81.1 – Encore l’Aber et de beaux zoisos

Vendredi 4 Mars, An III

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »

Max : « Bonjour bonome 🙂 »

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Tu n’as pas rêvé de volcans qui explosent mon Maxou ? »

Max : « Non, j’ai rêvé de Tante Yvonne. »

Léo : « Oh ! C’est vrai ? Raconte-nous s’il te plaît. »

Max : « Si bonome est d’accord. »

Le chevalier : « Bien sûr. Raconte-nous. »

Max : « Ben, je sais pas comment elle a fait mais elle a lu mon blog 🙂 Et elle a été très touchée que tu nous racontes son histoire. »

Le chevalier : « Ce n’est pas moi qui vous l’ai racontée. C’est le vent. »

Max : « Dis donc, tu vas m’interrompre à chaque phrase ? Je peux raconter ou pas ? »

Le chevalier : « Raconte petitours 🙂 »

Max : « Elle était donc très touchée. Mais elle était triste que tu aies les larmes aux yeux. Alors elle voulait te réconforter. Mais elle savait pas où te trouver. Je lui ai dit que tu étais peut être sur l’estran de Fort Lonnec et on y est allés. On t’a cherché, cherché… Même le vent s’y est mis. Il soufflait dans tous les sens. Mais tu étais introuvable. Et on s’est dits que tu étais sûrement sur les bords de la petite mer épicontinentale qui séparait Armorica de la plate forme nord gondwanienne, quelque part à l’Ordovicien. Alors le vent nous a apporté un bateau. Mais pas un bateau pour naviguer sur la mer. Non non. Un bateau pour naviguer dans le temps. Et on a navigué dans le temps. Tante Yvonne regardait la mer de la proue. Léo avait un peu le mal de mer 🙂 Moi, je tournais un peu en rond. J’avais peur qu’on te retrouve pas, que tu sois retourné à l’état sauvage une bonne fois pour toutes. Et puis on est arrivés au sud d’Armorica à l’Ordovicien. Tu étais assis sur un rocher, au bord de la mer. Et tu pétunais en te caféinant 🙂 Alors, Tante Yvonne est venue vers toi. Toi, tu baissais la tête, timidement, parce que tu l’avais reconnue. Et puis elle t’a pris dans ses bras. Je sais pas ce qu’elle t’a dit parce que vous étiez trop loin. Mais tu es revenu seul et tu as embarqué sur le bateau. »

Léo : « Tante Yvonne a pas ré embarqué avec bonome ? »

Max : « Non, bonome nous a expliqué pourquoi après. Elle a dit que maintenant qu’on connaissait son histoire, et qu’on l’avait racontée, elle avait l’éternité devant elle. Alors elle a décidé de rester à l’Ordovicien et de parcourir toute l’histoire de la Terre et de la vie à partir de là. Et elle a ajouté qu’elle viendrait nous voir, parfois, dans nos rêves. »

Léo : « Rholala ! Ça, c’est un beau rêve 🙂 Moi, j’ai juste rêvé de zoisos. »

Max : « Je sais Léo, je sais… »

Léo : « Oh non, me dis pas que j’ai encore siffloté toute la nuit ! »

Max : « Ben si 🙁 »

Léo : « Mais pourquoi tu m’as pas réveillé ? »

Max : « Mon Léo, il faut JAMAIS réveiller un petitours qui rêve de zoisos 🙂 Bon, bonome, tes rêves, on s’en fiche 🙂 Va te caféiner pendant qu’on se prépare. »

Le chevalier : « Je me suis déjà caféiné 🙂 »

Max : « BEN T’Y RETOURNE ET TU NOUS LAISSES NOUS PRÉPARER ! Oulala il est pas croyable ce bonome ! On peut pas se préparer tranquille dans cette cabane ! »

Léo : « Max tu exagères ! »

Max : « Oui, peut-être un peu 🙂 Tu es prêt ? »

Léo : « Ben oui 🙂 C’était pas la peine de l’envoyer se caféiner. »

Max : « Mon Léo, tu crois vraiment que c’est une punition pour lui ? Aller se caféiner ? »

Léo : « 🙂 Allez, on va le rejoindre. »

Le chevalier : « Vous voilà prêts ! »

Max : « Ouiiii 🙂 On peut aller aux zoisos ! »

Plus tard…

Max : « Bonome, on est déjà venus ici. Tu vas en avoir assez qu’on te demande toujours d’aller aux zoisos… »

Le chevalier : « Non Maxou. Ne t’inquiète pas. »

Max : « J’espère que Princesse en aura pas assez. »

Le chevalier : « Princesse n’est pas là il me semble 🙂 »

Léo : « C’est vrai ça ! Allez, viens Maxou, on va voir les Laridés. »

Max : « Toi et tes Laridés 🙂 »

81 1 01 Laridés

Léo : « Rhoooo ! Il y en a beaucoup ! »

Max : « Tout pareil comme hier mon Léo 🙂 »

81 1 02 Des Laridés 81 1 03 Des Laridés

Léo : « Ouiiiii 🙂 Alors… Larus marinus, Larus argentatus, Larus fuscus… Chevalier, tu peux zoomer plus et me montrer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sur mon Léo. »

81 1 04 Des Laridés 81 1 05 Des Laridés

Léo : « Rholala ! C’est vraiment des beaux zoisos les Laridés ! Chevalier, tu veux pas qu’on en adopte quelques uns ? »

Le chevalier : « J’ai déjà adopté deux petizours 🙂 »

Max : « Je dirais plutôt qu’un petitours a adopté un bonome et qu’il a eu du mal à le dresser 🙂 Oh ! Regardez là-bas ! Ce serait pas un chevalier guignette ? »

81 1 06 Chevalier guignette 81 1 07 Chevalier guignette 81 1 08 Chevalier guignette

Léo : « Si ! On voit bien le blanc qui remonte sur ses épaules. C’est bien Actitis hypoleucos, Scolopacidés. »

Max : « On en avait pas encore vu en Bretagne. »

Léo : « C’est vrai ça. A part le chevalier ouaf ouaf, on a pas vu des chevaliers. »

Le chevalier : « Non, nous n’avons pas vu de chevalier mais voulez-vous que je vous fasse la liste des autres espèces ? Commençons par le crave à bec rouge… »

Léo : « Rhoooo oui 🙂 Le crave à bec rouge… Rholala… »

Le chevalier : « Rholala ! Et l’accenteur mouchet… »

Max : « Celui d’hier ? Qui était tout mouillé sous la pluie ? »

Le chevalier : « Non, celui d’aujourd’hui. Là, juste devant vous… »

81 1 09 Accenteur mouchet 81 1 10 Accenteur mouchet

Max : « L’accenteur mouchet s’appelle Prunella modularis en scientifique. »

Léo : « Tu dis ça pour crâner. »

Max : « Même pas vrai ! »

Léo : « C’était pour rigoler 🙂 Oh ! J’entends un rougegorge familier ! »

Max : « Il est là, sur une branche de l’arbuste. »

81 1 11 Rougegorge familier

Léo : « Chevalier, tu l’as fotoé ? Brindille aime beaucoup les rougegorges familiers. »

Le chevalier : « J’ai fotoé. On le montrera à Brindille. »

Léo : « Et peut-être qu’elle me grattera le front pour me remercier 🙂 »

Le chevalier : « Vous êtes rigolos tous les deux. C’est moi qui fotoe et c’est vous qui vous faites gratter le front en remerciements. »

Max : « Hé ! J’ai rien dit moi ! Pourquoi tu dis tous les deux ! »

Léo : « Toi, tu veux toujours que le chevalier fotoe pour Princesse. »

Max : « C’est pas pareil ! »

Léo : « Et pourquoi c’est pareil, s’il te plaît ? »

Max : « Parce que c’est Princesse qui nous a envoyés en mission ! »

Léo : « C’est pas toi qui a été envoyé en mission ! C’est le chevalier ! Toi, tu fais que l’accompagner parce qu’il veut bien ! »

Max : « Moi, ma mission, c’est de te former. C’est Princesse qui m’a demandé. »

Léo : « Pfff… »

Max : « Pfff toi même ! »

Le chevalier : « Je crois que nous n’avions pas encore vu de foulques en Bretagne 🙂 En voilà deux sous mes yeux ! »

Max : « On est pas des foulques 🙁 »

Léo : « On est des juvéniles ! »

Max : « C’est pour ça que des fois on se chamaille. »

Léo : « Mais c’est pour rigoler 🙂 »

Max : « On est pas fâchés. »

Léo : « On est des gentils petizours 🙂 »

Max : « Viens cousin Léo, on va voir l’aigrette nous, et on le laisse ronchonner tout seul. »

Le chevalier : « Les bras m’en tombent… C’est moi qui ronchonne… »

81 1 12 Aigrette garzette 81 1 13 Aigrette garzette

Max : « Elle est belle cette aigrette garzette. »

Léo : « Elle s’appelle Egretta garzetta, Ardéidés. »

Max : « Elle chasse, il faut pas la déranger. »

Léo : « Elle chasse pas, elle pêche. »

Max : « Ben faut pas la déranger quand même. Oulala ! Euh… Bonome, tu vas où ? Tu repars sur ton chemin tout inondé ! C’est pas bien ! On est pas d’accord nous. »

Le chevalier : « Alors restez ici. Je vous reprendrai au retour. »

Max : « Tu vas pas nous laisser ici ! Hé !… Bonome ! »

Léo : « Chevalier ! On vient avec toi ! Nous laisse pas ici s’il te plaît ! »

Le chevalier : « Pochez-vous alors ! »

Max : « Bouge pas, on grimpe 🙂 »

Léo : « Voilà ! On est pochés 🙂 »

Max : « Bonome, tu marches en silence ? »

Le chevalier : « oui 🙂 Ce chemin est plutôt difficile… Mais je pense que la vue en vaudra la peine… »

Le chevalier : « Voilà ! Qu’en pensez-vous ? »

81 1 14 Panorama

Max : « Pas mal… »

Léo : « Mais il y a pas des zoisos 🙁 »

Le chevalier : « Pas mal ? C’est tout ce que tu trouves à dire ? Et toi Léo, tout ce que tu vois c’est qu’il n’y a pas de zoisos ! J’aurais dû vous laisser en bas et vous reprendre au retour ! Ça alors ! Quels ingrats ! »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Quoi ? »

Max : « Tu es fatigué. Et maintenant, tu as les pieds tout ploufés… »

Le chevalier : « Et alors ! Qu’est ce que ça peut te faire ? »

Max : « Ben, la journée va être longue et tu es déjà fatigué. Tes pieds vont être tout mouillés tout le reste de la journée. Tu aurais pas dû venir jusqu’ici. C’était pas raisonnable. »

Le chevalier : « Pour une fois que je vais quelque part uniquement parce que j’en ai envie, et pas pour faire plaisir à mes petizours, ils râlent et trouvent que c’est pas raisonnable. D’accord ! On retourne aux zoisos ! »

Max : « Te fâche pas bonome. Elle est belle la vue. Mais tu as fait beaucoup d’efforts pour arriver ici. Je dirais que c’était pas rentable. Trop d’efforts… »

Léo : « Et tes pieds sont tout mouillés. »

Le chevalier : « Ils sécheront. »

Max : « Ils sécheront rien du tout ! Tu vas les re ploufer en redescendant ! »

Le chevalier : « Bon, ça suffit. On va aux zoisos et vous oubliez mes pieds 🙁 »

Max : « Râle pas bonome. C’est pour toi qu’on dit ça. Allez, emmène-nous aux zoisos 🙂 »

Léo : « Il y a un chevalier ouaf ouaf ! On dirait qu’il a vu quelque chose 🙂 »

81 1 15 Chevalier aboyeur 81 1 16 Chevalier aboyeur
81 1 17 Chevalier aboyeur 81 1 18 Chevalier aboyeur

Max : « En vrai, le ouaf ouaf c’est le chevalier aboyeur. En scientifique, il s’appelle Tringa nebularia et c’est un Scolopacidé. »

Léo : « Moi j’aime beaucoup les Scolopacidés. »

Max : « Toi, tu aimes tous les zoisos. Tous les zoisos c’est ton préféré 🙂 »

Léo : « Ben oui 🙂 J’aime beaucoup les zoisos. C’est beau un zoiso. »

Max : « Je suis bien d’accord 🙂 Allez, viens mon Léo, on avance. »

Le chevalier : « Ben, et moi ? Vous n’allez quand même pas partir sans moi ? »

Max : « Tu es là toi ? Je croyais que tu étais resté là haut pour profiter de la vue 🙂 »

Le chevalier : « Qu’est ce qui m’a pris d’adopter ces petizours ! J’étais tranquille, moi, dans ma cabane en rondins au fond des bois. »

Max : « Oui oui 🙂 Tu étais bien tout seul, témpaléjan et tout ça 🙂 Bon, tu viens maintenant ? »

Léo : « Mais allez-vous donc vous taire ? Il y a des courlis cendrés. Il faut pas les déranger. »

81 1 19 Courlis cendré 81 1 20 Courlis cendré
81 1 21 Courlis cendré 81 1 22 Courlis cendré

Max : « Bonome, j’arrive pas à retenir le nom des courlis cendrés en scientifique 🙁 »

Le chevalier : « Numenius arquata »

Max : « Comment tu fais pour jamais oublier les noms ? J’y arrive pas moi. Je suis sûr que même Léo en oublie. »

Léo : « Ben oui. Je me souviens pas toujours moi. »

Le chevalier : « J’ai quelques années de pratique de plus que vous 🙂 »

Max : « C’est sûr que depuis 500 millions d’années tu as eu le temps de réviser 🙂 »

Léo : « Tu as rien à dire sur les courlis ? »

Le chevalier : « Si, eux peuvent ploufer leurs pattes dans les marais sans que vous ne raliez 🙂 »

Max : « Pfff… »

81 1 23 Paysage 81 1 24 Paysage

Léo : « Regardez comme c’est beau ! Rhoooo, la chance ! »

Max : « Rholala c’est beau ! »

Léo : « Tu te moques ? »

Max ; « Oh non ! Je rholalae parce que c’est vraiment très beau ! »

Léo : « Il y a encore des chevaliers ouaf ouaf. On en avait jamais vu et là, on en voit tous les jours 🙂 »

Max : « C’est un zoiso breton le chevalier ouaf ouaf ? »

Le chevalier : « Non, pas particulièrement. Il est même assez fréquent à l’intérieur des terres. Il n’y a pas de raison de le voir plus en Bretagne qu’ailleurs. »

Max : « On pourrait le voir chez nous ? »

Le chevalier : « Peut-être… Au Royaume des Sternes, ou au Grand Étang de T… »

Max : « Et pourquoi on l’a jamais vu alors ? »

Le chevalier : « Parce qu’il n’aime pas les petizours exigeants ! »

Max : « Des petizours exigeants ? Tu en connais, toi, Léo ? »

Léo : « Non. Chevalier, il faudrait que tu nous les présentes ces petizours 🙂 »

Max : « Oui, on pourrait les ré éduquer un peu 🙂 »

Le chevalier : « Regardez plutôt le paysage 🙂 »

81 1 25 Panorama

Léo : « A gauche, il y a le four à chaux. »

Max : « Et dans le petit bois, vers le milieu, il y a notre cabane. »

Léo : « Et partout, il y a des zoisos 🙂 »

Max : « Et là, il y a un héron cendré. Ardea cinerea, Ardéidés. »

81 1 26 Héron cendré

Léo : « C’est vrai que quand tu étais petit, les hérons cendrés étaient rares ? »

Max : « Léo, quand il était petit il y avait pas de vie sur les continents. Il y avait juste des êtres vivants marins. »

Le chevalier : « 🙂 Oui mon Léo. Il y a une trentaine d’années, les hérons cendrés étaient devenus rares. Ils étaient chassés. »

Léo : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « On les accusait de manger tous les poissons. »

Léo : « Mais ! Les hérons mangent surtout des grenouilles ! »

Max : « Pfff ! Les zoms cherchent des prétextes pour tuer les zanimos. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Ils s’en fichent que ce soit vrai ou pas. »

Le chevalier : « C’est vrai Maxou. Mais les hérons ont été protégés et maintenant ils sont de nouveau fréquents. »

Léo : « Alors il faut protéger tous les zoisos. »

Le chevalier : « Non Léo. Ce n’est pas la peine. Il faut protéger ceux qui sont en danger. Et il faut surtout protéger leurs milieux de vie. »

Léo : « Il faut protéger les étangs et les marais. Pour les grébus, les grébous… »

Max : « Et Martin ! Il faut pas oublier Martin. »

Léo : « Et tous les zoisos aquatiques. »

Max : « Et les aigrettes garzettes ? Elles sont en danger les aigrettes garzettes ? »

Léo : « Tu en parles parce qu’il y en a encore une devant nous ? »

Max : « Ben oui. »

81 1 27 Aigrette garzette 81 1 29 Aigrette garzette

Le chevalier : « Elles sont très fréquentes. Elles ne sont pas en danger. »

Léo : « Si ! on préserve les zones humides ! Sans zone humide, pas d’Ardéidé ! »

Le chevalier : « C’est vrai mon petit Léo. »

Max : « Bon, bonome, c’est gentil de nous expliquer qu’il faut préserver l’environnement et tout ça. Mais on le sait déjà nous. On va où après ? »

Le chevalier : « On va manger 🙂 »

Max : « Il est déjà midi douze ! Tu vas encore manger une énoooorme galette de sarrasin et après tu vas dire ‘Oulala, j’ai trop mangé !‘ »

Le chevalier : « Et toi tu vas te gaver de chocolat et tu seras tellement lourd que ma poche va craquer 🙂 »

Max : « Tu vas nous donner du chocolat ? C’est vrai ? Rhooo, merci mon bonome 🙂 »

Léo : « Dites les estomacs, on est encore aux zoisos. Et il y a un pinson des arbres là devant ! »

81 1 31 Pinson des arbres

Max : « Un pinson des arbres ! Fringilla coelebs, Fringillidés. Mais… Il a pas la tête colorée ! Pourquoi ? »

Léo : « C’est parce que c’est une femelle Maxou. »

Max : « Mais c’est vrai ! C’est à cause du dimorphisme sexuel ! Oulala, c’est compliqué les zoisos. Le mâle est pas pareil que la femelle, les juvéniles sont pas comme les adultes… et ils changent de plumage au cours de l’année… Il faut tout connaître et il y a des dizaines et des dizaines d’espèces… Pfff… »

Le chevalier : « C’est pour cela qu’il y a des beaux livres Maxou. Seuls les spécialistes connaissent toutes les espèces. Et encore, j’en ai rencontré un, ornithologue de profession, qui reconnaissait avoir du mal à identifier les pouillots, même en ayant l’oiseau dans la main. »

Max : « Même les spécialistes ont du mal à identifier les pouillots ! Ça alors ! »

Le chevalier : « Et oui mon Maxou 🙂 Tu vois… »

Léo : « Et les accenteurs mouchets ? Tu les reconnais les accenteurs mouchets ? »

Le chevalier : « Quand ils sont à quelques mètres devant moi, oui 🙂 »

81 1 32 Accenteur mouchet 81 1 33 Accenteur mouchet 81 1 34 Accenteur mouchet

Max : « Bon, bonome, on est à notre monture. On peut aller manger maintenant. »

Léo : « Pas tout de suite ! Il y a encore un héron cendré. Allons le voir. »

81 1 35 Héron cendré 81 1 36 Héron cendré
81 1 37 Héron cendré 81 1 38 Héron cendré

Léo : « Zutalor ! Il s’est envolé ! »

Max : « Ben oui, c’est le moment de partir. Allez Léo, on se poche, et c’est parti pour la longue chevauchée. »

Plus tard, après le repas…

Max : « Bien mangé bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Et toi ? »

Max : « Oulala oui 🙂 Il était bon le chocolat 🙂 Dis, tu vas où ? »

81 1 39 Morgaot

Le chevalier : « J’ai cru voir des oiseaux sur l’estran… »

Léo : « Des zoisos ? On va voir alors ? »

Le chevalier : « Évidemment ! Je suis avec mes petizours naturalistes 🙂 »

Max : « Et dans naturaliste, il y a ornithologue 🙂 C’est qui les zoisos ? Tu arrives à voir ? »

Le chevalier : « Non, pas encore, il faut nous approcher encore un peu… »

Léo : « Dis chevalier, c’est pas la plage de Port Zic là-bas ? Je crois voir les grès armoricains et les grottes. »

Le chevalier : « Quelle vue mon Léo ! »

Max : « Un autre superzieux ! Vous êtes faits pour vous entendre tous les deux. »

Le chevalier : « Mais nous nous entendons très bien Max 🙂 »

Léo : « C’est là-bas qu’on a vu la discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. Et pas la dissonance des zèbres briochoriens 🙂 »

Max : « Oui ben j’ai dit une erreur… Ça peut arriver. Tu dis jamais des erreurs toi ? »

Léo : « Si. Un jour j’ai dit mouette qui rigole à la place de mouette rieuse. »

Max : « Et depuis, les mouettes rieuses on les appelle les mouettes qui rigolent 🙂 Elle était rigolote ton erreur 🙂 Bon, c’est qui les zoisos bonome ? »

Le chevalier : « Une belle surprise… Regarde Maxou, mais ne dis rien. Laisse Léo découvrir 🙂 »

Max : « J’ai vu, merci 🙂 A ton tour Léo. »

81 1 40 Sterne caugek 81 1 41 Sterne caugek

Léo : « Rholalaaaaa !!! Rhoooo la chance ! Rhoooo… »

Max : « Léo, peux-tu remettre ta mâchoire en place s’il te plaît. Elle traîne par terre 🙂 »

Léo : « Non, je peux pas… C’est une sterne caugek ! Tu te rends compte ! Une sterne caugek ! Rholala ! La chance ! »

Max : « Tu connais la sterne caugek ? »

Léo : « Ben oui ! Je l’ai vue dans ton beau livre de zoisos. Elle s’appelle Sterna sandvicensis et c’est un sternidé. Mais je croyais qu’elle migrait l’hiver. Je suis étonné de la voir même si c’est une bonne surprise 🙂 »

Le chevalier : « Moi aussi je suis étonné. »

Max : « Regardez ce qu’elle fait ! Elle s’étire les ailes ! »

81 1 42 Sterne caugek 81 1 43 Sterne caugek

Léo : « Mais… Chevalier, regarde à côté de la sterne caugek, le Laridé. Fotoe-le et montre s’il te plaît. »

81 1 44 Goéland cendré 81 1 45 Goéland cendré

Léo : « Rholala ! Mais c’est un goéland cendré ! »

Max : « Larus canus ? »

Léo : « Ben oui, Larus canus ! »

Max : « Ben ça alors ! Un sterne caugek et des goélands cendrés ! »

Léo : « La chance ! »

Max : « On en oublierait presque les huîtriers pies ! »

Léo : « Une sterne caugek et un goéland cendré sur la même foto ! Rholala ! »

Max : « Bonome, on pourra revenir à ces zoisos après ? J’ai vu un corvidé ! Qu’est ce qu’il fait là ? Il est en vacances à la plage ? »

81 1 46 Corneille noire 81 1 47 Corneille noire

Le chevalier : « C’est une corneille noire, Corvus corone. Elle a l’air de prélever des bivalves. Sûrement pour se nourrir… »

Max : « Un corneille noire à la plage ? C’est normal ça ? »

Le chevalier : « J’en vois régulièrement. Les Corvidés sont fréquents dans tous les milieux. La corneille noire doit trouver de quoi se nourrir. Si elle trouve un arbre dans lequel faire son nid, toutes les conditions sont réunies pour qu’elle niche ici. »

Max : « D’accord. Revenons aux huîtriers. »

81 1 48 Huitriers pies 81 1 49 Huitriers pies

Léo : « Je crois qu’ils dorment… Ils sont sur une patte, le bec sous l’aile. »

Max : « Bonome, pourquoi il y en a qui ont une demi collier blanc ? »

Le chevalier : « C’est, il me semble, leur plumage internuptial. »

Max : « Alors ceux qui en ont pas sont déjà en plumage nuptial ? »

Le chevalier : « Je crois bien… »

Léo : « Ils se sont réveillés et se sont mis en marche ! Ils vont vers la sterne caugek ! Regardez ! »

81 1 50 Le survol 81 1 51 Le survol
81 1 52 Le passage 81 1 53 Le passage

Max : « Elle s’est envolée pour les laisser passer. C’est une gentille sterne 🙂 »

Léo : « Mais il y a quand même un huîtrier qui lui a crié dessus ! »

Max : « Tu as fotoé ? On a des preuves que les huîtriers sont des ingrats ? On fera un rapport à Princesse. »

Le chevalier : « J’espère que Princesse a un serviteur qui a pour tâche de lire tous nos rapports… »

Max : « On en fait pas beaucoup bonome. Et il faut bien qu’on l’informe de ce qui se passe au Pays des Zoisos. Sinon, elle sert à quoi ta mission ? »

81 1 54 Goéland cendré 81 1 55 Goéland cendré

Léo : « Vous pourrez préciser qu’ils ne crient pas sur le goéland cendré… »

Max : « C’est vrai ça ! Ils font du favoritisme les huîtriers ! Ça va pas du tout ça ! »

Léo : « Ben voilà ! Vous leur avez fait peur avec vos histoires de rapports ! Ils se sont envolés ! On les verra plus 🙁 »

81 1 56 L'envol des huitriers 81 1 57 L'envol des huitriers

Max : « T’inquiète pas mon Léo. On en verra d’autres. Regarde, la sterne caugek est venue tout près 🙂 »

81 1 58 Sterne caugek 81 1 59 Sterne caugek

Léo : « Elle est rigolote avec son anneau de plumes noires hirsutes autour du crâne et sa calotte blanche. On dirait qu’elle souffre d’alopécie précoce. »

Max : « Elle est comme ça l’hiver. Elle a le front blanc. En habit nuptial, toute sa tête est noire et elle a une espèce de huppe ébouriffée. »

Léo : « J’aimerais bien la revoir en été… »

Max : « C’est possible. On en a vu au Royaume des Sternes de Mer, en Charentmaritimie. Bon, bonome, il faut aller… Euh… On va où déjà ? »

Le chevalier : « J’allais vous proposer la Pointe de Dinan. »

Max : « La Pointe du Kastell des korrigans ? On y va ! Allez, au galop même ! »

Continuer la promenade

80 – Les zoisos et la pluie

Jeudi 3 Mars, An III

Le chevalier : « Mes petizours… Maxou… Léo… Il est l’heure de vous réveiller. »

Max : « Mmmmmm… »

Léo : « ZZZZZzzzzzz… »

Le chevalier : « Allez… réveillez-vous ! »

Max : « Ondor… »

Léo : « ZZZZZzzzzz… »

Le chevalier : « Allez ! Debout ! »

Max : « Mééééé !!!! Ondorencoreu ! »

Le chevalier : « D’accord. Alors je vais aux oiseaux sans vous 🙂 »

Léo : « Zoiso ? Ouça le zoiso ? »

Le chevalier : « Là ! Il y a un zoiso 🙂 »

Léo : « Un zoiso ? Iléou ? C’est qui ce zoiso ? »

Le chevalier : « Ils sont à l’Aber ! Il y en a des tas ! »

Léo : « Rhoooo, c’est vrai, on va voir les zoisos de l’Aber ce matin ! Maxou, dépêche toi de te lever. Les zoisos nous attendent. »

Max : « Mmmmm… On s’est couchés tard. Je dors, moi. »

Léo : « Et ben dors ! Allez chevalier, on y va, nous 🙂 »

Max : « Hé ! Vous allez pas y aller sans moi quand même ! »

Léo : « Alors sors de ton lit ! Je suis prêt, moi ! »

Max : « Comment tu as fait ? Bonome, comment il a fait pour être déjà prêt ? »

Le chevalier : « Tu connais notre Léo, Maxou 🙂 Pour un zoiso il est capable de sauter dans son pantalon et d’enfiler son sacado en moins d’une seconde 🙂 »

Max : « Il est déjà prêt ! Oulala, je me dépêche alors. »

Léo : « Zutalor ! Il fait pas très beau. Tu crois qu’il va pleuvoir chevalier ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. Prenez vos imperméables. »

Max : « Pfff… J’ai les yeux pleins de sommeil, moi… »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. Il ne fallait pas te coucher si tard. »

Max : « C’est ta faute bonome ! Tu as mis des heures à nous raconter l’histoire de la Bretagne ! »

Léo : « Max ! Çavapalatête ! C’est nous qui lui avons demandé ! »

Max : « Oui mais il avait dit qu’on pourrait se lever tard, et là, il est même pas midi du matin 🙁 »

Le chevalier : « Midi du matin ?! Je ne connaissais pas cette expression 🙂 »

Léo : « Bon, Maxou, tu arrêtes de ronchonner, tu mets ton pantalon, ET TU TE DÉPÊCHES ! »

Max : « Rholala ! Cousin Léo me crie dessus ! Bonome, tu es témoin. Je me suis fait crier dessus dès le réveil ! »

Le chevalier : « Léo a battu ton record ! A ta place je m’activerais un peu. Léo est capable de te mordre pour que tu sortes enfin de ton lit 🙂 »

Léo : « Tiens, c’est une bonne idée ça 🙂 »

Max : « D’accord, voilà, je suis prêt… On peut y aller Léo. Pas mordre Léo, gentil, pas mordre 🙂 »

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonome, on va au four à chaux ? »

Le chevalier : « Oui, il y a sûrement de beaux oiseaux. »

Max : « Tu as pas l’air très enthousiaste. C’est parce que tu préfères la géologie, c’est ça ? »

Le chevalier : « C’est vrai que j’aime beaucoup la géologie. Il faut chercher, enquêter… on voit des tas de belles choses et il y a une histoire à retrouver 🙂 »

Léo : « Oh oui ! C’est bien la géologie. Mais moi, j’aime beaucoup les zoisos. »

Max : « On sait Léo 🙂 Et tous les zoisos, c’est ton préféré ! »

Léo : « Voilà ! Tu recommences à te moquer de moi ! »

Le chevalier : « Vous n’allez pas commencer à vous chamailler tous les deux ! Nous sommes arrivés ! »

Léo : « Je chamaille pas, moi. C’est Max qui se moque de moi ! »

Max : « Cafteur ! »

Le chevalier : « Mes petizours… Vous êtes fatigués je crois 🙂 »

Max : « Oui, on a pas assez dormi… »

Le chevalier : « Regardez quand même cet étang… »

80 01 Le four à chaux 80 02 Le four à chaux

Léo : « Il y a un grand cormoran là-bas 🙂 »

Max : « Le grand cormoran c’est Phalacrocorax carbo et c’est un Phalacrocoracidé. »

80 03 Grand cormoran 80 04 Grand cormoran

Léo : « Il a des tâches blanches en haut des pattes. C’est son plumage nuptial. »

Max : « C’est bizarre les zoisos. C’est en plumage nuptial un peu tout le temps. Là, c’est l’hiver. C’est pas maintenant qu’on se reproduit. »

Léo : « Chevalier, tu as déjà vu des petits de grands cormorans ? »

Le chevalier : « Jamais ! »

Léo : « Tu sais où ils se reproduisent ? »

Le chevalier : « Il me semble que les individus de la région ne migrent pas. Je dirais donc qu’ils se reproduisent ici. »

Léo : « Alors pourquoi on a jamais vu de petits ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. »

Max : « Il va falloir corriger ça bonome. »

Le chevalier : « J’y tacherai mon Maxou. »

Léo : « Oh ! Regardez l’aigrette garzette ! »

Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! »

80 05 Aigrette garzette 80 06 Aigrette garzette
80 07 Aigrette garzette 80 08 Aigrette garzette

Léo : « Rhoooo … »

Max : « Tu as assuré bonome ! Bravo ! »

Léo : « On dirait qu’elle a des chaussettes jaunes 🙂 »

Max : « Ben oui, c’est l’un des critères d’identification de l’aigrette garzette. »

Léo : « Je sais bien Maxou, mais je trouve ça rigolo quand même. »

Max : « Tiens, un héron cendré ! »

Léo : « C’est le quart d’heure des Ardéidés 🙂 »

Max : « On a pas donné les noms en scientifique. L’aigrette garzette c’est Egretta garzetta et le héron cendré c’est Ardea cinerea. »

80 09 Héron cendré

Léo : « C’est quand même pas la peine de venir en Bretagne pour voir un héron cendré et une aigrette garzette ! On peut avancer et essayer de voir d’autres zoisos… »

Max : « Là, il y a un merle noir, Turdus merula, Turdidés. Mais c’est pas ce genre de zoiso que tu veux voir je suppose 🙂 » 80 10 Merle noir

Léo : « Ben, il est très beau mais on le voit de notre cabane. Il y en a sur le gros tilleul en face de la chambre. Et il chante dès le matin. »

Max : « Le merle noir, c’est souvent le premier zoiso qui chante le matin. Et le soir, au coucher du soleil… Et il chante, et il chante… »

Léo : « Il est très beau son chant. Si tu veux, je peux l’imiter. »

Max : « Heu… Non non, te fatigue pas Léo. On a pas beaucoup dormi. Économise ton énergie. »

Léo : « Tu dis ça parce que tu veux pas que je sifflote. »

Max : « Je n’oserais pas mon cousin 🙂 Bonome, on peut se cacher là, pour observer les zoisos sans qu’ils nous voient ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Installez-vous. »

Max : « Tu vas fotoer ? »

Le chevalier : « Qu’est ce que tu veux que je fotoe ? »

Max : « Le grand cormoran qui fait sécher ses ailes ! Et les Laridés. Léo aime beaucoup les Laridés. »

80 11 Les petizours

Le chevalier : « D’accord… Voilà ! »

Léo : « Tu nous montres s’il te plaît ? »

80 12 Grand cormoran 80 13 Grand cormoran

Max : « Oulala, il y a des juvéniles ! Bonome, tu vas encore perdre des cheveux 🙂 »

Léo : « Déjà, on voit qu’il y a un goéland argenté (Larus argentatus, Laridés). Tu reconnais les autres, chevalier ? »

Le chevalier : « Essayons de trouver… »

Léo : « Alors ? Qu’est ce que tu penses ? »

Le chevalier : « … Argenté premier hiver pour celui de gauche, au premier plan… Je ne vois pas bien l’autre… Peut-être un goéland brun deuxième hiver… »

Max : « Ça suffit bonome, cherche pas plus, sinon tu auras plus du tout de cheveux 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu connais un spécialiste en zoisos tu as dit. On pourra aller le voir ? »

Le chevalier : « Si tu veux mon Léo. Mais il faudra attendre cet été. »

Léo : « Oui oui, on attendra. »

Max : « En attendant, on pourrait avancer un peu 🙂 »

80 14 Le marais

Léo : « Rhoooo… Il est beau ce marais. Il y avait des arbres avant… »

Max : « Avant quoi ? »

Léo : « Ben, avant qu’il fasse le petit barrage pour faire une zone inondée ! C’est beau les restes des arbres. »

Max : « Bonome ! A gauche ! Il y a un courlis cendré ! »

Le chevalier : « Fotoé ! »

80 15 Courlis cendré 80 16 Courlis cendré

Max : « Je me souviens jamais de son nom en scientifique 🙁 »

Léo : « Numenius arquata, Scolopacidées ! »

Max : « Il a vraiment un grand bec ce zoiso. Tu as pas dit que celui de la femelle était plus long que celui du mâle ? »

Le chevalier : « Si, je l’ai dit. »

Max : « Et là, c’est un mâle ou une femelle ? »

Le chevalier : « Plutôt un mâle… Je n’ai pas encore l’habitude des courlis cendrés. Il me faudrait un mâle et une femelle côte à côte… Max, tu ne m’écoutes plus ! »

Max : « Mmmm… Si si ! Le mâle du courlis cendré a l’habitude d’avoir des côtes… Merci bonome… »

Léo : « Je crois qu’il a vu un zoiso 🙂 C’est qui le zoiso que tu regardes comme ça Maxou ? C’est ton préféré ? »

Max : « C’est un chevalier ouaf-ouaf… »

Léo : « Ça existe même pas les chevaliers ouaf-ouaf 🙂 Ce sont des chevaliers aboyeurs (Tringa nebularia, Scolopacidés). »

Max : « C’est brindille qui les a appelés comme ça. A cause de Chien. »

Léo : « Chevalier, tu croies qu’elle aurait aimé la journée un peu dense d’hier brindille ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. Il faudra lui demander. »

Max : « Tu as fotoé le chevalier ouaf-ouaf ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Regarde… »

80 17 Chevalier aboyeur 80 18 Chevalier aboyeur
80 19 Chevalier aboyeur 80 20 Chevalier aboyeur

Max : « Chouette ! Tu l’as même tout zoomé avec l’autre appareil 🙂 Merci mon bonome. On l’avait jamais vu celui-là, avant de venir en Bretagne. »

Léo : « C’est vraiment bien la Bretagne. Il y a des beaux zoisos et on peut faire la géologie. »

Le chevalier : « Je suis content que ça vous plaise 🙂 »

Max : « Ben bonome, on est des petizours naturalistes nous, alors forcément ça nous plaît. T’es bête toi ! »

Le chevalier : « Merci, ça fait toujours plaisir 🙂 On avance ? »

Max : « Ah non ! Tu vas pas retourner sur ton chemin tout inondé ! Je suis pas d’accord ! »

Léo : « Max a raison, chevalier. On voit des zoisos ici. C’est pas la peine d’aller ploufer tes pieds. Allez viens, on va voir les Laridés. »

Le chevalier : « C’est une révolte de petizours ! Vous refusez de me suivre ! C’est bien la première fois… »

Max : « C’est parce que tu es pas raisonnable. »

Léo : « Ça vaut pas la peine d’aller là-bas. »

Max : « On veut pas que tu aies les pieds tout mouillés. »

Léo : « Parce qu’après, ils seront tout moisis 🙂 »

Max : « Et tu pourras plus nous emmener nulle part 🙂 »

Le chevalier : « D’accord, je comprends mieux maintenant. Un instant j’ai pensé que vous vous inquiétiez pour moi. Je me trompais : vous ne pensiez qu’à vos prochaines sorties. Je ne suis qu’un véhicule pour vous. »

Max : « Mais non bonome… »

Léo : « Tu es pas que ça… »

Max : « Tu connais des tas de choses que tu nous expliques… »

Léo : « Tu es bien plus pratique que tous les livres qu’on devrait porter si tu n’étais pas là 🙂 »

Le chevalier : « On est bien peu de choses 🙁 »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Câlin 🙂 »

Léo : « Oui, câlin 🙂 »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Max : « Bonome, tu es bien plus qu’un véhicule pour nous. »

Léo : « Et beaucoup plus que des livres… »

Max : « Tu es mon bonome 🙂 »

Léo : « Le plus grand chevalier de tous les chevaliers du monde 🙂 »

Le chevalier : « Je devrais prévoir plus souvent des journées assez denses 🙂 Bon, on va les voir ces Laridés ? »

Léo : « Ben oui alors ! »

80 21 Laridés 80 22 Laridés

Max : « Ce sont des goélands tout mélangés ! »

Léo : « Pas seulement ! Il y a une corneille noire et une mouette qui rigole. »

Max : « Et des juvéniles. »

Léo : « Je vois quatre espèces de Laridés. »

Max : « Des goélands argentés, des bruns et des marins et la mouette qui rigole. »

Léo : « Plus les jeunes ! »

Max : « Hé ! Regardez ! Il y a une salle de bain pour Laridés ! »

Léo : « C’est l’heure de la toilette ! »

Max : « Ben oui, les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

80 23 La toilette des Laridés 80 24 La toilette des Laridés

Le chevalier : « Max ! Léo ! Nous avons de la visite ! »

Max : « Ou ça ? »

Léo : « C’est qui ?

Le chevalier : « Là-bas, sur l’arbre mort. »

80 25 Martin

Max : « C’EST MARTIN ! MARTIN EST VENU NOUS VOIR ! »

Le chevalier : « Ne crie pas Maxou. »

Max : « Mais bonome, Martin est venu nous voir. C’est Martin de Bretagne ! »

Léo : « C’est votre ami Martin 🙂 »

Max : « Oui oui. Mais c’est ton ami aussi tu sais Léo. Oulala ! Merci d’être venu Martin ! »

Léo : « C’est un timide Martin de Bretagne. Il reste loin de nous. »

Max : « Ben c’est notre ami mais c’est quand même un zoiso sauvage. Il va pas venir se poser juste là et papoter. Les autres zoisos seraient jaloux. Mais il est venu… Zutalor ! Il s’est envolé ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il vole vite ! »

Max : « Oui, il est très rapide. Et il vole en ligne droite. Son surnom c’est la flèche bleue… Mais… Qu’est ce qu’il fait ? Fotoe bonome ! Vite ! Et rate pas s’il te plaît ! »

80 26 Martin 80 27 Martin
80 28 Martin 80 29 Martin

Léo : « Rholala ! Il fait du vol sur place ! »

Max : « C’est pour pêcher ! Il a repéré un poisson ! Il ploufe ! »

Léo : « Rholala ! Vous avez vu si il a attrapé son poisson ? »

Max : « Il a dû l’avoir. C’est un grand pêcheur Martin. Et si il l’avait raté il serait pas parti comme ça ! »

Léo : « Il est allé manger son poisson plus loin alors. »

Max : « On a pas pu lui dire au revoir 🙁 J’espère qu’il nous en voudra pas. »

Le chevalier : « Mais non Maxou. Il a bien entendu que tu l’avais remercié d’être venu nous voir. »

Max : « Bon, bonome, on a vu des beaux zoisos et Martin nous a rendu visite. On peut aller ailleurs maintenant. »

Léo : « On a encore le temps avant la marée basse ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « On peut aller à la Pointe de Raguenez ? Et peut-être sur l’Île Où On Va à Pieds d’Ici En Bretagne ? »

Le chevalier : « Maxou, es-tu d’accord ? »

Max : « Ben oui. Si on a le temps, allons-y. »

Léo : « On peut pocher pour y aller ? »

Le chevalier : « Bien sûr mes petizours. »

Max : « Et tu nous grattes le front ? »

Le chevalier : « Si vous voulez 🙂 Mais vous risquez de vous endormir. »

Max : « Pas grave. Tu nous réveilleras 🙂 »

80 30 Raguenez

Le chevalier : « Les zours ! Nous sommes à la Pointe de Raguenez ! Sortez vos truffes 🙂 »

Max : « Déjà ? On a même pas tout dormi 🙁 »

Léo : « Il y a des zoisos ? »

Le chevalier : « Ils vont venir 🙂 »

Léo : « Chevalier, si je me souviens bien, ici c’est les Grès de Kermeur du Caradoc. Et il y a des dolérites mais elles sont venues se glisser dans les grès après. Vers l’Ashgill. C’est ça ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « Et le magma il est remonté à cause d’une distension de la croûte terrestre. »

Léo : « Et un petit bras de mer épicontinentale a séparé Armorica du Gondwana. »

Le chevalier : « A l’Ordovicien supérieur, c’est l’océan centralien qui se forme. »

Léo : « Ah oui ! C’est vrai. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Le volcan, il va pas se réveiller, dis ? »

Le chevalier : « Non mon Maxou. Et si une nouvelle distension commence, les géologues nous préviendront 🙂 »

Max : « On risque rien alors ? »

Le chevalier : « Non, pourquoi as-tu peur ? »

Max : « Ben, c’est parce que si le volcan explose, c’est pas notre casque qui nous protégera… »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 Mais pourquoi as-tu peur aujourd’hui ? »

Max : « C’est parce que j’ai rêvé d’éruptions volcaniques. Ça explosait de partout et j’avais très peur. C’est le vent qui est venu me chercher et il m’a déposé beaucoup plus loin. Mais tu étais pas là et je pleurais 🙁 »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. Viens contre moi. Le vent est là mon petitours, et moi aussi. »

Léo : « Moi aussi je suis là Maxou. »

Max : « Ça va pas exploser ? Tu promets ? »

Le chevalier : « Promis 🙂 Ça va mieux. Tu n’as plus peur ? »

Max : « Non, ça devrait aller. On peut aller aux zoisos. »

Léo : « Ça tombe bien, il y a un goéland argenté qui nous observe depuis tout à l’heure. »

80 31 Goéland argenté 80 32 Goéland argenté

Max : « C’est pas nous qui allons aux zoisos, c’est le zoiso qui va aux petizours 🙂 »

Léo : « Il nous a peut être fotoés et il va faire un blog 🙂 »

Max : « Je serai curieux de voir ce qu’il écrirait si il faisait un blog : ‘Vous voyez là des petizours. Leur nom en scientifique est Petitursus sp., Petitursidés. Ce sont des Peluchiformes. Ils sont toujours accompagnés d’un grand chevalier non Scolopacidé. Les Petitursidés sont chocolatophages. Et d’ailleurs ça fait quelques jours qu’ils n’ont rien mangé du tout.‘ »

Le chevalier : « Max… Aurais-tu envie de chocolat ? »

Max : « Moi ? Nooon oulala ! Qu’est ce qui te fait penser ça ? Mais maintenant que tu en parles… Tu as du chocolat ? »

Le chevalier : « Pas sur moi 🙂 Je vous en donnerai à la cabane. »

Léo : « Je m’en fiche du chocolat. Il y a que Maxou qui y pense… Regardez le grand cormoran qui passe… »

Max : « Il a l’air tout petit par rapport aux vagues et à la mer. C’est pas comme au dessus des étangs de chez nous. »

80 33 Grand cormoran

Léo : « Il pèse combien le grand cormoran ? Et sa taille ? Il mesure combien ? »

Max : « Tu veux savoir combien il chausse aussi ? »

Léo : « Comme ça on lui offrira des palmes 🙂 »

Max : « Il lui faudrait plutôt des glandes uropygiennes 🙂 »

Léo : « Il doit regretter d’avoir chahuté au fond de la classe. »

Max : « Bonome, il faut raconter l’histoire des cormorans aux élèves de la schola. Comme ça ils comprendront qu’il faut être sage sinon on risque de le regretter plus tard. »

Le chevalier : « Maxou tu es maître-assistant. C’est toi qui leur raconteras. »

Max : « D’accord 🙂 Ce sera ma leçon inaugurale. »

Léo : « C’est bien beau tout ça mais tu m’as pas répondu chevalier. »

Le chevalier : « Il mesure 100 cm pour une envergure de 130 à 160 cm. Il pèse en moyenne 2 à 2,5 kg. Et il peut vivre une vingtaine d’années. »

Max : « Et sa pointure ? »

Le chevalier : « Il chausse du 10 🙂 »

Léo : « Et le goéland marin ? »

Max : « Comme celui qui passe au-dessus de nous ? »

Léo : « Oui 🙂 »

80 34 Goéland marin 80 35 Goéland marin

Le chevalier : « 80 cm de la pointe du bec à l’extrémité de la queue. Et son envergure est de près de 160 cm. »

Max : « 160 cm ! Mais c’est presque comme le grand cormoran ! »

Léo : « Rholala ! C’est vraiment un grand Laridé ! Pour comparer, tu peux dire la mouette qui rigole s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je termine avec le goéland marin. Il pèse entre 1,2 et 2,2 kg et peut vivre 20 ans lui aussi. »

Max : « Et la mouette qui rigole ? »

Le chevalier : « 43 cm, envergure 100 cm, 225 à 350 grammes. Longévité : 32 ans. »

Max : « 32 ans ! Oulala ! C’est le zoiso qu’on connaît qui peut vivre le plus longtemps ! »

Léo : « Mais elle pèse rien du tout ! En gros 300 grammes… Presque 2 kg de moins que le goéland marin ! »

Le chevalier : « Et oui ! Dites vous que nos mésanges ne pèsent qu’une quinzaine de grammes ! »

Max : « Et nous ? On pèse combien ? »

Le chevalier : « A jeun, à peine plus qu’une mésange. Après une orgie de chocolat, à peu près comme un goéland marin 🙂 »

Max : « Pfff… Je suis même pas gros 🙁 »

Max : « Bonome, pourquoi tu t’approches du Petit Fleuve d’Ici ? Tu vas pas le retraverser quand même ! »

Le chevalier : « Non, je voulais juste faire une photo 🙂 »

80 36 L'aber

Léo : « Tu as eu raison. C’est très beau 🙂 »

Max : « Toi, tu dis toujours que c’est très beau. Rhooo c’est beau, Rholala c’est beau… »

Léo : « Et alors ! J’y peux rien si j’ai plein de beauté dans les yeux. Et puis, je te rappelle, qu’avant, j’étais porte-clé d’une armoire de chambre. Et c’était pas pareil 🙂 Maintenant je profite de la nature et je la trouve très belle. Et le chevalier est très gentil avec moi. Il nous apprend des tas de choses, très patiemment. Et toi aussi tu es très gentil avec moi. Quand tu te moques pas 🙂 Alors oui, Rhoooo c’est beau, Rholala et tout ça. »

Max : « C’est pour rigoler. »

Léo : « Qu’est ce qui est pour rigoler ? »

Max : « Quand je me moque de toi. C’est pour rigoler. »

Léo : « Je sais bien mais des fois c’est trop quand même. »

Max : « D’accord cousin Léo. Bonome, qu’est ce que tu regardes comme ça ? »

Léo : « Le tournepierre à collier. »

Max : « Arenaria interpres, Scolopacidés ? »

80 37 Tournepierre à collier 80 38 Tournepierre à collier

Max : « On le voit à peine dans sur les algues. On peut s’approcher un peu ? Dis lui qu’on veut pas l’embêter. On veut juste le fotoer. Tu peux lui dire en zoiso s’il te plaît. »

Le chevalier : « Il t’a entendu Maxou. Approchons-nous. »

80 39 Tournepierre à collier 80 40 Tournepierre à collier

Max : « Il est pas en plumage nuptial, lui. »

Léo : « C’est normal, on est en hiver. »

Max : « Léo, mon Léo, mon petit Léo, je te rappelle que le grand cormoran était en plumage nuptial, lui. Et on a déjà vu des mouettes qui rigolent avec leur tête brun-chocolat. »

Léo : « Chevalier, on voit pas beaucoup des zoisos. Qu’est ce qu’on fait ? On va ailleurs ? »

Max : « Avant, on fait une pause. Je voudrais m’asseoir encore sur les roches volcaniques du volcan qui explosait tout le temps. »

Le chevalier : « Tu n’as plus peur ? »

Max : « Non 🙂 Les géologues nous préviendraient si il y avait un risque 🙂 »

80 41 Raguenez 80 42 Les petizours

Léo : « Bon, on va où maintenant ? »

Le chevalier : « Nous retournons à Fort Lonnec. »

Max : « Ah oui ! Tu l’avais dit hier. Tu voulais trouver quelque chose qu’on avait pas vu. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Tante Yvonne 🙂 »

Max : « Ta tata ? Il y a ta tata sur l’estran de Fort Lonnec ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas ma tata 🙂 C’est Tante Yvonne. »

Max : « Ben ta tante, c’est ta tata. »

Léo : « Maxou, je crois que c’est pas une tante comme on le pense. C’est encore une histoire étrange. »

Max : « Une histoire bizarre plutôt. Bon, on y va. Je suis pressé de rencontrer Tante Yvonne. »

Le chevalier : « Vous savez, je ne suis pas sûr de la voir. Nous aurions dû la rencontrer quand nous sommes venus. »

Max : « Elle était peut-être partie faire une course. Bon allez, on y va maintenant. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Pochez-vous et faites une courte sieste le temps de la chevauchée. »

Max : « On y va bonome 🙂 A tout à l’heure 🙂 »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Mes petizours ! Nous sommes à Fort Lonnec ! La sieste est terminée ! »

Max : « Pfff… »

Léo : « Mmmmmm… Oh ! Il y a un goéland immature ! »

Max : « Oh non ! Bonome va encore perdre des cheveux 🙁 »

80 43 Goéland juvénile 80 44 Goéland juvénile

Léo : « Chevalier, c’est pas grave si tu trouves pas. Mais on va essayer quand même. Maxou, sors ton beau livre de zoisos s’il te plaît. Tu l’as pris j’espère ! »

Max : « Oui oui. Je l’ai mis dans le sacado de bonome. Mais tu m’aides à le sortir. Il est trop lourd pour moi. »

Le chevalier : « Laissez moi faire. Je ne voudrais pas que vous vous fassiez crabouiller par un beau livre. »

Max : « Merci bonome. Bon, ouvre-le à la page des Laridés. »

Léo : « Va directement au goéland argenté… Merci chevalier… Alors… Oui c’est ça. Je dirais goéland argenté premier hiver. »

Le chevalier : « Tu m’as l’air bien sûr de toi mon Léo. »

Léo : « Non, pas du tout 🙂 Mais j’hypothèse rapidement avant que tu te grattes le front et que tu t’arraches les cheveux 🙂 »

Max : « Bonome, tu feras quoi quand tu auras plus de cheveux sur le dessus du crâne ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou 🙂 Pourquoi me poses-tu cette question ? »

Max : « Parce qu’il y a un autre goéland immature là-bas 🙂 »

Léo : « On s’en fiche de savoir ce que c’est. On dit que c’est un beau zoiso rholala et c’est tout. De toutes façons il s’est envolé. »

80 45 Goéland juvénile 80 46 Goéland juvénile

Max : « Et les huîtriers-pies, tu connais les huîtriers-pies. Tu perds pas tes cheveux avec eux. »

Le chevalier : « Non, je ne perds pas mes cheveux 🙂 »

80 47 Huitriers pies

Léo : « Ils mangent des moules ? »

Le chevalier : « C’est possible. Leur bec est assez fort pour casser leur coquille… »

Max : « Tante Yvonne c’est pas un zoiso. Allez bonome, il faut la trouver. »

Le chevalier : « Alors nous devons remonter plus haut sur l’estran, aux pieds de la falaise. »

Max : « C’est pas prudent, ça. »

Léo : « Maxou… On va pouvoir fossiler là-bas 🙂 »

Max : « D’accord ! On y va ! »

80 48 Fossiles bizarres

Léo : « Regarde chevalier ! C’est les terriers horizontaux. Comment tu les appelles déjà ? »

Le chevalier : « Planolites. »

Léo : « Ah oui, c’est ça. Planolites. »

Max : « Et ça ? On a jamais vu ça ? C’est quoi ? »

80 49 Trilobites

Le chevalier : « Des coupes transversales dans la carapace dorsale de trilobites. »

Max : « Ça ? C’est des trilobites ? »

Léo : « Des coupes transversales dans leur carapace dorsale, Max. C’est juste une tranche de carapace. »

Max : « Des tranches de carapace 🙂 J’aime bien l’expression 🙂 Mais on a toujours pas vu Tante Yvonne 🙁 »

Léo : « Non, mais là, il y a un moulage externe d’un pygidium de trilobite. Viens voir Maxou. »

80 50 Trilobite 80 51 Trilobite

Max : « Rholala ! Ça c’est un beau pygidium 🙂 Bonome, on aurait dû prendre de la pâte à modeler pour faire des moulages des moulages externes. »

Léo : « Si je dis pas des erreurs, ça aurait donné la forme originelle. »

Max : « Un pygidium de trilobite en pâte à modeler. Bonome il va falloir se procurer de la pâte à modeler. »

Le chevalier : « D’accord. Tu la porteras dans ton beau sacado. »

Max : « Ça, ça veut dire que tu es pas super enthousiaste. »

Le chevalier : « Max, tu l’oublieras ou alors tu oublieras que tu l’as prise. Et comment conserverais-tu le moulage du moulage ? Par principe, la pâte à modeler est molle et ton beau moulage ne résisterait pas à la chevauchée. »

Max : « C’est vrai bonome. Encore une fois, tu as raison. »

Le chevalier : « Mais c’est quand même une bonne idée 🙂 »

Max : « 🙂 Ben oui, je sais. »

Léo : « Dites les patamodelistes, au lieu de papoter, venez voir ce que j’ai trouvé. »

Max : « On dirait une valve de bivalve. »

Léo : « Et il y a comme des petites dents sur le bord de la coquille. »

80 52 Bivalve

Le chevalier : « Les scientifiques disent effectivement que ce sont des dents. Mais pas des dents pour manger. Elles servent de charnière. Le nombre, la disposition et la forme des dents servent à la classification des Bivalves. Il me semble que de nombreuses petites dents caractérisent le groupes des taxodontes. »

Max : « Tu m’avais jamais parlé des dents des Bivalves… »

Le chevalier : « Je ne peux pas te parler de tout mon petitours… J’explique ce que nous voyons. »

Léo : « Chevalier, tu connais l’espèce ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Mais ce fossile me fait penser à une espèce actuelle qui n’existait pas à l’époque. »

Léo : « Quelle espèce ? »

Le chevalier : « Le glyciméris. »

Max : « Tu as une foto ? Pour qu’on comprenne mieux. »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

62689_glycymeris-concentrica

Léo : « Dites, on trouve pas Tante Yvonne. Elle est partie ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Elle était là l’an dernier. Je regrette de ne pas l’avoir fotoée. »

Max : « Tu as pas fotoé Tante Yvonne ? Çavapalatête ! Comment on va faire maintenant ? »

Le chevalier : « Vous allez vous asseoir et le vent va vous raconter l’histoire de Tante Yvonne. »

Léo : « Oh oui ! J’aime bien quand le vent nous raconte des histoires. »

Max : « Moi aussi, mais on a pas le droit de les répéter. Comment je vais faire pour graver mon blog ? »

Le chevalier : « Il y a une page sur Internet qui en parle. Je vais lui emprunter une foto et tu mettras le lien. »

Max : « Bonne idée 🙂 »

Le chevalier : « Installez-vous et écoutez. »

80 53 Les petizours DSCN6728v

L’histoire de Tante Yvonne

Princesse, le monsieur qui a raconté l’histoire de Tante Yvonne a fait un très beau travail. Mais il dit une erreur. C’est pas la faute du vent si le bateau a dérivé. C’était l’hiver et le vent soufflait fort. Il faisait bien son travail de vent. Si le bateau a dérivé c’est parce que les zoms l’avaient pas bien arrimé. Il a rien fait de mal le vent. C’est pas de sa faute. Il faut pas lui en vouloir. Il était désolé que le bateau vienne se fracasser contre la falaise de Fort Lonnec. Il aurait arrêté de souffler si il y avait eu des marins à bord. Mais là, le bateau était vide. Alors il a continué à faire sa mission. Tante Yvonne, la vraie, c’était une grande dame. C’est bien dommage que personne la connaisse. Elle a pas fait des grandes choses qui rentrent dans la grande histoire. Elle a été courageuse et intègre. C’est tout. J’aurais bien aimé la connaître et qu’elle soit ma tata à moi. Bonome dit que si je pense à elle souvent, elle sera ma tata pour toujours. Et quand il dit ça, il a les larmes aux yeux. Pourtant il l’a jamais rencontrée, Tante Yvonne. Il a juste vu un bloc moteur sur un estran et il a fait des recherches. Le bloc moteur est plus là. Il a dû être enlevé parce que des zoms trouvaient que ça faisait pas beau dans le paysage. Personne va jamais là-bas. Et puis ça entretenait la mémoire de Tante Yvonne. J’espère qu’elle sera jamais oubliée cette grande dame.

Léo : « Il est gentil le vent, de nous raconter de belles histoires. »

Le chevalier : « C’est parce que vous prenez le temps de l’écouter. »

Max : « C’est toi qui nous as appris. Moi, au début, j’aimais pas quand il y avait du vent. Et tu m’as expliqué. Et puis un jour que j’étais triste, il m’a caressé la joue et ça m’a fait du bien. Et toi, tu lui as souri, un jour, pas loin d’ici, parce qu’il t’embêtait. »

Le chevalier : « Tu te souviens de cette histoire ? »

Max : « Ben oui. J’aime bien la relire de temps en temps. Je te reconnais bien dans cette histoire. Maintenant, je connais la grand plage de Pen Hat et j’ai vu le Kastell. De loin, mais je sais que tu vas nous y emmener. Tu m’avais jamais parlé des korrigans. »

Le chevalier : « Non, c’est vrai 🙂 J’attendais d’être sur leur territoire. »

Max : « Tu as eu raison. Encore une fois 🙂 »

Léo : « Ben oui, les korrigans, on en parle aux Pays des Korrigans. Pas dans notre cabane. »

Max : « Mais maintenant qu’on les connaît, tu voudras bien nous raconter leurs aventures le soir, pour nous endormir ? »

Léo : « Oh oui ! Les aventures des korrigans ! »

Le chevalier : « Vous leur demanderez demain s’ils sont d’accord car, effectivement, je comptais vous emmener au Kastell. »

Léo : « Ils ont été incapables de résister à la tentation de venir observer le grand chevalier avec ses deux petizours… »

Max : « Alors ils voudront bien que tu nous racontes leurs aventures. »

Léo : « Et tu es un peu l’un des leurs… »

Max : « Tes oreilles t’ont trahi 🙂 »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Mais pour le moment pochez-vous. Nous allons chevaucher jusqu’à la dernière étape de la journée. »

Léo : « Tu nous emmènes où ? »

Le chevalier : « A la pointe de Lostmarc’h, observer des roches volcaniques. »

Max : « Bonome, je n’ai rien contre cette idée. J’aime bien la géologie et j’aimerais bien voir les traces de volcanisme des temps anciens. Mais le temps se dégrade. Il tombe quelques gouttes et je pense que ça va être de pire en pire. »

Le chevalier : « Allons-y et nous verrons bien 🙂 »

Max : « D’accord. A tout à l’heure 🙂 »

Plus tard…

Max : « Bonome, pourquoi tu t’arrêtes là ? »

Le chevalier : « Pour aller à la Pointe de Lostmarc’h Maxou. »

Max : « Tu es sûr que c’est là ? Parce qu’on voit même pas la mer 🙁 »

Le chevalier : « Elle est un peu plus loin Max, quelques centaines de mètres tout au plus. »

Max : « Et tu vas encore marcher sur un chemin inondé. Et il pleut. Tu es certain d’avoir envie d’y aller ? »

Le chevalier : « Il ne tombe que quelques gouttes… »

Léo : « On a nos imperméables mais je crois que c’est quand même pas une bonne idée. »

Le chevalier : « Et bien moi, j’ai envie d’aller voir. »

Max : « D’accord, on y va… »

Léo : « On a pas le choix… »

Max : « Bonome, il pleut et tu fais rien qu’à ploufer tes pieds… »

Léo : « Ils vont être tout moisis. »

Le chevalier : « Et je ne pourrai plus vous emmener aux zoisos 🙂 Nous arrivons… »

Max : « Bonome, le vent souffle très fort. »

Léo : « Et il pleut de plus en plus. »

Max : « Le vent veut pas qu’on y aille… »

Le chevalier : « Je crois que vous avez raison… Asseyez-vous un instant sur ce gros rocher. »

80 54 Les petizours 80 55 Les petizours
80 56 Les petizours

Max : « Bonome, je veux rentrer, moi. Il pleut trop. »

Léo : « C’est pas rigolo. On voit rien du tout et on va être tout mouillés. »

Max : « Et on va attraper la maladie. »

Le chevalier : « D’accord, nous rentrons… »

Max : « Bonome, on est à notre monture. Pourquoi tu t’arrêtes ? »

Le chevalier : « J’ai vu un oiseau. »

Léo : « Un zoiso ? C’est qui ? Il est où ? »

Le chevalier : « Là, devant vous… »

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80 59 Accenteur mouchet 80 60 Accenteur mouchet

Max : « Pauvre zoiso ! Il est tout mouillé lui aussi 🙁 Bonome, il faut distribuer des imperméables aux zoisos. Ils peuvent pas rester comme ça. »

Le chevalier : « J’en parlerai à Princesse… »

Léo : « C’est un accenteur mouchet. »

Max : « Prunella modularis, Prunellidés ? »

Léo : « Oui Maxou, Prunella modularis, Prunellidés. »

Max : « Il est tout mouillé. »

Léo : « Nous aussi, malgré nos imperméables. »

Le chevalier : « Je sais. Allez, cette fois nous rentrons. »

De retour à la cabane…

Max : « Bonome, on peut aller nous coucher ? »

Le chevalier : « Déjà ? »

Max : « Oui, c’est à cause de la journée assez dense d’hier 🙂 »

Léo : « Et on s’est couchés tard parce qu’on t’a demandé de raconter l’histoire de la Bretagne. »

Le chevalier : « Allez-y. Je vous rejoins. »

Quand il nous a rejoints, on dormait déjà. Mais il nous a quand même fait nos bisous de bonnuit et il nous a gratté le front. Voilà Princesse. C’est une petite journée avec de la pluie. Mais c’était bien quand même. Et puis, maintenant, j’ai une tata, moi 🙂

Je t’embrasse Princesse et ne t’inquiète pas, on va bien.

Continuer la promenade

79.4 – Histoire de la Bretagne

De retour à la cabane les petizours sont allés dans leur chambre pour se coucher. Quelques instants plus tard le chevalier les y rejoint…

Le chevalier : « Vous ne dormez pas ? Je pensais que cette journée assez dense vous aurait épuisés 🙂 La promenade vous a plu ? »

Max : « Oulala oui ! »

Léo : « Rhooo oui ! C’était bien ! Rholala ! »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas fatigués ? »

Max : « Si, bien sûr. Mais on arrive pas à dormir. On est tout énervés à cause de tout ce qu’on a vu aujourd’hui. On essayait de tout remettre en place. »

Léo : « Ben oui, parce qu’on a marché 300 millions d’années aujourd’hui:) »

Max : « Toi tu connais tout alors c’est facile. Mais nous on a un peu de mal à tout comprendre. »

Léo : « On aimerait bien que tu nous racontes l’histoire de la Bretagne. »

Max : « Avec des tas d’explications, des cartes et des documents bizarres… »

Le chevalier : « Maintenant ? A cette heure tardive ? »

Max : « Ben, on arrive pas à dormir alors autant en profiter. »

Léo : « Sauf si tu es trop fatigué… »

Le chevalier : « 🙂 Quelque chose me dit que vous ne me laisserez pas me coucher sans une belle histoire… »

Max : « Tu nous racontes alors ? »

Léo : « Tu veux bien ? »

Le chevalier : « J’accepte le défi. Mais ça ne va pas être facile. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Pourquoi ? Mes petizours, nous avons exploré un petite partie de la Péninsule de Kraozon et vous me demandez l’histoire de la Bretagne ! »

Max : « Et alors ? Il est où le problème ? C’est la Bretagne Kraozon, non ? »

Le chevalier : « Un tout petit morceau de Bretagne. Et, pour un géologue, la Bretagne est elle-même un morceau d’un ensemble plus vaste appelé le Massif Armoricain. »

Léo : « C’est quoi le Massif Armoricain ? »

Le chevalier : « Un petite partie de la chaîne hercynienne méridionale… »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu vas y arriver 🙂 »

Le chevalier : « C’est gentil Maxou 🙂 Mais je me demande quand même si tu ne me surestimes pas un peu… »

Max : « Mais non ! »

Le chevalier : « 🙂 Regardons d’abord une carte géologique de la France. »

79.4 01 Carte géologique de la France

Léo : « Vraiment, moi j’aime beaucoup les cartes géologiques. J’en tapisserais bien les murs de ta cabane chevalier. »

Le chevalier : « J’en ai déjà affiché 🙂 »

Max : « Pourquoi nous montres-tu cette carte ? On étudie Kraozon nous, pas toute la France. »

Le chevalier : « Je sais Max. C’est peut-être pour t’exprimer mon désarroi. »

Max : « Pourquoi tu désarroises ? »

Le chevalier : « Parce que je dois raconter l’histoire de la Bretagne à partir de 3 km de côtes explorées à Kraozon… »

Max : « Pfff… Tu vas nous faire ça aux petits oignons 🙂 »

Le chevalier : « Aux petits oignons ? »

Max : « Oui, aux petits oignons 🙂 »

Le chevalier : « Tu sais que la cuisine n’est pas ma spécialité Maxou 🙂 »

Léo : « Hé ! Ho ! Il y a la carte géologique de la France là ! Je veux des explications moi ! »

Le chevalier : « Elles arrivent Léo 🙂 Voyez-vous les zones à dominantes rouges ? »

Max : « Ben oui ! »

Le chevalier : « C’est la chaîne hercynienne. Ou plutôt les chaînes hercyniennes. Elles se sont mises en place aux cours du Paléozoïque. »

Max : « Pourquoi tu dis LES chaînes ? »

Le chevalier : « Parce qu’il y en a deux. La chaîne septentrionale et la chaîne méridionale. La première comprend les Ardennes. La seconde comporte le Massif Armoricain, le Massif Central, les Vosges, les Pyrénées, la Montagne Noire… »

Léo : « Si je me souviens bien ce que tu nous expliqué, quand il y a une chaîne de montagnes c’est qu’il y avait un océan. Donc, il y a eu deux océans. »

Le chevalier : « Oui. L’Océan Centralien et l’Océan Rhéique. »

Max : « Et on les voit à Kraozon ? »

Le chevalier : « On en devine un… »

Léo : « Chevalier, de part et d’autre d’un océan il y a des continents. Ici, il y a deux océans. Alors il doit y avoir trois continents. Tu peux nous les présenter ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Au sud du Massif Armoricain, du Massif Central et des Vosges, il y a un vaste continent appelé Gondwana. Au sud des Ardennes, il y a Armorica et, au nord, c’est Avalonia. »

Max : « Armorica c’est la Bretagne ? »

Le chevalier : « Et le socle du Bassin Parisien… »

Max : « D’accord. On revient à la Bretagne s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Au Massif Armoricain. Regardez une carte… »

79.4 02 Carte du Massif Armoricain

Max : « Il déborde de la Bretagne le Massif Armoricain. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Il faut ajouter le Cotentin, le Bocage Normand, l’Anjou et la Vendée. »

Max : « Et Kraozon c’est tout au bout 🙂 »

Le chevalier : « Regardons un peu l’organisation de ce massif. Peut-être voyez-vous les deux ensemble de failles. »

Max : « Ce sont les traits noirs ? »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Il y en qui vont du Bocage Normand à Brest. »

Le chevalier : « C’est la zone broyée nord armoricaine. »

Max : « Et il y en a d’autres de la Vendée à la Pointe du Raz. »

Le chevalier : « C’est la zone broyée sud armoricaine. Ces zones broyées coupent le Massif Armoricain en trois ensembles : le domaine nord-armoricain, le domaine médio-armoricain et le domaine sud-armoricain. Pour simplifier on peut regrouper les deux premiers en un seul domaine : le domaine nord et médio armoricain. C’est à ce domaine qu’appartient Kraozon. »

Léo : « D’après la légende le sud et le reste sont pas tout à fait pareils. »

Le chevalier : « Bien vu mon Léo. Le nord et médio est formé d’un socle briovérien et d’une couverture sédimentaire. Le briovérien est d’une couleur indéterminée 🙂 C’est tout en bas des roches sédimentaires dans la légende. Au sud, il s’agit d’un édifice de nappes. Mais je ne vais pas m’étendre sur le sujet. »

Max : « Vu ta tête tu t’étendrais plutôt sur ton lit 🙂 »

Léo : « Non non non ! Tu racontes l’histoire ! Tu dormiras plus tard ! »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas trop fatigués ? »

Max : « On s’en fiche. On dormira demain… »

Léo : « Et puis tu vas pas t’arrêter maintenant quand même ! »

Max : « Et pourquoi tu veux pas t’étendre sur le domaine sud-armoricain ? »

Le chevalier : « Pas envie d’expliquer ce qu’est un édifice de nappes… C’est un peu trop complexe. Et puis il faut savoir que cet édifice n’est pas à sa place. La zone broyée sud armoricaine a décalé les deux domaines de plus de 200 km. »

Max : « DEUX CENT KILOMÈTRES ! LES DEUX MORCEAUX DE FRANCE SE SONT DÉCALÉS DE 200 Km !!! »

Le chevalier : « Oui 🙂 alors forcément ça complique tout. »

Léo : « Oulala… Oulala… Oulaaaaalaaaaa… »

Le chevalier : « Pauvre Léo 🙂 Je résume. Nous sommes en présence de deux ensembles séparés par de gigantesques failles. La péninsule de Kraozon appartient au domaine nord et médio armoricain. On y trouve un socle briovérien et une couverture sédimentaire paléozoïque. Avez-vous des questions ? »

Max : « Euh… Non, pas là. Et toi Léo ? »

Léo : « Pas de questions… J’attends la suite… »

Le chevalier : « Bien, alors maintenant que j’ai présenté la structure actuelle de la chaîne, je vais pouvoir passer à son histoire. Je vous présenterai donc les roches sédimentaires qui se sont déposées sur le socle briovérien puis nous étudierons les roches magmatiques. Ensuite, nous pourrons proposer un modèle d’évolution de la chaîne au cours du Paléozoïque. »

Max : « Tu as pas annoncé de présentation de l’histoire de la chaîne cadomienne. Tu veux pas le faire ? »

Le chevalier : « Non Maxou. C’est trop compliqué pour moi. »

Max : « Trop compliqué pour toi ? Il y a des choses trop compliquées pour toi ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Mais tu as pas vu sa formation à la chaîne cadomienne ? »

Le chevalier : « Non, je n’étais pas né ! »

Max : « Alors ça nous renseigne sur ton âge. Tu es venu au monde au début du Paléozoïque… Peut être à la toute fin du Protérozoïque. Ça te fait donc entre 650 et 500 millions d’années 🙂 Tu es plutôt en forme pour un si vieux bonome. »

Le chevalier : « Merci mon petitours. Le compliment me touche. »

Max : « Quand on peut faire plaisir… »

Léo : « On revient à l’histoire de la chaîne s’il vous plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. Commençons par le Cambrien. »

Max : « Bonome, il y a pas de roches qui datent du Cambrien en Kraozon. »

Le chevalier : « Non, mais il y en a au nord du Massif Armoricain. J’ai pu en observer dans l’Orne. Ou le Calvados, je ne me souviens plus… Ce sont des poudingues. »

Max : « Des poudingues ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Le continent était émergé et les produits de l’érosion de la chaîne cadomienne s’étaient accumulés. Quand la mer est venue, sa profondeur était assez faible. Les galets ont été roulés par les marées, les vagues, les tempêtes. Ils ont été usés et on pris une forme arrondie. Ils se sont ensuite déposés dans un ciment argileux. La roche qu’il ont ainsi formée est un poudingue. Les poudingues montrent toujours le début d’une transgression marine. Par endroits, des calcaires succèdent à ces poudingues. L’épaisseur des dépôts est très importante ce qui laisse penser que le fond de la mer s’est enfoncé. A la fin du Cambrien la mer se retire et la sédimentation s’arrête. »

Max : « Après c’est l’Ordovicien et les grès armoricains. »

Léo : « Maxou, tu oublies les schistes pourprés qu’on a vus au Cap de la Chèvre. »

Max : « C’est vrai ! »

Le chevalier : « Ils correspondent à des dépôts fluviatiles puis deltaïques. »

Léo : « C’est quoi deltaïque ? »

Le chevalier : « Un delta est un cas particulier d’embouchure de fleuve. Il se forme lorsque le fleuve apporte beaucoup de sédiments. Ceux-ci se déposent et forment des amas de dépôts qui conduisent le fleuve à changer de cours. Ici la situation était d’autant plus compliquée que le delta comportait une partie fluviatile et une partie marine. »

Léo : « Alors un delta c’est la fin d’un fleuve avec des tas de petits bouts de fleuve un peu partout qui changent tout le temps d’endroits parce que les sédiments bouchent le passage de l’eau et elle doit passer à côté. »

Le chevalier : « C’est ça mon Léo. Puis, petit à petit la mer est venue recouvrir la région et les sables de l’Arénig sont venus se déposer. »

Max : « La mer est arrivée ! »

Léo : « Mais pourquoi la mer arrive et pourquoi il y a eu des centaines de mètres de dépôt ? »

Le chevalier : « Parce qu’une distension crustale a commencé. Ou plutôt elle s’est poursuivie puisqu’elle avait débuté au cours du Cambrien. Mais nous verrons cela plus tard. Ensuite la sédimentation a changé. »

Max : « Ce sont des argiles qui se sont déposées et après elles ont donné les schistes de Postolonnec. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Les sables provenant de l’érosion de la chaîne cadomienne n’arrivaient plus jusqu’ici. »

Léo : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Un fossé séparait le Massif Armoricain du continent sur lequel se trouvait la chaîne cadomienne. »

Max : « C’est un des océans ? »

Le chevalier : « Pas encore tout à fait à ce moment… Mais ce sera l’Océan Centralien. Kraozon, et le domaine nord et médio Armoricain, se trouve donc à la marge sud d’un petit continent. »

Léo : « Celui que tu as appelé Armorica tout à l’heure ? »

Le chevalier : « C’est ça. Mais le niveau de la mer diminue et la sédimentation redevient sableuse. »

Max : « Et c’est le dépôt des sables à l’origine des grès de Kermeur. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les figures sédimentaires montrent un milieu peu profond et de nombreux va-et-vient de la mer. On parle de transgressions et régressions. Ensuite il y a de nouveau un approfondissement du bassin. »

Léo : « Et ce sont des argiles qui se sont déposées. Elles ont donné les Schistes du Cosquer. »

Max : « Et les slumps et les dropstones montrent des mouvements tectoniques et une glaciation. »

Le chevalier : « Toujours exact. Puis vient une autre régression généralisée. »

Max : « Comme le niveau de la mer a encore baissé, la sédimentation est redevenue sableuse et il y a eu les Grès de Lamm Saoz. »

Le chevalier : « Et nous arrivons à la fin de l’Ordovicien. La sédimentation reprendra au Silurien. »

Max : « Avec les ampélites… »

Léo : « Qui montrent une mer pauvre en oxygène… »

Max : « Et il y avait pas d’animaux qui vivaient au fond de l’eau. »

Léo : « Il y avait juste les graptolites en surface. »

Le chevalier : « Bravo mes petizours 🙂 Puis, petit à petit, la sédimentation est redevenue gréseuse et la teneur en dioxygène a de nouveau augmenté. Il faut savoir que pendant le Silurien l’épaisseur des dépôts a été assez constante dans tout le Massif Armoricain ce qui laisse penser que la distension crustale s’était arrêtée. »

Max : « Après il y a eu les Schistes et Calcaires de l’Armorique. Et on a vu des fossiles de coraux. Et il me semble me souvenir que les calcaires sont des accumulations de petits morceaux d’algues microscopiques. Et que ces algues se développent dans des eaux plutôt chaudes. »

Léo : « ça veut dire que le Massif Armoricain, ou plutôt l’Armorica, est remonté vers l’équateur. »

Max : « Mais après on a pas vu. On sait pas la fin du Dévonien. Ni le Carbonifère. »

Léo : « Tu nous dis s’il te plaît. »

Le chevalier : « A la fin du Dévonien il y a une nouvelle régression généralisée sur tout le massif. Je ne connais pas le Carbonifère du Massif armoricain. Je sais qu’il est discordant, riche en charbon et produits volcaniques recouverts de calcaires. »

Max : « Discordant c’est quand une couche repose sur une couche penchée ou pliée. Il y a donc eu de la tectonique quelque part soit à la fin du Dévonien, soit au début du Carbonifère. »

Le chevalier : « Voilà ce que nous pouvons dire des roches sédimentaires. »

Léo : « Maintenant il faut parler des roches magmatiques. »

Max : « On en a vu à la Pointe de Raguenez. C’était des dolérites. »

Léo : « Et au four à chaux. Il y avait des basaltes sous-marins. »

Max : « Et il y a d’autres dolérites dans les Schistes de Postolonnec à Port Lonnec. »

Le chevalier : « Exact 🙂 Vous souvenez vous des âges ? »

Max : « Caradoc ! »

Léo : « Et un peu après… A l’Ashgill ! »

Le chevalier : « Quelle mémoire ! »

Max : « Oui 🙂 »

Léo : « C’est la fin de l’Ordovicien. »

Le chevalier : « Et comment interprétez-vous ces venues magmatiques ? »

Max : « Ben, tu nous l’a expliqué ! C’est la distension de la croûte. »

Le chevalier : « Vous m’impressionnez ! Quelle efficacité malgré l’heure tardive ! Mais il faut que je vous parle d’autres roches magmatiques. On les voit sur la carte du Massif Armoricain. Elles sont en vert vif. Ce sont les ophiolites. »

Léo : « Oui, j’avais vu tout à l’heure. C’est quoi des ophiolites ? »

Le chevalier : « Des roches que j’aurais dû vous montrer avant de venir en Bretagne. On peut en observer dans les Alpes, sur les pentes du Mont Chenaillet. »

Max : « Bonome, tu aurais pas voulu qu’on fasse un détour par les Alpes en venant en Bretagne. Ça va pas la tête ! »

Léo : « Tu as toujours pas dit… C’est quoi les ophiolites ? »

Le chevalier : « Pour faire simple, ce sont des morceaux de croûte océanique. »

Max : « Des morceaux de croûte océanique ? C’est des petits morceaux du fond d’un océan ? Et comment ils sont venus là ? »

Le chevalier : « La tectonique Maxou, la tectonique ! »

Max : « Tu veux pas en dire plus ? »

Le chevalier : « Plus tard, lors de l’histoire de la Bretagne. Pour le moment retenez qu’il y a des ophiolites le long de la suture entre les domaines nord et médio armoricain et le domaine sud armoricain et qu’on en retrouve aussi en Cornouaille, au Cap Lizard. »

Léo : « Pourquoi elles sont importantes ces ophiolites ? »

Le chevalier : « Parce qu’elles nous indiquent l’existence et la localisation des deux océans dont je vous ai parlé. Et parce qu’elles les datent de l’Ordovicien. »

Max : « Et il y en a d’autres des roches magmatiques ? »

Le chevalier : « Oh oui ! Revenons une fois de plus à la carte géologique du Massif Armoricain. La légende indique des roches intrusives et on peut voir qu’il y en a beaucoup représentées en rouge vif. »

Léo : « Oui, surtout au sud, le long de la zone broyée sud armoricaine. »

Max : « Un peu au nord aussi… Et au centre. Mais surtout dans la partie ouest du massif. »

Léo : « Les roches intrusives tu nous a expliqué que c’est quand le magma reste en profondeur et qu’il met longtemps à cristalliser. »

Max : « Il vient d’où tout ce magma ? »

Le chevalier : « Bonne remarque et bonne question 🙂 Vous avez compris que le Massif Armoricain a été une chaîne de montagnes. A vrai dire, c’était plutôt l’arrière pays de la chaîne. Une chaîne de montagnes se caractérise par son altitude. Les montagnes sont hautes. Mais en profondeur, il y a une racine. A peu près symétrique aux sommets. Et il y a donc une forte pression qui s’exerce sur les roches, à cause de l’épaisseur des roches mais aussi à cause des mouvements de compression à l’origine des montagnes. Et toute cette pression fait augmenter la température ce qui fait qu’en profondeur les roches fondent. C’est ce qu’on appelle l’anatexie. Elle donne naissance à des magmas qui, bien souvent, restent bloqués en profondeur. Ils remontent un peu, pas beaucoup… Et il leur faut des millions d’années pour se refroidir et cristalliser. »

Léo : « Alors il y a plein de gros cristaux et pas du tout de verre. C’est ce que tu nous a expliqué à la Pointe de Raguenez. »

Le chevalier : « Oui mon Léo. En se refroidissant ils donnent naissance à des roches à gros cristaux imbriqués les uns dans les autres. Ce sont des granites. »

Max : « Alors toutes les taches rouges sur la carte sont des granites qui se sont formés en profondeur par fusion des roches au fond de la chaîne de montagnes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Et si on les voit maintenant c’est à cause de l’érosion ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Rholala ! »

Max : « Bonome, tu dis que la fusion se fait en profondeur. Quelle profondeur ? »

Le chevalier : « Plusieurs kilomètres… »

Léo : « L’érosion a enlevé plusieurs kilomètres de roches ! Rholalaaaa ! »

Max : « C’est combien plusieurs kilomètres ? »

Le chevalier : « A quelle profondeur a lieu l’anatexie ? Tout dépend de la nature des roches, de la température et de la pression ainsi que de la présence d’eau. Au moins 5 km… »

Max : « Il y a des granites à Kraozon ? »

Le chevalier : « En un seul site. C’est l’île Longue. Mais nous n’irons pas l’explorer. Il y a une base de la Marine Nationale qui abrite des sous-marins nucléaires. Je ne pense pas que les militaires nous laisseraient inspecter le granite 🙂 Pour l’anecdote, il y a eu plus d’une dizaine de carrières qui exploitaient ce granite. Au 19ème siècle 500 000 pavés partaient chaque année pour le pavage des quais et des rues de Brest et de Rochefort 🙂 »

Max : « La Ville-Arsenal ? En Charentmaritimie ? Alors si on veut étudier le granite de l’Île Longue en Kraozon, il faut observer les pavés de la Ville-Arsenal en Charentmaritimie 🙂 Bonome, quand on y retournera tu pourras fotoer les pavés s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou ! Je me mettrai à genoux pour fotoer et je passerai pour un fou 🙂 »

Max : « La Science mérite bien ce petit sacrifice 🙂 »

Le chevalier : « Je te laisserai faire alors 🙂 »

Max : « D’accord ! Et on sait de quand ils datent ces granites ? »

Le chevalier : « Oui, du Carbonifère. »

Léo : « Ce qui veut dire que c’est au Carbonifère que la chaîne s’est formée. Rholala, on a bien avancé dans l’histoire de la Bretagne ! »

Le chevalier : « Dans la nuit aussi ! »

Max : « On s’en fiche. Demain, on fera une petite journée. »

Léo : « On fait quoi demain ? »

Le chevalier : « Petite journée 🙂 La marée sera basse en fin d’après-midi. Je propose d’aller voir les oiseaux de l’Aber en attendant. Puis nous passerons à Postolonnec. Il y a quelque chose que je n’ai pas vu quand nous y sommes allés… Puis nous irons à Lostmac’h voir un volcanisme de distension. »

Max : « On pourra se lever tard alors. Tant mieux ! Reprenons l’histoire de la Bretagne. »

Léo : « Oui ! Maintenant qu’on a vu la structure actuelle de la chaîne et les différents types de roches, il faut proposer un modèle pour l’évolution de la chaîne. »

Max : « Tu vas tout nous dire du Protérozoïque terminal au Carbonifère. Avec des cartes et des schémas. Allez, au travail. Tu as 300 millions d’années à nous raconter alors je te conseille de pas traîner bonome 🙂 »

Le chevalier : « Je ne sais pas par où commencer… »

Max : « Ben, commence par le Protérozoïque terminal, vers 700 millions d’années, quelque chose comme ça… »

Le chevalier : « Pourquoi pas:) A cette époque, tous les continents sont réunis en un vaste supercontinent appelé Rodinia. Ce supercontinent est centré au pôle sud. »

Max : « Rodinia, c’est du grékancien ? »

Le chevalier : « Non, du russe actuel 🙂 Ça signifie Terre mère. »

Max : « Tu as une carte qui montre Rodinia ? »

Le chevalier : « Je n’en ai pas trouvé 🙁 »

Max : « Zutalor ! »

Le chevalier : « A part celle-ci 🙂 »

79.4 03 Rodinia

Le chevalier : « Toujours au Protérozoïque, trois continents se détachent de Rodinia. Ce sont Laurentia (Amérique du Nord), Siberia (Sibérie orientale) et Baltica (Europe du Nord). Le supercontinent qui reste centré sur le pôle sud est alors appelé Gondwana. »

Max : « Encore un nom bizarre. Pfff… »

Le chevalier : « Peut-être 🙂 Voulez-vous voir une carte. J’en ai trouvé une belle. »

Léo : « Tu nous la montres s’il te plaît ? »

Le chevalier : « La voici… »

79.4 04 Cambrien supérieur

Max : « On voit pas le continent au pôle ! »

Léo : « Non, mais on voit Armorica (en bleu) et Avalonia (en orange) ! Ils étaient côte à côte ! »

Le chevalier : « Oui, sur la marge nord du Gondwana. On voit que Armorica est séparé du Gondwana par une petite mer épi-continentale. »

Max : « C’est quoi encore une mer épi-continentale ? »

Le chevalier : « C’est une mer qui appartient à un continent. Ce n’est pas un océan. Cette mer est le résultat de la distension crustale. Regardez, j’ai un schéma qui montre ce genre de mer actuelle. »

79.4 05 Distension crustale

Léo : « D’accord. C’est parce qu’il y a eu une petite distension. La croûte continentale s’est étirée et amincie et du coup, l’eau de l’océan est venu remplir l’espace. »

Max : « Mais Avalonia est séparée du Gondwana par un océan ! »

Le chevalier : « Oui ! C’est l’océan Rhéique ! »

Léo : « Chevalier, c’est dans la mer entre Armorica et Gondwana que les sédiments à l’origine de toutes les roches que nous avons vues se sont déposées ? »

Le chevalier : « Oui et non. A l’Ordovicien inférieur, il s’agit bien d’une mer. Les sables provenant du Gondwana viennent s’y déposer. »

Léo : « Et ils donneront les Grès Armoricains de l’Arénig ! »

Le chevalier : « Tout à fait ! Mais ensuite la sédimentation change. Les sables issus du Gondwana n’arrive plus jusque la marge sud d’Armorica. »

Max : « C’est parce qu’un fossé s’est formé ! »

Le chevalier : « On peut même parler d’un océan. C’est l’Océan Centralien ou Océan médio-Européen ! »

Max : « On a nos deux océans ! »

Léo : « Et nos trois continents ! »

Le chevalier : « Pour Avalonia et Armorica, qui sont peu étendus, les géologues parlent plutôt de terranes. »

Max : « Tu parles de terranes si tu veux. Je veux pas te contrarier moi. Tu as une autre carte ? »

Le chevalier : « Oui ! »

79.4 06 Ordovicien

Léo : « Le grand océan Iapetus a rétréci. Et Avalonia, en orange, s’est soudé à Baltica. Tous les deux ils forment le nord de l’Europe actuelle. »

Max : « Ça fait bizarre de voir la France comme ça… On voit pas bien le sud mais il est au Gondwana. Il y a une petite bande qui se balade entre deux océans. »

Léo : « C’est Armorica ! »

Max : « Oui. Et le nord est quelque part de l’autre côté d’un autre océan ! Et dire qu’il y a des zoms qui disent que la France est éternelle ! »

Léo : « Max, tu as vu à gauche de la carte ? C’est l’Amérique du Sud ! »

Max : « Mais… Elle est à l’envers ! Ça va pas du tout ça bonome ! »

Le chevalier : « On s’en fiche de l’Amérique du Sud. Elle se remettra bien toute seule dans le bon sens. Revenons à la France. Vous voyez que le domaine sud-armoricain se situe sur la marge nord du Gondwana. »

Léo : « Et les domaines nord et médio Armoricain sont en Armorica 🙂 »

Max : « La Vendée et la Bretagne étaient pas sur le même continent ! Oulala ! Si un jour on va voir les roches paléozoïques de Vendée on étudiera donc la marge nord gondwanienne ! »

Léo : « Rholala ! J’irais bien en Vendée moi ! Pour changer de continent 🙂 »

Max : « Mais bonome ! La Charentmaritimie, c’est le Gondwana ! On va en vacances au Gondwana nous 🙂 Il faut dire ça à tes collègues de la schola quand ils te parlent de tes vacances. ‘Alors, c’était bien les vacances ? Tu es parti ? Tu es allé où ?‘ ‘Oh tu sais, mes petizours et moi, on est allés au Gondwana, comme ça. On aime bien le Gondwana nous. On y va souvent. On y a une petite cabane. C’est charmant. C’est un autre continent mais on s’y fait.‘ Puis tu expliques rien du tout et tu les laisses se demander où c’est le Gondwana. Comme ça, on rigolera bien ! »

Le chevalier : « 😀 C’est une bonne idée mon Maxou. Je ferai ça à la grande rentrée 🙂 »

Léo : « On s’éloigne un peu de l’histoire de la Bretagne là 🙂 »

Le chevalier : « Je suis fatigué moi. J’en ai assez de cette histoire. L’essentiel est dit. »

Léo : « Moi aussi je suis fatigué et j’irais bien me coucher. Mais il faut finir l’histoire chevalier. C’est pas ton genre de t’arrêter en chemin. »

Le chevalier : « Je termine alors. Nés à peu près simultanément, les deux océans vont cependant connaître une histoire complètement différente. L’océan Rhéique ne va cesser de s’élargir pendant tout le reste de l’Ordovicien amenant finalement Avalonia en collision avec la Laurentia vers – 420 Ma. Le second, l’océan centralien, restera très étroit de telle sorte que Gondwana et Armorica vont demeurer côte à côte dans tous leurs déplacements. Ces deux océans disparaîtront également à peu près en même temps. D’abord l’océan Rhéique. Il y aura collision entre Avalonia et le nord d’Armorica. C’est à ce moment que les ophiolites du cap Lizard se mettront en place. Puis il y aura collision du sud du continent néo-formé avec le nord du Gondwana. La fermeture des ces océans a eu lieu à la limite du Silurien et du Dévonien. Voilà, la Bretagne est formée et l’histoire est terminée. »

Max : « Tu es fatigué toi 🙂 »

Le chevalier : « Pourquoi dis-tu cela ? »

Max : « Elle est un peu rapide la fin de ton histoire 🙂 »

Le chevalier : « Un peu, oui 🙂 Mes petizours, il est temps d’aller nous coucher. »

Léo : « Chevalier, elle était bien cette journée un peu dense 🙂 »

Le chevalier : « Elle t’a plu ? »

Léo : « Rholala oui ! C’est drôlement bien. On a vu des tas de choses et de très beaux paysages. Et j’ai bien aimé ton histoire. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu es le plus grand de tous les chevaliers 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon Maxou 🙂 Allez, au lit maintenant ! »

Max : « Bonnuit mon bonome. »

Le chevalier : « Bonnuit mes petizours. Faites de beaux rêves. »

Continuer la promenade

Merci au professeur Jean Dercourt qui m’a fait aimer la géologie et qui m’a fait comprendre l’importance d’un plan.

79.3 – Lam Saoz

Mercredi 2 Mars, An III (suite)

79.2 44 Vue de Lamm Saoz

Max : « Allez, on va inspecter Lam Saoz. »

Léo : « Attends Maxou. Peut-être que le chevalier pourrait nous faire une présentation comme il a fait pour le Veryarc’h. »

Max : « C’est vrai ça ! Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Je préfère vous faire une présentation détaillée tout de suite. Je ferai un résumé ensuite. »

Max : « D’accord. Allez ! C’est parti ! … Heu, bonome, Lam Saoz c’est là, devant nous. Pourquoi tu fais demi-tour ? »

Le chevalier : « Nous retournons à notre monture. »

Max : « Mais pourquoi ? C’est juste là ! »

Le chevalier : « A cause de la marée… Elle remonte. Je préfère refaire tout le Veryarc’h maintenant. Ensuite nous chevaucherons jusque Lam Saoz et nous inspecterons la falaise. Nous n’aurons que quelques minutes de marche pour nous éloigner de l’eau quand la mer remontera. »

Léo : « Compris ! »

Max : « C’est pas bête ! »

Le chevalier : « La chevauchée n’a pas été trop longue ? »

Max : « Non, mais toi tu as tout marché le long des falaises. Tu es pas trop fatigué ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Ne t’inquiète pas. Le retour s’est fait sur le sable dur. C’est bien plus confortable que les cailloux tout cassés 🙂 »

Max : « Et moins dangereux 🙂 »

Léo : « Regardez… »

79.3 01 Arrivée Lamm Saoz 79.3 02 Arrivée Lamm Saoz

Max : « Tu dis pas ‘rhoooo c’est bôôôô‘ ? »

Léo : « Non, tu te moquerais de moi 🙂 Mais c’est très beau 🙂 »

Max : « Il y a une aiguille ! On ira la voir ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas notre priorité mais nous la verrons. »

Léo : « Elle est en grès armoricain de l’Arénig ? Les aiguilles, ou les îlots, sont toujours en grès armoricain de l’Arénig ici. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Bonome, je veux pas passer pour un ronchonneur mais tu t’es encore trompé. Tu as dit qu’on descendrait sur la plage par un chemin dans une valleuse mais moi, je vois pas de chemin. Juste un petit ruisseau et de la boue. »

Le chevalier : « Il a beaucoup plu hier, un peu tout à l’heure… Les chemins sont boueux… »

79.3 03 Arrivée Lamm Saoz

Léo : « Rhooolaaaalaaaa … »

Max : « Rholala itou 🙂 Ce sont les Tas de Pois sur la droite ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On les as beaucoup vus ces Tas de Pois… »

Le chevalier : « Allons sur l’estran, nous aurons une vue générale de ce que nous allons inspecter… »

79.3 04 Vue générale 79.3 05 Vue générale

Le chevalier : « Voyez le chemin dont nous venons… Il est creusé dans les Schistes du Cosquer. »

Léo : « Ce sont les schistes qui contiennent des grumeaux. »

Le chevalier : « Je ne suis pas certain que les géologues parlent de grumeaux 🙂 »

Max : « Ils ont un mot bizarre que personne connaît à part eux ? Et toi ? »

Le chevalier : « Slumps. »

Max : « Quoi slumps ? »

Le chevalier : « Slumps. C’est le mot bizarre dont tu parlais 🙂 »

Max : « Il y a des slumps dans les Schistes du Cosquer de l’Ashgill 🙂 »

Le chevalier : « Mon petitours… T’entends-tu parler ? »

Max : « Ouiiiii 🙂 On dirait toi ! Il y a des phrases, avec des mots dedans, mais personne comprend 🙂 Mes lecteurs vont croire que je grave mon blog en breton 🙂 »

Le chevalier : « Et ça t’amuse 🙂 »

Max : « Ouiiii 🙂 »

Le chevalier : « Alors tu peux ajouter qu’il y a aussi des dropstones mais nous ne les avons pas observées. »

Max : « Des dropstones ? »

Le chevalier : « Oui. Souvenez-vous : à la fin du dépôt des grès de Kermeur, la sédimentation s’est arrêtée en raison d’une glaciation qui a mobilisé l’eau dans des calottes polaires. Puis ces calottes ont fondu, entraînant une nouvelle hausse du niveau marin et la reprise de la sédimentation. »

Léo : « Oui, on sait tout ça. Tu nous l’as expliqué tout à l’heure. »

Le chevalier : « Oui oui. Mais la fonte d’une calotte n’est pas un phénomène instantané. Et il peut rester une petite calotte polaire, comme de nos jours. Et qui dit calotte polaire dit icebergs. »

Max : « Et naufrage du Titanic ! »

Le chevalier : « 🙂 Les icebergs se détachent, fondent et libèrent les morceaux de roche qu’ils contiennent. Ces morceaux se déposent au fond de la mer et se retrouvent dans les argilites. En anglais, dropstones veut dire pierres tombées. »

Max : « Oulala ! Alors je peux dire que dans les Schistes du Cosquer de l’Ashgill il y a des slumps et des dropstones. »

Léo : « Tu peux ajouter qu’il y a des nodules de pyrite aussi. Venez voir. »

79.3 06 Schistes du Cosquer Pyrite 79.3 07 Schistes du Cosquer Pyrite

Le chevalier : « Bien vu Léo 🙂 »

Max : « Alors les Schistes du Cosquer contiennent des slumps, des dropstones et des nodules de pyrite. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Te rends-tu compte de toutes les informations transmises par cette simple phrase ? »

Max : « Je ne dirais pas qu’elle est simple cette phrase. »

Le chevalier : « Grammaticalement, elle n’est pas très compliquée. »

Max : « Tu m’embêtes ! Revenons plutôt aux informations contenues dans cette phrase… Alors… il y a… Les bords de la mer qui sont perturbés par des séismes et des morceaux de sédiments qui tombent dans d’autres sédiments… Des icebergs qui fondent… Et une eau peu oxygénée. »

Léo : « Tout ça en une petite phrase. Je comprends mieux l’intérêt des mots compliqués que personne connaît : ils permettent de dire des tas de choses en peu de mots. Chevalier, pourquoi il y avait pas d’oxygène dans la mer ? »

Le chevalier : « Je ne vous l’ai pas encore expliqué ? Pardon. Tout simplement parce qu’il n’y avait pas, ou très peu, de courants marins. On peut en déduire que le bassin de sédimentation était plutôt fermé. Bon commençons l’exploration de cette magnifique anse. »

Max : « On commence par quoi ? »

Le chevalier : « Par ça ! »

79.3 08 Grès de Lamm Saoz 79.3 09 Grès de Lamm Saoz

Léo : « Chevalier, c’est normal que je trouve ça beau ? C’est que des roches, mais vraiment, je les trouve très belles. »

Le chevalier : « Je ne sais pas si c’est normal mais je te comprends mon Léo. »

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « A gauche il y a les Schistes du Cosquer. Au centre, ce sont les Grès de Lam Saoz et à gauche, en noir, ce sont les ampélites à graptolites. »

79.3 10 Grès Ampélites

Max : « Les phrases incompréhensibles c’est rigolo quand c’est moi qui les dis. Quand c’est toi, c’est agaçant ! »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Reprenons dans l’ordre. Avez-vous des questions sur les Schistes du Cosquer ? »

Max : « Les schistes à slumps, dropstones et nodules de pyrite ?  Non non, on a bien compris maintenant 🙂 »

Léo : « Les Grès de Lam Saoz ont l’air de leur faire suite. On dirait que la sédimentation a changé progressivement. »

Le chevalier : « C’est ça. A la fin de l’Ordovicien, le niveau de la mer est remonté petit à petit. Ces grès mesurent environ 7 m d’épaisseur. Ils sont constitués de bancs gréseux séparés par de fines couches d’ampélites. Ils se sont mis en place sur une plate-forme peu profonde soumise à l’action des vagues de tempêtes. »

Max : « Et c’est quoi des ampélites ? »

Le chevalier : « Ce sont des schistes noirs riches en matière organique. Le pourcentage de matière organique peut atteindre 35 %. Dans certaines régions, ces roches servaient d’engrais dans les vignes. D’où leur nom. »

Max : « Bien sûr ! Ampélite, vigne… On voit bien le rapport. Ça saute aux yeux ! Que n’y avais-je pensé ? »

Le chevalier : « Mon cher petitours, il me semblait que tu étais un peu botaniste ! »

Max : « Bien sûr que je le suis ! »

Le chevalier : « Connais-tu la vigne ? »

Max : « Elle donne du raisin et c’est très bon. Et les zoms font du vin avec le raisin. Et après ils boivent le vin et ils sont saouls et deviennent très bêtes. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Connais-tu le nom scientifique de la vigne ? »

Max : « Non. »

Le chevalier : « Vitis vinifera, Ampélidacées. »

Max : « Ampélidacées, ampélite… Je vois. D’accord. Bravo bonome ! Tu as vu Léo ? Il est fort mon bonome 🙂 »

Léo : « On voit bien le passage des Grès de Lam Saoz aux ampélites. Il y a eu un arrêt de la sédimentation entre les deux ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. L’émersion a été totale pendant quelques temps. Les ampélites inaugurent la sédimentation silurienne. »

Léo : « Alors là, il y a la fin de l’Ordovicien et le tout début du Silurien. Rhoooo… »

Max : « Tu as fotoé le passage d’une formation à l’autre ? Il faut des fotos pour mon blog… »

79.3 11 Grès Ampélites 79.3 12 Grès Ampélites

Le chevalier : « Voilà mon petitours. Tu auras de belles fotos:) »

Max : « Montre un peu… D’accord. Merci mon bonome. »

Le chevalier : « A ton service mon petitours. Passons aux ampélites. Je pense que vous les voyez bien. »

79.3 13 Ampélites

Max : « On est pas aveugles, nous, oulala ! »

Le chevalier : « 🙂 Elles font environ 10 mètres d’épaisseur. »

Max : « Et pourquoi sont-elles aussi riches en matière organique ? »

Le chevalier : « En raison du manque de dioxygène. La dégradation de la matière organique se fait soit par oxydation chimique, soit par des décomposeurs. Ce sont des êtres vivants qui ont besoin de dioxygène. Sans dioxygène, pas de décomposeurs et donc pas de décomposition. La couleur noire est due à la matière organique. »

Max : « Et il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Oui… Mais ! Vous auriez pu me laisser finir ma phrase avant de courir fossiler ! Faites attention à ne pas vous salir ! Les ampélites laissent de grosses traînées noires sur la peau et les vêtements ! »

Max : « Bonome ! Viens voir ! On a trouvé un truc bizarre ! »

Léo : « Viens nous expliquer s’il te plaît. »

Max : « C’est quoi ? »

79.3 14 Graptolite 79.3 15 Graptolite

Le chevalier : « Un graptolite ! Vous avez trouvé un graptolite en moins d’une minute ! Je suis venu deux fois l’an dernier pour en chercher et je n’en ai pas vu un seul. Mais vous, vous en trouvez un en moins d’une minute ! »

Max : « On est des bons fossileurs 🙂 »

Léo : « Puis c’est pas très dur ! Il y en a partout ! Regarde… »

79.3 16 Graptolites 79.3 17 Graptolites 79.3 18 Graptolites

Léo : « Tu nous expliques s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui oui… Des graptolites ! Rholala ! Je vais en prendre pour ma collection. »

Max : « Tu peux en prendre pour moi s’il te plaît ? Ce caillou là… Et celui-ci… Et lui aussi… Et encore celui-là… »

Léo : « Max, fais venir un camion et prends toute la falaise 🙂 »

Max : « Je peux pas. La cabane est trop petite 🙂 »

Le chevalier : « Merci mes petizours d’avoir trouvé ces graptolites… Rhoooo, la chance 🙂 »

Léo : « Tu nous as toujours pas expliqué les graptolites… »

Le chevalier : « Excuse-moi mon Léo mais je suis tellement content… Je n’en avais jamais vu… Les graptolites sont des fossiles qu’on ne trouve que dans les roches de l’ère primaire, du Cambrien au Carbonifère. Ce sont des organismes coloniaux. Chaque colonie a un ou plusieurs rameaux (stipes) issus d’un individu (sicula). Chaque individu était logé dans une structure tubulaire (thèque). Ici il n’y a qu’un seul rameau par colonie. Ces fossiles appartiennent donc au genre Monograptus… Rholala… »

Max : « Bonome je me réjouis pour toi. Mais tu as dit qu’il y avait pas de dioxygène dans l’eau. Comment ils faisaient pour survivre les graptolites ? »

Le chevalier : « Ce sont… C’étaient des organismes planctoniques. Ils flottaient librement dans les eaux de surface soumises à l’action du vent et des vagues. Ces eaux superficielles sont toujours oxygénées. Par contre, il n’y a aucun fossile d’organismes benthiques, c’est à dire vivant sur le fond. »

Max : « D’accord. Léo, as-tu des questions sur les ampélites à graptolites ? »

Léo : « Oui. Elles datent de quand ? »

Le chevalier : « De la base du Silurien. »

Léo : « Et ça leur donne quel âge ? »

Le chevalier : « Environ 430 millions d’années… »

Léo : « Je m’habituerai jamais à ces âges… »

Le chevalier : « C’est difficile. Je comprends ce que je te dis, mais ça reste abstrait. Les 10 mètres d’ampélites se sont déposés entre 435 et 430 millions d’années avant nos jours… »

Max : « On fait la suite ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais les choses vont se compliquer un peu… »

Max : « ‘Se compliquer un peu… C’est comme ‘une journée assez dense ? »

Le chevalier : « Je le crains 🙂 »

Max : « Et pourquoi ça va se compliquer un peu ? »

Le chevalier : « A cause de la tectonique… »

Max : « Parce qu’avant il y a pas eu la tectonique ? Les failles, les couches qui penchent, l’anticlinal… Tout ça c’était pas de la tectonique peut être ? »

Le chevalier : « Si si ! Mais ça va quand même se compliquer un peu 🙂 »

Léo : « Max, je sais pas pourquoi tu es surpris. Tu as dit toi même qu’ils nous réservait sûrement des surprises encore bien plus impressionnantes… »

Max : « Je me demande quand même ce qu’il va encore nous montrer… »

79.3 19 Ampélites

Le chevalier : « Une autre couche d’ampélites dans la continuité de la précédente. Regardez… »

Max : « Il y a de fines couches de grès dedans. Elles ont l’air tout pliées. On va voir ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, on va voir 🙂 »

79.3 20 Ampélites Plis 79.3 21 Ampélites Plis

Max : « Heureusement qu’il faut pas tout repasser 🙂 »

Le chevalier : « J’avais oublié que tu voulais tout repasser le premier jour 🙂 Tu nous as bien fait rigoler 🙂 »

Léo : « Il y a un pli au bas de la falaise aussi. Il ressemble à ceux qu’on a vus à la falaise de la plage de l’Aber. »

79.3 22 Plis

Max : « C’est encore le Silurien ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « A l’Aber aussi c’était le Silurien. Je me souviens plus du nom des formations… »

Le chevalier : « Le groupe de Kerguillé. C’est la même chose ici mais en plus facile à étudier. »

Max : « Bonome ! C’est quoi ça ? Tu nous as pas appris que les couches sédimentaires se déposent à l’horizontale ? »

79.3 23 Plis

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Et c’est horizontal ça ? »

Le chevalier : « Pas tout à fait 🙂 »

Max : « Non mais ça va pas du tout ça ! Comment c’est possible ? »

Le chevalier : « A cause de la tectonique. Cette couche d’ampélites à interbancs gréseux a été fortement tectonisée. »

Max : « Ah ben oui ! Oulala ! Ça c’est sûr ! »

Le chevalier : « Et oui 🙂 »

Max : « Là, elle a pas rigolé la tectonique. »

Le chevalier : « Ben non 🙂 »

Max : « Elle a fortement tectonisé les ampélites, la tectonique ! »

Le chevalier : « C’est son rôle 🙂 »

Max : « Et comment elle a fait pour faire ça ? Parce que là, j’ai du mal à comprendre… »

Le chevalier : « Il faut essayer de remettre les couches à l’horizontale. »

Max : « J’essaye rien du tout moi. Viens Léo, on va sur les plis bizarres pour nous faire fotoer… Fotoe nous bonome s’il te plaît. »

79.3 24 Plis 79.3 25 Plis

Léo : « Je peux voir la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. As-tu remarqué quelque chose ? »

Léo : « Oui, je crois… Oui, observez bien. Tout à gauche de la foto, il y a des ampélites bien noires. Puis il y a une étroite zone un peu plus claire avec des petits bancs de grès. On voit qu’ils sont coupés nets par la zone centrale. Celle sur laquelle tu nous a fotoés. Et puis, tout à droite il y a encore une autre zone. On la voit bien dans le coin supérieur droit de la foto. »

Max : « Il observe vraiment bien ce Léo. Comment c’est possible tout ça bonome ? Et me dis pas que c’est à cause de la tectonique ! »

Le chevalier : « C’est pourtant bien le cas 🙂 Avançons un peu pour comprendre… Voilà, regardez… »

79.3 26 Schistes du Cosquer inf 79.3 27 Schistes du Cosquer inf

Max : « Il y a une faille ! »

Le chevalier : « Pas tout à fait… Voyez-vous les roches au premier plan à droite ? 

Max : « La canne blanche, le chien… ON EST PAS AVEUGLES ! »

Le chevalier : « Alors parle moi un peu de ces roches 🙂 »

Max : « Alors… On dirait des schistes… Ils me disent quelque chose… JE SAIS ! Ils ressemblent aux schistes du Cosquer ! »

Léo : « C’est pas possible Maxou ! Les schistes du Cosquer sont là-bas. Entre eux et nous, il y a les grès de Lamm Saoz et les couches d’ampélites. »

Le chevalier : « C’est vrai Léo, pourtant Max a raison. Ce sont bien les schistes du Cosquer 🙂 »

Max : « Mais comment c’est possible ? »

Le chevalier : « Avançons encore un peu et continuons à observer… »

Le chevalier : « Voilà ! Ici les schistes du Cosquer occupent la partie gauche de l’image. A droite nous retrouvons des ampélites. »

79.3 28 Schistes du cosquer sup 79.3 27 Schistes du Cosquer inf

Léo : « Donc il y a un petit bout de schiste de là-bas coincés ici. Rholala ! »

Le chevalier : « Oui Léo, rholala ! Il y a ce qu’on appelle une écaille de schistes du Cosquer coincée dans les ampélites. Évidemment cette écaille n’est pas à sa place. On dit qu’elle est allochtone. »

Max : « Et je suppose que c’est à cause des mouvements tectoniques… »

Le chevalier : « Tu supposes bien mon Maxou 🙂 Voyez les conséquences de ces mouvements sur les couches… »

Max : « Ben oui, ça a tout plié. Ils sont beaux ces plis. On peut aller dessus ? »

Le chevalier : « Pour vous faire fotoer ? D’accord, mais vous mettez vos casques. »

79.3 30 Plis 79.3 31 Plis

Léo : « Si je comprends bien, un morceau de schiste d’au moins 15 mètres de large est venu s’intercaler dans les ampélites et, au passage, il a tout plié autour de lui. C’est ça ? »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 Continuons à avancer… Regardez derrière nous, ce que nous venons d’inspecter. »

79.3 33 Recul 79.3 32 Recul

Max : « C’est tout perturbé par la tectonique tout ça. Oulala, c’est compliqué. »

Le chevalier : « Et ce n’est pas fini 🙂 Jetez un œil à la falaise et dites moi ce que vous remarquez… »

79.3 34 Transition 79.3 35 Schistes et calcaire de l'armorique

Max : « On voit pas bien les couches. C’était mieux les grès de Kermeur. »

Léo : « Elles penchent les couches. »

Max : « Ben oui, c’est toujours tout penché ici. Et quand c’est pas tout plié… Même que des fois, c’est tout penché ET tout plié… »

Léo : « Oui mais c’est pas normal comme ça penche… »

Max : « Pourquoi ? »

Léo : « Ben… je suis pas sûr, mais il me semble que jusque là, les couches penchaient de l’autre côté. »

Le chevalier : « Encore une fois c’est bien vu mon Léo 🙂 »

Max : « C’est possible ça ? D’un coup les couches sont plus penchées pareil ? »

Le chevalier : « C’est possible puisque tu le vois, là, devant toi ! »

Max : « Et comment tu expliques ça ? »

Le chevalier : « C’est un chevauchement. L’ensemble des formations que nous allons observer se sont décollées de leur socle et sont venues par dessus les formations que nous avons observées jusqu’à maintenant. C’est probablement lors de ce mouvement gigantesque que l’écaille de Schistes du Cosquer s’est intercalée dans les ampélites et que les plis bizarres se sont formés. »

Max : « Tu es en train de dire que… Nan ! Je te crois pas ! »

Le chevalier : « Pourtant c’est la vérité ! Un ensemble de formations est venu en chevaucher un autre 🙂 »

Léo : « Rholala ! C’est très impressionnant ! »

Le chevalier : « Oh ça oui 🙂 »

Léo : « Et c’est quoi ces formations qui chevauchent les autres ? »

Le chevalier : « Pfff… J’ai du mal à les identifier… Mes sources se contredisent et c’est tout emmêlé dans ma tête. »

Max : « C’est tout emmêlé dans ta tête ? Oulala ! Qu’est ce que ça fait du bien ! »

Léo : « Qu’est ce qui te fait du bien Maxou ? »

Max : « Que se soit tout emmêlé dans la tête de bonome ! Avec lui ça a toujours l’air simple. ‘Là vous voyez ci, là vous voyez ça… Heu, c’est peut être un peu compliqué mais si vous observez bien vous comprendrez par vous mêmes… Observez bien ce petit caillou : vous en déduisez comme moi que la mer avait une profondeur de 237m et 43 cm et que sa température oscillait entre 11 et 13°C quand le vent soufflait pas trop mais la petite trace que vous observez ici nous montre bien que le vent soufflait que du nord-ouest entre 14h30 et 17h les jours impairs ce qui fait que les trilobites pouvaient décomposer la matière organique tranquillement. Ensuite ils faisaient une courte sieste avant de jouer aux cartes avec les graptolites si et seulement si les brachiopodes à brachidium circulaires ne chahutaient pas comme des cormorans au fond de la classe. Mais vous avez compris tout ça tout seuls malgré les plis, les failles et les chevauchements… Bien sûr dans la réalité c’est un peu plus compliqué que ça. Je simplifie un peu. Vous ne m’en voudrez pas j’espère.‘ »

Léo : « Tu exagères à peine 🙂 »

Max : « Ben oui 🙂 Et là, c’est emmêlé dans sa tête et il est pas sûr de lui ! Oulala que ça fait du bien ! »

Léo : « On se sent moins bêtes 🙂 »

Max : « Alors bonome, ça fait quoi d’être tout emmêlé dans sa tête ? »

Le chevalier : « C’est contrariant. Je n’aime pas ça. »

Max : « Comment tu vas faire ? »

Le chevalier : «  Je ne sais pas. Ça m’énerve ! Personne n’est donc capable de faire un document convenable ? »

Max : « Oulala ! Ça sent le complexe de supériorité là ! Jémpaléjens ! Ils sont incapables de faire un bon document ! Il y a rien sur Internet qui soit à la hauteur de mes attentes ! Et heureusement que je suis là pour qu’il y ait enfin un travail sérieux sur ce sujet ! Suis-je le seul sur cette planète à savoir travailler ? »

Le chevalier : « C’est ça l’image que tu te fais de moi mon petitours ? »

Max : « Reconnais quand même que ton travail est pour toi une source d’orgueil. »

Le chevalier : « Tu trouves ? »

Max : « Ben oui, parfois. Et quand un problème se pose il faut toujours que tu trouves la solution. Tu cherches, tu cherches… jusqu’à ce que tu trouves. Et là, tu es bien embêté 🙂 Tu trouves pas et je jubile 🙂 »

Le chevalier : « Carrément ! Tu jubiles ! »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Léo : « Je ne voudrais pas vous interrompre, je m’en voudrais trop. Mais toutes vos discussions nous aident pas vraiment à résoudre notre problème. C’est quoi ces roches ? »

Max : « C’est vrai ça ! Bonome, c’est quoi ces roches ? »

79.3 36 Schistes et calcaire de l'armorique 79.3 37 Schistes et calcaire de l'armorique
79.3 38 Schistes et calcaire de l'armorique 79.3 39 Schistes et calcaire de l'armorique

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr. Grrrr !!! »

Max : « Ça arrive bonome. Détends-toi. Respire profondément… Calme-toi… Et si tu nous faisais part de tes lectures ? Tu pourrais hypothéser ! »

Le chevalier : « Je pourrais… Bon, je me lance ! »

Max : « Tu vas pas te lancer dans le vide quand même ! C’est pas grave de pas être sûr ! Oulala ! Te lance pas bonome. »

Le chevalier : « Maxou… C’est une expression ! … Voilà, ce que j’ai lu : ces roches appartiendraient soit aux Grès de Landévennec soit à la formation des Schistes et Calcaires de l’Armorique.

Max : « La formation des Schistes et Calcaires de l’Armorique ? On l’a vue ce matin ! Au Fort du diable ! »

Le chevalier : « Au Fort de la Fraternité Maxou. »

Max : « C’est le Dévonien alors. Vers 400 millions d’années. »

Le chevalier : « Exact mon petitours. »

Max : « C’est vrai que ça ressemble. Mais en pas tout plié. On y a vu des fossiles ce matin. Il y en a aussi ici ? »

Le chevalier : « Oui, ils sont visibles dans les rochers au pied de la falaise. »

Max : « Alors on fossile bonome, on fossile. »

Le chevalier : « Si vous voulez. Voici quelques brachiopodes vus en coupe. »

79.3 40 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes 79.3 41 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes
79.3 42 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes 79.3 43 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopode
79.3 44 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopode 79.3 45 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes

Le chevalier : « Les deux derniers sont peut-être des Bivalves… Difficile à dire à partir de ces coupes. »

Max : « On sait bien que tu es pas un spécialiste mon bonome. Tu connais déjà beaucoup de choses. »

Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 »

Léo : « Il y en a d’autres, des fossiles ? »

Le chevalier : « Oui, là. Ce sont des coraux. »

79.3 46 Schistes et calcaire de l'armorique Coraux 79.3 47 Schistes et calcaire de l'armorique Coraux

Léo : « Alors c’est une mer chaude et peu profonde. Et l’eau est très claire. A l’époque, la Bretagne était quelque part entre les tropiques. »

Max : « Elle avait la bougeotte la Bretagne 🙂 Elle était au pôle sud et elle est remontée jusqu’à l’équateur et maintenant elle est dans l’hémisphère nord. Tu crois qu’elle va aller au pôle nord prendre des nouvelles des ours polaires ? »

Le chevalier : « Pour le moment elle se déplace vers le nord-est comme toute l’Europe, en raison de l’ouverture de l’océan Atlantique. »

Max : « Et ça ? On dirait un moulage interne de Gastéropode. »

Le chevalier : « C’est un moulage interne de Gastéropode 🙂 »

79.3 48 Schistes et calcaire de l'armorique Gastéropode

Max : « Bonome, tu as l’air contrarié. C’est parce que c’est tout emmêlé dans ta tête ? »

Le chevalier : « Oui, je n’aime pas ne pas comprendre. »

Léo : « Et si tu nous expliquais ce que nous devrions voir ? »

Le chevalier : « Trois formations : les Grès de Landévennec, les Schistes et Calcaires de l’Armorique et la Grauwacke du Faou. Je les ai données dans l’ordre chronologique de leur dépôts. D’après la carte, la première formation que nous avons rencontrée est la Formation de l’Armorique. Plus loin, il y a la Grauwackes du Faou. Je suis presque sûr de l’avoir identifiée. Mais l’un de mes documents de référence dit que la dalle qui est là devant nous est formée de Grès de Landévennec… »

Léo : « Et si il y avait encore des écailles ? »

Le chevalier : « Oui, c’est possible… C’est l’une de mes hypothèses. »

Max : « Bon, mon bonome, tu vas pas déprimer parce que c’est tout compliqué ici. Tu as bien dit que tu hypothésais. Tout ce que tu dis n’est pas sûr. Mais t’y peux rien. Tu peux pas tout comprendre tout le temps. On avance et tu continues à nous expliquer en hypothésant. D’accord ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, d’accord. Allons voir la dalle qui est attribuée au Grès de Landévennec… »

79.3 49 Grès de Landevennec 79.3 50 Grès de Landevennec

Max : « Il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Oui, c’est pour cela que je veux aller la voir 🙂 »

Léo : « Alors c’est soit la Formation de l’Armorique soit les Grès de Landévennec. On sait pas bien. Et peut être que c’est des écailles qui ont rien à faire là parce qu’elles sont pas à leur place. »

Le chevalier : « Bien résumé. Encore une fois 🙂 »

Max : « On peut aller l’escalader pour fossiler ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Allez-y. »

79.3 51 Dalle fossilière 79.3 52 Dalle fossilière

Max : « Bonome, qu’est ce que tu fais ? Pourquoi tu prends la lanière de ton appareil-foto entre les dents ? »

Le chevalier : « Pour vous rejoindre ! Moi aussi j’escalade pour fossiler. »

Max : « Et tu vas fotoer ? Comment tu vas te tenir à la paroi ? »

Le chevalier : « Avec la main gauche. »

Max : « Pfff… »

Léo : « Maxou, cesse donc de ronchonner. Il t’écoutera pas de toutes façons. »

Le chevalier : « Regardez les brachiopodes. Ce sont de beaux fossiles. »

79.3 53 Brachiopode 79.3 54 Brachiopode
79.3 55 Brachiopode 79.3 56 Brachiopode

Max : « Je les imagine quand même pas dans un musée 🙁 »

Le chevalier : « Ils sont assez bien conservés pour qu’un spécialiste arrive à identifier les espèces. »

Léo : « Et là. Ce sont des coraux ? »

79.3 57 Coraux 79.3 58 Coraux 79.3 59 Coraux

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Et ces petits machins ? »

79.3 60 Entroques 79.3 61 Entroques
79.3 62 Entroques 79.3 63 Entroques

Le chevalier : « Ce sont des entroques. »

Max : « Ben oui ! Oulala ! Des zentroques. Bien sûr. Bonjour le zentroque. Moi c’est Max petitours. Tu vas bien le zentroque ? »

Le chevalier : « Tu m’amuses mon Maxou 🙂 Un entroque. Des entroques. Ce sont les éléments qui forment le pédoncule, la tige, des crinoïdes. Nous en avons déjà vu en Charentmaritimie. »

Max : « Oui oui ! Je me souviens maintenant. Tu devais fotoer ceux de ta collection pour mettre dans mon blog et tu l’as jamais fait. »

Le chevalier : « Ma collection est à la schola Max. »

Léo : « C’est quoi un crinoïde ? »

Le chevalier : « Les crinoïdes forment un groupe d’Echinodermes. »

Max : « Les Echinodermes c’est les zoursins et les étoiles de mer. »

Le chevalier : « Et les crinoïdes. Contrairement aux deux groupes que Max a cités, les crinoïdes sont des organismes fixés au substrat. Max, veux-tu des images pour ton blog ? Nous pouvons demander à monsieur Internet si tu veux. »

Max : « D’accord. Montre un peu. »

79.3 64 Crinoide 79.3 65 Crinoide 79.3 66 Crinoides fossiles

Léo : « Il y a encore des crinoïdes ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Mais ils vivent souvent en profondeur. »

Max : « Bonome, qu’est ce que tu regardes comme ça ? »

Le chevalier : « Le paysage… Regardez comme c’est beau. »

79.3 67 L'aiguille 79.3 68 Les Tas de Pois

Max : « Oui c’est très beau. Rholala et tout ça, mais on pourrait regarder depuis l’estran. Dans une position un peu moins acrobatique. Je te rappelle que tu es sur une dalle pentue et que tu pourrais glisser. »

Le chevalier : « Oui, descendons. »

Max : « Non. Toi tu descends et nous, on saute dans tes bras 🙂 C’est plus rapide. »

Léo : « Et plus rigolo 🙂 »

Max : « Merci mon bonome. On continue à avancer ou tu vas encore déprimer parce que c’est tout emmêlé dans ta tête ? »

Le chevalier : « Tu sais Maxou, nous n’aurons pas souvent l’occasion de venir ici alors ça me contrarie de repartir sans avoir réussi à tout comprendre. »

Max : « Je sais bien bonome. Mais c’est quand même pas si grave que ça. Allez, hypothèse sur les roches qui sont devant nous. »

79.3 69 Le chevauchement Grauwake du Faou 79.3 70 Le chevauchement

Le chevalier : « Je dirais que c’est la Grauwacke du Faou. »

Max : « Growék ? C’est quoi growék ? Tu peux traduire s’il te plaît ? »

Le chevalier : « En mots simples je suppose ? »

Max : « Tu supposes bien mais je sais pas si tu sais faire 🙂 »

Le chevalier : « Pas la peine. Ce n’est de toutes façons pas un vrai grauwackes. C’est un mélange de schistes et de bancs de grès plus ou moins calcaires. Il se trouve que les calcaires ont subi une décalcification c’est-à-dire que le calcium est parti. »

Max : « Il est parti où ? Il en avait assez d’être ici et il est parti en vacances ? »

Le chevalier : « Oui, il a fait ses valises et il est parti sous les tropiques quand la Bretagne est arrivée dans l’hémisphère nord. »

Max : « Je le comprends : il s’était formé sous les tropiques alors il y est reparti dès qu’il a pu. Il a eu bien raison le calcium. On devrait le rejoindre. »

Le chevalier : « Tu en as assez de la Bretagne ? »

Max : « Mais non ! C’est pour de rire 🙂 »

Léo : « Là, il y a encore de gros plis. Vous avez vu ? »

79.3 71 Le chevauchement 79.3 72 Le chevauchement

Le chevalier : « Oui. Mais ce qui m’intéresse ici se trouve plus à droite. »

79.3 73 Le chevauchement 79.3 74 Le chevauchement

Max : « Mais… On dirait les Grès Armoricains !!! »

Léo : « De l’Arénig au début de l’Ordovicien ! »

Max : « Ils ont rien à faire là ! Juste à côté c’est le Dévonien ! »

Léo : « Normalement les couches les plus anciennes sont EN-DESSOUS des couches les plus récentes ! Là elles sont au-dessus ! »

Max : « Ça va pas du tout ça bonome ! »

Le chevalier : « Et ça vous étonne encore ? »

Max : « Tu vas pas nous dire que les Grès Armoricains ont chevauché les formations qui ont chevauché les autres formations quand même ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Et tu vas dire que c’est encore à cause de la tectonique ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Elle a bon dos la tectonique ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Tu es devenu monosyllabique ? Si, oui, oui… Je t’ai connu plus loquace. »

Le chevalier : « J’attends vos questions 🙂 »

Max : « Non, pas de questions. Tu nous expliques et c’est tout. »

Léo : « Ben oui, parce que tout là-bas il y a le grand anticlinal avec quelques failles. Puis il y a deux chevauchements à 30 mètres d’intervalle. Comment c’est possible ça ? »

Le chevalier : « Il faut imaginer de gigantesques mouvements de compression. Ils ont raccourci la croûte terrestre. Là-bas un anticlinal s’est formé. Ici, la couverture s’est décollée et est venue chevaucher le flanc oriental de l’anticlinal. »

Léo : « Et tu sais quand ils ont eu lieu ces mouvements de compression ? »

Le chevalier : « Lors d’une orogenèse Léo. »

Léo : « Et c’était quand l’orogenèse ? »

Le chevalier : « Forcément après le Dévonien. C’est lors du Carbonifère qu’a eu lieu la collision entre deux plaques tectoniques, qui a aboutit à la formation du Massif Armoricain. »

Max : « Alors il y avait un océan quelque part. »

Léo : « Et cet océan s’est ouvert, refermé et une chaîne de montagne est apparue. »

Max : « Puis l’érosion a tout rasé. »

Léo : « Et maintenant on voit tout ça. »

Max : « Léo, me permets-tu d’utiliser ton expression préférée ? »

Léo : « Bien sûr Maxou, je t’en prie. »

Max : « Rholala c’est bien la géologie 🙂 »

Léo : « Rhoooo oui:) »

Max : « Tu veux bien nous refaire toute l’histoire. Parce que ce midi on était au briovérien d’il y a 600 millions d’années et on a fini au Carbonifère. »

Léo : « C’est quand déjà le Carbonifère ? »

Le chevalier : « Entre 360 et 295 millions d’années avant nos jours. »

Max : « Alors tu nous as raconté une histoire de plus de 300 millions d’années ! Rholala ! »

Max : « Ça c’est de l’histoire ! Allez, reprends s’il te plaît. »

Le chevalier : « Pas maintenant. Nous avons beaucoup marché et je suis un peu fatigué. Je voudrais juste profiter du paysage. Profiter d’être là en écoutant le vent, les vagues, les oiseaux… Profiter encore des Tas de Pois… M’asseoir et regarder… Laisser la Bretagne entrer en moi par tous mes sens. »

Max : « Tu veux redevenir sauvage un petit moment et écouter les belles histoires de tes amis les korrigans. Vous devez avoir beaucoup de choses à vous dire. Si tu veux avec Léo, on s’éloigne un peu et on te laisse tout seul. »

Le chevalier : « C’est gentil Maxou mais vous pouvez rester avec moi. Voulez-vous vous installer sur mes genoux ? »

Léo : « Pas cette fois chevalier. On va s’installer sur la serviette de Max. Ce sera plus confortable pour toi. »

79.3 76 Fin de journée

79.3 77 Les vagues 79.3 78 Les vagues

Max : « Rholala c’est bôôôô ! »

Max : « Bonome… Bonome ! Il faut y aller maintenant. On peut pas rester ici. Il se fait tard. Allez, il faut y aller maintenant. »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Pochez-vous et allons-y… »

Il avait pas envie de rentrer mon bonome. Il serait bien resté sauvage encore un peu. Pendant la chevauchée du retour, Léo et moi on s’est laissés bercer et on s’est endormis. Après un petit moment, je me suis réveillé. On ne bougeait plus. J’ai sorti la truffe, discrètement, mais on était pas à la cabane. Bonome s’était arrêté à la grande plage de Kersiguénou, pour prolonger encore cette longue journée assez dense. J’ai réveillé Léo tout doucement et on a regardé la beauté. Bonome, qui est très attentif à nous, a senti qu’on avait sorti nos têtes. Alors il nous a pris sur ses genoux et nous a gratouillé le front. On aurait voulu que ce moment ne s’arrête jamais…

79.3 79 Un arbre Il va falloir qu’on fasse attention parce que sinon, nous aussi on va redevenir sauvages.

Juste avant d’arriver à notre monture, bonome s’est retourné pour regarder une dernière fois la mer. Et il a souri. Je suppose que ce sourire s’adressait à ses amis : le vent, les korrigans et la mer aussi.

79.3 80 Kersiguénou

On a vraiment de la chance d’être ses petizours. Je te comprends pas Princesse. Pourquoi l’as-tu banni ?

Continuer la promenade