88.1 – Une héronnière au Royaume des Hérons

Mardi 19 Avril, An III

Max : « Bonome ! Bonome ! Viens voir ! »

Le chevalier : « Que se passe-t-il ? »

Max : « Regarde cette foto 🙂 »

88.1 00Le chevalier : « 😀 C’est toi qui l’as faite ? »

Max : « Ben non. »

Le chevalier : « Où l’as-tu trouvée ? »

Max : « Chez monsieur Internet 🙂 »

Le chevalier : « Et je suppose que tu n’as pas noté la source. »

Max : « Ben non. »

Le chevalier : « Un jour tu vas avoir des ennuis avec la Justice et tu vas aller en prison. »

Max : « Pas possible ! Le code pénal ne prévoit rien contre les petizours 🙂 J’irai pas en prison 🙂 »

Le chevalier : « Alors ce sera ton responsable légal… »

Max : « C’est toi, ça ! Tu irais en prison à ma place ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « C’est gentil ça 🙂 »

Le chevalier : « Max, je n’ai pas dit que je serais volontaire. Pour la Justice, je serais le coupable. »

Max : « Ah… »

Le chevalier : « Et qui te fournirait en chocolat ? »

Max : « Brindille 🙂 Elle prendrait soin de nous 🙂 »

Léo : « Elle nous gratterait le front… »

Max : « …et nous donnerait du chocolat… »

Le chevalier : « Et moi ? Qui prendrait soin de moi en prison ? »

Max : « Tu te débrouilles ! Tu n’avais qu’à pas aller en prison ! »

Le chevalier : « Et dire que j’allais vous proposer d’aller en inspection… Demandez à Brindille, moi je ne m’occupe plus de vous 🙁 »

Léo : « Chevalier, on se fiche de ce que dit Max. Emmène-nous en inspection s’il te plaît. Mais avant, dis moi qui c’est l’insecte de la foto s’il te plaît. »

Le chevalier : « Difficile de l’identifier à partir d’une seule photographie… Je dirais que c’est une mante religieuse. Il y en a en France. La principale espèce est Mantis religiosa, Mantidés. »

Léo : « Tu nous racontes la mante religieuse s’il te plaît 🙂  C’est vrai qu’elle mange son mari ? »

Le chevalier : « Cela peut arriver 🙂 Les mantes sont des prédateurs assez redoutables. Leur principale caractéristique est la conformation des pattes antérieures. Le tibia se replie sur le fémur et ces deux segments portent tous deux des épines qui permettent de maintenir fermement l’insecte capturé. Les mantes ont un solide appétit et elles n’hésitent pas à avoir recours au cannibalisme en cas de grosse faim 🙂 »

Max : « Tu peux affiner un peu 🙂 »

Le chevalier : « A la saison de la reproduction, le mâle s’approche discrètement de la femelle, souvent par l’arrière, et l’attrape grâce à ses pattes ravisseuses. Si la femelle est d’accord, elle le laisse la féconder. L’accouplement dure plusieurs heures au cours desquelles la femelle tombe dans une espèce de léthargie. »

Max : « C’est quoi la léthargie ? »

Le chevalier : « … Mmmm… Sans vérifier, je dirais que ce mot est de la même famille que létal et que le suffixe -argie ressemble beaucoup à -urgie. »

Max : « Bien sûr ! Et alors ? »

Le chevalier : « Ce qui voudrait dire action de mort. »

Max : « Bien sûr ! Et alors ? »

Le chevalier : « Disons que la femelle est tout à fait immobile et a-réactive. »

Max : « Dis donc, ça la passionne l’accouplement ! »

Le chevalier : « 🙂 Au bout d’un moment, elle se réveille et c’est là que le mâle risque sa vie. »

Léo : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Parce que si la femelle a faim, elle coupe la tête du mâle et le dévore. »

Max : « De toutes façons, il sert plus à rien ! Il l’a fécondée 🙂 »

Léo : « Et après ? »

Le chevalier : « Les ovules fécondés deviennent des œufs qui commencent leur développement dans l’abdomen de la femelle. Au bout de quelques semaines, elles les pond – plus d’une centaine – entourés d’une sécrétion qui durcira. L’ensemble forme ce qu’on appelle une oothèque. La femelle cache ensuite son oothèque. »

Max : « Et les œufs éclosent 🙂 »

Le chevalier : « Non, ils passent l’hiver d’abord. L’éclosion a lieu au printemps suivant. Les petits passent quelques jours en groupe puis deviennent solitaires. »

Léo : « Ce sont des prédateurs eux aussi ? »

Le chevalier : « Oui, ils ressemblent beaucoup aux adultes. »

Max : « Ils font pas la métamorphose comme les Lépidoptères ? »

Le chevalier : « Non, ils grandissent et muent mais il n’y a pas réellement de métamorphose. »

Max : « Alors tous les insectes font pas la métamorphose. D’accord, je note. »

Le chevalier : « Les insectes peuvent être divisés en trois grands groupes. Ceux, comme les Lépidoptères ou les Odonates qui ont des métamorphoses complètes. On les qualifie d’holométaboles. Les amétaboles n’ont aucune métamorphose. Les juvéniles ressemblent exactement aux adultes mais en plus petits. Et, entre les deux, il y a les hétérométaboles à métamorphose généralement limitée au développement des ailes. »

Léo : « Rholala ! Tu en connais des choses ! Et la plante de la foto ? Tu la connais ? »

Le chevalier : « C’est une fougère vraie, une Eufilicale. Mais je ne connais pas l’espèce. »

Max : « Comment tu sais que c’est une Eufilicale ? »

Le chevalier : « Parce que les jeunes pousses sont enroulées en crosse. Il paraît que c’est très bon en salade, les crosses de fougères. »

Max : « Parce que tu connais quelque chose en cuisine toi ? Bonome, je suis même pas sûr que tu la trouves, la cuisine, dans notre cabane. »

Le chevalier : « Ah si ! C’est dans la cuisine que se trouve la cafetière ! »

Léo : « 😀 Dis, tu avais pas parlé de nous emmener en inspection ? »

Le chevalier : « Si ! Allons-y ! »

Max : « On va où cette fois ? »

Le chevalier : « Vous aimez les hérons cendrés ? »

Léo : « Oh oui ! Ce sont des beaux zoisos les hérons cendrés 🙂 »

Le chevalier : « Alors en route pour le Royaume des Hérons ! »

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonome, pourquoi on est jamais allés dans ce Royaume ? C’est parce qu’il est loin ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Ben pourquoi alors ? »

Le chevalier : « Pour deux raisons, dont chacune est suffisante seule. »

Max : « 🙂 Tu peux pas t’en empêcher… C’est quoi ces deux raisons ? »

Le chevalier : « Le Royaume des Hérons est très proche de la schola et il est fort probable que nous y croisions des élèves. Ou d’anciens élèves. »

Max : « Ah oui. Je comprends. Pas d’élèves pendant les inspections, c’est normal. Mais on en verra peut-être pas. Et la seconde raison ? »

Le chevalier : « Ce Royaume est très grand. »

Max : « C’est plutôt une bonne nouvelle. On pourra voir des tas de zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Il n’y a pas forcément plus de diversité que dans nos Royaumes habituels mais il va nous falloir beaucoup marcher. »

Max : « Vraiment beaucoup ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Vraiment beaucoup. »

Max : « On pourra pocher ? »

Le chevalier : « Vous pourrez 🙂 D’ailleurs, je préférerais que vous commenciez l’inspection dans ma poche. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Vous verrez 🙂 »

Au Royaume des Hérons…

Max : « Bonome, tu vas où comme ça ? »

Le chevalier : « Voir les hérons cendrés ! »

Max : « Et tu es obligé de marcher aussi vite ? »

Le chevalier : « Je suis impatient 🙂 »

Léo : « Mais on s’arrête jamais, on regarde rien… »

Le chevalier : « Après, mon Léo, nous ferons le tour du Royaume après… Voilà ! Nous y sommes ! »

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Max : « Bonome, tu as encore oublié de mettre ta casquette ! C’est pas des hérons cendrés, ce sont des arbres ! Des arbres sur une île ! Mon bonome, s’il te plaît, prends soin de ton cerveau. Tu sais bien que tes cheveux peuvent pas le protéger du soleil. Ils font ce qu’ils peuvent tes cheveux mais ils sont plus assez nombreux… »

Léo : « Max, observe un peu les arbres au lieu de te moquer du chevalier… »

Max : « Oui oui, ce sont de beaux arbres. Oulala quels beaux arbres ! Ça, c’est vraiment du beau zarbre 🙂 »

Léo : « 🙂 Maxou… Ouvre les yeux ! »

88.1 04 Max : « Oh ! Il y a des nids ! … Et dans les nids il y a des hérons cendrés ! … Il y a plein de nids ! Un… Deux… Trois… Quatre… Cinq… six ! Oulala ! Il y a au moins six nids de hérons cendrés ! »

Léo : « Et je suppose qu’il y a des petits 🙂 C’est pour ça qu’on est venus ? »

Le chevalier : « oui 🙂 Cette héronnière est connue à des lieux et des lieux à la ronde. Il y a des habitants de la capitale qui viennent jusqu’ici pour l’observer. »

Max : « C’est quand même pas très loin la capitale… Bon, on observe et on étudie ? »

Léo : « Oh oui ! On commence par quoi ? »

Le chevalier : « Rappelons les bases. Espèce, taille, poids… »

Max : « Moi ! Moi ! Je commence ! »

Le chevalier : « Nous t’écoutons Maxou. »

Max : « Ardea cinerea, Famille des Ardéidés, ordre des Ciconiiformes. Poids : de 600 à 1200 g. Envergure : 175 à 195 cm. Longévité : 25 ans… »

Le chevalier : « Léo, as-tu quelque chose à ajouter ? »

Léo : « Il se nourrit de poissons, d’amphibiens et de petits mammifères. Il a rien contre un petit serpent de temps en temps… »

Max : « Et toi, tu as quelque chose à ajouter ? »

Le chevalier : « Il niche en France, certains individus migrent, d’autres non. C’est une espèce protégée. Et normalement sa distance de fuite est de 30 mètres. »

Léo : « Mais là, ils sont tout près ! Rhoooo la chance ! »

Max : « Pourquoi ils se sauvent pas ? »

Le chevalier : « La héronnière est sur une île. Aucun humain n’y va. Ils sont suffisamment malins pour avoir compris que, même si les humains sont proches, ils ne représentent pas une menace. »

Léo : « Bon, maintenant qu’on a tout dit, on peut regarder attentivement. »

Max : « Là, il y a un adulte ! »

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Léo : « On voit bien son dessus de crâne blanc. Mais on voit pas les longues plumes noires de derrière la tête. Dis héron, tu veux bien tourner la tête pour montrer tes longues plumes noires s’il te plaît ? »

Max : « Pfff… il a même pas répondu. »

Léo : « Rholala ! Regardez ! Il y en a un en approche ! Aharbrage prévu dans trois secondes ! »

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Max : « Aharbrage ? »

Léo : « Ben oui ! Tu as inventé ahétanhissage et abonominage. Je peux bien inventer aharbrage pour dire qu’un zoiso se pose sur un arbre 🙂 »

Max : « J’ai rien inventé du tout ! Ça se dit en petitoursien du nord ! »

Léo : « Alors disons que Aharbrage c’est du petitoursien du sud 🙂 »

Max : « 🙂 Bonome, tu as fotoé l’aharbrage ? »

Le chevalier : « Oui, j’ai fotoé 🙂 »

Max : « Qu’est ce que tu cherches ? »

Le chevalier : « Les petits… ils sont cachés par les branches… »

Max : « Zutalor ! »

Le chevalier : « On les aperçoit à peine dans le nid… Observez bien… »

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Max : « Ils sont tout ébouriffés ! »

Léo : « On dirait presque des dinosaures 🙂 »

Max : « Bonome m’a dit un jour que les zoisos sont des dinosaures. »

Léo : « C’est vrai ? Des vrais dinosaures ? »

Le chevalier : « Oui, des vrais dinosaures. Les seuls qu’il reste de nos jours. Tous les autres ont disparu il y a 65 millions d’années. »

Max : « Mais c’est quoi un dinosaure ? »

Le chevalier : « Trop compliqué… »

Max : « Dis donc, tu nous prends pour des idiots ? Tu crois peut-être qu’on pourrait pas comprendre tes explications ? »

Le chevalier : « Non, pas du tout 🙂 C’est trop compliqué pour moi. La liste des critères qui les définissent est interminable. Disons que, dans un arbre phylogénétique, tout animal compris entre le tricératops et la mésange bleue peut-être appelé dinosaure. »

Max : « Ah oui, d’accord. Si tu le dis… »

Le chevalier : « J’aurais pu dire ‘compris entre le pachycephalosaurus et le phalarope à bec étroit’… »

Max : « Non non, c’était bien tricératops et mésange bleue. Mais, j’ai l’impression de t’embêter là… »

Le chevalier : « J’observe les petits hérons 🙂 »

Max : « Et ils s’appellent comment les petits hérons ? »

Le chevalier : « Les patapons… »

Léo : « Tiens, j’aurais plutôt dit les héronneaux… »

Le chevalier : « Non non, les patapons 🙂 »

Max : « Bonome… C’est quoi ta blague ? »

Le chevalier (se mettant à chanter) : « Héron, héron, petits patapons… »

Léo : « 😀 »

Max : « Je crois me souvenir que tu fais pas ce genre de blagues en présence de Brindille. Là, elle me manque d’un coup 🙂 »

Le chevalier : « Bon, je n’arriverai pas à faire de belles photographies des petits… »

Max : « Zutalor ! Zutalor ! Zutalor ! »

Le chevalier : « Il reste les juvéniles… Et, si vous êtes sages, je vous montrerai les photographies de l’an dernier. »

Max : « On est sages nous. »

Léo : « Toujours. »

Max : « D’ailleurs, dans le dictionnaire, à la définition de sage, il est écrit : ‘Ex. : Les petizours Max et Léo sont toujours sages.’ »

Léo : « Notre sagesse est de renommée nationale ! »

Max : « Mondiale même ! »

Le chevalier : « 🙂 Quel dictionnaire ? Petitoursien du nord ou petitoursien du sud ? »

Max : « Les deux bien sûr ! »

Léo : « Ben oui ! J’ai vérifié tu sais 🙂 »

Max : « Et Léo dit pas des erreurs. »

Le chevalier : « Vous êtes bêtes ! »

Max : « C’est toi qui nous as appris 🙂 »

Léo : « Tu nous as tout appris. Même à être bêtes 🙂 »

Max : « On se demandait même si c’était pas ta spécialité… »

Léo : « On a hypothésé que tu avais fait des études de bêtologie. »

Max : « Et que tu avais eu tous les diplômes 🙂 »

Le chevalier : « Vous savez que vous me clouez le bec de plus en plus souvent ? Je n’arrive plus à trouver de répartie. »

Max : « Ben oui 🙂 C’est normal. »

Léo : « On est très forts 🙂 »

Le chevalier : « Trop forts pour moi 🙂 Bon, reprenons l’observation des hérons cendrés. »

Max : « Il y a deux juvéniles, là, dans le nid. »

Léo : « Ils doivent pas être très vieux… Quelques semaines tout au plus. »

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Max : « Tu as vu les plumes de la tête ? »

Léo : « Oui, c’est rigolo. »

Max : « Et leur bec… Bonome, il est pas tout jaune le bec du héron cendré normalement ? »

Le chevalier : « Si. »

Max : « Là, la partie supérieure est grise. »

Le chevalier : « Bien vu 🙂 »

Léo : « Et leur yeux ? Vous avez vu leur yeux ? »

Max : « On dirait qu’ils louchent. »

Le chevalier : « Je crois qu’ils sont orientés pour bien voir dans le prolongement du bec quand ils sont à l’affût. »

Léo : « C’est vrai qu’ils pêchent à l’affût. Ils peuvent rester immobiles longtemps et puis, d’un coup, ils piquent la tête dans l’eau. »

Max : « Et gloub le poisson 🙂 »

Léo : « Gloub la grenouille ! »

Max : « Là, dans l’autre nid, il y a d’autres juvéniles. »

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Léo : « Toutes les portées sont de deux petits ? »

Le chevalier : « Parfois trois, rarement quatre. C’est qu’ils sont voraces ces petits. Les parents n’arriveraient pas à en nourrir quatre. »

Max : « Lui, il a la partie supérieure du bec un peu jaune. Il est plus vieux que les deux précédents. »

Léo : « Mais pas les autres. Regarde Maxou, leur bec sont gris. »

Max : « Oulala ! Mais il y en a beaucoup ! »

Le chevalier : « Une dizaine de petits est visible. Il y en a peut être de l’autre côté de l’île… »

Max : « Ça c’est une héronnière ! Et juste à côté de la schola ! Tu crois que les élèves l’ont déjà vue ? »

Le chevalier : « Certains la connaissent Maxou. »

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Léo : « Rholala ! Il est tout près celui là ! Un héron à 5 mètres de moi ! La chance ! »

Max : « Oh oui alors ! Oulala ! »

Léo : « Il a plus que le dessus du bec gris. Le reste est jaune. »

Max : « Et il sait déjà voler lui. »

Léo : « Alors on peut dire que quand il y a plus que le dessus du bec qui est gris, le patapon peut voler 🙂 »

Max : « Et comment ils apprennent à voler ? Il y a une schola pour patapon ? »

Le chevalier : « Dites, je pensais que vous aviez compris ma blague. Le petit héron est un héronneau, pas un patapon. »

Max : « Ben oui, on comprend tes blagues, même si elles sont pas drôles. »

Léo : « Mais on a décidé de garder ce nom là. »

Max : « Le patapon. »

Léo : « C’est ta faute. »

Max : « Fallait pas dire des bêtises. »

Léo : « Tu assumes maintenant. »

Le chevalier : « D’accord, j’assume 🙂 »

Léo : « Rhoooo ! Regardez ! Il y en a deux autres ! »

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Max : « Et lui ! Qu’est ce qu’il fait ? »

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Le chevalier : « Il apprend à se servir de ses ailes. »

Max : « Et lui aussi il apprend à se servir de ses ailes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

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Léo : « Ils apprennent pas. Ils savent 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Léo, mon Léo, mon petit Léo… »

Léo : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Oui, il sait. Mais ce n’est pas suffisant. »

Max : « Tu expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je vais essayer de faire simple. Le vol est assuré par une succession de mouvements. »

Max : « Oui, jusque là, on suit. »

Le chevalier : « Les mouvements sont réalisés par les organes moteurs. »

Max : « Les muscles et les os ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais ils sont programmés par le cerveau. Chez l’Homme, il y a une partie du cortex cérébral spécialisée dans la commande du mouvement. On parle de cortex moteur. »

Léo : « C’est quoi le cortex ? »

Le chevalier : « La surface du cerveau. Le système nerveux est constitué de cellules spécialisées appelées neurones. Elles sont constituées… »

Max : « … d’une membrane et d’un cytoplasme qui contient le noyau 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Les neurones ont la particularité d’avoir de longs prolongements cytoplasmiques. Certains conduisent l’influx nerveux vers le corps de la cellule : ce sont les dendrites. Un prolongement, appelé axone, conduit l’influx nerveux du corps de la cellule vers quelque chose : un autre neurone, une fibre musculaire… »

Léo : « D’accord, mais le cortex alors ? »

Le chevalier : « La surface du cerveau est constitué des corps cellulaires des neurones. Il est fait de six couches de corps cellulaires. Dessous, c’est ce qu’on appelle la substance blanche. Elle renferme les axones des neurones du cortex. »

Léo : « Donc le cortex est en surface et il contient les corps cellulaires et dessous c’est la câblerie. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 Bon, sous la câblerie il y a d’autres noyaux cérébraux mais je peux m’en passer. »

Max : « Tu te passes très bien de ton cerveau aussi 🙂 »

Le chevalier : « Max, suite à ma chute, tu as écrit que tu ne te moquerais plus de mon cerveau tout fondu. »

Max : « C’était sous le coup de l’émotion. Ça compte pas 🙂 »

Le chevalier : « Pfff… Je ne sais plus où j’en étais… »

Léo : « Le cortex cérébral et la programmation du mouvement. »

Le chevalier : « Merci Léo. Le cortex cérébral est lui même divisé en trois zones : l’aire motrice, l’aire pré-motrice et l’aire motrice supplémentaire. »

Léo : « Elles sont où ? »

Le chevalier : « Je parle du cerveau humain. Je ne sais pas chez les oiseaux. »

Léo : « C’est pas grave. Dis nous. »

Le chevalier : « Regardez, ce sont les zones 4, 6 et 8 … »

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Max : « C’est là sur le côté. De chaque côté ? »

Le chevalier : « Oui, mais la partie droite du cerveau contrôle la partie gauche du corps, et vice et versa. »

Max : « Et alors… »

Le chevalier : « Les mouvement simples sont commandés par l’aire pré-motrice et l’aire motrice. L’ordre nerveux est régulé par le cervelet. »

Léo : « C’est quoi encore le cervelet ? »

Le chevalier : « Un petit cerveau situé dans la partie inférieure de l’arrière du crâne. Sans le cervelet les mouvement sont beaucoup moins précis. »

Léo : « Je peux résumer ? »

Max : « Oui, tu résumes bien. »

Léo : « 🙂 Je pense à un mouvement. Mes aires pré-motrices et motrices envoient l’ordre à mes muscles de se contracter et je bouge. »

Le chevalier : « Presque. Tu as dit que tu pensais. C’est donc l’aire frontale, ou pré-frontale ? , qui informe les aires pré-motrices et motrices. On parle de mouvements simples, bien entendu. »

Max : « Mais par où il passe l’influx nerveux ? »

Le chevalier : « Par les nerfs moteurs. Ils sont constitués des fins axones disposés côte à côte. En fait, les axones partent du cortex moteur, se croisent dans le tronc cérébral puis circulent dans la moelle épinière d’où sortent des nerfs. »

Max : « Le tronc cérébral ? »

Le chevalier : « Oui, un ensemble de noyaux situés à la base du crâne, qui assure la liaison entre l’encéphale et la moelle épinière. Vous suivez ? »

Max : « Moi oui. Et toi Léo ? »

Léo : « Oui oui, mais et le cervelet ? Tu en as parlé puis tu en parles plus. »

Le chevalier : « Je reprends 🙂 Le cortex moteur envoie un ordre qui passe par les axones. Mais une partie de ces axones se rend au cervelet. Le cervelet analyse tout ça et envoie des ordres pour préciser le mouvement. Tous ces ordres circulent dans la moelle épinière puis les nerfs moteurs. En arrivant aux muscles l’influx nerveux entraîne la contraction de certains muscles et le relâchement d’autres. »

Max : « Pourquoi la contraction et le relâchement ? La contraction suffit pas pour bouger ? »

Le chevalier : « Non. Imaginons que je veuille simplement effectuer une flexion du membre supérieur au niveau du coude. »

Max : « On imagine. »

Le chevalier : « Il faut que mon biceps se contracte mais aussi que le triceps se relâche. »

Max : « Ah ben oui ! Sinon, ça peut pas bouger. »

Léo : « On peut revenir aux patapons ? Ils savent voler ou ils doivent apprendre ? »

Le chevalier : « Les deux. Ils savent bien qu’il faut bouger les ailes. Mais le battement d’ailes est plus complexe qu’on le croit. On imagine souvent que l’aile se soulève puis s’abaisse. En réalité, elle doit s’incliner dans un sens ou dans l’autre. Léonard de Vinci a réussi de magnifiques dessins du vol des oiseaux. N’oubliez pas qu’à l’époque, il n’y avait aucun instrument qui permettait de réaliser des images ! Mais passons… Les patapons doivent apprendre les mouvements. Et lors de la croissance, le nombre d’axones augmente ainsi que le nombre de fibres musculaires. Les axones doivent se connecter aux fibres et les fibres doivent se développer. »

Léo : « C’est quand même bien fait la nature ! Le zoiso se construit tout seul et tout se connecte tout seul. »

Le chevalier : « Je partage ton émerveillement Léo. Mais pour que tout se construise bien, il faut bouger. Il y a un exemple que j’aime beaucoup. Avez-vous déjà vu un petit humain, tout petit, qui descend des escaliers ? »

Max : « Oui ! A la schola ! Les tout petits ! Ils sont très concentrés et si on leur parle, ils sont obligés d’arrêter le mouvement. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Par contre les nôtres parlent, chahutent se bousculent, crient… tout en descendant ou montant les escaliers. »

Léo : « Ils pensent plus du tout aux marches. »

Le chevalier : « Et non ! C’est leur cerveau qui s’en occupe. En fait, ils ont appris à monter ou descendre des marches. Un ensemble de mouvements élémentaires est programmé. C’est le rôle de l’aire motrice supplémentaire. Ils pensent juste à descendre. Une séquence d’ordre est programmée, envoyée, régulée… »

Léo : « Et tout se fait tout seul ! Rholala ! Il est vraiment bien fait le cerveau ! »

Max : « Ben oui, c’est pour ça que tu devrais porter ta casquette ! Alors les patatons connectent leurs axones à leur fibres musculaires, programment la séquence de mouvement qui correspond au vol battu et tout ça en équilibre sur des branches qui bougent tout le temps. Ils sont fort les patapons. »

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Léo : « Tu as pas une dernière information sur le cerveau ? »

Le chevalier : « Si tu veux. Il est possible de déclencher une séquence de mouvements assez précise grâce à une faible impulsion électrique très localisée dans l’aire motrice supplémentaire. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Prenons une petite aiguille reliée à un générateur électrique. »

Max : « On prend. »

Le chevalier : « On la pique dans le cortex moteur supplémentaire. »

Max : « On peut pas. »

Le chevalier : « Pourquoi pas ? »

Max : « PARCE QU’IL Y A LE CRANE PATATE ! »

Le chevalier : « Ah oui, j’ai oublié de vous dire de l’enlever 🙂 »

Max : « On enlève le crâne ? Tu vas pas bien dans ta tête toi… »

Léo : « Comment on enlève le crâne ? »

Le chevalier : « On coupe la peau, on l’écarte, on scie la calotte crânienne et voilà ! »

Max : « Mais le zom meurt pas ? »

Le chevalier : « Non 🙂 On peut même le garder éveillé. »

Max : « Avec le cerveau à l’air ? »

Le chevalier : « Oui, il faut bien sûr faire attention à ne pas renverser son café 🙂 »

Max : « Bon d’accord. On peut planter la micro aiguille maintenant. On la met où ? »

Le chevalier : « Juste là. »

Max : « Là ? »

Le chevalier : « Non, plus par là… Voilà ! »

Max : « Je plante ? »

Le chevalier : « Oui… doucement… Bien. Maintenant tu peux envoyer un petit choc électrique. Pas plus de quelques millivolts. »

Max : « J’y vais ? »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Rholala ! Il a bougé les doigts ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 J’ai oublié de vous dire que j’ai pris un pianiste. Recommençons mais cette fois, plaçons un clavier sous ses doigts… Voilà… »

Max : « J’envoie l’électricité ? »

Le chevalier : « Oui, vas-y ! »

Léo : « Rholala ! Il a joué une phrase musicale ! »

Max : « Mais pas bien. C’est pas un bon pianiste. »

Le chevalier : « Si si Maxou. Un très bon même. Mais la situation n’est pas très naturelle. Il n’a pas lancé lui même la séquence et elle n’a pas été régulée. »

Léo : « Si j’ai bien compris… »

Max : « Oui Léo ? »

Léo : « Ça veut dire que… Quand on apprend – en musique on dit répéter – on programme une séquence de mouvements et ce programme est quelque part dans l’aire motrice supplémentaire. Et après, le musicien fait rien qu’à penser à jouer. L’aire frontale prévient le cortex moteur qui envoie des séquences toutes prêtes. Et le musicien vérifie de temps en temps que tout se passe bien. »

Max : « Et plus on apprend, plus le programme est bien inscrit et plus il ressort facilement. »

Léo : « On sait comment il est stocké le programme ? »

Le chevalier : « Moi non. Je pense que les neurobiologistes ne savent pas non plus. »

Max : « Et il reste longtemps ? »

Le chevalier : « Tant que le cerveau n’est pas abîmé. »

Max : « Comment on le sait ? »

Le chevalier : « Grâce aux malades d’Alzheimer, entre autres… »

Max : « La maladie des personnes âgées ? »

Le chevalier : « Oui. Les malades ‘retombent en enfance’. La grand-mère d’une amie avait oublié sa petit fille. Elle ne la reconnaissait plus. Mais elle chantait des chansons de sa jeunesse. »

Max : « Les souvenirs très anciens étaient encore là. »

Léo : « Mais pas les plus récents. C’est bizarre. »

Le chevalier : « Oui, c’est bizarre mais ça montre bien que ce qui est appris reste programmé dans le cerveau. Certains scientifiques pensent même que tout est mémorisé par le cerveau. »

Max : « C’est quoi tout ? »

Le chevalier : « Tout ! Ce que tu as vu, lu, entendu, ressenti… »

Max : « Donc, selon cette hypothèse, quand tu fais cours à la schola, le cerveau des élèves retient tout ce que tu dis. Tout est dans leur tête. Alors pourquoi certains d’autres eux connaissent rien le lendemain ? »

Le chevalier : « Si je le savais… »

Max : « Bonome, on peut remettre la calotte du pianiste ? »

Le chevalier : « oui 🙂 Je te laisse faire. Et n’oublie pas de recoudre sa peau ! »

Après, on est restés en silence à regarder les patapons programmer leur cerveau pour voler. Bonome a fait des centaines de fotos. Il est fou dans sa tête. Surtout que c’est pas la peine de faire des fotos. Toutes les images sont dans son cerveau.

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En gravant mon blog avec Léo, on savait pas lesquelles choisir. On est restés plus d’une heure à regarder les patapons… On serait bien restés encore plus longtemps mais des zoms sont arrivés et ils parlaient très fort. Ça a pas dérangé les hérons mais nous, oui. Alors on est allés inspecter le reste du Royaume des Hérons. N’empêche qu’on savait pas quelles fotos choisir. Alors on en a mis beaucoup. Peut-être trop… Peut-être que ça va te lasser toutes ces fotos… Mais nous, on s’en lasse pas. Surtout que maintenant, on sait ce qui se passe dans la tête des zoisos quand ils apprennent à se servir de leurs ailes…

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Je t’embrasse Princesse. Et à tout de suite pour la suite de nos aventures au Royaume des Hérons 🙂

Continuer la promenade.

2 réflexions au sujet de « 88.1 – Une héronnière au Royaume des Hérons »

  1. Bonjour Ananas, tu vas bien ?
    La rentrée s’est bien passée ?
    Bon, je crois que tu as des problèmes d’orthographe 🙂 De quoi parles tu ? La menthe ? Mon amie végéto qui sent bon ou la mante religieuse ?
    J’espère que tu vas bien. A bientôt 🙂
    PS : on est très gentils avec notre bonome, surtout moi 🙂

  2. J’ai adoré l’histoire de la menthe religieuse racontée de cette manière
    Bravo Bonhomme ???? ???? et les p’tits ours il faut être plus gentils avec le chevalier surtout toi max !

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