79.2 – Le Veryarc’h

Mercredi 2 Mars, An III (suite)

Max : « On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Au Veryarc’h. Mais d’abord nous allons observer les falaises depuis la Longue Pointe… Voilà… Qu’en pensez-vous ? »

79.2 01 Veryarch

Max : « Bonome, Léo a perdu sa mâchoire 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 C’est beau, n’est ce pas ? »

Léo : « Rholalaaaaa… C’est magnifique ! Quel beau paysage ! »

Max : « C’est ça le Veryarc’h ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Et on va tout explorer ? »

Le chevalier : « Tout, oui 🙂 »

Max : « Je commence à comprendre la journée un peu dense… »

Léo : « Tu nous fais une petite présentation avant d’y aller s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Nous sommes sur les grès armoricains de la Longue Pointe. On en voit un petit pointement qui dépasse de la végétation tout à gauche. Derrière, ce sont les schistes de Postolonnec inférieurs. Au niveau de l’accès à la plage il y a une faille qui affecte ces schistes mais elle est peu visible. Puis il y a les grès de Kérarvail. Viennent ensuite les schistes de Postolonnec supérieurs. La partie blanche et massive de la falaise est occupée par les Grès de Kermeur. »

Max : « Tout ça on l’a déjà vu ailleurs 🙂 »

Léo : « Même les grès de Kéleur ? »

Max : « Les grès de Kermeur Léo. Oui, souviens-toi ! C’était à la Pointe de l’Aber, à côté du Petit Fleuve. Il y avait plein de dolérites à côté. »

Léo : « Ah oui ! Mais c’est pas la Pointe de l’Aber mais la Pointe de Raguenez Maxou. »

Le chevalier : « Après les grès de Kermeur la falaise se poursuit par les Schistes du Cosquer. La falaise du Veryarc’h se termine là. »

Max : « Mais, bonome, à Raguenez, après les Grès de Kermeur il y avait les Tufs et calcaires de Rosan. Pourquoi ici c’est pas pareil ? »

Le chevalier : « C’est ce qu’on appelle une variation latérale de faciès. Les éruptions ont eu lieu là-bas, pas ici. Et dans les conditions qui régnaient à Rosan, ce sont des calcaires qui se sont déposés et non des Schistes… Au-delà de la falaise du Veryarch, vous voyez peut être l’Anse de Lamm Saoz. Je vous ferai plus tard une autre présentation. »

Léo : « Tout ça ! Rhoooo… »

Max : « On va voir 6 formations ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 C’est l’une des plus belles coupes paléozoïques de France 🙂 C’est une référence mondiale pour l’Ordovicien et la base du Silurien. Devant vous sont accumulées 50 millions d’années d’archives sédimentaires et paléontologiques. »

Léo : « Ben voilà ! On va marcher 50 millions d’années cet après-midi ! »

Max : « Une journée assez dense disait-il ! »

Le chevalier : « Je vous ai fait un petit tableau qui vous permettra de mieux comprendre. J’espère ne pas avoir fait d’erreur. »

Ordovicien

Supérieur

Ashgill

6 Schistes du Cosquer

Caradoc supérieur

Caradoc moyen

5 Grès de Kermeur

Caradoc inférieur

4 Schistes de Postolonnec supérieurs

Inférieur

Llandeilien supérieur

Llandeilien inférieur

3 Grès de Kérarvail

Llandeitien supérieur

Llandeitien inférieur

2 Schistes de Postolonnec inférieurs

Landvirnien

Arénig

1 Grès armoricains

ver03

Max : « Merci bonome… Bon, on y va maintenant ? »

Le chevalier : « Allons-y 🙂 »

***

79.2 02 Veryarch Ouest 79.2 03 Veryarch Est

Léo : « Rholala ! Qu’est ce que c’est beau ! »

Max : « Toutes nos inspections commencent par un rholala léonin 🙂 »

Le chevalier : « Je partage son enthousiasme… regarde-moi ce paysage mon Maxou. »

Max : « Je le vois 🙂 Dis bonome, on va retourner voir les Schistes de Postolonnec inférieurs, à droite de la plage ? On y est déjà allés mais on a surtout regardé les zoisos. On peut aller observer les roches. Il y a peut être des fossiles… »

Le chevalier : « C’est par là que nous allons commencer. Descendons doucement. »

79.2 04 Pen Hir

Max : « Ben voilà ! On se retrouve encore sur des cailloux tout cassés et tout glissants… »

Léo : « C’est comme ça la géologie Maxou… On peut pas observer les roches depuis son fauteuil. Ou alors en fotos. Mais c’est moins intéressant. »

Max : « Tu vas encore rechercher le contact entre les grès armoricains et les Schistes de Postolonnec ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Ce n’est pas la peine, il se voit dans le paysage. Regardez. »

79.2 05 Vers Pen Hir

Max : « Qu’est ce que tu vois ? »

Le chevalier : « Des tas de choses… Voyez-vous le contact entre les grès et les schistes ? »

Léo : « Pas vraiment 🙁 Tu le vois toi Maxou ? »

Max : « Je vois rien du tout… A part qu’à gauche il y a les grès armoricains. »

Le chevalier : « Oui, et ils percent la végétation. Elle est assez maigre d’ailleurs sur les grès. Et puis la falaise est souvent minérale. Par contre, plus à droite, on ne voit pas les roches. Elles sont couvertes par un sol plus épais. On aperçoit même une loupe de glissement. »

Max : « Une loupe de glissement ? »

Le chevalier : « Oui, regardez bien. On voit un creux dans le sol qui couvre la falaise. »

Max : « C’est pas vraiment un creux. On dirait plutôt que la végétation est plus claire. »

Le chevalier : « Je me trompe peut être mais je pense que le sol a glissé un jour qu’il était gorgé d’eau. »

Max : « D’après ce que tu dis, la limite entre les grès et les schistes se trouverait quelque part au milieu de la falaise. »

Le chevalier : « Oui, elle passe en avant de l’escarpement rocheux le plus à droite et des pointements de grès les plus à droite aussi. »

Léo : « C’est presque une parallèle à la falaise. »

Le chevalier : « Pas tout à fait mais presque. »

Max : « On regarde beaucoup les paysages aujourd’hui 🙂 »

Le chevalier : « Je néglige trop souvent de le faire… Allons observer les roches. »

Max : « Schistes de Postolonnec nous voici ! »

79.2 06 Nodules de pyrite

Léo : « C’est quoi tous ces machins dorés ? C’est de l’or ? »

Le chevalier : « L’or des fous ! »

Max : « L’or des fous ? »

Le chevalier : « Oui, l’or des fous ! Seuls les fous peuvent confondre la pyrite et l’or ! »

Léo : « Je suis pas fou moi 🙁 C’est pas gentil de dire ça. C’est quoi la pyrite ? »

Le chevalier : « Je te demande pardon mon Léo. Mais la pyrite est réellement surnommée l’or des fous 🙂 C’est un sulfure de fer (FeS2). Elle se forme dans les sédiments pauvres en oxygène. Le fer vient des roches ou de la matière organique. Le soufre est surtout d’origine organique. Les protéines en contiennent et leur dégradation donne des sulfates (So42-) mais en absence d’oxygène, des bactéries réduisent les sulfates, ce qui produit de l’hydrogène sulfuré (H2S). C’est un produit très toxique qui sent l’œuf pourri. Ensuite l’hydrogène sulfuré se combine avec le fer et on obtient de la pyrite. Sa présence nous indique donc une faible teneur en oxygène de la mer et des sédiments et un milieu de vie assez inhospitalier. »

Léo : « Tu en connais des choses chevalier ! »

Max : « C’est normal ! Il a vu tout ça se former. »

Le chevalier : « Max, tu penses vraiment que je suis aussi vieux que ça ? »

Max : « Bien sûr que non bonome. Mais dès qu’on te montre quelque chose, tu nous expliques tout. Là, Léo te montre un caillou doré et tu nous expliques que la mer manquait d’oxygène, comme si tu y étais. Nous, on commence la géologie. On est néophytes. On voit de belles roches et on arrive un peu à les distinguer les unes des autres. Toi, quand tu vois un caillou, tu nous racontes l’histoire du monde depuis sa création. Alors ça nous amuse de nous moquer de toi en disant que tu t’es baigné dans les mers de l’Ordovicien. Des fois, quand t’es pas là, on t’imagine dans les temps anciens, parmi les dinosaures et tous les zanimos bizarres que tu nous présentes comme si tu les avais vus la veille. C’est pas méchant. »

Le chevalier : « Je sais bien que vous n’êtes pas méchants mes petizours. Ça vous amuse vraiment de m’imaginer aux temps anciens ? »

Léo : « Oui 🙂 On rigole bien. Un jour on te racontera 🙂 »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Bon, allez chercher des fossiles, je vous attends ici. »

Max : « On court pas ! Promis ! »

79.2 07 Trilobite 79.2 08 Gastéropode 79.2 09 Brachiopode

Léo : « Venez ! J’ai trouvé un moulage externe de trilobite ! »

Max : « Et moi un moulage interne de gastéropode ! »

Le chevalier : « Et là il y a un moulage interne de brachiopode 🙂 »

Léo : « C’est quand même pas des fossiles qui vont finir dans des musées 🙁 »

Max : « On est un peu ridicules avec nos trouvailles toupourries 🙁 »

Le chevalier : « Vos découvertes sont très intéressantes mes petizours. Elles nous renseignent sur la faune qui vivait dans la mer de l’époque. »

Léo : « Après l’Arénig la mer est devenue plus profonde. C’est pour ça que c’est des schistes. Les vagues de beau temps n’ont plus eu d’influence sur les sédiments. Seules les grosses tempêtes ont pu laisser des traces. »

Le chevalier : « C’est exact. La plate-forme sous-marine s’est approfondie progressivement, ce qui explique que la transition entre les grès et les schistes soit si difficile à voir. Mais la profondeur s’est ensuite stabilisée. »

Max : « A quelle profondeur ? »

Le chevalier : « Difficile à dire. Il me semble qu’elle dépassait 200 mètres. Ce que je sais, c’est que la profondeur augmentait à mesure qu’on se déplaçait du nord (Normandie) vers le sud (Crozon). »

Max : « Mais bonome, à cette profondeur il n’y a plus des végétos. Ils mangeaient quoi les zanimos de nos fossiles ? »

Le chevalier : « C’étaient des organismes filtreurs ou des nécrophages. Les Arthropodes marins comme les trilobites sont souvent nécrophages. »

Léo : « Ils mangeaient les cadavres ? »

Le chevalier : « Oui, c’est la définition de nécrophage 🙂 D’autres filtraient la matière organique présente dans les sédiments. La faible teneur en dioxygène empêchait sa décomposition. Allez, venez voir les Grès de Kerarvail. »

79.2 10 Grès de Kerarvail

Max : « C’est ça les Grès de Kerarvail ? Mais à Postolonnec ils font dix mètres d’épaisseur ! Et ici il y a juste une petite barre de grès qui s’interrompt comme ça, d’un coup ! »

Le chevalier : « Il y a d’autres barres de grès. Ce sont des traces de fortes tempêtes. »

Max : « Le vent s’était déchaîné ! »

Le chevalier : « Ne le dis pas trop fort ! Tu pourrais lui donner envie de nous faire une démonstration 🙂 »

Max : « Oh j’aimerais bien le voir souffler très fort un jour. Mais pas aujourd’hui. On a des tas de choses à voir ! »

Léo : « Ben oui ! On doit marcher 50 millions d’années ! »

Le chevalier : « Effectivement ! Alors avançons. Vous connaissez déjà les Schistes de Postolonnec supérieurs. »

79.2 11 Schistes de Postolonnec 79.2 12 Schistes de Postolonnec

Max : « Oui, on les a déjà vus à Postolonnec. Ici aussi il y a des dolérites ? »

Le chevalier : « Non, pas ici. »

Max : « Les volcans, c’était que là-bas alors. »

Le chevalier : « Pas seulement. Nous irons peut être voir d’autres traces de volcanisme un autre jour. Mais c’est plus au sud, dans le prolongement de l’Aber. »

Max : « Bonome, regarde, il y a des grottes. Tu crois qu’il y a des fossiles ? On peut aller voir ? »

79.2 13 Grottes 79.2 14 Grottes

Léo : « Tu vois quelque chose ? »

Le chevalier : « Oui, là, à gauche, il y a deux pygidiums de trilobites. Et plus à droite, on peut voir un gastéropode allongé et pointu. »

79.2 15 Pygidium 79.2 16 Gastéropode

Max : « On peut chercher par terre ? Dans les cailloux, comme en Charentmaritimie. »

Le chevalier : « Si vous voulez 🙂 Mais la probabilité que vous trouviez un fossile est assez faible… »

Max : « J’en ai un ! Même que c’est un pygidium un peu usé. »

79.2 17 Le pygidium 79.2 18 Le pygidium

Le chevalier : « Max, où as-tu trouvé ce pygidium ? »

Max : « Ben là 🙂 »

Le chevalier : « Tu es sûr ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Parce qu’il ressemble étrangement à celui que j’ai trouvé ici l’an dernier et qui se trouvait dans la pochette contenant toutes vos affaires. »

Max : « Tiens, ça me fait penser qu’on t’a pas remercié pour les imperméables 🙂 Merci bonome, grâce à toi on sera pas tout mouillés 🙂 »

Le chevalier : « Max ! »

Max : « Oui, d’accord, c’est ton fossile. Je l’ai pris dans la pochette ce matin. Mais je voulais en trouver un, pour montrer à Princesse que je suis un bon fossileur… »

Le chevalier : « Tu es un bon fossileur Maxou. Pas la peine de tricher. Que va penser Princesse maintenant ? »

Max : « On est pas obligés de lui dire que j’ai triché. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Je ne lui dirai rien. Promis. »

Max : « Merci mon bonome. Tiens, je te rends ton pygidium. »

Léo : « Hé ! Venez voir ! Il y a un changement de couche ici ! On passe des schistes à des grès ! »

Le chevalier : « Bien vu Léo ! Mais je ne pense pas que c’est le passage des Schistes de Postolonnec aux Grès de Kermeur. Quoi que… Peut-être… »

Max : « La transition se voit sur l’estran ! Léo, mets-toi sur les grès et moi je reste sur les schistes… Voilà ! On est dans des mers de profondeurs différentes:) Tu peux nous fotoer s’il te plaît ? Dépêche-toi, il se met à pleuvoir ! »

79.2 19 Kermeur inf 79.2 20 Kermeur inf

Léo : « Zutalor ! Il pleut fort ! On fait quoi ? On va pas rentrer quand même ? Peut-être que ça va pas durer… »

Le chevalier : « Vous êtes protégés par vos imperméables. On avance. Et pour les fotos, je prendrai celles de l’an dernier. »

Max : « Oulala ! Ça c’est de l’aventure ! On y va ! »

Max : « Heu… Bonome, tu vas où là ? Tu vas pas passer par là ! Tu préfères pas contourner le rocher et passer par le plage ? »

79.2 21 Vers Kermeur

Le chevalier : « Si, mais il va nous falloir attendre une demi heure que la marée descende. »

Max : « Pas grave, on est pas pressés. »

Le chevalier : « Non, je n’attends pas. Allez, on passe. »

Max : « Et tu vas faire comment ? Parce qu’il y a de grandes cuvettes d’eau avec des tas de cailloux. Faut pas aller là ! C’est dangereux. »

Le chevalier : « Le plus simple est de passer par la paroi de droite. »

Max : « Passer par la paroi ? C’est quoi passer par la paroi ? »

Le chevalier : « En escalade on appelle ça une traversée. »

Max : « Tu vas pas faire ça ? Léo, aide-moi s’il te plaît. »

Léo : « Non, je voudrais le voir faire 🙂 Avec son gros manteau et son sacado, son appareil foto et ses deux petizours… Viens Maxou, on se poche. »

Max : « Tu le laisses faire l’escalade comme ça ! »

Le chevalier : « Max, il y a à peine 6 à 7 mètres à faire… Tu vois, ce n’était pas si terrible. »

Max : « Je te parle plus. J’ai eu peur que tu tombes 🙁 »

Léo : « Il s’en est plutôt bien sorti, tu ne trouves pas Maxou ? »

Max : « Vas-y, encourage-le à recommencer ! »

Le chevalier : « Ça suffit Max. Cesse donc de ronchonner. Allons voir les Grès de Kermeur. »

79.2 22 Kermeur inf

Léo : « Ça c’est de la falaise 🙂 Ils font quelle épaisseur les Grès de Kermeur ? »

Le chevalier : « 220 mètres il me semble. Ils débutent par un conglomérat. Ce que nous avons vu tout à l’heure n’était pas la limite entre les deux formations… Le conglomérat indique qu’il y a eu émersion. La mer s’est retirée avant une nouvelle transgression. Une mer peu profonde est venue recouvrir la plate-forme. »

Max : « Un mer peu profonde ? Avec action des vagues de beau temps ? Il peut y avoir des ripples-marks alors ! Venez, on va voir sur la paroi. »

79.2 23 Kermeur inf

Max : « Bof… Pas terrible ces ripples-marks. Elles sont tout érodées. On les voit à peine… »

Le chevalier : « Prenons un peu de recul pour observer la partie inférieure de ces grès. »

Léo : « Il y a des passages de schistes. C’est à cause des variations du niveau de la mer. Elle est devenue plus profonde mais pas longtemps. »

79.2 24 Kermeur inf 79.2 25 Kermeur inf

Le chevalier : « C’est exact. Un examen attentif de la falaise montrerait qu’il y a eu plusieurs cycles de transgressions-régressions. »

Léo : « Ben, c’est un peu normal avec les mers peu profondes. A la moindre baisse du niveau de la mer, il y a plus d’eau du tout. »

Max : « Donc, on est encore dans un environnement côtier avec des fleuves qui apportent des sables et des argiles. Vous avez vu la faille ? »

Léo : « Oui, elle coupe la falaise en biais. Mais c’est pas une faille très importante. »

Max : « Bonome, tu peux fotoer le bas de la falaise s’il te plaît. Je trouve ça très beau l’alternance de grès jaunes en cubes et de schistes sombres en feuillets. »

79.2 26 Kermeur inf 79.2 27 Kermeur inf

Le chevalier : « Avançons pour voir la partie supérieure des Grès de Kermeur. »

79.2 28 Kermeur 79.2 29 Kermeur

Max : « Il y a des plis. »

Léo : « Ils vont dans un sens puis dans l’autre. »

79.2 30 Kermeur 79.2 31 Kermeur

Le chevalier : « On les appelle des plis en genou. »

Léo : « J’ai quand même du mal à concevoir qu’une couche de 220 mètres d’épaisseur de roches soit redressée presque à la verticale, et qu’en plus elle soit tout pliée comme ça. »

Max : « C’est à cause de la tectonique Léo. »

Léo : « Je sais Maxou, mais tu te rends compte du temps que ça prend ? Parce que pour le moment, le chevalier nous explique les dépôts des sédiments. Mais après, il faut bien les transformer en roches et puis former les montagnes pour qu’il y ait les plis. Et encore après, il faut tout éroder les montagnes. Parce que en Bretagne il y en a pas des montagnes. Moi ça m’impressionne tout ça. Ça donne un peu le vertige. »

Max : « Je te comprends Léo. Mais je suis presque sûr qu’il nous réserve encore des surprises. Encore plus impressionnantes… »

Le chevalier : « Venez mes petizours, continuons notre voyage dans le temps… Voici le passage au Schiste du Cosquer. »

Max : « Le gros rocher là, c’est les Schistes du Cosquer ? »

79.2 32 Kermeur Cosquer 79.2 33 Kermeur Cosquer

Le chevalier : « Non, il est constitué de grès de Kermeur. A la fin du Caradoc moyen, vers 444 millions d’années, la mer s’est retirée en raison d’une glaciation. Une gigantesque calotte de glace recouvrait l’Afrique, entraînant une diminution du niveau marin de 150 mètres. Ceci s’est traduit par l’émersion des fonds marins et leur érosion. Plus tard, vers 442 millions d’année la calotte a fondu provoquant le retour de la mer et la reprise de la sédimentation. Un conglomérat s’est mis en place et il a comblé les reliefs dus à l’érosion. Le passage des grès aux schistes se voit dans ce que tu appelles le gros rocher. J’ai trouvé une foto sur laquelle est indiquée la limite. A gauche ce sont les Schistes du Cosquer au sens strict. »

Max : « La dalle qui forme le toit de la grotte, elle appartient à quelle formation ? »

79.2 34 Kermeur Cosquer 79.2 35 Cosquer inf

Le chevalier : « C’est le conglomérat de base de la formation du Cosquer. »

Léo : « Et la roche noire après ? C’est des schistes ? »

79.2 36 Cosquer inf Le chevalier : « Oui Léo. Le protolithe est une argilite. Ces schistes sont assez homogènes et forment la partie moyenne de la formation du Cosquer. Venez voir les schistes supérieurs, ils montrent des structures géologiques assez intéressantes… »
79.2 37 Schistes du Cosquer 79.2 38 Schistes du Cosquer
79.2 39 Schistes du Cosquer 79.2 40 Schistes du Cosquer

Max : « C’est quoi ? Il y a des morceaux de je-sais-pas-quoi dans les schistes. »

Léo : « Ça fait comme des grumeaux. »

Max : « Mais on voit des couches dans les grumeaux. »

Léo : « C’est étrange. »

Max : « Je dirais même que c’est bizarre. »

Léo : « Ben oui. Tu sais bien qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre 🙂 »

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « Vous avez compris que les schistes indiquent une sédimentation de plate-forme en domaine assez profond. Mais au bord de cette plate-forme il y a une pente, le talus, qui remonte un peu brutalement. Au sommet du talus, la mer est très peu profonde. »

Max : « C’est le bord de mer. Et c’est du sable qui se dépose. »

Léo : « Et les sables donnent des grès. »

Le chevalier : « Oui, vous avez tout compris 🙂 Ce que vous appelez des grumeaux sont des morceaux de dépôts sablo-gréseux qui sont tombés le long du talus et ont été inclus dans les schistes. »

Max : « Mais pourquoi ils sont tombés ? »

Le chevalier : « Probablement à cause de séismes… »

Max : « Encore des séismes ? Eux aussi ils étaient dus à un mouvement de compression, comme pour les phyllades de Douarnenez ? »

Le chevalier : « J’ai lu quelque part que les mouvements étaient distensifs. »

Max : « Ça s’écartait ? D’accord. Tu sais pourquoi ? »

Le chevalier : « Non, je reconnais mes limites. Nous arrivons à l’anse de Lamm Saoz. Je vous propose de faire une pause. »

Max : « Moi je veux bien faire une pause parce qu’on a déjà beaucoup marché. »

Le chevalier : « Arrêtons-nous là et profitons du panorama sur l’Anse de Lamm Saoz. »

79.2 41 Vue de Lamm Saoz

Léo : « C’est beau ! On va y aller aussi ? »

Max : « Ben oui, il l’a annoncé tout à l’heure. »

Léo : « On a parcouru combien de millions d’années déjà ? »

Le chevalier : « De l’Arénig à la fin de l’Ashgill… 50 millions d’années 🙂 »

Max : « C’est ce que tu avais annoncé 🙂 »

Le chevalier : « Alors je m’étais trompé 🙂 A Lamm Saoz nous allons parcourir 50 autres millions d’années… »

Max : « Encore 50 millions d’années ! »

Léo : « On aura marché 100 millions d’années ! »

Max : « Et si on ajoute les phyllades de ce matin, ça fait combien ? »

Le chevalier : « De 600 à 385 millions d’années… »

Max : « 215 millions d’années ! Léo tu te rends compte ! On aura exploré 215 millions d’années ! »

Léo : « Rholala ! C’est pas tout le monde qui fait ça dans la journée 🙂 Rhooo ! »

Max : « Bonome, je peux te poser une question ? Mais j’ai peur qu’elle soit un peu bête… »

Le chevalier : « Ne crains rien mon petitours. Je t’écoute. »

Max : « Ben, c’est que les couches se déposent les unes sur les autres. Alors normalement on devrait voir que le sommet de la dernière. Pourquoi on voit toutes les couches côte à côte ici ? »

Léo : « Je crois que je sais. Je peux proposer une réponse ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « C’est parce que les couches sont très penchées. On avoit bien que les grès de Kermeur sont presque verticaux. C’est pour ça qu’on voit toutes les couches côte à côte. »

Max : « J’aurais pu y penser ! Je suis bête moi 🙁 »

Le chevalier : « Non Maxou. Tu as vu beaucoup de choses et tu es fatigué. Tu sais, c’est toujours difficile de comprendre ce qu’on voit sur le terrain. C’est souvent de retour dans la cabane, en relisant les documents et en observant attentivement les photographies que tout s’éclaire. Tiens, il m’a fallu des mois pour comprendre que la coupe que nous venons de parcourir est en fait le flanc Est d’un vaste anticlinal dont le cœur est occupé par les phyllades de Dournenez, que nous avons observées à Pen Hat Et Porzh Naye. »

Max : « Tu peux me rappeler ce que c’est un anticlinal s’il te plaît. »

Le chevalier : « Un vaste pli dont la courbure se fait vers le haut. »

Max : « Ah oui ! Comme le A de Anticlinal. Mais en arrondi et sans la barre horizontale 🙂 »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Max : « Mais c’est tout plat ! Ça peut pas être un anticlinal ! »

Le chevalier : « Sauf si il a été entièrement érodé. Regardez cette coupe. »

79.2 42 Colonne Veryarch

Léo : « On voit tout ce qu’on vient de faire ! »

Le chevalier : « Mais il faudrait ajouter les grès armoricains puis les phyllades de Douarnenez à gauche. Puis de nouveau les grès armoricains de la Pointe du Toulinguet. Observez bien le sens dans lequel penchent les couches. »

Max : « Le pendage ? Il est vers le nord ouest. »

Le chevalier : « Maintenant, reprenons la carte… »

Léo : « Il y a pas la légende 🙁 »

79.2 43 Carte simplifiée Le chevalier : « Vert : Phyllades ; Jaune : Grès armoricains ; Bleu : Schistes de Postolonnec ; Gris : Grès de Kermeur ; Orange : Schistes du Cosquer. Voyez-vous apparaître l’anticlinal ? »

Max : « Pas vraiment… »

Le chevalier : « Reliez les limites des couches par un arc de cercle imaginaire au dessus de la feuille. »

Max : « Mmmmm… Oulala ! J’ai compris ! »

Léo : « Je crois que moi aussi ! »

Max : « Mais… C’est pas possible… Ça veut dire qu’au dessus des phyllades il y a les arcs de cercle de toutes les autres formations avec leur épaisseur. Tu peux les redonner ces épaisseurs s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Grès armoricains : 600m ; Schistes de Postolonnec : 450m ; Grès de Kermeur : 220 m ; Schistes du Cosquer : 190 m. »

Max : « Soit environ 1500 m ou encore 1,5 km. Bonome, il est où ce kilomètre et demi de roche ? C’est l’érosion qui l’a enlevé ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas moi qui l’ai pris 🙂 »

Léo : « C’est possible d’éroder 1,5 km d’épaisseur de roches ? »

Le chevalier : « Je crois que vous venez de comprendre que oui 🙂 La Bretagne appartient à une ancienne chaîne de montagnes appelée Massif Armoricain. Tout porte à croire que cette chaîne dépassait les Alpes en altitude. »

Léo : « Mais il y a pas des montagnes en Bretagne. C’est tout plat ! »

Le chevalier : « Pas tout à fait. Le plus haut sommet dépasse les 300 mètres 🙂 »

Max : « C’est pas des montagnes ça ! »

Le chevalier : « Parce que l’érosion est passée par là 🙂 »

Léo : « Rholala ! C’est bien la géologie ! »

Max : « Oui c’est bien, mais c’est compliqué. On regarde des paysages sur des kilomètres mais pour comprendre il faut regarder des cailloux tout petits. Les durées sont en millions d’années mais les mouvements se font au cours de tremblements de terre qui durent 10 secondes. Et puis, normalement, il y a rien de plus immuables que les montagnes et toi tu fais rien qu’à nous dire qu’elles apparaissent puis qu’elles disparaissent. »

Léo : « Et puis les roches qu’on voit se sont formées dans des mers dont la profondeur faisait rien qu’à changer. »

Max : « Et les roches se plient. »

Léo : « Et puis elles se cassent… »

Max : « C’est compliqué la géologie. »

Le chevalier : « On continue quand même ? »

Max : « On va là ? A Lamm Saoz ? »

79.2 44 Vue de Lamm Saoz

Léo : « Pour 50 millions d’années supplémentaires ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « D’accord ! »

Léo : « On y va ! »

Continuer la promenade

79.1 – L’îlot du Diable et la Pointe du Toulinguet

Mercredi 2 Mars, An III

Max : « Bonjour Léo, bonjour bonome ? Vous êtes déjà levés ? »

Léo : « Bonjour Maxou. Oui, on t’attend. »

Max : « Il pleut pas aujourd’hui ? »

Léo : « Pourquoi ? Tu veux encore dormir ? »

Max : « Et pourquoi pas ? »

Léo : « Parce que hier, à cause de la pluie, tu as tout dormi puis tu es allé te recoucher. Tu as fait la sieste puis un petit dodo et après tu es allé dormir après une autre sieste et on t’a pas revu avant ce matin. »

Max : « D’accord, j’ai un tout petit peu dormi hier. Mais c’est parce que j’étais fatigué. Oulala ! Si on peut même plus dormir tranquille… »

Le chevalier : « Ne sois pas injuste : nous t’avons laissé dormir tant que tu le voulais. Léo espérait que tu te joignes à nous pour que nous fassions le résumé de ces derniers jours. »

Max : « Ben, il fallait le dire ! Je me serais levé ! »

Le chevalier : « Pas grave… Le programme de la journée va me permettre de vous le faire sur le terrain… »

Max : « Et c’est quoi le programme de la journée ? 18 arrêts avant le déjeuner puis 42 autres après. C’est ça ? On fait la Bretagne, la Normandie et si on a le temps on fait rapidement le tour de l’Angleterre avec une petite pause en Écosse, pour le café… »

Le chevalier : « Sous-entendrais-tu que les journées sont chargées ? »

Max : « Noooon… Oulala ! On fait à peine 10 km par jour sur des cailloux tout cassés. Sinon ça va, c’est plutôt calme 🙂 »

Le chevalier : « Ah… C’est embêtant… »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « J’allais vous annoncer une journée assez dense. Très intéressante mais avec beaucoup de marche et de très nombreuses observations. »

Max : « Assez dense ? Tu euphémises je suis sûr… Léo, tu as compris comme moi ? »

Léo : « Journée assez dense… Parce que les trois premiers jours étaient comment ? Programme léger ? Petite promenade d’agrément ? »

Max : « Nan, c’était juste une balade post postprandiale. Pour digérer… Bon, tu nous annonces le programme de cette journée assez dense s’il te plaît ? »

Le chevalier : « D’abord nous irons sur la côte ouest de la presqu’île de Roscanvel. Objectif : observation des roches de la formation de l’Armorique. Nous ferons peut être un ou deux arrêts en chemin pour profiter du paysage. »

Max : « Oui oui… Pas pour nous user les pattes sur les rochers. Oulala non ! Pour profiter du paysage ! Merci bonome. »

Le chevalier : « Ne râle pas Maxou. Vous serez dans ma poche 🙂 »

Léo : « Ensuite ? »

Le chevalier : « Direction la Pointe de Pen Hir ! »

Léo : « Mais… On connaît déjà ! »

Le chevalier : « Je sais mon Léo. Nous ferons juste un arrêt pour avoir une vue générale sur les falaise du Veryarch que nous allons explorer. »

Max : « On a pas fait déjà une partie ? Pour aller voir le contact entre les schistes de Postolonnec et les grès armoricains. On avait rien vu du tout d’ailleurs ! »

Léo : « C’est pas vrai ! On a vu des beaux zoisos et des paysages magnifiques. »

Le chevalier : « Merci Léo 🙂 Après avoir observé la falaise de loin, nous irons l’explorer. Puis nous irons à la plage de Lamm Saoz pour compléter la coupe. Vous verrez, c’est passionnant. Parfois un peu compliqué mais ça en vaut la peine… Oulala, j’oubliais : Pen Hat et Porzh Naye sont également au programme 🙂 »

Max : « Ben oui, pourquoi se priver… »

Le chevalier : « Mes pauvres petizours… Vous êtes prêts ? »

Max : « Oui, on a nos sacados, nos casques… Mais il risque de pleuvoir… On va être tout mouillés si il pleut 🙁 »

Le chevalier : « Ne vous inquiétez pas pour cela ! Allez, c’est parti ! »

***

Léo : « Chevalier, pourquoi tu t’arrêtes ? On est arrivés ? »

Le chevalier : « Je vous ai parlé d’arrêts imprévus n’est ce pas ? En voilà un ! Venez voir… »

Léo : « Rhoooo… C’est bôôôô ! Rholala ! »

Max : « Oh oui ! Rholala c’est bô ! Tout à fait d’accord mon cher cousin ! J’ajouterais même Rhoooo la chance 🙂 »

79.1 01 Trez Rouz

Léo : « On est où ? »

Le chevalier : « Vers Trez Rouz… La pointe, à gauche, doit être la Pointe du Pouldu. »

Léo : « C’est quoi les roches ? »

Max : « Non Léo, on fait pas la géologie ici. On profite de la beauté ! C’est que l’échauffement. Bonome, le vent est venu nous voir 🙂 Il souffle fort aujourd’hui. C’est pour repousser les nuages ? »

Le chevalier : « Peut être 🙂 Restez dans ma poche. C’est vrai que le vent souffle très fort. Je crois qu’il veut nous montrer qu’il n’est pas que le petit vent du jour que nous avons rencontré au Petit Royaume des Barges… »

Max : « Il frime un peu 🙂 »

Le chevalier : « Il se dégourdit les nuages en soufflant un peu 🙂 Voulez-vous vous approcher ? »

Léo : « Oh oui ! On va voir de plus près. »

Max : « Mais on va pas explorer bonome. Si le vent souffle si fort, c’est qu’il veut pas qu’on aille sur l’estran. On reste au bord et on regarde en silence… »

79.1 02 Trez Rouz 79.1 03 Trez Rouz

Léo : « Rholala… Rhooolala ! »

Max : « Oups ! Léo se met à rholalaer… Il faut y aller sinon on le perd. »

Le chevalier : « Allons-y alors ! »

Max : « Tu as d’autres arrêts imprévus de prévus ? »

Le chevalier : « Non, trop de vent 🙂 Allons au Fort de la Fraternité. »

***

Le chevalier : « Nous y voilà ! »

79.1 04 La Fraternité

Léo : « Rhoooo… »

Max : « Oui Léo : Rhoçébô ! Rholalalachance et tout ça… »

Léo : « Parce que tu trouves pas que c’est beau peut être ? »

Max : « Ben si ! Mais c’est comme ça avec bonome. Dès qu’on va quelque part c’est plein de beauté partout. Il doit avoir un détecteur de beauté intégré à son cerveau. »

Le chevalier : « Parmi mes neurones fondus ? »

Max : « Ils repoussent la nuit tes neurones… Juste pour pouvoir fondre le lendemain. »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « On va voir ? »

Le chevalier : « Allons-y mes petizours. »

79.1 05 L'îlot du diable 79.1 06 Fort et Four

Le chevalier : « A gauche vous avez l’îlot du Diable. »

Max : « L’îlot du Diable ? Le diable avec les cornes et la fourche ? Faut pas y aller bonome ! Il va nous piquer les fesses avec sa fourche ! »

Léo : « Je préfère les korrigans moi. »

Max : « Il y en a ici ? »

Le chevalier : « Ils vivent là où il y a des falaises… Je crois qu’ils retiennent le diable prisonnier sur l’îlot. »

Max : « Heureusement qu’on y va pas ! »

Le chevalier : « Qui t’a dit que nous n’irons pas ? »

Max : « Ah non ! On va pas voir le diable ! Çavapalatête ! »

Le chevalier : « Nous n’allons pas voir le diable mais observer les falaises depuis l’îlot. Les korrigans vont nous protéger. »

Léo : « Tu en es certain ? Ils vont pas le relâcher ? »

Le chevalier : « Vous avez dit vous mêmes qu’ils étaient mes amis et qu’ils nous protégeaient… »

Léo : « Si je comprends bien il faut faire confiance à des lutins facétieux que personne a vus depuis des siècles pour nous protéger du diable… »

Max : « Tu as confiance toi, bonome ? »

Le chevalier : « Oui, bien sûr. »

Max : « Alors on y va… »

79.1 06 Fort et Four

Léo : « Qu’est ce qu’on voit chevalier ? C’est quoi ces constructions ? Tu nous expliques s’il te plaît. »

Le chevalier : « Le bâtiment construit dans la falaise est un four à chaux. »

Max : « Encore un ! »

Léo : « Ça veut dire qu’il y a des calcaires ici. »

Le chevalier : « Oui Léo. Nous irons les voir. »

Max : « Et le mur ? C’est le Fort de la Fraternité ? »

Le chevalier : « Non, ce n’est pas le fort. Il est un peu plus loin, au bord de la falaise. Il est entouré d’un mur d’enceinte. C’est ce mur que nous voyons. Continuons à grimper. La vue est bien plus belle de là haut. »

79.1 08 Plis 79.1 09 Plis

Max : « Oulala ! C’est tout plié ! »

Léo : « Alors là ce sont vraiment de beaux plis 🙂 »

Max : « C’est quoi ces roches ? »

Le chevalier : « Si je ne dis pas des erreurs ce sont les Schistes et Calcaires de l’Armorique. »

Léo : « Ils datent de quand ? »

Le chevalier : « Du Dévonien inférieur. Plus précieusement du Lokhovien supérieur et du Praguien inférieur. »

Léo : « C’est quand le Dévonien ? »

Le chevalier : « Après le Silurien. »

Max : « Tu peux nous redire ce qu’il y a avant ? »

Le chevalier : « Le protérozoïque jusqu’à 550 millions d’années avant nos jours. Puis le Cambrien, l’Ordovicien, le Silurien et le Dévonien. »

Max : « Elles sont très récentes ces roches alors 🙂 »

Le chevalier : « Environ 400 millions d’années 🙂 Je crois que ce sont les plus jeunes que nous avons vues depuis notre arrivée. Nous irons les inspecter. J’espère trouver quelques fossiles. »

Max : « Chouette ! On va fossiler ! »

Léo : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? J’ai pas tellement envie de rester sur cet îlot… »

Le chevalier : « On regarde la mer, les vagues… On écoute le vent… Et on fait confiance aux korrigans 🙂 »

79.1 10 Vague

Max : « Moi, je veux bien leur faire confiance aux korrigans. Mais j’aime pas trop que tu restes assis comme ça sur une dalle de roche qui penche dangereusement vers la mer… Et si tu glissais ? »

Le chevalier : « Plouf ! »

Max : « Plouf ? C’est tout ce que tu trouves à répondre ? Plouf ! »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Allons glisser sur les Schistes et Calcaire de l’Armorique 🙂 »

Léo : « Oh ! Des craves ! »

79.1 11 Crave à bec rouge 79.1 12 Crave à bec rouge

Max : « Crave à bec rouge. Pyrrhocorax pyrrhocorax, Corvidés. Ils nous crient encore dessus. »

Léo : « On les dérange Maxou. Ils ne doivent pas souvent voir des zoms ici. »

Max : « Ben non, avec bonome on va toujours dans des endroits très beaux mais où il y a pas des zoms. On en voit jamais des zoms. »

Léo : « Tu voudrais en voir toi ? »

Max : « Pas forcément. Mais ça me rassurerait quand même un peu… »

Le chevalier : « Nous voilà sur les Schistes et Calcaires de l’Armorique… »

79.1 13 Formation de l'Armorique 79.1 14 Formation de l'Armorique

Max : « Ils sont tout penchés ! »

Le chevalier : « On dit qu’ils ont un pendage. »

Max : « Un pendage ? »

Le chevalier : « Oui, un pendage. Mais j’ai oublié mon rapporteur et ma boussole… Sinon nous aurions pu déterminer ce pendage. A vue d’œil je dirais 30° vers l’Est. »

Max : « Oui bien sûr. »

Léo : « Tu nous parles des roches. »

Le chevalier : « Il y a alternance de schistes et de calcaires sur 120 mètres environ. »

Max : « On a pas vu beaucoup de calcaires depuis notre arrivée. Ce sont surtout des schistes et des grès. »

Le chevalier : « Oui, c’est vrai. Ces calcaires montrent une diminution des apports d’argiles et de sables et une augmentation de la production de calcaires. La sédimentation s’est faite dans une mer très peu profonde et assez chaude. »

Léo : « Comment tu sais ça ? »

Le chevalier : « Venez voir… »

79.1 15 Fossile 79.1 16 Fossile 79.1 17 Fossile

Max : « Ce sont des coraux ? »

Le chevalier : « Oui pour la troisième photographie. Je ne suis pas sûr pour les deux premières. Mais ce sont des organismes constructeurs et récifaux. Ils ont édifié des petits monticules qu’on appelle biohermes. »

Max : « Biohermes… Ça me dit quelque chose… On en a pas vu en Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Si mon Maxou 🙂 »

Léo : « Il y a d’autres fossiles ? »

Le chevalier : « Allez voir. Mais ne courez pas ! »

Max : « Viens voir bonome ! Il y a des coquilles ici ! »

79.1 18 Fossile 79.1 19 Fossile

Le chevalier : « Ce sont des brachiopodes. Ils sont assez nombreux… Vous voyez là la face interne des coquilles. »

Léo : « Il y a comme deux petits machins qui dépassent. C’est normal ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 C’est le brachidium. C’est un caractère propre aux brachiopodes. On peut dire que c’est le point d’attache de l’organisme. La forme du brachidium permet la classification des Brachiopodes. »

Max : « D’accord. On peut continuer l’exploration ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours. »

Léo : « Max, tu sais ce que c’est ce machin blanc et dur ? »

Max : « Ben non :/ BONOME ! AUX PIEDS ! VITE ! »

Léo : « Max, tu exagères ! »

Max : « Ouiiii: ) »

Le chevalier : « Oui Maxou ? Qu’avez-vous trouvé ? »

79.1 20 Filon de quartz

Max : « Ça ! Qu’est ce que c’est ? »

Le chevalier : « Un filon de quartz. »

Max : « Un filon de quartz… Léo, tu sais ce que c’est un filon de quartz ? »

Léo : « Pas vraiment 🙂 »

Max : « Bonome, mon petit bonome à moi… Pourrais-tu, parfois, nous donner des réponses compréhensibles ? Pas à chaque fois, mais de temps en temps. Comme ça, pour nous reposer un peu… Je suis sûr que tu en es capable 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Il arrive que les calcaires soient dissous par l’eau qui circule dans les roches. Il se forme alors une cavité. Vous savez sûrement que la nature à horreur du vide. Alors quand l’eau circule de nouveau, la silice qu’elle contient précipite et forme des dépôts dans les cavités. Et il se forme des filons de quartz. »

Max : « Alors d’abord l’eau circule pour dissoudre le calcaire et ensuite elle dépose du quartz. »

Le chevalier : « C’est ça. »

Léo : « Mais pourquoi le calcaire se dissout dans l’eau alors que la silice se dépose ? »

Le chevalier : « Ces deux produits n’ont pas les mêmes propriétés. Le calcaire se dissout facilement. Il est assez soluble dans l’eau. Alors que la silice est très peu soluble. Elle préfère se redéposer très rapidement. »

Max : « D’accord. »

Léo : « Chut ! Il y a notre zoiso-gardien qui vient nous surveiller 🙂 »

79.1 21 Pipit 79.1 22 Pipit

Max : « Encore un pipit du genre Anthus. »

Léo : « Tu as beaucoup de gardiens chevaliers : un zoiso-gardien, les korrigans… »

Max : « Le vent veille sur nous aussi. »

Léo : « On est jamais tout seuls avec toi 🙂 »

Max : « Il y a toute une armée prête à se mettre en action si il t’arrive quelque chose 🙂 »

Léo : « C’est rassurant. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On jette un œil du côté de l’îlot du Diable… »

Max : « Pfff… J’aime pas le diable… »

Léo : « Oooohhh ! Les vagues viennent s’écraser sur les rochers ! Ça fait plein d’embruns ! »

Max : « Tu fotoes pas ? »

Le chevalier : « Non, il y a trop d’embruns. L’objectif de l’appareil en serait couvert… »

Max : « Et tu regardes pas les roches ? »

Le chevalier : « Trop compliqué. Je renonce. Et j’ai parlé d’une journée assez dense, pas très dense. »

Léo : « On y va alors ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Attends ! C’est quoi cette mousse ? »

79.1 23 Ecume

Le chevalier : « De l’écume… Ce sont des bulles d’eau de mer qui s’agglomèrent. »

Léo : « Et là, il y a un Insecte. Maxou, tu le connais ? »

79.1 24 Un coléoptère 79.1 25 Un coéloptère

Max : « Il me semble qu’on a déjà été présentés… Il a trois paires de pattes et une paire d’antennes alors c’est un Insecte. Il a une paire d’ailes toutes dures qui forment un étui. C’est donc un Coléoptère. D’après les tarses je peux affirmer que c’est un Chrysomélidé. Mais je me souviens plus de son nom. Zutalor ! Tu sais toi bonome ? »

Le chevalier : « Je dirai Timarcha tenebricosa. Sans certitude… Bon, pochez-vous. Nous allons maintenant du côté de la Pointe du Toulinguet.»

Max : « C’est loin ? »

Le chevalier : « Pas trop… Environ 15 minutes de chevauchée. »

Léo : « On va faire de la géologie aussi ? »

Le chevalier : « Oui, j’aurais pu vous prévenir. Aujourd’hui c’est géologie uniquement. »

Max : « Pas de zoiso ? »

Le chevalier : « Nous ne les chercherons pas. Mais ils vont peut être venir nous voir 🙂 »

Léo : « Avant de partir, je peux poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Il me semble que tu nous as dit que la Bretagne était quelque part pas loin du pôle au début des temps fossilifères. Vers le Cambrien ou l’Ordovicien. Et tout à l’heure tu as parlé d’une mer chaude et peu profonde dans laquelle poussaient des coraux. C’est pas au pôle ça. C’est même plutôt vers l’équateur. Ça veut dire qu’entre le Cambrien et le Dévonien la Bretagne est passée du pôle à l’équateur ? J’ai bien compris ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo, tu as bien compris 🙂 »

Léo : « Merci chevalier. On peut y aller maintenant. »

***

Léo : « Rholala de rholala ! »

Max : « Ah ben oui ! Rholala ! »

79.1 26 Penn Hir

Le chevalier : « C’est le flanc ouest de la Longue Pointe (Pen Hir). Nous sommes sur la plage de Pen Hat. Je t’en ai déjà parlé Maxou. »

Max : « C’est la grande plage sur laquelle tu es venu te faire sécher l’an dernier ? Tu as raison, on se sent à peine plus grand qu’un grain de sable 🙂 Mais il faut pas t’asseoir pour nous câliner bonome. Tu aurais les fesses trempées. »

Léo : « On a vraiment de la chance de voir tout ça. »

Max : « Comment tu fais pour connaître tous ces beaux endroits ? »

Le chevalier : « Je fais des recherches… Et j’ai de la chance 🙂 Et puis, comme j’ai beaucoup de beauté dans les yeux, tous les endroits me paraissent beaux 🙂 »

Léo : « On fait quoi ? On est pas venus juste pour la vue. Je te connais maintenant. »

Le chevalier : « 🙂 Nous allons vers la pointe du Toulinguet, sur notre droite. J’ai quelques roches à vous montrer. »

Max : « Tu nous expliques un peu avant d’aller voir ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Dans ce cas, asseyons-nous et regardons la carte… »

Max : « On est où ? »

79.1 27 Carte simplifiée

Le chevalier : « Sur la grande plage en haut à gauche. Au sud de la zone verte, entre les grès armoricains de la Pointe du Toulinguet et ceux de la Longue Pointe. »

Léo : « Et c’est quoi les roches de la zone verte ? »

Le chevalier : « Les Phyllades de Dournanez. Ils datent du Briovérien. »

Max : « Comme les schistes zébrés ? »

Le chevalier : « Oui, mais ils sont un peu plus vieux. »

Max : « Encore plus vieux que les schistes zébrés ?! Ils ont quel âge alors ? »

Le chevalier : « Environ 600 millions d’années… »

Léo : « Et ils sont plus tendres que les grès armoricains. C’est pour ça que l’anse de Pen Hat est creusée dans ces roches. »

Le chevalier : « Oui Léo. Et, de l’autre côté, c’est l’Anse de Porzh Naye qui est creusée. Nous irons après. »

Max : « Sur la carte, il y a un gros trait noir entre les Phyllades de Douarnenez et les grès armoricains. C’est une faille ? C’est elle qu’on va voir ? »

Le chevalier : « La faille, les phyllades… Oui, c’est ce que nous allons voir. »

Léo : « On y va alors… »

79.1 28 Vers le Toulinguet

Max : « C’est quoi le petit îlot ? Tu le connais ? »

Le chevalier : « C’est Ar Gest. »

Max : « Arguést ? »

Le chevalier : « Ar Gest : le rocher du Lion. »

Max : « Pfff… Il y en a même pas des lions en Bretagne. »

Le chevalier : « Nous approchons. Voyez-vous les deux ensembles de roches ? »

79.1 29 Faille 79.1 30 Faille

Léo : « Au premier plan il y a une roche grise, peut être un peu verdâtre. Et derrière je reconnais les grès armoricains. »

Max : « On dirait que le contact entre les deux est vertical. »

Le chevalier : « Oui, on dit que c’est une faille sub-verticale, ce qui veut dire presque vertical. »

Max : « Tu connais le sens du mouvement ? »

Le chevalier : « Je n’ai rien lu à ce sujet. »

Max : « Tu veux pas hypothéser ? »

Le chevalier : « Émettre une hypothèse sur le mouvement de ces blocs… Les phyllades sont théoriquement sous les grès. Alors si on les voit côte à côte c’est que le compartiment central, celui des phyllades, est remonté. Approchons-nous encore. »

79.1 31 Faille

Max : « Pas terrible ta foto bonome. Les couleurs sont moches. Mais on voit bien les grès et les phyllades. On peut aller les voir les phyllades ? »

Le chevalier : « C’est prévu 🙂 Juste là, derrière nous… »

Max : « Tu nous fotoeras sur les phyllades. C’est pas tous les jours qu’on voit des roches de 600 millions d’années. »

79.1 32 Phyllades de Douarnenez 79.1 33 Phyllades de Douarnenez
79.1 34 Phyllades de Douarnenez 79.1 35 Phyllades de Douarnenez

Léo : « Tu nous expliques. Parce qu’elles sont vraiment tout pliées ces phyllades. C’est quoi comme sédiments au début ? »

Le chevalier : « Le protolithe est… »

Max : « STOP ! Le protoquoi ? »

Le chevalier : « Le protolithe. C’est la roche sédimentaire avant sa métamorphisation. »

Max : « D’accord. »

Le chevalier : « Le protolithe est une alternance de schistes gris-bleu en bancs centimétriques à décimétriques et de grès gris verts. L’ensemble a été métamorphisé par une faible pression et une faible température. C’est ce qu’on appelle un métamorphisme régional de faciès schistes verts. »

Max : « D’accord. Et ça veut dire quoi ? »

Le chevalier : « Les transformations sont le résultats de compression lors de la formation de chaînes de montagnes. Les phyllades ont connu au moins deux orogenèses. La première, l’orogenèse cadomienne, à la fin du Protérozoïque puis l’orogenèse varisque au cours de l’ère primaire. C’est probablement au cours de cette seconde orogenèse que les failles se sont formées. »

Léo : « Deux orogenèses… C’est pour ça que c’est grave tout plié. Ça a été plié deux fois… Rholala… »

Le chevalier : « Oui mon Léo 🙂 Rholala ! On avance un peu et on fait une pause. »

Max : « Tu veux avancer ? Mais c’est que des gros blocs immenses. Il va falloir que tu escalades tout… Tout ça pour une faille… »

Le chevalier : « Oui Maxou. Tout ça pour une faille 🙂 … Voilà. Tu vois : tout s’est bien passé ! »

Max : « Et le retour ? Tu penses jamais au retour quand tu es tout fatigué. »

Léo : « Max, il est comme ça ton bonome. Il cavale partout, grimpe, escalade, saute… Et il s’arrête jamais. Tu pourras pas le changer. Alors soit tu acceptes les risques et tu profites de ce qu’on voit, soit tu restes à la cabane. Mais tu arrêtes de ronchonner. Ça sert à rien. »

Max : « Tu as jamais peur toi ? »

Léo : « Ben si. Et là, si il se fait mal, je sais pas comment il fait pour rentrer. Mais dis toi bien qu’il fait très attention. Allez Maxou, installe ta serviette et on fait une pause. »

Max : « Mouai… Pause… »

79.1 36 La pause 79.1 37 La pause
79.1 38 Les Tas de Pois 79.1 39 Les Tas de Pois

Léo : « Elle est vraiment belle la Longue Pointe. Et les Tas de Pois… C’est magnifique. »

Max : « C’est vrai ça ! On les voit souvent ces Tas de Pois mais je m’en lasse pas. Et puis la mer… C’est beau la mer. Bonome, tu dis rien… Bonome ? »

Léo : « Il regarde les vagues 🙂 »

79.1 40 Les vagues 79.1 41 Les vagues

Max : « Il redevient sauvage je te dis. Un jour il voudra plus rentrer et on va rester dans les falaises avec les korrigans aux oreilles pointues. »

Léo : « Max, lui aussi a les oreilles pointues ! Tu crois que… »

Max : « Que c’était un korrigan ? J’y avais pas pensé mais maintenant que tu le dis… Ça expliquerait bien des choses. »

Léo : « Il faudrait lui demander. »

Max : « Il dirait rien. Tu crois pas qu’il nous avouerait : ‘Oui autrefois j’étais un korrigan et j’enfermais des géants dans des grottes. Et puis je me suis lassé alors je suis allé voir un enchanteur et il m’a transformé en zom mais m’a laissé mes oreilles d’origine. En souvenir. Depuis je suis un grand chevalier au service de Princesse et j’inspecte le Pays des Zoisos avec mes petizours.’ »

Le chevalier : « Je vous ai entendus 🙂 Mes oreilles ne sont pas un souvenir d’un ancienne vie imaginaire… Je suis né comme ça 🙂 »

Max : « Les korrigans aussi… »

Léo : « Dis chevalier, je veux pas que tu redeviennes sauvage. Je t’aime bien moi. »

Le chevalier : « Je ne vais pas redevenir sauvage mon Léo. Je ne sais pas pourquoi vous imaginez cela depuis des jours. »

Max : « Tu parles de moins en moins, tu rêves, tu as des sourires énigmatiques en regardant la nature, des fois tu nous entends même pas… Et on rentre de plus en plus tard. »

Le chevalier : « Et tu en déduis que je redeviens sauvage. »

Max : « Ben, tu n’es quand même pas très civilisé le reste du temps. Tu fais plus zom des bois que chevalier de cour. Il faudrait pas grand chose pour que tu te creuses un terrier en pleine nature. »

Le chevalier : « Et tu t’inquiètes parce que tu n’aurais plus de chocolat 🙂 »

Max : « Je m’en fiche du chocolat. Je veux un bonome pas sauvage. Je dirais quoi à Princesse sinon. ‘Désolé Princesse, je n’ai pas réussi à le retenir. Il est retourné à l’état sauvage dans son terrier. Oui oui, à part ça il va bien. Il court tout nu dans la lande à la recherche de nourriture mais oui, il va bien. ‘ »

Le chevalier : « Il y a quelque chose qui ne va pas dans votre histoire. »

Max : « Quoi ? »

Le chevalier : « Les korrigans ne creusent pas de terriers 🙂 La pause est terminée. Nous reprenons notre inspection. »

Léo : « Tu peux nous parler des phyllades encore s’il te plaît. »

Le chevalier : « Cherchons d’abord la faille… On la voit là, dans la falaise. Et au sol, regardez ! »

79.1 42 La faille 79.1 43 La faille

Max : « Au sol, je veux bien. Mais dans la falaise… Tu vois une faille Léo ? »

Léo : « Ben… On voit des roches de deux couleurs. Mais de là à dire qu’il y a une faille… »

Le chevalier : « Et là ! Devant vous. Vous voyez ? »

79.1 44 La faille 79.1 45 La faille

Max : « Il y a une petite surface plane presque verticale… »

Le chevalier : « C’est peut être le miroir de faille 🙂 Vous avez compris qu’une faille est un plan, une surface assez plane qui sépare deux compartiment. Ce plan est parfois visible et on l’appelle miroir de faille. »

Léo : « Tu crois que c’est le miroir de faille qu’on voit là ? »

Le chevalier : « C’est assez cohérent avec ce que nous observons. On voit bien les grès armoricains à gauche et les phyllades de Douarnenez à droite. Les deux formations sont séparées par une surface plane. Il y a bien quelques blocs éboulés qui cachent la faille mais tout m’a l’air clair dans la partie supérieure de la falaise. Rholala ! On a vu un miroir de faille ! »

Max : « Tu es un enfant au pied du sapin de Noël ! »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas impressionnés ? »

Léo : « Si ! Mais je dis pas rholala, tu l’as fait à ma place 🙂 »

Max : « Tu devais nous parler des phyllades… »

Le chevalier : « Oui oui… Avançons encore un peu… Regardez moi ça ! »

79.1 46 La faille

Max : « Là d’accord. On voit bien le contact vertical entre deux roches d’âges différents. Les phyllades s’il te plaît. »

Le chevalier : « Non, finalement je vous expliquerai tout cela tout à l’heure, à Porzh Naye. »

Max : « On y va alors ! »

***

Le chevalier : « Nous y voilà ! L’anse de Porzh Naye ! »

79.1 47 Porzh Naye 79.1 48 Porzh Naye

Max : « Rholala ! »

Léo : « Oh oui ! Rholala ! »

Max : « On va descendre sur l’estran ? »

Le chevalier : « Non, la descente est trop dangereuse. Le chemin est tellement pentu qu’il faut se tenir à une corde pour ne pas tomber. Et en bas, il y a une petite falaise de trois à quatre mètres. Le seul moyen de descendre, et de remonter, est la corde. J’ai un peu peur… »

Max : « Alors on y va pas. C’est pas la peine. On voit aussi bien d’ici. »

Léo : « Ils sont beaux les deux îlots. Mais pourquoi ils sont pas de la même couleur ? »

Le chevalier : « On verra plus tard mon Léo. Concentrons-nous d’abord sur la falaise qui nous fait face. »

Max : « Là devant ? »

Le chevalier : « Oui, là devant 🙂 »

79.1 49 La discordance 79.1 50 La discordance

Léo : « Juste en face, il y a une zone sombre au bas de la falaise. Puis au-dessus il y a une petite couche un peu rose. Puis au-dessus encore, il y a les grès armoricains. »

Le chevalier : « C’est bien vu. La zone sombre correspond aux phyllades de Douarnenez. »

Max : « Et au-dessus c’est les grès armoricains. Ils sont à leur place ici. Ça fait bizarre ! C’est pas tout cassé ! »

Léo : « Mais alors c’est quoi la petite couche un peu rose ? »

Le chevalier : « C’est peut être le moment de vous expliquer un peu mieux les phyllades. Asseyez-vous sur mes genoux. »

Max : « On t’écoute bonome. »

Le chevalier : « Nous sommes il y a très longtemps, environ 600 millions d’années avant nos jours. Une mer profonde de 200 à 1000 mètres borde un continent. Au loin on aperçoit une chaîne de montagnes. Elle s’érode et les fleuves charrient vers la mer les sables et argiles produits de cette érosion. Ces sédiments se déposent sur la plate-forme littorale. Mais régulièrement des séismes provoquent des éboulements des sédiments du talus vers la plaine profonde. Les sables se déposent rapidement alors que les argiles mettent plus de temps. Les sables donneront les grès et les argiles des schistes. »

Max : « Pourquoi il y avait des petits séismes ? »

Le chevalier : « À cause d’un mouvement de compression. Les contraintes exercées sont constantes mais elles se libèrent brutalement. A chaque fois, il y a un séisme et le dépôt d’un couche de sable et d’une couche d’argiles. »

Léo : « Mais à force la mer s’est fermée alors. »

Le chevalier : « Oui Léo. Et les argiles et les grès ont été comprimés et ont donné des schistes et des grès. Non loin de là des montagnes se sont formées. C’est la chaîne cadomienne. Lors de cette orogenèse les schistes et les grès ont connu une première phase de plissement et ils ont été exondés. »

Léo : « Exondés ? Ça veut dire quoi ? »

Le chevalier : « Ils sont remontés et ont dépassés le niveau de la mer, suite aux plissements régionaux. Et l’érosion a fait son office. Une vaste pénéplaine s’est formée. Fin du protérozoïque. »

Max : « Les temps fossilifères peuvent commencer 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 L’érosion de la pénéplaine s’est poursuivie tout au long du Cambrien. A l’époque il n’existe aucun être vivant aérien. Les continents sont donc déserts. Les produits de l’érosion se sont en partie accumulés sur place. Puis la mer est venue recouvrir le vaste continent. On dit qu’il y a eu une transgression marine. Les produits d’érosion de la pénéplaine cadomienne ont donné la fine couche rosée que vous voyez. Elle est constituée de grains et galets de quartz. Son épaisseur ne dépasse jamais quelques mètres. Vous suivez ? »

Max : « Moi oui. Et toi Léo ? »

Léo : « Oui oui 🙂 J’écoute ta belle histoire. »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous des schistes pourprés ? »

Max : « On les as vus au Cap de machin. Même que tu t’es tout penché au dessus de la falaise pour les fotoer et j’ai eu très peur. »

Le chevalier : « J’en suis désolé mon Maxou. Ces schistes pourprés ne sont pas présents partout mais ce sont les premières roches qui reposent sur les phyllades. Ils sont également conglomératiques puis gréseux. Ils correspondent à des dépôts fluviatiles ou deltaïques. Ils annoncent la transgression. Les grès armoricains eux se sont mis en place dans une mer de plate-forme peu profonde. »

Max : « On sait déjà ça. On sait aussi qu’il y a eu des variations du niveau marin qui sont à l’origine des Schistes et Grès du Gador. On connaît la profondeur de l’eau à cause des ripples-marks. Les dépôts se sont faits dans la tranche d’eau soumise aux vagues de beau temps et de tempêtes. »

Le chevalier : « C’est vrai. »

Max : « Mais ça me pose un problème. En gros, la mer dépassait pas 200 mètres de profondeur pendant tout le temps où les grès armoricains se sont déposés. Mais tu as dit que l’épaisseur de ces grès était de 800 mètres. Comment on fait pour déposer 800 m de roches dans 200 m d’eau ? »

Le chevalier : « Bonne question Maxou 🙂 La réponse n’est pas trop difficile. Le fond de la mer s’est enfoncé au fur et à mesure des dépôts de sorte que la profondeur n’a pas ou presque pas changée. »

Max : « Le fond de la mer s’est enfoncé ? »

Le chevalier : « Oui. Je vous ai déjà expliqué que sous la croûte terrestre il y a une couche un peu molle appelée asthénosphère. »

Léo : « Je m’en souviens. »

Le chevalier : « Quand la croûte se charge de sédiments elle devient forcément plus lourde et elle s’enfonce légèrement dans l’asthénosphère. De plus il y a eu un amincissement de la croûte en raison d’un étirement.»

Léo : « Les 800 mètres de sédiments ont mis combien de temps à se déposer ? »

Le chevalier : « Environ 4 millions d’années. »

Max : « Je me rends pas bien compte de ce que ça donne… »

Le chevalier : « Faisons un petit calcul. 800 mètres ça fait 80000 cm. En 4 000 000 millions d’années. Simplifions par 10 000. Ça donne 8 pour 400 ou encore 2 pour 100. Si je ne dis pas des erreurs la vitesse de sédimentation est d’environ de 2 cm pour 100 ans. »

Max : « C’est beaucoup ou pas ? »

Le chevalier : « Oui. N’oubliez pas que les calculs sont faits avec l’épaisseur des roches fortement comprimés. Je pense que les sédiments gorgés d’eau sont dix fois plus épais. »

Max : « Alors à ce stade on a déjà vu une mer se fermer et une chaîne de montagnes apparaître et commencer à être érodée. Oulala ! »

Léo : « On peut revenir à notre paysage s’il vous plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. Que veux tu savoir ? »

Léo : « Si j’ai bien compris, ce qu’on voit c’est la discordance des grès armoricains sur les phyllades de Douarnenez. »

Max : « Comme la discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés ! »

Le chevalier : « Léo tu as bien compris et Maxou aussi 🙂 Oui, les grès sont bien discordants. Par la suite, toutes les couches reposeront normalement les unes sur les autres. On dit qu’elles sont concordantes entre elles. Les phyllades et les schistes zébrés forment ce qu’on appelle le socle. Les couches au-dessus forment la couverture. On a donc un socle briovérien et une couverture paléozoïque. Pas d’autre question ? »

Léo : « Si ! Les îlots ! Pourquoi ils sont pas de la même couleur ? Regarde ! »

79.1 51 Les ilots 79.1 52 Les ilots

Max : « Je crois que je sais ! Il y en a un en grès armoricains et l’autre est en phyllades. Et ils sont séparés par la faille qu’on a vu de l’autre côté, à Pen Hat. »

Le chevalier : « Très bien mon Maxou. Montons là-haut, nous reverrons tout cela de plus haut, avec un peu de recul… »

79.1 53 Pointe du Toulinguet 79.1 56 Pointe du Toulinguet

Léo : « C’est vraiment beau la Bretagne 🙂 »

Max : « Tu dis toujours que c’est beau. »

Le chevalier : « Mais il perd pas plus sa mâchoire 🙂 »

Max : « C’est pour les zoisos la mâchoire ! Pas pour les paysages. Pour les paysages c’est Rhoooo c’est bôôôô ou Rholala la chance ! »

Léo : « Max, si tu te moques encore de moi je demande à Princesse de te reprendre comme porte-clés au château et on verra bien si tu regrettes pas toute cette beauté. »

Max : « Je suis plus porte-clés. Je serai plus jamais porte-clés. »

Léo : « Alors te moque plus de moi. Et profite de la vie que tu mènes. Parce que peut être que tu aimes beaucoup Princesse mais souviens toi de la vie que tu avais au château. Moi, je me souviens bien de ma période porte-clés et c’est pour ça que j’exprime ma joie face à toute cette magnificence. Que ça te plaise, ou non ! »

Max : « Bonome, as-tu remarqué que Léo se fâche toujours avec beaucoup de courtoisie ? Moi j’aurais crié ! Lui non. Il est bien ce Léo 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Revenons au paysage. Les grès armoricains sont bien visibles. Ils forment l’armature de la pointe du Toulinguet. Comme ils sont très durs, ils résistent à l’érosion. Avez-vous remarqué que des rochers dépassent du sol et de la végétation ? Les schistes sont bien plus tendres. On voit le creux qu’ils forment dans le paysage. Si vous observez bien, vous verrez que la faille, invisible d’ici, est soulignée par une bande de végétation. Vous voyez ? »

Max : « C’est la géologie qui détermine le paysage alors ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, souvent. »

Léo : « Chevalier, tu veux bien zoomer sur la faille dans la falaise s’il te plaît. »

79.1 55 La faille 79.1 54 La faille

Léo : « On la devine plus qu’on la voit… C’est cette faille là qui se prolonge et qui sépare les îlots ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Avez-vous des questions sur ce que nous avons vu depuis ce matin ? »

Max : « Non, mais je veux bien que Léo résume. Il résume toujours bien Léo. »

Léo : « Ben là, je crois que je ferai simple. Il y a un socle briovérien sur lequel repose en discordance les grès armoricains. Et puis, il y a eu apparition des failles qui ont fait remonter le socle entre deux compartiments de couverture. »

Le chevalier : « C’est bien résumé. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On va manger 🙂 »

Max : « Il est midi douze ? »

Le chevalier : « Non quinze heures vingt ! Et j’ai faim ! »

Max : « Et après, on fait quoi ? »

Le chevalier : « On étudie la couverture paléozoïque et la tectonique qui l’a affectée. »

Continuer la promenade

78.3 – Sur la route de Pen Hir et le retour

Lundi 29 Février, An III (Suite)

Max : « Bonome, on peut pas rester toute la vie ici à regarder les bécasseaux. Il faut s’en aller maintenant… Bonome ? »

Léo : « Rholala… Il devient de plus en plus sauvage. A la fin du séjour, il va se creuser un terrier si ça continue… »

Max : « Oui, et il va se nourrir de vers et de racines… »

Léo : « Il faut faire quelque chose ! »

Max : « BONOME ! On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Ça suffit les bécasseaux ! On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Vers le sud… La Pointe de Pen Hir. Avec probablement quelques arrêts en chemin… »

Max : « On va voir quoi ? »

Le chevalier : « Vous verrez 🙂 »

Max : « J’espère qu’il va pas nous faire visiter des terriers qu’il a déjà repérés… »

Le chevalier : « Tenez, voici notre premier arrêt. Nous sommes à Lagad Yar. »

78.3 01 Lagad Yar 78.3 02 Lagad Yar

Max : « Et c’est quoi ça ? Un champ de rochers ? Tu viens faire la récolte ? »

Le chevalier : « Ce sont des mégalithes. On dit parfois menhirs ce qui veut dire pierre longue. Il y en a une centaine. »

Max : « Mégalithes, menhirs… Tu parles quelle langue ? »

Le chevalier : « Plusieurs 🙂 Mégalithe vient du grec ancien… »

Max : « Le grékancien… J’aurai dû y penser ! »

Le chevalier : « Oui, tu aurais pu ! Méga veut dire grand et Lithos, roche. Ce sont de grandes roches. »

Léo : « Et menhir ? C’est quelle langue ? »

Le chevalier : « C’est du breton. Il y a beaucoup de ces pierres dressées en Bretagne. Mais il y en a aussi en Angleterre, en Charentmaritimie, en Espagne… Un peu partout en Europe… »

Léo : « Elles datent de quand ? Tu connais leur histoire ? »

Max : « Moi je sais ! C’est les zoms préhistoriques ! Au début, ils étaient chasseurs cueilleurs. Ils chassaient et ils cueillaient. Mais c’était fatiguant parce qu’ils devaient se déplacer tout le temps. Forcément. Quand ils avaient tout cueilli à un endroit il y avait plus rien à manger et il fallait aller ailleurs. Et pour chasser, il faut poursuivre les proies. Alors ils étaient très fatigués. Et un jour il y en a un qui a dit : ‘Chasseur cueilleur, c’est trop fatiguant. Et on peut même pas avoir de maison. On est obligé d’être sans domicile fixe et ça fait un peu clochard. Alors on va inventer l’agriculture et l’élevage et ça sera mieux. On pourra construire des villages et on aura l’air riches. Les autres savaient pas ce que c’était l’agriculture et l’élevage mais ils ont pas osé le dire de peur de passer pour des idiots. Alors ils ont dit : ‘Oui oui. L’agriculture et l’élevage c’est quand même beaucoup mieux. On est d’accord.’ Et l’inventeur les envoya de par l’Europe entière en leur disant : ‘Prévenez les autres. On est agriculteurs et éleveurs maintenant. Il faut planter, labourer et aussi domestiquer des zanimos.‘ Et les autres partirent en mission. Mais ils savaient pas ce qu’il fallait planter. C’est pour ça qu’un peu partout en Europe les zoms préhistoriques ont planté des cailloux. Au début c’étaient des tous petits cailloux de rien du tout. Mais avec le temps ils ont grandi, grandi… Et maintenant ce sont des mégalithes. »

Léo : « Ça faisait longtemps que tu nous avais pas raconté une belle histoire 🙂 »

Le chevalier : « Le plus étonnant est qu’il y a du vrai dans ta belle histoire 🙂 »

Max : « Ben oui, évidemment… »

Le chevalier : « C’est effectivement lors du passage à l’agriculture et l’élevage que les hommes préhistoriques se sont mis a édifié ces édifices. »

Léo : « C’était quand ? »

Le chevalier : « Il y a environ 5 000 ans. Cette société mégalithique a duré environ 1500 ans. Peut être un peu plus… »

Léo : « Et ils servent à quoi les menhirs ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien mon Léo. Les dolmens, ou tables de pierre, étaient l’armature de tumulus qui servaient de sépultures. Mais la fonction des alignements de menhirs échappe encore aux scientifiques. Du moins, à ma connaissance. Tout ce que je peux vous dire est que ces pierres sont en grès quartzites et qu’elles ont été prélevées un peu plus loin, dans les falaises de la Longue Pointe. »

Léo : « Je sais pas bien la préhistoire moi, mais il y a 5 000 ans, c’était pas encore l’âge de pierre ? »

Le chevalier : « Si mon Léo. Les débuts de la métallurgie sont contemporains de l’ère des mégalithes. Mais les premiers métaux fondus, le bronze et l’or, étaient trop mous pour servir d’outils. Ils servaient à faire des bijoux. »

Max : « Comment ils ont taillé les pierres alors ? Et comment ils les ont déplacées ? Elles doivent peser des tonnes ! »

Le chevalier : « On peut tailler une pierre avec une autre pierre un peu plus dure si on est patient. Et le déplacement de ces pierres nécessitait la coopération de toute une tribu. Les scientifiques pensent justement que ces constructions avaient pour but de souder les tribus et leur permettaient de marquer leur territoire. »

Max : « C’est plus facile de faire pipi tout autour, comme les zanimos 🙂 »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 Avez-vous d’autres questions sur ces mégalithes ? »

Max : « Moi non. Et toi Léo ? »

Léo : « Pas pour le moment. Merci pour tes explications chevalier. »

Max : « On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Jeter un œil à la partie est des falaises du Veryach. »

Max : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Non, pas vraiment. Nous allons marcher et voir ce qui se présente à nous 🙂 »

Léo : « On va voir des zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Nous y voilà ! »

78.3 03 Veryach

Max : « Bonome, il y a un peu de plage avec du sable. Pourquoi tu marches sur les rochers qui glissent ? Tu veux absolument tomber ? »

Le chevalier : « Déjà fait ici 🙂 Pas vraiment une chute. Plutôt une glissade vers l’avant du pied d’appui. Mon tibia a tapé un rocher. J’ai encore la cicatrice 🙂 »

Max : « Tu m’énerves. TU M’ÉNERVES ! »

Le chevalier : « Caaaalme Maxou… Respire profondément. Inspiiiire… Expiiiire… Tu veux que je te gratte le front ? »

Max : « Je te cause plus. »

Léo : « Chouette ! Un peu de silence ! Dis chevalier, c’est encore les Schistes de Postolonnec et les Grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Ici nous sommes sur les schistes et nous allons voir la transition avec les grès qui constituent la Longue Pointe là-bas. »

Max : « Ça sert à rien. On va rien voir. Tu vas marcher sur des cailloux tout cassés et peut être que tu vas tomber et être tout cassé aussi. »

Le chevalier : « Je te promets de faire attention mon petitours. Et j’espère surtout voir des oiseaux. »

Léo : « Quoi comme zoisos ? »

Max : « On peut pas savoir… »

Le chevalier : « Au lieu de râler, regarde un peu la falaise ouest du Veryarch… »

78.3 04 Veryach 78.3 05 Veryach

Max : « On ira un jour ? »

Le chevalier : « C’est prévu 🙂 Demain si le temps le permet. »

Léo : « Il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Très peu…  »

Max : « Oh ! Regardez ! Qu’est ce qu’il fait le tarier pâtre ? »

78.3 06 Tarier patre 78.3 07 Tarier patre

Léo : « Il attrape des insectes volants ? »

Le chevalier : « Je crois bien. »

Max : « C’est rigolo à voir 🙂  C’est quoi déjà son nom en scientifique ? »

Le chevalier : « Saxicola torquatus, Muscicapidés. »

Léo : « Et là-bas, il y a un huîtrier-pie, Haematopus ostralegus. Max t’imagine même pas le manger ! »

78.3 08 Huitrier-pie 78.3 09 Huitrier-pie

Max : « Je mangerai pas du zoiso Léo. Tu sais, moi aussi j’aime beaucoup les zoisos. Depuis plus longtemps que toi. »

Le chevalier : « Mes petizours. Je vous propose de faire une pause pour profiter du paysage et du soleil. »

Max : « Toi, tu veux t’asseoir et pétuner 🙂 »

Léo : « Et te caféiner 🙂 »

Le chevalier : « Me reposer un peu et profiter du paysage. Regardez un peu… »

78.3 10 Les petizours 78.3 11 Les petizours

Léo : « Rhoooo, c’est bôôôô ! »

Max : « Ça c’est un beau paysage ! »

Le chevalier : « Je m’attendais plutôt à ce que vous regardiez de l’autre côté ! »

Max : « On fera après. »

Léo : « On regarde la Longue Pointe. »

Max : « Et les Tas de Pois. »

Le chevalier : « D’accord. Ne bougez plus. Je vais vous fotoer. »

78.3 12 Léo 78.3 13 Max

Max : « Comme ça on pourra montrer à Princesse 🙂 Pourquoi elle vient jamais avec nous Princesse ? »

Le chevalier : « Je t’ai déjà dit Maxou : elle a autre chose à faire. C’est une princesse. Elle ne va pas arpenter les chemins pour vérifier que tout va bien au Pays des Zoisos. Elle a des chevaliers pour cela. »

Max : « Elle en a un seul ! Et elle pourrait venir juste une fois ! Pour voir à quel point tu fais bien ta mission. »

Le chevalier : « Elle le sait Maxou. Grâce à toi en plus 🙂 »

Max : « Tu es en train de dire que si elle vient pas c’est à cause de mon blog ? »

Le chevalier : « Maxou… »

Léo : « Regardez ! Il y a des tariers pâtres, là, dans les arbustes ! »

78.3 14 Tariers patres

Max : « Pourquoi ils sont pas pareils ? C’est le dimorphisme sexuel ? »

Le chevalier : « Oui, probablement. A gauche c’est le mâle et à droite c’est la femelle. »

Max : « Tu peux les zoomer chacun leur tour s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr. D’abord le mâle… »

Max : « Ce n’est pas très galant. Ça m’étonne de toi. »

Le chevalier : « Il a l’air plus remuant. J’ai peur qu’il s’envole… »

78.3 15 Tarier patre male 78.3 16 Tarier patre male

Max : « Zutalor ! Tu l’as eu que de face ! C’est pas grave, on le reconnaît bien quand même. »

Léo : « Oui, il a bien la tête noire, un demi-collier blanc et la poitrine est orange. »

Max : « Et la queue est brune. Et la femelle ? Tu l’as fotoée ? Montre un peu… »

78.3 17 Tarier patre femelle 78.3 18 Tarier patre femelle

Max : « On la voit pas bien. »

Léo : « On voit quand même que sa tête est pas noire. »

Max : « Et la poitrine est orangée aussi. »

Léo : « Elle est moins colorée que le mâle. »

Max : « Mais elle est belle aussi. »

Léo : « Ils sifflotent tous les deux. Tu crois qu’ils vont faire des œufs ? »

Le chevalier : « Il est un peu tôt. Nous ne sommes pas encore au printemps. Mais peut être vont-ils faire une parade et former un couple. Bon, Max avait raison. Nous ne verrons pas de roches intéressantes. Retournons à notre monture. »

Léo : « Il y a un pipit. »

78.3 19 Pipit 78.3 20 Pipit
78.3 21 Pipit 78.3 22 Pipit

Max : « Encore un pipit ! Ils le font exprès. Parce qu’on les reconnaît pas. Ils viennent juste pour nous embêter et nous dire qu’on connaît rien du tout aux zoisos. »

Le chevalier : « Maxou, tu sais bien que l’oiseau que nous voyons le plus est celui qui est chargé de veiller sur nous. Les pipits ne viennent pas pour autre chose. »

Max : « Ce sont nos zoisos-gardiens ? Comme les chardonnerets rigolos en Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu peux le remercier, en zoiso. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Il t’a entendu Max. »

Max : « Tu le fotoes s’il te plaît. »

Le chevalier : « C’est déjà fait ! »

Léo : « Tu dirais que c’est lequel de pipit ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien. Le sourcil est très discret. Je dirai pipit maritime. »

Max : « Anthus petrosus. »

Léo : « Il va falloir qu’on travaille les pipits au retour. On peut pas continuer comme ça. »

Max : « C’est vrai ! Ça va pas du tout ça bonome. »

Le chevalier : « Il va falloir organiser une formation 🙂 »

Max : « C’est ça ! Moque toi de moi ! N’empêche que Princesse va finir par se rendre compte qu’on mélange tous les pipits. Et elle va te gronder. Nous, on s’en fiche. Si on connaît pas c’est de ta faute. C’est toi qui nous as pas appris. »

Le chevalier : « Quelle solidarité ! Je ne suis pas certain de t’avoir élevé de cette façon. »

Max : « Tu m’as pas élevé du tout ! Je me suis fait tout seul ! »

Le chevalier : « Je me demandais à quel moment j’avais raté 🙂 Je suis ravi d’apprendre que je ne suis pour rien dans le désastre qu’est ton éducation 🙂 »

Max : « Le désastre ! Quel désastre ? Est-ce que j’ai une tête de désastre ? Je suis un modèle pour toute la jeunesse du Pays des Zoisos moi monsieur. Je suis beau, intelligent, cultivé, aventurier, dynamique… Il faudrait un article complet dans mon blog pour faire la liste de toutes mes qualités. »

Le chevalier : « Quand tu écriras cet article n’oublie pas d’ajouter modeste et humble 🙂 »

Max : « Mais j’y pense. Modeste et humble, c’est tout à fait moi. »

Le chevalier : « Oui mon Maxou. Tu es un véritable modèle. En attendant d’entrer au Panthéon, file dans ma poche pour la chevauchée. Toi aussi Léo, et arrête de rire, tu vas vexer Maxou 🙂 »

Quelques enjambées plus tard…

Le chevalier : « Regardez mes petizours… »

78.3 23 Veryach 78.3 24 Veryach

Léo : « Rholala ! Comme c’est beau ! »

Max : « On était là en bas ? »

Le chevalier : « Oui. La photographie de gauche montre la zone que nous venons d’explorer. »

Léo : « On voit bien les schistes de Postolonnec presque noirs et les grès armoricains presque blancs. »

Max : « Et on a pas vu la zone de transition… »

Le chevalier : « Et non ! La photographie de droite montre la falaise du Veryach. C’est l’une des plus belles coupes de l’Ordovicien et du Silurien de France. »

Max : « Et on va y aller ? »

Le chevalier : « Oui. Demain, si le temps le permet. La dernière photo montre la plage de Lam Saoz. Nous irons aussi. »

Léo : « Encore une journée chargée 🙂 »

78.3 25 Lam Saoz

Max : « Je vais jamais réussir à graver tout ça moi ! Ou alors il va me falloir des mois et je serai encore plus en retard dans mon blog 🙁 »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. Je t’aiderai le plus possible. A moins que tu ne veuilles travailler seul comme tu t’es fait tout seul 🙂 »

Max : « Moque toi si tu veux. Pfff… »

Le chevalier : « Bon, laissons là notre monture et continuons à pieds. »

Léo : « On peut continuer en poche ? Parce que toi, tu as de grandes jambes et nous de petites pattes… »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo, tu peux. Max préfère peut être marcher tout seul 🙂 »

Max : « Tu arrêtes maintenant ! Ça suffit ! Ou je dis à Princesse que tu fais rien qu’à te moquer de moi. »

Léo : « Vous êtes agaçant tous les deux à vous chamailler ! On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On touriste 🙂 En marchant sur la plate forme de la Longue Pointe. »

Léo : « La Longue Pointe ? C’est Pen Hir ? Avec les Tas de Pois ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Et quelques oiseaux… »

Léo : « Tu dis ça à cause du goéland argenté ? »

Max : « Elle est belle ta foto bonome. »

Le chevalier : « Merci Maxou. »

78.3 26 Goéland argenté

Léo : « Et là ! Encore un tarier pâtre ! On en a vu beaucoup aujourd’hui 🙂 »

78.3 27 Tarier patre

Max : « C’est pourtant pas un zoiso de bord de mer. »

Le chevalier : « Pas spécialement. On peut l’observer dans de nombreux milieux. Mais ce n’est pas surprenant d’en voir en Bretagne… Approchez vous de la falaise, je voudrais vous fotoer. »

Max : « Nous fotoer ou nous falaiser ? »

Le chevalier : « Mon petitours, modèle de la jeunesse du Pays des Zoisos, tu es parfois agaçant mais jamais je ne te falaiserai 🙂 »

Léo : « Ben oui Maxou. Qu’est ce qu’il deviendrait sans nous ? »

Max : « Il redeviendrait sauvage… Il nous a entendus dire qu’on voulait pas qu’il redevienne sauvage. C’est pour ça qu’il veut nous falaiser. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Bonome, je veux bien que tu nous fotoes au bord de la falaise mais seulement si tu nous tiens. J’ai peur de tomber. »

Le chevalier : « Et j’ai peur que vous tombiez. »

Léo : « Les korrigans nous ramèneraient. »

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr et je ne veux pas essayer. Allez ! Fotos ! »

78.3 28 Max 78.3 29 Léo

Léo : « Tu veux bien fotoer les Tas de Pois aussi s’il te plaît. »

Le chevalier : « J’allais le faire 🙂 »

78.3 30 Les tas de pois 78.3 31 Pen Hir

Max : « Et là pointe là-bas, tu la connais ? On pourra y aller ? »

78.3 32 Pointe du Toulinguet 78.3 33 Pointe du Toulinguet

Le chevalier : « C’est la Pointe du Toulinguet. On ne peut pas y aller. Elle est barrée par un gigantesque mur. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Il y a un sémaphore de la Marine Nationale. C’est un point stratégique militaire. »

Max : « Ah, d’accord. Si on essaye d’y aller on va se faire tirer dessus. Tant pis. »

Le chevalier : « Mais nous irons voir la plage de Pen Hat et la falaise qui la borde au nord. Bon, mes petizours, il va falloir rentrer maintenant. La journée a été longue. Je suppose que vous êtes fatigués. »

Max : « Oh oui. »

Léo : « J’ai l’impression que cette journée a duré une semaine 🙂 »

Le chevalier : « Nous avons fait six arrêts aujourd’hui. »

Léo : « Six jours de marche 🙂 Presque une semaine. J’avais raison 🙂 »

Max : « On pourra dormir pendant la chevauchée du retour ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Maxou. »

Max : « A tout à l’heure bonome. Tu nous réveilleras en arrivant pour qu’on aille se coucher. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Dormez bien. »

Plus tard…

Le chevalier : « Max… Léo… Réveillez-vous. »

Max : « On est arrivés ? »

Léo : « On va se coucher ? »

Le chevalier : « Non, j’ai fait un arrêt imprévu. Venez voir. C’est une très belle plage. »

78.3 34 La plage

Max : « On est où ? »

Le chevalier : « A Kersiguénou. Regardez, à droite il y a les Tas de Pois et à gauche on aperçoit le Kastell. »

Léo : « Rholala… C’est beau 🙂 Merci de nous avoir réveillés. »

Max : « Ah ça oui alors ! Et ces roches là, c’est quoi ? Elles forment comme un éperon rocheux. »

Le chevalier : « Ce sont des schistes zébrés. »

Max : « Des schistes zébrés ? Du Briovérien ? Comme à Port Zic ? On peut aller les voir ? »

Le chevalier : « Si vous voulez… Hé ! Mais où vous courez comme ça ? Je me demande si je ne préfère pas quand vous dormez 🙂 »

78.3 35 Schistes zébrés 78.3 36 Schistes zébrés
78.3 37 Schistes zébrés 78.3 38 Schistes zébrés

Max : « Ah, tu es enfin arrivés 🙂 »

Léo : « C’est pas tous les jours qu’on peut voir des roches d’il y a 550 millions d’années. »

Max : « Et qui ont connu la formation de deux chaînes de montagnes… »

Le chevalier : « On peut parler d’orogenèses… »

Max : « Du grékancien… »

Le chevalier : « Oui, du grec ancien 🙂 Qui veut dire formation de montagnes. Avançons un peu, nous verrons peut être mieux l’éperon rocheux. »

78.3 39 Schistes zébrés 78.3 40 Schistes zébrés

Max : « Oulala, elles sont tout pliées ces roches. »

Léo : « Ben forcément ! Elles ont connu deux orogenèses. »

Max : « Ben oui, n’empêche qu’elles sont tout pliées. Et on voit bien qu’elles forment un éperon. Bonome, tu sais pourquoi ? »

Le chevalier : « Non mon Maxou. Je ne sais pas tout. »

Max : « C’est pas grave bonome, on t’aime bien quand même. On peut aller sur la plage se promener en regardant le soleil décliner ? »

Le chevalier : « Oui. Regardez comme c’est beau. »

78.3 41 La plage

Léo : « Rhoooo… La chance… C’est pas tout le monde qui voit ça. Tu te rends compte Maxou ? »

Max : « Je me rends compte qu’il va encore ploufer ses pieds 🙁 Ils vont être tout moisis à force… »

Léo : « Arrête de ronchonner et profite de la beauté. »

Max : « Je profite mais quand même ! Il faut en prendre un peu soin de ce bonome. Sinon il pourra plus nous emmener partout. »

Léo : « C’est vrai ça ! Chevalier, faut pas ploufer tes pieds. Et ce soir tu les nettoieras et tu les sécheras bien. Si tu veux on ira chez l’apothicaire quérir des crèmes et des onguents. »

Le chevalier : « Et vous me ferez un massage ? »

Max : « Et puis quoi encore ? »

Le chevalier : « Votre gentillesse envers moi m’étonnait quand même un peu 🙂 »

Max : « On est gentils nous. »

Léo : « Très gentils même. »

Max : « Souvent trop. »

Léo : « Mais on y peut rien. »

Max : « On est comme ça 🙂 Hé bonome, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « C’est un test d’oursin. »

Max : « Ça ? C’est un zoursin ? »

Le chevalier : « Oui, c’est un oursin ! »

Léo : « Regarde Max ! Il y en a plein partout. Viens, on va les ramasser. »

Max : « Regarde bonome tous nos zoursins 🙂 On les prend pour ma collection. Bon, tu nous expliques ce zoursin. »

78.3 42 Un zoursin 78.3 43 Des zoursins

Le chevalier : « Maxou, tu as déjà vu des oursins fossiles. Que peux tu me dire de celui-ci ? »

Max : « Il est bizarre ! »

Le chevalier : « Pourquoi dis-tu cela ? »

Max : « Parce que les zoursins ont une symétrie d’ordre cinq normalement. Ils sont identiques à eux-mêmes quand on les fait tourner d’un cinquième de tour. Mais pas celui là. Lui, il a un axe de symétrie. »

Le chevalier : « C’est bien mon Maxou. Effectivement il y a une symétrie bilatérale secondaire. Vois-tu des tubercules ? »

Max : « Ah non 🙂 Heu… Si, des tout petits. On les voit à peine. Ça veut dire qu’il avait des petits piquants. C’est un zoursin fouisseur. J’ai bon ? »

Le chevalier : « Oui, tu as bon 🙂 Ces oursins vivent enfouis dans le sable. Ils filtrent les sédiments pour récupérer la matière organique dont ils se nourrissent. »

Léo : « Tu as déjà dit ça pour un ver du sable. Le rénicole. »

Le chevalier : « L’arénicole 🙂 Il y a beaucoup d’organismes filtreurs. Certains filtrent les sédiments, d’autres filtres l’eau. »

Max : « D’accord. Et c’est qui ce zoursin ? »

Le chevalier : « C’est un oursin des sables, Echinocardium cordatum, de la famille des Spatangidés. »

Léo : « Il y en a beaucoup ici dis donc. »

Le chevalier : « Oui, ils aiment les sables fins et peuvent vivre jusqu’à 200 m de profondeur. Ils doit y en avoir jusqu’au Kastell… Quand ils meurent, leurs tests sont ramenés sur la plage par les vagues et les marées. Maxou, si tu veux les prendre pour ta collection il va falloir faire très attention. Ils sont extrêmement fragiles. »

Max : « Tu veux bien les porter ? On a pas de doigts nous. Et on peut pas les mettre dans nos sacados. »

Le chevalier : « Je les prendrai au retour. »

Max : « On avance encore ? »

Le chevalier : « Oui, j’ai aperçu des oiseaux sur la laisse-de-mer. »

Léo : « Moi aussi 🙂 On va les voir ? »

78.3 44 Bécasseaux sanderlings 78.3 45 Bécasseaux sanderlings

Max : « Ce sont tes amis ! »

Léo : « Des bécasseaux sanderlings ! Calidris alba, Scolopacidés. »

Max : « Pourquoi il a du noir celui de droite ? »

Le chevalier : « C’est peut être un juvénile. »

Léo : « Zutalor ! On les a fait fuir ! »

78.3 46 Bécasseaux sanderlings 78.3 47 Bécasseaux sanderlings

78.3 48 Bécasseaux sanderlings

Max : « Ils rentrent se coucher. Nous aussi on devrait rentrer maintenant. Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Oui, moi aussi je suis fatigué. »

Max : « Dis, je crois qu’il faudra pas nous réveiller en arrivant. Tu pourras nous coucher directement ? Tu es d’accord Léo ? »

Léo : « Oui 🙂 »

Le chevalier : « Alors regardez une dernière fois les Tas des Pois. »

78.3 49 Les tas de pois

Léo : « C’est bôôôô ! »

Max : « Merci mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Bonnuit mes petizours. »

Max : « Ben ! Et notre bisou ? »

Léo : « Et nos gratouillis ? »

Le chevalier : « 🙂 Bonnuit mes petizours. »

Continuer la promenade

78.2 – Kameled

Lundi 29 Février, An III (Suite)

Max : « Bonome, Kameled, c’est un port ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, tu le vois bien. »

Max : « Qu’est ce qu’on vient faire dans un port ? »

Le chevalier : « Regarder les zoisos. Manger… Et il y a une plage bordée d’une falaise à la sortie de la ville. »

Max : « Et on va y aller ? »

Le chevalier : « Oui. Je vous montrerai de belles figures sédimentaires. »

Léo : « C’est normal qu’il y ait pas d’eau dans le port ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas un très grand port 🙂 Il se vide à marée basse. »

Max : « Avec toi, il y a jamais d’eau dans la mer 🙂 »

Le chevalier : « éléoulamer ? Max, éléoulamer ? »

Max : « Elle est pas là la mer 🙂 Léo, tu dis rien ? »

78.2 01 Mouette rieuse 78.2 02 Mouette rieuse

Léo : « Je regarde les zoisos… Il y a une mouette qui rigole, Chroicocephalus ridibundus, Laridés. Sa tête est déjà un peu brun chocolat. »

Max : « Parle pas de chocolat ! Tu me donnes faim 🙂 »

Léo : « Tu penses qu’à manger ! Chevalier, tu as vu là-bas ? »

Le chevalier : « Oui, approchons-nous. »

78.2 03 Huitrier pie 78.2 04 Huitrier pie
78.2 05 Huitrier pie 78.2 06 Huitrier pie
78.2 07 Huitrier pie 78.2 08 Huitrier pie

Max : « C’est un huîtrier-pie et une autre mouette qui rigole. »

Léo : « Ils font leur toilette. »

Max : « Les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

Léo : « Ils prennent le port pour leur salle de bains 🙂 »

Max : « Léo, tu connais le nom de l’huîtrier-pie en scientifique ? »

Léo : « Heu… Il a les pattes rouges… Il faut dire ça en grékancien… Non, je me souviens plus. Tu sais toi, chevalier ? »

Le chevalier : « Haematopus ostralegus, Haematopodidés… Ne bougez plus ! Chut ! Il y a une bergeronnette grise juste là ! »

78.2 09 Bergeronnette de Yarrell 78.2 10 Bergeronnette de Yarrell
78.2 11 Bergeronnette de Yarrell 78.2 12 Bergeronnette de Yarrell

Max : « Elle a trouvé du manger 🙂 »

Léo : « Elle s’appelle Motacilla alba, Motacillidés. »

Max : « Léo, tu dis des erreurs. Toi aussi bonome. C’est pas une bergeronnette grise mais une bergeronnette de Yarrell. »

Léo : « Tu es sûr ? »

Max : « Ben oui ! Tu vois bien qu’elle a le dos noir brillant ! Elle est pas grise. »

Léo : « C’est vrai. Tu as raison. C’est bien une bergeronnette de Yarrell. »

Le chevalier : « Laissons-la manger tranquillement. »

Max : « Oui. Surtout que j’ai une interro pour toi 🙂 »

Le chevalier : « Max, Léo l’a déjà crié : ON EST EN VA-CAN-CES ! »

Max : « Et alors ? Je te fais une interro si je veux. Je te rappelle que je suis maître-assistant à la schola et, à ce titre, je fais toutes les interros que je veux. Le sujet est devant toi. »

78.2 13 Interro pour bonome

Le chevalier : « Un jeune Laridé… Goéland argenté premier hiver ? »

Max : « Je sais pas moi ! »

Le chevalier : « Mon petit Maxou, quand on fait une interro, il faut connaître les réponses ! »

Max : « Ben demande à mon assistant ! »

Le chevalier : « Parce que tu as un assistant ? »

Max : « Oui, Léo ! Léo, c’est qui ce jeune Laridé ? »

Léo : « Mmmmm… Quoi ? »

Max : « Tu nous écoutes pas ? »

Léo : « Mmmmm… »

Max : « Qu’est ce que tu regardes ? »

Léo : « Oui oui… »

Max : « Je crois que Léo est totalement absorbé par son observation… Encore des Laridés ! Et ils font sa toilette ! Bonome tu t’es trompé. Kameled c’est pas un port. C’est la salle de bains des zoisos de Kraozon 🙂 »

78.2 15 Des laridés 78.2 16 Des laridés

Le chevalier : « Mes petizours, il est midi douze. J’ai faim ! »

Max : « D’accord, on va manger. Léo, tu viens ? Léo ! LÉO ! »

Léo : « Oui, je viens. Chevalier, avant d’aller à l’auberge, tu veux bien fotoer le goéland argenté qui est là-haut ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo… Voilà. »

Léo : « Merci chevalier. Allez Max, on se poche. Moi, je vais siester un peu pendant ton repas. »

Max : « Moi aussi. Bonome, tu nous prends du chocolat ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 A tout à l’heure. »

78.2 17 Goéland argenté 78.2 18 Goéland argenté

***

Le chevalier : « Mes petizours ! Réveillez-vous et sortez vos truffes, nous sommes arrivés à la plage du Corréjou. »

Léo : « Mmmmmm… »

Max : « Ondorplu ? »

Le chevalier : « Non, ondorplu 🙂 »

78.2 19 Le Corréjou

Léo : « On va inspecter tout ça ? »

Le chevalier : «  Oui mon Léo. »

Max : « Encore des cailloux tout cassés… »

Le chevalier : « Je vais faire attention Maxou. »

Max : « Mouai… Bon, on fait quoi ? »

Le chevalier : « Nous allons d’abord longer la petite falaise. J’entends des oiseaux. »

Léo : « Moi aussi 🙂 J’ai entendu des rougegorges familiers. Et un autre zoiso que je connais pas. »

Max : « Avant d’aller voir dans les arbres, regardez sur l’estran. Il y a des Laridés. »

78.2 20 Goélands marins 78.2 21 Goélands marins

Léo : « Ce sont des goélands marins. »

Max : « Larus maritimus. Il y en a beaucoup à la mer. »

Le chevalier : « Pas tant que ça Maxou, même si nous en voyons chaque jour. »

Léo : « Et là, ce sont des goélands bruns. »

78.2 22 Goélands bruns 78.2 23 Goélands bruns
78.2 24 Goéland brun 78.2 25 Goéland brun

Max : « Larus fuscus. »

Léo : « On voit beaucoup des zoisos aujourd’hui 🙂 »

Le chevalier : « J’espère que nous en verrons encore 🙂 »

Max : « Bon, on va voir dans les arbres ou on reste là ? »

Léo : « On va voir dans les arbres ! »

Max : « Je crois avoir vu un roitelet. »

Léo : « Un roitelet ? Du genre Regulus ? »

Max : « Ben oui ! Un roitelet ! »

Léo : « Tu les as vus chevalier ? »

Le chevalier : « Oui, mais ils se sauvent dès que nous approchons. Je n’arrive pas à les fotoer… »

Max : « Essaye encore bonome. »

78.2 26 Roitelet triple bandeau

Le chevalier : « Max, tu ne vas pas mettre cette foto ! Elle est moche et floue. »

Max : « Oui, j’ai vu ! Mais c’est la seule de roitelet que tu aies réussi. »

Léo : « Montre moi… Vous avez vu sa tête ? Il est tout rayé ! C’est pas un roitelet huppé ça ! »

Le chevalier : « Bien vu Léo. C’est un roitelet triple bandeau, Regulus atricapila, Régulidés. »

Max : « On le connaît pas celui là. On l’avait jamais vu. Oulala ! Un zoiso de plus 🙂 »

Léo : « C’est dommage que tu l’aies pas mieux fotoé. »

Max : « J’ai vu des rougegorges familiers. On peut essayer de s’en approcher ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Ils se sauveront peut être moins que les roitelets. »

Léo : « Il y en a un là ! Sur les branches ! »

Max : « Et un autre là ! Sur les cailloux ! »

78.2 27 Rougegorge familier 78.2 28 Rougegorge familier

Léo : « Ils se sont envolés. Venez, on en suit un. »

Max : « Il est là ! Il nous regarde. Parle-lui en zoiso bonome. Dis lui qu’on veut juste le fotoer, qu’on veut pas l’embêter et que si il prend la pose, on le laisse en paix après. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Max : « Ça alors ! Il s’est posé et il bouge plus. Il prend la pose. »

78.2 29 Rougegorge familier 78.2 30 Rougegorge familier

Léo : « Rholala ! C’est bien de parler le zoiso 🙂 »

Max : « Il parle le zanimo, il est ami avec les korrigans… »

Léo : « On a de la chance de le connaître. »

Max : « C’est pour ça qu’il faut pas qu’il redevienne sauvage. »

Léo : « Il faut bien le surveiller. »

Max : « Ben oui, parce que j’ai eu du mal à le dresser au début. Quand tu es arrivé j’avais déjà beaucoup travaillé 🙂 »

Le chevalier : « Mes petizours ? »

Max et Léo : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Nous sommes arrivés à la falaise. »

78.2 31 Le Corréjou 78.2 32 La falaise du Corréjou

Léo : « C’est quoi comme roches ? »

Le chevalier : « Schistes de Postolonnec et grès armoricains. »

Max : « Encore ! Mais on a déjà vu tout ça ! »

Le chevalier : « Je sais Maxou mais ici il y a de belles figures sédimentaires et quelques fossiles. »

Max : « Chouette ! On va fossiler ! »

Le chevalier : « Oui, mais d’abord observez bien devant vous. »

78.2 33 Cordon de galets 78.2 34 Cordon de galets

Max : « C’est quoi ça ? »

Léo : « Il y a des galets dans un machin tout marron. »

Le chevalier : « Les galets sont anguleux et sont pris dans une matrice marron. »

Max : « On dirait de la boue durcie. »

Le chevalier : « C’est effectivement une coulée de boue fossile. »

Max : « Ça se fossilise les coulées de boue ? »

Léo : « Ben oui ! Il vient de le dire ! »

Max : « J’ai le droit d’exprimer ma surprise ou pas ? »

Léo : « Exprime mon cousin, exprime 🙂 »

Max : « Merci Léo. »

Le chevalier : « Cette coulée de boue a environ 100 000 ans. A l’époque le climat était bien plus froid et les sols étaient gelés sur une grande épaisseur. Mais un jour le sol a fondu, de la boue s’est formée et s’est écoulée. Il en reste cette coulée de boue fossilisée. »

Max : « D’accord. Alors les coulées de boue peuvent se fossiliser. On avance ? »

Le chevalier : « Oui, vous descendez de ma poche et je vous laisse explorer les schistes de Postolonnec à la recherche de fossiles. »

Max : « On y va ! »

78.2 35 Un trilobite

Léo : « J’ai trouvé un trilobite ! Venez voir ! »

Max : « Mais… Il est tout tordu ! Comment ça se fait ? »

Le chevalier : « C’est à cause des déformations des roches. Elles peuvent subir des cisaillements. »

Léo : « Des cisaillements ? »

Le chevalier : « Oui, des cisaillements. Imagine la serviette de Max posée à plat. »

Léo : « J’imagine. »

Le chevalier : « Je pose les mains sur chacun des bords. »

Léo : « J’imagine encore. »

Le chevalier : « Alors imagine que je remonte ma main gauche pendant que je fais glisser ma main droite vers le bas. »

Léo : « La serviette va se tordre ! »

Le chevalier : « Oui, j’ai réalisé un cisaillement. »

Max : « Et les fossiles de la serviette sont tout tordus. »

Léo : « Maxou, il y a pas des fossiles dans ta serviette 🙂 »

Max : « Je sais bien Léo. Et les fossiles de la strate sont tout tordus. »

Léo : « Et tu connais l’espèce de ce trilobite ? »

Le chevalier : « Non 🙁 »

Max : « Dis bonome, il y en a encore des trilobites ? »

Le chevalier : « Non. Je ne vous l’ai pas déjà dit ? »

Max : « Non. »

Le chevalier : « Les trilobites existent depuis le début du Cambrien. Peut être même un peu avant. Et ils ont totalement disparu à la fin de l’ère primaire. »

Léo : « Il ont donc vécu de 550 millions d’années à … »

Le chevalier : « 250 millions d’années. »

Max : « Et pourquoi ils ont disparu ? »

Le chevalier : « Difficile à dire… Il y a eu une grande crise de la biodiversité à la fin de l’ère primaire. On estime que 85 % des espèces ont disparu en quelques millions d’années. »

Léo : « 85 % ? »

Le chevalier : « Oui, peut être même un peu plus. Certains groupes, comme celui des Trilobites, ont entièrement disparu. D’autres ont en partie survécu. On ne connaît, par exemple, qu’un seul genre d’oursins au début de l’ère secondaire. »

Max : « Et il y a eu d’autres crises comme celle-là ? »

Le chevalier : « Il y a eu 5 crises majeures de la biodiversité : à la limite entre l’Ordovicien et le Silurien (- 435 millions d’années), entre le Frasnien et le Famménien au Dévonien supérieur (- 365 millions d’années), entre le Permien et le Trias (- 250 millions d’années), entre le Trias et le Jurassique (- 205 millions d’années) et entre le Crétacé et le Tertiaire (- 65 millions d’années). Cette dernière crise est connue car c’est à ce moment que les dinosaures ont disparu. »

Max : « Pas tous bonome. Il reste les zoisos 🙂 »

Léo : « Et elles sont dues à quoi ces crises ? »

Le chevalier : « Plusieurs causes sont envisagées. »

Max : « Ben dis nous ! »

Le chevalier : « … Prenons l’exemple de la crise Crétacé-Tertiaire. »

Max : « Celle d’il y a 65 millions d’années 🙂 »

Léo : « Qui a éliminé les dinosaures non aviens 🙂 »

Le chevalier : « Des chercheurs ont montré qu’une météorite de 11 km de diamètre est entrée en collision avec la Terre. L’impact a eu des conséquences planétaires. Des millions de tonnes de poussières ont été rejetées dans l’atmosphère. »

Max : « Il y avait plus du tout de lumière alors. »

Léo : « Et les végétos sont morts. »

Max : « Du coup, il y avait plus de phytophages. »

Léo : « Et plus de zoophages. »

Max : « Les chocolatophages ont-ils survécu ? 🙂 »

Le chevalier : « D’autres chercheurs ont mis en évidence un volcanisme extrêmement intense en Inde, dans la région du Dekkan. Ces éruptions auraient, elles aussi, obscurci l’atmosphère et déréglé le climat. »

Léo : « Rholala ! Ça devait être de terribles éruptions. »

Le chevalier : « Oh oui 🙂 D’autres chercheurs encore ont pu montrer que les pôles magnétiques se sont inversés. Mais l’inversion prend un peu de temps et il existe une période pendant laquelle le champ magnétique de la Terre est extrêmement faible et il ne protège plus des rayonnements solaires. »

Max : « Les zanimos sont tous cuits alors ? »

Le chevalier : « Quand même pas 🙂 A d’autres moments de l’histoire de la vie, les crises ont pu être causées par la tectonique des plaques. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Jusqu’au Dévonien, la vie est surtout marine. Et ce sont les mers peu profondes qui bordent les continents qui accueillent le plus grand nombre de formes de vie. Imaginez ce qui se passe lorsque tous les continents fusionnent en un unique supercontinent… »

Léo : « Il y a presque plus de mers… »

Le chevalier : « Et les animaux disparaissent. Voilà pour les crises biologiques. Il y en a eu 5 majeures et d’autres moins importantes. Mais chacune est suivie d’une période au cours de laquelle il y a radiation évolutive. »

Léo : « C’est quoi la radiation évolutive ? »

Le chevalier : « C’est quand de nombreuses espèces apparaissent. »

Léo : « Rholala… C’est passionnant l’histoire de la vie. Tu trouves pas Maxou ? »

Max : « Ben si. C’est dommage que je retienne pas tout… »

Le chevalier : « C’est normal mon petitours. Il faut des années d’apprentissage pour tout retenir. Bon, repartez à la chasse aux fossiles. »

Léo : « On y va 🙂 »

Un peu plus tard…

Max : « J’ai trouvé un machin bizarre ! »

Léo : « Moi aussi ! »

Max : « Moi d’abord ! J’ai appelé le premier ! »

Le chevalier : « D’accord Maxou, nous venons. »

Léo : « Le mien ressemble un peu. Venez voir, et tu nous expliqueras en une seule fois. »

78.2 36 Fossile bizarre 78.2 37 Fossile bizarre

Max : « Alors ? C’est quoi ? Tu sais ? »

Le chevalier : « Sans certitude… Je pense que ce sont des coraux. »

Max : « Des coraux ? Comme le corail ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Des coraux comme le corail 🙂 »

Léo : « Mais… Le corail c’est des zanimos qui poussent dans les eaux chaudes et peu profondes. Les argiles se déposent pas dans ces eaux là… »

Le chevalier : « Je sais Léo… Mais les faits sont là. Il y a des fossiles de corail dans le schiste… »

Max : « On peut retourner fossiler ? »

Le chevalier : « Allez-y. »

Max : « Viens Léo, on y va ensemble cette fois. »

Léo : « Si on en trouve, on laisse un sacado pour marquer l’endroit comme ça le chevalier pourra fotoer et nous rejoindre après. »

Max : « D’accord. Allez… »

Léo : « Là ! Laisse ton sac Maxou. »

Max : « Oui… Et là ! Bonome tu fotoes et tu nous expliques. »

78.2 38 Un bivalve 78.2 39 Un brachiopode

Le chevalier : « Le premier est un moulage interne de Bivalve et le second un moulage externe de Brachiopodes. »

Max : « De Brakiopode ? C’est quoi les Brakiopodes ? »

Le chevalier : « Ça ressemble aux Bivalves mais l’axe de symétrie n’est pas entre les valves mais coupe les valves en deux. Et l’anatomie interne est bien différente. »

Léo : « Ils existent encore les Brakiopodes ? »

Le chevalier : « Il en reste une dizaine de genres mais ils sont rares. »

Léo : « D’accord. Et tu peux expliquer les moulages internes et externes ? »

Le chevalier : « Tout d’abord, la coquille se trouve dans les sédiments et la partie molle se décompose. »

Max : « Et on a une coquille vide. »

Le chevalier : « Oui. Elle se remplit de sédiments et les sédiments la recouvrent. »

Léo : « Elle est tout entourée de sédiments alors. »

Le chevalier : « Oui encore 🙂 Puis, la coquille disparaît mais elle a laissé son empreinte dans la roche. »

Max : « J’ai compris. Le moulage interne montre l’intérieur de la coquille et le moulage externe montre l’extérieur. »

Léo : « En fait, c’était facile. »

Max : « Regardez ! Il y a un huîtrier-pie ! »

78.2 40 Huitrier pie 78.2 41 Huitrier pie

Léo : « Haematopus ostralegus, Haematopodidés. C’est un adulte en plumage nuptial. »

Max : « Comment tu sais ça toi ? »

Léo : « Parce que je passe mon temps libre à lire ton beau livre de zoisos 🙂 En plumage internuptial il y a un anneau blanc autour du cou. »

Max : « Oulala ! Léo connaît presque aussi bien les zoisos que toi bonome. »

Le chevalier : « Parfois mieux 🙂 »

Max : « Hé ! J’ai trouvé autre chose ! Regardez ce caillou bizarre ! »

78.2 42 Les petizours 78.2 43 Terriers fossiles

Le chevalier : « Encore des terriers fossilisés 🙂 »

Léo : « Il y avait beaucoup des vers dans la vase. »

Max : « Tu leur donnes pas un nom bizarre que personne connaît à part toi ? »

Le chevalier : « Non, pas cette fois 🙂 Bon, allons voir les grès armoricains. »

Max : « On les connaît déjà ! »

Le chevalier : « Pas de cette façon ! Regardez ! »

78.2 44 Grès armoricains 78.2 45 Grès armoricains

Max : « Ils sont tout penchés. »

Léo : « Et ils forment un mille-feuille de fines couches. »

Max : « On est à la transition des schistes de Postolonnec et des grès armoricains. »

Le chevalier : « Probablement 🙂 Observez sur la droite. »

78.2 46 Ripple marks 78.2 47 Ripple marks
78.2 48 Ripple marks 78.2 49 Ripple marks

Léo : « Des rippeulmarque ! »

Max : « Il y en a plein ! »

Léo : « Et cette fois on les voit vraiment. Rholala ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais ce sont des ripple-marks. »

Max : « Je vois pas bien la différence entre ta façon de dire et la mienne. »

Le chevalier : « Venez voir. Il y en a d’actuelles sur l’estran sableux. »

78.2 50 Rides de plage 78.2 51 Rides de plage

Max : « On voit bien que c’est pareil. »

Léo : « Mais c’est quand même impressionnant de voir que la plage s’est fossilisée. »

Le chevalier : « Ce n’est pas forcément une plage mon Léo. Au fond de la baie qui se trouve devant nous, si il y a du sable, nous pourrions voir ces même marques. »

Max : « Elles indiquent une mer peu profonde. »

78.2 52 Huitrier pie 78.2 53 Huitrier pie

Léo : « Tiens, encore un huîtrier-pie 🙂 Vous trouvez pas qu’il manque de goût ce zoiso ? »

Max : « Tu l’as goûté ? C’est bon ? »

Léo : « Mais non ! Pas ce goût là 🙂 Regardez le rouge de l’œil, le orange du bec et le rose des pattes… »

Max : « C’est vrai : ça va pas ensemble. »

Léo : « Voilà ! Faute de goût monsieur l’huîtrier ! »

Max : « Peut être que c’est bon de l’huîtrier… »

Léo : « Maaaax ! Tu vas pas manger un zoiso quand même ? »

Max : « Bonome mange bien du poulet ! Et quand il va manger à l’auberge il hésite pas à manger du canard. Alors pourquoi pas de l’huîtrier ? »

Léo : « T’es trop bête Maxou 🙂 »

Max : « Pfff… Hé Léo, si on allait à la plage ? »

Léo : « Tu veux aller à la plage ? Qu’est ce qui t’arrive ? »

Max : « Mais… Pas la plage là-bas ! La plage fossile ! Allez viens ! »

Léo : « D’accord 🙂 On va à la plage 🙂 »

Max : « Bonome, tu nous donnes nos casques s’il te plaît. »

Léo : « Merci chevalier. »

Max : « Il va falloir faire un peu l’escalade. Je te montrerai les prises. »

78.2 54 Plage fossile 78.2 55 Plage fossile
78.2 56 Plage fossiles 78.2 57 Plage fossile

Max : « Hé ho ! Bonome ! On est à la plage ! »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « Rholala… On est à la plage d’il y a environ 480 millions d’années. Ça fait bizarre. »

Max : « On va peut être croiser bonome quand il était jeune 🙂 Il a dû se baigner dans cette mer. »

Le chevalier : « Quand vous aurez fini de dire des bêtises, venez voir. J’ai quelque chose à vous montrer. »

Léo : « Heu… Max, comment on descend maintenant ? »

Max : « On dégrimpe. »

Léo : « On dégrimpe ? »

Max : « Oui, on dégrimpe. C’est comme grimper mais en descendant. C’est un peu plus difficile parce qu’on voit pas bien où on met les pattes. »

Léo : « Et si on tombe ? »

Max : « On s’en fiche ! On est des peluches. On aura pas mal. Allez, n’aie pas peur. »

Léo : « Oulala ! »

Max : « Voilà mon bonome, nous sommes là. Enfin, presque… Léo arrive. Que veux-tu nous montrer ? »

Le chevalier : « Attendons Léo. »

Léo : « Me voici ! »

Le chevalier : « Regardez… »

78.2 58 Terriers fossiles 78.2 59 Terriers fossiles

Léo : « Il y a des ronds dans la roche. »

Max : « Et dans les ronds il y a d’autres ronds. »

Léo : « Ça doit encore être des terriers fossiles. »

Max : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais cette fois ce sont des terriers verticaux. »

Max : « Tu as un nom bizarre à leur donner toi. Je le vois à ton sourire. »

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr mais je crois qu’on les appelle skolithos. »

Max : « Bien sûr. J’allais le dire ! Skolithos ! Tout le monde connaît les skolithos. Quand des zoms se croisent ils se demandent toujours si ils ont vu des beaux skolithos pendant leurs vacances. ‘Alors, ils étaient comment vos skolithos ?’ ‘Bien ! Oulala ! Tu les aurais vus ! Ma femme n’en revenait pas ! Il faudrait que vous alliez les voir’ ‘Vous me direz où ils se trouvent parce que nos skolithos à nous étaient pas terribles. On était un peu déçus.’ ‘Et oui ! Les skolithos ne sont plus ce qu’ils étaient mon pauvre monsieur.’ »

Le chevalier : « C’est bien vrai 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu trouves pas qu’il est fou dans sa tête notre Maxou ? »

Le chevalier : « Parfois… Mais c’est ce qui fait son charme 🙂 Tu as terminé Max ? On peut reprendre l’inspection ? »

Max : « Je suis pas fou dans ma tête ! C’est même pas vrai ! »

Le chevalier : « Un peu quand même 🙂 Venez voir sur le sable. »

78.2 60 Terrier actuel

Léo : « C’est quoi ? »

Max : « Je suppose que c’est un terrier. C’est ça bonome ? Tu nous montres un terrier de ver actuel ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « Mais pourquoi il y a un petit tortillon ? »

Le chevalier : « C’est un terrier en U. Il y a l’orifice côté bouche et l’orifice côté anus. »

Léo : « C’est qui le zanimo qui fait ça ? »

Le chevalier : « Un ver marin. Je crois que c’est l’arénicole des sables. Il aspire le sable par la bouche. Son tube digestif le filtre, récupère les particules organiques qui le nourrissent et le sable est rejeté par l’anus. »

Max : « On peut faire une petit pause. Pour regarder la mer. »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « Assieds toi sur un rocher qu’on grimpe sur tes genoux. »

Léo : « Et gratte nous le front s’il te plaît. »

Max : « Et entre les yeux… »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Vous n’allez pas vous endormir ? »

Max : « On a jamais dormi nous ! »

Léo : « Mmmmm ? Dormir ? »

Le chevalier : « Parce que si vous dormez, vous ne verrez pas l’aigrette garzette. »

Léo : « Une aigrette ? Où ça ? … Rhoooo, c’est vraiment un beau zoiso ! Elle a l’air tout petite au dessus de la mer ! »

78.2 61 Aigrette garzette 78.2 62 Aigrette garzette

Max : « Bonome, c’est quoi là-bas ? De l’autre côté de la baie ? Il y a des roches toutes pliées. Tu connais ? »

Le chevalier : « J’y suis allé l’an dernier pour étudier de près mais il faut beaucoup marcher sur des cailloux tout cassés et, en fait, on voit mieux d’ici 🙂 »

78.2 63 Anticlinal de la mort anglaise 78.2 64 Anticlinal de la mort anglaise

Léo : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « L’anticlinal de la Mort-Anglaise. »

Max : « La Mort-Anglaise ? »

Le chevalier : « oui 🙂 Ne me demande pas l’origine de ce nom, je n’en sais rien du tout. »

Max : « Tu as pas fait des recherches ? »

Le chevalier : « Sur la géologie, si. Mais pas sur le nom. »

Léo : « C’est quoi un anticlinal ? »

Max : « Ben Léo, tu vois bien ! C’est quand les roches sont pliées comme ça. »

Le chevalier : « Dans l’autre sens, c’est un synclinal. »

Léo : « D’accord. Et c’est quoi les roches ? »

Le chevalier : « Le cœur de l’anticlinal est formé par les schistes du Gador et au dessus ce sont les grès du Gador. »

Max : « Ceux qu’on a vu au Pays des Korrigans ? »

Le chevalier : « Ils sont partout chez eux ici Maxou. Les couches les plus claires sont constituées de grès armoricains supérieurs. Tout à gauche, à la limite de la foto, il y a des dolérites. »

Max : « On va pas aller voir ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas très envie. »

Max : « Pas grave. On connaît déjà tout ça. Et là, c’est quoi ça ? »

78.2 65 Le sillon Le chevalier : « Le Sillon 🙂 Un ancien cordon de sable et de galet que les zoms ont transformé en digue pour protéger le port. Et les bâtiments sont l’église Notre-Dame de Rocamadour et la tour Vauban. »

Max : « La tour Vauban ? Comme le grand Vauban qui a fortifié la Charmante Petite Ville ? Il faut aller voir alors. Allez, c’est parti ! »

Léo : « On va tourister ? »

Le chevalier : « Oui, un peu 🙂 »

Max : « Tu va enfin marcher sur un terrain reposant… »

Léo : « Hé ! C’est quoi ces bateaux tout cassés ? »

78.2 66 Bateaux 78.2 67 Bateau

Le chevalier : « Le musée des épaves 🙂 »

Max : « Ils ont fait un musée des épaves ? Tu veux bien en fotoer ? Ils sont beaux ces bateaux. »

Le chevalier : « Il y a en eux une forme de poésie… »

Max : « Moi, j’aime bien celui dont on voit les entrailles… Son squelette est en train d’apparaître. »

Léo : « C’est étrange d’avoir échoué ces épaves ici… »

Le chevalier : « Effectivement… Vous imaginez ces petits bateaux affrontant les fortes houles ou les mers déchaînées ? »

Max : « Il faut être très courageux pour être marin sur un si petit bateau. »

Léo : « J’aimerais bien aller en mer un jour… Tu nous emmèneras chevalier ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas marin mon Léo… Mais si l’occasion se présente je vous emmènerai volontiers en mer. »

Max : « On va voir la tour Vauban ? »

Le chevalier : « La voilà ! »

Max : « Pourquoi il a construit cette tour le grand Vauban ? »

Le chevalier : « Je suppose que c’est pour protéger l’entrée du port. »

78.2 68 Tour Vauban

Max : « Tu supposes ? Tu connais pas l’histoire de la tour Vauban ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Le grand Vauban est un maître de la poliorcétique. Il a édifié des fortifications sur toutes les frontières du Royaume de Louis XIV. »

Max : « Poliocétique ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Poliorcétique. L’art de construire, défendre ou attaquer des fortifications. Il y a des dizaines d’édifices et de forteresses qui ont été édifiées par le grand Vauban. »

Max : « D’accord. On va à l’église ? »

Le chevalier : « Tu veux aller à l’église ? »

78.2 69 Eglise saint Rocamadour

Max : « Oui. Avec Léo on aime bien quand tu nous emmènes à l’église. C’est calme et c’est beau. Et souvent tu fais le troubadour et on aime bien la beauté que tu fais pour les oreilles. »

Le chevalier : « Mais là, si nous allons à l’église je ne ferai pas le troubadour 🙂 »

Max : « Je sais bien bonome mais c’est pas grave. On pourra prier pour les élèves. »

Le chevalier : « Vous priez pour les élèves quand je vous emmène à l’église ? »

Max : « Ben oui. C’est pour ça qu’on y va. Et pour écouter ta beauté pour les oreilles de troubadour. »

Quelques prières plus tard…

Léo : « Moi j’aime bien aller à l’église mais je préfère quand même aller aux zoisos. »

Max : « C’est pas pareil. C’est bien de faire les deux. »

Le chevalier : « Je ne savais pas que des petizours pouvaient être religieux. »

Max : « Bonome, on est tes petizours non ? Tu n’es pas au bout de tes surprises 🙂 On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On va voir la mer qui fait danser les bécasseaux. »

Max : « C’est loin ? »

Le chevalier : « Non, juste là. Au pied de la digue. »

Léo : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Regardez ! Il y a un bécasseau qui nous attend. »

Max : « Descend doucement s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui… Voilà. »

78.2 70 Bécasseau sanderling 78.2 71 Bécasseau sanderling
78.2 72 Bécasseau sanderling 78.2 73 Bécasseau sanderling

Max : « C’est un bécasseau sanderling, Calidris alba, Scolopacidés. »

Léo : « C’est vraiment un beau zoiso. »

Le chevalier : « Venez, il y a un petit groupe un peu plus loin. Allons les voir. »

78.2 74 Bécasseaux sanderlings 78.2 75 Bécasseaux sanderlings
78.2 76 Bécasseaux sanderlings 78.2 77 Bécasseaux sanderlings

Max : « Bonome, ce sont tes amis les bécasseaux sanderlings ? »

Le chevalier : « Pourquoi demandes-tu cela ? »

Max : « Je connais pas de zoisos qui acceptent un zom à moins de trois mètres. Ils sont juste là, à tes pieds, et ils se sauvent même pas. Ils continuent tranquillement leur va-et-vient dans les vaguelettes qui viennent mourir sur la plage, comme si on était pas là. Comment vous êtes devenus amis ? »

Le chevalier : « 🙂 Le premier que j’ai vu s’est laissé approcher petit à petit. C’était pas loin d’ici, vers Trez Rouz. Je m’étais arrêté au hasard sur une plage isolé pour observer les roches. Je ne voyais rien d’intéressant et je dois reconnaître que j’étais un peu déçu par ma journée. Et il est arrivé, discrètement. Il courrait sur le sable en cherchant des vers. Je l’ai fotoé en lui parlant. Je lui disais simplement que je ne voulais pas l’embêter. Je voulais juste le fotoer et s’il trouvait un ver je ne lui volerais pas. Je restais sur place pour ne pas lui faire peur. Et c’est lui qui s’est approché. Il est venu à moins de deux mètre de moi. Rien n’indiquait qu’il était inquiet. Alors je l’ai remercié et je suis rentré. »

Max : « Tu en as revu après ? »

Le chevalier : « Oui, à l’Aber. J’étais sur la berge du petit fleuve. Je venais de la dune grise. Un groupe d’une vingtaine de sanderlings dormaient sur l’autre berge, juste au bord de l’eau. Ils n’étaient pas inquiets du tout puisque j’étais de l’autre côté du fleuve. J’avais envie de traverser pour aller à la Pointe de Raguenez. Et ils m’ont encouragé. »

Max : « C’est ce jour là que tu as traversé le fleuve ? »

Le chevalier : « Oui. Pour aller voir les sanderlings. Quand je suis arrivé près d’eux ils se sont envolés. Je crois qu’ils étaient surpris de me voir arriver. Mais ils sont revenus se poser peu de temps après mon passage et se sont rendormis. »

Max : « Alors vous êtes amis depuis l’année dernière ? »

Léo : « C’est pour ça qu’ils se laissent approcher alors. Dis chevalier, il peut filmer ton appareil ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Léo : « Tu veux bien filmer la mer qui fait danser les bécasseaux s’il te plaît ? »

Continuer la promenade

78.1 – Kerloc’h

Lundi 29 Février, An III

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. Vous papotez déjà ? »

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 On se demandait si on allait encore marcher plusieurs jours aujourd’hui. »

Max : « Bonjour bonome. Et Léo me racontait son rêve. »

Léo : « J’ai rêvé que je voyageais dans le temps sur le dos d’un Laridé. Il me montrait l’Ordovicien et le Silurien. Et le vent des temps anciens nous portait au dessus des mers. Il y avait des zoisos aux temps anciens ? »

Le chevalier : « Je connais archaeopteryx, un ancêtre des zoisos. C’est encore un dinosaure et déjà un peu un oiseau. »

Max : « Et il date de quand ? »

Le chevalier : « La fin du Jurassique, vers 145 millions d’années… »

Léo : « Et les vrais zoisos ? Il y en a depuis quand ? »

Le chevalier : « Le Crétacé il me semble. Ou le début de l’ère tertiaire. »

Léo : « Rholala… ça fait 65 millions d’années de zoisos… Il y a dû en avoir des espèces… »

Max : « Je préfère pas imaginer tous leurs chants ! Dis bonome, on fait quoi aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Kerloc’h, Kameled, Kersigénoux… »

Max : « Léo, tu as ta réponse ! Nous allons encore marcher plusieurs jours aujourd’hui 🙂 »

Léo : « On s’en fiche ! On va pocher 🙂 Dis chevalier, on va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Oui. Et j’espère que nous verrons des oiseaux. »

Léo : « Oh oui ! Des tas de zoisos 🙂 »

Max : « Bon allez, on y va maintenant ! »

Le chevalier : « Maxou l’impatient ! »

Max : « Tu papotes si tu veux, mais moi j’y vais ! »

Le chevalier : « Et tu vas où ? Tu vas chevaucher tout seul ? File dans ma poche. Et profite du calme avant de démarrer l’inspection. »

Léo : « Chevalier, on va voir quoi d’abord ? »

Le chevalier : « Les grès armoricains et les schistes de Postolonnec. »

Max : « Mais on connaît déjà ! »

Le chevalier : « Je sais. C’est une interro ! »

Max : « Tu arrêtes avec tes interros ! Léo te l’a crié déjà : ON EST EN VA-CAN-CES ! ON EST PAS À LA SCHOLA ! »

Le chevalier : « Max, Maxou, mon petitours… »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Tu viens de battre un record ! »

Max : « Un record ? Quel record ? »

Le chevalier : « Du cri sur bonome le plus rapide du monde ! Moins d’un quart d’heure après le réveil ! »

Max : « C’est vrai ! Je progresse alors 🙂 »

Léo : « Dites les foulques, vous ne voulez pas éviter de vous chamailler pendant la chevauchée ? Ça me donne le mal de mer ! »

Max : « On se chamaille pas, on discute ! »

Léo : « Oui ben discutez calmement alors. »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou ? »

Max : « Quand est-ce qu’on arrive ? »

Le chevalier : « Le temps d’une petite sieste… »

Max : « Tu vas pas dormir en chevauchant ? Çavapalatête ! »

Le chevalier : « Moi non, mais profitez du calme de ma poche pour vous reposer. La journée va être longue. »

Max : « Mais on vient de se lever. On va pas siester ! »

Léo : « Si tu te taisais, je crois bien que je siesterais moi. »

Max : « Ben voilà ! On peut même pas parler. Et il faut siester alors que je suis même pas fatigué. C’est pas drôle les chevauchées dans la poche… »

Le chevalier : « Sors ta truffe et regarde le paysage alors. Mais laisse dormir Léo. »

Max : « D’accord 🙂 »

***

Le chevalier : « Maxou, réveille doucement Léo. Nous sommes arrivés. »

Max : « Léo… Léééééoooooo ! Il y a des zoisos ! »

Léo : « Mmmmmm… Des zoisos ? »

Max : « Voilà ! Il est réveillé 🙂 »

78.1 01 Kerloc'h 78.1 02 Kerloc'h

Le chevalier : « Regardez ! Nous sommes à Kerloc’h. Au Pays des korrigans. »

Max : « C’est quoi les korrigans ? »

Le chevalier : « Ce sont des lutins facétieux. Ils vivent dans les profondes grottes des falaises. »

Léo : « Ils sont méchants ? »

Le chevalier : « Non petit Léo. Ils ont même aidé les humains par le passé. »

Léo : « Ils ont aidé les zoms ? Ils doivent être très très gentils alors. »

Max : « Et un peu bêtes aussi. Ils sont ingrats les zoms. Je suis sûr qu’ils les ont déjà oubliés. Qu’est ce qu’ils ont fait les korrigans pour aider les zoms ? »

Le chevalier : « Autrefois il y avait des géants sur les falaises et ces géants avaient pris l’habitude de faire naufrager les bateaux. Alors les marins se noyaient. Un jour, les korrigans allumèrent de gigantesques feux pour attirer les géants et les enfumer. Puis, ils les enfermèrent dans les grottes qu’ils scellèrent par de gigantesques pierres. »

Léo : « Ça veut dire qu’il y a des géants coincés dans les falaises alors ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Et c’est pour cette raison que certains rochers dans les falaises ont des formes bien étranges… »

Max : « Bonome, si on voit des rochers bizarres qui cachent des grottes, tu promets de pas les bouger ? Je crois que j’ai peur des géants. »

Léo : « Oh oui, moi aussi ! »

Le chevalier : « Ne craignez rien. Les korrigans les ont bien enfermés. »

Max : « Et les korrigans ? on va les voir ? »

Le chevalier : « Ils ne se sont pas montrés aux zoms depuis bien longtemps… Mais peut être que pour deux petizours… »

Max : « Je veux pas les vexer mais je veux pas qu’ils se montrent qu’à nous et que toi tu les vois pas. Je préfère qu’ils restent cachés. Tant pis. »

Le chevalier : « Quelque chose me dit qu’ils ne seront jamais loin de nous et qu’ils nous observeront discrètement. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Ils ne résisteront pas à la tentation de voir un chevalier et ses deux petizours 🙂 Regardez quelquefois derrière vous. Vous les apercevrez peut être en train de vous observer à l’abri d’un rocher. »

Max : « Toi, tu les as déjà vus ! J’en suis sûr. »

Le chevalier : « Qu’est ce qui te fait dire cela ? »

Max : « Tes yeux qui sourient, la façon dont tu en parles… Et puis, comment tu les connaîtrais sinon ? Personne connaît les korrigans de Kerloc’h, à part toi. »

Léo : « Et ils veillent sur toi. C’est sûr. »

Max : « Mon bonome est ami avec les lutins facétieux de la péninsule du bout de la Bretagne 🙂 »

Léo : « Rhoooo… La chance ! J’espère qu’on va les voir ! »

Max : « C’est pas en restant sur l’estran sableux qu’on va les voir. On va où ? La falaise de gauche ou les cailloux tout cassés de droite ? »

Le chevalier : « A droite, les cailloux tout cassés 🙂 »

78.1 03 Kerloc'h 78.1 04 Kerloc'h

Max : « Oulala ! J’espère qu’ils veillent vraiment sur toi les korrigans. Tu fais attention. Tu marches doucement et tu regardes bien où tu mets les pieds. D’accord ? »

Le chevalier : « Max, ne t’inquiète pas. Allez, c’est parti. »

Léo : « Oh ! Il y a des Laridés ! On peut les observer. »

Max : « Oui, on sait. Parce que tu aimes beaucoup les Laridés 🙂 »

78.1 05 Goélands

Léo : « Ben oui. C’est vraiment des beaux zoisos… Rholala ! Tu as vu chevalier ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Qu’est ce que vous avez vu ? »

Léo : « Ben regarde Maxou ! Il y a trois espèces côte à côte ! C’est la première fois qu’on voit des individus appartenant à trois espèces différentes côte à côte! Rholala ! »

Max : « Ah oui ! Les premiers, vers nous, ce sont des goélands argentés, Larus argentatus. A gauche là bas, c’est un goéland brun, Larus fuscus. Et le gros bien sombre c’est un goéland marin, Larus marinus. »

Léo : « On voit bien que le goéland brun est plus clair que le marin. »

Max : « Et il est plus petit… »

Léo : « Le jeune, à droite, on pourra pas savoir. Il est de dos… Quand même, la chance, trois espèces d’un coup. Rholala ! »

Max : « Allez, on avance… Euh… Bonome, il y a beaucoup d’eau là. C’est un petit fleuve qui se jette dans la mer. Comment on fait pour passer ? »

Le chevalier : « Un fleuve… Tu exagères ! »

Max : « Un cours d’eau qui se jette dans la mer, c’est un fleuve ! Je connais mes leçon moi ! »

Le chevalier : « Un fleuve de 15 mètres de large et d’au moins 40 cm de profondeur ! »

Max : « Il se jette pas dans la mer peut être ? »

Le chevalier : « Si ! »

Max : « Et si tu ploufes tes pieds, ils vont pas être mouillés ? »

Le chevalier : « Ben si. Évidemment. »

Max : « A la fin des vacances tu vas avoir les pieds tout moisis à force de les ploufer. T’es pas raisonnable bonome. »

Le chevalier : « Je m’en fiche. Je traverse. »

Léo : « Doucement. Il y a des grands gravelots. »

Max : « Charadrius dubius, Charadriidés ? »

Léo : « Ben oui ! Des grands gravelots ! Là, devant toi ! »

78.1 06 Grands gravelots 78.1 07 Grands gravelots

Max : « Princesse va voir où tu marches. J’espère qu’elle va te gronder. »

Léo : « Maaaaax ! Il faut pas parler quand on s’approche des zoisos ! Tu les as fait fuir ! »

Max : « Ben voilà ! C’est ma faute ! C’est toujours ma faute avec toi ! »

Léo : « C’est pas de ma faute si c’est ta faute ! »

Le chevalier : « Oulala ! Regardez ! Il y a deux foulques ! »

Max : « Où ça ? »

Léo : « Je crois qu’il parle de nous. Parce qu’on se chamaille 🙂 »

Max : « Bonome, je t’ai déjà expliqué : on est des juvéniles. C’est normal qu’on se chamaille. C’est comme ça les juvéniles. C’est la loi de la nature et on ne peut rien faire contre la loi de la nature 🙂 »

Le chevalier : « Si : utiliser des baillons 🙂 »

Max : « Ni pense même pas ! Les korrigans te laisseraient pas bâillonner tes petizours. Ils sortiraient de derrière les rochers pour te gronder et te botter les fesses. »

Léo : « Chevalier, tu as pas dit qu’on verrait les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Si, pourquoi ? »

78.1 08 Schistes et grès du Gador 78.1 09 Schistes et grès du Gador

Léo : « Ben regarde ! Au premier plan on voit bien des grès. Mais là-bas, il y a une grosse couches gris foncé. On dirait des schistes. Et tu as dit que les grès armoricains étaient très homogènes. »

Le chevalier : « C’est vrai Léo. J’ai oublié de dire que, vers la base de la formation, il y a un ensemble de couches qui s’appelle les Schistes et grès du Gador. C’est cet ensemble de couches que je voulais voir. Et il doit y avoir des failles dans le secteur. »

Max : « Tu veux encore avancer ? »

Le chevalier : « Oui, encore un peu. »

Max : « Pfff… »

Le chevalier : « Venez voir. »

78.1 10 Kastell Dinan

Léo : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « Le Kastell. »

Max : « Le Kastell ? Ça veut dire château ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Mais c’est pas le château de Princesse ! »

Le chevalier : « Non Maxou. C’est le Kastell des korrigans. »

Léo : « Ils habitent là-bas ? »

Le chevalier : « Ils habitent un peu partout dans les falaises. »

Max : « Dis bonome, tu veux bien sortir mes jumelles. J’aimerais bien juméler. Ça te tente Léo ? »

Léo : « Oh oui ! On verra peut être des korrigans 🙂 »

78.1 11 Les petizours 78.1 12 Les petizours

Léo : « Tu en vois ? »

Max : « Non, je vois rien… »

Léo : « Regarde bien ! »

Max : « C’est ce que je fais ! »

Léo : « Fais voir ! C’est à mon tour ! »

Max : « Mais ! Attends ! Je viens juste de commencer. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Tu te moques de nous ? »

Le chevalier : « Non, vous m’amusez 🙂 »

Max : « On est pas sages, c’est ça ? »

Le chevalier : « Vous êtes des juvéniles 🙂 »

Max : « Tiens Léo, prends ma place. »

Léo : « Merci Maxou. »

78.1 13 Les petizours 78.1 14 L'arche

Léo : « Rholala ! Je vois l’arche ! Mais il y a pas des korrigans. »

Max : « On peut pas les voir. On est trop loin. Bonome, on ira au Kastell ? »

Le chevalier : « Oui, mais si le vent souffle je ne traverserai pas l’arche. »

Max : « Ben oui, il faut être prudent. »

Le chevalier : « Avez-vous assez jumélé ? »

Max : « Moi oui. Tu veux continuer un peu Léo ? »

Léo : « Non, merci Maxou. »

Max : « Tu peux ranger les jumelles alors. On avance encore ? »

Le chevalier : « Oui, je pense qu’on pourra voir des oiseaux un peu plus loin. »

Max : « Et tu veux trouver la faille 🙂 »

Léo : « C’est normal Max, il est géologue. Devant nous, on voit bien les strates de schistes. Elles sont penchées comme ça. Plus loin, c’est les grès. On dirait qu’ils penchent comme les schistes. Mais pourquoi il y a une surface verticale toute lisse sur le côté droit ? » 78.1 15 Schistes et grès du Gador

Le chevalier : « Il faut aller voir… Et il me semble avoir aperçu un héron cendré. »

Max : « Un héron cendré ? A la mer ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Pourquoi es-tu surpris ? Nous en avons vu un sur l’estran au Royaume des Sternes de mer. »

Max : « Oui, mais ça fait bizarre quand même. »

Léo : « Zutalor ! Les zoisos se sont envolés ! »

Max : « Fotoe-les bonome ! Vite ! »

78.1 16 Canards colverts 78.1 17 Canards colverts
78.1 18 Canards colverts 78.1 19 Canards colverts

Léo : « Mais… C’est des colverts ! »

Max : « Anas platyrhynchos, Anatidés. Eux aussi sont venus à la mer ? C’est normal de voir des colverts sur les rochers littoraux ? »

Le chevalier : « Pourquoi pas… Et il y a un marais à quelques centaines de mètres d’ici. J’en ai assez de marcher sur ces rochers tout cassés. Je ne trouve pas la faille et les schistes et grès du Gador ne sont pas très intéressants. On retourne à la plage ? »

Max : « Oui. J’aime pas que tu marches sur ces rochers. J’ai bien vu tes glissades. On retourne à la plage. Mais doucement. »

Léo : « Tous les zoisos qu’on a aperçus se sont envolés 🙁 »

Max : « Et tu les as même pas fotoés. Tu as raté le héron cendré, les huîtrier-pies, le grand cormoran… »

Le chevalier : « Nous en verrons d’autres… Regardez plutôt la falaise…»

78.1 20 Schistes et grès

78.1 21 Schistes et grès 78.1 22 La faille

Léo : « A gauche c’est très sombre, presque noir. Et à droite, c’est beige… »

Max : « Et à gauche c’est plus érodé. Ça veut dire que les roches sont plus tendres. »

Léo : « Si on a bien compris, à gauche ce sont les schistes de Postolonnec et à droite ce sont les grès armoricains. »

Le chevalier : « Vous avez bien compris 🙂 »

Max : « Mais pourquoi il y a une couche toute dure un peu isolée toute seule comme ça ? »

Léo : « Et elle est séparée de la falaise de grès armoricains… »

Le chevalier : « Je n’en sais rien… Ici, les schistes et les grès sont séparés par une faille verticale. Allons voir, nous comprendrons peut être mieux. »

Max : « Tu veux aller au pied de la falaise ? Entre les deux parois verticales ? Çavapalatête ? Et si des morceaux de falaise tombent ? On va être tout crabouillés ! »

Le chevalier : « Pour observer la faille il va bien nous falloir nous en approcher… »

Max : « Même si on risque de se prendre des cailloux sur la tête ? Pas d’accord ! Bonome, si tu veux qu’on te suive, tu nous donnes des casques ! »

Le chevalier : « Tu veux un casque ? »

Max : « Oui. Je veux un casque pour moi et un pour Léo. Je n’irai pas sans casque. Je tiens à ma tête moi ! »

Le chevalier : « Où veux tu que je vous trouve des casques ? »

Max : « Tu te débrouilles ! On veut des casques ! »

Le chevalier : « Vous voulez des casques… Asseyez-vous et attendez. Je vais voir ce que je peux faire… »

Léo : « Max, tu exagères ! Où veux-tu qu’il nous trouve des casques ? »

Max : « Il va trouver. »

Léo : « Tu crois ? »

Max : « J’en suis sûr. C’est mon bonome. Je commence à le connaître. Si je lui demande des casques il va trouver des casques. »

Léo : « Tu serais pas en train de faire un caprice ? Ou de le tester ? »

Max : « Pas du tout ! Tu veux aller là-bas sans casque toi ? Avec les cailloux qui risquent de nous tomber dessus à tout moment ? »

Léo : « Mais Maxou, on est des peluches ! On peut pas faire la fracture du crâne ! »

Max : « Et si on est tout déchirés ? Qu’est ce qu’il deviendrait sans nous ? »

Léo : « Il revient ! Tu crois qu’il a trouvé ? »

Max : « Sûr ! »

Le chevalier : « Max ! Léo ! J’ai des casques pour vous ! Essayez-les. »

Max : « Tu vois ! Merci bonome 🙂 »

Léo : « Oh oui ! Merci ! C’est quand même plus prudent. »

Max : « Tu en as pas pris pour toi ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas trouvé ma taille 🙂 Vous voilà équipés ! Prenez la pose que je vous fotoe. Pour montrer à Princesse… »

78.1 23 Les casques
78.1 24 Les casques 78.1 25 Les casques

Max : « Merci bonome. Princesse verra que tu prends soin de nous. Mais peut être qu’elle va te gronder parce que toi tu portes pas de casque. Bon, maintenant on peut s’approcher. Tu nous expliques… »

Le chevalier : « Observons d’abord… Bien, asseyez-vous je vais essayer de comprendre en vous expliquant 🙂 »

78.1 26 La faille 78.1 27 Les petizours

Léo : « Moi j’ai bien observé. Pourquoi les couches sont pliées en haut à gauche ? »

Max : « Moi aussi j’ai bien observé ! Tout en haut les couches pliées sont recouvertes par des cailloux qui forment pas vraiment une couche. »

Léo : « Et on voit que c’est un peu des schistes derrière nous. »

Le chevalier : « Bien vu ! Vous vous souvenez sûrement que le passage des schistes de Postolonnec aux grès armoricains est progressif. La limite n’est pas nette. »

Max : « Oui, c’est parce que la sédimentation a changé tout doucement. »

Le chevalier : « Ce qui fait qu’entre les schistes et les grès il y a une couche au sein de laquelle schistes et grès alternent. »

Max : « Ben oui ! »

Le chevalier : « Apparemment la faille passe dans cette couche. On voit bien à droite les grès massifs. Max, peux tu me redonner la définition d’une faille ? »

Max : « Non ! C’est au tour de Léo ! »

Léo : « Je veux bien. Alors… C’est une cassure de roches en deux compartiments qui se déplacent l’un par rapport à l’autre. »

Le chevalier : « Très bien Léo. »

Max : « Ah ouai ! Quand Léo a bon tu dis très bien ! »

Léo : « Max le jaloux ! »

Max : « Max l’impatient, Max le jaloux… »

Le chevalier : « Max le ronchonneur 🙂 Revenons à la faille ! Il est fréquent que les roches se plient par endroits le long de la faille. Je pense que la petite courbure des couches est la conséquence directe du déplacement des blocs. On appelle ces courbures des crochons de faille. Ils renseignent sur le sens de déplacement. »

Max : « Je crois que j’ai compris ! Le bloc de gauche s’est déplacé vers le bas et ça a un peu entraîné les couches et elles se sont légèrement courbées. »

Le chevalier : « Très bien Max ! »

Max : « 🙂 »

Léo : « Et la faille serait juste à gauche de la couche dure qui est en relief. »

Le chevalier : « Je pense, oui. Une couche peut être plus dure pour de multiple raisons. Quand la falaise est érodée, la couche plus dure se retrouve isolée et en relief. »

Max : « C’est ce que j’allais demander 🙂  Et les cailloux tout là-haut ? »

Léo : « J’ai une hypothèse ! »

Le chevalier : « Nous t’écoutons. »

Léo : « Alors… Le haut de la falaise a été érodé. Comme il y a des couches plus tendres à gauche, l’érosion a été plus forte et le sommet de la falaise à gauche est plus bas. Et quand des morceaux tombent de la partie droite, ils restent au sommet et après la terre cimente tout ça et ça donne ce qu’on voit. »

Max : « Tu aurais pu dire plus simplement : ce sont des éboulis. »

Léo : « Ah oui 🙂 »

Max : « Bonome, retourne toi. »

Le chevalier : « Pourquoi ? »

Max : « Depuis tout à l’heure tu regardes côté falaise pour nous parler et tu vois pas la beauté de la plage. Retourne toi et profite ! »

78.1 28 La plage 78.1 29 La plage

Le chevalier : « Merci Maxou 🙂 Bon, continuons l’inspection. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Nous avançons le long de la falaise pour observer les grès armoricains. »

Max : « Tu veux pas qu’on s’en éloigne. Pour avoir une vue générale… »

Le chevalier : « Si tu veux… »

78.1 30 La falaise

Léo : « Rholala ! Comme c’est beau ! Hé ! Regardez la haut ! »

Max : « Ou ça ? »

Léo : « Dans le ciel ! Les zoisos ! »

Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! C’est qui ces zoisos ? »

Léo : « Je crois que je sais… »

Max : « Tu dis ça pour frimer ! »

Léo : « Même pas vrai ! C’est des Corvidés, ça, j’en suis sûr. Mais je suis pas certain de l’espèce. Chevalier, tu as fotoé ? Tu peux me montrer les fotos s’il te plaît ? »

Léo : « Merci… Tu peux agrandir ? Je voudrais voir les pattes et le bec… Oui ! C’est ça ! Ils sont rouges ! »

78.1 31 D'étranges corvidés 78.1 32 Un étrange corvidé

Max : « Tu connais ces zoisos ? »

Léo : « Oui ! Ce sont des craves à bec rouge. Mais je me souviens pas du nom en scientifique… »

Max : « Des craves à bec rouge ? Tu les connais bonome ? »

Le chevalier : « C’est la première fois que j’en vois mais j’avais entendu dire qu’il y en avait dans le secteur. Le nom scientifique est Pyrrhocorax pyrrhocorax et ce sont bien des Corvidés. »

Max : « Juste un peu ornithologue… La prochaine fois que tu dis ça je te fais manger mon beau livre de zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Max, ce n’est pas très gentil ! »

Max : « C’est pour de rire bonome. Oulala ! Regardez ! Il y a des grottes dans la falaise ! Venez, on va voir si il y a des korrigans ! »

Le chevalier : « Non Maxou. Peut être font-ils la sieste. Il ne faudrait pas les déranger. »

Max : « Même si on y va doucement ? Sans faire de bruit… »

Léo : « Regarde bien Maxou… Chevalier, fotoe ! »

Max : « Montre ! »

78.1 33 Des grottes 78.1 34 Une grotte

Max : « Mais… On voit rien sur la foto ! Il y a juste la falaise et la grotte ! »

Léo : « Je ne sais même pas pourquoi tu es étonné ! Allez, on avance. J’ai entendu des zoisos… »

Max : « Là ! Je le reconnais ! C’est un rougequeue noir ! »

Léo : « Un rougequeue noir ? Mais il doit être noir normalement ! »

78.1 35 Rougequeue noir

Max : « Pas toujours ! Les femelles et les juvéniles sont gris. Et les mâles un peu aussi. »

Le chevalier : « Oui, la variante Phoenicurus ochruros gibraltariensis a le dos gris. Mais il devrait avoir une nette barre alaire blanche. »

Max : « Lui, il a pas de barre alaire blanche. C’est pas un rougequeue noir alors ? »

Le chevalier : « Difficile a dire de dos… C’est peut être un rougequeue à front blanc… »

Léo : « Et là ! C’est un pipit du genre Anthus. »

78.1 36 Pipit maritime 78.1 37 Pipit maritime

Max : « C’est compliqué les pipits. On les mélanges tous. Il faudra étudier attentivement mon beau livre de zoisos. »

Léo : « Tu l’as pas pris ? »

Max : « Ben non ! Je te rappelle qu’il rentre même pas dans mon sacado. »

Léo : « Tu aurais pu demander à bonome de le prendre ! Comment on fait maintenant ? »

Max : « Bonome, MON bonome, il a déjà des tas de choses à porter. Et on regardera ce soir, après la douche. »

Le chevalier : « Ah ! Vous allez vous doucher 🙂 »

Max : « Après TA douche ! … Léo, tu entends ? »

Léo : « Ben oui ! Je vous ai dit que j’entendais des zoisos. »

Max : « Ils sont où ? Il faut aller voir… Allez bonome, on avance. »

Léo : « Ils sont là haut ! Regardez ! »

78.1 38 Crave à bec rouge 78.1 39 Crave à bec rouge

Max : « C’est un grave à bec rouge ! »

Léo : « Un crave Max, pas un grave ! »

Max : « C’est peut être un crave mais il nous crie dessus. »

Le chevalier : « Je crois que nous l’avons dérangé. Il devait être en train de se nourrir sur le haut de plage et s’est réfugié dans la falaise. »

Max : « Ils sont craintifs les craves à bec rouge ? »

Le chevalier : « Oui, il faut faire attention car ils pourraient abandonner leurs petits. »

Max : « Il y a pas des petits en ce moment. »

Le chevalier : « Je sais bien Maxou. »

Max : « Et ils nichent dans les falaises les craves ? »

Le chevalier : « Oui, il me semble. »

78.1 40 Bergeronnette grise 78.1 41 Bergeronnette grise

Léo : « Pauvre bergeronnette… »

Max : « Pourquoi tu dis ça ? »

Léo : « Regarde… »

Max : « C’est dégoûtant ! C’est quoi tous ces déchets ? »

Le chevalier : « Ce que j’évite de vous montrer depuis des mois… »

Max : « Il vient d’où tout ce plastique ? C’est encore les zoms ? »

Le chevalier : « Oui… J’ai honte d’être un zom quand je vois ça… Ce sont des petits déchets que la mer dépose à chaque marée haute. Ils s’accumulent sur les hauts de plage. Je suis désolé. »

Max : « C’est pas ta faute bonome. Tu jettes pas des déchets partout toi. »

Le chevalier : « Je n’aime pas voir ça. J’ai l’impression d’être totalement impuissant face à la pollution et je n’ose plus regarder les oiseaux… »

Léo : « Je suis sûr qu’ils ne t’en veulent pas. Viens, on va ailleurs, où il n’y a pas plein de déchets. Déprime pas chevalier. Regarde, il y a des craves à bec rouge là haut. »

78.1 42 Crave à bec rouge 78.1 43 Crave à bec rouge
78.1 44 Crave à bec rouge 78.1 45 Crave à bec rouge

Le chevalier : « Je les fotoe et on s’éloigne. Je croie vraiment que nous les dérangeons. »

Max : « Là, il y a encore un pipit ! »

78.1 46 Pipit maritime 78.1 47 Pipit maritime
78.1 48 Pipit maritime 78.1 49 Pipit maritime

Léo : « Mais on connaît rien aux pipits. On les mélange tous ! Si au moins tu avais pris ton beau livre de zoisos ! »

Max : « Demain c’est toi qui le porte ! Comme ça, tu l’auras mon beau livre. »

Léo : « Chevalier, tu dis rien… »

Le chevalier : « Non, j’essaye d’identifier ce pipit… Il me semble me souvenir que la queue du pipit farlouse est bordée de blanc. »

Max : « On a qu’à dire que c’est un pipit maritime mais qu’on est pas sûrs. »

Léo : « Anthus petrosus, Motacillidés. Mais peut être pas. »

Max : « C’est qu’une hypothèse. »

Léo : « On affirme pas vraiment. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Retour à notre monture. »

Léo : « Par la plage ? »

Le chevalier : « Oui, le long de la falaise. »

Max : « Bonome ! Regarde le drôle de rocher ! Il est tout noir à côté de la falaise beige. »

78.1 50 Un étrange rocher 78.1 51 Un étrange rocher

Léo : « C’est un morceau de schistes de Postolonnec à côté des grès armoricains. C’est bizarre qu’il soit là. »

Max : « On s’en fiche. Viens Léo, on va l’inspecter. Il y a peut être des fossiles. Tu nous donnes nos casques s’il te plaît. »

Léo : « Tenez, mais soyez prudents. »

Max : « Oui oui 🙂 Viens Léo, on y va ! »

Le chevalier : « Ne courrez pas comme ça ! Pfff, vous ne m’écoutez même pas… »

Le chevalier : «… Alors ? Vos recherches ont elles été fructueuses ? »

78.1 52 Les petizours 78.1 53 Les petizours

Max : « Non 🙁 Il y en a pas des fossiles sur ce rocher. »

Léo : « Pas le moindre Bivalves… »

Max : « Aucun Gastéropodes… »

Léo : « Ni de Trilobites… »

Max : « Même pas une trace fossiles… »

Léo : « Rien du tout… »

Max : « Du rien du tout comme aiment garder les garde-bœufs. »

Léo : « Ça se fossilise le rien du tout ? »

Le chevalier : « 😀 Vous découvrez le charme de la recherche des fossiles. Si on apprécie autant d’en trouver c’est que, bien souvent, les recherches sont vaines. Allez, pochez vous. Nous allons à notre monture. »

Max : « On va où après ? »

Le chevalier : « A Kameled, voir des oiseaux 🙂 »

Max : « En route pour Kameled ! »

Continuer la promenade

77.2 – Port Zic et Beg Penn ar roz

Dimanche 28 Février, An III (suite)

Max : « On va où maintenant. »

Le chevalier : « Nous allons manger. »

Max : « Il y aura du chocolat ? »

Le chevalier : « Vous ne voulez pas autre chose ? »

Max : « Ben non. On est chocolatophages nous 🙂 »

Le chevalier : « D’accord. Je commanderai une galette de sarrasin pour moi et du chocolat pour mes petizours. »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Miam le chocolat 🙂 »

Max : « Mais après ? On va où ? »

Le chevalier : « A Port Zic ! »

Max : « D’accord. Et on va voir quoi ? »

Le chevalier : « La discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. »

Max : « Bien sûr ! Évidemment ! Je pense bien que tout le monde vient ici pour voir les dissonances des zèbres briochoriens. Je sais même pas pourquoi je t’ai posé la question. »

Léo : « Max, tu trouves pas qu’il est de pire en pire ? Au début, on comprenait un peu ses réponses. Maintenant on comprend même plus la question qu’on lui a posée ! »

Max : « Oui oui. Ça y est ! Son cerveau est tout fondu ! Ça devait arriver. Mais que veux-tu ? Il veut jamais mettre sa casquette. Et même si le soleil d’hiver n’est pas très fort, il tape quand même. Ses derniers neurones ont coulé par ses oreilles. Qu’est ce qu’on va faire de lui maintenant ? »

Léo : « Peut être que tu peux le renvoyer au château ? Il est peut être encore sous garantie. Princesse voudra peut être te l’échanger contre un tout neuf. Il faut essayer. »

Max : « Mais je l’aime bien mon bonome. J’en veux pas un autre ! Même tout neuf ! Et puis Princesse ne mérite pas de le récupérer. Elle l’a banni. Elle a qu’à se débrouiller sans lui. Et pense un peu à lui. Il s’étiolerait dans les couloirs du château. Non Léo. Il va falloir s’habituer à le voir dans cet état. Et puis, sans neurone, il comprendra sûrement mieux les élèves de la schola. Ils seront à égalité. Entre décérébrés.  »

Léo : « On le garde alors ? »

Max : « Ben oui ! Ça fait des mois qu’on l’éduque, on va pas en changer maintenant. »

Le chevalier : « Mes chers petizours, je ne veux pas vous interrompre mais nous arrivons à la taverne. Vous continuez à papoter ou vous vous pochez ? »

Max : « On se poche. Les zoms comprendraient pas que tu discutes avec deux petizours. Mais n’oublie pas notre chocolat. »

Le chevalier : « Je ne peux pas vous le garantir. Sans neurone, il est très difficile de se souvenir de quoi que ce soit. »

Max (Sortant juste la tête de la poche) : « Tu commandes notre chocolat bonome. » (Max rentre de nouveau la tête dans la poche).

Le chevalier : « Les petizours, j’ai terminé mon repas. Nous reprenons notre inspection. »

Max : « Tu as le chocolat ? »

Léo : « Oui ! Le chocolat ! »

Le chevalier : « Tenez ! Mais si vous vous en mettez partout je vous fais prendre un bain d’eau de mer ! »

Max : « Non, on sera propres. »

Léo : « Parce qu’on aime pas l’eau de mer. »

Max : « C’est trop salé. »

Léo : « Et on sait pas nager. »

Le chevalier : « Vous n’aimez surtout pas vous laver ! »

Max : « Mais on aime le chocolat 🙂 »

Le chevalier : « Regardez au loin, la falaise. C’est celle dont nous venons. »

77.2 01 Port Lonnec

Léo : « C’est Port Lonnec ? »

Le chevalier : « A droite, oui. A gauche, en blanc, ce sont les grès armoricains. »

Léo : « Et ils datent de l’Arénig. »

Max : « Bonome, tu nous emmènes à la dissonance des zèbres briochoriens. »

Léo : « Maxou, je pense pas qu’il ait dit la dissonance des zèbres briochoriens. »

Max : « Tu as compris ce qu’il a dit, toi ? »

Léo : « Ben non ! »

Max : « Alors comment tu peux savoir que je dis une erreur ? »

Léo : « Ben, parce que le zèbre c’est un zanimo. Et briochorien ça ressemblance à brioche. Je crois pas qu’il va nous montrer des zèbres en brioche. Je te rappelle qu’on fait la géologie. Pas la zoologie boulangère. »

Max : « Ça doit être bon un zèbre en brioche 🙂 Tartiné de chocolat fondu. Huuummmm 🙂 »

Le chevalier : « Tu ne penses qu’à manger ! Petit goinfre ! »

Max : « C’est pas moi qui viens de m’enfiler une énoooorme galette de sarrasin ! J’ai mangé juste un peu de chocolat. Avec modération et proprement. J’en ai même pas partout. »

Le chevalier : « D’accord. Alors si vous m’acceptez comme guide malgré des neurones fondus qui m’ont coulé par les oreilles, nous allons pouvoir commencer notre exploration. »

Léo : « On est arrivés ? »

Le chevalier : « Oui. J’attache notre monture et c’est parti ! »

Max : « C’est encore l’estran rocheux ? »

Le chevalier : « D’abord une plage puis pas d’estran du tout. »

Max : « Pas d’estran ? Ça veut dire que c’est pas découvert à marée basse ! On va faire comment pour passer ? Tu vas tout escalader ? »

Le chevalier : « Non, regardez ! »

77.2 02 Les grès armoricains

Léo : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »

Max : « Tu dis toujours la même chose ! »

Léo : « Ben parce que c’est beau ! »

Max : « Bonome, tu nous présentes ? »

Le chevalier : « Tu veux que je vous présente le paysage ? »

Max : « Ben oui ! Tu vas pas nous présenter les grains de sable un à un ! Bonjour grain de sable je te présente Max et Léo petizours ! Mets ta casquette bonome. Tu en as une belle bleue, comme la mienne. »

Le chevalier : « Pas la peine. Mes derniers neurones se sont déjà écoulés. Je n’ai plus rien à protéger ! »

Max : « Pfff… Tais-toi et présente-nous le paysage ! »

Le chevalier : « Je fais comment pour me taire et vous présenter le paysage ? »

Max : « TU TE DÉBROUILLES ! TU PRÉSENTES ET TU TE TAIS ! »

Le chevalier : « 🙂 De gauche à droite vous avez la Pointe de Rulianec, la Pointe des Grottes et la Pointe de Trébéron. Entre les deux premières pointes se trouve la plage de Port Zic. C’est la que nous allons. »

Max : « On va à la plage ? »

Le chevalier : « C’est la carte qui indique une plage. Il y a en effet un petit cordon sableux bordé de galets en haut d’un platier rocheux. »

Max : « Et comment on passe la pointe de Rulianec ? »

Le chevalier : « As-tu vu la grotte ? »

Max : « La tâche noire au bas de la falaise ? »

Le chevalier : « Oui. Elle permet de traverser la falaise. »

Léo : « Rholala ! On va passer dans les grès armoricains d’il y a 480 millions d’années ! Rholala ! »

77.2 03 Première grotte 77.2 04 Première grotte

Léo : « Rhoooo… C’était bien la grotte ! »

Max : « Tu aurais pu fotoer sous la grotte ! »

Le chevalier : « Je n’aime pas trop m’attarder dans une grotte. Et puis la lumière n’est pas belle. Regardez plutôt les strates ! »

77.2 05 Grès armoricains

Max : « C’est pas que du grès ! Il y a de fines couches de schistes ! »

Léo : « Il y a eu des variations du climat ? »

Le chevalier : « Oui, de courtes durées. Il y a quelques épisodes comme celui-ci dans les grès armoricains mais ils sont rares. Ces grès sont assez homogènes. »

Léo : « Il y a quoi comme épaisseur de grès ? On a pas pensé à demander les épaisseurs. »

Le chevalier : « Il me semble qu’ils peuvent atteindre 800 m d’épaisseur au sud de la péninsule de Kraozon. Leur épaisseur est moindre au nord. »

Max : « Et pourquoi c’est pas pareil partout ? »

Le chevalier : « Vous savez que le sable à l’origine de grès se dépose au fond de la mer. »

Max : « Bonome, tu radotes ! On sait ça depuis longtemps ! »

Le chevalier : « Vu l’âge que vous m’attribuez c’est un peu normal que je radote 🙂 Selon vous je me suis baigné dans la mer de l’Ordovicien. J’aurais donc au moins 480 millions. Je suis plutôt en forme pour un si vieux bonome. »

Léo : « C’est vrai ça. Max, si il a vraiment 480 millions d’années, c’est sûr qu’il est plus sous garantie. On pourra pas l’échanger. »

Max : « Il a bien plus que ça ! Bon, bonome, pourquoi c’est pas la même épaisseur de grès au nord et au sud de la péninsule ? »

Le chevalier : « Quand la mer s’est réinstallée sur le continent, elle ne l’a pas fait d’un coup. Elle a d’abord recouvert le sud puis a progressé vers le nord petit à petit. La sédimentation n’a pas commencé au même moment au nord et au sud et les épaisseurs ne sont donc pas les mêmes. »

Max : « D’accord. »

Léo : « Il y a une autre grotte ! Rholala ! On va encore passer dans les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Je vais essayer de fotoer. Voilà ! Et regardez, il y a une aiguille de grès ! »

77.2 06 Seconde grotte 77.2 07 Seconde grotte et première aiguille

Léo : « Rhooolaaalaaa ! Une aiguille de grès ! »

Le chevalier : « Vous en verrez une autre bientôt 🙂 »

Max : « Heu… Bonome, tu vas où là ? »

Le chevalier : « Nous allons rejoindre la plage de Port Zic puis la Pointe des Grottes. »

Max : « Et tu es obligé de passer sur les rochers ? »

Le chevalier : « Oui Max, il n’y a pas d’autres chemin. »

Max : « Tu fais attention ! »

Le chevalier : « Promis… Voilà, nous sommes presque sur la plage. »

77.2 08 L'estran 77.2 09 Schistes zébrés

Léo : « C’est bôôôô !!! »

Max : « C’est pas une plage ! Il y a que des galets et l’estran rocheux ! »

Le chevalier : « C’est cet estran que nous venons voir. Regardez un peu les roches au sol. »

77.2 10 Schistes zébrés 77.2 11 Une belle image

Max : « Oulala ! Il a raison Léo ! C’est vrai que c’est beau ! C’est ça les zèbres briochoriens ? »

Le chevalier : « 🙂 Les schistes zébrés briovériens ! »

Léo : « Les schistes, c’est des argiles transformées par la température et la pression. »

Le chevalier : « Oui Léo. On dit que les argiles ont été métamorphisées. »

Max : « Comme la métamorphose des insectes ? »

Le chevalier : « Métamorphose vient du grec ancien… »

Max : « C’est reparti avec le grékancien ! »

Le chevalier : «… qui veut dire changement de formes. Les minéraux qui constituent les argiles ont subi des changements à cause de la température et de la pression. »

Léo : « D’accord pour les schistes. Mais pourquoi zébrés ? Et ça veut dire quoi briovérien ? »

Le chevalier : « A l’origine il y avait une alternance d’argiles grises et de grès beiges. »

Léo : « Si il y avait pas que des argiles ce sont pas vraiment des schistes alors. »

Le chevalier : « Pas vraiment. Mais on les appelle quand même schistes. Les fines couches du départ se sont encore affinées avec le métamorphisme. Il y a donc alternance indéfiniment répétées de couches grises et beiges. Avec l’érosion on voit apparaître ces fines bandes côte à côte. »

Max : « Je comprends ! Comme il y a des bandes claires et des bandes sombres, on compare au zèbre ! Lui aussi il a des bandes claires et des bandes sombres. »

Léo : « Et briovérien ? »

Le chevalier : « Cet adjectif vient de Briovera qui est l’ancien nom celte de Saint-Lô dans la Manche. »

Max : « En celte ancien ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, en celte ancien 🙂 »

Léo : « Et ça indique l’âge aussi ? »

Le chevalier : « Oui. Le Briovérien correspond à un épisode de formation de montagnes au Précambrien. »

Léo : « Le précambrien ? C’est avant le Cambrien ? Mais c’est quoi le Cambrien ? »

Le chevalier : « Le Cambrien précède l’Ordovicien. Il s’étend de 540 à 500 millions d’années avant nos jours. Le Briovérien est la dernière époque du Précambrien. Il s’étend de 1000 millions d’années à 540 millions d’années avant nos jours. »

Léo : « 1 000 millions d’années ! Rholala ! Et les schistes zébrés datent de 1 000 millions d’années ? »

Le chevalier : « Non, ils datent de la fin de Briovérien. Ils ont environ 550 millions d’années. »

Max : « C’est quand même très très vieux ! Oulala ! »

Léo : « Et il y a des fossiles dans les schistes zébrés briovériens ? »

Le chevalier : « Non, les organismes vivants sont extrêmement rares avant le Cambrien. Pendant longtemps on en connaissait aucun. On parlait des temps azoïques, c’est-à-dire sans animaux. Et la période allant de début du Cambrien à l’actuel a été nommée Phanérozoïque ce qui veut dire animaux visibles. Depuis quelques gisement fossilifères ont été découverts dans le Précambrien. Et on a découvert des fossiles de formes de vie très simples. »

Max : « On ira voir les sites fossilifères du Précambrien ? »

Le chevalier : « Non, ils sont trop loin… En Australie, en Russie… »

Max : « Zutalor ! Tant pis. On regardera dans des livres alors. »

Léo : « Des beaux livres de fossiles… »

Le chevalier : « Allons voir les schistes en haut de la plage. »

77.2 12 Plis dans les schistes zébrés 77.2 13 Plis dans les schistes zébrés

Max : « Ils sont tout pliés ! Heureusement qu’on doit pas les repasser ! Oulala ! »

Léo : « C’est quand même moins tout plié qu’à la falaise de l’Aber. Tu te souviens Max ? »

Max : « Ben oui c’était hier ! Bonome nous a même fotoés sur un pli. »

Le chevalier : « Vous avez bien observé les schistes ? Allons vers la Pointe des Grottes. »

77.2 14 L'aiguille 77.2 15 L'aiguille

Max : « Oulala ! Regarde Léo ! Tu avais vu l’aiguille toi ? »

Léo : « Rhooo ! Non, je regardais les schistes zébrés ! Je levais même pas la tête ! Ça, c’est une belle aiguille ! »

Max : « Elle est pas en schistes zébrés ! C’est les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Les schistes ne sont pas assez résistants pour former une aiguille. Regardez, j’ai une vieille carte postale qui la montre au début du 20ème siècle. »

77.2 16 L'aiguille 1900

Max : « Mais… On voit pas les schistes ! C’est tout recouvert par le sable ! Ici aussi la mer a volé le sable ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « La mer enlève tout le sable partout et toi tu dis rien ! Tu pourrais la gronder quand même ! On vole pas le sable comme ça ! »

Le chevalier : « Max, nous sommes sur son domaine. Elle déplace le sable comme elle le veut. Si elle décide qu’il ne doit pas y en avoir ici, elle l’emmène ailleurs… Je ne gronderai pas la mer. »

Max : « Ah ouai ! D’accord ! La mer vole le sable et tu lui dis rien. Et si moi je volais du chocolat ? »

Le chevalier : « Tu serais puni ! Un gentillours ne vole pas ! »

Max : « c’est vrai que je suis un gentillours 🙂 C’est monsieur de La Fontaine qui l’a dit ! Bon d’accord, je volerai pas du chocolat. Tu as parlé de la dissonance tout à l’heure. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas dit dissonance mais discordance. Venez, je vais essayer de vous montrer. Il faut s’approcher de la falaise de la Pointe des Grottes. »

Max : « Il faut pas trop s’approcher des falaises. C’est toi qui l’as dit. »

Le chevalier : « Et toi tu as dit que j’étais prudent à ma façon 🙂 Voilà, nous approchons. Regardez. »

77.2 17 La discordance 77.2 18 La discordance
77.2 19 La discordance 77.2 20 La discordance

Léo : « On voit les schistes zébrés briovériens au sol. »

Max : « Ils sont gris sombres ou marrons. »

Léo : « On voit que les couches remontent vers le nord, ou presque le nord. »

Max : « Léo, en géologie, on dit pas les couches mais les strates. Les couches c’est pour les bébés. »

Léo : « Tu dis ça parce que tu aimes utiliser des mots compliqués que personne connaît à part toi. Comme ça tu crois que tu es intelligent et cultivé. »

Le chevalier : « 😀 »

Max : « Pfff… »

Léo : « Et au dessus on voit des grès tout blancs. »

Max : « Ce sont les grès armoricains de l’Arénig. »

Léo : « C’est bizarre parce qu’ils sont pas pliés comme les schistes zébrés. »

Max : « Et ils penchent pas pareils. »

Léo : « Jusque maintenant on a toujours vu des couches parallèles entre elles, même quand elles étaient penchées. »

Max : « Sauf quand c’est tout plié mais c’est pas pareil. »

Le chevalier : « Vous venez de découvrir ce qu’est une discordance. »

Léo : « Et c’est à cause de quoi ? »

Le chevalier : « Asseyez-vous sur un rocher. Je vais vous expliquer. »

Léo : « Max, tu sors ta serviette ? »

Max : « Voilà ! On est installés bonome. Nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Il faut retourner loin de le temps. Au Précambrien supérieur. »

Max : « C’est le Briovérien ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 La mer recouvre de vastes plaines. Des argiles et des sables apportés par des fleuves se déposent sous une relativement faible tranche d’eau. Petit à petit ces sédiments se compactent et donnent des argilites et des grès. Puis la mer se retire. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Parce qu’une chaîne de montagnes se met en place. »

Léo : « Et c’est pour ça que les argilites et les grès se métamorphisent en schistes zébrés et se plissent ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Mais cette chaîne de montagnes est immédiatement attaquée par l’érosion. En quelques dizaines de millions d’années, au cours du Cambrien, elle est arasée et une pénéplaine se forme. »

Max : « C’est quoi une pénéplaine ? »

Le chevalier : « Une presque plaine mais en très très grand. Ce n’est pas parfaitement plat. Il existe des buttes, des collines ou des lits de fleuves. Puis, à l’Ordovicien, la mer revient et recouvre cette pénéplaine. »

Max : « Mais elle revient par le sud ! »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 C’est alors que les sables à l’origine des grès armoricains se sont déposés. »

Léo : « Et c’est pendant une autre formation de chaine de montagnes qu’ils seront métamorphisés en grès et qu’ils seront penchés. »

Le chevalier : « Tout à fait. »

Max : « Oulala ! En regardant attentivement deux formations rocheuses on peut voir la formation de deux chaînes de montagnes alors ! »

Léo : « Rholala ! C’est vraiment bien la géologie ! »

Le chevalier : « 🙂 Ravi que ça te plaise ! »

Léo : « Oh oui alors ! Rholala ! »

Le chevalier : « Voilà, vous avez vu la discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. »

Léo : « Tu vois qu’il avait pas dit la dissonance des zèbres briochoriens ! »

Max : « Ben, ça ressemble quand même. Et je maintiens que ça doit être très bon des zèbres en brioche tartinée de chocolat fondu 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Il nous faut faire demi-tour maintenant. Au retour je voudrais vous montrer une dernière chose. »

Max : « Pourquoi tu l’as pas montré à l’aller ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… C’est peut être moins logique. »

Léo : « Dis chevalier, c’est fatiguant de marcher sur les galets… »

Le chevalier : « Grimpez dans ma poche. »

Léo : « Merci 🙂 »

Le chevalier : « Voilà ! Regardez à droite, puis à gauche. »

77.2 23 La faille 77.2 24 La faille

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « Une faille. On la voit mieux à gauche. »

Max : « ça alors ! Les schistes zébrés sont recouverts d’un côté par les grès armoricains et de l’autre ils sont séparés des grès par une faille. »

77.2 21 La grève de Port Zic 77.2 22 La pointe de Ruilanec

Léo : « Dis, tu sais pourquoi les pointes sont en grès et les schistes ils font une plage ? »

Le chevalier : « C’est assez simple mon Léo. Les grès sont beaucoup plus durs que les schistes et donc la mer rogne plus les schistes. C’est une constante dans la péninsule. Les caps et pointes sont en roches dures, souvent en grès d’ailleurs. Et les baies, anses et plages sont creusées dans des roches plus tendres. »

Max : « Bon, je suppose que tu vas de nouveau marcher sur les rochers pour rejoindre notre monture. »

Le chevalier : « Tu supposes bien 🙂 »

Léo : « Et on fait quoi après ? »

Le chevalier : « Je suppose que vous ne voulez pas rentrer ? »

Max : « Rentrer ? Non ! »

Le chevalier : « Alors je vous propose de retourner à notre monture puis d’aller nous promener à Beg Penn Ar Roz. »

Max : « Où ça ? »

Le chevalier : « Beg Penn Ar Roz. »

Max : « Léo, tu comprends toi ? »

Léo : « Ben non. Là, je suis sûr que c’est du breton. Mais on s’en fiche. Parce que même en français, on saurait pas où c’est. Allez, en route pour Big Ben en rose 🙂 »

Max : « Bonome, on va encore faire la géologie là-bas ? »

Le chevalier : « Très peu. Nous allons nous promener et profiter du paysage. »

Max : « On pourra pocher ? Parce qu’on a déjà marché plusieurs jours aujourd’hui. »

Le chevalier : « Bien sûr. Vous devez être fatigués. »

Léo : « Oh oui ! »

Le chevalier : « Vous pouvez faire une petite sieste. Je vous réveillerai. »

Max : « Tu nous grattes le front ? »

Le chevalier : « Non Maxou, je suis désolé mais j’ai besoin de mes mains pour avancer. »

Max : « D’accord. Sois prudent. »

Léo : « A tout à l’heure. »

***

Le chevalier : « Max ! Léo ! Réveillez-vous ! »

Max : « Déjà ? »

Léo : « On est arrivés ? »

Le chevalier : « J’ai fait un arrêt imprévu. Sortez juste la tête et regardez. Je vais explorer le sentier côtier. »

77.2 25 Beg Penn ar roz 77.2 26 Beg Penn ar roz

Max : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »

Léo : « Maxou, c’est moi qui dis ça normalement 🙂 »

Max : « Oui je sais mais oulala ça me semblait pas suffisant 🙂 »

Léo : « C’est vrai. Rholalaaaa ! C’est magnifique ! »

Max : « Bonome, c’est quoi les roches ? »

77.2 27 Beg Penn ar roz 77.2 29 Beg Penn ar roz

Le chevalier : « Je ne sais pas. »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Non, je ne sais pas où nous sommes. Je me suis arrêté sur le chemin de Beg Penn ar roz. L’endroit m’attirait. Alors si je ne sais pas où nous sommes je ne peux pas connaître la nature des roches. Peut être les grès armoricains. »

Léo : « Ça ressemble pas. »

Le chevalier : « Alors les schistes pourprés… »

Max : « Quels schistes pourprés ? »

Le chevalier : « Ceux qui se trouvent sous les grès armoricains et qui datent de l’Arénig inférieur. »

Max : « J’ai l’impression que tu t’en fiches un peu. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Je marche… Je regarde les Laridés tournoyer dans les courants ascendants… »

Max : « Tu les fotoes pas ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Mais tu souris au vent 🙂 »

Le chevalier : « Pour le remercier de chasser les nuages… et de me caresser le visage… »

77.2 30 Beg Penn ar roz 77.2 31 Beg Penn ar roz

Léo : « C’est vraiment très beau ici… On a de la chance d’être là… »

Max : « Bonome, tu vas marcher longtemps ? »

Le chevalier : « J’irais bien au bout de la terre… »

Max : « Léo, je crois qu’il est parti dans un autre monde… Il va marcher, marcher, marcher… Il va plus jamais s’arrêter. »

Léo : « Tu crois ? »

Max : « Ben, regarde-le ! »

Léo : « Il a un air béat ! »

Max : « Si on le laisse faire il va redevenir sauvage. »

Léo : « Ben non ! On l’a bien éduqué ! »

Max : « Bonome… BONOME ! REVIENS AVEC NOUS ! ET ARRÊTE DE MARCHER ! »

Le chevalier : « Ne crie pas Maxou. Admirez un peu ce paysage ! »

Max : « On a vu ! C’est pas une raison pour redevenir un homme sauvage. Allez, on retourne à la monture et tu nous emmènes à Big Ben rose. »

Léo : « On va chevaucher longtemps ? »

Le chevalier : « Non, nous ne sommes pas très loin. »

Max : « Voilà, on retourne dans la lande. »

77.2 32 La lande rase

Le chevalier : « Oui, c’est la lande à bruyère cendrée et ajonc de Le Gall. »

Max : « Tu avais dit ajonc européen ! »

Le chevalier : « J’ai dit une erreur alors. »

Léo : « Il y a des zoisos dans la lande ? »

Le chevalier : « Oui Léo, environ une quarantaine d’espèces. Ce sont surtout des petits passereaux. »

Léo : « Lesquels ? »

Le chevalier : « Le troglodyte, des tariers, des traquets, l’accenteur mouchet… Et des faucons. »

Léo : « On va en voir ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. Mais je n’ai pas envie de planquer pour les observer. »

Max : « Toi, tu veux tourister 🙂 »

Léo : « Mais il y a rien à tourister ici ! »

Max : « Tourister c’est aussi marcher comme ça, les mains dans les poches, en sifflotant. »

Le chevalier : « Regardez là-bas ! »

Max : « Où ça ? »

Le chevalier : « Là ! En bas de la falaise ! »

77.2 33 Le cap
77.2 34 Schistes pourprés 77.2 35 Schistes pourprés

Léo : « Ben là c’est presque sûr que ce sont les schistes pourprés. »

Le chevalier : « Les plus anciennes roches de l’ère primaire de la péninsule de Kraozon ! »

Max : « On peut aller chercher un échantillon pour ma collection ? »

Le chevalier : « Non Max, c’est bien trop dangereux. »

Max : « J’espérais que tu dirais ça 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Ne sortez pas de ma poche. J’ai trop peur que le vent vous fasse tomber au bas de la falaise. »

Max : « Mais, il ferait pas ça ! »

Le chevalier : « Il souffle Max ! C’est son travail de vent. »

Max : « Tu vas pas nous fotoer alors ? Je voulais de belles fotos pour montrer à Princesse. »

Le chevalier : « Installez-vous à l’abri du vent alors. »

Max : « Et puis après tu nous portes et tu fais des gros plans. »

Le chevalier : « D’accord mon Maxou. Mais après, dans la poche ! »

77.2 38 Les petizours 77.2 41 Le cap
77.2 39 Max 77.2 40 Léo

Le chevalier : « Je vais vous montrer une autre pointe. Venez… Voilà, c’est Beg Penn Hir. »

77.2 42 Le tas de pois

Max : « On ira ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Et nous irons explorer une longue falaise qui se trouve un peu à droite. Nous ne la voyons pas d’ici. »

Léo : « Chevalier, tu as l’air fatigué. Il faut rentrer maintenant. »

Le chevalier : « Oui… C’est une bonne idée… »

Max : « Quand il est fatigué, il est triste. C’est toujours comme ça. Faut pas t’inquiéter Léo. »

77.2 43 La lande 77.2 44 La lande

On est rentrés doucement. Bonome avait pas envie de galoper. On a fait silence. Il avait l’air plongé dans ses pensées. Et, pour une fois, j’ai pas été indiscret.

En arrivant à la cabane, il nous a couchés tout de suite parce qu’on avait l’air très fatigués. Il nous a câlinés et nous a gratté le front. Et puis, quand nos yeux ont commencé à piquer très fort, il nous a souhaité bonnuit et on s’est endormi. Il y a jamais personne qui lui caresse le front et qui lui souhaite bonnuit. C’est pas juste.

Je t’embrasse Princesse. Et même si ses neurones sont tout fondus, je voudrais pas qu’il retourne au château.

Continuer la promenade

77.1 – Port Lonnec

Dimanche 28 Février, An III

Le chevalier : « Les zours ! Il est l’heure de vous réveiller ! »

Max : « Mmmmmm… Ondorencor… »

Léo : « On vient juste de se coucher… »

Le chevalier : « 🙂 Vous dormez depuis 10 heures ! Allez ! Debout ! »

Max : « On va inspecter ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Il fait beau, profitons en ! »

Léo : « On va encore marcher plusieurs jours aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Deux ou trois jours de marche sont au programme de la journée 🙂 Levez-vous et enfilez vos sacados. Je vous attends. »

Pendant la chevauchée…

Max : « On va où ? Qu’est ce qu’on va voir ? »

Le chevalier : « D’abord nous allons aller à Port Lonnec pour continuer à remonter le temps. »

Max : « On va voir des roches encore plus vieilles que celles d’hier ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les schistes de Postolonnec qui datent de l’Ordovicien inférieur. Ils reposent sur les Grès armoricains. J’espère pouvoir observer le contact entre ces deux formations. »

Léo : « Ils ont de la chance les schistes de reposer. »

Le chevalier : « Pauvres petizours… La journée d’hier a été très chargée, je vous l’accorde. Je dois reconnaître que j’en suis fourbu. Courage mon Léo. »

Max : « Et moi non ! Pfff… »

Le chevalier : « Mon Maxou… »

Max : « Mouai… Ils datent de quand les schistes de Postolonnec ? »

Le chevalier : « Je l’ai dit Max : Ordovicien supérieur. Plus précisément Llanvirnien et Llandelien. Je crois même que leur sommet déborde sur le Caradoc inférieur. »

Max : « Ah ben si il déborde sur le Caradoc inférieur… »

Léo : « On a vu du Caradoc hier, non ? »

Le chevalier : « Oui petit Léo. Les grès de Kermeur datent du Caradoc inférieur. »

Max : « Ce sont les grès qui contiennent les roches magmatiques intrusives ? Comment elles s’appellent déjà ? Les do… Les domachins. »

Le chevalier : « 🙂 Les dolérites. »

Max : « C’est exactement ce que je viens de dire : les dolérites ! »

Le chevalier : « Nous en verrons encore. »

Max : « Ben forcément ! Elles datent du Caradoc ! Il y avait des roches magmatiques au Caradoc ! »

Léo : « Si je comprends bien, on va voir ce qu’il y a juste en dessous des grès de Kermeur qu’on a vus hier. Alors, on a vu ces grès du Caradoc avec les dolérites, les tufs et calcaires de Rosan du Caradoc et de l’Ashgill et encore au dessus les roches tout pliées du groupe de Kerguillé qui datent du Silurien. Chevalier, à la fin du séjour il faudra que tu fasses un document qui résume tout ça. Parce que c’est quand même un peu compliqué. »

Le chevalier : « Oui, je sais et je ferai ce document. Pour le moment nous sommes arrivés. Regardez ! »

77.1 01 PostolonnecLéo : « Rholalaaaaa ! C’est bôôôô !!! »

Max : « Ouai, peut être… Mais c’est l’estran rocheux… Des cailloux tout cassés couverts d’algues et tout glissants… Tu vas tomber bonome et tu vas être tout cassé. »

Le chevalier : « Je suis déjà tombé ici 🙂 Deux fois… Peut être même trois… L’année dernière. Je suis tombé chaque fois que je suis venu 🙂 Toujours la même chute : le pied d’appui qui glisse vers l’avant. Poum sur le dos ! »

Max : « Et ça t’amuse ! »

Le chevalier : « Je me suis juste fait mal à la main en essayant d’amortir la chute. Mon sacado a protégé mon dos. »

Max : « Tu vas faire attention ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Il pleuvait l’an dernier. Les rochers étaient bien plus glissants. Et puis j’ai compris comment marcher sur les algues, quels sont les pièges à éviter… Ne t’inquiète pas. Faites surtout attention au fin film d’algues rouges qui recouvre certains rochers. On les remarque à peine mais elles rendent le sol extrêmement glissant. Bien, on commence ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 C’est des roches toutes noires. C’est ça les schistes ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Vous rappelez-vous comment ils se sont formés ? »

Max : « Bonome, on est quand même un peu géologues. On connaît les schistes. D’abord il faut une mer calme il y a très longtemps. Et puis des fleuves qui apportent des argiles. Ces argiles viennent de l’érosion des montagnes bien plus loin, tout là-bas. Alors les argiles se déposent au fond de la mer. Et comme il y en a de plus en plus, ça appuie fort dessus. Surtout quand il y a d’autres roches en train de se former encore par dessus. Et l’eau qu’il y a dans les argiles est évacuée. Les argiles durcissent, durcissent… Et puis ça commence à former des roches. Et après, ces roches, elles sont transformées en schistes quand les plaques tectoniques font l’accident. Elles s’enfoncent, s’échauffent, se plissent tout ça tout ça. Et après il y a des schistes. »

Le chevalier : « C’est un bon résumé. »

Léo : « Lui aussi c’est un résumeur 🙂 Dis chevalier, si au départ la roche se forme dans la mer, il doit y avoir des fossiles. On va en voir ? »

Max : « On va fossiler ? »

Le chevalier : « Il y en a et nous allons fossiler 🙂 »

Léo : « Rholala ! Tu peux me redire quel âge ils ont les fossiles ? »

Le chevalier : « Autour de 460 millions d’années 🙂 »

Léo : « Rhoooo… »

Le chevalier : « Venez, j’ai des tas de choses passionnantes à vous montrer dans la grotte qui borde la plage. »

Max : « En plus on va explorer des grottes ! Oulala ! »

Le chevalier : « Regardez ! »

77.1 02 La premiere grotte
77.1 03 La premier grotte 77.1 04 La premiere grotte

Léo : « On voit plusieurs couches. Il y a pas que des schistes. »

Max : « Non, il y a des grès. Un peu marron. Mais le jaune, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Les dolérites. »

Max : « Bonome, il y aurait pas une faille horizontale au bas de la grotte ? »

Le chevalier : « Peux-tu me redonner la définition de faille ? »

Max : « Voilà, ça commence… On est à peine arrivés et tu me fais une interro ! ON EST PAS À LA SCHOLA ! »

Léo : « Tu ronchonnes parce que tu sais pas ! »

Max : « Si je sais ! »

Léo : « Alors réponds ! »

Max : « Une faille c’est quand des roches se cassent en deux morceaux qui se déplacent l’un par rapport à l’autre. »

Le chevalier : « Bravo Maxou ! »

Max : « Na ! »

Le chevalier : « 🙂 Alors, y a t-il une faille ? Léo, peux-tu répondre ? »

Max : « Tiens, elle est pour toi l’interro ! Bien fait ! »

Léo : « Je m’en fiche moi, je sais ! Oui, on voit bien la cassure. Et on voit bien aussi que les deux morceaux se sont déplacés l’un par rapport à l’autre. Je peux même dire que celui du dessus s’est déplacé vers la gauche. Na toi même ! »

Max : « Pfff… Bonome, tu veux bien nous fotoer sur la faille s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Pour montrer à Princesse je suppose ? D’accord 🙂 Allez vous installer. »

77.1 05 Les petizours sur la faille 77.1 06 Les petizours sur la faille

Le chevalier : « Vous êtes assis sur des schistes et au-dessus de vos têtes on peut voir une couche de dolérite. C’est ce qu’on appelle un sill. C’est-à-dire une couche horizontale qui s’est mise en place entre les couches de sédiments. »

Max : « Oulala ! Heureusement qu’elle est refroidie la dolérite ! On serait tout grillés sinon. »

Le chevalier : « Ah ça oui ! Bon, étudions maintenant les successions de couches. »

77.1 07 Les couches 77.1 08 Les couches

Max : « Oui, on voit bien les schistes et les grès. Et en haut c’est la dolérite. C’est bizarre que les grès soient pas toujours de la même couleur. »

Léo : « Moi j’aime bien la grosse couche un peu jaune au milieu de la foto de droite. Il y a des tas de petites couches grises dedans. »

Le chevalier : « On parle de lamines. Quelques fines couches d’argiles sont venues se déposer lors d’une longue période de dépôt de sables… Léo, tu as vu quelque chose ? »

Léo : « Oui, venez voir… C’est dans une couche de schistes. Il y a comme un U blanc. Tu sais ce que c’est ? »

77.1 09 Teichichnus 77.1 10 Teichichnus

Le chevalier : « C’est un ichnofossile du genre teichichnus. »

Max : « Tu parles breton ? Parce qu’il y a des mots qui sortent de ta bouche mais je comprends rien du tout. »

Léo : « Moi j’ai compris c’est et genre. Mais peut être que c’est aussi du breton 🙂 »

Le chevalier : « Non, je ne parle pas breton. Je parle le géologien 🙂 »

Max : « Frimeur ! Tout ça pour faire croire que tu es intelligent et cultivé. »

Le chevalier : « Ce sont des traces fossiles. Là c’est un terrier, probablement celui d’un ver marin. »

Léo : « Un ver a fait un trou dans le sable il y a 450 millions d’années et on le voit encore aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Rholala ! C’est vraiment bien la géologie ! »

Max : « On peut revenir aux dolérites ? La couche jaune, là. Pourquoi c’est bizarre comme ça à la base ? On voit mieux sur la foto de gauche. Tu expliques ? Et pas en géologien ! »

77.1 11 Pépérites 77.1 12 Pépérites

Le chevalier : « J’évite donc de dire que c’est une pépérite ! »

Max : « Oui oui, tu évites ! »

Léo : « Non, tu expliques ! »

Le chevalier : « Comme à la pointe de Raguenez, le magma s’est infiltré dans un sédiment non consolidé et gorgé d’eau. Ce contact a engendré des petites explosions qui ont émietté la roche magmatique, arraché des fragments de roches encaissantes et brassé le tout. »

Léo : « C’est pas très compliqué ! On aurait même pu trouver tout seul ! »

Max : « Ben oui ! Tout le monde peut trouver les pépérites ! Surtout si elles commensalisent ! »

Le chevalier : « Max, tu es trop bête 🙂 »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Si vous n’avez pas de questions je vous propose d’aller voir la grotte  un peu plus loin. »

Max : « Encore une grotte ! Oulala ! »

Léo : « Oui, on y va ! »

Max : « Bonome, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Ce que je voulais vous montrer ! On le voit mieux sur le plafond de la grotte. »

77.1 13 Planolites 77.1 14 Planolites

Léo : « Rhoooo… Qu’est ce que c’est ? »

Le chevalier : « Encore des ichnofossiles ! Ce sont encore des traces de vers mais cette fois ce sont des terriers horizontaux. On appelle cela des planolites. L’association de planolites et de teichichnus montre que les sédiments se sont déposés sur une plate-forme sous-marine ouverte. »

Max : « Bonome, il y a un gros caillou avec des planolites. Je peux le prendre pour ma collection ? »

Le chevalier : « Oui, mets-le dans ton sacado ! »

Max : « C’est pas gentil ! Il rentre même pas ! Et puis je suis trop petit, je pourrai pas le porter. Tu veux bien le prendre dans ton sacado s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui, je veux bien. Donne-le moi. »

Léo : « Et il y a pas des autres fossiles ? Pas des traces mais des zanimos ? »

Le chevalier : « Il y en a quelques uns. Ils sont soit isolés dans les roches, soit en lentilles, c’est-à-dire en fines couches dans lesquelles ils sont accumulés. »

Max : « On va en trouver ? »

Le chevalier : « J’espère 🙂 Venez, mais avant, je voudrais vous montrer la falaise. Prenons un peu de recul. Nous reviendrons au bord de la falaise ensuite. »

Max : « On voit bien les schistes, à gauche, et les grès, à droite. »

Léo : « C’est à cause des variations du niveau de la mer ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

77.1 15 Schistes et grès

Léo : « Mais pourquoi le niveau change ? »

Le chevalier : « Il peut y avoir plusieurs causes. A l’Ordovicien, les variations du niveau marin ont été causées par des variations importantes de la température à la surface de la Terre. Lors des périodes de refroidissement, l’eau des océans était en partie mobilisée dans les calottes de glace qui recouvraient les pôles et le niveau moyen des océans baissait. »

Léo : « Alors si je comprends bien, les grès se sont déposés lors des périodes froides et les argiles lors de périodes plus chaudes. »

Le chevalier : « C’est à peu près ça. Retournons à la falaise. Max, pourquoi as-tu mis cette foto ? Elle n’est pas très belle ! Pas très intéressante non plus. » 77.1 15 Schistes supérieurs

Max : « Elle montre bien sur quoi tu marches à longueur de journée. Comme ça Princesse sera informée et peut être qu’elle te grondera enfin ! »

Le chevalier : « Cafteur ! Alors dis lui aussi que j’escalade les parois pour rechercher des fossiles ! »

Max : « Il y a des fossiles ? Escalade bonome, escalade ! »

Le chevalier : « Mais Princesse va me gronder ! »

Max : « Mais non ! T’inquiète pas. Je te couvre 🙂 Allez, il faut fossiler ! »

Léo : « Max, je crois que tu vas pas bien dans ta tête ! »

Max : « Là ! J’en ai trouvé un ! »

Léo : « Moi aussi ! »

77.1 16 Fossiles gastéropode 77.1 17 Fossiles gastéropode

Le chevalier : « Ce sont des Gastéropodes. »

Max : « Des Mollusques Gastéropodes ! Des animaux à corps mous protégés par des coquilles calcaires enroulées en spirales. »

Léo : « Tu en connais des choses, Maxou ! »

Max : « J’ai souvent été à la mer et bonome m’a expliqué un peu 🙂 »

Léo : « Tu connais les espèces ? »

Le chevalier : « Non, trop difficile à dire… Je ne suis pas un spécialiste. »

Max : « C’est pas grave. On t’en veut pas. Tu peux pas tout savoir. Mais quand même, il y en a pas plus des fossiles ? Parce que là on a cherché un quart d’heure pour deux petits machins même pas bizarres ! »

Le chevalier : « Je vous en montrerai tout à l’heure. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Nous remontons le temps 🙂 Regardez devant vous, la dalle de grès. »

77.1 18 Surface des grès de kerarvail

Max : « Oui, ben c’est pas la première fois qu’on voit des grès ! Ici, c’est schistes ou grès ! »

Léo : « Et des dolérites et des basaltes ! Tu oublies les volcans Maxou ! »

Max : « N’empêche que c’est pas la première fois qu’on voit des grès. »

Le chevalier : « Ici nous pouvons voir le passage des schistes supérieurs de Postolonnec au Grès de Kerarvail. »

Max : « Les grès de Kerarvail ? »

Le chevalier : « Oui. Du nom du hameau qui se trouve au sommet de la falaise. Regardez au sol. Les couches ont été érodées et on voit bien la transition. Elle peut également se voir dans la falaise. »

77.1 19 Passage des schistes aux grès 77.1 20 Grès de Kerarvail

Max : « Bon d’accord. Mais qu’est ce qu’ils ont de particulier ces grès ? »

Le chevalier : « Venez voir leur surface. »

77.1 21 Ripples marks 77.1 22 Ripples marks

Max : « Il y a des petites rides… »

Léo : « Tu nous en a montré dans les grès de Kermeur hier mais on voyait moins bien… »

Max : « Et tu as dis des mots bizarres… »

Le chevalier : « Des ripples-marks. »

Max : « Oui ! C’est ça ! Des ripeulmarques ! »

Léo : « C’est pas du breton, c’est du grand-breton 🙂 »

Le chevalier : « La présence de ces marques indique que le milieu de sédimentation était calme et peu profond. On en trouve sur les plages à marée basse. J’aimerais vous en montrer. »

Max : « Avec toi, on va jamais à la plage. On va sur l’estran rocheux. »

Le chevalier : « Tu veux aller à la plage ? Tu veux te faire bronzer ? »

Max : « Meu non ! On s’ennuie quand on bronze. »

Le chevalier : « Oui, c’était juste pour ronchonner 🙂 Continuons de remonter le temps… »

Le chevalier : « Voilà le passage des grès de Kerarvail aux schistes inférieurs. »

77.1 23 Passe des grès aux schistes inf 77.1 24 Passage des grès aux schistes inf

Max : « La météo a changé ! A gauche des fotos : climat chaud ! A droite : période glaciaire ! »

Le chevalier : « La calotte glaciaire était alors centrée sur l’Afrique. »

Max : « Bonome, les calottes, c’est aux pôles. L’Afrique, elle est pas aux pôles ! Elle est à l’équateur ! Tu déraisonnes ! »

Le chevalier : « Tu oublies quelque chose Max. »

Max : « Qu’est ce que j’ai oublié ? … Ah oui ! Je t’ai pas crié dessus 🙂 TU DÉRAISONNES BONOME ! »

Léo : « Mais non Max ! C’est pas ça que tu as oublié ! Les plaques tectoniques se déplacent ! Si la calotte était centrée sur l’Afrique, c’est que l’Afrique était à un pôle. C’est ça chevalier ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Et la Bretagne ? Elle était au pôle aussi ? »

Le chevalier : « Non, pas tout à fait. Mais elle n’était pas loin du cercle polaire. Je vais essayer de vous trouver une carte du monde à l’Ordovicien… Prenons un peu de recul pour mieux voir… »

77.1 25 Grès de Kerarvail 77.1 25 Grès de Kerarvail bis

Le chevalier : « Voilà ! A gauche : les schistes inférieurs. Au centre : les grès de Kerarvail et à droite les schistes supérieurs. En se déplaçant de 15 mètres sur la plage nous nous déplaçons de 15 millions d’années ! »

Max : « Pourquoi tu as mis la deuxième foto ? Elle est même pas de toi ! »

Le chevalier : « Je sais. Et je n’ai pas l’adresse du site dont elle provient. J’espère que l’auteur ne m’en voudra pas. Mais regardez au premier plan. »

Max : « Sur ta foto, il y a des rochers. »

Léo : « Sur l’autre, il n’y a que du sable ! »

Max : « Le sable recouvrait les rochers ! »

Léo : « Il est parti où le sable ? »

Max : « Il y a des voleurs de sable ! Vite, il faut envoyer un message à Princesse ! Il faut la prévenir ! Qu’elle envoie ses gens d’armes pour arrêter les voleurs ! »

Le chevalier : « Maxou… J’apprécie ton esprit d’initiative et ton souci de veiller au mieux sur le Pays des Zoisos mais Princesse ne pourra pas faire arrêter le voleur. »

Max : « Il est trop fort ? On le trouvera pas ? »

Le chevalier : « Si. Je le connais. Il est juste là ! »

Max : « Ou ça ? Attrape-le bonome ! Princesse te donnera une médaille ! »

Le chevalier : « Comment le pourrais-je ? On attrape pas la mer ! »

Léo : « C’est la mer qui emporte le sable ? »

Le chevalier : « Oui, par ses courants… Par endroits la mer avance en rognant la côte. »

Léo : « Chevalier, il y a des grottes. On peut aller les explorer. Il y a peut être des fossiles. »

Le chevalier : « Nous y allons. Et je suis presque sûr que nous verrons de beaux fossiles. »

77.1 26 Une grotte 77.1 27 La grotte

Le chevalier : « Voilà ! Regardez au toit de la grotte ! »

77.1 28 Vue générale du toit

Max : « On voit pas de par terre ! On est tout petits et c’est trop haut 🙁 Tu veux bien nous porter ? »

Le chevalier : « Venez ! »

Léo : « Rholala ! Il y en a plein des fossiles ! »

Max : « Il y en vraiment beaucoup ! Oulala ! »

Léo : « Mais pourquoi on en trouve un par-ci par-là et d’un seul coup il y en a une couche complète ? »

Le chevalier : « Bonne question mon Léo. On appelle lumachelles de telles accumulations de fossiles. Elles peuvent avoir deux origines. La première correspond à une accumulation de bord de plage. Les organismes meurent. Leurs coquilles ou carapaces se désagrègent et sont poussées par les vagues et les marées. L’autre possibilité est un arrêt de la sédimentation. Les coquilles et carapaces tombent toujours au même rythme au fond de l’eau mais comme les argiles ne se déposent plus, elles forment une couche. »

Léo : « Et quelle hypothèse tu retiens pour ici ? »

Le chevalier : « L’arrêt de sédimentation me paraît plus probable… »

Max : « Le problème de l’accumulation c’est qu’on voit rien du tout. C’est trop mélangé. Il y a plein de fossiles mais on les voit pas bien. Pfff… »

Le chevalier : « On peut en trouver dans d’autres couches. »

Léo : « Oui là ! Rhooo la chance… C’est quoi ? Et là ? »

77.1 29 Bivalves 77.1 30 Bivalves

Max : « Ce sont encore des Mollusques ! Mais cette fois ce sont des Bivalves. Ils ont une coquille calcaire en deux parties symétriques. »

Le chevalier : « Oui Maxou. A gauche les deux coquilles sont séparées. On voit des traits. Ce sont des côtes radiales. Au centre de la foto, on voit que les deux parties de la coquille sont restées attachées. »

Max : « Elles s’attachent comment ? »

Le chevalier : « Je ne te l’ai jamais expliqué ? Chez les Bivalves les deux parties de la coquille sont attachées par un ligament souple. A la mort de l’individu, il se rigidifie et finit par rompre. Si les deux parties sont encore réunies, c’est que la coquille a été enfouie rapidement et sans trop bouger. »

Max : « Et sur l’autre foto ? Il y a un demi coquille avec des côtes radiales. Et à côté ? »

Le chevalier : « C’est un moulage interne d’une valve de Bivalve. La coquille était posée sur ce que vous voyez. »

Max : « Dacor dacor dacor… Gastéropodes, Bivalves… C’est bien beau tout ça mais tu aurais pas des machins bizarres plutôt ? »

Le chevalier : « Si 🙂 Des pygidiums de trilobites 🙂 »

Max : « Ah ben voilà ! Ça c’est mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Tu ne me cries pas dessus parce que j’utilise des mots bizarres que personne connaît à part moi ? »

Max : « Tu veux ? Je peux, si ça te fait plaisir 🙂 »

Le chevalier : « Non, je m’en passe volontiers 🙂 »

Léo : « Dites tous les deux, vous allez continuer vos amabilités longtemps ? J’ai des questions moi ! C’est quoi un trilobite ? Et son pygidium ? C’est quoi ? Et puis tu pourrais nous les montrer tes pygidiums de trilobites ? »

Le chevalier : « En voilà un ici… et un autre là… »

77.1 31 Trilobite pygidium 77.1 32 Trilobite pygidium

Max : « Ça c’est du bizarre 🙂 Je comprends rien du tout ! »

Léo : « Moi non plus… »

Le chevalier : « Commençons par parler des trilobites. Ce sont des Arthropodes… »

Max : « Je sais ! Je sais ! Moi m’sieur ! Moi ! »

Le chevalier : « Max, nous ne sommes pas à la schola ! »

Max : « Méééé ! Je sais ce que c’est un Arthropode. Tu m’as expliqué déjà et je dois former Léo… »

Le chevalier : « Alors explique-lui. Nous t’écoutons. »

Max : « Les Arthropodes sont des animaux qui ont une cuticule parfois appelée carapace et des pattes articulées. Comme Arthropodes, il y a les Insectes (trois paires de pattes et une paire d’antennes), les Arachnides (quatre paires de pattes et pas d’antenne), les Myriapodes (plein de pattes et une paire d’antennes) et les Crustacés (au moins cinq paires de pattes et deux paires d’antennes). Il y en a sûrement d’autres mais je les connais pas. »

Léo : « Il y a les Trilobites 🙂 »

Max : « Pfff… Tu sais leurs pattes et leurs antennes peut être ? »

Léo : « Ben non. Mais je sais que ce sont des Arthropodes. »

Le chevalier : « Le nombre de patte est variable et ils ont une seule paire d’antennes. Pour le reste de l’anatomie mieux vaut prendre un dessin. Tenez… »

trilobite-anatomie

Max : « Bonome, c’est toi qui l’as fait ? »

Le chevalier : « Euh… Non, je l’ai encore emprunté à monsieur Internet. »

Max : « Je préfère ça. »

Le chevalier : « Pourquoi ? »

Max : « Parce qu’il respecte même pas les consignes de légende ! Les traits doivent s’arrêter au même niveau. Il y a ni titre, ni échelle ! Moins quatre points ! »

Le chevalier : « Heureusement que ce n’est pas toi qui corriges les copies ! »

Léo : « ON EST PAS À LA SCHOLA ! ÇA SUFFIT MAINTENANT ! ON EST EN VA-CAN-CES ! ET JE VEUX SAVOIR LES TRILOBITES, MOI ! »

Max : « Oulala ! Léo crie ! »

Le chevalier : « Je t’explique Léo, calme-toi ! »

Max : « Gratte lui le front bonome ! Léo, respire profondément ! Inspire… Expire… Caaalme Léo, calme… »

Léo : « GRRRR ! LES TRILOBITES OU JE VOUS DÉVORE TOUS LES DEUX ! »

Le chevalier : « 🙂 En haut c’est l’avant et en bas, l’arrière. Leur nom vient de leur anatomie : vous voyez un lobe médian, le rachis, et deux lobes latéraux, ou lobes pleuraux. D’avant en arrière vous pouvez observer la tête, le thorax et le pygidium. La tête, ou céphalon, montre un renflement axial, la glabelle, des joues latérales parfois prolongées par des pointes (pointes génales) et des yeux composés. Le thorax comprend de 2 à 44 segments articulés. Sur la face ventrale, ils portaient les appendices biramés. »

Max : « Appendices biramés ça veut dire pattes en prétentieux ? »

Le chevalier : « Non, ça veut dire appendices biramés 🙂 A la base, il y a un seul segment. Mais ensuite il y a deux branches. La plus ventrale est le rameau locomoteur (la patte) et le plus dorsal est une branchie. »

Max : « Les branchies ça sert à respirer sous l’eau ! »

Léo : « Ben oui, ils vivaient dans la mer les Trilobites ! »

Max : « Et le pygidium ? »

Le chevalier : « Ce sont les derniers segments qui sont soudés. »

Léo : « D’accord. Merci chevalier. »

Le chevalier : « Voulez-vous voir des images ? »

Max : « Tu en as volé à Monsieur Internet ? »

Le chevalier : « ouiiiii 🙂 »

Max : « Montre, avant d’aller en prison ! »

001-Colpo-saltero-neseu

Le chevalier : « Ce sont des espèces présentes ici, mais ces échantillons viennent de je ne sais où… »

Léo : « Ils ont des noms bizarres… »

Le chevalier : « Souvent les noms d’espèces sont compliqués… Il y a d’autres parties de Trilobites ici, regardez… »

77.1 33 Trilobite Céphalon 77.1 34 Trilobite joue

Léo : « Mmm… A gauche c’est un céphalon… Et à droite… Qu’est ce que ça peut être ? … Une joue ? C’est ça chevalier ? C’est une joue de trilobite ? »

Le chevalier : « Je pense. »

Max : « Il est fort ce Léo ! »

Le chevalier : « On se demande qui forme qui ! »

Léo : « C’est Maxou qui me forme ! Il est maître-assistant lui ! Et il connaît des tas de choses… Moi je connais juste un peu les zoisos. »

Max : « Voilà ! Il recommence à euphémiser ! Il est terrible ce Léo ! Je connais juste un peu les zoisos… Pfff !!! Bon, on voit quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas ! Sortez de la grotte et allez explorer ! »

Max : « On y va ! »

Léo : « Viens voir Max ! »

Max : « Tu es déjà là-haut ! J’arrive ! Qu’est ce que tu as vu ? »

Léo : « Des galets bizarres ! Il y en a plein ! »

77.1 36 Nodules siliceux 77.1 37 Nodules siliceux

Max : « BONOME ! Viens voir ! Léo a trouvé des galets bizarres ! »

Le chevalier : « Vous avez trouvé une lentille de nodules siliceux ! »

Max : « Tu expliques ! »

Le chevalier : « Ces nodules se sont formés par précipitation de silice autour d’un nucléus. »

Max : « Tu fais des progrès, toi ! Je comprends encore moins après ton explication ! »

Le chevalier : « 🙂 Dans l’eau, il y a un peu de silice. C’est un oxyde de silicium (SiO2). Mais la silice est très peu soluble alors elle se dépose rapidement sur un objet quelconque. Cet objet, appelé nucléus, peut être un grain de sable ou un fossile. »

Max : « Il y a des fossiles dans les galets ! Prends-les et casse-les qu’on voit les fossiles ! »

Le chevalier : « Tu serais déçu ! Le fossile qui sert de nucléus n’est en général qu’un petit fragment de coquille. »

Léo : « Mais pourquoi il y a des endroits avec plein de nodules et qu’il y en a très peu ailleurs ? »

Le chevalier : « Ils sont regroupés lors de tempêtes. »

Max : « Encore une tempête ! Il y a eu plein de tempêtes ! »

Le chevalier : « Max, nous n’avons vu que quelques traces de tempêtes alors que nous avons observé des roches qui se sont formées en plus de 30 millions d’années ! »

Léo : « On a déjà marché 30 millions d’années depuis hier ? »

Le chevalier : « 😀 Oui mon Léo, nous avons déjà marché 30 millions d’années depuis hier ! Bon, je crois que nous avons bien étudié les schistes de Postolonnec. J’aimerais maintenant aller voir le contact avec les grès armoricains. »

Max : « Ils sont où ces grès ? »

Le chevalier : « Là-bas ! Vous voyez ? La pointe blanche qui dépasse des schistes. »

Max : « Tu peux la zoomer et nous montrer ? »

Le chevalier : « Voilà ! »

77.1 38 Schistes inférieurs 77.1 39 Grès armoricains

Max : « Le gros caillou tout là-haut, on dirait une tête de princesse, avec un diadème et les cheveux longs… »

Léo : « Max… Tu vas pas bien dans ta tête ! Tu vois Princesse partout ! Chevalier, c’est eux les grès armoricains ? »

Le chevalier : « Oui. Ils datent de l’Arenig moyen. »

Léo : « Arénig ? »

Le chevalier : « Oui Arénig. Entre 485 et 470 millions d’années. »

Léo : « Rholala ! C’est de plus en plus vieux ! »

Max : « Bonome, il faut aller tout là-bas ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Le trajet va être un peu acrobatique par endroits. »

Max : « J’aime pas ça ! »

Le chevalier : « Au retour la marée sera plus basse. Nous pourrons passer par la plage. Allez ! En route ! »

77.1 40 L'arche

Max : « Là tu peux pas passer ! Il y a trop d’eau ! »

Le chevalier : « Il suffit de passer sur le côté. Par la droite ! »

Max : « Et tu vas faire comment ? »

Le chevalier : « Je vais faire l’escalade ! Un petitours qui est de mes amis aime beaucoup faire l’escalade 🙂 »

Max : « Un petitours ! De la famille des Petitursidés, ordre des Peluchiformes. PE-LU-CHI-FORMES ! TU COMPRENDS ! UNE PELUCHE ! ÇA PEUT PAS ÊTRE TOUT CASSÉ DEDANS UNE PELUCHE ! »

Le chevalier : « Un bonome non plus 🙂 Viens mon Maxou. »

Max : « Non, moi je me poche. Je veux pas voir ça ! Je veux plus rien voir ! Tu es fou dans ta tête ! Tout ça pour des cailloux ! »

Le chevalier : « Regarde comme c’est beau ! »

Léo : « C’est vrai que c’est beau ! Regarde Max ! »

Max : « Non, je veux pas voir. Je reste dans la poche. Je sais bien ce que je verrai : soit un risque de ploufage, soit un risque de tombage. J’en ai assez. »

77.1 41 Après l'arche

Léo : « Tant pis ! Tu verras pas le zoiso ! »

Max : « Tu dis ça pour me faire sortir ! »

Léo : « Non, je dis ça parce qu’il y a un zoiso ! Même que c’est un pipit maritime. »

Max : « Anthus petrosus ? »

Léo : « Lui-même ! Regarde ! »

77.1 42 Pipit maritime 77.1 43 Pipit maritime
77.1 44 Pipit maritime 77.1 45 Pipit maritime

Max : « Oulala ! Anthus petrosus ! J’aime bien tes fotos bonome 🙂 »

Léo : « Tu sors de la poche ? Viens, on risque rien ici. »

Max : « D’accord. Mais on fait attention… Bonome ! Viens voir ! Il y a un morceau de trilobite ! »

77.1 46 Les petizours et le fossiles 77.1 47 Leur fossile

Le chevalier : « Belle trouvaille ! »

Max : « Et dessus il y a d’autres Arthropodes ! »

Léo : « Ou ça ? »

Max : « Ben dessus ! Les petits machins blancs. »

Léo : « Ils ont pas des pattes ! C’est pas des Arthropodes ! »

Max : « Ben si ! Ils ont des pattes dans leurs carapaces. Bonome m’a déjà expliqué. C’est des balanes ou des chtamales. (Ça se dit ktamales.) Et si tu marches dessus c’est là chtamale 🙂 »

Le chevalier : « Je ne pensais pas que tu oserais la refaire ! »

Max : « Léo la connaissait pas 🙂 »

Léo : « Et je m’en passais très bien 🙂 »

Le chevalier : « Je te comprends Léo. Allez, on avance… »

77.1 48 Objectif grès armoricains 77.1 49 Bonome va pas là

Max : « Non, je suis plus d’accord. Si tu escalades cette dalle je retourne au château ! Je veux plus être ton petitours. C’est pas raisonnable du tout. Je veux pas. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Je m’arrête là. De toutes façons le contact entre les schistes inférieurs de Postolonnec et le sommet des grès armoricains est presque impossible à voir. La sédimentation a changé progressivement. Il n’y a pas de limite nette. Ne retourne pas au château Maxou. »

Max : « On s’arrête là ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Pause ? »

Le chevalier : « Pause ! »

77.1 50 La pause 77.1 51 La pause
77.1 52 La pause 77.1 53 La pause

Léo : « C’est beau ! »

Max : « Dis, c’est pas l’île où on va à pieds d’ici en Bretagne qu’on voit tout là-bas ? »

Le chevalier : « Si. Si tu ne la confonds pas avec le petit îlot ! »

Max : « Ah oui ! J’avais confondu 🙂 Elle est presque attachée à la pointe, l’île ! On voit à peine que c’est une île. »

Léo : « De là-bas à ici il y a 50 millions d’années ! Ça fait beaucoup quand même. »

Le chevalier : « Dites les petizours, il va falloir retourner à notre monture. »

Léo : « Pas tout de suite. »

Max : « On profite du paysage. »

Léo : « Caféine-toi en attendant. »

Max : « Et regarde la mer. »

Léo : « C’est beau la mer. »

Le chevalier : « D’accord, regardons la mer. »

Max : « Bonome, je peux te poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Tu aimes cavaler comme ça sur les rochers ? »

Le chevalier : « Tu vas encore me gronder parce que c’est dangereux ? »

Max : « Non. J’ai vu comment tu fais. J’ai remarqué que tu préfères ploufer ton pied dans un flaque parce qu’au fond il y a du sable plat et que ça t’évites de faire un grand pas dangereux. J’ai vu comme tu ranges tes appareils et tes petizours pour libérer tes mains dans les passages acrobatiques. J’ai remarqué que tu restes accroupi plutôt que debout sur certains rochers pour que ton centre de gravité soit le plus bas possible. Tu choisis bien tes appuis après avoir regardé partout. J’ai compris que tu faisais très attention. Tu es prudent à ta façon. Je vais pas te gronder. »

Le chevalier : « 🙂 Merci Maxou. »

Max : « Mais quand même, c’est très fatiguant. Et puis il fait pas toujours beau. Il y a des averses. Tu as les pieds trempés… ça te plaît vraiment ? »

Le chevalier : « oui Maxou, ça me plaît vraiment. Fais le bilan de ce que nous avons vu depuis ce matin. Des fleuves qui apportent des sédiments dans une mer calme et peu profonde. Des changements climatiques… Nous avons vu une calotte polaire s’étendre et disparaître. Nous avons vu des vers creusant leur terriers dans les sédiments meubles, des trilobites marcher sur les fonds marins ou nager entre deux eaux, des Bivalves filtrer l’eau et des Gastéropodes brouter les algues… Nous avons vu des roches magmatiques venir se loger au sein des sédiments et provoquer des explosions… et des tempêtes qui ont provoqué des accumulations de galets et déplacé des tonnes de sable… »

Léo : « C’est vrai qu’on a vu tout ça… La chance ! »

Max : « Tu fais pas ça que pour nous ? »

Le chevalier : « Pour nous trois, si ! »

Max : « Malgré la fatigue et les pieds mouillés ? »

Le chevalier : « Maxou… Si je ne voulais pas me fatiguer je ferais du tricot 🙂 Et ce soir nous serons au sec, alors ce n’est pas bien grave si je suis mouillé. »

Max : « On retourne à la monture pour faire la suite ? »

Le chevalier : « Allons-y ! et en chemin nous nous arrêterons pour regarder les oiseaux. »

Léo : « Ouiiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Prêts à affronter les rochers ? »

Max : « Oui 🙂 Mais tu fais bien attention quand même. »

77.1 54 Le retour 77.1 55 Le retour

Le chevalier : « Voilà ! Le plus difficile est passé. Et si nous faisions une pause pour regarder les oiseaux ? »

Léo : « Oui ! Il y a des Laridés ! J’aime beaucoup les Laridés. »

77.1 56 Goéland argenté 77.1 57 Goéland argenté

Max : « Là c’est un goéland argenté. Larus argentatus. On en voit beaucoup. »

Léo : « Tu as parlé trop fort ! Il s’est sauvé ! Chevalier, on peut s’approcher du groupe là-bas ? C’est plein de Laridés tout mélangés. »

Max : « Bonome… Bonome ? Tu rêves ? »

77.1 58 La mer

Le chevalier : « Non, je me laissais bercer par les vagues… »

Léo : « C’est vrai que c’est beau les vagues mais il y a un zoiso que je reconnais pas. Regarde et dis moi ce que tu en penses s’il te plaît. »

77.1 59 Jeune goéland 77.1 60 Jeune goéland

Le chevalier : « Encore un casse-tête ! C’est un goéland… »

Max : « Ben oui ! On a vu ! Mais c’est quoi comme goéland ? »

Léo : « Laisse-le chercher espèce d’impatient ! »

Le chevalier : « Merci Léo 🙂 Pattes couleur chair… Dos gris pâle avec des tâches plus sombres à la pointes des rémiges… Ce qui me perturbe c’est son bec. Il est fin avec une tâche sombre subterminale… Je dirais que c’est un Larus argenteus de troisième hiver. »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Non 🙂 J’ai du mal avec les différentes classe d’âge des Laridés. »

Max : « Et celui-là ? Avec son petit… »

77.1 61 Goéland marin 77.1 62 Goélands marins

Léo : « Max ! Tu vois bien que c’est un goéland marin Larus marinus. »

Max : « Ben oui ! J’ai vu pour l’adulte ! Mais le petit ? Il a quel âge ? Tu sais toi ? »

Léo : « Mmmm… Moi je dirai juvénile premier hiver. »

Max : « Et toi bonome ? »

Le chevalier : « J’hésite entre premier ou deuxième hiver. Le bec est tout noir… Peut être premier hiver… »

Max : « Il faudrait faire une formation en Laridés. Tu crois que le spécialiste en zoisos de Charentmaritimie voudra bien te faire une formation ? Il est gentil le spécialiste en zoisos. »

Le chevalier : « Je ne sais pas si j’oserai lui demander 🙂 Peut être pourrait-il corriger ton blog ? Je lui demanderai cet été si tu veux. »

Max : « Oh oui ! Parce que je veux pas dire des erreurs. »

Léo : « Mais ça te gêne pas de dire des bêtises ! »

Le chevalier : « 😀 Bon, sur ces belles paroles de Léo, regagnons notre monture et en route vers la suite de nos aventures 🙂 »

Voilà pour cette première partie de journée Princesse. En relisant mon travail je me suis rendu compte que j’avais oublié de présenter des fotos. Léo a eu une bonne idée ! Il a proposé un jeu. C’est le fossile mystère ! Princesse, seras-tu capable d’identifier ces fossiles ?

77.1 65 Fossile mystère 77.1 66 Fossile mystère

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