72 suite – Le Royaume des Grèbes

Le chevalier : « Voilà, nous sommes arrivés au Royaume des Grèbes. »

Max : « Mais Brindille est pas là 🙁 »

Le chevalier : « Non Max. Elle devait rentrer chez elle. »

Max : « Tu aurais dû la kidnapper. »

Le chevalier : « Tu étais sérieux quand tu parlais de la kidnapper ? »

Max : « Ben oui. Elle est gentille. Elle aurait pu rester avec nous. Il y assez de place pour elle dans ta cabane. »

Le chevalier : « Elle reviendra Maxou, sans que j’aie besoin de l’enlever. »

Léo : « C’est vrai ? Elle reviendra ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. J’ai bien vu que tu avais bien aimé qu’elle te gratte le front 🙂 Bon, on papote ou on va aux zoisos ? »

Max : « On va aux zoisos mais c’est moins drôle sans Brindille 🙁 »

Le chevalier : « Merci pour moi. »

Léo : « Tu grattes pas le front pareil 🙂 »

Le chevalier : « Je ne parle plus à des petizours qui ronronnent avec la première venue. »

Léo : « Brindille est pas la première venue 🙁 »

Max : « Bon, d’accord, on t’embête plus avec Brindille mais tu promets qu’elle reviendra. »

Le chevalier : « Ça, je vous le promets. »

Léo : « On y va alors ? »

Le chevalier : « Vous ronchonniez tellement que vous n’avez pas vu que nous sommes déjà au bord de l’étang. Regardez les chipeaux. »

72 59 Canard chipeau 72 60 Canard chipeau
72 61 Canard chipeau 72 62 Canard chipeau

Léo : « Anas strepera, Anatidés. C’est vraiment un beau canard. Tu as vu, quand il est de face et tout mouillé, il est tout brillant. On dirait qu’il est en porcelaine. »

Max : « Dis bonome, on voit souvent les mêmes zoisos. Tu en as vu d’autres ici ? Des rares qui ont rien à faire là ? »

Le chevalier : « Des oiseaux rares ? Ici ? »

Max : « Oui, je suis sûr que tu en as déjà vu. Tu veux bien nous dire ? »

Léo : « Oui chevalier, s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je ne sais pas si ce sont des oiseaux rares mais il y a deux canards qui m’ont marqué ici. Deux belles rencontres. »

Léo : « Raconte-nous 🙂 »

Le chevalier : « La première de ces deux rencontres a eu lieu le 24 novembre de l’an I. Je connaissais ce Royaume depuis peu. Le temps était gris. Je marchais depuis longtemps déjà sans rien voir d’exceptionnel. Puis, avec le manque de lumière, je savais que mes photographies ne seraient pas très belles. J’étais content d’être là mais j’étais un peu déçu. Et puis j’ai aperçu un canard, un peu loin. Et j’ai attendu qu’il s’approche. »

Max : « C’était qui ce canard ? »

Le chevalier : « Regardez, j’ai les photos dans mon ordinateur. »

Léo : « Tu avais ton ordinateur dans ton sac ? »

Le chevalier : « Comme souvent mon Léo. Tenez, regardez. »

Anatidés Somateria mollissima (Eider à Duvet) 160670 Anatidés Somateria mollissima (Eider à Duvet) 160674

Max : « Il est tout noir ! C’est le vilain petit canard ? »

Léo : « Il est pas vilain. Il est très beau. Son bec est tout pointu et bien dans le prolongement de sa tête. Et on dirait qu’il a des plumes sur la base du bec. »

Max : « Et on dirait qu’il a les yeux bridés. C’est un canard asiatique ? »

Le chevalier : « 🙂 J’ai voulu en faire mon serviteur afin qu’il soit un canard laquais 🙂 »

Max : « Quand Brindille est là tu fais pas des blagues pas drôles comme ça. Juste pour ça il faut la kidnapper. »

Léo : « Il a pas tout à fait tort 🙂 Mais tu nous as toujours pas dit qui c’est ce canard. »

Le chevalier : « Tu ne l’as pas reconnu mon Léo ? Moi, j’ai émis une hypothèse dès que je l’ai vu mais je n’arrivais pas à y croire. C’était trop surprenant. J’ai bien vérifié ensuite. J’étais tellement surpris de l’avoir vu ici que j’ai demandé confirmation de ma détermination cet été au spécialiste en oiseaux. Et c’est bien un eider à duvet Somateria mollisima. »

Max : « Un eider à duvet ? Je connais pas l’eider à duvet. »

Léo : « Moi non plus. Je me souviens même pas l’avoir vu dans le beau livre de Max. »

Le chevalier : « Pourtant il y est Léo. Mais tu ne t’es sûrement pas attardé dessus. Normalement il n’est visible que sur les côtes du nord de l’Europe, tout autour de la Scandinavie, où il niche. L’hiver, certains viennent sur les côtes du nord de la France, jusqu’en Bretagne. »

Max : « Mais c’est pas la côte ici. On est à 300 km de la mer. Qu’est ce qu’il faisait ici ? »

Le chevalier : « Je me pose encore la question. Il a dû se tromper de route. Ou alors il se reposait en chemin. »

Max : « Bonome, quand on vient de Scandinavie et qu’on va en Bretagne on passe pas par le Royaume des Grèbes. C’est pas du tout la route. Il avait oublié de tourner à droite à la troisième intersection ? »

Le chevalier : « 🙂 Oui, il avait raté la sortie vers Brest 🙂 Plus sérieusement, il y a des petites populations sur la côte à la frontière franco-italienne. »

Max : « Pour ceux qui préfèrent la Méditerranée ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Tu as vu un eider à duvet alors… Rhoooo la chance… »

Max : « Et tu as vu qui d’autre ? Tu as dit que tu avais fait deux belles rencontres ? C’est qui le deuxième canard ? »

Le chevalier : « C’était le 23 mars de l’an II. Il faisait très beau, le ciel était bien bleu et la température était très douce. J’avais fotoé des fuligules morillons en train de ploufer. Et c’est ce jour là que j’ai vu la parade des grébus pour la première fois. J’allais rentrer quand j’ai décidé de faire une halte en chemin. »

Léo : « Tu avais pas envie de rentrer 🙂 »

Le chevalier : « Je suis comme vous : je n’ai jamais envie de rentrer 🙂 Et c’est là que je l’ai vu. Au même endroit que l’eider à duvet. »

Léo : « Tu nous le montres s’il te plaît ? »

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Léo : « Rhoooo… Ça c’est un beau canard… La chance… Rholala… et tu l’as vu s’étirer les ailes et s’envoler. Rhooo la chance ! »

Max : « C’est qui ce canard ? Il est tout ébouriffé sur la tête ! Tu aurais pu lui laisser le temps de se repeigner avant de le fotoer quand même. »

Le chevalier : « 🙂 C’est une nette rousse mâle, Netta rufina. »

Max : « Et vous vous êtes revus après ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Ce fut notre seule rencontre. »

Léo : « Tu as vu combien d’espèces de canards ? »

Le chevalier : « Seulement deux de plus que vous 🙂 »

Léo : « Tu veux bien qu’on fasse la liste s’il te plaît. »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. Alors, commençons par les canards de surface : Le colvert, le chipeau, le pilet… le souchet, le siffleur, la sarcelle d’hiver, la sarcelle à collier… Je crois que c’est tout pour les canards de surface. »

Léo : « Ça fait 7 espèces 🙂 »

Max : « Et les ploufeurs ? »

Le chevalier : « Le fuligule milouin, le morillon, la nette rousse… »

Max : « Nous on l’a pas vue. Il faut pas la compter pour le moment. »

Le chevalier : « Alors il y a les fuligules milouins et morillons. »

Max : « C’est tout ? »

Léo : « Et il y a le canard mandarin aussi. 10 espèces de canards au total. 12 pour toi. On connaît bien les canards alors. Rholala… »

Max : « Bon, maintenant tu ranges ton ordinateur et on va voir des vrais zoisos. Allez, range moi tout ça. »

Le chevalier : « Il y a des fuligules milouins qui dorment sur l’étang. Voulez-vous aller les voir ? »

Max : « Ben oui. On est des naturalistes et on est en inspection alors on va voir ! Allez, en route ! »

72 63 Fuligules milouins 72 64 Fuligules milouins

Léo : « Parlez doucement, il faut pas les réveiller. Les fuligules morillons s’appellent Aythya ferina, et ce sont des Anatidés. »

Max : « Tu peux arrêter de frimer, Léo. Brindille est plus là. »

Léo : « Je sais bien. Je frime pas, je révise. C’est en répétant qu’on apprend. Alors je répète. Comme ça si Princesse contrôle ma formation j’aurai pas l’air bête. Et toi non plus. »

Max : « Bonome, pourquoi elle vient pas avec nous Princesse ? Brindille est venue, elle. »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. Je sais bien que ça te ferait plaisir mais je ne peux pas la forcer. Et puis tu sais bien qu’une princesse ne se promène pas sur des chemins boueux. Ses beaux vêtements seraient tout crottés. Venez mes petizours. Allons à l’observatoire. »

72 65 Des zoisos

Max : « Il y a pas des zoisos 🙁 »

Léo : « Ben… Et les mouettes qui rigolent et les cormorans ? »

Max : « On en voit tout le temps. Et ils sont loin. On les voit même pas bien. Bonome, emmène nous le long de l’étang. On les verra mieux. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Mais tu n’as pas fait attention à ce qu’a dit Léo. »

Max : « Qu’est ce qu’il a dit ? »

Le chevalier : « Si j’ai bien compris, il apprend bien ses leçons pour montrer à Princesse que tu le formes bien. »

Max : « C’est vrai Léo ? »

Léo : « Ben oui 🙂 Et aussi parce que j’aime beaucoup les zoisos. Mais je voudrais pas que Princesse pense que tu fais pas bien ta mission. »

Max : « Alors tu révises pour que je sois un bon formateur ? Merci mon Léo 🙂 »

Léo : « Regardez les mouettes qui rigolent, Chroicocephalus ridibundus, Laridés. Elles se grattent le ventre avec leur bec 🙂 »

72 66 Mouettes rieuses 72 67 Mouettes rieuses

Max : « Certaines ont déjà leur capuchon brun chocolat. Miam le chocolat 🙂 »

Léo : « D’autres ont la tête à peine grise et d’autres encore ont la tête toute blanche. C’est bizarre qu’elles aient déjà leur tête nuptiale. C’est même pas encore le printemps. »

Le chevalier : « La période durant laquelle elles ont la tête blanche est assez courte en effet. Quelques semaines… A peine une saison. »

Max : « Bonome, pourquoi on en voit plus l’hiver ? Elles migrent les mouettes qui rigolent ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas vraiment une migration. On parle plutôt d’erratisme hivernal. »

Max : « Erratisme hivernal ?! Encore un mot compliqué que personne connaît. Tu expliques simplement s’il te plaît. »

Le chevalier : « Avec des mots simples… Les mouettes rieuses se déplacent l’hiver. Elles quittent les côtes pour éviter les rigueurs de l’hiver. Mais elles ne se rendent pas en un lieu précis. Elles n’ont pas de zone d’hivernage à proprement parler. Elles se déplacent vers l’intérieur des terres. Certaines viennent ici, d’autres vont là-bas… Et celles que nous avons sous les yeux se sont peut être déplacées au cours de l’hiver. »

Max : « En gros, elles se baladent pendant l’hiver. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Max : « C’est pas la mouette qui rigole alors mais la mouette qui se balade. Heureusement que Léo sait pas l’imiter celle-là. »

Léo : « Si je sais 🙂 Écoute ! »

Le chevalier : « Bravo Léo ! Tu l’imites à merveille ! »

Max : « Bravo Léo ! Bravo Léo ! On voit que c’est pas toi qui passes ses journées avec lui ! Pfff… Je t’interdis d’imiter la mouette qui rigole pendant ton sommeil ! »

Léo : « Oui Maxou. Je sais. Il faut plus que je sifflote quand je dors. On regarde les cormorans ? Chevalier, tu peux les fotoer s’il te plaît ? »

Léo : « Montre moi… Oui… C’est bien ce que j’avais vu de loin… Ils ont des plumes blanches sur le cou et la tête. Et une tâche blanche sur la cuisse. C’est le plumage nuptial ? »

72 68 Grands cormorans 72 69 Des zoisos

Le chevalier : « Oui Léo. C’est le plumage lors de la nidification. »

Max : « C’est rigolo les zoisos. La mouette qui rigole est blanche et elle met du noir sur sa tête pour la parade. Et le grand cormoran est foncé et il met du blanc pour la nidification 🙂 »

Le chevalier : « Bon, il va falloir rentrer maintenant. »

Léo : « A cause des copies à corriger ? »

Le chevalier : « Il faut bien le faire… »

Max : « Tu n’aimes pas corriger des copies ? »

Le chevalier : « Si, mais le problème est leur nombre. Je ne peux malheureusement pas consacrer le temps que j’aimerais à chacune d’elles. Ou alors il faudrait que j’y passe tout mon temps et alors adieu les inspections. »

Max : « Non bonome. Ça te fait du bien. Tu as besoin de prendre l’air. Tu ne supportes pas de rester enfermé tout le temps. Tu as besoin de marcher. C’est toi qui m’as dit que le docteur te l’avait conseillé il y a longtemps. Tu dois marcher dans la nature. Et puis c’est ta mission. C’est Princesse qui te l’a confiée et tu dois l’accomplir. »

Le chevalier : « Bien sûr Max. Allez, rentrons. »

Léo : « On s’arrêtera quand même aux observatoires ? »

Le chevalier : « Comme toujours 🙂 »

Léo : « Il y a une foulque et elle est sage 🙂 »

72 71 Foulque macroule 72 72 Foulque macroule
72 73 Foulque macroule 72 74 Foulque macroule

Max : « Elle se nourrit. »

Léo : « C’est rigolo, on la voit sous l’eau. Elle est très claire l’eau. »

Max : « Bon, bonome, on va pas rester là des heures à regarder une foulque. Allez on rentre. »

72 77 Fin

Max : « Dis bonome, Léo et moi on est très fatigués après cette longue inspection. Tu veux pas nous coucher avant de te lancer dans tes corrections ? »

Léo : « Oui, s’il te plaît. Et tu nous grattes le front. »

Le chevalier : « Comme Brindille ? »

Léo : « C’est pas toi qui fais comme Brindille, c’est elle qui t’a copié. »

Le chevalier : « 🙂 D’accord. »

Max : « Et on fait un gros câlin avant. »

Le chevalier : « Câlin, gratouillis… et dodo. »

Léo : « Oui 🙂 »

Le chevalier : « Bonne nuit mes petizours. Faites de beaux rêves. »

Continuer la promenade

72 – Le Royaume des Bernaches et le Royaume des Pics

Lundi 25 Janvier, An III

Max : « Bonome, je sais qu’il fait pas toujours beau en ce moment et que tu as un tas de copies à corriger qui atteint le plafond mais il faut pas oublier de faire ta mission sinon Princesse va te gronder. »

Léo : « Et puis Max doit me former et il peut pas le faire dans ta cabane. »

Le chevalier : « Auriez-vous envie d’aller vous promener ? »

Max : « Non non ! On veut pas aller en promenade. On veut inspecter et faire ta mission. »

Le chevalier : « Je vois. Ça tombe bien. J’allais justement vous en parler. »

Léo : « De quoi veux-tu nous parler ? »

Le chevalier : « Brindille voudrait nous accompagner dans nos inspections. »

Max : « Brindille ? La brindille qui laisse des commentaires sur mon blog ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Cette brindille. »

Léo : « Et elle veut venir avec nous quand ? »

Le chevalier : « Pourquoi pas aujourd’hui ? Il fait beau et j’avais l’intention de vous emmener aux Royaumes des Bernaches et des Pics. On pourrait l’emmener avec nous. »

Max : « Tu en penses quoi Léo ? »

Léo : « Elle aime les zoisos ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Léo : « Alors si elle aime les zoisos je suis d’accord. »

Max : « Moi aussi. Mais je vais prendre un bain avant qu’elle arrive. Tu peux laver ma chemise et mon pantalon ? »

Le chevalier : « Je vois… Avec moi tu es moche et tu pues et pour brindille tu veux prendre un bain et je dois laver tes vêtements. Tu veux peut être que je les repasse aussi. »

Max : « Ben oui. Et je suis pas moche d’abord. »

Le chevalier : « Mouai… Bon, pas le temps pour le bain. Elle va bientôt arriver. Allez vous préparer. »

Brindille : « Bonjour chevalier. Bonjour les petizours. Je suppose que toi tu es Max. Et toi Léo. »

Max : « Bonjour Brindille. »

Léo : « Bonjour Brindille. Tu aimes les zoisos ? »

Brindille : « Oui, beaucoup. »

Max : « Moi je suis ami avec Martin. Et avec Blongios aussi. Si tu veux on te les présentera. Mais pas tout de suite parce que Blongios est en migration tout là-bas. Il va revenir au printemps. Je suis impatient qu’il revienne parce qu’il me manque. »

Brindille : « Sois patient Max, il va bientôt revenir. »

Max : « Oui mais il me manque quand même. »

Léo : « Bon, on va pas rester ici à papoter toute la journée quand même. Allez chevalier, emmène-nous aux zoisos ! »

Pendant la chevauchée…

Max : « Dis Brindille, tu connais le Royaume des Bernaches ? Et celui des Pics ? »

Brindille : « Oui, c’est ton blog qui me les a fait découvrir. »

Max : « Parce que tu lis mon blog ? »

Le chevalier : « Max, comment laisserait-elle des commentaires si elle ne le lisait pas ? »

Max : « Ah oui, c’est vrai ! »

Léo : « Vous allez arrêter de parler oui ! Chevalier, on est arrivés 🙂 »

Max : « Tu vas voir Brindille. On va commencer par le Marais. Il est très beau le Marais. Et il y a toujours des beaux zoisos. On voit des Scolopacidés des fois. C’est les famille des chevaliers. Mais pas les chevaliers comme bonome, les chevaliers zoisos. Tiens, regarde le Marais. »

72 01 Le marais

Brindille : « C’est magnifique. »

Max : « Et encore c’est que l’hiver. Au printemps ça va redevenir tout vert. Il y aura les nénuphars. Et les phragmites seront plus tout secs comme maintenant. »

Léo : « Mais l’hiver il y a les migrateurs qu’on voit plus au printemps. Et puis l’hiver, il y a moins de végétos alors on voit mieux les zoisos. C’est beau l’hiver. »

Max : « Mais les étangs peuvent être tout gelés. Et Martin peut plus ploufer pour attraper des poissons et il peut mourir. Et moi je veux pas qu’il meure Martin. »

Brindille : « Je te comprends Max. Mais il n’a pas beaucoup gelé cet hiver. »

Léo : « Chevalier, regarde là-bas, au bord de l’eau le long des roseaux. C’est qui ces zoisos ? Je vois pas bien. »

Le chevalier : « Je les fotoe et je te montre. »

72 02 Bécassines des marais 72 03 Bécassines des marais

Léo : « Des bécassines des marais ! Regarde Brindille ! Il y a des bécassines des marais. En scientifique elles s’appellent Gallinago gallinago et ce sont des Scolopacidés. Tu devrais les fotoer. »

Brindille : « Vous connaissez les noms scientifiques des oiseaux ? »

Max : « Ben oui 🙂 On est des naturalistes, nous. Tu as bien vu qu’on a des sacados. Et Léo est un bon ornithologue. Le problème, c’est qu’il imite les zoisos. »

Brindille : « Pourquoi est-ce un problème ? »

Max : « Pourquoi ? Mais parce qu’il sifflote tout le temps ! Et la nuit, quand il rêve de zoisos, il sifflote. Et moi je peux même pas dormir. Tu vois le problème maintenant ? »

Brindille : « Oui, je comprends. »

Léo : « Et là-bas, il y a des oies cendrées (Anser anser, Anséridés). »

72 04 Oies cendrées 72 05 Oies cendrées

Max : « La première fois qu’on les a vues, elles étaient tout près comme ça. On les voyait bien. Là, elles sont loin. C’est dommage. »

Léo : « Chevalier, tu crois qu’elles vont rester ? Normalement ce sont des zoisos migrateurs mais elles sont bien ici. Tu pourrais leur demander de rester en zoiso. »

Brindille : « Parce que votre chevalier parle le zoiso ? »

Max : « Oui oui. Il veut pas le dire, par discrétion ou par modestie. Mais on sait bien qu’il parle le zoiso. »

Léo : « Et des autres langues de zanimos. Il parle couramment l’écureuil et un peu le renard. Tu as fotoé les bécassines ? Montre moi s’il te plaît Brindille… Chevalier, tu as vu ses fotos ? Elles sont belles aussi. »

Max : « Bonome, pourquoi tu réponds pas ? Qu’est ce que tu regardes comme ça ? »

Le chevalier : « Il y a un pic vert là bas. »

Léo : « Picus viridis, Picidés ? »

Max : « Picpic ? »

Le chevalier : « Oui, regardez. »

72 06 Pic vert

Max : « Tu verras Brindille, bonome, il a des superzieux. Des fois il identifie un zoiso en un clin d’œil alors que nous on l’a même pas vu. Tu vois picpic toi ? »

Brindille : « Oui, je l’ai trouvé. »

Max : « Toi aussi tu as des superzieux alors. Moi j’ai demandé des jumelles pour juméler les zoisos qui sont loin et bonome m’en a offertes. Mais je les oublie souvent. C’est parce qu’elles sont trop grandes pour mon sacado. »

Brindille : « Tu devrais demander à ton bonome de les prendre pour toi, Max. »

Max : « Ben oui. Mais j’y pense pas. Alors je peux pas juméler. Tant pis pour moi. »

Léo : « Dites tous les deux, vous préférez pas observer les zoisos ? Regardez, il y a des Corvidés. »

72 08 Corneille noire 72 09 Corneille noire

Max : « ça c’est une corneille noire (Corvus corone, Corvidés). Les zoms disent toujours que c’est des corbeaux. Pour les zoms, tous les zoisos noirs c’est des corbeaux. Mais il y a pas des corbeaux ici. Ou alors très rarement. Les corbeaux, c’est à la campagne, en milieux ouverts : dans les champs, les prairies… Pas dans les Royaumes avec des étangs. »

Brindille : « Tu en connais des choses, Max. »

Max : « C’est bonome qui m’apprend tout ça. Et puis des fois je fais des recherches dans ses livres. Dans sa cabane, il y a des livres partout. Et il lit tout le temps : dans son lit, dans son fauteuil, quand il se caféine, quand il mange… Même aux cabinets. Il est rigolo. Il peut pas aller aux cabinets si il a rien à lire 🙂 »

Le chevalier : « Max, tu n’es peut être pas obligé de raconter ce genre de détails. »

Max : « Tu as bien mis des fotos de moi tout nu dans mon blog ! »

Le chevalier : « Non Max. C’est toi qui graves ton blog. Je t’aide parfois mais je ne t’influence pas et je te laisse y écrire tout ce que tu veux. Et c’est toi qui choisis les photographies. »

Max : « Mais à l’époque mon blog était pas sur Internet et je savais pas que tout le monde allait pouvoir le lire. C’était que pour Princesse. »

Léo : « Brindille, je suis désolé de leur attitude. Parfois ils se comportent comme des foulques et ils se chamaillent. Il faut pas faire attention à eux. Regarde plutôt la pie bavarde. Elle est belle la pie. Les zoms y font pas attention et ils disent que c’est méchant. C’est pas vrai. Des fois, elles chassent les autres zoisos de leur territoire mais c’est normal. Le rougegorge familier aussi chasse les intrus. Et il est très grossier. Le chevalier nous a traduit un jour ce que dit le rougegorge et c’est pas très poli. Mais les zoms trouvent que c’est mignon un rougegorge parce que c’est tout petit. Tu aimes les pies ? »

72 10 Pie bavarde

Brindille : « Elles sont belles. J’aime beaucoup les reflets bleus et verts sur leur plumes. »

Léo : « Oui, la couleur des reflets change quand la pie bouge. C’est pas juste blanc et noir une pie. C’est bleu sombre très beau. Viens Brindille, je vais te montrer les hérons cendrés. »

Max : « Ben, vous partez tous les deux ! Et nous alors ? »

Léo : « Vous, vous faites les foulques. Moi, je vais montrer les hérons à Brindille… Tu connais les hérons Brindille ? »

Brindille : « Oui, tu sais Léo, je connais un peu les oiseaux. »

Léo : « Tu sais distinguer les juvéniles des adultes alors. »

Brindille : « Non. Tu veux bien m’expliquer ? »

Léo : « Il faut regarder la tête. Si la calotte est blanche : c’est un adulte. Si elle est grise : c’est un juvénile dans sa première année. Alors ? Adulte ou juvénile ? » 72 11 Héron cendré

Brindille : « Je ne vois pas bien la calotte. On dirait qu’elle est blanche. C’est un adulte ? »

Max : « Il y a une longue plume noire derrière la tête. C’est forcément un adulte. C’est rare de bien voir la longue plume noire. Vous venez, on va faire le tour de l’étang. »

Léo : « Chevalier, je peux te poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Vous dites toujours qu’on voit des étangs avec Max. Mais quand c’est grand, on doit pas dire un lac ? »

Max : « C’est vrai ça ? Explique-nous bonome. »

Le chevalier : « La différence entre lac et étang ne tient pas à la surface mais à la profondeur. Et plus précisément à la présence d’une thermocline saisonnière. »

Max : « Tu vois Brindille, ça c’est bonome. On lui pose une question simple et, dès sa deuxième phrase, il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui. Et il faut lui crier dessus pour qu’il revienne à des mots simples. Tu veux lui crier dessus ou tu préfères que je le fasse ? »

Brindille : « Tu ne pourrais pas lui demander d’expliquer simplement sans lui crier après ? »

Max : « Si bien sûr. Mais c’est moins drôle. Bon, c’est moi qui fais alors 🙂 NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! THERMOCLINE ? C’EST QUOI CE MOT ? TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ? »

Le chevalier : « Ça faisait longtemps que tu ne m’avais pas crié dessus 🙂 »

Max : « Et ça te manquait je suis sûr 🙂 Bon, tu nous expliques avec des mots simples cette fois. »

Le chevalier : « Tout est histoire de profondeur. Quand la tranche d’eau est de faible épaisseur le soleil peut la réchauffer entièrement. Même si il existe des zones froides, la température est assez homogène. »

Léo : « Homogène ? C’est quoi homogène ? »

Le chevalier : « La température est presque partout la même. Ou à peu près. La température baisse l’hiver, remonte au printemps, est maximale l’été… Dans ce cas, c’est un étang. Vous comprenez ? »

Max : « Ben oui, quand tu utilises des mots simples, tout le monde peut comprendre. »

Léo : « Et un lac alors ? »

Le chevalier : « Quand l’épaisseur d’eau est importante, le soleil ne réchauffe que la partie superficielle. Quand on s’enfonce, la température diminue. C’est la thermocline. A forte profondeur la température peut être à peine de quelques degrés Celsius. Bien sûr, l’hiver, quand il fait froid, la température de l’eau est très faible en surface et il n’y a plus beaucoup de différence entre la température de surface et la température en profondeur. La thermocline disparaît. C’est pour cela qu’on parle de thermocline saisonnière. Il arrive même, en cas de gel, que la température profonde soit supérieure à celle de surface. Il y a alors inversion de la thermocline.  Avez-vous compris ? »

Max : « Ben oui. On est pas bêtes. Quand tu expliques, on comprend. »

Léo : « Merci chevalier. Et ça veut dire qu’il peut y avoir de petits lacs et de grands étangs. Rholala, on apprend plein de choses avec toi. »

Max : « Brindille, tu as vu le grand cormoran ? »

Brindille : « Oui, il est très beau. J’aime beaucoup quand il a les ailes ouvertes comme là. »

72 12 Grand cormoran

Max : « C’est parce qu’il les fait sécher. »

Brindille : « Tu sais pourquoi il doit les faire sécher, lui ? »

Max : « C’est une longue histoire. Quand Dieu a créé les zoisos, il a pas fait attention aux zoisos aquatiques. Il a oublié de leur donner des plumes imperméables. Du coup ils prenaient l’eau et ils se noyaient. Et Dieu vit que cela n’était pas bon. Et Dieu dit : ‘Zutalor, là, je crois que j’ai raté. Il va falloir corriger tout ça sinon ils vont tous se noyer. Nom de Moi, va falloir que je me remette au travail. Allez, au boulot, il faut que je crée les glandes uropygiennes.’ Puis il convoqua tous les zoisos aquatiques pour leur distribuer des glandes uropygiennes. »

Le chevalier : « Tu vois Brindille, ça c’est Maxou. Tu lui poses une question simple et quand il te répond il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui. Tu lui cries dessus ou c’est moi qui fais ? MAX C’EST QUOI UROPYGIENNE ! TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ? TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! »

Brindille : « 😀 »

Léo : « Il t’a bien eu 🙂 »

Max : « Pfff… Tout le monde connaît les glandes uropygiennes. Ce sont des glandes situées à l’arrière du corps et qui contiennent des produits gras. Les zoisos prennent les produits gras avec leur bec et les étalent sur leur plumes comme ça elles deviennent imperméables. Et les zoisos coulent plus. Mais les cormorans étaient en train de chahuter au fond de la classe quand Dieu a annoncé la distribution des glandes. Alors ils ont pas entendu. C’est plus tard, quand ils se sont rendu compte qu’il y avait plus aucun zoiso aquatique autour d’eux qu’ils se sont dit qu’il se passait quelque chose de bizarre. Alors ils ont cherché les autres zoisos aquatiques et c’est comme ça qu’ils ont entendu parler de la distribution des glandes uropygiennes. Ils se sont dit ‘Chouette alors, on va plus couler, ça va être bien. Allons chercher nos glandes.‘ Mais quand ils sont arrivés tout avait été distribué et il restait rien du tout pour eux. Alors Dieu dit : ‘Ben oui, mais fallait pas chahuter au fond de la classe et arriver en retard. J’ai déjà tout distribué moi et on est samedi soir. Je vais pas en refaire juste pour vous. Demain c’est dimanche et je vais à la pêche. Alors faudra vous faire sécher les ailes et puis c’est tout. Bon, je vous laisse, mon Fils est venu me voir et on prend l’apéro.‘ Et les cormorans furent très déçus. Depuis, ils prennent l’eau et, régulièrement ils se font sécher les ailes. C’est embêtant pour eux mais c’est très beau à voir. »

Brindille : « Max, tu es sûr de ce que tu racontes ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Léo : « Il aime bien raconter des histoires. Pendant les dernières vacances, il m’a raconté l’histoire de Samuel de Champlain. C’était rigolo 🙂 Un peu comme l’histoire des cormorans. J’espère qu’il ne croit pas lui même ce qu’il dit. »

Max : « Je suis pas fou dans ma tête. Bonome, tu m’écoutes pas. Qu’est ce que tu fais ? »

Le chevalier : « Je regarde la mouette rieuse sur la branche. »

72 13 Mouette rieuse 72 14 Mouette rieuse
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Max : « La mouette rieuse c’est Chroicocephalus ridibundus. C’est un Laridé. Léo les a appelées les mouettes qui rigolent il y a longtemps, par erreur. Ça nous a plu alors depuis on les appelle comme ça. »

Brindille : « Les mouettes qui rigolent ? »

Max : « Ben oui. C’est pas plus bête que les mouettes rieuses. »

Léo : « Chevalier, je crois qu’il y a des canards souchets là-bas. On les verrait mieux de l’autre côté de l’étang. On peut y aller s’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Tu viens Brindille. On va te montrer les canards souchets. »

Max : « Anas clypeata, Anatidés. Ils sont rigolos avec leur large bec aplati. Tu vas voir. »

Brindille : « Vous savez les petizours, j’ai déjà vu des canards souchets. »

Max : « Nous aussi, mais on s’en lasse pas. Allez, viens voir. »

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Léo : « Chevalier, qu’est ce qu’ils font les souchets ? On dirait qu’ils se tournent autour. C’est pas la parade ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas. Je crois qu’ils se nourrissent mais je ne comprends pas l’intérêt de tourner comme cela. »

Max : « Et tu hypothéses pas ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Je n’ai aucune hypothèse. »

Léo : « Tu peux les zoomer avec l’autre appareil s’il te plaît ? »

72 23 Canard souchet 72 24 Canard souchet

Max : « Brindille, tu devrais les fotoer. C’est des beaux canards et ils sont pas là toute l’année. Bientôt, ils vont repartir tout là-bas et on les verra plus avant l’automne. »

Brindille : « Tu ne fotoes plus Max. »

Max : « Ben non. Bonome m’a donné son ancien appareil. Mais il est très lourd et je mets trop longtemps pour l’installer. Et puis il a pas un gros zoom alors on voit pas bien ce que je fotoe. Mais c’est pas grave parce que je préfère observer. C’est bonome qui fotoe. Et il me donne toutes les fotos que je veux. »

Brindille : « Il t’aime beaucoup ton bonome. »

Max : « Ben oui, c’est normal. Je suis un gentillours 🙂 Léo, pourquoi tu t’arrêtes ? »

Léo : « Je regarde le héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés). Il est très beau. Et j’aime beaucoup voir le vent qui ébouriffe ses plumes blanches. »

72 25 Héron cendré 72 26 Héron cendré

Brindille : « J’ai cru comprendre que vous êtes amis avec le vent. »

Max : « Oui 🙂 Il nous raconte de belles histoires. Mais on doit pas les répéter. Tu devrais l’écouter. Il aime beaucoup ça. Et après vous serez amis vous aussi. C’est un bon ami le vent. Après, il nous accompagne partout. Et même que des fois, il chasse les nuages exprès pour qu’on ait pas la pluie. Et un jour il m’a caressé la joue parce que j’étais triste. »

Brindille : « Tu en as de la chance Max. »

Max : « C’est Léo qui dit toujours qu’on a de la chance. Il a raison. Et toi aussi. Bon on reste là à s’attendrir ou on zoisote ? Regardez le cormoran en vol ! »

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Léo : « Et il y en a un là-haut qui sèche ses ailes au soleil. Il doit regretter d’avoir chahuté au fond de la classe 🙂 »

72 29 Grand cormoran 72 30 Grand cormoran

Max : « Brindille, on t’a donné le nom du grand cormoran en scientifique ? »

Brindille : « Non, je ne crois pas. »

Max : « Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés. Tu le fotoes ? Tu as raison. Il est très beau sur sa branche avec le fond bleu du ciel. Toi aussi tu vas graver un blog ? »

Brindille : « Je n’ai pas toutes tes connaissances Max, je n’y arriverais pas. »

Max : « Tu pourrais apprendre avec bonome. Il aime bien enseigner et il est pas trop soporifique. Il arrive même à être intéressant de temps en temps 🙂 Bon d’accord, c’est rare, mais ça arrive. »

Léo : « On voit pas grébu aujourd’hui. »

Brindille : « Grébu c’est le grèbe huppé, c’est ça ? »

Max : « Ben oui, c’est grébu quoi ! Podiceps cristatus, Podicipédidés. Il faut pas confondre avec grébou, le grèbe castagneux, Tachybaptus ruficollis. Ils se ressemblent pas vraiment. »

Brindille : « Je connais bien les grébous. Ils sont mignons avec leur petit derrière beige. »

Léo : « Tu aimes bien grébou ? Tu sais que c’est le chouchou zoiso du chevalier ? »

Brindille : « Le chevalier a un chouchou ? »

Max : « Ben oui, moi 🙂 »

Léo : « Pfff, t’es trop bête Maxou. Le chevalier a pas vraiment de chouchou mais il aime beaucoup grébou. Aujourd’hui on voit ni grébu ni grébou 🙁 Il y a juste une mouette qui rigole en train de faire sa toilette. »

Brindille : « Parce que les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

Max : « Oui 🙂 C’est très propre les zanimos. Moi je voulais prendre un bain avant que tu arrives mais bonome a pas voulu 🙁 »

Léo : « Vous pouvez vous installer confortablement. Le chevalier va encore faire des dizaines de fotos de la toilette de la mouette. Il peut pas s’en empêcher. Dis Brindille, tu veux bien me gratter le front ? »

Brindille : « Si tu veux Léo. Viens sur mes genoux si tu veux. »

Max : « Ah ouai ! Carrément ! Ben et moi alors ? »

Brindille : « Tu peux venir aussi Max. J’ai deux genoux et plein de doigts. »

Le chevalier : « Chut !… Jamais ce mot ne se profère ! Ou c’est à lui là-bas que l’on aurait affaire ! Un mot suffit ! Que dis-je, un mot ? Un geste, un seul ! Et retirer ses gants, c’est tirer son linceul ! »

Max : « 😀 »

Brindille : « Qu’est ce qu’il raconte ? »

Max : « C’est un jeu entre nous 🙂 Un jour, plus tard, j’expliquerai. »

Le chevalier : « On peut donc te parler de tes doigts maintenant ?… »

Max : « Bonome, mon bonome, mon bonomou… TU ARRÊTES AVEC LES DOIGTS OU JE TE DÉVORE ! GRRR ! »

Léo : « Je suis désolé Brindille. D’habitude ils sont un peu plus sages que ça. On regarde la mouette ? »

Brindille : « Et je vous gratte le front 🙂 »

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Léo : « Tu sais Brindille, les mouettes qui rigolent ont pas toujours la tête couleur brun-chocolat. C’est seulement en plumage nuptial, quand elles vont draguer pour faire des œufs. L’hiver, normalement elles ont la tête blanche avec juste une tâche derrière l’oreille. Celle-là doit être pressée de faire des œufs. »

Max : « Tu aimes le chocolat Brindille ? »

Brindille : « J’en suis férue 🙂 »

Léo : « Max tu oublies qu’un jour on a été tout malades parce qu’on avait mangé tout le chocolat. »

Max : « Quel rabat-joie ce Léo ! Le chocolat c’est bon quand même. Et si on allait au Royaume des Pics ? Tu veux bien Brindille ? »

Léo : « Oui, on y va et tu viens avec nous. Allez, s’il te plaît. »

Brindille : « Chevalier, es-tu d’accord ? »

Le chevalier : « Je suis là pour vous servir 🙂 »

Max : « Alors on y va ! »

***

Léo : « Chut ! Écoutez ! … On connaît ce chant ! »

Max : « Voilà, ma nuit est fichue 🙁 »

Brindille : « Chut Max ! Tu connais cet oiseau Léo ? »

Léo : « Oui oui, je reconnais ce chant… C’est l’accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés). Chevalier, trouve-le s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je l’ai ! Droit devant, dans l’arbuste. »

Max : « Vu ! »

Brindille : « Vu aussi 🙂 »

Léo : « Qu’est ce qu’il est beau ce zoiso ! »

72 39 Accenteur mouchet

Brindille : « Il ressemble un peu au moineau domestique. »

Léo : « Passer domesticus, Passéridés ? Oui, peut être… Mais on voit jamais des moineaux domestiques. »

Max : « On en a vu en Charentmaritimie. Même que bonome a arrêté sa monture pour laisser un jeune finir son repas sur la route. »

Brindille : « C’est très chevaleresque. »

Max : « C’est un grand chevalier bonome. Pourquoi on voit pas beaucoup des moineaux ? »

Le chevalier : « On en voit Maxou. Il y en a dans notre rue. Nous les voyons quand nous allons à la taverne. Et il y en a près de la schola. Tu les entends tous les matins. Enfin, quand tu viens à la schola. Tu n’es pas très assidu. Je crois qu’ils sont en régression un peu partout en France. Ils sont omnivores mais se nourrissent beaucoup d’insectes et les insectes sont de plus en plus rares. »

Max : « Je viens pas à la schola parce que tu veux pas que je fasse cours à ta place. Alors si je sers à rien je préfère rester dans la cabane. Brindille, tu utilises des insecticides toi ? »

Brindille : « Non Max. »

Max : « Heureusement parce que quand on tue des insectes, on tue les insectivores. Et les zoisos sont souvent insectivores. Et il faut pas tuer les zoisos. »

Brindille : « Je ne les tue pas Max. Je les nourris. J’ai mis des mangeoires pour eux dans mon jardin. »

Léo : « Tu as un jardin ? Rhoooo la chance… Et avec les mangeoires tu dois avoir des zoisos ! Rholala ! Tu as quoi comme zoisos ? »

Brindille : « Des mésanges charbonnières… »

Max : « Nous aussi on en a même si on a pas de jardin. Elles viennent chiper des graines dans la mangeoire et on les observe pendant des heures. »

Léo : « Et tu as quoi d’autres ? »

Brindille : « Des mésanges bleues, des rougegorges familiers, des pies bavardes et un couple de tourterelles turques qui revient chaque année. »

Léo : « Rhoooo la chance… Et ils font des œufs ? Tu vois des petits ? »

Brindille : « 😀 Je ne sais pas s’ils font des œufs… Je n’ai jamais vu de petits. »

Léo : « Si c’est un couple, ils font des œufs. Il faudra que tu observes attentivement et tu verras les petits. Et il faudra les fotoer pour nous montrer. On pourra venir inspecter ton jardin ? »

Le chevalier : « Léo… »

Brindille : « Ce n’est pas grave chevalier. Vous pourrez venir mais il faudra faire attention au chien. »

Max : « Tu as un chien ? On pourra faire du chien ? Bonome tu es d’accord ? »

Le chevalier : « 🙂 C’est surtout le chien qui devra être d’accord ! Arrêtez d’embêter Brindille maintenant. »

Brindille : « Ils ne m’embêtent pas. Ils sont mignons tous les deux 🙂 »

Max : « On est mignons ! »

Léo : « Elle a dit ‘tous les deux‘ pour pas te faire de peine 😉 »

Max : « Pfff… Tout le monde sais que je suis plus mignon que toi. »

Léo : « Avant de partir le chevalier a dit que tu étais moche et que tu puais. »

Max : « Et toi tu as le nez pointu ! »

Le chevalier : « Vous êtes bêtes, moches et vous puez tous les deux. Il suffit ! Allez-vous vous taire ! Si vous continuez je vous ploufe et vous nourrirez les brochets ! »

Max : « Non pas les brochets ! J’ai peur des brochets ! Brindille, le laisse pas faire ! »

Brindille : « Alors arrêtez de vous chamailler 🙂 Vous n’êtes pas des foulques à ce que je sache mais de gentils petizours. Mignons tous les deux. Quand vous ne vous comportez pas comme des enfants gâtés. »

Le chevalier : « Je suis parfois trop permissif avec eux. Il va falloir que je sévisse un peu plus. »

Max : « Non, c’est pas la peine. On va être sages. »

Léo : « Oui, c’est promis. »

Le chevalier : « Léo, je suis très étonné de ta réaction. Je ne m’attendais pas à cela de ta part. »

Léo : « Je suis désolé chevalier. C’est parce que Brindille est très gentille. Bon, on retourne aux zoisos ? »

Le chevalier : « Oui, allons-y. Faites un peu de silence. »

Léo : « Vous entendez ? Je connais pas ce chant… »

Le chevalier : « Moi si. Ce sont des mésanges à longue queue. Elles sont au dessus de nous. »

72 40 Orites longicaude 72 41 Orites longicaude
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Brindille : « Elles sont mignonnes. On dirait des petites boules de poils. »

Max : « Brindille, tu dis des erreurs. Les zoisos ça a pas des poils mais des plumes. »

Brindille : « Je le sais bien Max. Mais on dirait des petites boules de poils quand même. »

Max : « Bonome dit qu’elles ressemblent à des petits ours 🙂 »

Léo : « Elles sont embêtantes ces mésanges. Certains les appellent mésanges à longue queue d’autres disent orites longicaude. Et elles sont parfois classées dans les Paridés et d’autres fois dans les Aegithalidés. »

Brindille : « Je regarderai dans mon livre. »

Léo : « Tu as un beau livre de zoisos toi aussi ! Rhoooo la chance ! Max aussi en a un. »

Max : « Il est à nous deux tu sais Léo. »

Brindille : « Demande au chevalier de t’en offrir un 🙂 »

Léo : « Un livre rien qu’à moi ? Je pourrais avoir un livre à moi ? C’est vrai chevalier ? Tu veux bien ? »

Le chevalier : « Apparemment ça te ferait plaisir. Je vais voir ce que je peux faire. »

Max : « En bonomien, ça veut dire ‘oui mais je ne sais pas quand‘. Tu l’auras ton beau livre de zoisos 🙂 Bonome, on peut aller s’asseoir sur le talus au bord du ru. Martin y vient parfois. On le verra peut être. »

Le chevalier : « Si vous ne vous chamaillez pas pour savoir lequel ira sur les genoux de Brindille 🙂 »

Max : « On va pas se chamailler. Brindille a deux genoux 🙂 »

Léo : « Roooonnnn rrrooooonnnn… »

Max : « Roooonnnn rrrooooonnnn… »

Le chevalier : « Ne bougez pas mais ouvrez grands vos yeux. Regardez, il y a un renard ! »

72 45 Renard roux 72 46 Renard roux
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Léo : « Rhoooo la chance ! Qu’est ce qu’il est beau ! »

Max : « Bonome, tu nous expliques le renard. »

Brindille : « ‘Tu nous expliques le renard.’ C’est original comme formulation 🙂 »

Max : « Peut être mais ça marche. Il m’a déjà expliqué la vache, le cheval et des tas d’autres zanimos. »

Léo : « Le ragondin aussi. Il nous a fait un cours de crâne de ragondin. C’était bien 🙂 »

Max : « Allez bonome. Explique nous le renard. »

Le chevalier : « Le renard roux est un mammifère de la famille des Canidés, comme le chien. Son nom, en scientifique est Vulpes vulpes ce qui signifie renard renard en latin. »

Max : « Il peut pas s’en empêcher. Il faut toujours qu’il nous parle de langues anciennes que personne connaît : le latin ancien, le grékancien… Il croit que je grave un blog de linguistique. Pfff… »

Le chevalier : « Max est un petitours de la famille des Petitursidés de l’ordre des Peluchiformes. La particularité du Max est de ronchonner tout le temps. Parfois même il crie sur son bonome 🙂 »

Max : « J’ai pas demandé de te moquer de moi mais de nous expliquer le renard. ALORS TU NOUS EXPLIQUES LE RENARD ET PUIS C’EST TOUT ! »

Le chevalier : « Je vous ai déjà tout expliqué. C’est un mammifère relativement petit. Il ne pèse que 5 à 6 kg. Par comparaison, un lièvre pèse 3 kg. En cas de rencontre, le renard évite souvent soigneusement le lièvre. Même les lapins peuvent mettre un renard en déroute. Le renard est omnivore : ils se nourrit surtout de fruits, parfois d’oiseaux et de petits mammifères comme les rongeurs. Lui aussi mulotte. Il saute et plonge sur sa proie. Il peut déceler une proie sous la neige et quand il plonge dessus il peut s’enfoncer de plusieurs dizaines de centimètres. Le renard est actif surtout au lever et au coucher du soleil mais quand il a des petits il est beaucoup plus actif et peut être plus facilement observé. Mais c’est normal, il a jusqu’à 6 petits à nourrir et cela demande beaucoup de proies et donc d’activité. Les renards s’approchent assez facilement des hommes. On les observe même en ville. J’en ai croisé un, nuitamment, qui se promenait calmement sur un trottoir. Il y en a même dans la capitale. Ils viennent en ville pour se nourrir des déchets alimentaires des hommes. »

Max : « Ben voilà, encore les zoms. Ils mettent tout leur manger à la poubelle et après les zanimos font les poubelles ou deviennent des mendiants. Ils sont terribles ces zoms. »

Le chevalier : « Je suis assez d’accord avec toi Max. Ils sont terribles ces zoms… »

Max : « Bon, tu continues le renard s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je n’ai plus rien à dire. A part que c’est une bonne nouvelle d’en voir ici. »

Léo : « Il y en a deux. »

Max : « Oussa ? »

Léo : « Là ! Zutalor ils s’en vont ! Tu les as vus Brindille ? »

Brindille : « Je n’en ai vu qu’un. »

Max : « Moi aussi. Tu dis des erreurs Léo. »

Le chevalier : « Non Maxou. Moi aussi j’ai vu le second. Malheureusement au moment où il se sauvait… »

Max : « Tu as fotoé bonome ? Et toi Brindille ? »

Le chevalier : « Oui, mais il est caché par les végétaux. »

Brindille : « Pareil 🙂 »

Max : « Mais Princesse va voir quand même ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, ne t’inquiète pas. »

Brindille : « Princesse sait que tu fais bien ta mission Max. »

Max : « Mes missions ! Je dois inspecter les Royaumes pour vérifier que tout se passe bien au Pays des Zoisos et je dois former Léo. C’est beaucoup de travail. »

Brindille : « Et tu dois graver ton blog. »

Max : « Ben oui, oulala, et je suis en retard dans mon blog… J’arriverai jamais à être à jour. »

Brindille : « Dites les petizours, il va falloir que je rentre moi. »

Max : « QUOI ??? DÉJÀ !!! Non non, tu restes là et on continue à zoisoter. »

Le chevalier : « Max, si Brindille doit partir, tu la laisses partir. »

Max : « Pfff… Tu veux pas la kidnapper ? Au château ils pensent que c’est ce que tu as fait avec moi. Et puis ils pensent que tu es méchant et cruel. Ça change rien pour toi si tu la kidnappes. »

Le chevalier : « Ben voyons… »

Léo : « On te raccompagne Brindille. Mais on s’arrête si on voit de belles choses. »

Brindille : « D’accord petit Léo. »

***

Léo : « Regardez la mouette qui rigole ! Elle marche sur place ! Vous savez ce qu’elle fait ? »

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Max : « On a déjà vu ça à la mer. Bonome a expliqué que ça faisait sortir du sable des petits zanimos fouisseurs comme des vers ou des mollusques. Mais là, il y a pas des zanimos fouisseurs. »

Le chevalier : « Si Maxou. Il y a des lombrics (Lombriscus edulis, Lombricidés) et des larves… La terre est humide. C’est peut être pour cela qu’elle marche sur place. Ou alors elle fait de la gymnastique 🙂 »

***

Max : « On est de retour au Marais. Il faut s’arrêter pour observer. »

Brindille : « Si tu veux Max. Mais pas trop longtemps. Il faut vraiment que je rentre. »

Max : « Pfff… »

Léo : « Brindille ! Regarde les foulques qui se courent après ! »

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Max : « Elles sont vraiment terribles les foulques ! Elles arrêtent pas de se chamailler, se courir après ou faire la bagarre. On a déjà fait des tas de rapports à Princesse mais rien ne change. Je sais plus quoi faire moi. »

Brindille : « Ne faites rien ! Elles sont comme ça. Vous ne m’avez pas donné le nom scientifique des foulques. »

Léo : « Fulica atra, Rallidés. Comme Rallidés il y a aussi la poule-d’eau. Mais il faudrait dire Gallinule poule-d’eau (Gallinula chloropus). Chloropus c’est à cause de ses pattes verdâtres. C’est du grékancien. Ça veut dire pieds verts. »

Max : « Parce que toi aussi tu parles le grékancien ? »

Léo : « Non, mais j’écoute ce que dit le chevalier moi 🙂 Et c’est intéressant l’étymologie. Comme ça on comprend bien et on retient mieux. »

Max : « Moi je me souviens bien quand même. Et je me souviens que les petites foulques sont les bébés les plus moches du monde. Tu en as déjà vu Brindille ? »

Brindille : « Oui 🙂 Elles ont le crâne rouge, sans plumes. Autour du cou elles ont des plumes jaunes. Leurs ailes ne sont pas encore développées et portent, elles aussi, de petites plumes jaunes. Elles sont très moches, je te l’accorde. »

Max : « On dirait des dinosaures 🙂 Tu verras Léo. Même toi tu vas les trouver moches. »

Le chevalier : « Bon, mes petizours il est temps de dire au revoir à Brindille. »

Léo : « Zutalor ! Au revoir Brindille. On viendra inspecter ton jardin un jour. »

Max : « Tu vas revenir avec nous ? »

Brindille : « Oui, je vais essayer. Vous êtes de bons petits naturalistes et c’est très agréable d’inspecter avec vous. »

Max : « Tu nous grattes le front pour dire au revoir ? »

Brindille : « Bien sûr 🙂 »

Les petizours : « Merci Brindille. Au revoir. »

Brindille : « Au revoir Max. Au revoir Léo. Au revoir chevalier. Merci pour tout. Et prends soin de tes petizours. »

Léo : « Elle est gentille Brindille. »

Max : « Oui. Mais, bonome, tu as prévenu Princesse qu’on aurait une invitée ? »

Le chevalier : « Non, je n’ai pas trouvé cela utile. Cela nous gène en rien pour faire notre mission. »

Max : « Oui oui, mais quand même, il aurait fallu prévenir Princesse. Peut être qu’elle est pas d’accord. Ou alors il faut faire des papiers pour l’assurance et tout ça. Oulala, peut être qu’on va se faire gronder par Princesse. »

Le chevalier : « Et que veux-tu qu’elle fasse Max ? Qu’elle me bannisse ? »

Léo : « Max, arrête de parler de Princesse. Tu vois bien que tu embêtes le chevalier. »

Max : « Et si Princesse se fâche ? Il est banni du château mais imagine qu’elle le bannisse du Pays des Zoisos. Qu’elle lui retire sa mission ? »

Le chevalier : « Et bien nous irons simplement nous promener et profiter des belles choses. Et puis, as-tu déjà vu Princesse au Pays des Zoisos ? Comment saurait-elle que nous y sommes encore ? »

Max : « Et les espions ? Tu as pensé aux espions ? Et elle pourrait envoyer des chevaliers à ta poursuite. »

Le chevalier : « Oui Max. Des tas de chevaliers qui nous attraperaient et nous falaizeraient. Ça suffit maintenant. Je ne vois pas pourquoi Princesse serait fâchée que Brindille soit venue avec nous. »

Léo : « Il a raison Max. Arrête avec Princesse. Et si on allait inspecter un autre Royaume. Il est tôt et il fait beau. »

Le chevalier : « Et mes copies ? »

Max : « Si tu veux je les brûle en rentrant. On dira qu’il y a eu le feu à la cabane. Et puis, si tu les corriges tu vas encore t’arracher les cheveux et il t’en reste déjà plus beaucoup 🙂 »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « On va au Royaume des Grèbes ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « Une inspection rapide alors. »

Max : « Oui oui. Allez, on y va. »

Continuer la promenade

71 – Le Royaume des Grèbes

Dimanche 17 Janvier, An III

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Bonjour mon Léo. Déjà réveillé ? »

Léo : « Depuis longtemps. J’attendais que tu te réveilles. »

Le chevalier : « Et tu t’impatientais alors tu m’as réveillé 🙂 »

Léo : « Oui 🙂 Tu es fâché ? »

Le chevalier : « Non Léo, ne t’inquiète pas. »

Léo : « Tu as vu, il pleut pas aujourd’hui. »

Le chevalier : « C’est vrai. »

Léo : « Et tu as beaucoup travaillé hier. Tu as encore du travail aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Pourquoi ? Tu veux m’aider ? »

Léo : « A corriger des copies ? Tu crois que je pourrais ? »

Max : « Il va pas vouloir ! Il dit que nous écrivons trop lentement et que les parents des élèves seraient pas d’accord. »

Le chevalier : « Bonjour petitours. »

Max : « Gentillours ! Pas petitours mais gentillours. C’est monsieur de La Fontaine qui l’a dit. »

Léo : « Tu vois, je t’avais prévenu chevalier ! »

Max : « Bon, on va aux zoisos ? »

Le chevalier : « Vous voulez aller vous promener ? »

Max : « Bonome, ne sois pas si naïf ! Pourquoi penses-tu que Léo te fait remarquer qu’il ne pleut pas et que tu n’a plus de travail ? Il allait te dire : ‘Tiens, puisqu’il ne pleut pas et que tu n’as rien à faire, si on allait aux zoisos. Pour pas que tu t’ennuies…‘ Je sais bien, je t’ai déjà fait ce coup là 🙂 »

Le chevalier : « C’est vrai Léo ? »

Léo : « Oui 🙂 Ça fait longtemps qu’on y est pas allés… »

Max : « Aucune inspection depuis notre retour de la mer. Ça va pas du tout ça. Il faut y aller. Prépare-toi et emmène nous. »

Le chevalier : « Où désirez-vous aller ? »

Léo : « Au Royaume des Grèbes ! »

Le chevalier : « Es-tu d’accord Max ? »

Max : « Gentillours Max s’il te plaît. »

Le chevalier : « Êtes-vous d’accord gentillours Max ? »

Max : « Oui mon bonome. »

Max : « Bonome, tu crois que tous les chemins seront ouverts ? »

Le chevalier : « Il a beaucoup plu ces derniers jours. Ils doivent être très boueux. Je pense qu’ils seront fermés. »

Max : « On verra pas Martin alors 🙁 Je vais écrire à Princesse pour qu’elle dise aux gardes de ce Royaume de mieux entretenir les chemins. Ça va pas du tout ça. On peut pas inspecter sérieusement et Martin va croire qu’on va plus le voir. »

Léo : « C’est ton ami Martin. Tu lui expliqueras que c’est pas de ta faute la prochaine fois que vous vous verrez et il t’en voudra pas. Et puis peut être qu’il viendra nous voir quand même. Chevalier, toi qui parles le zoiso, tu pourrais dire aux zoisos de prévenir Martin qu’on est là ? »

Le chevalier : « Alors toi aussi tu penses que je parle le zoiso 🙂 »

Léo : « Ben oui. On le sait bien. Tu parles le zoiso. C’est pour ça que c’est toi que Princesse a choisi pour inspecter les Royaumes. Et tu parles le zanimo aussi : l’écureuil, le renard et des tas d’autres langages de zanimos. Avec Max, on se demande pourquoi tu veux pas nous l’avouer. On le dirait à personne, tu sais. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Bon, on arrive au premier observatoire. Taisez-vous un peu. »

71 01 Le gel 71 02 Le gel

Léo : « Rholala ! Les mouettes marchent sur l’eau ! »

Max : « Mais non triple buse ! C’est parce que l’eau est tout gelée ! Elles marchent sur la glace, pas sur l’eau. »

Le chevalier : « Max, je n’aime pas que tu dises triple buse à Léo. Ce n’est pas digne d’un gentillours. »

Max : « D’accord bonome. Je le ferai plus. Dis, si c’est gelé c’est qu’il fait froid et que c’est l’hiver. Ça y est, l’hiver est arrivé ? »

Le chevalier : « Apparemment. J’aime beaucoup l’hiver. L’an dernier, l’étang était presque entièrement gelé. Il ne restait qu’une étroite bande d’eau libre de glace. Les oiseaux s’y concentraient. »

Max : « Ça devait être très beau. Mais il fait très froid. J’ai eu raison de mettre mon pantalon. »

Léo : « Chevalier, quand l’étang est tout gelé, comment il fait Martin pour pêcher des poissons ? Il plonge à travers la glace ? »

Le chevalier : « Oh non ! Il se blesserait. Non, quand l’étang est gelé, Martin ne peut pas se nourrir. »

Max : « Quoi ??? Mais il peut mourir alors ! Bonome, dis à l’hiver de repartir ! Ou de pas geler l’étang ! Je veux pas que Martin meurt ! Çavapalatête ! Et si il gèle plusieurs jours, on apportera des poissons à Martin. »

Le chevalier : « D’accord, je parlerai à l’hiver. Et on apportera des poissons. »

Max : « Promis ? »

Le chevalier : « Promis Maxou. On ne laissera pas Martin mourir de faim. »

Léo : « Pourquoi il migre pas Martin ? »

Le chevalier : « Certains le font Léo. Mais pas tous. Ils préfèrent garder leur territoire tout l’hiver. »

Léo : « Ils sont bizarres : il risque de mourir pour un territoire. Bon, on voit pas de zoisos. On avance ? »

Max : « Oui, on va voir aux autres observatoires. Allez, on y va. »

Léo : « Oh ! Qu’est ce qu’elle fait la corneille (Corvus corone, Corvidés) ? »

71 03 Corneille noire 71 04 Corneille noire
71 05 Corneille noire 71 06 Corneille noire

Le chevalier : « Elle boit, mon Léo. Elle profite de la flaque. »

Max : « Mais elle est sale, l’eau ! »

Le chevalier : « Un peu boueuse, mais pas sale. »

Max : « Et si on installait des robinets ? Ou des fontaines ? Comme ça les zoisos auraient de l’eau propre. »

Le chevalier : « Maxou, ton intention est bonne mais tu oublies que ce sont des animaux sauvages et que nous devons les laisser se débrouiller. »

Max : « Mais tu veux bien apporter des poissons pour Martin. »

Le chevalier : « Parce que Martin est ton ami, petitours. »

Max : « Alors tous les zanimos sont mes amis. »

Le chevalier : « Tu sais bien que non. L’amitié est quelque chose de rare et précieux. Tu ne peux pas être ami avec tout le monde. Tu as déjà beaucoup d’amis tu sais : Martin, blongios, le vent, la clématite… »

Léo : « C’est qui la clématite ? »

Max : « La clématite ? C’est Clematis vitalba, Renonculacées. C’est mon amie végéto. Je te la présenterai au printemps. C’est avec elle que bonome m’a initié à la botanique avec Gaston. »

Le chevalier : « Avec la petite flore de Gaston Bonnier, pas avec Gaston lui même. »

Max : « Oui, ben c’est quand même grâce à Gaston que je connais la botanique. »

Léo : « Et grâce au chevalier aussi. On regarde les zoisos ou vous restez là à papoter ? »

Max : « Regardez ! Il y a un canard chipeau. Fotoe-le bonome. On en a jamais vu d’aussi près. Oh zut ! Il s’envole ! »

71 07 Canard chipeau 71 08 Canard chipeau

Léo : « Tu as réussi à le fotoer ? Montre-nous s’il te plaît. »

Max : « Tu as fait des fotos en rafale ? Tu as vu : ses ailes sont dans la même position sur les deux fotos. Ton appareil a fotoé au même rythme que le chipeau a battu des ailes 🙂 … Oh non ! Léo sifflote ! »

Léo : « Je discute avec le rougegorge familier (Erithacus rubecula, Muscicapidés). Il est juste là. » 71 09 Rougegorge familier
Max : « Moi je préfère observer le pic vert (Picus viridis, Picidés). » 71 10 Pic vert
71 11 Pic vert 71 12 Pic vert

Léo : « Rholala, qu’est ce qu’il est beau ! Qu’est ce qu’il fait ? Pourquoi il s’agite de droite à gauche puis de gauche à droite ? Il fait de la gymnastique ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. Si il y avait un autre individu à proximité je penserais à une parade nuptiale. »

Max : « En plein hiver ?! C’est au printemps les parades, bonome. »

Le chevalier : « Pas toujours Max, pas toujours… »

Léo : « On va voir à l’observatoire ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Allons-y. »

Max : « Pfff… Il y a même pas des zoisos… »

71 13 Cygne tuberculé 71 14 Cygne tuberculé

Léo : « C’est pas vrai Max. Il y a un cygne tuberculé, des mouettes qui rigolent… »

Max : « … et une pie bavarde. Rien de très original. »

Léo : « Max, ne vois-tu plus la beauté ? »

Max : « Si… Mais je pensais aux Royaumes de Charentmaritimie. Les chevaliers, les bécasseaux, les courlis… »

Le chevalier : « Tu les reverras, Maxou. Profite de ces beaux oiseaux. Tiens, regarde, c’est la famille de cygnes tuberculés que nous avons vue cet été. Tu te souviens des petits ? » 71 15 Cygne tuberculé

Max : « Oui, ils étaient mignons. Ils ont bien grandi depuis. Bientôt ils vont quitter leurs parents. »

Le chevalier : « Et eux aussi auront des petits… J’espère qu’il y aura plusieurs couples reproducteurs cette année. »

Léo : « On viendra voir les petits ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. Et tu en perdras ta mâchoire 🙂 »

Léo : « Tu te moquerais pas un peu de moi ? 🙂 »

Le chevalier : « Non mon Léo. J’aime beaucoup te voir observer les oiseaux, en silence, la mâchoire pendante. »

Max : « Ça c’est sûr que je préfère qu’il observe en silence plutôt qu’en sifflotant. »

Le chevalier : « Serais-tu jaloux du talent d’imitateur de Léo ? »

Max : « Pas du tout. Je suis admiratif. Vraiment. Il est très doué. Mais j’en peux plus de l’entendre siffloter en permanence. Il sifflote en lisant mon beau livre de zoisos, en regardant mon blog, en m’aidant à le graver et même en dormant. »

Léo : « Je suis désolé Maxou. Mais je pensais que tu aimais les zoisos. »

Max : « J’aime les zoisos. MAIS TU ES PAS UN ZOISO !!! Et les zoisos se taisent la nuit. »

Léo : « D’accord. Je le ferai plus. Je vais arrêter de siffloter en dormant. Mais si je recommence, tu dois me réveiller. J’y peux rien moi si je rêve de zoisos. »

Max : « Ça, je comprends. Moi aussi, je rêve souvent de zoisos. MAIS RÊVE EN SILENCE SITEPLAIT LÉO ! »

Léo : « D’accord gentillours Max 🙂 On regarde les zoisos ? »

Max : « Non, j’ai vu quelque chose de bizarre. Regardez un peu ces étranges racines. On dirait un teepee. Tu sais ce que c’est bonome ? » 71 16 D'étranges racines

Le chevalier : « Ce sont effectivement d’étranges racines. Ce sont des racines adventices, qui prennent naissance sur le tronc. Souvent, ces racines stabilisent l’arbre. Parfois elles permettent d’augmenter la surface sur laquelle les arbres prélèvent l’eau et les sels minéraux grâce auxquels ils fabriquent leur sève brute. Ce sont des racines peu profondes. Là, elles abritent un nid. Voyez-vous l’ouverture circulaire ? Et la paille à l’intérieur. Un animal a installé son nid sous ces racines. C’est ingénieux mais dangereux si le niveau de l’eau monte. »

Léo : « C’est qui le zanimo qui a fait son nid sous les racines ? Tu sais ? »

Le chevalier : « Non mon Léo. Peut être un ragondin… »

Max : « Tu dis de plus en plus souvent ‘mon Léo‘… »

Le chevalier : « Maxou serait-il jaloux 🙂 »

Max : « Non, je suis même pas jaloux. J’observe. »

Le chevalier : « Léo n’a pas de surnom. Toi tu es Max, Maxou, mon Maxou, mon petitours, gentillours Max… »

Max : « Tu dis aussi ‘mon Léo‘. Et même ‘mon petit Léo‘. »

Le chevalier : « Oui, je l’assume. C’est mon petit Léo 🙂 »

Léo : « Et toi tu dis ‘mon bonome‘. »

Max : « Parce que c’est mon bonome. Bon, on avance. »

Léo : « Oui on avance. … Chevalier, pourquoi tu t’arrêtes . Qu’est ce que tu fotoes ? »

71 17 Faucon crécerelle 71 18 Faucon crécerelle

Le chevalier : « Je crois que c’est un faucon crécerelle (Falco tinnunculus, Falconidés). »

Max : « Il est loin. On le voit pas bien. Tu veux pas lui dire de s’approcher ? »

Le chevalier : « Tu n’as plus peur des rapaces ? »

Max : « Ben non ! Tu sais bien. »

Léo : « On risque rien quand tu es là ! »

Max : « Tu le laisserais pas nous croquer. »

Léo : « Rholala il s’envole ! »

Max : « Oulala il s’approche ! Protège nous bonome ! »

Léo : « Le laisse pas nous dévorer ! »

Le chevalier : « N’ayez pas peur. Regardez, il s’est posé. »

Max : « Fotoe-le bonome ! Fotoe-le ! On en a jamais vu d’aussi près 🙂 »

71 19 Faucon crécerelle 71 20 Faucon crécerelle

Léo : « Rholala … Qu’est ce qu’il est beau ! »

Max : « Tu nous expliques le faucon crécerelle s’il te plaît. »

Le chevalier : « Que voulez-vous que je vous dise ? Observons la tête. Elle est marron, légèrement striée. La joue est gris-beige. »

Max : « On a l’impression qu’il a des larmes grises. »

71 22 Faucon crécerelle 71 23 Faucon crécerelle

Le chevalier : « C’est vrai, mais tu devrais dire ‘elle‘. »

Léo : « C’est une femelle ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo 😉 »

Max : « Pfff… Elle cherche une proie ? »

71 26 Faucon crécerelle 71 27 Faucon crécerelle

Le chevalier : « Au sol ? Non, je ne pense pas. Les faucons chassent à l’affût. Ils se perchent dans des arbres, sur des poteaux… d’où ils guettent des proies. Quand ils en repèrent une, ils fondent sur elle en volant. Le faucon pèlerin peut même attraper des oiseaux en vol. »

Max : « Le faucon pèlerin ? On l’a jamais vu celui-là. Et il mange des zoisos ? »

Le chevalier : « Oui, c’est un oiseau zoisophage 🙂 »

Léo : « Regarde, elle se promène la crécerellette. »

Le chevalier : « Léo l’ornithologue, c’est la femelle crécerelle que tu appelles la crécerellette ? »

Léo : « Oui. »

Le chevalier : « L’idée est bonne mais il ne faut pas. Il existe un faucon crécerellette. »

Max : « Oulala petit Léo l’ornithologue dit des erreurs en ornithologie. »

Le chevalier : « Et toi tu dis des bêtises ! Ça arrive de dire des erreurs. »

Léo : « Je connaissais pas le crécerellette. »

Le chevalier : « Falco naumanni. Il ne s’observe qu’en quelques sites du sud de la France au bord de la Méditerranée et dans l’arrière pays. Il ressemble au crécerelle mais il est moins ponctué. »

Max : « Et il y a d’autres faucons ? »

Le chevalier : « Ton beau livre en décrit 12 espèces mais on ne peut en observer que 5 en France, hors cas exceptionnels : Le crécerelle, le crécerellette, le hobereau, le pèlerin et le émerillon. »

Max : « Oh ! Elle s’envole ! »

Léo : « Elle va se poser dans l’arbre. On s’en approche ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

71 28 Faucon crécerelle 71 29 Faucon crécerelle

Max : « C’est vraiment un beau zoiso. On a eu de la chance de le voir d’aussi près. »

Léo : « Oh oui 🙂 Tu vois, chevalier, que tu parles le zoiso. On sait bien que tu lui as dit de s’approcher. »

Max : « Pour tes petizours. »

Léo : « Merci chevalier. »

Max : « Tu la remercieras discrètement. Pour pas qu’on t’entende parler le zoiso. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Venez là mes petizours. »

Max : « Câlin ? »

Le chevalier : « Oui, câlin 🙂 »

Léo : « 🙂 »

Max : « Bon, les câlins, on peut les faire le soir dans la cabane. Si on allait voir les zoisos ? »

Léo : « Oui, allons-y. »

Le chevalier : « Il y a des morillons là-bas. »

Léo : « Des fuligules morillons (Aythya fuligula, Anatidés). »

71 31 Fuligule morillon 71 32 Fuligule morillon
71 33 Fuligule morillon 71 34 Fuligule morillon

Max : « Tu te souviens ? La première fois que tu en as vus, tu les a appelés fulugules. »

Léo : « Oui 🙂 Mais je connaissais pas du tout les zoisos, moi. »

Le chevalier : « Tu as bien progressé depuis, mon Léo. »

Max : « En chants de zoisos aussi… Hélas 🙁 »

Léo : « Vous avez vu la foulque (Fulica atra, Rallidés) ? »

Max : « Elle est partie comme elle est venue 🙂 »

Le chevalier : « Elle n’a fait que passer 🙂 »

Léo : « Elles sont terribles ces foulques ! Qu’est ce qu’elles sont dissipées. »

Max : « Ils faudrait leur mettre un avertissement de comportement 🙂 »

Léo : « On voit pas beaucoup de zoisos aujourd’hui. C’est à cause de l’hiver ? »

Le chevalier : « Peut être… Mais tu sais Léo, certains jours sont moins fastes que d’autres. Nous avons déjà eu de la chance de voir le faucon d’aussi près. »

Max : « Je te reconnais bien là mon bonome. Tu as vu un beau zoiso et ça te suffit. »

Léo : « Il a raison, Max. »

Max : « Je sais bien qu’il a raison. Moi, j’y arrive pas toujours. Parfois je suis déçu de n’avoir vu que quelques espèces. »

Léo : « Je te comprends… »

Le chevalier : « Vous êtes encore débutants. Vous verrez, vous aussi vous finirez par vous satisfaire simplement de l’inspection. »

Max : « Tu n’es jamais déçu, toi ? »

Le chevalier : « Si, bien sûr. Mais ça ne dure jamais longtemps. Quand je rentre dans ma cabane, je ne garde en mémoire que le bonheur de m’être promené, les caresses du vent sur mon visage, l’odeur de la terre mouillée… »

Léo : « C’est vrai que ça sent bon la terre mouillée. Ça sent la forêt et j’aime bien la forêt. »

Le chevalier : « Et il me reste toujours au moins une belle image en tête. Même si ce n’est qu’une mésange charbonnière, une pie ou un colvert… »

Max : « Pardonne moi de t’interrompre mon bonome, mais regarde, le pic vert est encore là. »

71 35 Pic vert 71 36 Pic vert

Le chevalier : « Je suppose que c’est son territoire. »

Max : « Alors on le verra souvent ici. C’est une bonne nouvelle. J’aime bien les pics verts. »

Léo : « Et les pics mar. Il y en a ici ? »

Le chevalier : « Je n’en ai jamais vus. Des pics épeichettes sont signalés régulièrement. »

Max : « Pic épeichette ? On le connaît pas celui-là. »

Léo : « Dendrocopos minor, Picidés. C’est un tout petit pic qui ressemble au pic épeiche. Mais il a pas de rouge, sauf sur la tête. J’aimerais bien le voir. »

Le chevalier : « Moi aussi Léo, moi aussi 🙂 »

Max : « Regardez ! Picpic s’agite encore ! »

Léo : « Picpic ? »

Max : « Oui. J’ai décidé que le pic vert serait surnommé picpic. Il y a pas que bonome qui peut donner des surnoms. »

Léo : « D’accord. C’est rigolo picpic. Ça lui va bien. »

Le chevalier : « J’espérais voir un roitelet huppé ici. Tant pis. Allons à l’observatoire. »

Léo : « Rholala ! Il y a des sarcelles d’hiver (Anas crecca, Anatidés). »

Max : « Oh zutalor ! Elles s’envolent. »

71 37 Sarcelles d'hiver 71 38 Sarcelles d'hiver
71 39 Sarcelles d'hiver 71 40 Sarcelles d'hiver

Léo : « Vous avez vu ? Elles font comme je vous l’avais expliqué ! Elles sortent de l’eau en une fois et s’envolent. Elles courent pas sur l’eau pour s’aider à décoller comme les autres canards ! Vous avez vu ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Tu avais raison. Mais nous n’avons jamais douté de ce que tu nous avais expliqué. »

Léo : « Je sais bien, mais je suis content que vous ayez vu par vous mêmes. »

Max : « On les a pas entendu lochérer 🙂 »

Léo : « Ben non. C’est bien dommage. »

Le chevalier : « Mon Léo, j’ai fait quelques recherches sur les cris des Anatidés. Le canard colvert siffle, le chipeau cancane, le siffleur jacasse et la sarcelle d’hiver croasse quand la sarcelle d’été craquette. Le tadorne de belon, lui, gémit. Je n’ai vu nulle part de traces du verbe lochérer. »

Léo : « Tu es sûr ? J’ai dit des erreurs alors. Tant pis. »

Max : « Tiens, c’est bizarre, quand tu sifflotes tu imites toujours des Passereaux. Je t’ai jamais entendu faire l’Anatidé pendant ton sommeil. »

Léo : « Je peux arranger ça cette nuit si tu veux 🙂 »

Max : « Ah non ! Hors de question de dormir avec des canard et des oies ! »

Le chevalier : « Dites les petizours, on voit pas des zoisos et les chemins ne sont pas ouverts. Si on rentrait ? »

Max : « DÉJÀ !!!! »

Le chevalier : « Oui, déjà. »

Léo : « Tu veux pas rester encore un peu ? »

Le chevalier : « On peut retourner doucement à notre monture. »

Max : « Vraiment tout doucement alors. »

Léo : « Et si on restait un peu sur place, pour profiter du calme. Tu veux bien nous aider à grimper sur le poteau s’il te plaît ? »

Max : « C’est vrai qu’on voit pas beaucoup des zoisos. »

Léo : « Il y a les cygnes là-bas. »

Max : « Et les corneilles… »

Le chevalier : « Tournez-vous que je vous fotoe pour montrer à Princesse. »

71 41 Les petizours 71 42 Les petizours

Léo : « J’ai entendu un rougegorge familier… On va le voir ? »

Max : « J’aime bien cette ambiance, bonome. Le temps gris, les nuages, l’absence de vert dans les végétos tout secs… Même les sons ne sont pas les mêmes quand il fait froid et humide. C’est une belle promenade d’hiver. »

71 44 Rougegorge familier 71 45 Rougegorge familier

Le chevalier : « Tu vois Maxou, tu n’as pas vu beaucoup d’oiseaux mais tu es satisfait quand même. »

Max : « C’est vrai. L’image du rougegorge, ou celle de picpic, me suffit. »

Léo : « Moi j’ai bien aimé le chipeau en vol. Et toi chevalier ? Quelle image garderas-tu en mémoire ? »

Le chevalier : « Celle de mes petizours sur un poteau 🙂  Allez, cette fois nous rentrons. »

Bonome a fait exprès de marcher tout doucement. Il avait pas plus envie de rentrer que nous.

On s’est arrêtés pour observer le grand cormoran sur sa branche comme si on avait jamais vu de grand cormoran (Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés). Et, à vrai dire, je n’avais jamais remarqué la tâche blanche qu’il a sur la cuisse. 71 48 Grand cormoran
Puis, quelques pas plus loin, on s’est de nouveau arrêtés. Cette fois pour regarder les fuligules milouins en train de dormir, avec la tête sous l’aile (Aythya ferina, Anatidés). 71 49 Fuligule milouin

Et après, on a longuement observé les mouettes qui rigolent (Chroicocephalus ridibundus, Laridés).

71 50 Mouettes rieuses 71 51 Mouettes rieuses
71 52 Mouettes rieuses 71 53 Mouettes rieuses

Max : « Bonome, normalement les mouettes qui rigolent ont les pattes rouges. Et leur bec est rouge avec la pointe noire. C’est bien ça ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors pourquoi il y en a une qui a du orange à la place du rouge ? »

Le chevalier : « Parce qu’elle est pas mûre. »

Max : « Pfff… Ça c’est ma blague. »

Le chevalier : « Ce n’est pas une blague Max. Tant qu’un individu n’est pas adulte, il n’a pas atteint la maturité sexuelle. On peut donc dire qu’il n’est pas mûr 🙂 »

Max : « Et un individu qui a pas atteint la maturité sexuelle est un juvénile 🙂 »

Le chevalier : « Mais je t’interdis d’aller te chamailler avec cette mouette ! »

Max : « Pfff… Tu veux jamais qu’on joue avec les zanimos juvéniles. T’es pas marrant. »

Le chevalier : « Max, la mouette est sur la glace, c’est à dire sur l’eau. Si tu jouais avec elle, tu risquerais de ploufer et tu ne sais pas nager. La mouette est sauvage. Elle ne connaît pas les petizours et pourrait avoir peur. Et puis même si elle acceptait de jouer avec toi, tu risquerais de te prendre un coup de bec et d’être éventré. Veux-tu toujours aller jouer avec la mouette ? »

Max : « Non, d’accord, tu as raison… Mais c’est pas drôle quand même. Allez bonome, on rentre. Tu viens Léo, on va pocher jusqu’à notre monture. »

Le chevalier : « Bonne idée 🙂 Mais je voudrais préciser un point. La mouette est dans son premier hiver. Ce n’est pas la saison de la reproduction chez les mouettes. Mais je ne suis pas sûr qu’elle ne soit pas déjà capable de se reproduire. Peut être que les individus passant leur premier hiver sont déjà matures. »

Max : « Ça change rien pour nous. Tu voudras quand même pas qu’on joue avec elle 🙁 Tu nous réveilleras en arrivant s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Reposez-vous bien. »

Voila Princesse. C’était une belle promenade d’hiver. On a pas pu bien inspecter parce que les chemins étaient pas tous ouverts mais on a bien fait notre mission quand même. Il va bien ce Royaume.

Je t’embrasse Princesse, et ne t’inquiète pas, on va bien.

Continuer la promenade

86.2 – La parade des Grébus

Mercredi 13 Avril, An III (Suite)

Bonjour Princesse,

Bon, je devrais plus te parler parce que tu as même pas pris des nouvelles de bonome quand il était tout cassé. C’est lui qui s’est inquiété et qui a pris des tiennes. Et puis, si j’ai bien suivi, vous êtes fâchés maintenant. J’ai pas bien compris comment c’est possible de se fâcher comme ça. Je crois que vous êtes bêtes dans vos têtes. Ça doit être ça.

Mais je m’en fiche moi. Il faut que je te montre quelque chose. Ça peut pas attendre que je sois à jour dans mon blog. C’est urgent. Oulala ! Tu vas voir.

C’est parce que dimanche il a fait très beau et bonome en pouvait plus de rester sagement dans sa cabane à cause qu’il est tout cassé. Et puis, Léo et moi, on commençait à s’ennuyer. Léo surtout. Il allait pas bien. On est des naturalistes nous et on doit aller dans la nature. Forcément. Alors bonome a fait un gros effort malgré son tout cassé et on est allés au Royaume des Grèbes. On s’est promenés, on a inspecté, on a pris des nouvelles des zoisos. Bon, on a pas vu Martin. Je suis un peu inquiet parce que, avec l’hiver, ils sont peut être morts les Martins 🙁 J’espère que non, qu’ils sont juste cachés. Et que des migrateurs vont venir s’installer ici. Comme ça il y aura plein des Martins. Mais tout ça, je te le raconterai plus tard. Là je veux juste te montrer quelque chose qui a fait tomber la mâchoire de Léo. Depuis dimanche, il arrête pas de répéter ‘Rhoooo la chance… Rhoooo la chance‘. Et il a appris à se servir de l’ordinateur de bonome pour pouvoir regarder les fotos encore et encore… en répétant Rhoooo la chance. Il sifflote presque plus. Mais maintenant c’est Rhoooo la chance tout le temps. En vérité il a pas tort. On a eu beaucoup de chance. Bon, ça suffit maintenant, je te raconte.

On était là depuis un moment. On avait déjà fait trois fois le tour du Royaume pour être sûrs que tout allait bien. On avait vu de beaux zoisos mais rien d’exceptionnel. Nos habitués qu’on aime déjà beaucoup. Et on était très content d’être là tous les trois, parmi les zanimos et les végétos. Et puis bonome a décidé de rester un petit moment dans l’observatoire où on a rendez-vous avec Martin, en espérant le voir. Et puis, il espérait voir des bruants des roseaux dans les roseaux. Mais on les voyait pas. Et puis, il y avait deux grèbus, les grébes huppés (Podiceps cristatus, Podicipédidés). On les regardait comme ça, sans trop y faire attention parce qu’on les connaît bien. On se demandait si c’était les petits qu’on avait vus cet été. Ils sont adultes maintenant ces petits. J’étais en train de demander à bonome si les petits partaient tout le temps pour ne pas rester sur le territoire des parents ou si ils pouvaient rester. Et puis Léo nous a interrompu.

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Léo : « Chevalier ! Max ! Regardez ! Qu’est ce qu’ils font les grébus ? »

Max : « Oulala ! C’est vrai ça ! Qu’est ce qu’ils font bonome ? Ils sont fâchés ? Ils vont faire la bagarre ? »

Le chevalier : « Non. Ouvrez grand vos yeux et profitez du spectacle. »

 

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Max : « Ils ont ouvert leur collerette. On dirait qu’ils ont une crinière. »

Léo : « Rhoooo la chance… Je crois que j’ai compris. Rholala… »

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Max : « Ils sont rigolos 🙂 Ils tournent la tête du même côté ou chacun de son coté et puis après ils regardent en l’air chacun leur tour ou en même temps 🙂 Qu’est ce qu’ils font ? »

Léo : « Tu as pas compris ? Ils font la parade nuptiale ! »

Max : « La parade nuptiale ?! Ils se draguent ? Oulala c’est une bonne nouvelle ça ! Il va y avoir des bébés grébus ! Chouette alors ! On viendra les voir faire du parent-stop ? »

Léo : « Du parent-stop ? C’est quoi ça le parent-stop ? »

Max : « Ben, tu as pas lu mon blog ? Chez les grèbes, les petits montent sur le dos de leurs parents. Ils se glissent entre les ailes des adultes. Même que des fois, les parents plongent avec leurs petits sur le dos. Cet été on en a vu des un peu grands au Royaume des Sternes qui faisaient du parent-stop. Et puis, plus tard, on a vu deux petits grébous sur le dos de leur parent. Ils étaient déjà un peu grands alors ils pouvaient plus bien s’installer. Ils étaient juste vautrés sur le dos du parent. Et, encore après, on a vu un petit grébu tout neuf sur son parent. On avait vu son œuf et on attendait son éclosion. Quand on l’a vu il avait à peine 40 heures. »

Léo : « Oh, ils s’éloignent l’un de l’autre. C’est déjà fini… »

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Max : « Bonome, ça sert à quoi la parade nuptiale ? Ils peuvent pas dire ‘Bonjour, moi je suis un grébu mâle et j’ai de belles plumes. Je voudrais faire des œufs pour avoir des bébés. Toi, tu es une jolie grébu femelle. Tu veux bien faire des œufs avec moi et après on fera du parent-stop.’ Et la femelle répondrait : ‘C’est vrai que tu as de belles plumes. Moi aussi je voudrais faire des œufs. Je veux bien que tu fécondes mes ovules mais tu n’iras pas au bistrot quand il faudra élever les petits’. Ça irai plus vite. Tu crois pas ? »

Le chevalier : « 😀 C’est toujours difficile de donner une explication à un phénomène biologique. Les scientifiques supposent que la parade permet aux deux individus de vérifier qu’ils appartiennent bien à la même espèce. Si ils connaissent tous les deux la séquence de mouvements de la parade, c’est bon signe. »

Max : « Ils voient pas qu’ils sont de la même espèce ? »

Le chevalier : « C’est quand même mieux de vérifier. Et puis, lors de la parade, chaque individu peut voir si l’autre est en bonne santé. Un individu en bonne santé pêche mieux et nourrit plus efficacement les petits qu’un individu malade ou tout cassé. »

Max : « Alors c’est pas le moment pour toi de faire la parade nuptiale 🙂 Avec ton épaule tout cassée, tu arrives même pas à lever le bras. Aucune femelle voudrais de toi. »

Léo : « C’est pas très gentil Maxou. Je te rappelle que c’est pour filmer les bécasseaux sanderlings qu’il s’est abîmé. Et c’est toi qui voulait des films pour montrer à Princesse. »

Max : « Ben vas-y, dis que c’est ma faute ! »

Léo : « J’ai pas dit ça. Mais tu n’es pas gentil avec ton bonome. Ce n’est pas digne d’un gentillours. »

Le chevalier : « Mes petizours, vous vous chamaillerez plus tard. Regardez ! »

Max : « Rholala… Ils vont recommencer… La chance ! »

Léo : « Vous avez vu ? Ils ont des végétos dans le bec ? Ils se font des cadeaux ? »

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Le chevalier : « Chut ! Profitez de ce que vous allez voir et gravez le dans vos mémoires. Peu de gens ont déjà assisté à ce spectacle. La nature nous fait un magnifique cadeau. »

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Léo : « Rhoooo la chance… Qu’est ce que c’est beau ! »

Max : « Ce qui m’étonne c’est que ta mâchoire ne soit pas par terre 🙂 »

Le chevalier : « Tu regardais les grébus et pas Léo. Sa mâchoire traînait par terre. Léo est devenu très rapide pour la remettre en place avant de nous gratifier de son désormais célèbre Rhoooo la chance 🙂 »

Léo : « Et alors ?! Qu’est ce que ça peut vous faire que ma mâchoire choit ? »

Le chevalier : « Ça me plaît mon petit Léo. C’est ta façon de montrer que tu es sensible à ce que tu vois. »

Léo : « D’accord 🙂 Mais comment ils font, les grébus, pour rester debout sur l’eau ? Ils ont pas pieds ici. »

Le chevalier : « Ils agitent rapidement et énergiquement leurs pattes. C’est un effort très intense. »

Max : « Comme ça ils montrent qu’ils sont en bonne santé. »

Léo : « Regardez ! Ils recommencent leurs mouvements de tête. »

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Max : « Oulala ! Il va falloir montrer ça à Princesse. Je suis sûr qu’elle va aimer. »

Léo : « Rholala … Merci chevalier. C’est grâce à toi qu’on voit toutes ces belles choses. »

Max : « Cette fois ils se séparent. C’est fini la parade ? »

Le chevalier : « Attendons un peu… J’ai vu que, chez une sous-espèce anglaise, les deux partenaires courent sur l’eau, côte à côte, les ailes légèrement ouvertes. Ils donnent l’impression de se donner la main. Et ils s’arrachent de petites plumes et se les offrent. Je n’ai jamais vu ça chez nos grébus. »

Max : « Tu avais déjà vu une parade nuptiale de grébus ? »

La chevalier : « A deux occasions. Mais seulement la séquence avec les mouvements de têtes. »

Max : « Après la parade, ils s’accouplent normalement. Tu as déjà des Podiceps cristatus in copula ? »

Le chevalier : « Non, jamais. J’aimerais bien. Nous avons vu la parade, les parents qui couvent les œufs, les petits en parents stop, de longues séquences de nourrissage des petits, grébu et son poisson… Il nous manque l’accouplement. J’ai déjà vu la parade et l’accouplement d’un couple de sternes pierregarins. Environ 450 fotos au total 🙂 »

Max : « 450 fotos ? Tu es fou dans ta tête. Maintenant c’est sûr. »

On a attendu un peu mais la parade nuptiale des grébus était terminée pour aujourd’hui. On la reverra peut être un autre jour…

En réalité, l’ensemble de la scène a duré un peu plus de trois minutes avec une pause entre les premiers mouvement de tête et le moment où ils se sont dragués debout sur l’eau. Bonome dit que c’était trois minutes de plaisir intense. Depuis, dès qu’il y pense, il sourit. Léo répète sans arrêts ‘Rhoooo la chance…‘ et moi j’en ai rêvé la nuit. J’espère que cet article te plaira Princesse. Les fotos sont pas fantastiques. Bonome les trouve mal exposées mais il est jamais content de ses fotos. Et puis, c’est mieux en vrai : on voit la rapidité et la complexité des mouvements de tête. Mais je voulais partager ce magnifique moment avec toi.

Je t’embrasse Princesse et ne t’inquiète pas, Bonome va de mieux en mieux.

 

 

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70 – Monsieur de la Fontaine

Mardi 12 Janvier, An III

Dans la cabane, le chevalier rentre de la schola…

Le chevalier : « Bonjour mon Léo. Que fais-tu sur mon bureau ? On dirait que tu m’attends. »

Léo : « Bonjour chevalier. Oui oui, je t’attends. C’est à cause de Max. Il va pas bien. »

Le chevalier : « Que se passe-t-il ? »

Léo : « Je sais pas. Il travaillait sur ton ordinateur pour son blog. Et puis d’un coup il s’est mis à oulalaer. »

Le chevalier : « A oulalaer ? »

Léo : « Oui, il arrêtait pas de oulalaer. Des oulalas surpris, des oulalas réjouis, des oulalas inquiets, des oulalas joyeux puis plein de oulalas répétitifs et lugubres. Et après, il est allé dans ton fauteuil et depuis, il est prostré. Il dit plus rien et me répond même pas. »

Le chevalier : « Merci pour ces informations mon Léo, je vais aller voir Max… Bonjour Max. Léo me dit que ça ne va pas. Qu’est-ce qui se passe ? »

Max : « Hein ? Quoi ? C’est qui, Max ? »

Le chevalier : « Max ! C’est toi ! Mon petitours Max, mon Maxou… »

Max : « Ah oui, c’est vrai… Je suis Max petitours… »

Léo : « Tu vois chevalier, il sait même plus comment il s’appelle… Qu’est ce qu’il a ? »

Le chevalier : « Petitours, dis moi ce qui ne va pas. »

Max : « Je crois que je vais pas bien dans ma tête. J’ai des hallucinations. Tu crois aux fantômes ? »

Le chevalier : « Aux fantômes ? Explique-toi Max s’il te plaît. »

Max : « Ben, je gravais mon blog et pour faire une pause, j’ai regardé si il y avait des commentaires. J’aime bien quand il y a des commentaires. J’aimerais bien que Princesse en laisse un. Et puis j’ai vu un commentaire de Monsieur de la Fontaine. »

Le chevalier : « Monsieur de la Fontaine ? Tu veux dire Jean de La Fontaine (1621-1695) ? »

Max : « Ben oui. Tu en connais d’autres, toi ? Et normalement, il est tout mort Monsieur de La Fontaine. Alors soit j’ai des hallucinations, ce qui veut dire que je suis fou dans ma tête, soit le fantôme de Monsieur de La fontaine a laissé un commentaire sur mon blog et j’ai peur des fantômes. »

Le chevalier : « Max, m’autorises-tu à regarder ton blog ? »

Max : « Tu sais bien que oui. Va voir et dis-moi si je suis fou dans ma tête ou pas. »

Moi non plus, parmi les zanimos, je n’ai pas de préféré, ni même parmi les zoisos, et voici pourquoi :

Le Paon se plaignait à Junon :
« Déesse, disait-il, ce n’est pas sans raison
Que je me plains, que je murmure :
Le chant dont vous m’avez fait don
Déplaît à toute la Nature ;
Au lieu qu’un Rossignol, chétive créature,
Forme des sons aussi doux qu’éclatants,
Est lui seul l’honneur du Printemps. »
Junon répondit en colère :
« Oiseau jaloux, et qui devrais te taire,
Est-ce à toi d’envier la voix du Rossignol,
Toi que l’on voit porter à l’entour de ton col
Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies ;
Qui te panades, qui déploies
Une si riche queue, et qui semble à nos yeux
La Boutique d’un Lapidaire ?
Est-il quelque oiseau sous les Cieux
Plus que toi capable de plaire ?
Tout animal n’a pas toutes propriétés.
Nous vous avons donné diverses qualités :
Les uns ont la grandeur et la force en partage ;
Le Faucon est léger, l’Aigle plein de courage ;
Le Corbeau sert pour le présage,
La Corneille avertit des malheurs à venir ;
Tous sont contents de leur ramage.
Cesse donc de te plaindre, ou bien, pour te punir,
Je t’ôterai ton plumage. »

Merci, messire Max, pour le récit de vos édifiantes ambassades dans de si beaux royaumes. Vous m’avez l’air bien moins sot que votre congénère dont j’évoquai onques la bévue dans ma fable intitulée « L’ours et l’amateur des jardins » – et c’est tant mieux pour la longévité de votre ami chevalier qui a l’air d’appartenir à cette dernière espèce de bonome.

Bien plus, je dirais que vous êtes un bien aimable gentilhomme (ou plutôt gentilours) de savoir nous plaire et instruire à la fois (en latin « placere et docere » est la devise des écrivains de mon temps).

Vous nous donnez à admirer les « diverses qualités » ou « propriétés » de la gent des zanimos, comme le faisait, lors de mémorables promenades de mon enfance, Monsieur mon Père, qui était Maître des Eaux et des Forêts.

Irez-vous d’ailleurs un jour au royaume des paons ?

Le chevalier : « Max, ils sont magnifiques ces commentaires ! »

Max : « C’est pas une hallucination alors ? Oulala, c’est un fantôme ! »

Le chevalier : « Tu sais Max, l’esprit des grands hommes ne disparaît jamais. Quelle chance tu as ! Monsieur de La Fontaine t’a laissé des commentaires. Quels beaux compliments ! »

Max : « Tu crois ? »

Le chevalier : « Monsieur de La Fontaine te remercie. Tu plais et tu instruis. Gentillours Max, pensez-vous aller mieux ? »

Max : « Non, je suis pas à la hauteur. »

Le chevalier : « Tu n’es pas à la hauteur de quoi ? »

Max : « Des compliments. Je suis pas à la hauteur des compliments de Monsieur de La fontaine. Je suis qu’un petitours moi. Pas un grand monsieur. Oulala … »

Le chevalier : « Tu es bien plus qu’un petitours Maxou : tu es un gentillours. C’est Monsieur de La Fontaine qui te l’a dit. Oserais-tu contredire cet illustre fabuliste ? »

Max : « Max gentillours ? Tu crois ? D’accord, ça me plaît bien 🙂 Mais je connais pas le Royaume des Paons, moi. Comment je vais faire ? Monsieur de La Fontaine veut que j’y aille en ambassade et je peux pas. Je sais pas où il est ! Je savais même pas qu’il y avait un Royaumes de Paons. »

Le chevalier : « Tu ne le savais pas parce qu’il n’y en a pas. »

Max : « Il n’y a pas de royaume des Paons ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Aucun Royaume des Paons ? Nulle part ? »

Le chevalier : « Non Maxou 🙂 »

Max : « Alors Monsieur de la Fontaine dit des erreurs ? »

Le chevalier : « Même les plus grands hommes disent parfois des erreurs 🙂 »

Max : « Alors je vais pas décevoir Monsieur de La Fontaine en allant pas au Royaume des Paons ? »

Le chevalier : « Maxou, mon gentillours, le paon bleu (Pavo cristatus, Phasianidés) est un oiseau qui vit normalement aux Indes, au Pakistan, au Bangladesh et au Sri-Lanka. Il en existe quelques-uns en Europe mais uniquement dans des parcs. Monsieur de La Fontaine en a sûrement croisé dans de magnifiques jardins mais il n’y a pas de Royaume des Paons. Alors, tu vas mieux ? Tu n’es plus abattu ? »

Max : « Maintenant ? Mais je vais être fulminant, frénétique ! J’ai dix cœurs, j’ai vingts bras ! »

Léo : « Chevalier, merci de t’être occupé de Max mais je crois que nous allons le regretter ! »

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