

Le chevalier : « C’est peut-être une hirondelle de rivage, Riparia riparia. »

Léo : « Une hirondelle de rivage ? Rhoooo… On la connaissait pas celle-là ! »

Max : « On connaissait l’hirondelle rustique et l’hirondelle des fenêtres. »

Léo : « On connaît trois espèces d’hirondelles maintenant ! La chance ! »

Max : « Oulala ! Regardez là-bas ! »

Léo : « Rhoooo ! Tout ça de zoisos ! Rholala ! »

Max : « Tu as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui. Je te montre 🙂 »

105-3 08 Des tas de zoisos

Max : « Bof… »

Le chevalier : « Oui, j’ai voulu zoomer pour identifier les oiseaux mais je n’aurais pas dû. Avec moins de zoom nous aurions mieux vu l’abondance d’oiseaux. »

Léo : « Tout ça de zoisos… »

Le chevalier : « Ils vont se reposer dans le Marais de la Réserve. »

Max : « A cette heure ci ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Ce sont des limicoles. Ils sont allés se nourrir sur l’estran à marée descendante, dès le début du jusant. C’est maintenant l’étale de basse mer. Près de 6 heures se sont écoulées depuis le début de leur repas. Ils sont bien nourris et peuvent retourner se reposer. »

Max : « Alors on devrait voir des tas de zoisos passer ! Chouette alors ! »

Léo : « Rhoooo oui ! »

Max : « Les tadornes, eux, continuer d’aller manger 🙂 »

105-3 09 Des tadornes105-3 10 Des tadornes

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais vous savez qu’ils se reposent sur la mer. Ils n’ont pas besoin de retourner dans la réserve. »

Léo : « Mais ils peuvent y aller quand même 🙂 On en voit sur la foto précédente 🙂 »

Max : « Bonome, Léo t’a bien eu 🙂 Bon, tu as pas des amis végétos à nous présenter ? »

Le chevalier : « Si, en voici un. Ne t’approche… »

Max : « Aïe ! Ouille ! Zutalor ! Je voulais l’observer de près ! »

Le chevalier : « Je n’ai pas eu le temps de te dire de te méfier de ses bractées épineuses 🙂 »

105-3 11 centaurée rude 105-3 12 Centaurée rude

Léo : « C’est encore une Astéracée 🙂 »

Le chevalier : « C’est la centaurée rude, Centaurea aspera. Elle aime les milieux secs et piétinés, ou instables. On la trouve donc souvent en arrière dune semi-fixée mais aussi dans la dune grise. Comme Max a pu le remarquer, ses feuilles peuvent se terminer par des pointes. Et ses bractées sont épineuses. »

Max : « Ils sont dangereux tes amis bonome ! »

Léo : « Ils sont comme lui 🙂 Il faut savoir les prendre 🙂 »

Max : « Regardez ! Les zoisos ! »

105-3 13 Des corulis en vol

105-3 14 Des corulis en vol 105-3 15 Des corulis en vol

Léo : « On dirait des courlis. Mais j’ai pas réussi à voir l’espèce… »

Max : « Pareil ! Et pourquoi il y a des trous dans le plumage des ailes ? »

Le chevalier : « Ils sont en train de muer. Les rémiges primaires tombent et de nouvelles vont les remplacer. Quant à l’espèce… Difficile à dire… D’après la longueur du bec, la couleur des primaires… Courlis cendré. »

Léo : « Numenius arquata, Scolopacidés. »

Max : « Merci bonome. »

Le chevalier : « Venez, je vais vous présenter un autre de mes amis. Celui-ci ne pique pas, vous pouvez vous en approcher sans crainte. »

105-3 16 Liseron des sables 105-3 17 Liseron des sables

Max : « Il est plus en fleur, c’est dommage… »

Le chevalier : « D’autant plus que ses fleurs sont magnifiques. C’est le liseron des sables, Calystegia soldanella ou Convolvulus soldanella. Ses fleurs sont en forme de cloche, comme celles des autres liserons, d’un beau rose profond avec 5 stries blanches. Mais il fleurit souvent très tôt, le plus souvent vers Mai ou Juin. »

Max : « Et on peut pas aller à la mer à ce moment là. Tant pis. »

Le chevalier : « Pause ? »

Max : « Toi, tu veux pétuner et te caféiner 🙂 »

Le chevalier : « Je veux surtout m’asseoir, profiter du paysage et écouter le vent. »

Max : « Oh oui ! Il doit avoir de belles histoires à nous raconter ! Tu crois qu’il se fâcherait si je les racontais à Princesse ? »

Le chevalier : « Max, tu sais bien qu’il ne faut jamais répéter les belles histoires que le vent nous raconte. Il ne serait pas fâché mais il ne te parlerait peut-être plus… »

Max : « Même si c’est pour Princesse ? »

Le chevalier : « Je ne peux pas savoir Maxou. C’est ton ami le vent, alors, à ta place, je ne prendrais pas le risque. Même pour Princesse. »

On s’est assis et on a écouté. Léo a fermé les yeux pour mieux entendre. Et, dans son petit souffle, le vent nous a de nouveau raconté la mer. Je peux pas te dire Princesse, parce que je voudrais pas blesser mon ami, celui qui me caresse délicatement la joue quand je suis triste ou qui souffle très fort pour que je vois planer les Laridés… Il en connaît des histoires le vent ! Tu devrais aller l’écouter un jour… Ce que je peux te dire – il m’a autorisé – c’est que Tante Yvonne va bien. Elle continue de se promener dans le temps sur son bateau sans moteur. Elle vogue sur l’Océan centralien et passe d’Armorica au Gondwana au gré de ses envies. Elle est pas pressée Tante Yvonne. Elle a toute l’éternité devant elle maintenant. Pour lui montrer qu’on pense à elle, j’ai demandé au vent de lui faire une grosse bourrasque, pour la dépeigner 🙂 Elle sait que c’est de notre part. Et elle s’est bien vengée 🙂 Parce que le vent nous a fait une petite bourrasque et, Léo et moi, on est tombés à la renverse. Poum les petizours ! On a bien rigolé 🙂 C’est elle qui lui a demandé, c’est sûr !

Tu vois Princesse, c’est comme ça avec bonome. Un jour on est en Bretagne et il est triste parce qu’il retrouve pas un moteur tout cassé sur un estran rocheux. Il nous explique pourquoi et on découvre une héroïne de l’Histoire. Il en parle tellement bien qu’on l’aime sans la connaître. Et comme il parle au vent notre bonome, et que le vent est partout le même et qu’il est toujours au présent, on peut discuter avec cette héroïne de l’Histoire au travers du temps. Et tu sais, c’est tellement normal avec bonome ce genre de choses, qu’on oublie parfois la chance qu’on a de pouvoir les vivre…

Max : « Bonomou… »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Merci. »

Le chevalier : « Merci ? »

Max : « Oui bonome. Merci pour tout. »

Le chevalier sourit…

105-3 18 Le paysageMax : « Tu regardes le paysage ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et tu vois tout depuis le Jurassique 🙂 »

Le chevalier : « Vous aussi vous commencez à voir… »

Léo : « La dislocation de la Pangée, l’ouverture de Téthys, le Massif central qui forme une île… »

Max : « La subduction de Téthys, la formation des alpes… »

Léo : « Tout ça en regardant un paysage… »

Max : « En écoutant le vent… »

Léo : « Et en t’écoutant toi bonome. Merci aussi 🙂 »

Le chevalier : « Tante Yvonne va bien ? »

Max : « Elle a demandé au vent de nous faire tomber 🙂 »

Léo : « Poum les petizours ! »

Le chevalier : « Et toi tu l’avais dépeignée ! Tu es incorrigible ! »

Max : « C’est pour qu’elle sache qu’on pense à elle ! »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Bon, on reprend l’inspection ? »

Léo : « Ouiiii ! »

Le chevalier : « Vous ne vous arrêtez jamais ? »

Max : « Bonome, on est des petizours naturalistes. Et c’est notre mission d’inspecter le Pays des Zoisos. Alors on peut pas s’arrêter. Ce serait une faute professionnelle ! »

Max : « Tu as réponse à tout, toi 🙂 »

Léo : « On a même pas regardé en détail la pointe de là-bas. »

105-3 19 La pointe d'Y 105-3 20 La pointe d'Y

Max : « On y est déjà allés ! »

Léo : « Ben oui, mais il faut réviser. Que vois-tu d’ici ? »

Max : « Tu me fais une interro ? Bonome, Léo a le droit de me faire des interros ? »

Le chevalier : « Je l’autorise à le faire 🙂 »

Max : « Ça alors ! C’est pas juste ! Il y a que moi qui ai interro ! En plus on voit même pas bien d’ici ! Pfff… »

Le chevalier : « Max, il est inutile de ronchonner. Nous t’écoutons. »

Max : « D’accord. Ben si c’est comme ça, je vais faire exprès d’avoir une bonne note ! Et vous aurez l’air bêtes tous les deux ! »

Le chevalier : « J’en serais ravi 🙂 »

Max : « Tu vas voir un peu ! Alors, déjà, je peux dire que c’est le Kimméridgien supérieur. Il devrait être au-dessus de ce qu’on a vu tout à l’heure, mais comme dans la région c’est tout penché, ce qui devrait être au-dessus est à côté. Je peux pas dire pourquoi c’est tout penché dans la région parce que tu nous l’as même pas expliqué ! Si on regarde bien, on voit trois couches, ou formations, principales. Tout en bas, sous l’encoche du bas de la falaise, il y a des marnes. Même que c’est dans ces marnes qu’on peut observer de fines couches constituées de tas de petites huîtres collées les unes ou autres. Ben oui. Au dessus, en gris, il y a une succession de strates de calcaire de 10 à 20 cm d’épaisseur séparées par des lits marneux d’un ou deux centimètres d’épaisseur. Et encore au dessus, ce sont des calcaires jaunâtres. Voilà. Je pourrais en dire plus mais vous le méritez pas. Et je m’en fiche de ma note parce que je sais que j’ai bon. Et vous avez l’air bêtes ! Na ! »

Léo : « Maxou tu m’impressionnes ! »

Le chevalier : « C’est très bien Max 🙂 »

Max : « Je sais que c’est très bien ! Pfff ! »

Le chevalier : « Mais on pouvait dire bien des choses encore ! »

Max : « Tu veux toujours en dire plus pour faire croire que tu connais plus de choses que les autres ! »

Léo : « Maxou, le chevalier connaît bien plus de choses que nous ! »

Max : « Pas étonnant ! Vu son âge… »

Le chevalier : « 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu peux en dire plus s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui, mais pas trop. Nous y retournerons pour faire la synthèse régionale. La fine couche à huîtres est ce qu’on appelle une lumachelle. Ici c’est une lumachelle à Nanogyra virgula. Et, mon petitours, tu as oublié une formation. Elle est bien visible d’ici. Regardez de nouveau la foto. »

Max : « Ben oui. Il y a une couche bizarre au sommet de la falaise. Je me souviens pas si tu nous en as déjà parlé… »

Le chevalier : « Je ne m’en souviens plus non plus. c’est une lentille peu étendue de Cénomanien moyen. »

Max : « Du Cénomanien moyen ? Comme sur l’Île Où On Va À Pieds ? »

Le chevalier : « Exactement ! »

Max : « Du Crétacé directement sur le Kimméridgien ? »

Léo : « Oui ! Tu nous en as parlé ! C’est parce que la mer s’est retirée pendant tout le Crétacé inférieur. Mais je me souviens plus pourquoi… »

Le chevalier : « Nous le reverrons pour la grande synthèse régionale 🙂 Que diriez-vous d’aller aux zoisos ? »

Max : « Non. Ce sont les zoisos qui viennent à nous ! Regardez en l’air 🙂 »

105-3 21 Encore des courlis 105-3 22 Encore des courlis

Léo : « Rhoooo ! Encore des courlis en vol ! La chance ! Il y en a beaucoup des courlis aujourd’hui ! »

Max : « Et là, il y a une mouette qui rigole 🙂 »

105-3 23 Ça gratte 105-3 24 Ça gratte
105-3 25 Ça gratte 105-3 26 Ça gratte

Léo : « Oulala ça gratte ! »

Max : « Elle se gratte pas le front 🙂 »

Léo : « Elle a des parasites ! La pôvre ! »

Max : « Bonome, tu veux pas nous présenter d’autres amis à toi ? »

Le chevalier : « Si, bien sûr 🙂 Mes petizours, je vous présente le cakilier maritime ou roquette de mer, Cakile maritima, Brassicacées. »

105-3 27 Cakilier maritime 105-3 28 Cakilier maritime

Max : « Il a que quatre pétales ! »

Le chevalier : « C’est l’une des caractéristiques de cette famille appelée autrefois Crucifère. »

Léo : « C’est du grékancien ? »

Le chevalier : « Du latin ancien 🙂 Ferre veut dire porter et vous avez reconnu cruci qui veut dire croix. Ces plantes portent des croix. Ce sont les quatre pétales disposés en croix. »

Max : « Et c’est normal qu’elle pousse dans le sable ? »

Le chevalier : « Oui, c’est son milieu de vie. Le cakilier fait partie des plantes pionnière de la dune. Il n’a pas peur des sables mobiles qu’il contribue à fixer. »

Léo : « Donc, quand le cakilier s’installe, la dune se fixe un peu. »

Le chevalier : « Oui, et d’autres plantes pourront s’installer et fixer encore plus la dune. »

Max : « Mais si on embête le cakilier, il disparaît et le vent emporte le sable et la dune recule. »

Le chevalier : « Oui encore 🙂 »

Max : « Il est important le cakilier. Merci cakilier de fixer la dune. Je comprends que tu sois l’ami de bonome. On dira à Princesse que tu fais bien ton travail de fixer le dune. »

Léo : « Rholalaaa ! »

Max : « C’est le cakilier qui te fait rholalaer ? »

Léo : « Non, les courlis… »

105-3 29 Toujours des courlis 105-3 30 Toujours des courlis

Max : « Tous les courlis de la région se sont donnés rendez-vous dans le Marais d’Y 🙂 »

Léo : « Tout ça de courlis… »

Max : « On peut pas aller les voir bonome ? »

Le chevalier : « Non Max. Ils sont dans la réserve et nous ne pouvons y entrer. C’est mieux. Nous leur ferions peur et ils ont besoin de se reposer. »

Max : « Oui, après six heures de repas ! »

Le chevalier : « Ils doivent avoir un gros ventre. Comme vous si je vous laissais accès au chocolat 🙂 »

Max : « Parle pas de chocolat bonome. »

Le chevalier : « Je vous en donnerai un peu ce soir. »

Max : « Huuummmm ! Du chocolat… »

Le chevalier : « Tiens, un autre de mes amis ! »

105-3 31 Panicaut de mer 105-3 32 Panicaut de mer 105-3 33 Panicaut de mer

Max : « Encore une plante qui pique ! »

Léo : « Mais elle est très belle 🙂 »

Max : « Elle est bleue. C’est parce que la fée aux yeux bleus lui a pleuré dessus ? »

Le chevalier : « Tu te souviens de cette légende ? »

Max : « Bonomou, comment pourrais-je oublier les Fontaines Bleues ? »

Le chevalier : « Alors tu te souviens que toute la couleur bleue du Pays des Zoisos ne vient pas des larmes de la fée 🙂 »

Léo : « Il s’appelle comment ton ami végéto ? »

Le chevalier : « C’est le panicaut de mer ou chardon bleu des dunes, Eryngium maritimum, Apiacées. »

Max : « Apiacées ? Les chardons sont pas des Astéracées ? »

Le chevalier : « C’est le problème des noms vernaculaires. Tous les chardons ne sont pas des Astéracées. »

Léo : « Elle est vraiment très belle cette plante. »

Le chevalier : « Oui. Et elle a été choisie comme emblème par le Conservatoire du Littoral. »

Max : « C’est quoi le Conservatoire du Littoral ? »

Le chevalier : « Un organisme qui cherche à protéger le littoral français. Il acquiert le plus de terrains possibles pour le protéger et laisser la nature en paix. Je n’ai pas vérifié mais il me semble qu’il possède 15 % du littoral français. »

Max : « Quand tu dis protéger, je suppose que c’est des zoms que le littoral doit être protégé. »

Le chevalier : « Malheureusement… »

Max : « Ils sont terribles les zoms ! »

Léo : « Max, regarde… »

Max : « Un petit gravelot ! »

105-3 34 Un petit gravelot 105-3 35 Un petit gravelot

Léo : « Charadrius dubius, Charadriidés ! Il est haut sur patte ce zoiso 🙂 »

Max : « Tu te souviens du documentaire que nous avons vu ? La parade des petits gravelots ! C’était rigolo ! »

Léo : « Oh oui ! Ils courent côté à côte à toute vitesse en changeant brutalement de direction ! »

Max : « Et ils font de courtes pauses pour manger un morceau. »

Léo : « Ce qui m’a le plus impressionné c’est ce que fait la femelle quand un prédateur s’approche un peu trop de ses petits. »

Le chevalier : « Que fait-elle ? »

Léo : « Tu sais pas ? »

Max : « Il était pas avec nous quand nous avons vu le documentaire. »

Le chevalier : « Vous savez que je n’aime pas trop que vous regardiez la télévision. »

Max : « On sait bonome, mais on est sages nous. Nous regardons que des documentaires éducatifs. Avec des zoisos. Ou sur la nature. »

Léo : « Je peux raconter ce que fait la femelle ? »

Max : « Vas-y Léonou. »

Le chevalier : « Quand le prédateur s’approche trop, elle court loin du nid et, assez rapidement, elle fait semblant de boiter. Mais elle le fait bien. Parce que les prédateurs s’attaquent plus souvent aux zanimos blessés. Et, parfois, elle laisse pendre son aile comme ça, comme si elle était blessée à l’aile. Pour attirer le prédateur loin du nid et des petits. Si ça suffit pas, elle fait semblant d’être toute morte et se met sur le dos. Arg ! Et, quand le prédateur s’approche, elle se redresse et s’envole. Et il est bien surpris le prédateur. Elle est futée la femelle du petit gravelot 🙂 »

Le chevalier : « Mes petizours m’apprennent des choses… »

Max : « Et oui mon bonome. Il va falloir t’y habituer parce qu’on étudie beaucoup nous 🙂 »

105-3 36 Un petit gravelot 105-3 37 Un petit gravelot
105-3 38 Un petit gravelot 105-3 39 Un petit gravelot

Léo : « Le petit gravelot cherche du manger dans la laisse de mer. »

Le chevalier : « Vous connaissez la laisse de mer ? »

Max : « Ben oui. Évidemment ! La laisse de mer, c’est ce que laisse la mer en remontant. Elle pousse des algues, des coquilles, des trucs et des machins et quand elle redescend, tout ce qu’elle a poussé en montant reste là. C’est rigolo parce que, quand les coefficients de marée sont de plus en plus forts, il y a une seule laisse de mer très épaisse. Mais quand les coefficients baissent, chaque jour la laisse de mer est un peu plus basse. Mais il reste celles des jours précédents. »

Léo : « Et c’est important la laisse de mer. Des tas d’insectes et de crustacés y vivent. »

Max : « Et les zoisos se nourrissent de ces petites bêtes. »

Léo : « C’est ce qu’est en train de faire le petit gravelot. »

Max : « Le problème, c’est qu’il y a de plus en plus de déchets plastiques dans les laisses de mer. Et c’est encore à cause des zoms. Bonome, tu peux faire une belle foto du petit gravelot s’il te plaît. Je l’aime beaucoup ce zoiso. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Voilà. »

105-3 40 Un petit gravelot

Max : « Merci mon bonome. »

Léo : « Il y a encore des zoisos dans le ciel ! »

105-3 41 Des scolopacidés 105-3 42 Des scolopacidés

Max : « Ce sont pas des courlis cendrés cette fois. »

Léo : « Qu’est ce que tu vois ? »

Max : « Le zoiso avec du noir à l’aisselle c’est le pluvier argenté, Pluvialis squatarola, Scolopacidés. »

Léo : « Oui, je vois. Mais je reconnais pas les autres. »

Max : « Moi non plus. Bonome, tu les reconnais toi ? »

Le chevalier : « Pas vraiment. Il y a peut-être des pluviers dorés, des bécasseaux sanderlings… »

Léo : « Ce sont des Scolopacidés. »

Max : « Il doit y avoir des tas de zoisos dans le Marais de la Réserve ! »

Léo : « Oulala oui ! »

Max : « Mais on peut pas aller les voir. »

Léo : « Le petit gravelot est encore là. »

105-3 43 Un petit gravelot 105-3 44 Un petit gravelot

Max : « On dirait qu’il nous suit. »

Léo : « Je dirais plutôt qu’il nous précède. »

Le chevalier : « Oui, nous lui faisons peur en nous approchant de lui alors il s’envole, avance de quelques mètres et recommence quand nous approchons de nouveau. »

Max : « On lui fait pas peur du tout. Il nous accompagne et c’est tout. Dis petit gravelot, tu pourrais nous dire où il y a des dragons ? On voudrait en capturer un pour Princesse. Mais on lui fera pas de mal. Bonome le dressera. On sera gentils avec lui. Je sais bien que tu as pas le droit de dire où il y a des dragons mais si tu nous donnes un indice on le dira à personne. Tu peux nous faire confiance. »

Le petit gravelot : « … »

Le chevalier : « S’il te plaît petit gravelot. »

Le petit gravelot : « … »

Max : « Bonome va rester banni si tu nous aides pas. Et on verra plus jamais Princesse. »

Le petit gravelot : « … »

Le chevalier : « Il ne te répondra pas Maxou. »

Max : « Parce que je lui parle pas en zoiso ? »

Le chevalier : « Parce qu’il n’en a pas le droit. Les dragons doivent rester secrets. »

Max : « 🙁 »

Léo : « Un tadorne se prépare à atterrir ! »

Max : « Vu ! »

Le chevalier : « fotoé ! »

105-3 45 Un tadorne 105-3 46 Un tadorne
105-3 47 Un tadorne 105-3 48 Un tadorne

Max : « On devrait pas dire aplagir ? »

Léo : « Ou assablir. »

Le chevalier : « Tout dépend si vous parlez le petitoursien du nord ou le petitoursien du sud 🙂 »

Max : « En petitoursien du nord on dit aplagir. Et donc aplagissage. »

Léo : « Et au sud, c’est bien assablir. Donc assablissage. »

Max : « Parce qu’il y a pas de la terre sur la plage. Alors on peut pas dire atterrir. Dis bonome, tu veux bien fotoer le bord de l’eau tout là-bas s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux… »

Max : « Montre moi un peu ça… Oui, c’est bien ce que je pensais : il y a des zoisos tout là-bas. Allez, on va les voir. »

105-3 49 Des zoisos tout la-bas

Le chevalier : « Mon petitours, sais-tu ce qu’est un estran vaseux ? »

Max : « Ben oui. C’est quand il y a de la vase là où la mer monte et descend. »

Le chevalier : « D’accord. Et tu veux que je marche sur l’estran vaseux. »

Max : « Ben oui. Mais là c’est pas tout à fait vaseux. Si tu regardes bien, tu verras qu’il y a un peu de sable sur la vase. Alors tu vas pas t’enfoncer. Bon, il faut quand même que tu choisisses bien où tu mets les pieds. Mais tu vas très bien t’en sortir, j’en suis sûr. Allez, on y va. »

Le chevalier : « Léo, tu penses que Max est inconscient ou qu’il a une confiance excessive en moi ? »

Léo : « Ni l’un ni l’autre. Il a confiance en toi mais avec raison. Tu vas trouver le chemin qui nous mène aux zoisos sans t’enfoncer dans la vase. Allez, c’est parti. »

Le chevalier : « Bien. Si je m’enfonce dans la vase c’est vous qui nettoierez mes chaussures ce soir. »

Max : « Si tu veux. Mais EN ROUTE ! »

Léo : « Tu vois que tu y arrives 🙂 »

Max : « Tu fais rien qu’à avancer et tu t’enfonces même pas ! »

Léo : « On s’approche… Tu devrais commencer à fotoer. »

105-3 50 Des huitriers-pies

Max : « Ce sont des huîtriers-pies. »

Léo : « Haematopus ostralegus, Haematopodidés. »

Max : « Ils ont l’air de se reposer. »

Léo : « C’est la fin de l’étale de basse mer. Bonome l’a dit tout à l’heure. Ils ont bien mangé et là ils font la sieste. Il faut qu’ils en profitent parce que la mer va remonter bientôt. »

Max : « On les laisse en paix alors. Bonome, là-bas il y a des goélands. »

105-3 51 Des goélands marins

Léo : « Ce sont des goélands marins. Les plus grands des goélands. »

Max : « Larus maritimus, Laridés. Et ils y a des petits zoisos derrière eux. On dirait des bécasseaux… »

Léo : « On les voit pas assez bien pour les identifier. »

Max : « Bonome, il faut que tu t’approches encore… »

Léo : « Les huîtriers ! »

105-3 52 Des huitriers-pies 105-3 53 Des huitriers-pies
105-3 54 Des huitriers-pies 105-3 55 Des huitriers-pies

Max : « La mer est montée et ils ont dû partir. »

Léo : « Ou alors on s’est trop approchés… »

Max : « Pourquoi ils ont encore peur de nous les zoisos ? Ils devraient savoir qu’on veut pas les embêter. »

Léo : « Ce sont des zanimos sauvages tu sais. Ils peuvent pas se laisser approcher comme ça. Bonome, je veux pas qu’on fasse s’envoler les goélands et les bécasseaux alors on s’arrête ici. C’est la bonne distance. »

Max : « On va pas bien les voir. »

Léo : « On les verra assez bien. Bonome va les zoomer et il nous montrera. »

105-3 56 Des zoisos 105-3 57 Des bécasseaux

Max : « Ce sont bien des bécasseaux. On reconnaît bien les bécasseaux variables à la tâche noire qu’ils ont sur le ventre. Les bécasseaux variables s’appellent Calidris alpina, Scolopacidés. »

Léo : « Mais avec eux il y en a d’autres… »

Max : « Et on les voit pas bien… »

Le chevalier : « Disons que ce sont des bécasseaux sanderlings, Calidris alba. »

Léo : « Mais tu en es pas sûr. »

Max : « Bonome sais pas tout ! »

Léo : « Si on s’approchait il saurait. »

Max : « Peut-être, mais là il sait pas ! Bonome, tu as une mauvaise note à ton interro de bécasseaux ! Na ! Et moi j’ai eu une bonne note en géologie ! Re Na ! »

Léo : « Néglige bonome, néglige. »

Le chevalier : « Je néglige. Vous avez vu les huîtriers ? »

105-3 58 Des huitriers-pies

Léo : « Ce sont vraiment des beaux zoisos. Elles sont belles tes fotos. On pourra toutes les regarder ce soir ? Et tu nous gratteras le front pendant qu’on les regarde. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Si tu veux mon petitours. »

Max : « Regarde Léo, il y a des Laridés ! »

105-3 59 Des goélands 105-3 60 Des goélands

Léo : « Des goélands tout mélangés ! »

Max : « Il y a un goéland leucophée, Larus michaellis. C’est celui qui a les pattes jaunes. »

Léo : « Bien vu ! Et les autres adultes ont les pattes gris rosé. Ce sont des argentés, Larus argentatus. »

Max : « Les autres sont des juvéniles. Mais on sait pas les reconnaître. »

Léo : « On s’approche des bécasseaux… »

Max : « Doucement bonome, doucement… Il faut pas les effrayer. »

105-3 61 Des bécasseaux 105-3 62 Des bécasseaux

Le chevalier : « Ce sont bien des bécasseaux variables et sanderlings. »

Max : « Alors tu as une bonne note en bécasseaux. D’accord. Bravo bonome 🙂 »

Le chevalier : « Bon, la mer monte. Il va falloir retourner sur la plage. »

Max : « Elle est loin encore. »

Le chevalier : « Mais elle monte vite et je ne veux pas qu’elle nous rattrape. D’autant plus que je dois bien choisir mon chemin pour ne pas m’enfoncer dans la vase. »

Max : « D’accord. Et puis on rentre. Je commence à fatiguer moi. »

Léo : « Moi aussi. C’est parce qu’on s’est levés cette nuit pour regarder la lune. Et c’était très beau. »

Max : « Ça va bonome ? Tu es pas trop fatigué ? On t’a beaucoup fait marcher aujourd’hui. »

Le chevalier : « Ça va Maxou. C’est gentil de me le demander. Mais, tu sais, vous ne m’avez obligé à rien. »

Max : « Tu ferais tout ça sans nous ? »

Le chevalier : « Oui. Mais ce serait moins bien. »

Max : « Elle t’a plu cette journée ? »

Le chevalier : « Je me suis promené avec mes petizours naturalistes pour faire de la géologie, de la botanique et de l’ornithologie… Est-ce que ça m’a plu ? Il faut que je réfléchisse 🙂 »

Léo : « Moi, je sais ce que tu as préféré 🙂 »

Max : « Dis nous ! »

Léo : « Quand tu regardais le paysage en écoutant le vent. Je sais pas ce qu’il t’a raconté mais tu as apprécié. Et puis c’était comme en Bretagne, à Lam Saoz, quand tu t’étais assis sur un rocher avant de quitter l’endroit. Tu faisais partie du paysage et le monde entier t’appartenait. C’était pareil tout à l’heure. Je l’ai vu dans ton regard 🙂 »

Le chevalier : « Tu as vu cela ? »

Léo : « Oui. Je te connais bien maintenant 🙂 »

Max : « Bonome, avant de retourner à notre monture, tu veux bien qu’on fasse une autre pause ? »

Le chevalier : « J’allais vous le proposer. Venez sur mes genoux. »

105-3 63 Le paysage 105-3 64 Le paysage

Léo : « On a exploré tout ça ! »

Max : « Et tu nous as présenté tes amis végétos 🙂 Bonome, on connaît presque toute la côte de Charentmaritimie maintenant. »

Le chevalier : « Pas encore. Il nous reste une bonne partie à explorer. »

Max : « Et il faudrait aller sur les îles. Parce que pour le moment, on connaît que l’Île Où On Va À Pieds. »

Le chevalier : « C’est vrai. Je l’aime beaucoup cette petite île. Elle est proche et facile d’accès. Mais nous irons visiter les autres. Plus tard. »

Max : « C’est important pour notre grande synthèse de géologie régionale. »

Le chevalier : « Max, nous n’allons pas la faire tout de suite. Il nous reste trop de données à collecter. »

Max : « Je sais bonome, je sais. Mais je vais commencer à y travailler dès que nous retournerons chez nous. Tu m’aideras Léo ? … Léo ? Bonome, Léo est parti dans le paysage 🙂 Il te ressemble vraiment de plus en plus. Un jour vous allez redevenir sauvages tous les deux 🙂 »

Léo : « Mmmm ? Tu m’as parlé Maxou ? »

Max : « Oui, mais tu étais dans ta tête 🙂 »

Le chevalier : « Et si on faisait silence et que je vous gratouillais le front ? »

Max : « D’accord ! »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn … »

Après un long moment de silence et de gratouillis, on a fini par retourner à notre monture. En chemin, on a croisé une aigrette garzette qui chassait dans le marais. Bonome l’a fotoée en plein repas. Elle était très belle cette aigrette garzette.

105-3 65 Une aigrette garzette 105-3 66 Une aigrette garzette
105-3 67 Une aigrette garzette 105-3 68 Une aigrette garzette

Puis on est rentrés. Bonome a installé l’ordinateur et a préparé le chocolat qu’il nous avait promis. Et on a regardé les fotos. Léo adore ce moment. On revit la promenade, bonome nous apprend encore des choses, affine ses explications, nous gratouille. Et il dit des bêtises 🙂 Il est très fort pour dire une grosse plaisanterie sur un ton très sérieux dans une explication très compliquée 🙂 A chaque fois, on éclate de rire avec Léo. Lui, il fait exprès de rester impassible. Et ça nous fait encore plus rigoler 🙂

En général, nos yeux commencent à nous piquer avant la fin des fotos. Parce qu’il y en a beaucoup plus que ce que je mets dans le blog. Je peux pas toutes les mettre ! Oulala non ! Et bonome voudrait pas parce qu’il y en a qui sont ratées. Quand nos yeux piquent trop, il nous porte jusqu’à notre lit et nous couche. Puis il nous borde et, si on est pas encore tout pleins de sommeil, il nous raconte une histoire dont on entend jamais la fin parce qu’on commence à s’endormir. Alors il nous fait notre bisou de bonnuit et nous gratte doucement le front. Je sais qu’il reste toujours un peu à nous regarder pour voir si on dort bien. Et après il va se coucher. Mais il y a personne pour veiller sur lui. J’aimerais bien le regarder s’endormir et veiller sur lui. Mais on est que des petizours nous, et on se fatigue vite. Alors on peut pas veiller tard pour prendre soin de lui…

Voilà Princesse. C’était encore une belle journée au Pays des Zoisos.

Je t’embrasse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

Arthur :)

Un jour de Mars, dans la cabane du chevalier…

Max : « BONOME ! LÉO ! SAMUEL ! VENEZ VOIR ! VIIIIITE !!! »

Léo et Samuel, ainsi que le chevalier arrivent en courant.

Le chevalier : « Que se passe-t-il Maxou ? »

Léo : « Pourquoi tu nous appelles ? »

Max : « Regardez ! »

Capture du 2017-03-19 16-39-56Samuel : « Tabarnak ! »

Léo : « Brindille a adopté un petitours ! »

Max : « Il s’appelle Arthur 🙂 Regardez, il a mis des fotos dans la bibliothèque de mon blog. Brindille a dû l’aider 🙂 »

IMG_1188 IMG_1190

Léo : « Il a une salopette comme Samuel 🙂 »

Max : « Bonome, il a pas de sacado ! Ça va pas ça ! Il va falloir lui en offrir un ! »

Samuel : « On pourrait l’inviter à venir avec nous ! »

Léo : « Bonne idée 🙂 Et il faut demander à Brindille de l’aider à graver un article avec tous les zoisos qu’il a déjà vus ! »

Max : « Oui ! Et on lui montrera les zoisos qu’on a fotoés depuis la cabane ! »

Léo : « Rholala ! »

Samuel : « J’en ai le front tout le tour de la tête ! »

Max : « Bonome, on a un correspondant 🙂 »

Le chevalier : « Un petitours de plus ! »

Max : « Il faut lui écrire ! Vous m’aidez ! »

Quelques minutes plus tard…

Cher Arthur,

Nous sommes ravis d’apprendre que Brindille t’a adopté. Tu es entre de bonnes mains avec elle. Léo tient à préciser qu’elle gratte bien le front 🙂 Tu feras attention car, même si elle aime beaucoup les zoisos, elle les mélange tous 🙂 Vérifie toujours ce qu’elle dit avec son beau livre de zoisos.

Nous espérons te voir bientôt. En attendant, nous te serrons chaleureusement la patte 🙂

Gratouillis à toi.

Les petizours de bonome:)

Plus tard…

Max :  » Regardez les cousins ! Arthur a envoyé une foto de lui en train de fotoer ! « 

IMG_1492Léo :  » Rhooo la chance ! Il peut fotoer de son jardin… »

Max :  » J’espère qu’il sera plus doué que Brindille. Elle, elle fotoe que des flouïdés 🙂  »

Léo :  » Max ! C’est pas gentil de te moquer de Brindille !  »

Max :  » Oui Léo, je sais, Brindille, elle gratte bien le front 🙂  »

105-2 La collection (1)

Bien plus tard, dans la cabane du chevalier, alors que Max est en train de graver l’article 105 de son blog…

Le chevalier : « Max, peux-tu faire une pause s’il te plaît, j’ai quelque chose à te montrer 🙂 Et dis à Léo de se joindre à toi. »

Max : « D’accord bonome. LÉÉÉÉÉOOOOOO ! Viens vite ! Bonome veut nous montrer quelque chose. »

Léo : « J’arrive ! »

Max : « Que veux-tu nous montrer ? »

Le chevalier : « Attendons Léo. »

Léo : « Je suis là 🙂 »

Le chevalier : « Regardez 🙂 »

105-2 01 Un crinoïde

Léo : « Rhooooo ! »

Max : « Tu es allé dans un muséum ? Et tu nous as même pas emmenés ! »

Le chevalier : « Ce n’est pas un muséum Maxou. C’est le crinoïde de ma collection. »

Max : « Tu as ça dans ta collection toi ? Je te crois pas. Tu es allé au muséum et tu veux pas nous le dire ! »

Le chevalier : « Non Maxou. »

Léo : « Rhoooo ! Tu as d’autres fotos de ta collection ? »

Le chevalier : « Voici deux boîtes contenant des fossiles de l’ère primaire. »

105-2 03 La collection 2 105-2 02 La collection 1

Léo : « Rholala de rholala ! »

Max : « Bonome, si tu as cambriolé un muséum tu vas aller en prison ! »

Le chevalier : « Maxou 🙂 Je ne suis pas un cambrioleur. J’ai acheté ces pièces il y a quelques années pour montrer aux élèves de la schola. »

Léo : « Ils ont de la chance tes élèves. »

Le chevalier : « Oui, mais je vais devoir tout ramener à la cabane… »

Léo : « Chouette ! On aura un muséum à notre disposition ! Tu nous feras visiter ! »

Le chevalier : « Oui mon Léo 🙂 »

Max : « Bonome, on peut revoir le crinoïde s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! Le voici… »

105-2 01 Un crinoïde

Léo : « Tu nous présentes ? »

Le chevalier : « Mes petizours, je vous présente Scyphocrinus elegans, crinoïde du Dévonien. »

Léo : « Enchanté Scyphocrinus elegans 🙂 »

Max : « Alors, le pédoncule c’est l’espèce de tige verticale. C’est ça ? »

Le chevalier : « Tout à fait. Mais il manque le crampon, qui fixe l’animal au substrat. En haut, il y a le calice qui porte de nombreux bras ramifiés. »

Léo : « Ça vit comment un crinoïde ? »

Le chevalier : « Ils se fixent au substrat par leur crampon. Et ils capturent des particules en suspension dans l’eau ou de très petites proies avec leurs nombreux bras. Puis, ils les font descendre jusqu’à la bouche qui est au centre du calice. »

Max : « Ils peuvent se déplacer ? »

Le chevalier : « J’avoue que je n’en sais rien. Peut-être… Il me semble qu’ils sont capables de ramper. Peut-être peuvent-ils se détacher du substrat et nager… Mais ils font partie de la grande subdivision des Échinodermes qui contient les organismes fixés. »

Max : « Allez bonome, lâche-toi et donne-nous les noms compliqués que personne connaît pour les grandes subdivisions des Échinodermes 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Les Échinodermes libres de se déplacer sont appelés Euléthérozoaires. Ceux qui sont fixés sont les Pelmatozoaires. »

Léo : « Tu peux détailler ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Commençons par les Euléthérozoaires. Il y a quatre classes principales : les Holothurides (concombre de mer), les Astérides (ou étoiles de mer), les Ophiurides et les Echinoïdes (ou oursins). »

Max : « On trouvera des illustrations pour mettre dans mon blog… »

Le chevalier : « A part pour les Holothurides sinon je peux illustrer avec ma collection. »

Léo : « Oh oui alors ! »

Le chevalier : « Voici une petite étoile de mer actuelle. La belle boite à Échinodermes est encore à la schola. »

105-2 04 Une étoile de mer 105-2 05 Une étoile de mer

Léo : « Tu connais son nom ? »

Le chevalier : « Non, désolé. Les étoiles de mer ont, comme tout les Euléthérozoaires, des milliers de petites ventouses grâce auxquelles elles peuvent se déplacer. Elles peuvent également ouvrir des Bivalves… »

Max : « Elles arrivent à ouvrir les Bivalves ! Elles sont très fortes alors ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. Quand le Bivalve est ouvert, elles font sortir leur estomac et le font passer entre les valves du Bivalve pour le digérer. Puis, elles rentrent leur estomac. »

Max : « Ça alors ! »

Léo : « C’est comme si tu sortais ton estomac, qu’il se plaçait autour de ton repas sur la table puis que tu le faisais rentrer après la digestion 🙂 »

Max : « D’accord pour les Astérides. Les Ophiurides maintenant. »

Le chevalier : « En voici qui datent du Dévonien, il y a environ 400 millions d’années. »

Max : « Tu as appris à nager avec elles 🙂 »

Léo : « Néglige les bêtises de Max et montre moi s’il te plaît. »

105-2 13 Des ophiures 105-2 12 Furcaster sp

Max : « Ça ressemble à une étoile de mer ! »

Léo : « Oui, mais les bras sont plus fins. Et il y a comme un disque central. »

Le chevalier : « C’est exact Léo. Je ne connais pas celle de gauche mais à droite c’est un exemplaire du genre Furcaster. »

Max : « Les zoursins, on les connait bien. Mais il faut en mettre un quand même. »

Le chevalier : « Voici Anorthopygus orbicularis. »

105-2 06 Anorthopygus orbicularis 105-2 07 Anorthopygus orbicularis 105-2 08 Anorthopygus orbicularis

Max : « Je le reconnais lui ! Il vient de Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés ! »

Léo : « Alors il date du Cénomanien inférieur. »

Le chevalier : « En voici deux autres. A gauche c’est un Nucleolites latiporus. Et à droite c’est un Hemicidaris luciensis. Ils viennent tous les deux du Bathonien de Normandie. »

105-2 09 Nucleolites latiporus 105-2 10 Hemicidaris luciensis

Léo : « C’était quand le Bathonien ? »

Le chevalier : « Au Jurassique moyen, il y a environ 160 millions d’années. »

Max : « On ira en Normandie un jour ? »

Le chevalier : « Je vais essayer de trouver une cabane 🙂 »

Max : « Merci bonome. Et les Holothurides ? »

Le chevalier : « Les concombres de mer 🙂 Voici une foto que j’ai trouvée grâce à monsieur Internet. »

holothuria-atra

Max : « On dirait vraiment des concombres 🙂 »

Le chevalier : « J’en ai vu une seule. En Méditerranée… »

Léo : « D’accord pour les Échinodermes libres. Passons aux fixés. Comment tu les appelles déjà ? »

Le chevalier : « Les Pelmatozoaires. Actuellement, il n’existe que les Crinoïdes. Mais d’autres groupes ont existé. Comme les Blastoïdes. En voici un fragment. C’est le calice. »

105-2 13 Un blastoïde 105-2 14 Un blastoïde 105-2 15 Un blastoïde

Léo : « Rhooo ! Il date de quand ? »

Le chevalier : « Du Carbonifère. »

Max : « A la fin de l’orogenèse hercynienne… »

Léo : « Rholala ! Elle est bien ta collection ! J’ai hâte de la visiter entièrement. »

Le chevalier : « Nous la visiterons par fragments, au fur et à mesure des besoins. »

Max : « Je pourrais m’en servir pour mon blog ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Merci superbonome ! Bon, je me remets à graver mon blog alors ! J’en étais à l’article 105. Troisième partie : la Réserve Naturelle du Marais d’Y ! »

Continuer la promenade

105-1 Godechaud

Jeudi 21 Juillet, An III

Max : « Léo, réveille toi ! »

Léo : « Mmmmm… »

Max : « Réveille-toi ! »

Léo : « Késkya ? Ifétounui… »

Max : « Oui ! Allez, réveille-toi et viens… »

Léo (qui s’assied dans son lit) : « Maxou, il fait tout nuit encore. Où veux-tu aller ? Et bonome dort encore. Je veux pas qu’il se réveille. »

Max : « Je veux pas le réveiller. Viens, j’ai quelque chose à te montrer… »

Léo : « D’accord. Je viens… »

Léo : « Rhoooo ! C’est bôôôô ! »

105-1 01 La lune

Max : « C’est la lune 🙂 »

Léo : « Maxou, je sais que c’est la lune 🙂 C’est même la pleine lune. »

Max : « C’est beau non ? »

Léo : « Rho oui alors ! C’est pour ça que tu m’as réveillé ? »

Max : « Oui 🙂 »

Le chevalier (qui vient s’asseoir près de ses petizours) : « Vous êtes venus regarder la lune ? »

Léo : « Tu t’es réveillé ? »

Le chevalier : « J’ai senti qu’il manquait quelque chose dans mon environnement et ça m’a réveillé 🙂 »

Max : « Tu as senti qu’on était plus dans la chambre ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Ça c’est mon bonome 🙂 »

Léo : « 🙂 La lune se regarde en silence. »

Max : « Mais il est pas interdit de gratouiller ses petizours 🙂 »

Le matin…

Le chevalier : « Max ! Léo ! Il est l’heure de vous lever ! »

Max : « Non… »

Léo : « On dort… »

Max : « On se lève pas… »

Le chevalier : « Pas d’inspection alors ? »

Max : « Si… »

Léo : « Mais plus tard… »

Max : « Pour le moment on dort… »

Le chevalier : « Bon dodo mes petizours 🙂 »

Bien plus tard…

Max : « Bonjour bonomou 🙂 »

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours 🙂 Avez-vous bien dormi ? »

Max : « Très bien. Et toi ? »

Le chevalier : « Des petizours sont venus me gratter le front pour m’endormir hier soir 🙂 »

Max : « C’est vrai ? Ce sont de gentils petizours ça 🙂 »

Léo : « Quelle charmante attention 🙂 »

Le chevalier : « Oui, il faudrait que je les adopte ces petizours 🙂 »

Max : « Pfff… Tu en as déjà ! »

Léo : « Et tu pourrais t’en occuper un peu ! Ça fait 5 minutes que nous sommes là et tu nous as toujours pas gratouillés ! »

Le chevalier : « Tiens, Léo ronchonne 🙂 »

Léo : « Je ronchonne même pas 🙂 »

Max : « Bonomou, il était bien le nouveau Royaume hier. »

Léo : « Le Royaume des Tadornes… Avec des bébés tadornes… »

Max : « Il faut nous trouver un autre nouveau Royaume aujourd’hui ! »

Léo : « Oh oui ! »

Le chevalier : « Encore un nouveau Royaume ? Mmmmm… Je vais voir ce que je peux faire… Allez vous préparer. »

Max : « On est déjà prêts ! »

Le chevalier : « Alors en route ! »

Pendant la chevauchée…

Max : « Tu veux bien nous parler du Royaume que nous allons inspecter s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est un Royaume de bord de mer 🙂 »

Max : « Ben oui, on est à la mer ici ! »

Léo : « Il y aura des zoisos ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. »

Max : « Pas de zoisos ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas le but de notre inspection. »

Max : « En bord de mer… Pas de zoisos… »

Léo : « Je sais ! On va faire la géologie ! »

Max : « Bonome ! Il fallait le dire ! On aurait pris nos casques ! »

Le chevalier : « Ce n’est pas nécessaire. Nous arrivons… Voilà… »

Max : « C’est beau la mer 🙂 »

Léo : « Mais on la voit jamais bien parce qu’on vient toujours quand la marée descend… »

Max : « C’est obligé Léonou. Si on venait à marée montante on finirait tout noyés. Tu veux être tout noyé toi ? »

Léo : « Bonome sait nager. »

Max : « Et alors ? »

Léo : « On pourrait lui mettre des rênes et une selle et on le chevaucherait dans la mer 🙂 »

Max : « On boirait la tasse à cause des vagues. »

Léo : « Et on serait tout noyés… Mauvaise idée 🙁 »

Max : « Bonome, il va falloir que tu nous apprennes à nager ! »

Le chevalier : « D’accord, si vous voulez. Mais pas aujourd’hui 🙂 »

Léo : « Regardons le paysage… »

105-1 02 Le paysageMax : « Là, tu regardes vers le sud. »

Léo : « Je sais Maxou 🙂 Que voyons-nous ? »

Max : « L’estran rocheux avec un petit cordon de sable… »

Léo : « Une petite baie occupée par une plage… »

Max : « Une pointe rocheuse… »

Léo : « Une autre baie bien plus grande que la première… »

Max : « Et une autre pointe rocheuse… Bonome, la seconde baie, ce serait pas le Royaume des Sternes de Mer ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Et donc, la pointe rocheuse de tout là-bas, c’est juste avant le Petit Royaume des Barges. On a fait la géologie là-bas non ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Léo : « On avait vu des œufs de Batman 🙂 Et la Naissance de Max, d’après Botticelli 🙂 »

Max : « 🙂 »

Léo : « C’était quel étage déjà ? »

Max : « Si je me souviens bien… C’était… Ben ça alors ! Je me souviens plus ! Tu sais Léo ? »

Léo : « Je me souviens d’une falaise dont la base était marneuse et le sommet calcaire. Et il y avait une échelle étrange 🙂 »

Max : « Ben oui ! Mais c’était quel étage ? »

Léo : « Le quatrième sans ascenseur 🙂 »

Max : « Pfff ! »

Le chevalier : « Le kimméridgien supérieur ! »

Max : « Le kimméridgien supérieur ! C’est ça ! C’est le Jurassique supérieur. »

Le chevalier : « Le kimméridgien a duré de -157 à –152 millions d’années avant nos jours. »

Max : « C’était pas hier ça ! »

Léo : « Mais le chevalier était déjà un homme d’âge mûr 🙂 »

Max : « 🙂 Et ici, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Le kimméridgien inférieur. »

Léo : « Alors, si je comprends bien, dans la région, quand on va du nord au sud on va du plus ancien au plus récent. »

Le chevalier : « Tu comprends bien Léo 🙂 »

Max : « Comment ça se fait ? »

Le chevalier : « Les strates sont légèrement penchées. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « Oui, c’est tout. »

Max : « D’accord. Bon, on attaque ? »

Léo : « Oui, attaquons ! On va par où ? »

Le chevalier : « Vers le nord ! »

Léo : « On remonte le temps alors ! En route ! »

Max : « Léo, tu vois ce que je vois ? »

105-1 03 L'estran

Léo : « Les strates penchées de l’estran ? La falaise dans le fond ? »

Max : « Les cailloux tout cassés ! Bonome va encore cavaler sur des cailloux tout cassés ! »

Léo : « Oui, c’est comme ça la géologie. T’inquiète pas. Il fait très attention. »

Max : « Bonomou. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu me promets d’être prudent sur les cailloux tout cassés ? »

Le chevalier : « Ça, je te le promets 🙂 »

Max : « On est obligés de pocher nous. Sinon, il va nous falloir escalader chacune des couches et on va être épuisés. »

Le chevalier : « Je comprends. Grimpez ! »

Max : « Tu viens Léo ? »

Léo : « Je viens 🙂 »

Le chevalier : « Êtes-vous bien installés ? »

Max : « Nous sommes ! »

Léo : « C’est plus facile en pochant 🙂 »

Max : « On est trop petits nous. On peut pas cavaler sur ces cailloux tout cassés. »

Léo : « Regarde ! On est déjà arrivés à la falaise ! »

105-1 04 La falaise

Max : « Bonome, nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Que voulez-vous savoir ? »

Max : « Tout 🙂 »

Le chevalier : « Que voyez-vous ? »

Max : « Oh non ! Pas une interro ! »

Léo : « Il fallait pas lui demander tout ! Juste un peu aurait suffi ! »

Max : « C’est trop tard maintenant ! Il y a interro… »

Le chevalier : « Oui ! Et c’est noté ! »

Max : « Ça va compter dans la moyenne ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « On a pas révisé ! »

Max : « On savait pas qu’il y aurait interro de géologie sur le kimméridgien inférieur ! »

Le chevalier : « Mes petizours, vous savez qu’il faut commencer par décrire ce que l’on voit. Que voyez vous ? »

Léo : « Tout en bas il y a des cailloux. Ils se sont détachés de la falaise et sont tombés. Poum les cailloux 🙂 »

Max : « Et il faut pas qu’ils nous tombent dessus, sinon on va être tout crabouillés. »

Le chevalier : « Savez-vous comment on appelle des morceaux de falaise qui sont tombés ? »

Léo : « Moi m’sieur ! Moi ! »

Le chevalier : « Léo ? »

Léo : « Des éboulis ! Ce sont des éboulis ! »

Le chevalier : « Bien Léo 🙂 »

Max (à Léo) : « Pfff… J’allais le dire ! »

Le chevalier : « Max, puisque tu allais le dire, que vois-tu d’autre ? »

Max : « Des bancs calcaires, épais de quelques dizaines de centimètres. On peut dire des bancs décimétriques. Ils sont séparés par des interbancs… marneux… C’est plus riche en argile entre les bancs calcaires. »

Le chevalier : « Très bien Max 🙂 »

Léo : « On peut ajouter que les bancs sont massifs et réguliers. »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et au-dessus, c’est moins net. C’est beaucoup plus marneux. On voit plus bien les bancs. »

Léo : « Et presqu’en haut, il y a une fine couche marneuse un peu ondulée. »

Max : « Et encore au-dessus, il y a de nouveau un ou deux bancs de calcaire mais ils sont tout cassés. »

Léo : « Et pour finir, on voit une fine couche marron qui contient des petits cailloux de calcaire. Et il y a les végétos. Tout en haut 🙂 »

Le chevalier : « Très bien à tous les deux 🙂 La dernière couche, marron, constitue le sol. Son étude est l’objet d’une science à laquelle je ne vous ai pas encore initiée : la pédologie. »

Max : « Et pourquoi tu nous as pas encore initiés à la pédologie s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Parce que nous ne pouvons pas tout faire 🙂 »

Max : « Bonome, tu nous inities immédiatement à la pédologie ! »

Léo : « Ben oui ! On peut pas être totalement ignorants en pédologie ! On est des naturalistes nous ! Quand même, bonome ! »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Vous voyez que le sol repose sur le sous-sol et il est couvert par la végétation. D’ailleurs, les racines de végétaux s’ancrent dans le sol. On peut dire que le sol est une zone de transition entre la roche et le vivant. »

Max : « Il vient d’où le sol ? »

Le chevalier : « En partie du sous-sol et en partie de la végétation. Ici, nous avons un sol sur roche calcaire. Le calcaire contient des argiles. Vous savez sûrement que le calcaire, ou carbonate de calcium, peut se dissoudre en présence d’acide. »

Max : « Il y a de l’acide ? Aïe ouille ! »

Le chevalier : « Non Max. Pas aïe ouille ! Il n’y a pas assez d’acide. Cet acide résulte de la dissolution du dioxyde de carbone de l’air dans l’eau. »

Léo : « Tu pourrais écrire des équations chimiques compliquées s’il te plaît ? J’aime bien les équations chimiques compliquées 🙂 »

Le chevalier : « CO2 + H2O HCO3 + H+ »

Léo : « Si je dis pas des erreurs, à gauche, c’est le dioxyde de carbone qui se combine avec l’eau. Mais je connais pas les produits de droite. »

Le chevalier : « C’est un hydrogénocarbonate et un proton. C’est le proton qui fait que c’est acide. »

Max : « Aïe ouille ! »

Léo : « Et après ? »

Le chevalier : « Les protons réagissent avec le carbonate de calcium. »

Max : « On a vu en Bretagne le carbonate de calcium, au four à chaux. C’est comment déjà ? »

Le chevalier : « CaCO3 »

Max : « Ben oui. »

Léo : « Et les protons réagissent avec le carbonate de calcium… Et ça donne quoi ? »

Le chevalier : « Du calcaire soluble 🙂 Et au fur et à mesure le calcaire se dégrade il libère les argiles qu’il contient. Et vous voyez aussi que les bancs calcaires se fragmentent en morceaux de plus en plus petits vers le haut. Les végétaux peuvent alors commencer à se développer, du moins ceux qui supportent le calcaire. Puis, les végétaux meurent et se décomposent. Ils enrichissent le sol en formation en matière organique. »

Léo : « Alors, si je comprends bien, le sol s’épaissit par le bas et par le haut. »

Le chevalier : « Tu comprends bien. Par le bas, par dégradation de la roche mère, et par le haut, par enrichissement en matière organique. »

Max : « Et donc, le sol, c’est un peu minéral et un peu organique. C’est pour ça que tu dis que c’est intermédiaire entre la roche et le vivant 🙂 »

Le chevalier : « Exact Max. »

Léo : « Chevalier, les scientifiques donnent des noms que personne connaît à part eux à tout ce qu’ils décrivent. Les sols, ils ont des noms aussi ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « Il s’appelle comment ce sol là ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien. A vrai dire, je ne sais même pas si ce que je vous ai dit est juste. Je me demande si ce sol n’est pas simplement un dépôt de limons. »

Max : « Un dépôt de limons ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Des particules emportées et déposées par le vent. »

Max : « C’est le vent qui aurait déposé le sol ? Il est vraiment gentil le vent 🙂 Mais il souffle pas beaucoup. Il nous caresse doucement le visage mais il raconte pas de belles histoires. »

Le chevalier : « Vous n’avez pas encore pris le temps de l’écouter. »

Max : « C’est vrai. Mais il nous accompagne partout. On est toujours avec lui. Et des fois, entre amis, on a pas besoin de se parler. On est ensemble et ça suffit. Bon, maintenant que nous sommes plus ignorants en pédologie, on peut avancer. »

Léo : « Rholala ! On a fait la pédologie ! C’était bien ! Dis chevalier, ils se forment toujours pareil les sols ? Par dessous et par dessus ? »

Le chevalier : « Les mécanismes précis sont forcément différents puisqu’ils dépendent de la roche-mère mais le principe reste le même Léo. »

Max : « Regardez ! On va explorer tout ça ! »

105-1 05 La falaise

Léo : « Rholala ! »

Max : « Je propose qu’on étudie bien la falaise à l’aller et qu’on fossile au retour. Vous voulez bien ? »

Léo : « Ouiiii ! Si tu es d’accord chevalier. »

Le chevalier : « Je suis d’accord. »

Max : « Alors on commence par la falaise… »

105-1 06 La falaise 105-1 07 La falaise

Léo : « On voit bien les alternances de bancs calcaires et de bancs un peu plus marneux. »

Max : « Oui, mais on a pas nos casques alors il faut pas s’approcher. »

Léo : « Ben non. La falaise peut tomber. »

Max : « Poum la falaise ! »

Léo : « Et poum les petizours ! Tout crabouillés les petizours ! »

Max : « Et bonome aussi ! Tu crois qu’on se fossiliserait ? Et que les paléontologues du futur nous découvriraient ? »

Léo : « Ils nous étudieraient 🙂 Et on se retrouverait dans la vitrine d’un muséum avec des étiquettes : Petitursus sp. et Bonomus chevalierus découverts ensemble dans des éboulis Jurassiques mis en place au Quaternaire. »

Max : « C’est une belle mort pour des naturalistes 🙂 »

Le chevalier : « Mon Maxou, je ne suis pas pressé de mourir dans un éboulement de falaise. »

Léo : « Moi non plus… »

105-1 08 La falaise 105-1 09 La falaise

Max : « C’est toujours pareil la falaise… »

Léo : « Elle est juste un peu plus haute. »

Max : « Et les bancs calcaires sont moins épais. »

Léo : « Pourquoi il y a alternance comme ça ? »

Le chevalier : « Vous devriez savoir ! »

Max : « Oh non ! Tu vas pas refaire une interro ! C’est la deuxième aujourd’hui ! »

Léo : « En plus, on est fatigués parce qu’on s’est levés cette nuit pour regarder la lune… »

Le chevalier : « D’accord. Je vous explique. »

Max : « Merci bonomou 🙂 »

Le chevalier : « Vous savez que le calcaire se forme par accumulation des tests d’algues microscopiques. »

Max : « Oui, ça on sait ! On sait même qu’elles aiment plutôt les eaux chaudes. Mais ça tombe bien, parce qu’au Jurassique la Charentmaritimie était bien plus au sud ! »

Le chevalier : « C’est exact. Et les argiles viennent du continent. »

Léo : « Elles sont apportées par les fleuves ! Ce sont les plus petites particules obtenues par érosion des roches. »

Max : « Mais qu’est ce qui s’érodait à l’époque ? »

Le chevalier : « Le Massif central. »

Max : « Le Massif Central ? Il va falloir que tu nous y emmènes un jour. »

Le chevalier : « Max, je ne peux pas vous emmener partout. »

Léo : « On inspecte déjà beaucoup 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Bon, si je résume, les roches de la falaise viennent en partie de l’érosion du Massif Central qu’on connaît même pas et du dépôt des tests des algues microscopiques. »

Le chevalier : « C’est bien résumé 🙂 »

Léo : « Je comprends. Quand il y a moins d’algues, la proportion d’argile augmente. »

Max : « Et pourquoi il y aurait moins d’algues par moments ? »

Léo : « Je suppose que c’est à cause des variations de la température. Elles aiment les eaux chaudes. Si la température baisse, même juste un peu, les algues sont moins nombreuses. »

Max : « Il a bon ? »

Le chevalier : « Son hypothèse me plaît bien. »

Max : « Il est vraiment fort Léo ! Et il a même pas révisé ! Je crois que je vais écrire à Princesse pour lui demander de confier une mission à Léo. »

Léo : « Quelle mission ? »

Max : « De me former ! »

Léo : « Mais non ! C’est toi qui dois me former ! C’est ta mission ! »

Max : « Tu connais plus de choses que moi. Je sers plus à rien… »

Léo : « Tu te prends pour bonome ? ‘Je sers plus à rien.’ ‘vous n’avez plus besoin de moi’. Vous allez pas bien dans vos têtes tous les deux ! On fait des choses fort savantes tous les trois, et des fois, il y en a un qui connaît mieux, ou qui fait fait une meilleure hypothèse pour expliquer ce qu’on voit… Mais on s’en fiche de qui c’est ! On apprend tous ensemble. Moi, j’ai besoin de vous deux et puis c’est tout. »

Max (au chevalier) : « Oulala ! Je crois que Léo s’est énervé 🙂 »

Le chevalier : « Avec raison 🙂 »

Max : « Léo, il est comme toi. Il a souvent raison 🙂 »

Léo : « Vous êtes bêtes ! Dites, vous avez vu la falaise ? »

105-1 10 La falaise 105-1 11 La falaise

Max : « C’est étrange ! »

Léo : « Je dirais même que c’est bizarre 🙂 »

Max : « Léo, aurais-tu une hypothèse ? »

Léo : « Ben non ! »

Max : « Moi non plus. On dirait une faille. Mais une faille ça s’interrompt pas comme ça ! »

Léo : « Chevalier, as-tu une hypothèse ? »

Le chevalier : « … Mmmm… est-ce bien une faille ? »

Max : « Ben oui ! Il y a fracture des couches en deux compartiments. Et on voit bien qu’ils sont pas à la même hauteur. Les couches ne sont pas l’une en face de l’autre. C’est bien une faille. Et elle s’interrompt en haut. Ça va pas ça ! »

Le chevalier : « Et si la faille n’était tout simplement plus visible en haut ? »

Max : « Et pourquoi elle serait plus visible s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Parce qu’elle affecte une couche toute cassée 🙂 »

Léo : « Alors selon toi, la faille va bien jusqu’en haut mais on la voit pas parce que la couche du haut est constituée de cailloux tout cassés. Oui, c’est une hypothèse intéressante… »

Max : « Mais, apparemment, elle satisfait pas tout à fait Léonou 🙂 »

Léo : « On la verrait quand même un peu… »

Max : « Pas forcément. Les cailloux tout cassés ont pu se déplacer et masquer la faille. »

Léo : « Oui… Peut-être… »

Max : « Bon, ça suffit la falaise. C’est trop monotone. On peut fossiler maintenant. »

Léo : « Attends Maxou. Regarde les arbres. »

105-1 12 La falaise 105-1 13 La falaise

Max : « Ils sont tout anémomorphosés 🙂 »

Le chevalier : « Voilà ! Max recommence ! Il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui ! Il va pas bien dans sa tête ! Tout ça pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé ! Mais il y a que lui qui le croit ! »

Max : « Bonome, essayerais-tu de m’imiter parlant de toi pour te moquer ? »

Le chevalier : « Moi ? Noooonnn 🙂 Loin de moi cette pensée 🙂 »

Max : « C’est mieux, parce que ça marcherait même pas ! Je me reconnais absolument pas dans cette pseudo-imitation 🙂 »

Léo « Ah bon ? Moi je trouvais ça assez ressemblant 🙂 N’empêche que ce sont de beaux arbres tout déformés à cause du vent. »

Max : « Bon, on peut fossiler maintenant ? »

Léo : « Oui ! C’est parti ! »

Max : « J’ai déjà trouvé quelque chose ! Mais c’est bizarre… »

Le chevalier : « Jolie découverte Maxou 🙂 »

105-1 14 Des morceaux de crinoïdes

Max : « Tu sais ce que c’est ? »

Le chevalier : « Oui, bien sûr. »

Max : « Tu sais toujours tout, toi 🙂 »

Léo : « Tu nous expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je suis là pour ça. Max, tu as découvert deux fragments de pédoncule de crinoïde. »

Max : « Oui oui, bien sûr. Je le savais. Et c’est quoi une caroncule de crinoline ? »

Léo : « Il a pas dit caroncule de crinoline Maxou 🙂 »

Max : « Parce que toi, tu pourrais répéter ce qu’il a dit peut être ? »

Léo : « Oui 🙂 Il a dit pédoncule de crinoïde. Je sais pas ce que c’est mais j’ai retenu le nom. »

Le chevalier : « Max, tu devrais connaître. Nous en avions trouvé en faisant la géologie du Kimmeridgien supérieur. »

Max : « Des crinoïdes ? On a déjà vu des crinoïdes ? Tous les deux ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « … Laisse moi réfléchir… Ce serait pas ces fossiles que tu devais fotoer pour mettre dans mon blog et montrer à Princesse ? Chose que tu as jamais faite ! C’est bien ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. Désolé Max. Mais ma collection était à la schola. Je te promets que cette fois je ferai la foto et je te la donnerai pour que tu la mettes dans ton blog. »

Max : « Promis ? »

Le chevalier : « Promis 🙂 »

Max : « Mais en attendant il faut que tu nous expliques. »

Le chevalier : « Il y a là deux morceaux de pédoncule de crinoïdes. Celui de droite est posé à plat et il est coupé. On voit donc le canal qui passe à l’intérieur. Et à gauche, c’est une coupe transversale. On voit que le pédoncule avait une section circulaire. Et on peut observer le canal en son centre. Parfois les pédoncules de crinoïdes ont une section en étoile et et on trouve parfois des petits morceaux isolés. Ce sont des petites étoiles à cinq branches toutes mignonnes. J’en avais dans ma collection mais je les ai perdues. Autrefois, il y avait une légende qui disait que ces petites étoiles étaient les étoiles filantes qu’on peut voir dans le ciel. »

Max : « J’aime beaucoup les légendes du Pays des Zoisos 🙂 »

Léo : « Venez voir ! J’ai trouvé d’autres morceaux de pédoncules de crinoïdes ! »

Max : « Il y en a encore ici ! »

105-1 15 Des morceaux de crinoïdes 105-1 16 Des morceaux de crinoïdes 105-1 17 Des morceaux de crinoïdes

Max : « Il y avait beaucoup des crinoïdes au Kimméridgien ? »

Le chevalier : « Actuellement, ils peuvent former de vastes prairies assez denses. »

Max : « Alors il devait y en avoir beaucoup. »

Léo : « Et ça ? C’est quoi ? »

105-1 18 Montlivaltia supposé 105-1 19 Montlivaltia supposé

Le chevalier : « Ce sont des coraux solitaires. Ils ont une forme cylindrique, ou légèrement en cône, et se terminent en partie supérieure par une ouverture circulaire divisée par des parois rayonnantes. »

Max : « Ils sont pas vraiment solitaires tes coraux solitaires 🙂 »

Le chevalier : « Si ! Celui de droite, dont on ne voit que l’ouverture terminale, est bien seul. Solitaire ne veux pas dire isolé. Il arrive que plusieurs individus se développent côte à côte. »

Max : « D’accord. Et tu connais son nom à ce corail solitaire ? »

Le chevalier : « C’est un Montlivaltia de la famille des Montlivaltiidés. »

Léo : « Montlivaltia comment ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. Je ne connais que le nom du genre. »

Léo : « Il y en a encore ici ! »

Max : « Oh ! »

Léo : « Quoi oh ? »

Max : « On dirait qu’il y a un gastéropode fossilisé à côté du corail ! »

Léo : « Bien vu Maxou ! »

Max : « Zoome bonome ! »

105-1 20 Montlivaltia supposé 105-1 21 Montlivaltia supposé et peut être procerithium

Léo : « Tu le connais ce gastéropode ? »

Le chevalier : « Je dirais que c’est un Procerithium. »

Max : « Tu t’arrêtes encore au genre. Tu connais pas le nom d’espèce ? »

Léo : « Max, c’est déjà bien de connaître le genre ! »

Max : « Oui, je sais. Mais bonome connaît tellement de choses… »

Le chevalier : « Vous êtes gentils tous les deux 🙂 Mais les noms que je vous propose ne sont que des hypothèses. Je ne suis pas un spécialiste vous savez. »

Max : « Il faudrait trouver des spécialistes pour tout vérifier mon blog… On est que des petizours naturalistes nous. On sait pas tout. »

Léo : « Bonome c’est pas un petitours ! »

Max : « Non, c’est un grantours 🙂 On continue à fossiler ? »

Léo : « Encore un Montlivaltia ! Il y en avait beaucoup aussi ! »

105-1 22 Montlivaltia supposé

Max : « Vous avez vu l’espèce de spirale juste au-dessus, vers la gauche ? »

Léo : « Encore un Gastéropode ! Mais on peut pas savoir qui c’est ! »

Max : « Et ça bonome, c’est quoi ? »

105-1 25 Nerinella sp

Léo : « C’est très fin et très allongé… C’est peut-être un long piquant de zoursin. »

Max : « Je pense plutôt à un Gastéropode très long et très fin. »

Léo : « On voit pas bien. »

Le chevalier : « Je pense que Maxou a raison. »

Léo : « Et tu le connais ce Gastéropode ? »

Le chevalier : « C’est peut-être Nerinella eliator, Nerinellidés. La description de Max correspond à peu près. »

Max : « Alors on a déjà vu : des coraux solitaires du genre Montlivaltia, un Procerithium et une Nerinella éliator. »

Léo : « Et ça ! »

105-1 24 Terriers fossilisés

Max : « J’ai une hypothèse ! »

Le chevalier : « Nous t’écoutons ! »

Max : « J’hypothèserais que ce sont des terriers horizontaux fossiles ! »

Le chevalier : « C’est cohérent avec ce que nous voyons. »

Léo : « Tu valides l’hypothèse ? »

Le chevalier : « Je n’irais pas jusque là ! Disons qu’elle est satisfaisante. »

Max : « Si je comprends bien, tu sais rien du tout ! Tu fais que des hypothèses ! »

Le chevalier : « Ce qui n’a rien de choquant pour un scientifique naturaliste 🙂 »

Léo : « Et ça ? Qu’est ce que c’est ? J’en ai déjà vu tout à l’heure. »

Max : « Moi aussi. »

105-1 26 Pinna sp

Le chevalier : « C’est une coupe dans un gros bivalve. Venez, essayons de trouver un fossile un peu plus présentable… »

Max : « Tu trouves bonome ? »

Le chevalier : « Pas encore 🙂 Il faut être patient… »

Max : « Toujours pas trouvé ? »

Le chevalier : « Toujours pas 🙂 »

Max : « Et là ? »

Léo : « Max ! Arrête d’embêter bonome ! »

Max : « Je l’embête pas. Je le taquine 🙂 »

Le chevalier : « Tu peux arrêter ! J’ai trouvé 🙂 »

105-1 27 Pinna sp 105-1 28 Pinna sp 105-1 29 Pinna sp

Max : « Parce que ça, pour toi, c’est un fossile présentable ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « C’est la même chose que ce que j’ai trouvé tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Et tu dis que c’est un Bivalve ? »

Le chevalier : « C’en est un. Je pense que c’est une pinne ou jambonneau. Pinna sp. »

Léo : « C’est la coquille d’origine ? »

Le chevalier : « Peut-être, c’est possible. »

Léo : « Et elle date du kimméridgien inférieur ! Rholala ! Une coquille de près de 150 millions d’années ! Tu as vu Maxou ? »

Max : « Oui, j’ai vu. Bonome, il ressemble à quoi ce bivalve ? »

Le chevalier : « Il a une forme triangulaire, assez allongée. La pointe est vers le bas. En général elle est enfoncée dans le sédiment. »

Max : « Et ils se nourrissent comment les Bivalves ? »

Le chevalier : « Vous savez que ce sont des animaux aquatiques qui respirent grâce à des branchies. »

Max : « On sait 🙂 »

Le chevalier : « Leurs branchies jouent également un rôle dans la nutrition. Elles piègent les petites particules de matière organique ou les tout petits êtres vivants et les dirigent vers la bouche. »

Max : « Ils se nourrissent avec leurs branchies ? »

Le chevalier : « Oui, en filtrant l’eau. »

Max : « D’accord. Merci bonome. »

Léo : « Et ça ? »

105-1 30 Un bivalve

Le chevalier : « C’est le moulage externe d’une valve de Bivalve. On peut voir que la valve portait des points en relief et que, vers la gauche, cette ornementation s’arrêtait. Il devait y avoir des lignes parallèles au bord de la valve. »

Max : « Tu vois ça toi ? »

Le chevalier : « Je le devine. »

Max : « Et tu connais cette espèce ? »

Le chevalier : « Non, mais je connais un genre qui ressemble. C’est le genre Myophorella. »

Léo : « Dis donc, tu en connais des choses. »

Le chevalier : « Merci mon Léo. Mais je ne suis certain d’aucun des noms que je vous ai donnés aujourd’hui. »

Léo : « Je sais. Mais quand même, tu reconnais les fossiles et tu es capable d’hypothéser. J’aimerais être capable d’en faire autant ! Rholala ! »

Max : « On est revenus au début de la falaise 🙁 C’est fini la géologie. »

Le chevalier : « Nous avons vu beaucoup de fossiles. »

Max : « On en a pas ramassé pour ma collection. »

Le chevalier : « Mais je les ai fotoés pour ton blog. »

Max : « Merci bonomou. Tu peux nous en dire plus sur ce que nous avons vu ? »

Le chevalier : « Que dire de plus ? Le kimméridgien est l’avant dernière division du Jurassique et doit son nom à la localité de Kimmeridge dans le Dorset, en Angleterre. Cette localité de référence à été choisie par Alcide d’Orbigny en 1849. Dans la région, il est découpé en kimméridgien inférieur, surtout calcaire, et kimméridgien supérieur, récifal et aussi marneux. »

Max : « Ici c’est l’inférieur ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. Et c’est même la formation inférieure appelée calcaires à Nerinées et Montlivaltia. »

Max : « Bonome, on a vu le kimméridgien inférieur aujourd’hui. Mais on a déjà vu la suite, le kimméridgien récifal. Et le marneux aussi. Et le Cénomanien inférieur, le Cénomanien moyen et supérieur et même le Turonien. On a beaucoup fait la géologie en Charentmaritimie. Tu crois qu’on pourrait faire une synthèse régionale ? »

Léo : « Oh oui ! C’est une bonne idée ! Une grande synthèse ! Tu veux bien dis ? »

Le chevalier : « 🙂 Je suis d’accord sur le principe. Ce serait effectivement très intéressant de faire une synthèse. Mais nous avons encore quelques sites à explorer avant de pouvoir la faire. Mes petizours, je vous charge de commencer la collecte et l’étude des données qui nous permettront de réaliser cette grande synthèse. »

Max : « Mais tu vas nous aider ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais vous pouvez commencer sans moi. Vous travaillez bien tous les deux. »

Léo : « Chouette alors ! On va collecter et analyser des données ! Et on commencera la synthèse ! Rholala ! Tu as eu une bonne idée Maxou 🙂 »

Max : « En attendant, on a terminé notre inspection et c’est même pas l’heure de rentrer. En plus, on a pas vu de zoisos. »

Léo : « C’est le moment où Max demande où on va maintenant 🙂 »

Max : « Ben oui. Bonome, on va où maintenant ? »

Continuer la promenade

104-3 Le Royaume des Chevaliers

Mercredi 19 Juillet, An III (Fin)

Un peu plus tard, au Royaume des Chevaliers…

Max : « Vous pensez qu’on va voir de beaux zoisos ? »

Léo : « Je m’en fiche un peu ,moi. On en a déjà vu beaucoup aujourd’hui. »

Max : « Tu te fiches des zoisos ? »

Léo : « Ben, on en a déjà vu beaucoup. Alors même si on en rencontre pas beaucoup ici, je serai content quand même. Je suis bien dans la nature avec mon cousin petitours et mon Bonomus chevalierus 🙂 »

Max : « Philoléo est de retour 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Léo sait se satisfaire des petits plaisirs que la vie lui offre. C’est un épicurien. »

Max : « C’est quoi un épicurien ? »

Le chevalier : « Un disciple d’Épicure. »

Max : « C’est quelqu’un qui aime être piqué ? »

Le chevalier : « 🙂 Non, Épicure, un philosophe de la Grèce antique. »

Max : « La Grèce antique ! Ça faisait longtemps que t’en avais pas parlé, de la Grèce antique ! »

Léo : « Tu peux expliquer un peu plus ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « Pour Épicure, il est nécessaire d’apprécier les mille petits plaisirs que nous offre la vie au cours de la journée. La fraîcheur d’un verre d’eau lorsque on a soif, la caresse du vent sur le visage, le plaisir de se promener dans la nature avec ses petizours… »

Max : « Le plaisir de voir un beau papillon 🙂 »

Léo : « Tu as vu un beau papillon ? Où ça ? »

Max : « Là ! Regarde le ! »

104-2 23 Un papillon machaon 104-2 24 Un papillon machaon

Léo : « Rhoooo ! Qu’il est bôôôô ! »

Max : « On le connaît déjà mais c’est toujours un plaisir de le rencontrer 🙂 C’est le papillon machaon, Papilio machaon, Papilionidés. Je me souviens qu’un jour, bonome le fotoait. C’était pas loin d’ici, au sommet des falaises de Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés. Des zoms sont passés et ils ont pas compris ce qu’il fotoait. Et ils se sont moqués de lui. Je les ai entendus. »

Le chevalier : « Ce n’est pas quand je fotoais le papillon qu’ils se sont moqués Max. C’est quand je fotoais l’estran vaseux. »

Léo : « Ils avaient pas de la beauté dans les yeux. On peut revenir à Épicure s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. Que veux-tu savoir ? »

Léo : « Tu peux en dire plus sur l’épicurisme ? »

Le chevalier : « Selon Épicure, se satisfaire des plaisirs simples que nous offre la vie est le meilleur moyen d’avoir l’âme en paix. Malheureusement, sa doctrine a souvent été caricaturée et on l’accuse, injustement, d’encourager ses disciples à rechercher le plaisir dans l’excès. »

Léo : « Et c’est pas bien de rechercher le plaisir ? »

Le chevalier : « Ça dépend Léo. L’excès, en toutes choses, est mauvais. Moi, je pense que le bonheur peut être accessible si on arrive à se satisfaire des petits plaisirs de la vie. Être heureux quand l’occasion se présente. »

Léo : « Avec des choses simples ? »

Max : « Comme se promener avec ses petizours dans la nature ? »

Léo : « Être content de voir un zoiso ? »

Max : « S’asseoir sur un rocher et regarder la mer… »

Léo : « Discuter avec un ami… »

Le chevalier : « Boire un café au soleil… »

Max : « Alors on est épicuriens nous ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Tu te rends compte Philoléo ? On est naturalistes et épicuriens. »

Léo : « Toi aussi tu es philosophe Maxou. Philomax ! »

Max : « Et Philobonome 🙂 »

Léo : « 🙂 Encore une question : Quand a-t-il vécu Épicure ? »

Le chevalier : « Entre 341 et 270 avant notre ère. »

Max : « Et vous étiez amis ? »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « C’est ton ami. Je sais bien. Parce que les amis ça fait du bien quand on est triste ou qu’on va pas bien. Et quand tu penses à ce genre de personnage tu vas mieux. »

Le chevalier : « Max, Épicure est mort depuis plus de 2000 ans ! »

Max : « Et alors ? C’est ton ami quand même. Et puis, l’esprit des grands hommes ne meurt jamais. Je pensais que tu savais ça bonomou 🙂 On continue notre inspection ? »

Léo : « Moi j’inspecte pas. Je me promène en profitant de la nature 🙂 »

Max : « et si on jouait aux zoisos ? »

Léo : « D’accord ! Si bonome est d’accord ! »

Le chevalier : « D’accord ! »

Léo : « Il faut dire le nom en scientifique, sinon ça compte pas ! »

Max : « Il faut avancer en silence… »

Léo : « Alors tais-toi ! »

Max : « Faucon crécerelle ! »

104-2 25 Un faucon crécerelle

Léo : « Falco tinnunculus, Falconidés ! »

Max : « On a déjà ramassé des pelotes de régurgitation ici. C’était peut-être celles d’un faucon crécerelle… »

Léo : « Ben oui. C’est une bonne hypothèse. Il faudra approfondir la question… »

Max : « C’est un mâle ou une femelle ? »

Léo : « Mmmmm… »

Max : « Bonome, tu as vu ? Maintenant Léo Mmmmm en se grattant la tête lui aussi 🙂 Quand je te disais qu’il te ressemblait de plus en plus 🙂 »

Léo : « Je vais perdre mes cheveux moi aussi ? Et mes oreilles vont devenir pointues ? »

Le chevalier : « C’est tout ce que je suis pour toi ? Un vieux bonome qui perd ses cheveux et qui a les oreilles pointues ? »

Léo : « Ouiiiii ! »

Le chevalier : « D’accord. Alors débrouillez-vous pour déterminer le sexe de ce faucon ! »

Max : « On a pas besoin de toi ! Alors… Il faut regarder le dessus de la tête et les moustaches… Tu vois la couleur du dessus de la tête toi ? C’est marron ou c’est gris ? »

Léo : « Avec le soleil je vois pas bien… »

Max : « Et les moustaches ? Elles sont sombres ? »

Léo : « On les voit pas beaucoup… »

Max : « On sait pas alors… »

Léo : « C’est peut-être un juvénile… »

Max : « Bonome, tu veux bien nous aider ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Tu veux pas aider tes petizours ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Tu aimes plus tes petizours ? »

Le chevalier : « Si. Mais je vous ai dit de vous débrouiller. »

Max : « Mais on trouve pas ! »

Le chevalier : « Tant pis ! »

Max : « Qu’est ce qu’elle va dire Princesse ? »

Le chevalier : « Nous verrons bien. Allez, avançons. »

Max : « Recurvirostra avosetta ! »

104-2 26 Une avocette élégante

Léo : « Bien vu Maxou ! Une avocette élégante ! »

Max : « C’est vraiment un beau zoiso ! »

Léo : « Là ! Anas plathyrhynchos ! »

104-2 27 Des canards colverts

Max : « Des canards colverts ! Ils sont rigolos tous les trois ! »

Léo : « On dirait deux mâles qui entourent une femelle 🙂 »

Max : « Des mâles en plumage internuptial alors ! »

Léo : « Ben oui. Mais regarde bien. Leur bec est plus fort que celui du canard du milieu. Et ils ont l’air un peu jaunes. »

Max : « Je crois bien que tu as raison… »

Le chevalier : « Mes petizours… »

Max : « Oui bonome ? »

Le chevalier : « Voudriez-vous que je vous porte ? »

Léo : « Tu veux qu’on se poche ? Pourquoi pas ? »

Le chevalier : « Non, que je vous porte. Dans mes bras 🙂 »

Max : « Tu veux nous porter ? »

Le chevalier : « Oui, pour que vous ne pensiez plus que je suis fâché ou que je n’aime plus mes petizours. »

Max : « Léo ? »

Léo : « On se promène dans tes bras ? D’accord ! Mais on continue de jouer aux zoisos ! »

Max : « Egretta garzetta ! »

104-2 28 Une aigrette garzette

Léo : « Rhoooo ! Elle est belle ! »

Max : « Et ça fait deux partout 🙂 »

Le chevalier : « Platalea leucorodia ! »

104-2 29 Des spatules blanches

Max : « Tu joues aussi ? »

Le chevalier : « Ouiiiii 🙂 »

Max : « On a aucune chance alors ! Pfff… Avec ses superzieux ! »

Léo : « Max le mauvais perdant 🙂 »

Max : « Je suis pas un mauvais perdant. Je suis un bon gagnant 🙂 Tu nous montres les spatules s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Voilà ! Mais la foto est moche 🙂 »

Max : « On les voit pas bien. »

Léo : « Mais on les reconnaît quand même. »

Max : « Zoisos-gardiens ! »

104-2 30 Un chardonneret rigolo 104-2 31 Un chardonneret rigolo

Léo : « Maxou, c’est pas le nom en scientifique ça ! »

Max : « On s’en fiche ! Ce sont nos zoisos-gardiens ! Bonjour chardonnerets rigolos 🙂 C’est gentil de venir voir comment on va. On se promène dans les bras de bonome 🙂 »

Léo : « Il y en a d’autres ! »

104-2 32 Un chardonneret rigolo 104-2 34 Un chardonneret rigolo
104-2 35 Un chardonneret rigolo 104-2 36 Un chardonneret rigolo

Max : « On a des tas de zoisos-gardiens ! »

Léo : « Ça fait plaisir de vous voir en groupe 🙂 »

Max : « Dites, vous savez où on pourrait trouver un dragon ? C’est pour Princesse. »

Léo : « Ils vont pas te répondre Maxou. Et en plus, tu parles pas le zoiso 🙂 Tu pourrais pas les comprendre 🙂 »

Max : « Bonome traduirait. T’es bête toi ! »

Le chevalier : « Je peux vous traduire ce qu’ils sont en train de dire si vous voulez. »

Max : « Tu reconnais enfin que tu parles le zoiso ! Alors que disent-ils ? »

Le chevalier : « Ils disent qu’il est temps de rentrer dans notre cabane, que la journée a été longue et que ce ne serait pas raisonnable de prolonger notre promenade. »

Max : « Tu es sûr de ta traduction ? »

Le chevalier : « Ils ajoutent même que vous avez de la chance d’avoir ce bonome mais qu’il commence à fatiguer et c’est pour cela qu’il faut rentrer. »

Max : « Ils disent tout ça ? »

Le chevalier : « Chut ! J’écoute la suite ! … Ils ajoutent que vous devriez prendre soin de votre bonome. »

Max : « Tu traduis rien du tout ! C’est toi qui dis tout ça ! »

Le chevalier : « Douterais-tu que je parle le zoiso ? »

Léo : « Moi, je sais pas si tu traduis ou pas. Mais je suis d’accord quand même. Il est temps de rentrer. »

Un peu plus tard…

Max : « Je sais pourquoi les échasses blanches, ils mentent aux puces ! »

Léo : « Ah bon ! Pourquoi ? »

Max : « Parce qu’ils ont peur d’Épicure ! »

Après ça, on s’est pochés et on est retournés à notre monture. Bonome a chevauché doucement. Léo et moi on a papoté dans la poche et on s’est dit que les zoisos-gardiens avaient raison. On devrait prendre soin de notre bonome. Alors le soir on s’est couchés sagement. Et quand il est venu nous voir pour nos gratouillis du soir et notre bisou de bonnuit les petizours, on a fait semblant de s’endormir tout de suite et il est allé se coucher. Nous, nous nous sommes relevés discrètement et on est allés le voir dans son lit, sans bruit. Et on lui a gratté le front. Il a souri notre grand chevalier. Et il a fait semblant de ronronner. Mais pas longtemps. Parce qu’il s’est endormi en souriant. Et je crois qu’il a rêvé de petizours et de zoisos.

Je t’embrasse Princesse. J’espère que tu vas bien.

104-2 37 Un héron cendréUn héron cendré…

Continuer la promenade

104-2 Le Royaume des Tadornes et Ailleurs dans le Marais

Mercredi 19 Juillet, an III (suite)

Pendant la chevauchée vers le Marais, Max sort la tête de la poche…

Max : « Bonome, ça fait longtemps qu’on chevauche. C’est encore loin ? »

Le chevalier : « Non, nous arrivons. »

Max : « Tu es sûr de toi ? Parce que là, on chevauche sur des cailloux. C’est pas une route ça. C’est un chemin tout cassé… Tu vas abîmer notre monture. »

Léo : « On devrait s’arrêter et avancer à pattes. »

Le chevalier : « Non, avançons encore un peu… »

Max : « On est déjà passés là. Tu serais pas un peu perdu ? »

Léo : « Le graaand chevalier s’est perdu ! »

Le chevalier : « Je ne suis pas perdu ! »

Max : « Ça arrive, bonome, de se perdre. Il y a pas de honte à se perdre 🙂 »

Léo : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Je ne suis pas perdu ! Disons que je suis momentanément égaré… Mais je ne vais pas tarder à retrouver mon chemin ! »

Max et Léo : « Il est perdu ! Il est perdu ! »

Le chevalier (marmonnant dans sa barbe éternellement naissante) : « Ça devrait être là… A droite ? … C’est bizarre… (Le chevalier s’énerve) Mais dans quel état est ce chemin ! Bon, je m’arrête là ! Voyons la carte… »

Le chevalier descend de sa monture, déplie la carte, la pose au sol et l’étudie. Les petizours viennent sur la carte…

Max : « Alors ? »

Léo : « Tu sais où on est ? »

Max (à Léo) : « Sûr qu’il sait ! Il se perd pas lui 🙂 »

Léo (à Max) : « Ben non. Jamais ! »

Max (montrant une tache bleue sur la carte) : « C’est pas là ? »

Léo (montrant un autre étang sur la carte) : « Mais non ! On est là ! »

Le chevalier (passablement énervé, après avoir rangé la carte) : « Nous sommes ici et nous allons là-bas ! »

Max : « Bel itinéraire ! »

Léo : « Maxou, tu m’as dit que ça t’avait plu d’être perdu dans le Marais la première fois que tu y est allé n’est ce pas ? »

Max : « Tout à fait 🙂 »

Léo : « Je crois que tu vas encore aimer 🙂 »

Le chevalier : « IL SUFFIT ! Taisez-vous et pochez-vous ! Je sais très bien où je suis ! »

Max : « Oui bonome. »

Léo : « D’accord bonome. »

Max : « Il faut pas te fâcher bonome. »

Le chevalier : « Nous sommes exactement là où je voulais que nous soyons ! Regardez les balises du chemin de grandes randonnées ! »

Max : « Nous les voyons 🙂 »

Le chevalier : « Il suffit de suivre les balises et nous arrivons au Royaume des Tadornes. »

Max : « Donc c’était normal de chevaucher sur un chemin en pierres envahi par la végétation ? »

Le chevalier : « Surprenant mais normal… »

Max : « Alors en route ! »

Léo : « Ça commence bien 🙂 Il y a un zoiso dans le ciel. »

Max : « Un générateur aléatoire de câlin 🙂 »

Le chevalier : « Vous ne méritez pas de câlin ! »

Max : « Parce qu’on s’est moqués de toi ? »

Le chevalier : « … »

Max : « Tu réponds pas ? Oulala ! Léo, bonome est fâché ! »

Léo : « Bonomou … Il faut pas être fâché… Bonomou… On est tes petizours adorés 🙂 »

Max : « On est des juvéniles alors on dit des bêtises 🙂 »

Léo : « On se moquait pas vraiment… »

Le chevalier : « Je ne suis pas fâché 🙂 Tu parlais d’un zoiso dans le ciel Léo ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 Il plane au dessus de nous. Regarde 🙂 »

104-2 01 Une buse variable

Max : « C’est une buse variable ! »

Léo : « Buteo buteo, Accipitridés. On dirait un juvénile… »

Max : « Comment tu vois ça, toi ? »

Léo : « À son plumage 🙂 Et parce que j’étudie, moi 🙂 »

Max : « Moi aussi j’étudie ! »

Le chevalier : « Léo, si tu nous expliquais pourquoi tu penses que c’est un juvénile… »

Léo : « D’accord ! Commençons par l’arrière. Sa queue est striée. Il y a alternance de bandes claires et de bandes sombres. C’est que chez les juvéniles. Chez les adultes, il y a une bande sombre sur le bord de fuite. On voit pas bien l’alternance de bandes. Et puis le dessous des ailes. Il est plus clair chez les adultes. Là, on voit bien que c’est strié aussi. Alors on peut dire que c’est un juvénile 🙂 »

Max : « Bonome, il a bon ? »

Le chevalier : « Il a bon 🙂 »

Max : « Rholala ! Il est fort ce Léo ! »

Le chevalier : « Il étudie plus que toi Maxou. »

Max : « Il a pas un blog à graver lui ! »

Le chevalier : « Il t’aide quand même beaucoup Maxou. Depuis quelque temps vous y travaillez ensemble. »

Max : « C’est vrai… Je devais le former mais maintenant, il connaît mieux les zoisos que moi… »

Léo : « Tu connais mieux les insectes et la botanique toi. »

Le chevalier : « Ce n’est pas un concours vous savez. Vous êtes deux grands naturalistes 🙂 »

Max : « On est quand même que des petizours… »

Léo : « Max ! Regarde ! On arrive enfin dans la zone marécageuse ! »

104-2 02 Ailleurs dans le Marais

Max : « C’est beau ! »

Léo : « Rholala oui ! »

Max : « C’est quand même étrange le Marais. Parce que c’est des morceaux de terre entourés de canaux. Mais c’est jamais pareil… Et c’est toujours très beau. »

Léo : « C’est parce que tu as de la beauté dans les yeux Maxou 🙂 Souviens toi de ce que t’a dit ton ami Oscar Wilde quand vous étiez à la taverne 😀 »

Le chevalier : « Il t’a eu 🙂 »

Max : « C’est pas gentil de se moquer… »

Léo : « Et si on allait au bord de l’eau ? Il y a peut-être des Odonates 🙂 »

Max : « Mais… Il y a une barrière 🙁 »

Le chevalier : « Je pourrais la franchir. »

Max : « C’est interdit bonome ! »

Le chevalier : « Nous n’allons rien faire de mal. Et puis, il n’y a que quelques mètres à parcourir au-delà de la barrière pour atteindre le bord de l’eau. »

Max : « Tu vas pas aller en prison si on franchit la barrière ? »

Le chevalier : « Non, je ne vais pas aller en prison 🙂 »

Max : « Qu’en penses-tu Léo ? »

Léo : « C’est pas bien, c’est vrai. Mais il y a peut-être des Odonates… On veut juste faire l’odonatologie. On va pas faire des bêtises. Et puis ça sent la menthe. Tu pourrais saluer ton amie végéto 🙂 Tu pourrais même te rouler dedans sans que personne te dise rien. »

Max : « On y va alors ? »

Léo : « On y va ! »

Max : « Rholala ! Il y a des Odonates ! Le gros un peu bleu… Tu le connais bonome ? Il arrête pas de se poser et de re-décoller. Tu peux l’identifier ? »

Le chevalier : « Mmmmm… »

Léo : « Il Mmmmm en se grattant la tête 🙂 »

Max : « Tu vas finir par perdre tout tes cheveux à force de les gratter comme ça 🙂 »

Le chevalier : « S’il pouvait se poser plus de quelques secondes… »

Max : « Ben ça alors ! Il se pose et il bouge plus ! Bonome, tu parles l’odonate aussi ? »

Léo : « Il parle le zoiso, le mammifère, l’odonate… »

Max : « Il parle tout le zanimo ce bonome. Il est polyglotte du zanimo 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 »

104-2 03 Un orthétrum réticulé

Max : « Tu nous présentes s’il te plaît. Mais sans faire toute la détermination avec les triangles alaires, les nervures anténodales et tout ça. Tu fais simple pour une fois. »

Le chevalier : « D’accord. Max, Léo, je vous présente l’orthétrum réticulé. En scientifique il se nomme Orthetrum cancellatum et c’est un Libellulidé. Un mâle mature. »

Max : « Bonjour orthétrum réticulé. Nous sommes ravis de faire ta connaissance. »

Léo : « On te connaissait pas encore 🙂 »

Max : « Tu peux de nouveau t’envoler si tu veux. »

Léo : « Le chevalier t’a fotoé 🙂 »

Max : « Au revoir orthétrum réticulé 🙂 »

Léo : « Il y a des demoiselles ! »

104-2 04 Naïade au corps vert 104-2 05 Naïade au corps vert

Max : « Bonjour mesdemoiselles 🙂 »

Léo : « Il faudrait dire des Zygoptères. On est naturalistes quand même. »

Max : « La femelle est en train de pondre dans l’eau. Et le mâle la surveille en la tenant par ses … Bonome, comment on appelle les espèces de pinces que le mâle a au bout de son abdomen et qui lui servent à tenir la femelle ? Je me souviens plus. »

Le chevalier : « Des cercoïdes. »

Léo : « Il parle couramment le scientifique aussi 🙂 »

Max : « 🙂 Le mâle a les yeux rouges… Son abdomen est bleu… Ça me dit quelque chose… On les connaît déjà ces demoiselles. »

Léo : « Ces Zygoptères Maxou ! »

Max : « Oui oui… Les bandes anté-humérales vertes sont complètes… ÇA M’ÉNERVE ! JE ME SOUVIENS PLUS DU NOM ! »

Léo : « Tiens, Max s’énerve 🙂 Calme-toi mon cousin 🙂 »

Max : « Grrr !!! »

Léo : « La naïade au corps vert… Erythromma… »

Le chevalier : « Erythromma viridulum… »

Max : « Oui ! C’est ça ! Erythromma viridulum ! »

Léo : « Vous en voyez d’autres ? »

Max : « Ben non. L’orthétrum réticulé continue de patrouiller au-dessus de l’eau… Bonomou, tu veux bien fotoer mon amie la menthe s’il te plaît ? Et je peux en prendre un morceau et le mettre dans mon sacado ? »

Le chevalier : « Oui et oui 🙂 »

104-2 06 Mon amie la menthe 104-2 07 Mon amie la menthe

Max : « J’aime beaucoup la menthe moi. Ça sent bon 🙂 Et le chocolat à la menthe… Huuummm 🙂 Qu’est ce que c’est bon ! »

Léo : « Maxou mange ses amis 🙂 Tu imagines le chevalier en train de dévorer Brindille 🙂 »

Max : « C’est pas pareil ! Quand on coupe un morceau de menthe, il repousse. Brindille, elle repousserait pas. T’es bête toi ! Bon, on peut retourner du bon côté de la barrière maintenant. Parce que je vous rappelle que nous sommes dans l’illégalité la plus totale en étant ici. Et je veux pas aller en prison moi. Il y a pas des zoisos en prison. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. »

Léo : « C’est quoi ce bruit ? »

Max : « L’envol du cygne ! Fotoe bonome ! »

Le chevalier : « Voilà ! »

104-2 08 Des cygnes en vol

Max : « J’aimerais bien faire du cygne… On est tellement petits qu’ils nous sentiraient même pas et on pourrait parcourir le Pays des zoisos en volant… »

Léo : « Je voudrais pas être le cygne qui porte le chevalier 🙂 »

Max : « Nos cygnes s’envoleraient avec grâce et élégance et celui de bonome essayerait vainement de courir. Il tomberait à chaque pas et deviendrait tout rouge 🙂 »

Léo : « Le pauvre 🙂 »

Le chevalier : « En fait, je préfère quand vous vous chamaillez. Parce que, lorsque vous êtes complices, c’est toujours à mes dépens… »

Max : « Qui aime bien châtie bien 🙂 »

Léo : « Et on t’aime vraiment beaucoup 🙂 »

Le chevalier : « J’ai dû rater quelque chose dans votre éducation… »

Max : « Non, je trouve pas. »

Léo : « Nous sommes plutôt bien réussis 🙂 »

Max : « La perfection est notre seul défaut 🙂 Enfin, surtout moi… »

Le chevalier : « Pfff… Taisez-vous un peu et pochez-vous. J’aperçois… Cela m’intrigue… »

Max : « Qu’est ce que tu as vu ? »

Le chevalier : « Êtes-vous installés ? »

Léo : « Oui. »

Le chevalier : « Avançons doucement… »

Max : « Il fait le bonome furtif… »

Léo : « Tu as vu quelque chose toi ? »

Max : « Ben non. Mais j’ai pas ses superzieux… »

Le chevalier : « Rhoooo ! Ils sont loin. Quel dommage ! Il faut que vous voyiez ça ! Je zoome et je vous montre ! »

104-2 09 Des tadornes de Belon 104-2 10 Des tadornes de Belon

Max : « Rholala ! »

Léo : « La chance ! »

Max : « Des bébés tadornes ! »

Léo : « Ils sont mignons ! »

Le chevalier : « Alors ça, c’est une belle surprise ! »

Max : « Tu es surpris ? »

Le chevalier : « Oui ! Je ne savais pas que les tadornes de Belon nichaient ici. »

Max : « C’est le Royaume des Tadornes pourtant. C’est toi qui nous l’as dit. »

Léo : « Des bébés tadornes… La chance ! »

Max : « Tu peux nous parler des tadornes bonome. »

Le chevalier : « Je crois que vous savez déjà tout. Ce sont des Anatidés Tadorninés. »

Max : « Famille des Anatidés, sous-famille des Tadorninés. Oui, ça on sait. Quoi d’autre ? »

Le chevalier : « La population de tadornes de Belon en Charentmaritimie est d’environ 25 000 individus. »

Max : « Ah oui, quand même ! »

Le chevalier : « Il y a environ 800 couples nicheurs dans le département. Les tadornes pondent dans les terriers de lapin 🙂 Parfois sous les ronces. »

Max : « Les femelles pondent dans des terriers de lapin ? Ils arrivent à rentrer dans ces terriers ? »

Le chevalier : « Puisqu’ils y pondent 🙂 Dès l’éclosion, les parents guident les petits vers le point d’eau le plus proche. »

Max : « Ils quittent le nid-terrier tout de suite. On dit qu’ils sont nidifuges. »

Le chevalier : « Exact. Les petits sont élevés tous ensemble. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas été clair. Les petits de tous les couples sont élevés collectivement. Ils forment un grand troupeau 🙂 »

Max : « On dit pas un troupeau pour les zoisos. »

Léo : « Et il peut y avoir beaucoup de petits ? »

Le chevalier : « De plusieurs dizaines à plusieurs centaines. »

Léo : « Rholala ! Tout ça de poussins ! »

Max : « Là, il y a qu’une seule famille. Et un seul parent. »

Le chevalier : « J’ai aperçu un adulte tout à l’heure. Il nous surveillait. Ce devait être l’autre parent. Normalement, d’après ce que j’ai lu, les adultes partent vers l’Allemagne l’été. Ils y vont pour muer. »

Léo : « Muer, c’est changer de plumes. »

Max : « Et les petits ? »

Le chevalier : « Ils restent ici. »

Max : « Les parents abandonnent leurs petits ? Ça va pas du tout ça ! »

Le chevalier : « C’est comme ça chez les tadornes Maxou. Et puis, les petits sont devenus des juvéniles et ils sont autonomes quand leurs parents partent. Ils restent généralement en groupe. »

Max : « C’est pour ça qu’on voit surtout des juvéniles en hiver ! Je comprends mieux ! Les parents sont partis tout là-bas. »

Léo : « Des bébés tadornes… »

Le chevalier : « Alors ? Est-ce que ça ne valait pas la peine de s’égarer momentanément en chemin ? »

Max : « Ben si. Merci bonome 🙂 »

Léo : « On se moquera plus de toi. »

Max : « Tu es un grand chevalier bonome. »

Léo : « Tu nous trouves toujours des beaux endroits et de beaux zoisos 🙂 On a vraiment beaucoup de chance d’être tes petizours. »

Le chevalier : « Et j’ai beaucoup de chance de vous avoir 🙂 Et si un jour j’ai besoin d’un porte-clés… »

Max : « Il faudra que tu t’en trouves un ! ON EST PLUS PORTE-CLÉS NOUS ! »

Léo : « Max, je crois qu’il nous taquinait 🙂 »

Max : « Mouai… On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « J’ai repéré un autre endroit sur la carte… Mais je ne suis pas sûr de l’itinéraire… »

Max : « Pas grave ! On y va ! »

Léo : « On peut pocher pour retourner à notre monture ? Je suis un peu fatigué moi. »

Le chevalier : « Grimpez et installez-vous. Et profitez en pour faire une petite sieste. »

Max : « Pas tout de suite bonome, pas tout de suite… »

Léo : « Pourquoi pas ? »

Max : « Regarde Léonou 🙂 »

104-2 11 Des hérons gardes-boeufs 104-2 12 Des hérons gardes-boeufs

Léo : « Des hérons garde-bœufs ! Et ils gardent des bœufs ! »

Max : « Il faudra le dire à Princesse. Ils font des progrès les garde-bœufs. Ils gardent plus du rien du tout ou des moutons. »

Léo : « Tu auras peut-être pas besoin de leur faire une formation. »

Max : « Ça m’arrangerait bien parce que je suis déjà débordé moi. Pfff… Bon, tout va bien dans ce petit Royaume des Tadornes. On peut pocher et siester maintenant. A tout à l’heure bonome. Et te perds pas cette fois 🙂 »

Un peu plus tard, ailleurs dans le Marais …

Le chevalier : « Max, Léo… Réveillez-vous… »

Max : « On dormait même pas. »

Léo : « On se reposait les yeux 🙂 »

Max : « On fermait les paupières pour que la beauté qu’on a dans les yeux parte pas 🙂 »

Le chevalier : « Quelle mauvaise foi ! »

Max : « Tu dis des erreurs bonome. On dit un foie et donc quel mauvais foie. Mais je vois pas ce que notre foie vient faire la dedans 🙂 »

Le chevalier : « Bon, vous m’avez l’air bien réveillés 🙂 Regardez un peu… »

104-2 13 De belles vaches 104-2 14 De belles vaches

Max : « Ce sont de très belles vaches bonome. Mais les vaches sont pas des zoisos. Il va falloir que tu révises un peu. Un zoiso ça a des ailes et ça marche sur les pattes arrières. La vache a pas des ailes et elle marche à quatre pattes. Et c’est pas pareil. En plus, tu m’as déjà expliqué la vache. »

Léo : « Nous, on veut voir des zoisos. »

Le chevalier : « Alors tournez légèrement la tête vers la gauche… »

Léo : « Rhoooo ! »

104-2 15 Des ibis sacrés

104-2 16 Un ibis sacré 104-2 17 Un ibis sacré

Max : « Encore des ibis sacrés du Nil ! En Charentmaritimie ! »

Léo : « Threskiornis aethiopicus, Threskiornithidés. La chance ! »

Max : « On sait déjà que c’est une espèce férale parce que des individus se sont échappés des cirques et se sont reproduits. Tu peux nous en dire plus ? »

Le chevalier : « J’ai lu récemment qu’ils s’étaient échappés d’un parc zoologique situé dans le Morbihan… Mais passons. Le premier ibis sacré de Charentmaritimie a été observé sur l’île de Ré le 31 octobre 1983. Mais la population n’est devenue régulière dans le département qu’au cours des années 1990. On a pu compter jusqu’à 350 individus. Il y a quelques années douze couples se sont reproduits et ont élevé des jeunes dans le marais de la Charmante Petite Ville. Toutefois, il faut éviter que la population ne s’accroisse trop car ils peuvent détruire les œufs des oiseaux locaux. »

Max : « Ils vont pas être éradiqués quand même ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Mais un programme de limitation des populations est en cours. »

Léo : « Ils nichent comment les ibis sacrés ? »

Le chevalier : « Souvent dans les héronnières. Je crois que les nids des hérons et ceux des ibis se ressemblent. »

Max : « Tu parles des hérons arboricoles je suppose. »

Le chevalier : « Tu supposes bien 🙂 »

Max : « Et je suppose que les œufs qu’ils détruisent sont ceux des hérons. »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Alors il faut pas que les ibis sacrés se développent trop parce que sinon ils vont embêter les hérons et moi je veux pas qu’on embête les hérons ! Sinon, je fais un rapport à Princesse et ça va pas se passer comme ça ! »

Le chevalier : « D’accord Maxou 🙂 J’ai faim moi. Allons nous installer quelque part que je mange quelque chose. »

Max : « Tu pourras nous donner mon beau livre de zoisos s’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr petitours. Tenez. »

Léo : « Maxou, tu veux bien montrer ce que dit ton beau livre sur les ibis sacrés ? »

Max : « Je veux bien 🙂 … Alors… »

104-2 18 Les petizours 104-2 19 Les petizours

Léo : « Il donne pas beaucoup d’informations. Bonome nous en a dit plus. »

Max : « Il est fort quand même notre bonome. Il connaît des tas de choses et il est toujours d’accord pour nous expliquer. On devrait peut-être arrêter de le taquiner… »

Léo : « On pourrait… Mais je sais qu’il aime bien 🙂 On s’amuse bien et il sait qu’on dit rien méchamment. »

Max : « Tu crois ? »

Léo : « Mais oui 🙂 »

Max : « On s’ennuierait si on le taquinait plus. »

Léo : « On se chamaillerait tous les deux. Et tu sais, lui aussi nous taquine parfois. Comme tout à l’heure, quand il disait qu’il était content de nous avoir au cas où il aurait besoin d’un porte-clés 🙂 »

Max : « On peut même plus être porte-clés ! Il a coupé nos fils rouges 🙂 »

Le chevalier : « Vous papotez tous les deux ? »

Max : « Oui, nous devisions 🙂 »

Le chevalier : « Puis-je me joindre à vous ? »

Max : « Tu peux 🙂 Mais tu peux surtout nous prendre sur tes genoux et nous gratouiller 🙂 »

Le chevalier : « Je pourrais vous chatouiller 🙂 Venez là tous les deux. »

Max : « Dis bonome, on fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas encore… »

Léo : « Moi oui ! Il y a des zoisos là-bas. Alors on va voir qui c’est ! »

Max : « D’accord ! En avant ! »

Léo : « Ils sont loin… »

Max : « Il va falloir utiliser le gros zoom… Bonome va encore ronchonner parce qu’il fait pas de belles fotos. »

Léo : « On s’en fiche nous. Du moment qu’on peut identifier le zoiso… »

104-2 20 Des zoisos 104-2 21 Des zoisos

Max : « Alors… Commençons par le foto de gauche. Au tout premier plan il y a un vanneau huppé, Vanellus vanellus, Charadriidés. »

Léo : « Et des chevaliers. On dirait des gambettes, Tringa totanus, Scolopacidés. »

Max : « Un tadorne de Belon, qui nous tourne le dos. Tadorna tadorna, Anatidés. »

Léo : « Des échasses blanches, Himantopus himantopus, Récurvirostridés. Dites, vous connaissez la blague de Brindille ? »

Max : « Quelle blague ? »

Léo : « Pourquoi ils mentent aux puces les échasses blanches ? »

Max : « Pfff… Les blagues de Brindille sont pires pas drôles que celles de bonome… Et c’est pas peu dire ! »

Léo : « C’est rigolo ! »

Max : « Si tu veux Léo, si tu veux… On peut revenir aux zoisos ? »

Léo : « Oui 🙂 Il y a aussi deux barges. »

Max : « Tu arrives à voir si ce sont des barges rousses ou des barges à queue noire ? »

Léo : « Mmmmm… Qu’est ce que tu en penses toi ? »

Max : « Le bec a l’air très long et sa base est orange. Barge à queue noire ? »

Léo : « Les plumes sous la queue ont l’air blanches… Oui, barge à queue noire. »

Max : « Sur la foto de droite on retrouve les barges à queue noire, les échasses qui mentent aux puces et il y a des mouettes qui rigolent. »

Léo : « Et là, il y a des tas d’échasses qui mentent aux puces 🙂 »

104-2 22 Des zoisos

Max : « C’est même pas un tas ! Tu imagines un tas de zoisos 🙂 »

Léo : « 🙂 Les pauvres ! Ceux du dessous seraient tout crabouillés ! »

Max : « Bonomou, il est tôt encore. On a bien inspecté le Marais… On va quand même pas rentrer à cette heure ci. »

Le chevalier : « Tu pourrais en profiter pour graver ton blog. »

Max : « Mais toi tu as rien à faire. Tu risquerais de t’ennuyer et je veux pas que tu t’ennuies. Où on pourrait aller ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. »

Léo : « Pour rentrer, on va prendre le même chemin que ce matin ? »

Le chevalier : « Oui, mais dans l’autre sens 🙂 »

Léo : « Alors on va passer pas loin du Royaume des Chevaliers 🙂 »

Max : « Léo a raison ! On pourrait y passer ! »

Le chevalier : « Vous voulez retourner au Royaume des Chevaliers ? Ce sera la troisième fois depuis que nous sommes arrivés en Charentmaritimie ! »

Max : « C’est un Royaume très important bonome ! Il faut être sûr que tout s’y passe bien et une troisième inspection ne sera pas de trop ! »

Le chevalier : « Si vous voulez 🙂 »

Continuer la promenade

104-1 Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés

Mardi 19 Juillet, An III

Max : « Bonomou ! Léonou ! Vouzétoù ? »

Léo : « Viens chevalier, on se cache 🙂 »

Le chevalier : « Serais-tu d’humeur taquine ce matin ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 »

Max : « VOUZÉTOÙ ? Ben ça alors ! Où sont-ils passés ? Ils seraient quand même pas allés aux zoisos sans moi ! »

Léo : « Hi hi hi ! »

Le chevalier : « Chut ! Il va nous repérer 🙂 »

Max : « Ah ben ça c’est pas gentil ! Ils sont partis sans moi 🙁 Tout ça parce que j’ai fait une grasse matinée ! Pour une fois que je fais la grasse matinée ! Et c’est même pas ma faute ! C’est Léo qui a encore siffloté toute la nuit ! J’ai même pas pu dormir, alors quand il a arrêté, j’ai tout dormi jusqu’à ce matin et maintenant ils sont partis sans moi. C’est vraiment trop injuste ! »

Max va s’asseoir par terre contre un mur et se met à pleurer. Quand Léo s’en rend compte, il sort de sa cachette et court vers son cousin.

Léo : « Pleure pas Maxou ! On est là ! On s’était cachés pour te faire une farce. Je voulais pas que tu pleures ! Maxou… Viens ici que je te gratte le front ! Mon pauvre Maxou ! »

Léo veut prendre Max dans ses bras pour lui gratter le front. Max lui tourne le dos. 

Max : « Vous êtes pas gentils ! J’ai eu peur moi ! J’ai vraiment cru que vous étiez partis sans moi… »

Léo : « Max, tu sais bien qu’on ferait jamais ça ! C’est ma faute Maxou. Je te demande pardon. Pleure plus s’il te plaît. »

Max : « Vous partiriez pas sans moi ? C’est vrai ? »

Léo : « Ben oui. Qu’est ce qu’on ferait aux zoisos sans toi ? Tu vas pas bien dans ta tête toi ! »

Max : « Tu veux bien me gratter le front ? »

Léo : « Oui Maxou. Viens ici 🙂 »

Max : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn … »

Le chevalier s’approche et prend ses deux petizours contre lui.

Le chevalier : « Mon Maxou, comment as-tu pu imaginer que nous t’aurions laissé seul ? Nous prends-tu pour des sans-cœur ? »

Max : « Je sais pas. Je vous ai pas vus et j’ai paniqué. »

Le chevalier : « Ce sont encore tes rêves d’abandon qui te hantent ? »

Max : « Peut-être… Je sais pas… »

Léo : « Je connais une bonne thérapie moi 🙂 »

Max : « Laquelle ? Tu veux m’envoyer chez le docteur de la tête ? »

Léo : « Non 🙂 Je pensais plutôt à la zoisothérapie 🙂 »

Le chevalier : « Et moi à la chocothérapie 🙂 »

Max (qui retrouve le sourire) : « Le mieux est de combiner les deux. On pourrait se chocolater en zoisotant 🙂 »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Nous irons quérir du chocolat en chemin. »

Max : « Bonome, je peux poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Max : « On va où aujourd’hui ? »

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonomou, tu as pas répondu tout à l’heure. Tu nous as dit de nous préparer et on est partis. On va où ? »

Le chevalier : « J’ai attentivement étudié les cartes et j’ai trouvé une nouvelle zone à explorer. Un vaste étang au-delà de la Charmante Petite Ville. Mais je crains qu’il ne soit pas vraiment accessible. Nous verrons bien… »

Léo : « Un nouveau Royaume ! Rhoooo la chance ! »

Max : « D’accord. Un nouveau Royaume au-delà de la Charmante Petite Ville… On va passer par Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés alors ? »

Le chevalier : « Oui, c’est sur le chemin. »

Max : « On pourrait faire une pause pour fossiler ? J’aime bien fossiler 🙂 »

Le chevalier : « Je crains que la marée nous empêche de le faire… »

Max : « On peut aller voir quand même… Léo, qu’en penses-tu ? »

Léo : « Je sais toujours pas nager moi. Je veux bien mais pas si il y a de l’eau partout à cause de la marée… »

Le chevalier : « Alors nous irons voir 🙂 »

Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés…

104-1 01 Les cailloux tout cassésMax : « L’estran vaseux avec quelques rochers couverts d’algues brunes, une petite bande de sable, la falaise calcaire, les carrelets… C’est tout a fait charmant 🙂 »

Léo : « Typique de la région 🙂 »

Max : « C’est absolument a-do-rable ! »

Léo : « Et au moins, ici, nous ne sommes pas envahis par les touristes ! »

Max : « Absolument mon cher ! Quelle plaie que ces manants en maillots de bain tartinés d’huile solaire ! »

Léo : « Que voulez-vous mon cher ! Une sotte invention que ces congés payés ! Payés pour aller se vautrer sur le sable… Quelle aberration ! »

Max : « Ils viennent sur nos plages, respirent notre air et se baignent dans notre mer ! »

Léo : « Triste héritage du Front Populaire ! Baste ! Laissons-là le passé… »

Le chevalier : « Dites tous les deux, allez-vous donc cesser ? 🙂 »

Max : « Bonome, nous nous livrions à une reconstitution historique ! »

Léo : « Années 1936-1937. Nous pourrions l’intituler : Point de vue des classes aisées sur l’instauration des congés payés. »

Le chevalier : « D’accord. Ça me dit quelque chose… Un dessin dans un journal… Max, je te charge de le retrouver grâce à monsieur Internet. »

Max : « Oulala ! Ça va pas être facile ça ! »

Le chevalier : « Il faut aller jusqu’au bout de ta reconstitution historique 🙂 »

Max : « Je relève le défi ! »

Dessin de DUBOSC pour le canard enchaîné« Les salopards en vacances »

Dessin de DUBOSC paru dans Le canard enchaîné du 12 août 1936

Léo : « Et si on explorait maintenant ? Parce que la mer monte et j’ai pas appris à nager depuis tout à l’heure 🙂 »

Max : « Bonne idée ! Bonome, les falaises d’ici, c’est du Crétacé n’est ce pas ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Même que c’est le Cénomanien inférieur. Mais je me souviens plus des strates… On en voit trois juste là. Tu peux les fotoer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « A ton service mon petitours. »

Max : « Merci mon bonome:) Montre un peu… »

104-1 02 Les cailloux tout cassés

Max : « Ça alors ! J’avais jamais vu ça moi ! »

Léo : « Quoi donc Maxou ? »

Max : « Regarde Léo ! La strate du haut ! C’est tout penché ! Comment c’est possible ça ? Les strates se déposent horizontalement au fond de la mer. Et si elles se plient, elles se plient toutes. Pas seulement celle du haut ! Bonome, explique-nous s’il te plaît. »

Le chevalier : « Parce que tu penses que je peux expliquer cela ? »

Max : « Ben oui ! Tu peux tout expliquer toi. Tout le temps. Ça, ça, ça aussi… Tout ! Nous t’écoutons. » 

Le chevalier : « Revoyons d’abord les strates… Tu avais raison de dire qu’elles se sont déposées au Cénomanien inférieur. Il me semble t’avoir expliqué que la strate inférieure, riche en Ichthyosarcolites triangularis était la 3ème strate du Cénomanien inférieur. Mais je n’en suis toujours pas sûr. »

Max : « Ah oui ! J’avais oublié les idiomachins triangulaires 🙂 »

Léo : « Max ! Tu dis encore des erreurs ! »

Max : « Je rigole mon cousin, je rigole 🙂 »

Le chevalier : « Max… »

Max : « Oui mon bonome 🙂 Que puis-je pour toi ? »

Le chevalier : « Je cherchais, il y a quelques temps de cela, des informations sur les Ichthysarcolites et les Sphaerulites. J’ai donc demandé à monsieur Internet. Les données sont rares. Alors j’ai fait une recherche d’images dans un moteur de recherche… »

Max : « Je suis ravi de l’apprendre mon bonome mais je ne vois toujours pas ce que je peux faire pour toi… »

Le chevalier : « M’écouter 🙂 Les résultats de la recherche d’images m’ont surpris. Tu étais occupé à chahuter avec Léo et je n’ai pas eu le cœur de vous interrompre. Et puis j’ai oublié. »

Max : « Et alors ? »

Le chevalier : « Parmi les premiers résultats il y a des fotos du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. »

Max : « J’en suis fort aise. Et ? »

Le chevalier : « Des fotos de ton blog 🙂 »

Max : « QUOI ? Qu’est ce que tu viens de dire ? »

Le chevalier : « Je viens de dire que si quelqu’un sur terre cherche des images des Sphaerulites ou d’Ichthyosarcolites il tombe sur le site du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris ou ton blog 🙂 »

Max : « QUOI ? Qu’est ce que tu viens de dire ? »

Léo : « Je crois qu’il est en état de choc 🙂 »

Max : « Oulalaaaaaa… »

Léo : « Max, tu devrais être content. »

Max : « Oulalaaaaaaaaa… »

Léo : « Il est reparti ! Il va oulalaer sans fin 🙂 Bonome, tu sais comment arrêter ses oulalas ? »

Le chevalier : « Il faudrait le débrancher et le redémarrer 🙂 Qu’est ce qui ne va pas Maxou ? »

Max : « Bonome ! Le Muséum de Paris ! Il y a les plus grands scientifiques français là-bas ! Et moi je suis qu’un petitours ! »

Le chevalier : « Un petitours naturaliste ! N’oublie pas que tu as un sacado 🙂 »

Max : « Oui, un petitours naturaliste… Mais un petitours quand même ! Je suis pas un grand scientifique moi ! Tu imagines ma responsabilité ? Le quelqu’un dont tu parlais tout à l’heure, il cherche des renseignements exacts. Il peut croire le Muséum de Paris. Imagine que j’ai gravé des erreurs ? Il va falloir tout vérifier bonome ! Allez, on rentre, on a du travail ! »

Le chevalier : « Non Maxou. Nous ne rentrons pas. Ton travail est de qualité. »

Léo : « Maxou ! Tu te rends compte ? Tu es juste à côté des grands scientifiques du Muséum de Paris ! La chance ! Ils publient la revue ESPÈCES et toi le blog de Max 🙂 Rhoooo ! Mon cousin… Je suis si fier de toi ! »

Max : « Bonome… Tu crois qu’ils voudraient bien corriger mon blog les grands scientifiques du Muséum ? »

Léo : « Oh oui ! Il faut leur écrire ! Imagine que tu sois parrainé par le Muséum de Paris ? Ou qu’ils écrivent un article sur ton blog dans la revue ESPÈCES ? »

Max : « J’imagine rien du tout. Je suis qu’un petitours. Il me prendront pas au sérieux… Et je vais plus jamais dormir à cause que j’ai peur d’avoir gravé des erreurs… Ma vie est finie… Je veux redevenir un porte-clés… Non, je vais retourner sur mon étagère, au château de Princesse… »

Léo : « Bonome, sors le chocolat. C’est pour une urgence ! »

Max : « Tu as du chocolat ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours 🙂 »

Max : « Tu veux bien m’en donner un peu ? Et me gratter le front… S’il te plaît… »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Et regardons la mer en écoutant le vent. »

Max : « Il souffle pas beaucoup… C’est le petit vent du jour… Celui qui était venu nous voir au Petit Royaume des Barges. Tu te souviens bonome ? »

Le chevalier : « Je me souviens Maxou 🙂 Puis-je t’avouer quelque chose ? »

Max : « Tu peux bonome. »

Le chevalier : « Il y a un paragraphe de cet article qui m’émeut chaque fois que je lis. »

Max : « Ma prose t’émeut ? »

Le chevalier : « J’en ai les larmes aux yeux 🙂 »

Max : « A cause de ce que j’écris ? »

Léo : « Je crois savoir de quel paragraphe tu parles. Après ta magnifique foto de l’estran qui se fond dans le ciel… Il était intarissable ce petit vent du jour… Il nous aurait raconté la mer depuis la création du monde… La mer qui fait danser les bécasseaux… »

Max : « Tu connais pas cœur ? »

Léo : « Non, mais je le regrette. Tu es doué Maxou. Il est vraiment bien ton blog. C’est pas grave si il y a quelques erreurs. Tu dis toi-même que ça arrive de dire des erreurs. »

Max : « Alors ma vie est pas finie et je redeviens pas porte-clés ? »

Léo : « Non, ce serait du gâchis. »

Max : « Bonome, tu nous as toujours pas expliqué pourquoi ces roches sont pas horizontales ! »

Le chevalier : « Je retrouve mon petitours ! Allons un peu plus loin, nous verrons mieux… »

Léo : « Dis chevalier, il est pas très en forme en ce moment Maxou… Il a peur d’être abandonné, il veut redevenir porte-clés… Qu’est ce qu’il a ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo… Peut-être qu’il travaille trop… Graver le blog lui demande beaucoup de temps et il culpabilise d’être en retard… Il a peur de dire des erreurs… Et je crois que Princesse lui manque. »

Léo : « Tu pourrais pas l’emmener au château ? »

Le chevalier : « Je vais essayer d’organiser une rencontre… Nous sommes arrivés ! Regardez un peu ! »

104-1 03 Les cailloux tout cassés 104-1 04 Les cailloux tout cassés

Max : « C’est étrange… »

Léo : « Ben oui ! D’un côté ça penche comme ça, et de l’autre ça penche dans l’autre sens ! »

104-1 05 Les cailloux tout cassés

Max : « Et au milieu c’est presque plat ! »

Léo : « Ça alors ! »

Max : « Comment tu expliques ça ? »

Le chevalier : « Ce que je vais vous dire n’est qu’une hypothèse, d’accord ? »

Max : « D’accord. »

Le chevalier : « Je suppose que les sédiments se sont déposés dans des chenaux peu profonds. »

Léo : « Des chenaux ? C’est quoi des chenaux ? »

Le chevalier : « Un chenal, des chenaux. Ce sont des passages resserrés entre deux îles ou deux hauts fonds. »

Max : « D’accooord… Mais les sédiments pourraient se déposer horizontalement quand même… »

Le chevalier : « Certes… Mais je crois que c’est à cause du courant. Enfin, ce n’est encore qu’une hypothèse. Le courant est généralement plus fort au centre du chenal. Et il emporte une partie des sédiments. »

Max : « Mouai… »

Léo : « C’est une hypothèse… »

Max : « On est pas tout à fait convaincus… Bon, on peut fossiler maintenant ! »

Le chevalier : « Avançons encore un peu… »

Max : « Regardez les arbres ! Et on voit bien que les cailloux sont tout cassés 🙂 »

104-1 06 Les cailloux tout cassés 104-1 07 Les cailloux tout cassés

Léo : « La falaise s’effondre en gros blocs tout penchés. »

Max : « Et toi, tu cavales là-dessus… Pfff ! »

Léo : « C’est pas vrai ! Aujourd’hui il a été prudent et il a pas marché sur les cailloux tout cassés ! »

Le chevalier : « Non, mais je vais devoir le faire au retour 🙂 »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Pour fossiler 🙂 »

Max : « Tu feras attention quand même ! »

Le chevalier : « Max, je fais toujours attention. »

Max : « Bonome, tu nous as déjà expliqué, mais pourquoi les arbres sont penchés ? »

Le chevalier : « Le vent, qui vient de la mer, porte des embruns. Ce sont de petites gouttes d’eau chargées en sel. Les embruns brûlent les bourgeons du côté exposé au vent et seules les branches situées de l’autre côté parviennent à bien se développer. »

Max : « Mais le tronc ? Il est penché aussi le tronc ! »

Le chevalier : « C’est à cause du vent. C’est ce qu’on appelle anémomorphose. »

Max : « Merci bonome. Allez, la chasse aux fossiles commence ! »

Léo : « VENEZ VOIR ! J’AI TROUVÉ QUELQUE CHOSE ! »

104-1 08 Léo fossileur

Max : « C’est un Mollusque Bivalve… On voit des stries concentriques sur la valve. Bonomou, tu le connais ce Bivalve ? »

Le chevalier : « Il est usé, incomplet… Pas facile… Je connais une espèce du Cénomanien inférieur qui ressemble un peu : Panopea striata. Mais je ne suis pas sûr que ce soit ça… »

Max : « Pas grave bonome. On va dire que c’est une hypothèse… Moi, je vois rien du tout, à part des cailloux… »

Le chevalier : « Pareil pour moi… »

Léo : « LÀ ! Venez voir ! »

Max : « Rholala ! Il est fort Léonou ! Quel œil mon cousin 🙂 On l’aurait pas déjà vu celui-là ? »

104-1 09 Léo fossileur

Le chevalier : « Si 🙂 C’est un fossile fréquent au Cénomanien. »

Max : « C’est qui ? Tu nous présentes s’il te plaît. »

Le chevalier : « C’est une alectryonie, Arctostrea ou Alectryona carinata. »

Max : « Tu es sûr cette fois ? »

Le chevalier : « Non, pas tout à fait… »

Max : « Bonome, il va falloir que tu révises les fossiles du Cénomanien inférieur ! Ça va pas du tout ça ! On te trouve deux espèces et tu es même pas sûr de les reconnaître ! »

Léo : « JE lui trouve deux espèces ! Toi, tu trouves rien du tout ! Tu sais même pas fossiler ! »

Max : « Je te signale que j’ai commencé à fossiler avant toi ! Même que j’ai déjà de beaux fossiles dans ma collection ! »

Léo : « Quelle collection ? Le fourbi sur une étagère dans la cabane ? C’est pas une collection ça ! »

Max : « Bonome ! Léo me critique ! »

Le chevalier : « Il faut reconnaître qu’il n’a pas tout à fait tort 🙂 Max, pour constituer une collection, des échantillons naturalistes doivent être classés. Toi, tu les entasses sur une étagère. »

Max : « J’ai pas le temps de m’en occuper et tu veux jamais m’aider ! »

Le chevalier : « Je ne t’ai jamais entendu me demander de t’aider mon petitours. »

Max : « Je veux pas t’embêter. Tu as déjà beaucoup de travail pour la schola. »

Le chevalier : « D’accord. Je vois. Je te remercie de ne pas m’embêter mon petitours. »

Max : « De rien bonomou 🙂 Léo, qu’est ce que tu regardes ? »

Léo : « Un zoiso… Je pense que c’est un rougequeue noir, Phoenicurus ochruros, Muscicapidés. »

104-1 10 Un rougequeue noir 104-1 11 Un rougequeue noir

Max : « Bien vu Léonou 🙂 »

Léo : « On dirait qu’il est tout jeune… »

Max : « Il date de ce printemps. Il a quelques semaines… »

Léo : « On a pas vu beaucoup de zoisos… »

Max : « Ben non. C’est pas facile de voir des zoisos quand on fait la paléontologie. Pour fossiler il faut regarder par terre. Alors on peut pas voir les zoisos. Mais bonome a dit qu’on irait inspecter un nouveau Royaume 🙂 Il doit y avoir des zoisos là-bas. »

Léo : « Il s’appelle comment ce Royaume chevalier ? »

Le chevalier : « Le Royaume des Tadornes. »

Léo : « Le Royaume des Tadornes ? Rhoooo… Des tadornes… »

Max : « Et si on y allait ? Parce que la mer monte. Elle va déborder la mer. Il y va y avoir de l’eau partout et tu nous as toujours pas appris à nager ! »

Le chevalier : « Je ne t’aide pas à classer ta collection. Je ne vous apprends pas à nager… Quel mauvais bonome je suis ! »

Max : « On t’en veut pas bonome. Tu as des qualités quand même… »

Le chevalier : « Je suis ravi de l’apprendre 🙂 Pourrais-je en connaître une ? »

Max : « Euh… Demande à Léo 🙂 »

Léo : « Tu es d’une patience impressionnante avec Max 🙂 »

Le chevalier : « Où vas-tu Léo ? »

Léo : « Sur le sable… J’ai vu des empreintes bizarres… Venez voir ! »

Max : « Il s’arrête jamais ce Léo ! Il te ressemble de plus en plus bonome 🙂 »

Le chevalier : « Tu l’as bien formé je crois. »

Max : « Il se forme tout seul tu sais. Il est très autonome Léonou. Comme toi 🙂 »

Léo : « Dites, si on jouait aux naturalistes ? »

Max : « Léonou, on joue pas aux naturalistes ! On a des sacados et on fait des tas de choses fortes savantes dans la nature. On EST des naturalistes ! »

Léo : « D’accord ! Alors on regarde par terre et on dit tout ce qu’on voit ! »

104-1 12 Des empreintes 104-1 13 Des empreintes

Max : « Je commence ! Il y a des empreintes d’un zoiso. Je dirais que ce sont… des empreintes de… D’une aigrette garzette ! »

Léo : « Oui, les grandes. Mais il y a aussi des empreintes de mouette qui rigole, dans le coin de la foto ! »

Max : « Il y a des traces faites par des espèces de pointes… Je vois pas qui a pu laisser des empreintes comme celles-là… »

Léo : « Moi non plus… »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Les empreintes sont nombreuses, faites par des pointes… Je dirais que c’est une piste de crabe. »

Léo : « Ouiiii ! Bien sûr ! On aurait dû y penser ! »

Max : « Je vois aussi des traces de vers. »

Léo : « Oui, des terriers en U. Avec un orifice qui correspond à la bouche du ver et l’autre à son anus. Il aspire la vase avec la bouche alors l’orifice est au milieu d’une petite dépression. Et il rejette la vase par l’anus et l’orifice anal est entouré d’un petit cratère. »

Max : « Il est vraiment fort ce Léo 🙂 Et toi bonome, qu’est ce que tu vois ? »

Le chevalier : « Un fin film d’algues et de bactéries qui recouvre la vase. »

Max : « On voit pas ça nous. »

Le chevalier : « Si, sans le voir 🙂 »

Max : « Explique-toi. »

Le chevalier : « Normalement, la vase est grise. On peut le voir à certains endroits. »

Max : « Oui, là. Et là. »

Léo : « Mais ailleurs elle est pas grise. »

Le chevalier : « Non, elle est couverte d’algues microscopiques et de bactéries 🙂 »

Léo : « D’accord ! Et les vers avalent la vase, mangent les algues et les bactéries et rejettent ce qui est minéral ! »

Max : « Tu m’as pas expliqué quelque chose avec les bécasseaux qui ressemblait à ça ? »

Le chevalier : « Peut-être. Je ne me souviens pas de tout ce que je t’ai dit 🙂 Certains oiseaux limicoles peuvent prélever ce film d’algues et de bactéries pour s’en nourrir. Mais il faut qu’il soit plus humide. Ils battent du bec, en l’écartant d’un certain angle, assez petit, et à un rythme particulier. Ces mouvements font remonter jusqu’à leur gorge une fine goutte d’eau couverte d’algues et de bactéries. »

Max : « Moi je préfère le chocolat. Bonome, tu m’en donnerais un peu ? Pour ma chocothérapie 🙂 »

Le chevalier sort un peu de chocolat et le donne à Max.

Max : « Merci bonomou 🙂 Tiens mon Léo. On partage 🙂 … Zutalor ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il se passe ? »

Max : « On a oublié de demander des indices de la présence de dragons au jeune rougequeue noir ! »

Léo : « C’est pas grave Maxou. »

Max : « Comment ça c’est pas grave ? Et comment on va trouver un dragon pour Princesse si on demande pas des indices aux zoisos ? »

Léo : « Max ! Il était bien trop jeune ce zoiso ! Il aurait pas pu nous répondre ! »

Le chevalier : « Léo a raison Max. Bon pochez-vous. Nous allons au Royaume des Tadornes ! »

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