132-7 Le Marais de Vendée

Max : « Léo, tu viens, il faut finir de graver la Vendée. »

Léo : « J’appelle Samuel ! SAMUEL ! VIENS ON VA GRAVER LE BLOG DE MAX ! »

Samuel : « J’arrive… »

Léo : « On en est où déjà ? »

Max : « Le marais de Vendée… Le dernier après-midi. »

Léo : « Avec tous les articles qu’on a gravés tes lecteurs vont croire qu’on est restés là-bas trois semaines 🙂 »

Max : « Alors qu’on a fait que deux jours d’inspection 🙂 »

Samuel : « Je suis là 🙂 Vous voulez que je vous aide ? »

Max : « Ben oui, on grave à trois maintenant. »

Léo : « Tu as choisi les fotos ? »

Max : « Oui mais il y en a trop. J’ai envie de faire bref. »

Léo : « Alors on les regarde et on en supprime encore. Allez ! Au travail ! »

Samuel : « Dites, il faut pas supprimer trop de fotos parce que je connais pas tous les zoisos comme vous, moi. »

Léo : « T’inquiète pas Samuel. Tu vas choisir avec nous. »

Max : « Et super Léo va te protéger petit Sam 🙂 »

Lundi 31 Octobre, an III

Max : « Bonome, c’était bien la géologie compliquée. »

Le chevalier : « Je suis content que ça t’ait plu 🙂 »

Max : « J’ai eu raison de t’imposer de venir en Vendée. Elle est gentille Framboise de nous avoir prêté sa cabane. Il faudra lui faire un cadeau. Moi je peux pas puisque j’ai pas d’argent de poche. »

Le chevalier : « Max, tu voudrais vraiment de l’argent de poche ? »

Max : « On pourrait te faire des cadeaux. Et acheter du chocolat… »

Le chevalier : « Je t’ai déjà dit que je n’avais pas besoin de cadeaux. C’est vous mon cadeau. Et je ne pense pas vous priver de chocolat. Tu t’imagines aller faire les boutiques ? »

Max : « On pourrait pas y aller sans toi. J’imagine la tête des échoppiers quand on arriverait à la caisse pour payer 🙂 »

Le chevalier : « ‘Bonjour monsieur l’échoppier, je suis un petitours et je voudrais faire une cadeau à mon bonome. Pourriez-vous m’aider s’il vous plaît. Je peux pas payer parce que j’ai pas d’argent de poche et en plus les pièces rentrent pas dans mon sacado rouge.’ »

Max : « 🙂 Alors pas d’argent de poche. D’accord bonome. On s’arrête à la taverne ? »

Le chevalier : « Si tu veux Maxou. »

Max : « On pourra papoter tous les deux. Les cousins font un gros dodo 🙂 »

Le chevalier : « Apparemment 🙂 »

Max : « Samuel a pas l’habitude de crapahuter partout et Léo dort pas bien à cause que Sam dort tout collé contre lui. Il veut pas en parler Léo, mais il dort mal quand même. Il peut pas bouger du tout la nuit. »

Le chevalier : « Pauvre petit Léo… Nous voilà à la taverne. De quoi veux tu papoter ? »

Max : « Je sais pas… En fait, on est pas obligés de parler. Je peux m’installer sur tes genoux tout simplement. »

Max : « D’accord mon petitours. »

Quelques instants plus tard la tête de Léo sort de la poche du chevalier…

Léo : « Mmmmm… On chevauche plus ? On est arrivés ? »

Max : « On fait une pause à la taverne pour vous laisser dormir. »

Léo : « C’est gentil ça. On va où après ? »

Max : « Tu es pas encore réveillé toi 🙂 On va voir des zoisos dans le Marais de Vendée. »

Léo : « Chouette alors ! Des zoisos ! On fait une longue pause ? La chevauchée va être longue après ? »

Le chevalier : « Une demi-heure au total. »

Léo : « Ça me laisse le temps de finir ma sieste. A tout à l’heure. »

Max : « Il retourne dormir ! Bonome, Léo retourne siester ! »

Le chevalier : « Il m’a l’air bien fatigué ce petit Léo. »

Max : « Il faut dire qu’on a beaucoup inspecté ces derniers jours. Dis, tu crois qu’on va voir des zoisos ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. Je ne connais pas ce Marais tu sais. »

Max : « Tu vas peut-être te perdre 🙂 »

Le chevalier : « Peut-être 🙂 Max, je profite que nous ne soyons que tous les deux pour te dire que je suis très fier de toi. »

Max : « Merci mon bonome, c’est gentil. Mais pourquoi es-tu fier de moi ? Pour ma perfection ? »

Le chevalier : « La perfection est ton seul défaut c’est ça ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Si on oublie la bonne quarantaine de défauts qui te caractérisent, on peut effectivement te trouver parfait 🙂 »

Max : « Pfff ! Tu dis des erreurs mon bonome ! Même en cherchant bien, tu m’en trouverais aucun ! »

Le chevalier : « Max, j’ai annoncé une demi-heure à Léo alors je n’ai pas le temps de faire la liste maintenant. Non, je suis fier de toi pour la façon dont tu accueilles tes cousins. »

Max : « Ils sont gentils mes cousins. C’est pas difficile de les accueillir. Et puis ils aiment beaucoup les zoisos tous les deux. As-tu remarqué que Samuel apprend encore plus vite que Léo ? »

Le chevalier : « Oui, il est doué ce petitours blanc. »

Max : « Oui. Merci bonome. »

Le chevalier : « De quoi ? Je ne comprends pas. »

Max : « De pas avoir parlé de la scène que j’ai faite à l’arrivée de Léo. »

Le chevalier : « ‘C’est qui ce petitours ? Il a pas de sacado et je suis sûr qu’il connaît même pas les étages !’ ‘Tu veux me remplacer !’ ‘Égorge moi bonome ! Adieu monde cruel !’ »

Max : « J’ai dit ça moi ? »

Le chevalier : « Et bien d’autres choses encore 🙂 »

Max : « Je vais pas bien dans ma tête… »

Le chevalier : « C’est du passé maintenant. Tu t’occupes bien d’eux et je suis fier de toi. Bien, et si nous y allions ? »

Max : « Pas tout de suite bonome. J’ai quelque chose à faire avant. »

Max se serre très fort contre la main de son bonome.

Max : « Voilà ! On peut y aller maintenant. »

Au Marais de Vendée…

Le chevalier : « Nous y sommes. Veux-tu réveiller Léo et Samuel ? »

Max : « D’accord 🙂 LÉO ! SAMUEL ! C’EST FINI DE DODOER ! LES ZOISOS NOUS ATTENDENT ! »

Le chevalier : « Je pensais à une méthode plus douce… »

Max : « J’ai choisi l’efficacité 🙂 »

Deux petites têtes sortent de la poche du chevalier.

Léo : « Des zoisos ? »

Samuel : « Où ça des zoisos ? »

Léo : « C’est qui le zoiso ? »

Max : « Il y en a pas encore. C’était pour vous réveiller 🙂 »

Léo : « On est arrivés ? »

Le chevalier : « Cette fois oui. »

Léo : « Alors on est réveillés ! »

Samuel : « On dort plus du tout ! »

Léo : « C’est bôôô ! »

Max : « Rhoooo c’est bôôô ! »

Léo : « Voilà ! Tu commences déjà à te moquer de moi ! »

Max : « Je me moque pas ! Je te taquine. Et c’est pas pareil 🙂 »

Samuel : « On s’en fiche de Max, cousin Léo. Laisse-le faire si ça l’amuse. »

Le chevalier : « J’aime beaucoup ce petitours blanc, moi 🙂 »

Samuel : « Tadorna tadorna, Anatidés ! Samuel : un point ! »

Max : « Des tadornes ? Où ça ? »

Léo : « Lève la tête Maxou. »

Max : « Des tadornes en vol ! »

Léo : « Tu vois petit Sam, ils ont le cou tout noir. On peut dire que ce sont des adultes. »

Max : « En hiver, les adultes migrent autour de la mer des Wadden et ils laissent les petits sous la garde des juvéniles. Ça les responsabilise 🙂 »

Samuel : « C’est où la mer des Wadden ? »

Léo : « Au nord tout là-bas. Des Pays-Bas au Danemark en passant par l’Allemagne. Il y a des tas d’îles là-bas. »

Samuel : « Et les parents laissent leurs petits ? »

Max : « Ben oui. Ce sont pas des bons parents les tadornes. Ils font des petits et après ils s’en vont. »

Samuel : « Mais ce sont des beaux zoisos. »

Léo : « Très beaux petit Sam, tu as raison. »

Max : « Bonome, tu vois là-bas ? »

Le chevalier : « Je vois… »

Max : « On va voir ? »

Le chevalier : « S’il n’y a pas de canaux à traverser… »

Max : « Oui bonome… Dis bonome, tu traverses jamais les canaux ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Vraiment jamais ? »

Le chevalier : « Vraiment jamais. »

Max : « C’est juste le petit fleuve de l’Aber en Bretagne que tu traverses alors. Et en hiver en plus. »

Le chevalier : « Je n’aurais pas dû te raconter cette histoire. »

Léo : « On s’approche. »

Max : « Zutalor ! Il y a un canal ! On pourra pas s’approcher… »

Léo : « Si on s’approchait, les zoisos se sauveraient. »

Max : « Bonome, il faut fotoer et nous montrer. »

Le chevalier : « Je m’y attendais. Voilà… Au gros zoom maintenant… Tenez, regardez. »

Léo : « Est-ce que tu les reconnais tous petit Sam ? »

Samuel : « Mmmm… Je sais pas. Et si on demandait à cousin Max de nous les identifier ? »

Max : « C’est une interro ? Bonome, Samuel me fait une interro ! »

Le chevalier : « Max, je crois plutôt que Samuel veut te mettre en avant. »

Max : « C’est vrai Sam ? »

Samuel (timidement) : « Oui. Parce que je suis souvent avec cousin Léo et je veux pas que tu penses que je t’aime pas. »

Max : « Bonome tu entends ça ? Comment tu dis déjà ? ‘Je l’aime bien ce petitours blanc.’ 🙂 Remontre la foto. »

Max : « Alors… Au premier rang ce sont des mouettes qui rigolent sauf tout à droite il y a un tadorne qui dort sur une patte. Après… A droite il y a des goélands. Le plus gros, le plus à gauche de la droite, c’est un marin. Il est sombre et très grand. Puis il y a un argenté ou un leucophée. Il est trop loin pour que je fasse la distinction. Le troisième ça doit être un brun. Léo doit être content : 4 espèces de Laridés côte à côte. Parce que ton cousin Léo aime beaucoup les Laridés petit Sam. Il y a aussi un vanneau huppé et… Celui qui est de dos… C’est un Scolopacidé, ça. Peut-être un chevalier. Ou alors un pluvier… Et il y a des tadornes, mais tu les avais sûrement reconnus. Passons à gauche maintenant… Bonome, je voudrais pas dire des erreurs. Est-ce que tu pourrais tout zoomer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Voilà mon petitours. »

Max : « Merci mon bonome. »

Max : « Oui, c’est ça ! Ce sont des barges… Des barges, mais quelles barges… A queue noire ? Léo, qu’est ce que tu en penses ? »

Léo : « Il faut les faire s’envoler pour voir les ailes… »

Max : « Non mais tu vas pas bien dans ta tête toi ! On va pas les faire s’envoler ! Elles dorment les barges, alors tu les laisses en paix. »

Léo : « Je rigolais buteo trois fois 🙂 »

Max : « Et tu m’insultes en plus ! Buteo trois fois toi même ! »

Samuel : « Chevalier, puisque les duettistes ont repris leur numéro, tu peux me présenter les zoisos qu’il y a de l’autre côté s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petit Sam. Allons voir. »

Léo : « Pluvialis squatarola, Charadriidés. »

Samuel : « Léo : 1 point ! »

Max : « Tringa ochropus, Scolopacidés ! »

Samuel : « Max : 1 point ! »

Léo : « On est pas sûrs pour le chevalier… »

Max : « Moi je suis sûr. »

Léo : « Il est trop loin ! On peut pas l’affirmer. »

Max : « Tu dis ça pour pas que je marque un point ! Tricheur ! »

Léo : « Et si c’était un chevalier sylvain ? Tu saurais le reconnaître d’ici peut-être ? »

Le chevalier : « Max, Léo, voulez-vous bien cesser de vous chamailler. »

Samuel : « Sinon on vous ploufe 🙂 Viens bonome, on va aux zoisos. »

Max : « Léo, tu as entendu ? Samuel veut nous ploufer et il a dit bonome ! »

Léo : « Il a vite compris notre mode d’emploi 🙂 »

Max : « Parce que ça t’amuse ? »

Léo : « Ben oui ! Il a fait ça pour qu’on se calme. Bien joué petit Sam 🙂 »

Samuel : « Vous allez être sages tous les deux ? »

Léo : « Oui Sam, promis. »

Samuel : « Alors on peut aller aux zoisos. Mais vous chamaillez plus ! »

Max : « Bonome, regarde ! C’est l’observatoire où on est allés avant-hier ! »

Léo : « On est allés tout là-bas. »

Samuel : « Mais il y avait pas des zoisos… »

Max : « Ben non puisqu’ils sont de ce côté. On les voit mieux d’ici. Bonome, tu vas pouvoir les fotoer avec le petit zoom et tu vas plus ronchonner parce que les fotos sont pas belles 🙂 »

Max : « Il y a pas beaucoup d’eau… La vase, au premier plan devrait être sous l’eau. Il pleut pas beaucoup ces derniers temps. Normalement en cette saison, les réserves d’eau doivent commencer à se recharger. Et il pleut même pas… Pfff ! Il y a plus de saisons ! »

Samuel : « Dites, c’est quoi les machins blancs sur la vase ? »

Max : « Ce sont des plumes. Les zoisos perdent des plumes tout le temps. Alors dans les endroits où il y a beaucoup de zoisos, il y a beaucoup de plumes. »

Léo : « Et de fientes aussi. Au Grand Étang, la berge est toute blanche à cause des fientes et des plumes. »

Samuel : « C’est beau le Grand Etang ? »

Léo : « Rholala oui ! »

Max : « C’est là où le soleil se couche 🙂 »

Léo : « Et au mois de mai on y a vu des tas d’espèces de zoisos ! Comme en Charentmaritimie. »

Samuel : « Vous m’y emmènerez ? »

Max : « Oui, on y va souvent. »

Léo : « On parle même pas des zoisos qui sont devant nous… »

Max : « On est pas très concentrés en effet. »

Léo : « Et si on disait qu’on était en promenade cet après midi ? Après tout, on a bien travaillé ce matin. »

Max : « On a tout étudié la géologie compliquée. »

Léo : « Mais on a pas fait la synthèse. »

Max : « C’est vrai ça ! Bonome ! La synthèse ! »

Le chevalier : « Je redoutais ce moment… »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Parce que c’est très compliqué. »

Max : « Tu veux pas nous dire ? On s’installe sur le bord du chemin et tu expliques. S’il te plaît. »

Léo : « Oh oui ! »

Les petizours : « LA SYNTHÈSE ! LA SYNTHÈSE ! »

Le chevalier : « Ici ? Maintenant ? Comme ça, sur le bord d’un chemin au milieu d’une promenade ornithologique ? »

Max : « Ouiiii 🙂 »

Le chevalier : « Pourquoi pas. Après tout, si ça me permet de faire bref… Bon, nous avons vu de vastes affleurements de rhyolites… »

Max : « D’ignimbrites rhyolitiques métamorphisées et de métarhyolites. Pas de rhyolites ! Pfff ! Un peu de précision bonome quand même ! »

Léo : « Même qu’elles montrent la phase initiale de la distension crustale annonçant l’ouverture de l’océan Centralien. »

Max : « Au tout début du Silurien. »

Le chevalier : « Et il y a les séquence schistes et grès à séquence de Bouma du Dinantien. »

Léo : « La sédimentation de bas de talus due à des dépôts de turbidites. Oui oui, on a vu ça. »

Max : « Mais entre les deux il y a des tas de roches tout plissées et entremêlées qu’on comprend rien du tout à leur relation. Les phtanites, les ampélites, les calcaires dolomitiques, les schistes et tout ça… »

Léo : « Et il manque le Dévonien. On sait même pas pourquoi… »

Le chevalier : « Moi non plus… Mais je sais pourquoi l’ensemble des roches que nous avons observées entre les porphyroïdes de la Sauzaie et les turbidites du Dinantien sont aussi difficiles à comprendre. A vrai dire ce n’est pas très difficile. »

Max : « Tu sais ça ? »

Léo : « Dis nous alors ! »

Max : « S’il te plaît bonome ! »

Léo : « Nous laisse pas dans l’ignorance ! »

Max : « Pour qui on va passer sinon ? Des béotiens ? »

Léo : « Tu veux que tes petizours passent pour des béotiens ? »

Max : « Des ignares ? »

Léo : « Indignes de leur sacado ! »

Le chevalier : « 🙂 C’est très simple. Il s’agit d’un olistostrome. »

Max : « Hein ? »

Léo : « Quoi ? »

Max : « Un oli-quoi ? C’est quoi ça ? »

Léo : « BONOME ! C’EST QUOI CE MOT ? TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ? »

Max : « TU PEUX PAS T’EMPÊCHER D’UTILISER DES MOTS COMPLIQUÉS QUE PERSONNE CONNAÎT À PART TOI ! »

Samuel : « ÇA VA PAS DU TOUT ÇA BONOME ! TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ! »

Max et Léo se tournent vers Samuel et éclatent de rire.

Samuel : « Ben moi j’ai rien compris du tout à ce que vous avez dit mais je connais vos usages. Alors comme vous avez crié sur le chevalier j’ai crié aussi 🙂 Je me doutais bien que ça vous calmerait d’un coup. Chevalier, qu’est ce que c’est un holly-truc ? »

Le chevalier : « Un olistostrome. C’est un dépôt sédimentaire chaotique composé d’un ensemble de matériaux hétérogènes appelé olistolithe. »

Max : « Dépôt sédimentaire chaotique composé de matériaux hétérogènes. Je suis bien d’accord. C’était bien chaotique et hétérogène. »

Léo : « Mais comment ça se forme ? »

Le chevalier : « Par effondrement gravitaire de sédiments non encore consolidés, mais un peu quand même. »

Max : « C’est ton explication ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Je suppose que tu trouves ça clair et que tu es content de toi. »

Le chevalier : « Et je suppose que je me trompe. »

Max : « Bonome, une personne normale comprend rien du tout à ce que tu racontes. Peut-être qu’un grand géologue serait d’accord avec toi. Mais c’est même pas sûr qu’il te comprenne, le grand géologue. »

Le chevalier : « D’accord. Bon, vous avez compris que les roches sédimentaires que nous avons observées se sont formées au pied du talus continental. »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Et en haut du talus, il y a le plateau continental. »

Max : « Pourrais-tu nous faire un schéma dans le sable du chemin s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je peux. »

Le chevalier : « Il y a sédimentation aussi sur le plateau continental. »

Max : « Ben oui, forcément. On sait ça. »

Le chevalier : « Et il arrive que les sédiments en voie de consolidation qui se situent en bordure du plateau continental soient déstabilisés et tombent. C’est ce qu’on appelle un effondrement gravitaire. »

Max : « D’accooord ! Je comprends ! Ben voilà, tu vois quand tu veux ! »

Léo : « En tombant, et surtout en arrivant en bas, ils se sont pliés, cassés, enroulés… Et ça a donné un dépôt sédimentaire chaotique formé de sédiments hétérogènes. Forcément… »

Max : « Alors les 200 mètres de falaises que nous avons parcourus étaient sur le plateau continental et ils sont tombés au pied du talus. Poum les sédiments ! »

Léo : « Quand même ! 200 mètres de falaises… Ça c’est de l’effondrement gravitaire ! »

Max : « Ils sont tombés à cause de la tectonique ? »

Le chevalier : « C’est possible. On peut imaginer qu’un tremblement de terre est à l’origine de cet effondrement gravitaire… »

Max : « Bien. Bravo bonome ! »

Léo : « Et le Dévonien ? Tu sais vraiment pas pourquoi il y a pas de Dévonien ? »

Le chevalier : « Ben non. Honte sur moi. »

Max : « Pas grave bonome. Je suppose que tu as fait des recherches et que tu as rien trouvé… Tant pis. Si Princesse nous demande où est le Dévonien de Brétignolles-sur-Mer on pourra pas répondre. Peut-être qu’elle va nous bannir du Pays des Zoisos à cause de ça… »

Léo : « Tu crois vraiment que Princesse s’intéresse au Dévonien de Brétignolles ? »

Max : « J’espère que non… »

Samuel : « Cousin Léo, et cousin Max aussi, vous voudrez bien me faire une synthèse juste pour moi ? J’ai pas tout compris à cause que je débute la géologie. »

Léo : « Bien sûr petit Sam. »

Max : « C’est vrai que c’est pas le meilleur endroit pour commencer la géologie ! Oulala ! Il y a plus simple comme falaise… »

Le chevalier : « Je confirme 🙂 »

Max : « Merci pour cette courte synthèse mon bonome. On peut reprendre la promenade maintenant. En route ! »

Léo : « Il est beau ce marais… »

Max : « Il ressemble à celui de Charentmaritimie… Oh ! Regardez l’église là-bas ! La taverne dans laquelle on s’est arrêtés était juste en face ! »

Léo : « Bonome connaît toutes les tavernes du Pays des Zoisos 🙂 »

Max : « Il dépense la moitié de son salaire en café 🙂 »

Le chevalier : « Et l’autre moitié en chocolat pour mes petizours… »

Max : « Tiens, ça me fait penser qu’on en a pas eu aujourd’hui. Bonome, aurais-tu du chocolat ? »

Le chevalier : « Non, j’ai oublié d’en prendre. »

Max : « Tu as pas de chocolat ? »

Le chevalier : « Ben non. »

Max : « Pas du tout ? Il t’en reste pas un petit morceau au fond du sac ? »

Le chevalier : « Tu n’en laisses jamais le moindre morceau… »

Max : « Aïe ! Je vais faire la crise de manque, moi… Pas de chocolat… »

Léo : « Drogué ! »

Le chevalier : « Le chocolat est effectivement classé parmi les drogues dont la dépendance physique est réelle. A cause de la théobromine et du magnésium qu’il contient. La théobromine est un composé chimique qui appartient à la même famille que la caféine. »

Samuel : « Dites, j’aime bien faire les choses fort savantes mais là c’est trop pour moi. On va pas faire un cours sur le chocolat quand même. Je veux un peu de repos et des zoisos. Des beaux zoisos. S’il vous plaît. »

Max : « On y va petit Sam ! »

Léo : « Il y a un passereau sur l’arbuste de l’autre côté du canal. »

Max : « On dirait un tarier. »

Léo : « Tarier pâtre, Saxicola torquata, Muscicapidés. Samuel : deux points ! »

Max : « Bonome, c’est vraiment un tarier pâtre ? »

Le chevalier : « Il me semble bien 🙂 »

Léo : « Bravo petit Sam ! »

Samuel : « On l’a déjà vu lui, alors je le connais. C’est un beau zoiso le tarier pâtre. »

Max : « Tu es comme Léo toi. Tous les zoisos c’est ton préféré 🙂 »

Léo : « Tu embêtes pas Sam, Max ! »

Max : « Je l’embête même pas ! C’est gentil comme remarque. Pfff ! »

Samuel : « Egretta garzetta, Ardéidés. Samuel : trois points. »

Max : « Léo, je crois qu’on va encore se faire ratatiner au jeu des zoisos. »

Léo : « Il est trop fort pour nous. »

Max : « On peut pas lutter. »

Léo : « Petit Sam, nous te sacrons champion du monde des petizours du jeu des zoisos. »

Samuel : « La promenade est pas terminée. Vous pouvez encore marquer des points. »

Max : « Et toi aussi… »

Léo : « Je relève quand même le défi ! »

Léo : « Platalea leucorodia, Thréskiornithidés ! »

Samuel : « Elles sont belles ! Rholala ! »

Max : « Léo : deux points ! Tu fotoes bonomes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Elles ont le bout des ailes noir. Si je dis pas des erreurs, c’est que les jeunes qui ont le bout des ailes noir. »

Le chevalier : « C’est exact Maxou. Le bec est rose et lisse, et non pas noir comme chez les adultes, et l’iris est brun au lieu de rouge. »

Max : « Parce que tu vois l’iris d’ici, toi ? »

Le chevalier : « Non, mais je le sais. »

Samuel : « Elles migrent pas les spatules blanches ? »

Le chevalier : « Si. Elles vont passer l’hiver en Afrique de l’Ouest sur le banc d’Argouin au large de la Mauritanie et dans le delta du fleuve Sénégal (30 à 40 % de la population). Le voyage aller se fait entre juillet et octobre avec un pic fin août. Le retour a lieu de février à mai avec un pic vers le mois de mars. Le Marais de Charentmaritimie est un lieu de halte très important pour elles. »

Léo : « Il y en a qui nichent en France ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas. Peut-être quelques couples. Mais il y a de plus en plus d’individus qui passent l’hiver en France, surtout sur l’île d’Ut mais aussi dans le bassin d’Arcachon, la rivière de Pont l’Abbé en Bretagne… »

Max : « Alors on peut en voir toute l’année… Il faudrait que je vérifie dans mon blog pour savoir si on en a vu à chaque fois en Charentmaritimie. »

Le chevalier : « Comme tu es en retard dans ton blog, je n’arrive pas à me souvenir… »

Max : « Hé ! Toi ! Le graaaand chevalier ! C’est pas très gentil de me faire remarquer que je suis en retard dans mon blog ! »

Le chevalier : « Ne le prend pas mal Maxou. Mais parfois tu graves les articles alors que nous revenons d’un autre séjour… Alors je mélange un peu tout. Ce n’était pas un reproche. »

Max : « Mouai… »

Léo : « Bonome, on est au bout du marais, là. »

Max : « Léo, tu dis des erreurs. Le marais a pas de bout. »

Léo : « Regarde devant toi un peu ! Et en ouvrant les yeux s’il te plaît ! On va où, là ? Tu peux nous le dire ? »

Max : « Euh… Là, on peut pas. Là non plus… Et là, on peut mais seulement si on traverse à la nage. On peut plus avancer. Zutalor ! Mais on est pas au bout du marais. On est au bout du chemin ! Et na ! Tu as dis des erreurs et puis c’est tout ! »

Léo : « N’empêche qu’on peut plus avancer ! J’avais raison ! »

Max : « Pfff ! Tu as dis des erreurs ! »

Samuel : « Chevalier, il faut faire demi-tour et retourner à notre monture. On a pas le choix. »

Le chevalier : « Tout à fait d’accord 🙂 »

Samuel : « On y va ? »

Le chevalier : « C’est parti 🙂 »

Max : « Ben et nous ? »

Samuel : « Vous, vous restez là et vous débattez pour savoir si on est au bout du marais ou au bout du chemin. Amusez vous bien 🙂 »

Léo : « Petit Sam… J’aime beaucoup la façon dont tu arrêtes nos chamailleries. »

Samuel : « Je suis malin moi 🙂 Vous êtes calmés ? On peut zoisoter tranquillement dans ce marais ? »

Léo : « On peut petit Sam. »

Samuel : « Il est très beau ce marais. C’est tout calme. »

Max : « C’est plus reposant que les falaises ça c’est sûr 🙂 En plus, bonome fait pas de longs exposés soporifiques, alors on arrive à garder les yeux ouverts 🙂 »

Le chevalier : « Mmmm… Quelqu’un a parlé ? »

Max : « Fais pas semblant de pas avoir entendu. Je te connais bonome. »

Le chevalier : « Si mes exposés sont si soporifiques que cela, je ne répondrai plus à tes questions et tu resteras un béotien indigne de son sacado. »

Max : « Tu ferais pas ça ? Bonome ! Je suis naturaliste moi ! Comment j’apprends si tu m’enseignes plus rien ? »

Le chevalier : « Tu te trouves un autre bonome. Essaye d’en trouver un qui ne soit pas soporifique… »

Max : « Bonome, mon bonome, bonomou… S’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. D’accord mon petitours. Je te pardonne. »

Léo : « On est revenus à l’étang… »

Samuel : « Mais là, il y a des spatules blanches. »

Max : « C’est la journée des spatules. »

Léo : « Et de l’autre côté il y a des grands cormorans. »

Samuel : « Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés ? »

Léo : « Exactement ! »

Max : « Comment il connaît le grand cormoran ? »

Léo : « On en a vu en vol samedi matin. »

Samuel : « Et vous aviez dit que vous me les présenteriez. »

Max : « Bonome, tu as entendu ? Tu dois présenter le grand cormoran à Samuel. »

Le chevalier : « Non, j’ai trop peur d’être soporifique. »

Max : « Pfff ! Fais pas semblant d’être vexé mon bonomou. »

Le chevalier : « Débrouille toi Max. »

Max : « Léo, tu m’aides ? »

Léo : « Non, bonome a raison. Débrouille toi. »

Samuel : « Cousin Max, je t’écoute. »

Max : « Ben voilà ! J’ai encore interro… Que dire sur le grand cormoran ? Saviez-vous qu’ils font partie des Pélicaniformes ? Ben oui ! Ce sont des lointains cousins des pélicans. Mais bon, on a jamais vu des pélicans, nous. Comme vous pouvez le voir, tous ces cormorans ont pas les mêmes couleurs. A gauche, il y en a un au ventre blanc. C’est un jeune. Parce que les cormorans, c’est l’inverse des zoms. Les zoms, au début, ils ont les cheveux foncés et, avec l’âge, ils blanchissent. Les cormorans commencent clairs et finissent sombres. Hopla ! Là, les adultes ont presque pas du blanc. C’est parce qu’ils sont en plumage internuptial. A partir de janvier, ils vont mettre leur beau plumage nuptial avec du blanc sur les joues et la gorge, des filoplumes blanches sur la nuque et des tâches blanches sur le haut des cuisses. C’est mieux pour faire des œufs d’avoir du blanc quand on est un cormoran. Les cormorans sont grégaires. Ils vivent souvent en groupe et ils nichent dans des arbres. Et ils font caca sur les branches de l’arbre qui devient tout blanc aussi. Mais il fait pas des œufs l’arbre. Jamais. Une particularité du grand cormoran est de se tenir les ailes écartées comme on le voit pas sur cette foto. Certains prétendent que c’est pour se sécher les ailes car lors de la distribution des glandes uropygiennes par Dieu, ils sont arrivés en retard à cause qu’ils chahutaient au fond de la classe et qu’ils ont pas entendu l’appel. Mais c’est pas vrai du tout. Oulala non ! Selon les auteurs, ce serait au choix : pour s’assurer un minimum d’espace autour d’eux parce que même si ils vivent en groupe ils aiment pas être tout serrés. Ou alors ce serait pour des raison de thermorégulation et de dispersion de la chaleur produite lors du vol battu. Mais on sait pas bien encore. Et ils veulent même pas répondre les grands cormorans quand on leur pose la question. Ils sont pas très coopératifs. Oh, on pourrait dire bien d’autres choses encore, en variant le ton, mais je veux pas dépasser vos capacités de concentration alors je vais conclure mon long exposé passionnant. En conclusion, nous pouvons dire que le grand cormoran est un très beau zoiso 🙂 »

Samuel (qui applaudit) : « Bravo cousin Max ! Bravo ! »

Max (saluant) : « Merci public, merci 🙂 »

Léo : « T’es trop bête ! Dis Max, pourrais-tu préciser ce qu’est une filoplume ? »

Max : « Bien sûr ! Évidemment ! Ce sont de petite plumes en forme de poils très fins, constituées d’un rachis filiforme et terminées par quelques barbes en touffes. En général, leur follicule est très riche en terminaisons nerveuses. »

Samuel : « Dis donc, tu en connais des choses cousins Max ! »

Max : « Ben oui. C’est parce que j’aime beaucoup les zoisos. Ah oui ! J’aurai pu ajouter qu’il y a deux sous-espèces de grands cormorans : Phalacrocorax carbo carbo qui s’observe sur le littoral et Phalacrocorax carbo sinensis qui vit plutôt dans l’intérieur des terres. Mais je sais pas les distinguer. »

Samuel : « Ben nous, on savait même pas qu’il y avait deux sous-espèces. »

Léo : « Bravo Maxou ! Dis donc, je savais pas que tu travaillais autant. »

Le chevalier : « Léo, tu sais bien que Max n’aime pas montrer son savoir. Il préfère faire l’idiot et le ronchonneur. »

Max : « Mon cher petit bonome, je fais pas l’idiot. Et le ronchonneur, c’est toi. Vous venez, on voit les spatules là-bas. »

Léo : « Il y a pas que des spatules… »

Max : « Sur la foto de droite, on voit un combattant varié, Philomachus pugnax, Scolopacidés. Autrefois on l’appelait le chevalier combattant et on a changé son nom. Mais je sais pas pourquoi. »

Samuel : « Moi, j’aime beaucoup les spatules. Il est rigolo leur gros bec. »

Max : « Léo, qu’est ce que tu as vu ? »

Léo : « Là… Il y a des avocettes élégantes qui font dodo. Enfin, je suis pas bien sûr parce que j’ai que mes petits yeux de petitours… »

Le chevalier : « Je zoome… Voilà… Bien vu Léo ! »

Max : « Léo il est comme bonome : il a des superzieux 🙂 »

Samuel : « Des barges, des vanneaux, des spatules, des combattants… et des Laridés en plus des tadornes… Et des avocettes… Tout ça de zoisos… La chance ! »

Max : « Samuel, je crois que tu as été contaminé par Léo. Tu dis plus ‘tabarnak’ mais ‘la chance’. Fais attention petit Sam, ta mâchoire va choir et tu vas rholalaer 🙂 »

Léo : « Ma mâchoire choit plus ! Je fais attention maintenant ! »

Samuel : « Ta mâchoire a chu ? »

Max : « Oulala ! Elle… Euh… Dis bonome, comment on conjugue le verbe choir à l’imparfait de l’indicatif ? »

Le chevalier : « Il ne se conjugue pas à l’imparfait de l’indicatif. »

Max : « Ah bon ? Zutalor ! La grammaire française avait pas prévu la chute régulière de la mâchoire de Léo. Cousin Samuel, lors de ses débuts de naturaliste, la mâchoire de Léo choiait à chaque fois qu’il apercevait un beau zoiso. A tel point que nous envisagions de lui mettre un élastique 🙂 »

Léo : « Tu es vraiment trop bête Max. »

Le chevalier : « ‘Choiait’… »

Max : « Petitoursien du nord bonome ! »

Le chevalier : « Pourrais-tu conjuguer choir à l’imparfait de l’indicatif en petitoursien du nord s’il te plaît ? »

Max : « Bien sûr bonomou 🙂 Je choiais, tu choiais, il choiait, nous choiions, vous choiiez, ils choiaient. Satisfait ? »

Le chevalier : « Tout à fait 🙂 Merci mon petitours. »

Max : « A ton service bonome ! »

Léo : « LES ZOISOS ! »

Le chevalier : « Je te montre Léo. »

Max : « Ben et nous ? »

Le chevalier : « Voilà ! »

Max : « Léo, nous t’écoutons. »

Léo : « Tu veux que je les identifie en vol à partir de la foto ? »

Max : « Ben oui ! Tu en es capable ! »

Léo : « Je sais pas… Voyons ça… Dans les beaux livres de zoisos il y a pas beaucoup d’illustrations des zoisos en vol… Mmmmm… Je dirais que les grands sont des bécasseaux maubèches et les autres des variables. Mais je suis pas du tout sûr de moi. »

Samuel : « Cousin Léo, il y a des Laridés. »

Léo : « Marin, argenté et des juvéniles… »

Max : « Ben voilà, c’est fini. On est revenus à notre monture. C’est fini la Vendée… »

Samuel : « On rentre ? »

Le chevalier : « Oui. Et en arrivant à la cabane de Framboise il vous faudra préparer vos affaires. Nous retournons chez nous demain matin. »

Léo : « Petit Sam, tu vas voir notre cabane ! »

Samuel : « Je viens avec vous ? »

Max : « Bien sûr que tu viens avec nous ! Bonome t’a adopté ! »

Léo : « Et nous aussi 🙂 »

Samuel : « Rhoooo la chance ! »

Voilà Princesse, j’espère que tu as apprécié tous ces articles sur la Vendée. Nous, on a beaucoup aimé même si on y est pas restés longtemps. On a fait la géologie compliquée et on a vu de beaux zoisos.

Je t’embrasse Princesse, et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

132-6 Histoire sans parole

Un jour de l’an IV…

Max est en plein travail…

Léo : « Tu graves ton blog ? »

Max : « Ben oui ! Il faut bien que j’avance un peu. Tu es pas avec Samuel ? »

Léo : « Il étudie les zoisos la truffe dans les livres. Tu en es où ? »

Max : « Brétignolles encore… Le retour à notre monture après l’inspection de la falaise… »

Léo : « Je dormais moi. Samuel aussi. Qu’est ce tu vas raconter ? »

Max : « Rien. »

Léo : « Tu vas faire un article en racontant rien ? »

Max : « Oui 🙂 On s’est pas parlé avec bonome. Il avait sa grosse pelisse avec le col qui monte. Je me suis installé dans le col, pour être contre lui et bien voir la beauté, mais on a pas parlé. Alors j’ai rien à graver. »

Léo : « Mais tu fais un article quand même ? »

Max : « ‘Histoire sans parole’… Il y a une trentaine de fotos que j’aime bien. Je vais mettre un morceau de musique que bonome a joué avec son amie troubadour. »

Léo : « Tu vas mettre quoi ? »

Max : « Sibelius. J’aime beaucoup. »

Léo : « Max, tu devrais pas faire ça. Bonome va pas être content. »

Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? »

Léo : « Tu sais bien qu’il est pas content de cet enregistrement. Il a fait une faute sur deux mesures. Et il trouve qu’il joue trop lentement. »

Max : « Oui ben c’est de sa faute. Ça fait des mois que je lui demande de l’enregistrer de nouveau. Et mieux cette fois ! Et il l’a pas fait. Alors il se débrouille. Il râle si il veut chonchon ! »

Léo : « Samuel a raison. Il devrait nous gronder un peu plus. Surtout toi ! »

Max : « Samuel a pas raison du tout ! Bonome nous gronde pas et c’est très bien comme ça ! »

Léo : « Oui, et bien moi je dirai que j’étais pas d’accord ! »

Max : « Lâcheur ! »

Léo : « Oui, je l’assume. Je suis pas d’accord pour cet enregistrement. Dis, comment tu vas faire ton article sans parole ? »

Max : « Ben, je vais mettre la musique au début et les fotos après. Le lecteur lance la musique et écoute en regardant la beauté des fotos. Et hopla ! »

Léo : « Ce serait une bonne idée avec un bon enregistrement… »

Max : « C’est une bonne idée 🙂 »

Léo : « Je te laisse travailler alors. Moi je vais siester. »

Max : « Sieste bien lâcheur 🙂 »

Léo : « Travaille bien Maxou 🙂 »

Samuel : « Ben moi, je connais pas bien encore le chevalier et je l’ai jamais entendu troubadourer en vrai. Mais c’est très beau malgré tout 🙂 »

Continuer la promenade

132-5 La Grotte Triangulaire et les séquences de Bouma

Lundi 31 Octobre, An III (ça continue…)

Max : « Bon, on y retourne ! »

Léo : « On en est à la série rythmique supérieure sur l’estran. »

Max : « C’est tout plié 🙂 »

Léo : « Il y a encore alternance de microquartzites grises et de lits de phyllites rosées. »

Samuel : « Il y a des plis sur les rochers aussi. On y va ? »

Max : « Oui. Grimpe, on te suit. »

Samuel : « Je dois faire l’escalade ? »

Max : « Oui ! Tu vas voir, c’est rigolo 🙂 »

Samuel : « Et si je tombe ? »

Max : « Tu tomberas pas. Et de toutes façons, tu es une peluche. En arrivant au sol tu rebondirais et tu aurais rien du tout. »

Samuel : « Même pas mal ? »

Max : « Même pas mal ! Allez ! Grimpe ! »

Le chevalier : « Êtes-vous bien installés ? »

Max : « Oui bonome ! »

Samuel : « Léo me tient 🙂 Je peux pas tomber. »

Max : « On montrera les beaux plis à Princesse. »

Léo : « A Brindille et Arthur aussi ! »

Samuel : « C’est qui Brindille et Arthur ? »

Max : « Brindille c’est une lectrice de mon blog qui est venue nous voir quand bonome était tout cassé. Elle nous a emmenés au Royaume des Bernaches. Depuis elle vient avec nous de temps en temps. Et elle a adopté un petitours elle aussi. »

Samuel : « C’est Arthur ? »

Max : « Oui. Arthur petitours. »

Léo : « Brindille elle a un jardin avec ses propres zoisos. Arthur a écrit un article dans le blog de Max pour présenter son petit Royaume à lui. »

Samuel : « Il a son propre Royaume ? Rhooo la chance ! »

Max : « Oui mais il va moins souvent en inspection que nous. Et il a pas de sacado. »

Léo : « On devrait lui en offrir un. »

Max : « On va voir. Tu en penses quoi bonome ? »

Le chevalier : « Ce serait gentil. Je pense qu’il apprécierait le cadeau. »

Max : « Bon, quand tu iras à l’échoppe de sacados pour Samuel, tu en prendras un pour Arthur alors. Je le paierais bien mais on a toujours pas d’argent de poche… »

Le chevalier : « Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis ! »

Max : « Bonome, serais-tu avare ? »

Léo : « Max ! »

Max : « Ben quoi ! J’essaye de comprendre moi ! »

Léo : « Qu’est ce qu’on ferait avec de l’argent de poche ? »

Max : « On pourrait faire des cadeaux à bonome ! »

Le chevalier : « Je n’ai pas envie de cadeaux Maxou. Je n’ai besoin de rien. Allez, continuons notre inspection. La mer commence à remonter… »

Max : « On se dépêche alors. Tu as d’autres choses à nous montrer ? »

Le chevalier : « Plus trop. Un petite grotte et les roches du Tournaisien supérieur. »

Léo : « Le tournaisien ? On connaît pas le tournaisien. »

Le chevalier : « C’est un étage du Mississippien dans le Carbonifère, qui s’étend de 359 à 347 millions d’années avant nos jours. »

Léo : « Mais avant on était au Wenlock, c’est-à-dire au Silurien. Et, si je me souviens bien de l’échelle stratigraphique, entre le Silurien et le Carbonifère il y a le Dévonien. Il est où le Dévonien ? »

Max : « Bonome ! Quelqu’un a volé le Dévonien ! »

Samuel : « Il y a pas de Dévonien alors ? »

Le chevalier : « Non, il n’y a pas de Dévonien ici. »

Max : « Mon bonome, comment cela est-il possible qu’il y ait pas de Dévonien mais du Carbonifère ? En Bretagne tu nous as dit que l’orogenèse avait eu lieu au cours du Carbonifère. »

Le chevalier : « Je te dirais bien qu’ici nous sommes dans l’arrière-pays et que l’émersion a eu lieu plus tardivement… »

Léo : « Mais ça explique pas la lacune du Dévonien… »

Max : « Il faudra faire des recherches alors… »

Samuel : « Tu vas chercher le Dévonien ? Mais le chevalier a dit qu’il y en avait pas ! »

Max : « Petit Sam, je vais pas chercher le Dévonien. Je vais chercher pourquoi il y a pas de Dévonien. »

Samuel : « Ah oui, d’accord. »

Max : « Bonome, tu as pas parlé d’une petite grotte ? »

Le chevalier : « Si, nous y allons… »

Samuel : « Attendez ! Moi aussi je voudrais être fotoé sur des plis. Il y en a de beaux là… »

Le chevalier : « D’accord mon petitours. Veux-tu que je t’aide à grimper ? »

Samuel : « Oh oui ! Merci chevalier 🙂 »

Max : « Tu as des fotos de tout tes petizours ? Ça va mieux ? »

Le chevalier : « Je n’ai rien demandé mais je suis ravi 🙂 »

Samuel (à Léo) : « Je suis son petitours 🙂 »

Léo : « Oui petit Sam. Il t’a adopté tout de suite. »

Max : « C’est ça la petite grotte ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « On va la voir ? On doit mettre nos casques ? »

Le chevalier : « Oui et oui. »

Max : « On y va alors ! »

Léo : « C’est la deuxième grotte aujourd’hui 🙂 »

Samuel : « On est des explorateurs 🙂 »

Max : « Tabarnak ! Rhooo la chance ! Rholala ! »

Léo : « Bonome, tu nous a bien expliqué que les korrigans ont enfermé des géants qui embêtaient les zoms dans des grottes en bord de mer n’est ce pas ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Tu m’en voudrais si j’enfermais Max dans cette grotte ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Lui savonnerais-tu la truffe avec des ampélites avant ? »

Léo : « Oui, c’est une bonne idée. »

Le chevalier : « Alors d’accord. As-tu besoin d’aide ? »

Léo : « Ce serait bien aimable à toi. »

Max : « QUOI ? MAIS VOUS ALLEZ PAS BIEN DANS VOS TÊTES VOUS ! VOUS DISCUTEZ DE M’ENFERMER DANS UNE GROTTE ? COMME ÇA, TRANQUILLEMENT… ET DEVANT MOI EN PLUS ! MAIS JE SUIS PAS D’ACCORD MOI ! »

Léo : « On s’en fiche. On va t’enfermer quand même ! »

Samuel : « Cousin Max, je pense que Léo et le chevalier te taquinent parce que tu nous as imités. »

Max : « Ils disent qu’ils veulent m’enfermer dans une grotte ! »

Samuel : « Pour te taquiner ! »

Max : « Tu es sûr ? »

Samuel : « Je suis qu’un tout petitours et je les connais pas depuis longtemps mais je les imagine mal se débarrasser de toi en t’enfermant dans une grotte. Ils t’aiment beaucoup tu sais. »

Max : « Ils m’aiment beaucoup ? Ils me menacent de m’enfermer dans une grotte et tu en déduis qu’ils m’aiment beaucoup ! »

Samuel : « Cousin Max, ça suffit maintenant ! Ils rigolaient ! Dites lui, tous les deux, qui vous rigoliez ! »

Léo : « Oui Maxou. C’était pour de rire. »

Le chevalier : « D’accord avec Léo 🙂 »

Max : « Et ça vous amuse ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 »

Max : « Je confirme : vous allez pas bien dans vos têtes… »

Samuel : « Bon, on va la voir cette grotte ? »

Le chevalier : « Nous y sommes… »

Léo : « Alternance de microquartzites grises et d’argilites roses… »

Max : « Pas très original… »

Samuel : « Assez commun dans le secteur même… »

Léo : « Bon, les lits sont bien nets. »

Max : « C’est vrai qu’on voit bien. »

Samuel : « La différence de compétence saute aux yeux. »

Léo : « Il y a de jolies plissements… »

Max : « Les microquartzites sont fracturées mais pas les argilites. »

Samuel : « Forcément puisque les microquartzites sont cassantes alors que les argilites sont ductiles. »

Léo : « Tout le monde sait ça ! »

Max : « Allez ! On passe à la suite. »

Samuel : « Pas trop mal cette petite grotte. »

Max : « Pas exceptionnelle non plus… »

Léo : « Ça valait quand même le coup d’œil. »

Max : « Oui, on passait par là alors il fallait bien faire le détour. »

Le chevalier : « Ça vous amuse de faire les petizours blasés ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 »

Max : « Comme si on était des grands géologues 🙂 »

Le chevalier : « Vous êtes bêtes ! »

Léo : « On est un peu fatigués bonome. »

Max : « Tu te rends compte de tout ce qu’on a vu depuis ce matin ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « En plus, on en est qu’à l’observation ! On a pas encore essayer d’expliquer. »

Samuel : « Sauf le chevauchement. »

Léo : « Oui, certes. Mais tous les plis, les écailles, les lanières, les roches tout mélangées… »

Max : « Et l’absence du Dévonien ! On a pas expliqué l’absence du Dévonien ! »

Le chevalier : « Non, mais nous n’avons même pas encore vu le Carbonifère… »

Max : « On t’attend bonome ! Montre nous un peu ce Carbonifère ! »

Léo : « Tu as parlé du Tournaisien il me semble. »

Le chevalier : « Oui, premier étage du Carbonifère. Il est là… »

Le chevalier : « Vous pouvez voir deux formations : les grès et phyllites rouges de La Parée et les grès feldspathiques et phyllites bistres. Ces derniers s’étendent jusqu’au Marais Girard. »

Léo : « Jusqu’au filon de quartz tu veux dire ! »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « Sois un peu précis bonome s’il te plaît. Comment tu veux qu’on comprenne sinon ! »

Le chevalier : « Pardon mes petizours. Moi aussi je fatigue… »

Max : C’est pas grave mon bonome. Mais ne recommence plus sinon il nous faudra sévir. »

Léo : « Pour ton bien, évidemment. »

Le chevalier : « Merci mes petizours 🙂 »

Samuel : « Tu nous expliques le Tournaisien s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Ces deux formations, assez similaires, indiquent une sédimentation de turbidites déposées dans un bassin sédimentaire alimenté par l’érosion de reliefs situés à proximité et en cours de surrection. »

Max : « Voilà ! Tu recommences à parler le gondwanien ! Pfff ! Bonome, pourrais-tu utiliser quelques mots simples de temps en temps ? »

Le chevalier : « Oui Max. Ne crie pas Max. Venez voir, vous allez mieux comprendre… »

Max : « On est censés mieux comprendre là ? »

Le chevalier : « Ben… Oui ! »

Max : « Les cousins, vous comprendez mieux vous ? »

Léo : « On comprende rien du tout. »

Samuel : « Y’a personne qui comprende quelque chose. »

Léo : « Mais c’est très beau. »

Max (à Samuel) : « Tu vois Samuel, on t’avait prévenu. Bonome, il voit pas comme nous. Lui, là, il comprend quelque chose. Et il voit des tas de choses dans sa tête. »

Léo : « Alors que nous, on voit juste des belles roches. »

Max : « Bonome, aurais-tu l’obligeance de nous dire ce que tu vois dans ta tête ? Pas ce que tu vois avec tes yeux mais ce qu’il se passe dans ta tête. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Il me semble que c’est évident ! Un bassin sédimentaire se ferme. Cela se passe par à-coups. A chaque fois, les sédiments du talus, instables, tombent et forment des turbidites qui se déposent plus bas en séquence de Bouma. »

Max : « Tu vois ça toi ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Dans ta tête, il se passe ça ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « La tête de bonome est comme le Tardis. Elle est plus grande à l’intérieur 🙂 »

Samuel : « C’est quoi le Tardis ? »

Max : « Mmmmm… Comment dire… C’est le vaisseau des Seigneurs du Temps. Il permet de voyager dans le temps et l’espace. Et, comme la tête de bonome, il est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. »

Léo : « Parce que bonome c’est un Seigneur du Temps. »

Max : « Il a vu la naissance de l’Univers. »

Samuel : « Chevalier, je crois que deux de tes petizours vont pas bien dans leur tête… »

Le chevalier : « Je confirme 🙂 »

Samuel : « Tu m’expliques les turpitudes des séquences des pumas s’il te plaît. »

Le chevalier : « Les turbidites et les séquences de Bouma. Viens voir… »

Samuel : « Max ! Léo ! Venez vous aussi ! »

Le chevalier : « Voilà… »

Samuel : « Il y a des tas de fines couches différentes… »

Le chevalier : « Et ici encore. On voit mieux d’ailleurs. »

Max : « D’accord bonome. On a vu. Tu expliques maintenant s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui mes petizours. Il me faudrait un schéma pour vous montrer le contexte…»

Max : « Demande à monsieur Internet. »

Le chevalier : « Oui, bonne idée… Voilà… »

Max : « Merci bonome. Tu as les références de ce document ? »

Le chevalier : « Non, j’ai oublié. »

Max : « Tu vas avoir une amende et comme tu pourras pas la payer tu vas aller en prison. Et nous on aura plus de bonome. »

Le chevalier : « Étudions ce document. Vous voyez que des avalanches sous marines donnent naissance à des cônes sédimentaires. »

Léo : « On voit. »

Le chevalier : « A chaque avalanche, un mélange de sédiments dévale la pente et vont se déposer sur le cône. Mais toutes les particules ne se déposent pas à la même vitesse. »

Max : « Les plus grosses tombent les premières. »

Léo : « Et les plus fines mettent du temps à se déposer. »

Le chevalier : « Exact. C’est ce que nous voyons… Regardez de nouveau. »

Max : « Bonome, mon bonomou… Pourquoi tu as pas bien pris la séquence complète ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… On voit les deux tiers supérieurs d’un élément et le début d’un autre. »

Max : « Oui, il y a tout, mais pas dans l’ordre. Des fois, tu vas pas bien dans ta tête toi… »

Léo : « Regarde Max au lieu de râler… »

Le chevalier : « En haut de la foto, il y a la base de la séquence. Ce sont les éléments les plus lourds, les plus grossiers… Puis il faut observer le bas de la foto. Ce sont des grains un peu plus fins. »

Léo : « On voit. »

Le chevalier : « Au dessus, il y a des dépôts très fins à laminations entrecroisées. »

Léo : « C’est très beau… »

Le chevalier : « Puis il y a de nouveau des dépôts très fins à laminations parallèles et la séquence se termine par une fine couches d’argile. »

Samuel : « C’est ça la séquence de Bouma ? »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Léo : « Ce sont donc des dépôts de turbidites. Et c’est répété, répété, répété… »

Max : « Bonome, pourquoi il y a des avalanches de sédiments ? »

Le chevalier : « Parce que la pente est instable. Ou alors, parce qu’il y a des petits séismes qui accompagnent la fermeture du bassin sédimentaire. »

Léo : « C’est sûrement la seconde hypothèse. »

Max : « Ben oui. L’océan centralien se ferme. Je pensais qu’il était déjà fermé au Carbonifère moi. »

Le chevalier : « Moi aussi 🙂 Mais si la sédimentation se poursuit c’est qu’il reste une petite mer. »

Max : « Forcément bonome, forcément… »

Le chevalier : « Mes petizours, je pense que nous allons arrêter là nos observations. »

Max : « Vous êtes d’accord les cousins ? »

Léo : « Oui, parce que je fatigue moi. »

Samuel : « Je crois que je comprendrai plus rien maintenant… »

Max : « Bonome, tes petizours sont d’accord. »

Le chevalier : « Il reste des tas de détails à observer mais nous les garderons pour une prochaine visite. »

Max : « Oui bonome. On retourne à notre monture ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On peut pocher ? »

Le chevalier : « J’allais vous le proposer. »

Max : « Alors on grimpe. »

Léo : « Bonome, tu vas surement manger ton sandouich bientôt et aller à la taverne pour te caféiner. Mais après ? »

Le chevalier : « Si vous n’êtes pas trop fatigués nous pouvons allez nous promener dans le marais. Peut-être y verrons nous quelques oiseaux. »

Max : « Bonome, c’est surtout toi qui marches. Et tu nous expliques tout. Alors c’est si toi tu es pas trop fatigué. »

Le chevalier : « Ça devrait aller 🙂 »

Max : « Alors on y va ! »

Léo : « Moi, je vais dodoer un peu pendant le retour à la monture. »

Samuel : « Moi aussi. »

Max : « Tu vas te serrer contre Léo 🙂 »

Léo : « Laisse le dire Samuel. On s’en fiche. »

Max : « Ben moi je vais même pas dodoer. A tout à l’heure les dormeurs 🙂 »

Continuer la promenade

132-4 La Pointe Rouge

Lundi 31 Octobre, An III (encore…)

Max : « Bonomou, quand est-ce qu’on va à la Pointe Rouge ? »

Le chevalier : « Nous y allons Maxou. »

Max : « Tu surveilles la marée ? Je veux pas qu’on soit tout noyés à cause de la mer qui remonte… »

Le chevalier : « Moi non plus 🙂 »

Max : « On y va alors ? »

Le chevalier : « Oui, mais j’ai quelque chose à vous montrer en chemin. »

Max : « En chemin ? Mais elle est juste là la Pointe Rouge ! »

Le chevalier : « Je sais. Avançons un peu… Voilà ! Nous pouvons nous retourner… »

Max : « Alors… A gauche il y a un rocher tout plié et à droite… Des rochers avec des tas de couleurs différentes qu’on comprend rien du tout… D’accord… »

Léo : « Il y a une sorte de couloir entre les rochers… On est passés par là. C’est pas normal ça. »

Le chevalier : « Bien vu Léo. »

Max : « Bonome, à droite, il y a des ampélites. Mais les autres roches ? C’est quoi les autres roches ? »

Léo : « Les grises ? »

Max : « Oui, les grises. »

Le chevalier : « Je pense que ce sont des calcaires dolomitiques. »

Max : « Des calcaires de Dominique ? Dominique a laissé ses calcaires ici ? Il fait pas attention à ses affaires ce Dominique… »

Le chevalier : « Des calcaires dolomitiques ! »

Samuel : « Chevalier, c’est quoi les calcaires dolomitiques ? »

Le chevalier : « Ce sont des calcaires qui contiennent une part non négligeable de dolomie. »

Max : « Bien bien bien… Et qu’est ce que la dolomie mon bonomou ? »

Le chevalier : « Un carbonate double de calcium et magnésium. »

Léo : « On fait la chimie ? »

Le chevalier : « Si tu veux mon Léo. Le calcaire est de la calcite CaCO3. La dolomie a pour formule CaMg(CO3)2. »

Léo : « Et si il y a de la dolomie dans le calcaire on parle de calcaire dolomitique. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Et pourquoi il y a de la dolomie dans le calcaire ? »

Le chevalier : « Il existe plusieurs modes de formation de la dolomie. Elle peut précipiter directement à partir de l’eau de mer. Cela arrive dans les lagunes côtières le long des pays chauds. Elle peut également se former par remplacement partiel des ions Ca++ de la calcite par des ions Mg++ lors de la diagenèse dans des eaux riches en sels ferro-magnésiens ou par circulation d’eaux magnésiennes plus ou moins chaudes le long de fissures. »

Max : « D’accoooord… et alors ? »

Le chevalier : « Les dolomies et les calcaires dolomitiques sont souvent associées à une mer peu profonde et chaude, soumise à une forte évaporation. »

Léo : « Ils datent de quand ces calcaires dolomitiques ? »

Le chevalier : « Du Wenlock supérieur il me semble… »

Léo : « C’est encore le Silurien… Il faudra que tu nous fasses une synthèse de tout ce qu’on a vu… En comparant à la Bretagne… »

Le chevalier : « Je vais faire de mon mieux. »

Max : « Oui bonome. Bon, que voulais-tu nous montrer ? »

Le chevalier : « Regardez sur la gauche… »

Léo : « La zone toute lisse ? »

Le chevalier : « Oui, la zone toute lisse. »

Max : « On va voir ? »

Le chevalier : « Voilà ! »

Max : « C’est rigolo. Il y a des plis sous la zone toute lisse. »

Samuel : « Pourquoi c’est tout lisse ? »

Max : « C’est encore un miroir de faille Samuel. »

Samuel : « Dans ce sens là ? Alors c’est une faille F2. Le chevalier en a parlé tout à l’heure. »

Le chevalier : « Exact petit Sam. »

Léo : « Bonome, si il y a des plis derrière le miroir de faille, est-ce parce que les plis existaient déjà quand la faille est apparue ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Tu viens de découvrir le principe de la chronologie relative. »

Léo : « La chronologie relative ? »

Max : « La chronologie c’est l’ordre des événements. Mais pourquoi relative ? »

Le chevalier : « Léo a bien compris que le plissement a précédé l’apparition de la faille. Mais nous n’avons aucune date à proposer pour ces événements. Nous pouvons seulement les dater l’un par rapport à l’autre. Nous avons donc une datation relative. »

Max : « D’accord. Merci bonome. »

Samuel : « On peut faire mieux en datation relative. Parce que les roches sont du Wenlock supérieur. On sait que les roches se sont déposées avant de se plier. On peut donc ajouter deux événements. Il y a eu dépôts des sédiments, formation des roches, plissement des roches et faille. »

Léo : « Et tout ça après le Silurien supérieur. »

Max : « Bonomou, il y a des stries sur le miroir de faille. Qu’est ce qu’elles t’apprennent ? »

Le chevalier : « Elles sont horizontales et parallèles entre elles… Elles nous indiquent le sens du déplacement… Le compartiment face à nous s’est déplacé vers la droite par rapport à celui sur lequel nous sommes. On parle de faille dextre. »

Max : « Tu as tout dit sur la faille ? »

Le chevalier : « Je crois… »

Max : « On peut regarder les plis ? J’aime bien les plis. »

Le chevalier : « Alors regardons les. »

Léo : « Tu vas les fotoer ? Je peux grimper pour servir d’échelle ? »

Max : « Tu veux faire l’escalade ? »

Léo : « Oui, il y a pas que toi qui sait faire l’escalade. Et puis j’aime bien que bonome me fotoe 🙂 »

Max : « Alors grimpe ! »

Max : « On voit une alternance de microquartzites et d’argilites roses… »

Léo : « Et c’est tout plié. »

Samuel : « C’est vraiment impressionnant tout ces plis… »

Léo : « Ben oui. Max, je comprends ce que tu disais tout à l’heure. On connaît la théorie mais j’ai du mal à imaginer comment ça a pu se plier comme ça… »

Max : « Ben oui… Bon, on avance ? »

Léo : « Regarde Max ! Il y a encore des plis sur le rochers ! »

Max : « C’est pire tout plié qu’en Bretagne ici. »

Samuel : « Encore ouf qu’il faut pas tout repasser 🙂 »

Max : « Oulala oui ! En plus, si on remettait tout à plat les roches recouvreraient la mer… »

Léo : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Léo : « C’est quelle formation ici ? Ce sont plus les séries rythmiques inférieures ni les phtanites… »

Le chevalier : « Exact ! Ce sont les séries rythmiques supérieures. »

Max : « Microquartzites beiges et argilites roses d’épaisseur centimétrique… »

Samuel : « Avec de nombreux et beaux plis… »

Max : « Et la Pointe Rouge ? Quand va t-on la voir la Pointe Rouge ? »

Le chevalier : « Pourquoi es-tu si impatient de la voir ? »

Max : « Primo, elle est très belle. Secundo tu y comprends rien du tout et je suis impatient de te voir rien comprendre du tout 🙂 »

Samuel : « C’est pas très gentil. »

Max : « Samuel, bonome comprend toujours tout. Il raconte toute l’histoire de la Terre quand tu lui présentes un caillou. Alors, de temps en temps, j’aime bien le voir pas comprendre. Ça le rend un peu plus humain. »

Samuel : « C’est pas bête… C’est bien qu’il comprenne pas alors. Chevalier, il faut que tu saches pas tout. C’est mieux pour notre équilibre. Sinon, on va faire le complexe d’infériorité. »

Léo : « Ben oui. Et on va finir dépressifs. »

Max : « Tu veux pas des petizours dépressifs quand même ? »

Le chevalier : « Non. Mais pour le moment, vous ne m’avez pas l’air dépressifs du tout 🙂 Mon petit Sam, ne t’inquiète pas, je ne connais pas tout. Et, tu sais, mes connaissances sur la géologie du coin sont assez superficielles. Et je ne suis absolument pas sûr de ce que je raconte. »

Max : « Connaissances superficielles… Vous entendez ça les cousins ? Ces connaissances sont assez superficielles. Pfff… »

Léo : « Ben c’est bonome… Il est comme ça tu sais. »

Le chevalier : « Allons voir la Pointe Rouge. »

Léo : « Elle est juste là. »

Max : « Bonome, mes lecteurs vont pas bien comprendre. »

Le chevalier : « Qu’est ce qu’ils ne vont pas bien comprendre ? »

Max : « Ben, on est lundi là. On est arrivés vendredi soir et hier on a fait la promenade. Si je dis pas des erreurs, il y a déjà huit articles sur la Vendée et on a même pas fini. »

Le chevalier : « Oui… »

Max : « En gros, je vais écrire un article tous les 50 mètres… »

Le chevalier : « Quand même pas ! »

Max : « Ben si ! Les porphyroïdes de la Sauzaie : 20 mètres entre l’accès à l’estran et le Rocher Sainte Véronique, un article. Le Rocher : 20 mètres, un article… Un article tous les 50 mètres je te dis. »

Le chevalier : « C’est pas tout à fait faux… »

Max : « C’est normal que je sois en retard dans mon blog… »

Léo : « Heureusement que les connaissances de bonome sont un peu superficielles… »

Le chevalier : « Et si nous passions à l’étude de la Pointe Rouge ? »

Max : « La Pointe des Cheveux qui Tombent 🙂 »

Léo : « Elle est belle ! »

Samuel : « Rholala oui ! »

Max : « Ben oui ! C’est pour ça que je voulais la voir… On peut s’en éloigner un peu et la regarder sous tous les angles s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si Samuel et Léo sont d’accord. »

Léo (à Samuel) : « Tu vois Samuel, le chevalier demande toujours l’avis des autres petizours quand l’un d’entre nous demande quelque chose. »

Samuel : « Toujours ? »

Léo : « Oui oui. Je sais pas pourquoi parce qu’on est toujours d’accord. Mais il demande. »

Samuel : « Et si on lui disait qu’on est pas d’accord. Pour voir… »

Léo : « Bonome, Samuel et moi nous sommes consultés et on est pas d’accord. On veut pas voir la Pointe Rouge sous tous les angles. »

Le chevalier : « Max va être déçu. »

Léo : « On s’en fiche. On veut pas. »

Le chevalier : « Bien. Max tu entends ça ? Samuel et Léo ne veulent pas faire le tour de la Pointe Rouge. »

Max : « Ben on les laisse là et on y va tous les deux. Tu veux bien toi. »

Le chevalier : « Ça me paraît être un bon compromis. Samuel, Léo installez vous confortablement sur un rocher. Max et moi allons étudier tous les deux. Et on va voir la beauté. Amusez vous bien en attendant. »

Léo : « Bonome, c’est pas vrai ! »

Samuel : « Nous laisse pas ! »

Léo : « On veut venir nous aussi ! »

Samuel : « C’était pour voir ta réaction. »

Léo : « S’il te plaît bonome. »

Le chevalier : « 🙂 Je vous avais entendu… »

Léo : « Tu nous aurais pas laissés ? »

Le chevalier : « Laisser mes petizours sur un rocher ? Non non non ! Mes petizours… Que ferais-je sans vous ? Pochez vous tous les trois. »

Max : « On grimpe ! »

Max : « Elle est vraiment belle cette pointe. »

Léo : « On s’approche ? »

Le chevalier : « Demande à Max. »

Max : « Non, j’ai pas envie. Je reste là sur un rocher. Allez-y sans moi… »

Léo : « T’es trop bête ! Allez, en route ! »

Max : « Bonomou, pourrais-tu nous expliquer la Pointe Rouge malgré ton ignorance ? »

Le chevalier : « Elle est formée de schistes rutilants, de niveaux très étirés d’ampélites englobant des lentilles d’arkoses, de niveaux de phtanites et de calcaires dolomitiques. »

Max : « Et ça, c’est quand tu connais pas… D’accord. Je vois. »

Samuel : « On va faire le complexe d’infériorité alors. »

Léo : « Là tout de suite. »

Max : « Parce que nous, quand on connaît pas, on connaît pas. On dit pas tout ça. »

Léo : « On peut dire que c’est beau à la rigueur… »

Samuel : « Mais on fait pas une longue phrase avec que des mots que personne connaît. »

Max : « Bonome, parlerais-tu le gondwanien ? »

Le chevalier : « Il n’y a que rutilant que vous ne connaissez pas dans ma phrase. Les schistes rutilants sont des schistes riches en fer. »

Max : « Et il y a tout ça dans la Pointe Rouge ? »

Le chevalier : « D’après ce que j’ai lu. »

Max : « C’est un peu un résumé de toute la falaise alors. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Bonome, viens voir… »

Le chevalier : « Qu’as-tu vu mon Léo ? »

Léo : « Viens te dis-je ! »

Le chevalier : « Je suis là ! »

Léo : « Regarde là… »

Léo : « Et là… »

Max : « Comme c’est étrange… Ce sont les même roches mais elles ont pas du tout le même aspect. Comment expliques-tu ça grand chevalier sauroctone ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas encore un chevalier sauroctone. »

Max : « Non, mais ça serait bien que tu t’y mettes ! Explications s’il te plaît. »

Le chevalier : « Vous n’avez pas d’hypothèse ? »

Léo : « Non. »

Max : « Non plus. »

Samuel : « Pas mieux… »

Le chevalier : « Revoyons les fotos… »

Le chevalier : « Ce sont effectivement les mêmes roches à savoir des argilites et des ampélites. Dans un cas elles sont bien lisses mais pas dans l’autre. »

Max : « Merci bonome mais ça on le sait déjà. Comment l’expliques-tu s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Par leur position. Leur hauteur plutôt. »

Max : « Leur hauteur ? »

Le chevalier : « J’hésite un peu à parler d’altitude… »

Max : « Explique toi un peu ! »

Le chevalier : « Les roches les plus basses sont usées par les galets lorsque la marée monte. »

Léo : « Ben oui ! J’aurai dû y penser ! »

Max : « C’est vrai. C’est tout bête… »

Le chevalier : « Vous ne pouvez pas penser à tout. Et vous devez être fatigués après tout ce que nous avons vu depuis ce matin. »

Max : « La matinée a été assez dense en effet. »

Samuel : « Assez dense ?! C’est tout ? »

Léo : « Max euphémise 🙂 »

Le chevalier : « Tiens, c’est intéressant ça… »

Max : « Qu’est ce que tu as vu encore ? »

Le chevalier : « Là… »

Max : « Oui… C’est sûrement très intéressant… »

Léo : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « Des fentes en échelons… »

Léo : « Qu’est ce qu’elles te disent ces fentes en échelons ? »

Le chevalier : « Je suis un peu perplexe… Elles ne sont pas toutes parallèles… »

Léo : « Et si elles étaient parallèles ? »

Le chevalier : « Elles indiqueraient un cisaillement. »

Léo : « Elles annoncent une faille alors. »

Le chevalier : « Si le mouvement continue oui… Bien, voilà pour la Pointe Rouge. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « Oui Max. Je t’ai dit que je ne comprenais pas tout ici. »

Samuel : « Tu nous a déjà expliqué beaucoup de choses fort savantes chevalier. Merci. »

Le chevalier : « Ça te plaît Samuel ? »

Samuel : « C’est encore mieux que ce que j’espérais 🙂 »

Max : « Tu es arrivé au bon moment. Le Royaume des Paons, la Vendée… »

Samuel : « Le Gondwana Max. On est au Gondwana nous. »

Le chevalier : « Retournons observer la série rythmique supérieure sur l’estran… »

Léo : « On pourrait faire une pause avant ? »

Max : « Une pause ? Maintenant ? »

Léo : « Oui, maintenant. »

Max : « Bonome, es-tu d’accord pour faire une pause maintenant ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. Nous avons encore un peu de temps avant que la marée nous chasse de l’estran. »

Max : « Alors pause ! »

Continuer la promenade

132-3 Jusqu’à la Pointe Rouge

Lundi 31 Octobre, An III (encore…)

Max : « Bonomou ? »

Le chevalier : « Oui mon Maxou. »

Max : « C’est bien les câlins avec gratouillis 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Mais on est naturalistes nous. »

Le chevalier : « Oui, vous avez des sacados. »

Max : « Il faudra en trouver un pour Samuel d’ailleurs. »

Le chevalier : « Il me semble que tu l’as déjà dit. »

Max : « Oui, sans doute… Bonome, et si on continuait la géologie ? Il y a encore des tas de rochers à voir. Tu veux bien ? »

Léo : « Oh oui ! S’il te plaît ! »

Samuel : « Ce serait gentil de ta part. »

Le chevalier : « Vous voulez continuer ? »

Max : « Ben oui ! C’est ce qu’on vient de te dire ! Pfff ! Tu comprends rien du tout ! »

Léo : « Max ! Tu parles pas comme ça à bonome ! »

Max : « Ben il comprend rien ! C’est pas de ma faute quand même ! »

Samuel : « Ils recommencent ! Tu les grondes jamais chevalier ? »

Le chevalier : « Pour quoi faire ? Ils se calment d’eux-mêmes. Et ils m’amusent. »

Samuel : « Tu es trop gentil avec tes petizours. Tu devrais sévir un peu. »

Max : « Hé ! Ho ! Le petitours blanc ! Çavapalatête ! Tu dis pas à mon bonome qu’il est trop gentil avec ses petizours ! Et tu lui dis encore moins de sévir ! »

Léo : « Et toi tu parles pas sur ce ton à Samuel ! »

Le chevalier : « Calmez vous un peu. Vous vouliez continuer ? Alors continuons. »

Samuel : « C’est là que tu comprends plus tout ? »

Le chevalier : « J’en ai bien peur… »

Samuel : « On y va quand même ! Allez, en route ! »

Max : « Mais… C’est moi qui dis ça normalement ! »

Samuel : « TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! METS TA CASQUETTE MAX ! OULALA ! QU’EST CE QU’ON VA FAIRE DE TOI ! PFFFF ! »

Léo : « Et toc ! »

Max : « Il m’a crié dessus… Bonome, Samuel m’a crié dessus ! »

Le chevalier : « Ouiiii 🙂 Je l’aime beaucoup ce petitours blanc. Tu viens Samuel, on va faire la géologie. »

Léo : « Ben et nous ? »

Le chevalier : « Vous venez aussi 🙂 »

Max : « Alors, en route ! »

Léo : « Qu’est ce qu’on va voir ? »

Le chevalier : « Nous allons commencer par observer les séries rythmiques inférieures. Elles sont visibles sur l’estran et en falaise. »

Léo : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Les voici… »

Léo : « C’est beau ! »

Max : « Tu dis toujours que c’est beau… »

Samuel : « Et toi tu lui fais toujours remarquer qu’il dit que c’est beau… »

Le chevalier : « Mes petizours, vous m’avez l’air bien dissipés. Peut-être devrions nous rentrer. »

Max : « Non bonome ! »

Léo : « On est sages ! »

Samuel : « On dissipe plus ! »

Max : « Bonomou, pourrais-tu nous expliquer un peu mieux les séries rythmiques inférieures s’il te plaît ? »

Léo : « C’est quoi comme roches ? »

Samuel : « On veut savoir nous. »

Max : « Parce qu’on est géologues. On est pas dissipés… »

Le chevalier : « Ce sont des phyllites. »

Léo : « Des phyllites ? On a jamais vu des phyllites ? »

Le chevalier : « Si, mais je n’ai pas donné ce nom. »

Léo : « Et là, tu affines 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les phyllites sont des roches feuilletées. D’ailleurs phyllite vient du… »

Max : « Grékancien 🙂 Ça faisait longtemps que tu avais pas parlé du grékancien. »

Le chevalier : « Et ça te manquait 🙂 Donc phyllite vient du grec φΰλλον qui signifie feuille. »

Léo : « Je comprends… il y a des feuillets collés les uns aux autres. Elles viennent d’où, les phyllites ? »

Le chevalier : « Ce sont des roches métamorphiques foliées composées à l’origine de micas à base de séricite et de chlorite. »

Max : « Ben voilà ! Léo te pose une question simple et quand tu réponds, on comprend rien du tout ! Bonome, s’il te plaît, pourrais-tu arrêter de parler en grékancien. S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je me suis emballé. Pardon Maxou. La séricite et la chlorite sont des minéraux argileux. »

Max : « Ben voilà ! Les phyllites sont constitués de minéraux argileux. Je suppose qu’ils ont été chauffés et comprimés et qu’une schistosité est apparue et ça a donné les phyllites. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Donc, le milieu de dépôt était encore calme. On est toujours sur le talus ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « Mais l’océan centralien s’est élargi je suppose. Armorica est loin au Nord maintenant. »

Le chevalier : « Absolument. »

Samuel : « Alors on a vu les rhyolites machins qui montrent le tout début de l’ouverture de l’océan au sein du Gondwana. Et là, on voit l’océan élargi. Tabarnak ! C’est bien la géologie. On est au Gondwana 🙂 »

Léo : « Les zoms d’ici pensent qu’ils sont en Vendée et nous on est au Gondwana 🙂 »

Max : « Peut-être faudrait-il préciser à mes lecteurs qu’à l’époque, l’océan Atlantique existait même pas et que l’océan Centralien était orienté Est-Ouest. »

Léo : « Bonome, tout ça c’est les phyllites de la série rythmique inférieure ? »

Le chevalier : « Tout quoi ? »

Léo : « Tout ça, là ! La falaise, l’estran… »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « On connaît l’épaisseur de cette série ? »

Le chevalier : « Difficile à dire avec tous les plissements… Moi, je ne la connais pas. »

Léo : « C’est pas grave. »

Max : « Oulala ! Regardez un peu la ! Et là ! C’est beau ! »

Samuel : « Cousin Max, tu dis toujours que c’est beau. On attendait une réponse de géologue nous 🙂 »

Max : « Tu te moques là ! Bonome, Samuel se moque de moi ! »

Le chevalier : « Qu’est ce qui ne va pas ? Ce sont tes propres mots il me semble. »

Max : « Oui, mais moi j’ai le droit ! C’est mon style ! Et je suis l’aîné. J’ai le droit de taquiner mes cousins plus jeunes. »

Le chevalier : « Samuel aussi. »

Max : « C’est pas juste… Samuel se moque de moi et bonome le gronde même pas… »

Léo : « Bonome, Maxou a raison : c’est très beau. Mais il faut que tu nous expliques. »

Le chevalier : « Expliquer quoi ? »

Léo : « Les belles roches ! Montre les fotos… »

Samuel : « A gauche, ce sont les phyllites. Mais là, on les voit pas en coupe. Elles sont penchées et érodées. Alors on voit plein de couches différentes. Mais à droite, je sais pas. »

Max : « On dirait des ignimbrites à grains très fins… Ce sont les mêmes couleurs. »

Le chevalier : « Tu as raison Maxou. Mais je ne suis quand même pas sûr que ce soit des ignimbrites bien qu’il y en ait de signalées au sein de la SRI… »

Max : « Tu sais pas ce que c’est alors ? »

Le chevalier : « Non. Je vous avais prévenus que je ne connaissais pas tout dans ce secteur… »

Max : « Chouette alors ! Bonome connaît pas tout ! »

Samuel : « Et cette couche noire ? »

Le chevalier : « Ce sont des ampélites. »

Léo : « Des ampélites ? Comme à Lam Saoz ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « Une fine couche comme ça ? C’est étrange… »

Léo : « Bonome, pourrais-tu faire un rappel sur les ampélites. Pour Samuel. Il était pas là en Bretagne alors il connaît pas les ampélites. »

Le chevalier : « Samuel, va toucher les ampélites s’il te plaît. »

Samuel : « Tu veux ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Samuel : « J’y vais… C’est un peu gras ! … Zutalor ! J’ai la patte toute noire ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Tu viens de découvrir que les ampélites sont très riches en matière organique 🙂 »

Le chevalier : « Il peut y avoir jusqu’à 25 % de carbone… »

Max : « Et avec le carbone il y a encore des argiles. »

Le chevalier : « Oui, on parle parfois de schistes graphiteux d’ailleurs. »

Léo : « Il y a un rapport avec la vigne aussi, mais je me souviens plus. »

Le chevalier : « Oui, à cause du grékancien. Ampélos signifie vigne. On mettait des ampélites dans les vignes pour enrichir la terre en matière organique et parce qu’on croyait que la pyrite qu’elles contiennent repoussait les chenilles. »

Max : « La pyrite, c’est du sulfure de fer, FeS2. »

Léo : « Et la richesse en matière organique et en pyrite indique un milieu réducteur. Il y avait pas beaucoup de dioxygène. Alors le fer se combinait avec le soufre qui s’oxydait pas non plus, et la pauvreté de dioxygène empêchait la décomposition de la matière organique. »

Samuel : « Rholala ! Vous connaissez bien les ampélites vous. »

Léo : « On en a déjà vu. C’est normal. »

Max : « Même que dans les ampélites de Lam Saoz, on a trouvé des graptolites, des fossiles bizarres que personne connaît à part bonome. »

Léo : « On les a trouvés en 2 minutes. Bonome les avait même pas vus l’année d’avant. »

Max : « On est des bons fossileurs, nous. »

Samuel : « Il y a des graptolites ici aussi ? »

Le chevalier : « Quelques rares découvertes… Du même genre qu’à Lam Saoz. »

Max : « C’était la même mer bonome. Mais sur l’autre rive. »

Le chevalier : « Savez vous que si les ampélites avaient été un peu plus chauffées et comprimées, elles auraient donné du pétrole ? »

Max : « Du pétrole ? Le pétrole se forme à partir des ampélites ? »

Le chevalier : « Non, à partir de matière organique. »

Max : « Tu nous expliqueras ça une autre fois. »

Léo : « D’autres choses sur les ampélites ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Elles sont très friables. On dit qu’elles ne sont pas compétentes. »

Léo : « Tu nous as déjà expliqué. Les roches peuvent être compétentes. On dit aussi cassantes. Ou alors elles peuvent être non compétentes ou ductiles. »

Le chevalier : « Quelle mémoire Léo ! Les roches ductiles sont souvent à la base des chevauchements ou des écailles… C’est pour cette raison qu’ici, les ampélites sont souvent débitées en lanières. »

Léo : « Quand tout se plisse ou se complique à cause de la tectonique, les ampélites résistent pas du tout et c’est là que ça se décolle et que ça glisse… »

Le chevalier : « Oui mon Léo. On dit qu’elles forment des couches-savons. »

Léo : « Et tout glisse dessus ! Hopla ! »

Max : « Tu vois Samuel, ça, c’est bonome quand il comprend pas tout… »

Samuel : « Et Léo comprend tout tout le temps… »

Max : « Oui, on a l’impression qu’il connaît aussi bien que bonome. Il doit être autiste… »

Léo : « JE SUIS PAS AUTISTE ! TU ARRÊTES AVEC L’AUTISME OU JE TE SAVONNE LA TRUFFE AVEC DES AMPÉLITES ! »

Le chevalier : « J’aimerais bien voir ça 🙂 »

Léo (au chevalier) : « C’est vrai ? Je peux ? »

Le chevalier : « Quand même pas Léo. Je ne peux pas te laisser faire. »

Léo : « D’accord… Il le mériterait quand même… »

Samuel : « Regardez les ampélites sur la falaise… »

Le chevalier : « Oui… Nous les reverrons plus loin. »

Max : « On regarde pas ? »

Le chevalier : « Non, pas là. »

Max : « Samuel nous montre des ampélites et on les regarde pas… C’est pas gentil ça. Viens Samuel, on s’en fiche de bonome. On va voir les ampélites sur le rocher. … Bonome veut pas étudier ici parce qu’il connaît rien du tout à ce rocher. Mais on s’en fiche. On observe et puis c’est tout. »

Samuel : « Cousin Léo, tu comprends ce rocher toi ? »

Léo : « Non… Au dessus des ampélites je dirais que ce sont les phyllites vertes et roses de la série rythmique inférieure. Mais en dessous, je sais pas. »

Max : « Pas grave. Bonome, on continue ! »

Léo : « On va voir la Pointe Rouge ? »

Le chevalier : « Pas encore. J’ai quelque chose à vous montrer. Venez… »

Max : « Encore une faille ! »

Le chevalier : « Exact Maxou ! »

Max : « Dis bonome, il y a des failles comme ça et des failles comme ça. Pourquoi ? »

Le chevalier : « Mon petitours… Il y a effectivement deux familles de failles. Certaines sont orientées parallèlement à la côte. Ce sont les failles F1. Les autres sont perpendiculaires à la côte. C’est la famille de faille F2 à laquelle appartient celle-ci. »

Max : « D’accord. Léo, qu’est ce que tu observes ? »

Léo : « Le miroir de faille et les deux compartiments… »

Léo : « On voit bien le miroir de faille. Samuel, le miroir c’est la zone toute lisse. C’est la surface au long de laquelle a eu lieu le mouvement. A droite, ce sont les phyllites. Elles sont très redressées. Presque verticales même. A gauche, je sais pas ce que c’est. Mais c’est moins penché… »

Le chevalier : « Bien vu Léo. C’est la formation de droite qui est venue chevaucher celle de gauche. On parle de faille inverse. Cette faille nous indique qu’il y a eu un serrage Nord-Sud. »

Léo : « Merci bonome. »

Max : « Dis Léo, tu as remarqué que tu dis de plus en plus souvent bonome ? »

Léo : « J’avais pas fait attention… »

Max : « Depuis que Sam est arrivé 🙂 »

Léo : « Ça t’embête pas chevalier ? »

Le chevalier : « Non mon petitours. Je suis content d’être ton bonome 🙂 Samuel, toi aussi tu peux m’appeler bonome si tu veux. »

Samuel : « Pas tout de suite chevalier. Je viens d’arriver moi. On se connaît pas encore très bien. J’oserai pas. »

Le chevalier : « Sens toi libre petit Sam. »

Samuel : « Merci chevalier. »

Léo : « Mmmmm… »

Max : « Pourquoi tu mmmmmes en te grattant la tête Léo ? C’est parce que Sam veut pas appeler bonome bonome ? »

Léo : « Mais non 🙂 C’est à cause de cette pointe d’ampélites au sol… »

Max : « Qu’est ce que tu vas dire en voyant le rocher ! »

Léo : « Je dirais bien que c’est beau mais tu te moquerais de moi… »

Max : « Pas à chaque fois Léo, pas à chaque fois… »

Léo : « Tu trouves pas ça beau toi ? »

Max : « Ben si ! Évidemment ! »

Samuel : « C’est encore à cause de la tectonique ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « Bonome, on peut grimper sur le rocher pour que tu nous fotoes ? »

Le chevalier : « Allez-y ! Et après nous ferons une courte pause avant d’aller voir la Pointe Rouge. »

Continuer la promenade

132-2 La Grotte du Four à Catteau et le chevauchement

Lundi 31 Octobre, An III

Max : « Bonome, on continue la pause ? »

Le chevalier : « Oui, regarde 🙂 »

Max : « Samuel fait dodo 🙂 »

Léo : « Il a déjà vu beaucoup de choses fort savantes depuis son arrivée… »

Max : « Tous les zoisos des Royaumes de Charentmaritimie, le Royaume des Paons, la géologie de la Vendée… »

Le chevalier : « Deux cousins qui le chahutent… »

Léo : « Je le chahute pas, moi. Je veille sur lui. »

Le chevalier : « Je sais mon Léo. Max m’a dit que Samuel dormait contre toi toutes les nuits. Tu arrives à dormir, toi ? »

Léo : « Je peux pas bouger mais j’arrive à dormir. Je crois que ça le rassure de dormir contre moi. »

Max : « Tu es son doudou 🙂 »

Léo : « Il nous a jamais raconté sa vie au Lac Saint-Jean… »

Le chevalier : « Non, c’est vrai. »

Léo : « Il a peut-être vécu des événements terribles qui font qu’il a peur la nuit. »

Max : « Il faudra enquêter. Mais, en attendant, maîtrise ton imagination Léo. Il a l’air en pleine forme ce petitours blanc. »

Léo : « Tu as raison Maxou. Il a juste besoin d’un peu d’affection. »

Max : « Il a du être sevré trop tôt… Ça arrive mais c’est pas bien grave. Bon, on attend qu’il se réveille ou on y va sans lui ? »

Léo : « Tu vas pas bien dans ta tête, Max ! On va pas le laisser là le petit Sam ! »

Max : « Je voulais pas le laisser là ! Mais bonome pourrait le pocher. »

Léo : « Et il verrait pas la géologie compliquée ? Non, je suis pas d’accord. »

Max : « On le réveille alors ? »

Léo : « Non, on réveille pas le petit Sam ! »

Max : « Oulala ! Léo pourrait mordre si on embêtait le petit Sam… »

Samuel : « Mmmmmm… Vous parlez de moi ? Qu’est ce que j’ai fait ? »

Léo : « Rien Samuel. Tu es un gentil petitours. »

Samuel : « Je crois que j’ai tout dormi… »

Max : « Oui, tu as tout dormi. La pause est terminée. »

Samuel : « On reprend la géologie ? »

Léo : « Nous t’attendions. »

Samuel : « Alors on y va ! C’est parti. »

Max : « On voit quoi maintenant bonome ? »

Le chevalier : « Quelque chose qui va vous plaire, dans la Grotte du Four à Catteau. »

Max : « Une grotte ? On va dans une grotte ? Il faut les casques ! Bonome, as-tu prévu un casque pour Samuel ? »

Le chevalier : « Évidemment ! Je te connais Maxou 🙂 Sachez quand même que ce n’est pas une vraie grotte. Une grotte de petitours à la rigueur… »

Max : « On y va bonome, on y va ! »

Léo : « Rhoooo… »

Max : « Rholala la chance 🙂 Attendez avant d’approcher. Il faut étudier la vue générale… Revoyons la foto en grand… »

Léo : « Nous t’écoutons monsieur Max. »

Max : « A gauche on voit des roches blanches. D’après leur position je dirais que ce sont les arkoses qu’il y a au-dessus des ignimbrites. En dessous, il y a le bout du Rocher Sainte-Véronique en phtanites. Et à droite, on sait pas encore. Les relations entre toutes ces roches ont l’air étranges… On peut aller voir maintenant. » 

Le chevalier : « Oui, nous allons commencer par le bas de la paroi, sur la gauche. Mettez vos casques et allez-y. »

Max : « Oui bonome ! Petizours, casques sur la tête ! En avant, marche ! »

Le chevalier : « Alors ? »

Léo : « C’est bôôôô ! »

Max : « Oui Léo, c’est beau. Mais je crois que bonome nous demandait notre avis de géologue. »

Léo : « Et un géologue peut pas trouver ça beau ? »

Max : « Si, mais il le dit pas. Il donne une réponse géologique puisqu’il est géologue. »

Léo : « Et ben moi je suis un géologue qui dit que c’est beau ! »

Max : « Tu es même pas géologue ! Tu es un petitours ! »

Léo : « Un petitours naturaliste ! Et dans naturaliste il y a géologue ! »

Samuel (au chevalier) : « On les laisse faire ? »

Le chevalier : « Oui, profitons du spectacle 🙂 »

Max : « Un tout petit géologue alors ! »

Léo : « Tu es pas plus grand que moi je te signale ! »

Max : « Mais moi je dis pas que c’est beau ! »

Léo : « Non, tu dis rien du tout ! Ou alors tu dis que c’est compliqué ! »

Le chevalier : « Il suffit ! Cessez de vous chamailler ! Léo a raison de dire que c’est beau. Rien n’empêche de le dire avant d’étudier. Max, présente tes excuses à Léo ! »

Max : « Mais… »

Le chevalier : « Immédiatement ! »

Max : « Oui bonome, pas fâcher bonome… Mon Léo, je te présente mes excuses. Tu es un vrai géologue qui trouve que c’est beau. Hopla ! On peut étudier maintenant 🙂 »

Léo : « Ça ressemble aux phtanites de Sainte-Véronique. Mais en moins noir, avec plus de niveaux argileux. »

Le chevalier : « Exact Léo. Les niveaux riches en matière organique sont plus rares. »

Max : « Ce sont encore des phtanites ? »

Le chevalier : « A vrai dire, je n’ai jamais lu le nom que l’on donne à ces roches… Dans la littérature scientifique, on parle des séries rythmiques inférieures. »

Max : « On connaît leur âge ? »

Le chevalier : « Elles datent du Wenlock, au Silurien inférieur. En gros, de 440 à 420 millions d’années avant nos jours. »

Max : « On voit bien la stratification S0. »

Léo : « Mais elle est pas horizontale. C’est encore tout penché. »

Max : « Mais au moins, il y a pas de plis… »

Le chevalier : « Venez voir… »

Le chevalier : « Nous allons étudier le pilier au centre de la foto… »

Max : « On y va bonome 🙂 »

Samuel : « Qu’est ce que c’est beau ! »

Max : « C’est vrai petit Sam. »

Léo : « Alors lui, il a le droit de dire que c’est beau ! Quelle injustice ! »

Max : « Ben non ! C’est parce que tu m’as convaincu qu’un géologue pouvait dire que c’est beau ! »

Léo : « C’est vrai ? »

Max : « Ben oui mon Léo. »

Léo : « Chouette alors ! Chevalier, c’est quand même dommage que tu aies pas réussi à rendre compte des vraies couleurs sur ta foto. Problème de luminosité je suppose… »

Le chevalier : « Oui Léo. Je fotoe toujours un peu hâtivement. »

Léo : « Et tu négliges la technique. Mais c’est à cause de nous. Tu préfères observer et nous expliquer que soigner le fotoage. »

Max : « Tu es pas fotoeur bonome. Tu es naturaliste. »

Le chevalier : « Merci pour votre indulgence 🙂 Décalons nous un peu vers la gauche, vers le rocher Sainte-Véronique. »

Max : « Ah oui, d’accord… C’est plus pareil ici… »

Samuel : « Max ! Vite ! Va chercher le fer à repasser ! Qu’est ce qu’elle va dire Princesse ! Oulala ! Les vacances sont gâchées ! »

Max : « 😀 »

Léo : « On voit bien les plis isoclinaux formés par les couches jaunes… »

Max : « Dans les couches noires aussi… »

Samuel : « Alors là, c’est pas tout plié et juste à côté c’est tout plié… »

Max : « C’est vrai ça… Bonome, je vois bien les plis et j’ai un peu appris la stratigraphie. Les couches se déposent horizontalement et les plus anciennes sont en dessous des plus récentes. Et là, il y a des plis. J’en déduis donc qu’il y a eu des plissements. Forcément. Mais j’arrive pas à bien me représenter ce qu’il s’est passé. Je pourrais faire des schémas qui montrent les différents stade de l’évolution entre le dépôt des couches et ce que j’observe. Mais quand même… Tu comprends ce que je veux dire ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Comment réussir à plier des couches de roches comme une feuille de papier ? D’autant plus que des couches sont pliées, alors que celles situées quelques mètres plus loin ne le sont pas… Et, dans l’imaginaire collectif, rien n’est plus immuable qu’une roche… C’est un problème auquel tous les géologues sont confrontés. On s’y fait tu sais… »

Léo : « Regardez moi ces plis… »

Max : « Pfff… La couche noire… Elle est pliée en un pli isoclinal. Mais le pli est décalé par une faille… »

Le chevalier : « On parle de pli faillé. »

Max : « Elle était en forme la tectonique ici 🙂 »

Le chevalier : « Ce n’est pas fini. Retournons voir au-dessus des couches non plissées… Voilà 🙂 »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Max 🙂 »

Max : « En bas de la paroi il y a les séries rythmiques inférieures du Wenlock. Mais en haut… »

Léo : « On dirait les phtanites de Sainte-Véronique du Llandovery. »

Max : « Et si je dis pas des erreurs le Wenlock c’est après le Llandovery, juste après même. Alors, normalement les séries rythmiques inférieures devraient être au-dessus des phtanites, pas en-dessous… Montre la foto… »

Max : « Ben oui, les phtanites sont bien au-dessus… »

Samuel : « C’est tout inversé ! »

Léo : « Mmmmm… J’ai une hypothèse… »

Samuel : « Cousin Léo a toujours des hypothèses 🙂 »

Léo : « Serions-nous en présence d’un chevauchement ? »

Le chevalier : « Nous sommes 🙂 »

Max : « C’est ça que tu voulais nous voir découvrir par nous mêmes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, et vous ne m’avez pas déçu 🙂 »

Léo : « Rholala ! Un chevauchement ! »

Samuel : « Les roches de là sont passées par dessus les roches d’ici ? C’est ça un chevauchement ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. Plus précisément une nappes de roches est passée par dessus une autre nappe. Vous vous souvenez des ignimbrites de la Sauzaie ? »

Max : « Ben oui ! Elles sont juste là ! »

Léo : « Et au nord de Brétignolles… »

Le chevalier : « C’est toute cette nappe qui s’est décollée de son socle est qui est venue chevaucher ici. »

Léo : « J’en reviens pas ! Un chevauchement… »

Max : « Léo, on en a déjà vu un en Bretagne. »

Léo : « Ben oui, je sais, mais quand même ! Tu t’habitues, toi, à ce que des morceaux de roches de plusieurs kilomètres sur plusieurs kilomètres se déplacent et se grimpent dessus comme ça ? »

Max : « Non, c’est vrai… »

Le chevalier : « Observons un peu le détail… »

Max : « Rholala ! Alors en bas, il y a les roches de la série rythmique inférieure… Bonome, la petite surface plane, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Une surface de décollement. »

Max : « Mais… Elle est dans la série rythmique ! Il y a eu des chevauchement dans la série elle-même ? »

Le chevalier : « Oui, il y a des écailles. »

Léo : « On voit bien le chevauchement principal. A peu près à l’équateur de la foto. Au-dessus ce sont les phtanites. »

Max : « Et il y a une autre surface de chevauchement… »

Le chevalier : « C’est peut-être une écaille de la série rythmique qui a chevauché les phtanites… »

Max : « Elle était vraiment en forme la tectonique 🙂 »

Le chevalier : « On peut observer le chevauchement vers la gauche aussi. Regardez… »

Léo : « C’est bizarre ! Ici, la série rythmique, en bas, est pas du tout pliée… »

Le chevalier : « C’est vrai… Voyons maintenant les surfaces de contact… »

Léo : « Dire que c’est le long de cette surface que les roches se sont déplacées… »

Max : « C’est normal que ce soit tout lisse… »

Léo : « Bonome, est-ce qu’il y a des stries qui indiquent le sens du déplacement ? »

Le chevalier : « Pas à ma connaissance… »

Samuel : « Chevalier, pourrais-tu remontrer la dernière foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Tu as vu quelque chose ? »

Samuel : « Oui, en bas à droite… Regardez les plis noirs… »

Max : « Ça alors ! Bonome, tu avais pas vu ! Tu as donc pas fotoé. Tu peux recadrer l’image ? »

Le chevalier : « Elle ne va pas être très nette. Essayons… »

Max : « C’est pas mal bonome. »

Le chevalier : « Attendez un peu… Mmmmm… Là… Voyons ça… Mmmmm… Ça ira ! Regardez un peu ça ! »

Max : « Tu te lances dans l’utilisation de logiciels graphiques ? On voit que tu débutes… »

Léo : « Max ! »

Max : « Ben quoi ? Le trait est pas très assuré et l’étoile jaune est toute petite. Tu as pas réussi à l’agrandir bonome ? »

Le chevalier : « Non… »

Max : « Pas grave. C’est bien d’avoir essayé. Je pourrai utiliser cette image pour mon blog ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Max : « Merci bonome. Voyons ça… »

Max : « En bas à droite, il y a la série rythmique tout plissée. On voit bien le pli que Samuel a découvert. Au dessus du premier trait rouge la série rythmique a pas l’air plissé. C’est un chevauchement interne à la formation. Et le second trait rouge est le chevauchement principal. C’est là que les phtanites viennent sur la série rythmique. L’étoile jaune, si mes lecteurs réussissent à la voir, montre la surface de contact entre les deux formations. »

Le chevalier : « Bravo Maxou. »

Max : « Merci mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « La journée vous plaît-elle ? »

Samuel : « Rhoooo oui 🙂 »

Léo : « Oui bonome. On a vu un chevauchement 🙂 »

Max : « Et tu fais pas trop compliqué pour le moment. Je vois bien que tu te retiens 🙂 C’est gentil. »

Le chevalier : « Je propose de faire une autre pause avant d’attaquer la suite. »

Max : « Tu vas manger ton sandouich ? »

Le chevalier : « Non, je n’ai pas encore faim. Vous allez encore faire la bagarre ? »

Max : « Non, pas tout le temps. On va rester avec toi. Mais d’abord on va retourner observer les roches. Tu veux bien ? »

Le chevalier : « Bien sûr. N’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin d’explications. »

Max : « Merci bonome. Mais on va essayer de te laisser méditer. Évite de partir dans ta tête quand même 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou. A tout à l’heure 🙂 »

Un peu plus tard…

Léo : « Bonome, je peux interrompre ta méditation ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Je comprends pas bien la falaise là. Tu veux pas m’expliquer ? »

Le chevalier : « Qu’est ce que tu ne comprends pas ? »

Léo : « Les relations entre les arkoses blanches et les phtanites chevauchées par la série rythmique inférieure. »

Le chevalier : « Je vois… Tu veux bien aller chercher Max et Samuel s’il te plaît. Les explications vont peut-être les intéresser. »

Léo : « J’y vais 🙂 »

Max : « On est là ! »

Samuel : « On t’écoute 🙂 »

Le chevalier : « Normalement, et si les datations sont correctes, la série rythmique inférieure est en continuité avec les phtanites. Les roches se ressemblent beaucoup. On note juste une diminution de la proportion de quartz avec le temps. Les niveaux argileux sont de plus en plus nombreux et ceux de phtanites le sont moins. »

Max : « D’accord. Mais les arkoses de la formation des porphyroïdes de la Sauzaie ? »

Le chevalier : « Vous me rappelez de quand elles datent ? »

Léo : « Le Trémadoc ! Ordovicien Inférieur ! »

Max : « Et c’est avant le Silurien. Normalement, les arkoses devraient être sous les phtanites. Là, on voit bien qu’elles sont dessus ! »

Le chevalier : « Oui, je ne peux pas le nier… »

Max : « Comment tu expliques ça mon bonome ? »

Le chevalier : « En fait, ce sont les porphyroïdes qui sont chevauchants sur les phtanites. Mais en avançant, elles ont entraîné des écailles de phtanites qui ont elles-même chevauché la série rythmique inférieure. »

Léo : « D’accord. Je comprends mieux maintenant. »

Max : « Bonome, on peut retourner de l’autre côté du Rocher pour voir le chevauchement ? Le vrai, des porphyroïdes sur les phtanites. S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Que ne ferais-je pas pour mes petizours 🙂 Pochez-vous. »

Léo : « Chouette alors ! On y va en poche ! »

Max : « Mon bonome, pourrions-nous prendre un peu de recul s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Pour une vue générale du site ? »

Max : « Ben oui. »

Le chevalier : « Ça te va ici ? »

Max : « Oui, merci bonome. »

Léo : « Nous t’écoutons Max. »

Max : « C’est encore moi qui explique ? »

Samuel : « Oui, nous en avons décidé ainsi 🙂 »

Max : « D’accord. On connaît presque tout maintenant. En blanc ce sont les arkoses qui appartiennent à la formation des porphyroïdes de la Sauzaie. An centre, on voit bien la terminaison du Rocher Sainte-Véronique. Il forme un pli plissé. Et à gauche il y a la série rythmique inférieure. »

Le chevalier : « Les roches de la série rythmique inférieure se prolongent vers nous, sur l’estran. »

Max : « Avançons un peu… »

Max : « Voilà ! A la base des arkoses il y a une couche un peu jaune. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Nous verrons mieux cette couche tout à l’heure. Regardez plutôt les différences de pendages. A droite, les strates sont presque verticales alors qu’au centre, elles sont peu penchées. »

Léo : « Bonome, en haut à droite, il y a des roches noires. Ce sont des phtanites ? »

Le chevalier : « Il faudrait aller voir. Mais ça ne m’étonnerait pas. »

Max : « Ben oui, la tectonique est capable d’avoir déposé des phtanites tout là haut, oulala ! »

Max : « Pfff… C’est vraiment tout chamboulé ici 🙂 »

Léo : « Le coin, en triangle, ce sont des éboulis ? »

Le chevalier : « On dirait. »

Léo : « Alors il y a la terminaison des arkoses juste à gauche. Rholala ! »

Samuel : « Chevalier, je crois que tu dis des erreurs… »

Le chevalier : « Je t’écoute mon petitours. »

Samuel : « On dirait que les strates, en haut à droite, sont pas presque verticales. Je dirais plutôt qu’elles forment tout un tas de plis très serrées. »

Le chevalier : « Effectivement… Bien vu Samuel, bravo 🙂 Passons de l’autre côté du rocher… »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Tu vois bonome, si on avait commencé par ici j’aurais rien compris du tout mais là ça va. »

Samuel : « C’est grâce à toi chevalier. »

Max : « Bon, il y a quand même le problème de la couche jaune. Parce qu’on voit bien les arkoses blanches qui appartiennent à la formation des porphyroïdes de la Sauzaie. Et à droite, ce sont les phtanites. On les reconnait bien maintenant. Mais cette couche jaune… C’est quoi cette couche jaune ? »

Le chevalier : « Ce sont des métarhyolites mylonitiques. Tout le monde sait ça Maxou. »

Max : « Alors toi ! Tu peux pas t’en empêcher ! Qu’est ce qu’on va faire de toi bonome ? Pfff… »

Léo : « Max, je crois qu’il le fait exprès pour t’embêter 🙂 »

Max : « Je sais mon Léo, je sais… Pourquoi crois-tu que je lui ai pas crié dessus ? »

Samuel : « Chevalier, je comprends pas les métarhyolites mylonitiques moi. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Rassure-toi mon petit Sam, tu ne dois pas être le seul à ne pas comprendre. Bon, le préfixe méta- signifie que la roche a subi un important métamorphisme. Ici, il est placé devant le nom de la roche, la rhyolite. »

Max : « C’est pas vraiment une rhyolite. C’est une ignimbrite rhyolitique. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Et mylonitique ? Ça informe sur quoi ? »

Le chevalier : « Ça indique que la roche a connu une recristallisation importante des minéraux qui la composent, sous l’effet d’une intense déformation. Les roches mylonitiques ont une texture très finement litée et des grains très fins, souvent invisible à l’œil nu. »

Samuel : « Je comprends pas tout quand même… »

Léo : « Moi je crois comprendre. En fait, cette couche jaune, au début, c’est de l’ignimbrite rhyolitique. En fait, je pense que c’est plutôt des arkoses. Mais comme elles viennent de l’érosion des ignimbrites, c’est un peu pareil. Si on regarde bien, cette couche est à la base du chevauchement. C’est cette couche qui a le plus subi les effets du chevauchement. »

Max : « Comment ça ? »

Léo : « Max, frotte tes pattes l’une contre l’autre très fort. »

Max : « Comme ça ? »

Léo : « Frotte plus fort ! »

Max : « Aïe ! Ça brûle ! Ouille ! Ouille ! »

Léo : « Tu comprends ? »

Max : « En frottant l’une contre l’autre lors du chevauchement les couches se seraient échauffées comme quand j’ai frotté mes pattes l’une contre l’autre ? »

Léo : « Oui ! Et la couche la plus proche du frottement s’est encore plus métamorphisée. Les cristaux se sont modifiés et tout ça et ça a donné la couche jaune. »

Max : « Bonome, il a bon ? »

Le chevalier : « Oui, il a bon. »

Samuel : « Tu es un grand géologue cousin Léo 🙂 »

Max : « Comment tu fais pour savoir tout ça Léo ? »

Léo : « Je sais pas… Bonome explique et après je comprends. »

Max : « Mais il a pas expliqué les métamachins mignonlitiques. »

Léo : « Ben non. Mais… Vous trouvez que je suis prétentieux si je dis que c’est pas difficile d’y penser ? »

Max : « Mon Léo, je pourrai jamais dire que tu es prétentieux. Je sais même pas si tu as des défauts… Tu trouves ça tout seul ? Comme ça ? »

Léo : « Ben oui… »

Max : « Bonome, je sais que je t’ai déjà posé la question mais il serait pas autiste notre Léo ? Les autistes savent plein de choses des fois. »

Le chevalier : « Non Maxou, notre Léo n’est pas autiste. Il est très doué pour comprendre la géologie. C’est très impressionnant mais ce n’est pas de l’autisme. »

Max : « Bravo mon Léo. Je suis très fier d’être ton cousin. »

Léo : « Je suis qu’un petitours naturaliste tu sais. Et c’est un peu grâce à toi. C’est toi qui m’as initié. »

Samuel : « Cousin Léo, il faudra tout m’apprendre. S’il te plaît. »

Léo : « Je vais faire de mon mieux. Mais tu sais, Max connait plein de choses fort savantes lui aussi. Il aime pas le montrer, c’est tout. »

Max : « Bonome, tu peux faire d’autres fotos s’il te plaît. Pour la beauté… »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Et avec nous sur les roches ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Les cousins, on grimpe ! »

Max : « Moi je suis sur les phtanites, Léo sur les métarhyolites mylonitiques et Samuel est pile sur le chevauchement. Fais attention petit Sam, si ça se met à bouger de nouveau tu vas être tout broyé 🙂 »

Samuel : « C’est même pas vrai ! Ça va pas bouger cousin Max. Tu dis des bêtises 🙂 »

Max : « 🙂 Merci mon bonome. Dis, tu veux bien faire une pause avec tes petizours sur les genoux ? »

Léo : « Avec des gratouillis… »

Le chevalier : « Je veux bien. Venez tous les trois. »

Max : « Merci bonomou 🙂 »

Le chevalier : « Mais avant, je voudrais vous montrer un schéma qui reprend ce que nous avons vu. Il vient de la notice de la carte géologique de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. »

Max : « Mmmmm… Oui oui, c’est ça… »

Le chevalier : « Vous n’avez pas l’air très intéressés par le schéma. »

Max : « On attend notre câlin… »

Léo : « Et nos gratouillis… »

Samuel : « Tu avais promis… »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Continuer la promenade

132-1 Le rocher Sainte-Véronique

Lundi 31 Octobre, An III

Max : « Booonooome… Mon bonome… »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Bonomou, il est l’heure de te réveiller… »

Le chevalier : « Jedorencor… »

Max : « Mon bonome, on va rater la marée… »

Le chevalier : « Quelle marée ? »

Max : « Bonome, quand même ! On va au Rocher Sainte-Véronique aujourd’hui ! Il faut pas rater la marée descendante. Allez ! Ouvre les yeux ! »

Le chevalier : « Déjà ? Il est quelle heure ? »

Max : « L’heure de te lever ! Léo a hâte d’y être, Samuel trépigne d’impatience et moi j’en ai assez d’attendre qu’une grosse marmotte sorte enfin d’hibernation. »

Le chevalier : « Un grosse marmotte ? »

Max : « Oui, et plutôt la marmotte de fin d’été. Tu sais, la marmotte qui a mangé tout l’été pour faire du gras là 🙂 »

Le chevalier : « Il n’y a pas de grosse marmotte ici… »

Max : « Si ! »

Le chevalier : « Non ! Il y a un grand chevalier. C’est un petitours que j’aime beaucoup qui dit ça de moi 🙂 »

Max : « Tu l’aimes beaucoup ce petitours ? »

Le chevalier : « Oui. Quand il ne me compare pas à une grosse marmotte qui a du gras là. »

Max : « Il a pas dit ça. Tu as dû mal entendre. »

Le chevalier : « J’avais pourtant cru… »

Max : « Tu es pas encore bien réveillé mon bonomou. Tu entends pas bien, c’est normal. Bon, tu sors de ton lit ? »

Le chevalier : « M’auriez-vous préparé du café ? »

Max : « Douze litres. Ça ira pour le réveil ? On peut en refaire pour la journée si tu veux. »

Le chevalier : « Merci mon petitours. Va faire patienter tes cousins le temps que je me prépare. »

Max : « Oui bonome… LES COUSINS ! LA GROSSE MARMOTTE S’EST RÉVEILLÉE ! ON PART BIENTÔT ! »

***

Aux abords du Rocher Sainte Véronique…

Léo : « Rholala, on va faire la géologie compliquée comme en Bretagne. »

Samuel : « J’ai pas fait la Bretagne mais rholala quand même 🙂 »

Max : « Pas trop compliqué quand même mon bonomou. »

Le chevalier : « Je ne suis plus une grosse marmotte ? »

Max : « Mais pourquoi parles-tu toujours de grosse marmotte ? Tu as rêvé de la montagne ? Tu étais au Pays des Marmottes ? »

Léo : « Et si nous allions sur l’estran ? »

Samuel : « La mauvaise foi de Max resterait peut-être ici 🙂 »

Max : « Vu d’ici, on comprend rien du tout. »

Léo : « On voit à peine le Rocher. »

Samuel : « Et les pointes sont tout loin. »

Le chevalier : « Alors avançons un peu… »

Max : « Ben voilà ! On voit mieux là ! Alors on va faire tout ça ? »

Léo : « On va aller du Rocher aux Pointes ! »

Le chevalier : « Et au-delà si nous avons le temps. »

Léo : « Chouette alors ! On se dépêche ! Vite ! »

Max : « Attend Léo. Regarde derrière… »

Léo : « Qu’est ce qu’il y a ? »

Max : « Ben regarde ! Il y a des roches sur l’estran, le rocher noir et les porphyroïdes de la Sauzaie. »

Léo : « Et alors ? »

Max : « Ça m’a l’air bizarre le contact entre les porphyroïdes et les roches noires… »

Léo : « Il faut aller voir alors. »

Max : « Mon bonome aux longues pattes, aurais-tu l’obligeance de nous emmener observer ce contact qui me semble bizarre ? S’il te plaît bonomou. »

Le chevalier : « Grosse marmotte, bonome aux longues pattes… »

Max : « Ouiiii 🙂 Allez ! On y va là ! »

Léo : « Bon, là, on voit bien les porphyroïdes. »

Max : « Regarde à gauche de la foto. Il y a les roches noires. Avance bonome. »

Max : « Là c’est bien. »

Léo : « A droite il y a les porphyroïdes et à gauche les roches noires. »

Max : « On voit bien le gros rocher pointu. Il est penché. Et juste à nos pieds les roches noires ont une surface plane et penchée pareil… »

Léo : « Max, tu te grattes la tête 🙂 »

Max : « … Voilà ! J’ai compris ! Tu disais Léo ? »

Léo : « Tu te grattais la tête en réfléchissant 🙂 Qu’est ce que tu as compris ? »

Max : « Il y a une faille ! C’est pour ça que le contact me paraissait bizarre ! C’est un contact par faille. J’ai bon bonome ? »

Le chevalier : « Oui mon petit géologue. On la voit mieux dans ce sens… »

Max : « Tu vois mieux toi ? »

Le chevalier : « Pas vous ? »

Max : « Bof… »

Le chevalier : « Elle passe sous le rocher au premier plan, sous la flaque, longe le rocher noir penché situé un peu à gauche puis oblique en arrivant sous le sable. Elle se prolonge dans la falaise sous l’enrochement de consolidation. »

Max : « Ah oui… »

Léo : « Bon, on est à peine arrivés qu’on a déjà repéré une faille. La tectonique est passée par là… »

Max : « Et elle a tout compliqué… »

Samuel : « Cousin Max, tu l’a trouvée tout de suite cette faille. Ça a pas eu l’air compliqué pour toi. »

Léo : « Sam a raison. »

Max : « Ben… On a déjà vu des failles alors c’est pas très difficile de les repérer. Dis bonome, on peut aller voir le beau Rocher ? »

Le chevalier : « Vous ne voulez pas étudier les roches noires ? »

Max : « Si, mais après. »

Léo : « On peut aller faire le tour du Rocher et étudier les roches noires ensuite. »

Samuel : « Parce que c’est un très beau rocher. »

Max : « C’est pas tous les jours qu’on en voit des comme ça. »

Le chevalier : « D’accord. Allons-y. »

Max : « Tu comprends tout bonome ? »

Le chevalier : « J’observe… »

Léo : « Nous, on profite de la beauté 🙂 »

Max : « Merci bonome. On peut étudier maintenant. »

Le chevalier : « Allons voir ce petit rocher… »

Le chevalier : « J’écoute vos observations… »

Max : « C’est une roche noire. »

Léo : « Elle a l’air massive. »

Samuel : « Il y a des traits blancs. »

Le chevalier : « Oui. Une roche noire d’aspect massif et veinée de blanc. Réglons tout de suite le problème de ces veines blanches. Ce sont des veines de quartz. Le quartz a cristallisé dans des fractures causées par les mouvements tectoniques. »

Max : « D’accord. De toutes façons, du quartz, il y en a plein les ignimbrites. Les stocks sont pas vraiment limités… »

Le chevalier : « 🙂 Observons le rocher sous un autre angle… Venez ici. »

Max : « Ah oui, ça change tout ! »

Samuel : « C’est plus du tout une roche massive. »

Léo : « C’est une roche feuilletée. »

Max : « On voit bien l’alternance de bandes noires, brunes et beiges. Mais il y en a pas beaucoup de beiges. »

Léo : « Je dirais que c’est une roche sédimentaire… »

Le chevalier : « Exact Léo. »

Max : « Vu la finesse des couches, les sédiments devaient être très fins. C’étaient des argiles ou quelque chose comme ça. J’en déduis que le milieu de sédimentation était très calme. Une plate-forme peu profonde sans vague ou le pied d’un talus. C’est plus profond au pied du talus, du coup il y a moins d’agitation… Oui, ça doit être ça, une sédimentation au pied d’un talus, d’argiles qui venaient de l’érosion de montagnes. »

Léo : « Max, t’entends-tu ? »

Max : « Qu’est ce que j’ai dit ? »

Léo : « Tu as vu un caillou et tu t’es lancé dans une longue explication 🙂 »

Max : « Comme bonome… »

Samuel : « Tu te bonomises cousin Max 🙂 »

Le chevalier : « Tu fais des progrès mon petitours 🙂 Mais tu n’as pas tout à fait raison. En réalité, cette roche est surtout constituée de tout petits grains de quartz. »

Max : « Pourquoi elle est noire alors ? Elle devrait être claire ! C’est clair le quartz ! On le voit bien sur les fotos d’hier, quand Léo observait les cristaux à la loupe. »

Léo : « Je peux hypothéser ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « Nous avons déjà vu des roches sédimentaires noires. C’était les ampélites à Lam Saoz. Et tu nous avais expliqué que la couleur noire était due à la présence d’une grande quantité de matière organique. Je suppose donc que cette roche est noire en raison de la présence de grandes quantités de matière organique. »

Samuel : « Alors ces roches noires sont constituées de très petits cristaux de quartz, avec un peu d’argile et de la matière organique. Elle s’appelle comment cette roche ? »

Le chevalier : « On parle de phtanite. Nous sommes face aux Phtanites de Sainte-Véronique. »

Léo : « Max, tu as l’air contrarié. Qu’est ce qu’il t’arrive ? »

Max : « Je suis bête ! Regardez les phtanites ! Elles forment des rochers qui dépassent de l’estran. Et le grand rocher, là… Ils sont très solides ces rochers, sinon ils auraient été érodés. J’aurais dû me douter qu’ils étaient formés d’une roche très dure. Et le quartz c’est très dur ! »

Le chevalier : « Ne sois pas trop sévère avec toi Maxou. Tu ne peux pas tout savoir. »

Samuel : « Tu es déjà un bon géologue cousin Max. »

Max : « Peut-être… »

Léo : « Bon, résumons nous. Les phtanites sont des roches sédimentaires constituées de tout petits grains de quartz imbriqués les unes dans les autres et riches en matière organique. Et il y a des fines couches d’argiles brunes, ou beiges, au sein des couches de quartz. C’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Est-ce que Max a raison sur le milieu de sédimentation ? »

Le chevalier : « Oui, c’est bien une sédimentation de talus. »

Léo : « Peux-tu expliquer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Avec des mots simples je suppose ? »

Max : « Sauf si tu as envie de te faire crier dessus… Ça fait longtemps… »

Le chevalier : « D’abord, il faut que je précise que Madame Ters a découvert dans ces phtanites des radiolaires qui permettent de dater les roches du Silurien inférieur (Llandovery), c’est à dire vers 440 millions d’années avant nos jours. »

Max : « Des radiolaires ? Ce sont des fossiles ça ! On peut fossiler ? »

Léo : « Maxou, les radiolaires sont des algues microscopiques. Bonome nous en a parlé en Bretagne. On pourrait pas les voir. »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « Pourquoi nous parles-tu des radiolaires ? »

Le chevalier : « En raison du principe d’uniformitarisme. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Il faut pas m’en vouloir, mais si on te laisse faire, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres. TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! L’UNIFORME QUI TARIT ! C’EST QUOI ÇA ENCORE ? C’EST UN MOT SIMPLE ÇA ? »

Le chevalier : « Je ne vous ai jamais expliqué ce principe simple qui est à la base de la géologie ? »

Léo : « Je crois pas… »

Le chevalier : « Ça m’étonne. Pardonnez moi cet oubli. Nous ne pouvons reconstituer le passé qu’en partant du principe qu’une même cause produit toujours les mêmes effets. »

Samuel : « Ben oui ! Si on dit que les phénomènes sont pas les mêmes au cours du temps, on peut rien comprendre du tout ! »

Le chevalier : « Exact mon petit Sam 🙂 Si nous voyons les effets qui ont eu lieu il y a longtemps, on peut affirmer qu’ils ont eu comme cause, un événement qui provoque ces mêmes effets actuellement. »

Max : « Et le rapport avec les radiolaires ? »

Le chevalier : « Je vais simplifier un peu. Les formations de roches riches en radiolaires se font actuellement sur les talus continentaux dans des zones où il y a des remontées d’eaux froides. Ces eaux froides remontent vers la surface de la matière minérale, des nutriments provenant des profondeurs. Ces arrivées de matière minérale provoquent un fort développement de ces algues unicellulaires que sont les radiolaires. Ces algues servent elles-mêmes de nourriture à tout un réseau trophique. Des phytophages, des zoophages… Mais la prolifération brutale des ces algues  s’accompagne d’une forte consommation de dioxygène. Les eaux s’appauvrissent en dioxygène, ce qui provoque une mortalité de masse dans le réseau trophique. Et le manque de dioxygène empêche la matière organique de se décomposer entièrement. Vous comprenez ? »

Léo : « Moi oui. »

Max : « Ben oui, quand tu expliques, on comprend. »

Samuel : « Mais ça veut dire qu’il y a des remontées d’eau mais pas tout le temps. C’est par épisodes. »

Le chevalier : « Exact mon petit Sam 🙂 On parle d’upwelling. »

Max : « Tu te crois plus intelligent quand tu utilises des mots que personne connaît à part toi, et en anglais en plus ? Même les anglais savent pas ce que ça veut dire ! »

Léo : « Et les upwellings ont lieu sur les talus actuellement. Et comme ils forment des roches riches en radiolaires et en matière organique, on peut dire que comme on voit des roches riches en radiolaires et en matière organique, ces roches se sont formées sur les talus à cause d’upwellings. »

Samuel : « A cause de l’uniformitarisme. »

Le chevalier : « Max, as-tu compris toi aussi ? »

Max : « Ben oui, je suis pas plus bête que Léo ou Samuel. J’ai un sacado moi aussi. »

Le chevalier : « Oui, tu as un sacado 🙂 Pas trop compliqué pour le moment ? »

Max : « C’est pas tout facile quand même ! »

Léo : « Mais on comprend. »

Samuel : « Parce que tu expliques bien. »

Le chevalier : « Merci mon petitours. »

Samuel : « J’aime bien que tu m’appelles mon petitours. Ou mon petit Sam 🙂 »

Max : « J’ai déjà entendu ça 🙂 On est tous les trois son petitours 🙂 »

Léo : « Il y a d’autres choses à savoir sur les phtanites de Sainte-Véronique ? »

Le chevalier : « D’abord, souvenez-vous bien que nous avons vu les traces de la sédimentation d’origine. »

Max : « Ben oui, il y a des couches parallèles. »

Léo : « Mais elles sont penchées, presque verticales. »

Samuel : « C’est à cause de la tectonique 🙂 »

Léo : « Je vais aller sur les roches et tu vas me fotoer, pour bien montrer… »

Le chevalier : « Merci Léo. Nous appellerons ces traces de la stratification d’origine S0. Venez voir maintenant… »

Max : « C’est le Rocher Sainte-Véronique. On l’a déjà vu. »

Le chevalier : « Vous l’avez vu mais vous ne l’avez pas observé. Regardez bien là-haut… »

Max : « Bonome ! C’est quoi ça ? Elles sont tout pliées les roches ! Oulala ! Si Princesse apprend ça ! Va chercher un fer à repasser, vite ! Il faut tout remettre à plat. Allez, dépêche toi. Oulala ! »

Le chevalier : « Max ! »

Max : « Pas le temps bonome, pas le temps ! Le fer à repasser, vite ! Oulalaaaaa ! Comment on va faire ? Voilà, les vacances sont gâchées, on y arrivera jamais 🙁 »

Samuel : « Qu’est ce qu’il t’arrive cousin Max ? »

Léo (à part, à Samuel) : « Laisse les faire… »

Le chevalier : « MAX ! »

Max : « Tu es encore là ? Tu es pas allé chercher le fer à repasser ? Dépêche-toi voyons ! Tu te rends pas compte du travail ! Et on va les mettre où, les roches, quand elles vont être à plat ? Elles vont recouvrir la mer ! Pfff… »

Samuel (à Léo) : « Il va pas bien dans sa tête ? Sa casquette le protège pas assez du soleil ? Son cerveau a fondu ? »

Léo (à Samuel) : « Il te rejoue une scène que tu as ratée… »

Max : « Ouiiii 🙂 »

Samuel : « Tu as vraiment pensé qu’il fallait tout repasser ? »

Max : « Oui. Mais je connaissais pas encore la tectonique à l’époque. »

Léo : « Max veut bien faire sa mission. »

Samuel : « Tu es rigolo cousin Max. Merci d’avoir rejoué la scène 🙂 »

Max : « Bon, la stratification S0 est plus pareille ici. C’est tout plié. »

Le chevalier : « Ce sont des plis isoclinaux à charnière aiguë de 20 à 40°. »

Max : « Ben oui… Bien sûr… Bonome, mon bonome, mon bonomou… »

Le chevalier : « Des plis en Z… »

Max : « C’est mieux. J’apprécie les efforts. »

Le chevalier : « Un pli isoclinal est un pli dont les flancs sont parallèles. »

Max : « Comme un Z. D’où pli en Z. D’accord. »

Léo : « Tu nous expliques les plis s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Revoyons une foto… Celle-ci par exemple. »

Le chevalier : « Nous voyons bien les argiles rouges. Les plis d’argiles rouges montrent des charnières gonflées et des flancs très étirés. Les plans de fracture, ou plans de clivage, sont peu visibles. Dans les phtanites en revanche, les plans sont bien visibles et convergent vers le cœur du pli. Ils cassent les phtanites en nombreux gros blocs. »

Max : « Les deux types de roches ont pas réagi pareil à la température et à la pression… »

Léo : « Samuel, il faut que tu saches que les roches peuvent se plier que si elles ont légèrement chauffées. Si c’est le cas, elles se ramollissent et peuvent se plier. C’est le cas quand elles sont enfouies en profondeur. »

Max : « Si elles sont pas chauffées, elles se plient pas. Elles cassent. »

Samuel : « Merci les cousins. Mais pourquoi elles ont pas réagi pareil ici ? »

Le chevalier : « C’est un peu compliqué. Les argiles sont constituées de feuillets eux-mêmes formés de minéraux argileux. Soumis à une pression orientée, ces minéraux se réorganisent pour se disposer perpendiculairement à la pression. Les plans de clivage sont peu visibles et on parle de schistosité de flux. La roche est dite non compétente ou ductile. Les microquartzites cassent. Elles sont dites compétentes ou cassantes. La température n’était pas suffisante pour les rendre ductiles. »

Léo : « On pourrait déterminer la température à laquelle les roches ont été portées ? »

Le chevalier : « Je suppose que oui. Et en déduire la profondeur à laquelle les roches ont été enfouies. »

Léo : « Alors on peut savoir la profondeur de formation des roches, la profondeur d’enfouissement et on sait que maintenant, elles sont au niveau de la mer. Rholala ! C’est bien la géologie ! »

Max : « C’est un peu compliqué… »

Le chevalier : « Je sais Maxou. Je vous montre une dernière chose et nous nous arrêterons pour les phtanites. Venez… »

Samuel : « Ben ça alors ! Le rocher à l’air d’être un grand pli ! »

Le chevalier : « Oui. On dit qu’il a une forme en berceau. »

Léo : « Alors le grand pli est lui-même plissé ! »

Max : « La tectonique est passée par ici 🙂 »

Le chevalier : « Et ce n’est pas tout ! Vous allez aimer la suite. Mais si nous faisions une pause ? »

Max : « On peut chahuter ? »

Le chevalier : « Vous avez quartier libre jusqu’au rassemblement. »

Max : « Merci bonome ! »

Samuel : « Chevalier, tu vas t’asseoir sur un rocher pour contempler l’univers depuis sa création ? »

Le chevalier : « Je vais m’asseoir, oui 🙂 »

Samuel : « Je peux venir sur tes genoux et contempler avec toi ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Léo, on laisse Samuel avec son bonome et on va chahuter. »

Léo : « On fait la bagarre ? »

Max : « Mais pour de rire ! »

Continuer la promenade

131 – Une promenade

Dimanche 30 Octobre, An III

Léo : « Ça t’a plu la messe Samuel ? »

Samuel : « Oh oui. J’ai beaucoup aimé. Vous y allez souvent ? »

Max : « Presque toutes les semaines. Mais dans notre paroisse bonome est troubadour. »

Samuel : « Il est troubadour ? »

Léo : « Oui, et on aime beaucoup. »

Max : « Souvent il fait le troubadour avec une des ses amies. Ils sont rigolos tous les deux. Ils prennent des feuilles avec des signes bizarres dessus. Il y a des lignes, des points blancs, des noirs… Et ils ont des queues bizarres les points. Vers le haut vers le bas, avec des machins… Puis il y a des tas d’autres signes. Avec Léo, on comprend rien du tout à ces signes bizarres. Mais bonome et son amie, ils savent bien les lire. Lui, il a un bout de bois bizarre et il souffle dedans. »

Léo : « Il est rigolo quand il souffle. Les veines de son cou gonflent et il change de couleur. Il devient un peu violet. Mais pas trop. »

Max : « Son amie elle a une espèce de bureau devant elle avec des touches noires et blanches. Et des tas de boutons qui s’allument quand elle appuie dessus. »

Léo : « Elle a aussi des touches pour les pieds. »

Max : « Et puis, d’un coup, ils se regardent, se font un petit signe qu’on voit à peine et ils commencent à troubadourer. Troubadourer c’est transformer des signes bizarres que personne comprend en beauté pour les oreilles. »

Léo : « La beauté pour les oreilles ça s’appelle la musique. »

Max : « L’instrument de bonome c’est une clarinette. »

Léo : « Et celui de son amie c’est un orgue. »

Max : « Tu verras Samuel, je suis sûr que ça va te plaire. »

Léo : « Bonome, il est tout timide quand il troubadoure. Et il a peur de faire une fausse note. »

Max : « C’est vrai que c’est grave si il fait une fausse note. Le monde pourrait s’effondrer s’il faisait une fausse note oulala ! »

Samuel : « Il en fait jamais ? »

Max : « Ben si. Même qu’il fait sa tête de quand il est tout contrarié. Avec Léo, on rigole bien 🙂 »

Samuel : « Vous rigolez pendant la messe ? »

Max : « Oui, mais pas trop quand même. On est sages. »

Léo : « Et, à la fin, il est pas content de lui. Il trouve qu’il a pas bien troubadouré. »

Max : « Tu l’as déjà vu content de lui ? »

Léo : « Euh… Non, je crois pas. »

Le chevalier : « Vous papotez ? »

Max : « On explique à Samuel que tu es troubadour. »

Le chevalier : « Ah… Je vous laisse papoter ou vous préférez aller en promenade ? »

Max : « Une promenade ? Une vraie ? Pas une inspection naturaliste au cours de laquelle tu utilises des mots compliqués que personne connaît avec des choses compliquées que personne comprend ? Parce qu’on a déjà fait une journée un peu dense hier et on aimerait bien se reposer un peu aujourd’hui. »

Le chevalier : « Une vraie promenade 🙂 »

Max : « Qu’en pensez-vous les cousins ? »

Léo : « Il va pas tenir. Il va forcément faire le naturaliste à un moment. »

Samuel : « On est naturalistes nous. C’est pas grave si il fait un peu le naturaliste. »

Max : « Bon, tes petizours sont d’accord pour la promenade un peu naturaliste. »

Le chevalier : « Très bien 🙂 Pour éviter de faire trop compliqué je me déplacerai à vélo. Et ça nous permettra de parcourir une plus longue distance. »

Max : « Nous aussi on va devoir véloter ? »

Le chevalier : « Non, je n’en ai pas à votre taille 🙂 »

Max : « On va pocher ? »

Le chevalier : « Oui, la truffe au vent 🙂 »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « C’est parti bonome ! »

Quelques lieues plus tard…

Le chevalier : « La promenade à vélo vous a plu ? »

Max : « C’était rigolo 🙂 »

Léo : « On avait le vent sur le visage. »

Samuel : « Et on allait très vite ! »

Léo : « On est où ? »

Le chevalier : « Au nord de Brétignolles, au-delà du Rocher Sainte-Véronique. »

Max : « On est passés près du rocher ? Et tu t’es pas arrêté ? »

Le chevalier : « Non, je suis allé vers le nord en une fois. Nous ferons les arrêts au retour. »

Max : « D’accord. »

Léo : « On commence par quoi ? »

Le chevalier : « Nous allons sur l’estran devant nous. Prendre le soleil sur les rochers. »

Léo : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « J’avais cru comprendre que vous vouliez une promenade reposante. »

Léo : « On fait pas la géologie ? Tant pis… »

Le chevalier : « Un peu de géologie alors. »

Max : « Il y a beaucoup des zoms ici. »

Le chevalier : « Oui, plus qu’en Charentmaritimie. »

Max : « En Charentmaritimie on peut passer la journée sans croiser un seul zom. »

Samuel : « Cousin Léo, qu’est ce que tu scrutes comme ça ? »

Léo : « Les rochers… »

 

Léo : « On dirait des ignimbrites rhyolitiques métamorphisées… »

Max : « Tu t’entends parler Léo ? On dirait bonome ! On comprend rien à ce que tu dis ! »

Léo : « Ben si, tu comprends, je sais bien. »

Max : « Et tu crois que mes lecteurs vont comprendre les ignimbrites rhyolitiques métamorphisées ? »

Léo : « On a tout expliqué déjà. »

Max : « Ce sont pas tous des naturalistes confirmés ! Peut-être qu’ils ont même pas de sacado ! Et ils ont pas un bonome qui leur explique tout pendant des heures. Alors tu vas tout réexpliquer. »

Léo : « J’ai interro ? »

Max : « Oui. Et c’est noté ! »

Léo : « Pfff… J’aime pas les interros. On peut descendre un peu ? Je verrai mieux si on descend et je pourrai mieux répondre à l’interro. »

Max : « Bonome, on descend ! »

Léo : « Voilà… Bon… C’est pas facile… On voit que la roche est constituée de cristaux de quartz et de feldspaths qui sont soudés par du sans cristaux. Cette structure me permet de remonter à la formation de la roche. Ce sont de tout petits morceaux de lave qui se sont soudés alors qu’ils étaient encore chauds. Ça, c’est quand un volcan expulse une nuée ardente. Une nuée ardente c’est un mélange de gaz, de laves et de roches propulsées à haute vitesse et à haute température par un volcan explosif. Donc, on sait qu’un volcan a explosé. Boum le volcan ! Et il a beaucoup explosé le volcan oulala ! Le mélange de quartz et de feldspaths riches en potassium permet de dire que c’est une lave rhyolitique au-début. Et la structure, issue des nuées ardentes, ça définit les ignimbrites. On peut donc parler d’ignimbrites rhyolitiques. Puis les roches ont été comprimées. A cause de la tectonique. Des plans se sont formés perpendiculairement à la compression. Ils ont un nom mais je l’ai oublié. C’est à cause de ces plans qu’on a l’impression qu’il y a des couches dans la roche. Et puis, à cause de mécanismes compliqués que je connais pas, des cristaux de feldspaths se sont développés dans ces plans. Là aussi il y a un mot compliqué que j’ai oublié. Et, avec la pression, les roches se sont un peu transformées. C’est le métamorphisme. On peut donc dire que nous sommes en présence d’ignimbrites rhyolitiques métamorphisées. Voilà, j’ai fini. »

Samuel : « Léo : 20/20 Bravo ! »

Max : « Bonome, qu’est ce que tu en penses ? »

Le chevalier : « Que Léo mérite son 20/20. Bravo mon Léo. Pour rappel : les plans apparus suite à la compression sont appelés plans de schistosité. Et les minéraux formés dans les plans de schistosité donnent une linéation minérale. »

Max : « Heureusement qu’on est en promenade… »

Samuel : « Max, on est naturalistes alors on doit étudier. »

Le chevalier : « Et si nous n’étions pas en promenade je vous emmènerais voir les détails de ces roches. »

Léo : « On pourra étudier la prochaine fois qu’on viendra à Brétignolles ? »

Le chevalier : « Nous ne sommes pas encore partis que vous pensez déjà à revenir… »

Max : « Ben oui, on est comme ça nous. »

Léo : « On voit bien les cristaux. Maxou, as-tu pris ta loupe ? »

Max : « Ma loupe ? Elle doit être dans notre pochette. Bonome, pourrais-tu regarder et la donner à Léo s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Voilà mon petitours. Que veux-tu observer ? »

Léo : « Les cristaux. Alors… »

Léo : « Bonome, tu as vu ? Ce qu’il y a entre les cristaux est tout feuilleté et ondulé. Qu’est ce que c’est ? Et pourquoi c’est comme ça ? »

Le chevalier : « Pour savoir précisément ce que c’est, il faudrait faire une lame mince et l’observer au microscope polarisant. »

Léo : « Une lame mince ? C’est quoi une lame mince ? »

Le chevalier : « Une fine coupe de la roche, d’environ 30 µm d’épaisseur. »

Léo : « On peut faire ça ? »

Le chevalier : « On peut le faire mais il faut le matériel adapté. »

Léo : « D’accord. Et c’est quoi le microscope polarisant ? »

Le chevalier : « Oulala ! Je serais incapable d’expliquer le principe de la lumière polarisée. Disons qu’avec deux filtres polarisant, on peut faire apparaître de jolies couleurs et, grâce au microscope, on peut savoir de quoi est constitué ce qui est entre les cristaux. Là, à vue d’œil, je dirais que c’est un mélange de verre et de microcristaux de quartz et de feldspaths. »

Léo : « C’est logique. Et pourquoi c’est feuilleté ? »

Le chevalier : « A cause de la compression mon petitours. »

Léo : « C’est la schistosité ? »

Le chevalier : « Tu sais, c’est compliqué tout ça et je ne suis pas sûr de moi, mais je dirais effectivement que c’est la schistosité. »

Léo : « Merci chevalier. »

Max : « Dis Léo, tu veux pas arrêter d’étudier et venir nous rejoindre ? »

Léo : « J’observe encore un peu les cristaux de quartz et j’arrive… »

Léo : « Voilà 🙂 Vous avez installé la serviette ? Vous faites rien du tout ? »

Max : « On se dore au soleil 🙂 »

Le chevalier : « Vous vous faites bronzer ? »

Max : « Ben non, ça sert à rien de se faire bronzer. On fait rien du tout en profitant du soleil. Et c’est pas pareil. »

Samuel : « C’est bien de faire rien du tout. »

Max : « Tu viens avec nous ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas de serviette, moi. »

Max : « Viens quand même bonome. »

Léo : « Le grand chevalier et ses petizours en train de faire rien du tout au soleil… »

Max : « C’est pas tous les jours que ça arrive 🙂 »

Le chevalier : « Ben non. Vous êtes des hyperactifs 🙂 »

Max : « C’est toi qui nous as appris ! Tu es incapable de faire rien du tout ! Tu tiens pas en place ! »

Léo : « Max a raison. C’est toi l’hyperactif ! »

Max : « Tu nous fatigues… »

Léo : « Tu nous épuises même… »

Samuel : « Et vous, vous nous cassez les oreilles ! Quand on fait rien du tout on le fait en silence ! »

Max : « Rholala ! Samuel, comment tu nous parles ! »

Samuel : « C’est toi qui m’as appris 🙂 »

Léo : « Et toc ! »

Le chevalier : « Il apprend vite ce petit Sam 🙂 »

Léo : « On a de la visite… »

Max : « Qui ça ? »

Samuel : « Un insecte Lépidoptère… »

Max : « Ah oui… »

Léo : « C’est un vulcain, Vanessa atalanta, Nymphalidés. »

Max : « Vous croyez qu’il vient faire la géologie lui aussi ? »

Léo : « Non, il a pas de sacado. »

Léo : « Petit Sam, tu peux voir que les Lépidoptères ont une longue trompe. C’est avec cette trompe qu’ils se nourrissent du nectar des fleurs. »

Max : « Tu peux pas t’empêcher d’étudier, toi ! »

Léo : « J’explique à Samuel ! »

Max : « Pendant qu’on fait rien du tout ? Espèce d’hyperactif ! »

Léo : « Je mérite mon sacado moi, monsieur Max ! »

Max : « Je l’ai eu avant toi ! »

Samuel : « Chevalier, il y a des foulques sur la serviette à côté de moi 🙂 »

Le chevalier : « Je vois ça 🙂 Il est temps de reprendre la promenade. »

Max : « On va encore véloter ? »

Le chevalier : « Je suppose que le verbe véloter participe à la richesse du vocabulaire petitoursien… »

Max : « Ben oui. On va pas dire faire du vélo alors qu’on peut dire véloter. Bonome, quand même ! »

Le chevalier : « Je m’incline. Pochez-vous vite. »

Max : « On grimpe ! »

Un peu plus loin…

Samuel : « Regardez ! Il y a un zoiso ! Vous le connaissez ? »

Max : « Oui, c’est un accenteur mouchet, Prunella vulgaris, Prunellidés. Je sais pas si je suis content de le voir celui-là… »

Samuel : « Pourquoi ? Il est beau ce zoiso ? »

Max : « Très beau. Mais Léo sait l’imiter… »

Samuel : « Tu sais l’imiter cousin Léo ? »

Léo : « Oui, un peu. »

Samuel : « Tu veux bien me montrer ? »

Léo : « Je vais essayer… »

Max : « Pfff… Je vais dormir avec un accenteur mouchet cette nuit… »

Samuel : « J’ai pas encore entendu le vrai accenteur mouchet mais je suis sûr que tu l’imites très bien cousin Léo. »

Léo : « Merci petit Sam. »

Le chevalier : « Vous venez ? »

Max : « On vient ! »

Léo : « Rhooo c’est bôôôô ! »

Max : « J’ai déjà entendu ça quelque part… »

Samuel : « Il a raison cousin Léo. C’est très beau. »

Max : « Fotoe beaucoup bonome. Par là. Et par là aussi… »

Léo : « On va explorer tout ça demain ? »

Le chevalier : « Tout ça peut-être pas… J’ai peur que ce soit compliqué. »

Max : « Parce qu’hier c’était simple ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, hier c’était bien plus simple que là… »

Max : « Aïe ! »

Léo : « Ça va être intéressant rholala ! On va apprendre des tas de choses. »

Max : « Bonome, tu feras pas trop compliqué quand même. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Ne t’inquiète pas Maxou. Je m’adapterai à vous. Et je pense que je ne vais pas tout comprendre non plus… »

Max : « Tu veux pas nous présenter rapidement ce que nous allons voir ? »

Le chevalier : « J’hésite… »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « J’aimerais vous voir découvrir par vous mêmes la structure la plus importante de ce site. »

Max : « Tu vas nous laisser étudier tous seuls ? »

Le chevalier : « Je vous guiderai. »

Léo : « J’ai hâte d’y être ! »

Max : « Moi aussi mais j’ai peur d’être perdu… Bonome, c’est plus ou moins compliqué qu’en Bretagne ? »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous de Lam Saoz ? »

Léo : « Oh oui ! C’était bien ! »

Max : « C’est là que la tectonique avait tout compliqué. Avec des chevauchements, des écailles, des plis tout tortueux… »

Le chevalier : « Ça vous donne une idée de ce que nous verrons demain… »

Max : « Aïe ! En gros, tu es en train de nous dire que c’est pire compliqué qu’à Lam Saoz. J’ai bien compris ? »

Le chevalier : « Oui, tu as bien compris… »

Max : « Aïe ! »

Léo : « Et ben moi j’ai hâte d’y être quand même ! On va faire la géologie compliquée. Chouette alors ! »

Samuel : « On voit trois ensembles de roches. Les blanches, les grises et les roses. Tu vas tout nous expliquer ? »

Le chevalier : « Dans ce secteur oui. »

Max : « Et les pointes ? On va aller les voir ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. J’ai quelque chose à vous montrer là-bas. Mais la tectonique a tout compliqué et nous ne ferons pas une étude de détail. C’est trop complexe. »

Max : « Trop complexe pour bonome… Pfff… »

Léo : « On peut aller voir les pointes ? »

Le chevalier : « C’est prévu mon petitours. Nous allons d’abord faire un arrêt pour observer les rochers qui émergent à peine. »

Léo : « En route ! »

Max : « Les voilà ! »

Samuel : « C’est dangereux ces rochers. Il faudrait mettre une balise. Ou un phare… »

Max : « Ben oui. Sinon les bateaux vont venir s’échouer. »

Léo : « Et on retrouvera un bloc moteur tout rouillé 🙂 »

Max : « Et les marins ? Tu penses aux marins ? Ils pourraient se noyer et être tout morts ! »

Léo : « Max, j’étais pas vraiment sérieux. Je faisais allusion au moteur du Tante Yvonne… »

Max : « Mais quand même… Les pauvres marins… »

Léo : « Oui Maxou. »

Max : « J’aimerais bien un avoir un tonton… »

Léo : « On a tonton Rico. »

Samuel : « Vous avez un tonton aussi ? »

Max : « Oui, tonton Rico. C’est grâce à lui que je peux graver mon blog. Parce que bonome, il connaît rien du tout à la technologie. Lui, il voudrait apprendre le cunéiforme et graver au stylet sur des tablettes d’argile… »

Léo : « J’étais pas là encore mais tonton Rico a créé le blog de Max. Il était tout vide le blog mais prêt à être utilisé par un petitours. »

Max : « Bon, on avance ? »

Le chevalier : « On avance ! »

Le chevalier : « Nous arrivons. »

Léo : « Il y a une cisticole ! »

Samuel : « Cisticola juncidis, Cisticolidés ! »

Léo : « Bien petit Sam 🙂 »

Max : « A chaque arrêt on est accueillis par un zoiso 🙂 »

Léo : « Mais elle est pas dans un jonc… »

Max : « Bonome, gronde la s’il te plaît. »

Léo : « Pas d’accord ! Elle vient nous accueillir alors on la gronde pas ! C’est pas de sa faute si il y a pas de joncs ici. »

Max : « On en a vu hier, aujourd’hui… Ce serait pas notre zoiso gardien de Vendée par hasard ? »

Léo : « C’est vrai ça ! »

Max : « Bonome, elle vient te faire son rapport ! Tu peux lui demander si il y a des dragons en Vendée s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Tu n’as toujours pas abandonné ta quête ? »

Max : « Non. Pourquoi l’abandonnerais-je ? On va bien finir par en trouver un. Et on l’offrira à Princesse pour qu’elle te dé-bannisse. Mais tu devras le dresser avant de le lui offrir. »

Le chevalier : « Oui, ça je l’avais compris 🙂 Voici la Pointe rouge. »

Samuel : « On va y aller aussi ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. »

Léo : « On va faire tout ça ! La chance ! »

Max : « Et il va encore falloir plusieurs semaines de travail par jour pour graver tout ça… »

Léo : « Max, de toutes façons tu es en retard dans ton blog. »

Max : « Ben oui, forcément ! On fait douze sorties par jour ! »

Le chevalier : « Pauvre Maxou… Des petizours naturalistes qui explorent la nature à longueur de journées. Vous êtes vraiment à plaindre. Max, tu devrais envoyer un rapport à Princesse. »

Max : « Vas-y, moque toi ! »

Le chevalier : « Mon petitours, est-ce que, par hasard, tu aurais peur de ne pas tout comprendre et de me décevoir ? »

Max : « Moi ? »

Le chevalier : « Oui, toi. »

Max : « Un peu… »

Le chevalier : « Vraiment ? »

Max : « Bonome, tu connais toujours tout, toi. On voit un caillou et tu te lances dans des heures d’explications. J’arrive pas toujours à suivre moi. Je suis qu’un petitours. Ça fait même pas un an et demi que je te suis partout. C’est difficile tu sais. Et toi, tu veux des petizours naturalistes. Alors je me dis que si on est pas à la hauteur, tu voudras plus de nous. Et je veux plus vivre sans toi. Qu’est ce que je ferais sans toi ? »

Le chevalier : « Maxou… Ne t’inquiète pas voyons. Tu es et tu resteras toujours mon petitours. C’est toi qui as décidé de devenir naturaliste. C’est vrai que ça me plaît beaucoup mais je ne vais pas te rejeter parce que tu ne comprends pas tout. Si vous en avez assez, vous me le dites et on s’arrête. »

Max : « Tu dis pas ça juste pour me rassurer ? »

Le chevalier : « Je le dis parce que je le pense et pour te rassurer. Si tu veux, nous inspecterons moins pour que tu aies plus de temps pour graver ton blog. Tes cousins t’aideront et vous aurez aussi plus de temps pour vous chamailler. Vous êtes des juvéniles après tout. »

Léo : « Oui, on pourrait espacer nos inspections. On connaît bien les Royaumes de chez nous. C’est plus la peine d’y aller tout le temps. On se concentre sur les vacances, comme ça on aura le temps de bien étudier ce que nous aurons vu. »

Max : « Et si demain on comprend pas, tu nous en voudras pas ? »

Le chevalier : « Bien sur que non. Et moi non plus je ne serais pas toujours à l’aise. Tiens, la Pointe Rouge par exemple, j’ai bien peur de ne pas réussir à identifier les formations géologiques qui la forment. »

Max : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Demain tu vas voir ton bonome se gratter la tête et être un peu perdu. »

Max : « Tu vas perdre des cheveux 🙂 »

Le chevalier : « Il ne m’en restera peut-être plus aucun à la fin de la journée. Est-ce pour cela que je ne serais plus ton bonome ? »

Max : « Ben non. »

Le chevalier : « Tu vas mieux ? »

Max : « Oui 🙂 Et tu nous ré-expliqueras tout quand on gravera mon blog ? »

Le chevalier : « Nous le graverons tous ensemble. »

Léo : « Oui ! J’aime bien quand on grave tous ensemble ! »

Samuel : « Et si on observait les zoisos pour le moment ? »

Léo : « Oui Samuel, bonne idée 🙂 »

Max : « Bonome, tu peux nous prendre sur ton bras ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. Mes petizours naturalistes, installez vous confortablement nous allons zoisoter. »

Samuel : « Léo, tu vas te régaler : il y a des Laridés 🙂 »

Léo : « Voyons un peu… Là il y a un adulte et un juvénile… »

Samuel : « L’adulte a le dos gris clair et les pattes roses. C’est un goéland argenté, Larus argentatus. Mais je sais pas pourquoi il a du gris sur le visage. »

Max : « Ils sont souvent comme ça l’hiver. On sait pas pourquoi. C’est comme ça la nature… »

Samuel : « Et le juvénile ? Il a quel âge ? »

Max : « Oulala ! Samuel, c’est le genre de questions qu’il vaut mieux pas poser. Bonome va se gratter la tête pour réfléchir et il va encore perdre des cheveux. C’est compliqué les goélands juvéniles. »

Léo : « Surtout que le goéland argenté met 4 ans pour acquérir son plumage adulte. On essaye quand même ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Montre la foto s’il te plaît. »

Léo : « Merci chevalier. Alors… »

Le chevalier : « Mmmmm… »

Léo : « Il est très sombre, pas du tout gris clair. »

Le chevalier : « Les plumes sont presque noires mais bordées de blanc. »

Léo : « Tu trouves ? »

Le chevalier : « Je pense avoir trouvé. »

Léo : « Moi aussi 🙂 »

Max : « Ben dites nous ! »

Le chevalier : « Léo ? »

Léo : « Premier hiver ? »

Le chevalier : « C’est aussi ce que je pense. Mais il y a quelque chose qui me dérange. Les plumes de la queue sont bordées de blanc elles aussi et la tête est bien claire. »

Léo : « C’est vrai. C’est plutôt le plumage du premier été alors. »

Max : « On est en automne. »

Léo : « C’est logique alors. Il est entre son premier été et son premier hiver. Hopla ! Trop facile ! »

Max : « Les jeunes goélands à tête blanche sont appelés grisards. Parce qu’ils sont gris. »

Léo : « Je savais pas. »

Max : « Moi aussi j’étudie 🙂 »

Samuel : « Là il y a deux adultes. »

Samuel : « L’un fait dodo sur le rocher et l’autre a les plumes ébouriffées à cause du vent… »

Max : « Il est comme bonome. Rien ne remplace le plaisir d’être sur un rocher au bord de mer 🙂 »

Léo : « Regardez ! Il y a deux juvéniles qui se chamaillent ! »

Max : « Et encore une fois tu leur dis rien ! »

Le chevalier : « Je connais un petitours qui répète régulièrement que c’est comme ça, que les juvéniles se chamaillent, que c’est une règle de la nature et qu’on ne peut rien y faire. »

Max : « Il dit ça ce petitours ? »

Le chevalier : « Oui, pour justifier qu’il se chamaille avec ses cousins. »

Max : « Ah… Et qu’est ce que tu lui réponds ? »

Le chevalier : « Rien. Je lui souris et je lui fais un câlin. »

Max : « Il a de la chance ce petitours. »

Léo : « Ses cousins aussi. »

Max : « C’est pas comme nous… »

Le chevalier : « Vous n’allez quand même pas me dire que vous êtes en manque de câlins ! »

Max : « Ben… »

Léo : « On va pas le dire, non… »

Max : « Mais on le pense quand même… »

Samuel : « On pourrait observer les laridés en étant blottis contre toi. »

Le chevalier : « D’accord. Venez là… »

Max : « On voit mieux comme ça 🙂 »

Léo : « Et c’est plus confortable. »

Samuel : « Oulala ça démange là-bas 🙂 »

Max : « Ben oui, les zanimos ça se gratte 🙂 »

Léo : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? On continue la promenade ? »

Le chevalier : « Oui, nous allons nous approcher des pointes, puis nous retournerons là où nous sommes allés hier pour voir le soleil se coucher. »

Max : « Bon programme 🙂 »

Léo : « Tu vas voir petit Sam. C’est beau le soleil qui se couche. »

Max : « On y va ? »

Le chevalier : « C’est parti ! »

Le chevalier : « Nous voici face aux pointes. »

Max : « On a pas été accueillis par un zoiso. »

Léo : « Max, profite du paysage. On en a déjà vu beaucoup des zoisos. »

Samuel : « Elles ont des noms les pointes ? »

Le chevalier : « Celle de droite est la Pointe Rouge. »

Max : « Celle où tu comprends rien du tout 🙂 »

Léo : « On l’appellera la Pointe des Cheveux qui Tombent 🙂 »

Le chevalier : « Si vous voulez 🙂 A gauche c’est la Pointe des Ampélites. »

Max : « Des ampélites ? Comme la roche ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Et on va l’étudier ? »

Le chevalier : « Nous verrons… »

Max : « Allez, on continue. Le soleil va bientôt tomber dans l’eau. »

Léo : « Plouf le soleil ! »

Samuel : « C’est encore plus beau d’ici ! »

Léo : « Et ça sent bon ! Bonome, c’est quoi ce doux parfum ? »

Le chevalier : « L’un de mes préférés 🙂 C’est l’odeur de la dune. »

Max : « Bonome, tu dis des erreurs. Il y a pas la dune ici. »

Le chevalier : « Je sais Max. Mais la petite fleur qui sent si bon vit habituellement sur la dune grise. »

Léo : « C’est une petite fleur qui sent si bon ? »

Max : « Tu nous la présentes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Elle est juste là… »

Max : « Bonjour petite plante. Merci de parfumer agréablement le bord de mer. »

Léo : « Elle s’appelle comment cette petite plante ? »

Le chevalier : « C’est l’immortelle des sables, Helychrisum stoechas et c’est une Astéracée. »

Max : « Encore une Astéracée 🙂 »

Léo : « Tu peux nous expliquer l’immortelle des sables s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. C’est un sous-arbrisseau. »

Léo : « Un sous-arbrisseau ? C’est quoi un sous-arbrisseau ? »

Le chevalier : « Ce sont des plantes ligneuses d’une taille inférieure à 50 cm. Avant que Max me crie dessus : une plante ligneuse est une plante qui produit de la lignine, c’est à dire du bois. »

Max : « Comme un arbre ? »

Le chevalier : « Comme un arbre 🙂 Mais en tout petit. »

Max : « C’est un petit arbre de petitours 🙂 »

Léo : « Et pourquoi on l’appelle immortelle des sables ? »

Le chevalier : « Des sables parce qu’elle vit sur la dune grise, enracinée dans le sable. Immortelle je ne sais pas. Peut-être parce qu’elle se conserve très longtemps une fois coupée. »

Max : « Il faut pas la couper bonome. C’est un être vivant. Si on la coupe, on l’abîme. »

Léo : « Tu dis ça mais tu manges des feuilles de menthe à chaque fois que tu en croises. Et en plus, tu dis que c’est ton amie la menthe. »

Max : « Je t’ai déjà dit que je lui demande l’autorisation avant ! Elle m’offre une feuille ou deux parce que c’est bon la menthe. »

Léo : « Tu vois petit Sam, Maxou mange ses amies. Il est amivore 🙂 »

Max : « Et toi, tu dis des bêtises pour te moquer de moi. »

Le chevalier : « Bien, il est temps d’aller voir le soleil se coucher. »

Max : « Déjà ? »

Le chevalier : « Nous sommes en automne, le soleil se couche vite. Et il faut aller jusqu’à la plage de la Normandelière. »

Max : « D’accord. On se poche et on y va ! »

Le chevalier : « Nous voici sur la plage… »

Max : « Tu avais raison bonome. Le soleil se couche vite. Il est déjà très bas sur l’horizon. »

Léo : « Max, on sort ta serviette et on s’installe sur un rocher. »

Max : « Oui Léo. Bonome, tu peux la sortir de notre pochette s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui. Choisissez bien votre place. »

Max : « Samuel, où veux-tu aller ? »

Samuel : « Je sais pas. Je connais pas le coucher de soleil moi. Léo, tu peux choisir le rocher à ma place s’il te plaît. »

Léo : « Oui petit Sam. Alors… Il faut un rocher un peu haut mais pas trop… Plat et confortable… Mmmm… Celui là ! Il est bien celui là ! »

Max : « Bonome, tu nous installes s’il te plaît. »

Le chevalier : « Serviette… Petizours… Voilà. Êtes-vous bien installés ? »

Max : « Très bien mon bonome. Merci. Tu viens avec nous ? »

Léo : « Ben non, il va s’éloigner pour nous fotoer 🙂 »

Max : « Tu nous fotoes si tu veux mais après tu viens. Et dépêche toi un peu ! »

Max : « Tu vois Samuel, à la mer il y a les rochers et les vagues. Et c’est beau. »

Samuel : « Oui cousin Max. »

Léo : « Le soleil est de plus en plus bas… Il va pas tarder à toucher l’horizon. »

Samuel : « C’est bôôôô ! »

Max : « Ben oui, forcément, avec toute la beauté que tu as dans les yeux… Bonome, viens avec nous. Tu as assez de fotos maintenant. Allez ! »

Le chevalier : « Me voici seigneur Max ! »

Max : « Ben voilà ! Elle est pas belle la vie ? Un bonome, des cousins, la mer et le soleil qui se couche. Que demander de plus ? »

Samuel : «  Le silence peut-être… »

Léo : « Et toc ! »

Max : « Bon, il faut rentrer maintenant… »

Le chevalier : « Oui, une longue journée nous attend demain. »

Léo : « J’ai hâte d’y être ! »

Continuer la promenade

130 – Le Marais des Cisticoles

Samedi 29 Octobre, An III (suite)

Max : « Sam, observe notre bonome… »

Samuel : « Il a l’air bizarre… C’est un zom assis sur un rocher mais on dirait qu’il est le prolongement du rocher. Et… Je sais pas comment dire… Il a l’air attentif et concentré mais je sais pas à quoi il est attentif ni sur quoi il est concentré… »

Max : « Oui, il est dans sa tête. »

Samuel : « Il est dans sa tête ? »

Max : « Oui, il y a que bonome qui sait faire ça. Il est en communion avec la nature et fait partie du paysage. On peut pas savoir à quoi il pense parce que c’est pas comme nous. »

Léo : « Il doit penser à des choses étranges. Nous, on voit un bel estran rocheux en Vendée avec un ciel bleu tout bleu. La mer est là, devant nous. Lui, il doit voir le Gondwana à l’Ordovicien, l’ouverture et la fermeture de l’océan Centralien, la chaîne hercynienne qui a été tout érodée et plein d’autres choses encore. Tout ça en même temps… Et il écoute le vent. C’est sûr. »

Max : « Bonome, il voit toute l’histoire de la Terre au même moment et c’est même pas compliqué pour lui. »

Léo : « Max, tu crois qu’il a des nouvelles de Tante Yvonne ? »

Samuel : « C’est qui Tante Yvonne ? »

Max : « Tante Yvonne ? C’est notre tata à nous, depuis qu’un jour il nous a emmenés sur l’estran de Fort Lonnec chercher un vieux moteur de bateau tout rouillé qu’on a même pas vu 🙂 »

Samuel : « Je comprends rien du tout ! »

Léo : « Un jour bonome a voulu aller fotoer un vieux moteur et on l’a pas trouvé. Mais le vent nous a raconté son histoire. Un bateau s’est détaché de ses amarres un jour de tempête et il est allé s’écraser contre les falaises de Fort Lonnec. Il en restait rien de ce bateau, sauf son bloc moteur. Bonome l’avait vu l’année d’avant qu’on aille en Bretagne tous ensemble. Mais, apparemment, il est plus là le bloc moteur. Ce bateau s’appelait Tante Yvonne, en hommage à une dame. Un grande dame. Une héroïne même, mais que personne connaît et c’est bien dommage. »

Samuel : « Mais pourquoi vous dites que c’est votre tata ? »

Max : « Parce qu’on prend de ses nouvelles, grâce au vent. Et qu’elle vient, parfois, dans nos rêves. C’est notre tata parce qu’elle l’a bien voulu. »

Léo : « Elle a un bateau qui lui permet de naviguer dans le temps. La dernière fois qu’elle nous a parlé, elle était à l’Ordovicien quelque part le long de la côte sud d’Armorica. »

Max : « Elle est pas toute seule Tante Yvonne. Chien est à ses côtés. Et ils naviguent tous les deux, calmement, accompagnés par le vent. Ils ont le temps maintenant… »

Léo : « Des fois, on demande au vent de lui faire une bourrasque pour la dépeigner, qu’elle sache qu’on pense à elle 🙂 »

Samuel : « Vous avez une tata… »

Max : « Notre Tante Yvonne 🙂 »

Léo : « Max… »

Max : « Oui Léonou. »

Léo : « Tu te rends compte ? On a une tata qu’on a jamais vue qu’en rêves. On l’a rencontrée grâce au vent qui nous a raconté son histoire parce qu’on avait pas vu le moteur qu’on cherchait. »

Max : « C’est étrange, en effet. »

Léo : « On repousse l’étrange aux limites du bizarre 🙂 »

Samuel : « Vous ressemblez à votre bonome 🙂 »

Max : « Il est encore dans sa tête ! Je vais le chercher… … Bonomou, as-tu bien mangé ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Mon grand bonome à moi, je suis désolé de t’interrompre dans ta contemplation de l’Univers entier depuis sa création mais il faut sortir de ta tête et revenir avec nous, tes petizours. »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

Max : « Il était bon ton sandouich ? »

Le chevalier : « Bof… »

Max : « Pourquoi tu te fais pas du bon manger ? Tu pourrais aller au restaurant parfois. »

Le chevalier : « Je pourrais. Mais rien ne surpasse le plaisir de manger frugalement sur un rocher au bord de mer. »

Max : « Ça c’est mon bonome 🙂 Bon, on fait quoi maintenant ? On continue la géologie ? »

Le chevalier : « La matinée a déjà été bien chargée en géologie. Si nous allions plutôt aux zoisos ? »

Max : « Et on va pas voir le rocher Sainte-Véronique ? »

Le chevalier : « Nous reviendrons lundi. »

Max : « Qu’en pensez-vous les cousins ? »

Samuel : « Moi, je veux bien aller aux zoisos. »

Max : « Alors on va aux zoisos ! »

Léo : « Bonome, on va où ? »

Les petizours se pochent et le chevalier retourne à sa monture…

Max : « Le Marais des Cisticoles… »

Léo : « Sam, les cisticoles des joncs sont des petits passereaux. On en a déjà vu quelques uns en Charentmaritimie. »

Max : « Il doit y en avoir beaucoup dans leur Royaume. Mais dans la Marais on voit pas toujours beaucoup de zoisos. »

Léo : « C’est beau les marais. »

Max : « Bonome marche beaucoup et nous on poche. »

Léo : « Tu crois que c’est un marais sauvage ou un marais salant ? »

Le chevalier : « Un marais un peu sauvage avec quelques parcelles pour l’exploitation du sel. »

Max : « Tu épies nos conversations maintenant ? On peut pas être tranquilles dans cette poche ! »

Léo : « Maaax ! »

Samuel : « Laisse le faire Léo. Il taquine son bonome 🙂 »

Léo : « Oui petit Sam. Bonome, quand est-ce qu’on arrive ? »

Max : « Pourquoi tu t’arrêtes ? On est pas dans le marais ! »

Léo : « Une taverne… Je comprends. »

Max : « Alors toi ! Tu manges des sandouichs bofs sur des rochers pas confortables mais il te faut un bon café ! »

Léo : « Chacun ses priorités 🙂 »

Max : « Bonome, tu en bois pas plus de douze cette fois ci 🙂 »

Le chevalier : « Promis Maxou 🙂 Cachez vous dans ma poche. »

Max : « On est obligés ? »

Le chevalier : « Non, vous pouvez laisser dépasser vos truffes. Mais soyez sages. »

Max : « On est toujours sages ! »

Le chevalier : « Chut ! »

Max : « Bonome, elle est belle cette église. On peut aller la visiter ? »

Samuel : « Oh non ! Ça vous ennuie pas qu’on aille visiter les églises plus tard ? J’ai envie de voir des zoisos. S’il vous plaît. »

Léo : « On a déjà vu des églises. Et on est naturalistes nous. Alors on va aux zoisos. »

Samuel : « Il y en a qui volent autour du clocher ! »

Léo : « Ce sont des choucas des tours, Corvus monedula, Corvidés. Il y en a souvent sur les clochers des églises. D’ailleurs, on les appelle parfois des corneilles des clochers. »

Max : « C’est même pas des corneilles ! »

Léo : « C’est pour ça qu’il faut éviter les noms vernaculaires et toujours bien donner le nom en scientifique. »

Le chevalier : « Allez-vous vous taire ! »

Max : « On peut même pas s’exprimer ! »

Léo : « On est brimés ! »

Max : « On va se plaindre à Princesse ! »

Léo : « Et elle va te mettre en prison ! »

Max : « Pour maltraitance de petizours dans l’exercice de leur fonction ! »

Léo : « Ce sera bien fait pour toi ! »

Samuel : « Ils recommencent leur numéro de duettistes. Pauvre chevalier… »

Le chevalier : « Je néglige. Bon, le seul moyen d’avoir la paix est d’aller aux zoisos alors allons-y. »

Max : « Après seulement deux cafés ? Bonome, tu vas faire une crise de manque dans dix minutes ! »

Le chevalier : « Je me défoulerai sur toi ! »

Max : « Léo ! Sam ! Vous êtes témoins ! Bonome me menace ! Appelez les gens d’armes ! »

Le chevalier : « Je t’aurai ploufé avant qu’ils n’arrivent. Max, cesse un peu de faire l’enfant. Va faire une sieste au fond de ma poche le temps que nous arrivions au Marais des Cisticoles. Sam, Léo, allez-y vous aussi. »

Léo : « D’accord bonome, on y va. Viens Maxou. »

Le chevalier : « Et si vous êtes sages je vous ferai un câlin au réveil. »

Léo : « Avec des gratouillis ? »

Le chevalier : « Avec des gratouillis 🙂 »

Après une chevauchée de quelques lieues…

Max : « Bonome, c’est un observatoire ça. C’est pas le marais. »

Le chevalier : « Oui, je l’ai vu sur la carte et j’ai eu envie d’y venir. »

Léo : « Un arrêt imprévu 🙂 »

Le chevalier : « Installez-vous sur la rambarde que je vous fotoe. »

Max : « On montrera à Princesse ! »

Léo : « Bon, observons un peu… »

Samuel : « C’est un beau Marais. C’est lui que nous allons inspecter ? »

Le chevalier : « C’est dans ce secteur effectivement que nous irons. »

Léo : « Il y a un tarier sur les phragmites. »

Max : « Si bonome le fotoe on le verra même pas. »

Le chevalier : « Je peux essayer… »

Max : « Tu vois, on l’aperçoit à peine ! »

Léo : « Mais la foto est jolie. »

Samuel : « Il y a pas des zoisos… »

Max : « Un rougegorge familier vient de se poser sur le panneau… »

Léo : « Moi j’aime beaucoup les passereaux mais ils sont tout petits. Pour bien les voir il faut qu’ils viennent tout près. Et là ils restent loin. »

Max : « Samuel a raison : il y a pas des zoisos. »

Léo : « Bonome, tu leur as pas demandé de venir ? »

Samuel : « C’est quoi ce bruit ? »

Max : « On dirait le bruit d’un cygne en vol ! »

Léo : « IL EST LÀ ! »

Max : « Il est passé tout près ! »

Samuel : « On a pas donné les noms en scientifique des zoisos. »

Max : « Non mais c’est pas grave. Si on disait qu’on se promène cet après-midi ? »

Léo : « On inspecte pas ? »

Max : « On vérifie que tout va bien mais sans être vraiment naturalistes. »

Léo : « On va quand même pas enlever nos sacados ! »

Max : « Ben non, quand même ! »

Samuel : « C’est une bonne idée de se promener Maxou. On regarde les zoisos et la nature mais on fait pas des choses fort savantes. On a déjà beaucoup travaillé ce matin. »

Max : « Qu’est ce que tu en penses bonome ? »

Le chevalier : « Promenade… Pourquoi pas. »

Léo : « Il y a une aigrette garzette. Tu la fotoes et on s’en va. Il y a pas assez de zoisos ici. »

Le chevalier : « Voilà ! Allez, en route pour le Marais des Cisticoles ! »

Au Marais des Cisticoles…

Max : « Nous voici dans le marais… »

Léo : « On était là-bas… »

Max : « Regarde Sam, là ce sont des marais salants. »

Samuel : « Vous connaissez les marais salants ? »

Max : « Bonome nous as tout expliqué sur l’Île d’Ut. C’est un peu compliqué. Il faut des canaux et des bassins pour apporter de l’eau propre depuis la mer dans les bassins que tu vois là. »

Léo : « Après, le soleil et le vent unissent leurs efforts pour faire évaporer l’eau et cristalliser le sel. »

Max : « Et le paludier peut récolter le sel. C’est très difficile comme métier paludier. »

Le chevalier : « Avez-vous vu la statue ? »

Samuel : « C’est un paludier qui porte du sel ! »

Léo : « C’est rigolo 🙂 »

Max : « Mais on est pas là pour admirer les statues. Allez bonome on se promène ! »

Samuel : « Il y a une aigrette garzette. On en voit beaucoup des aigrettes garzettes. »

Max : « C’est une bonne nouvelle. Ça veut dire que la population va bien et que son milieu de vie est en bonne santé. »

Léo : « Il faut quand même faire attention. On en voit beaucoup dans certains Royaumes mais pas partout. Parfois, un être vivant est très abondant quelque part alors on croit qu’il y en a beaucoup mais ça peut-être la seule population qui existe. »

Max : « Tu as encore raison Léonou mais les aigrettes garzettes on les a vues dans beaucoup d’endroits. »

Samuel : « C’est qui ce zoiso, là, dans les ronces ? »

Max : « Un cisticole des joncs ! Bonjour votre altesse ! »

Samuel : « Pourquoi tu l’appelles votre altesse ? »

Max : « Ben, c’est son Royaume ici ! »

Samuel : « Mais c’est pas une altesse. C’est un mignon petit zoiso. »

Léo : « En scientifique on l’appelle Cisticola juncidis et c’est un Cisticolidé. Je connais pas d’autre espèce de cette famille. »

Max : « On dit une cisticole. Toujours. Même si c’est un mâle. »

Léo : « Je savais pas. »

Max : « Tu peux pas tout savoir Léonou. »

Léo : « La cisticole est sédentaire. Elle migre pas. Elle aime les milieux ouverts, avec des herbes hautes, des arbustes… Souvent, elle s’installe dans les marais. Elle peut même fréquenter les vasières à salicorne. »

Samuel : « Elle est partie… »

Max : « Quelque chose me dit qu’on en reverra dans ce marais. »

Léo : « Bonome ! Regarde ! Il y a des odonates en tandem ! La femelle est en train de pondre dans l’eau ! »

Max : « Tu peux fotoer ? »

Le chevalier : « Je peux essayer… »

Max : « Ouaip… Ce sont pas tes plus belles fotos bonomou… »

Le chevalier : « D’accord Maxou. J’essaye encore. »

Max : « Ben voilà ! Tu vois quand tu veux ! »

Léo : « Tu crois qu’on peut identifier une espèce d’Anisoptère à sa façon de pondre ? Parce qu’il y a des femelles qui pondent toutes seules tous leurs œufs d’un coup dans un végéto, d’autres qui pondent toutes seules un œuf à la fois directement dans l’eau, d’autres encore qui pondent en tandem avec le mâle… »

Le chevalier : « C’est peut-être une façon de cibler rapidement un groupe d’espèces mais je ne sais pas si c’est un caractère spécifique. »

Max : « Je dirais bien qu’on étudiera le problème plus tard mais on aura jamais le temps… »

Léo : « Si un jour on y pense… »

Samuel : « Il y a d’autres cisticoles des joncs ! »

Léo : « Elles sont dans un arbre ! »

Max : « Ça va pas du tout, ça ! Normalement les cisticoles des joncs sont dans les joncs ! »

Léo : « En plus, j’ai lu qu’elles évitaient les arbres ! »

Max : « Pfff… Il va falloir écrire un rapport, convoquer les cisticoles et leur faire une formation… »

Léo : « Ben oui. Il faut leur expliquer ce qu’est un jonc et comment on le distingue des arbres. »

Max : « Et je vais encore prendre du retard dans mon blog… »

Le chevalier : « Max, tu es chocolatophage il me semble. »

Max : « Ben oui. Mais je vois pas bien le rapport avec les cisticoles des joncs qui sont pas dans les joncs. »

Le chevalier : « Tu es chocolatophage mais il t’arrive de manger du miel. »

Max : « Pas souvent. Tu oublies toujours d’en acheter quand tu vas dans les échoppes. »

Le chevalier : « Parce que vous en mettez partout à chaque fois. »

Max : « Je vois toujours pas le rapport avec les cisticoles. »

Le chevalier : « Est ce grave si un chocolatophage mange du miel parfois ? »

Max : « Ben non, c’est bon le miel. Miam ! »

Léo : « Je comprends. Max, ce que le chevalier veut nous faire comprendre c’est que c’est pas grave si les cisticoles vont parfois dans les arbres. C’est pas la peine de leur faire une formation. »

Max : « On fait pas de rapport ni de formation ? »

Le chevalier : « Ni l’un ni l’autre ! »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Princesse va pas nous gronder ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Bonome, pourrais-tu au moins dire aux cisticoles de pas négliger les joncs quand même. Tu leur dis ça en zoisos pendant qu’on écoute pas. S’il te plaît. Ça me rassurerait. »

Le chevalier : « D’accord mon Maxou. Je leur ferai un petit rappel. »

Léo : « On continue la promenade ? »

Max : « Ben oui. Il fait beau. Profitons en ! »

Samuel : « Max, tu pourrais demander l’avis du chevalier ! C’est quand même lui qui marche. »

Le chevalier : « Il pourrait, certes. Mais l’idée ne l’a même pas effleuré. »

Max : « On t’a demandé tout à l’heure ! On va pas demander tout le temps ! Et puis, je te connais. Si tu as pas envie tu vas nous le dire. Tu peux même le dire de façon très cinglante 🙂 »

Le chevalier : « Je suis cinglant moi ? »

Max : « Oulala oui ! Tu cingles grave parfois. »

Le chevalier : « Moi, je cingle ? »

Max : « Oh oui alors ! Tu cingles, tu as cinglé, tu es un cingleur 🙂 »

Léo : « Samuel, regarde sur la berge. Il y a une bergeronnette grise. »

Samuel : « On la voit à peine ! Elle s’appelle comment en scientifique ? »

Léo : « Motacilla alba, Motacillidés. »

Samuel : « On a déjà vu des Motacillidés ? »

Max : « On a vu beaucoup de zoisos depuis ton arrivée et je sais plus lesquels… »

Samuel : « C’est pas grave cousin Max. Je sais plus moi-même. On l’a peut-être déjà vue la bergeronnette grise. »

Léo : « On la voit souvent. Il faut faire attention parce qu’il y a deux sous-espèces principales : Motacilla alba alba et Motacilla alba yarrelli. Elles sont pas toujours faciles à distinguer. »

Samuel : « C’est laquelle celle-là ? »

Léo : « Gris clair comme ça… Avec du gris encore plus clair sur les joues. Je pense à Motacilla alba alba en plumage internuptial. »

Max : « C’est la plus fréquente dans nos Royaumes. »

Samuel : « Vous connaissez bien les zoisos. »

Léo : « C’est parce qu’on les aime beaucoup. »

Max : « C’est beau un zoiso. »

Léo : « Ça te plaît le marais petit Sam ? »

Samuel : « Oui, c’est magnifique. Et c’est calme. Il y a pas de bruit. Et j’aime bien pocher 🙂 »

Max : « C’est reposant. Mais on voit pas beaucoup de zoisos… »

Léo : « C’est pas vrai Maxou. Regarde, il y a un tarier pâtre. »

Max : « Saxicola torquatus, Muscicapidés. »

Samuel : « On l’a déjà vu en Charentmaritimie. »

Léo : « Il est assez fréquent ce petit zoiso. J’ai lu récemment que le tarier des prés était classé dans la même espèce que le tarier pâtre jusqu’en 1995. Vous vous rendez compte ? »

Max : « Mais ils sont pas pareils ces deux zoisos ! »

Léo : « On a quand même du mal à les distinguer parfois. »

Le chevalier : « Dites mes petizours, pourriez-vous me rappeler la définition d’une espèce ? »

Max : « Oui bonomou. Une espèce est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui peuvent avoir une descendance féconde. »

Le chevalier : « Très bien Max. Mais quelle partie de la définition est la plus importante ? »

Max : « Le critère de fécondité. Il faut qu’ils puissent avoir une descendance féconde. »

Léo : « Je vois où tu veux en venir. Le critère de ressemblance n’étant pas le plus important, deux zoisos qui se ressemblent un peu mais pas tout à fait pourraient être de la même espèce. Comme les tariers pâtres et des prés. Mais maintenant on sait qu’ils font pas des œufs ensemble. »

Samuel : « Oh ! Les Laridés ! Qu’est ce qu’ils font ? »

Max : « Ils se chamaillent ! Bonome, les Laridés se chamaillent et tu les grondes même pas ! C’est pas juste ! Nous tu nous grondes ! »

Léo : « C’est pas vrai. Il se moque de nous mais il nous gronde pas. C’est toi qui es injuste Maxou. »

Max : « Je suis injuste, je ronchonchone… Vous me trouvez tous les défauts de la terre… »

Léo : « Non seulement les tiens 🙂 et c’est ce qui fait ton charme. Oh : Un pouillot ! »

Max : « On connaît toujours pas les pouillots. En plus il nous tourne le dos. Vous croyez qu’il boude parce qu’on connaît pas les pouillots ? »

Samuel : « Petit pouillot, il faut pas bouder. On connaît pas bien les pouillots mais on les aime quand même. Il faut pas nous tourner le dos comme ça. »

Max : « Il t’a pas écouté et il est parti. C’est pas un gentil pouillot. »

Léo : « Ou alors il avait des trucs de pouillots à faire… On peut pas savoir. »

Léo : « Regardez ! Il y a un faucon ! »

Samuel : « Il se pose sur le poteau ! »

Max : « Bonome, tu le fotoes et tu t’en approches. Mais furtivement, il faut pas qu’il ait peur. »

Le chevalier : « Je vais faire au mieux… Voilà pour la foto. J’avance… »

Max : « Furtive bonome, furtive… »

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr que le verbe furtiver existe. »

Max : « C’est pas le moment de discuter des points communs et des différences entre le français et le petitoursien du nord… Ben voilà ! Le faucon s’est envolé ! Pfff ! Il a dû avoir peur que tu lui fasses une interro de langue. »

Léo : « Tu peux nous montrer la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Mmmmm… Il est loin. On voit quand même que c’est un faucon crécerelle, Falco tinnunculus, Falconidés. »

Max : « Tu détermines pas le sexe ? »

Léo : « … Il a la tête grise. C’est un mâle. »

Samuel : « Tu reconnais le mâle et la femelle ! Rholala ! »

Léo : « Maxou aussi sait le faire. C’est pas toujours facile mais on y arrive. »

Max : « Dis bonome, c’est normal de voir une aigrette garzette dans un arbre ? »

Le chevalier : « Ne sont-elles pas arboricoles ? »

Max : « On les voit plutôt les pattes dans l’eau… »

Le chevalier : « Je pensais à leurs nids. Les Ardéidés peuvent nicher dans les arbres il me semble. »

Léo : « Oui oui. C’est ce que tu nous as dit. Mais les aigrettes peuvent nicher à même le sol, dans les roselières ou les saulaie inondées, les zones broussailleuses humides. Éventuellement les boisements humides. »

Max : « Elles nichent pas dans les arbres. Qu’est ce qu’elle fait là cette aigrette garzette ? Bonome, ça va pas du tout dans ce marais ! Les cisticoles des joncs sont pas dans les joncs. Les aigrettes vont dans les arbres… Il faut faire quelque chose quand même ! On peut pas laisser faire ! Sinon c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! »

Le chevalier : « La porte ouverte à toutes les fenêtres ? »

Max : « Petitoursien du nord 🙂 Tu la laisses faire ? »

Le chevalier : « Elle t’a entendu ronchonner et elle est partie. »

Max : « Mais je ronchonne pas ! Ça alors ! Je m’inquiète du désordre qu’il y a dans ce marais et on m’accuse de ronchonner. Pfff ! »

Samuel : « Pauvre cousin Max ! Tu es un incompris. »

Max : « Tout à fait ! Absolument ! Et on s’en fiche de moi ! »

Le chevalier : « Max… »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « J’apprécie vraiment le soin que tu apportes à bien faire la mission que Princesse m’a confiée mais pourrais-tu le faire avec… Comment dire ? Avec moins d’énergie. »

Max : « Tu apprécies ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Mais je suis trop agité ? »

Le chevalier : « Parfois… »

Max : « Tu préfères le calme de Léo ? »

Le chevalier : « Le calme dont tu es aussi capable. »

Max : « Je vais voir ce que je peux faire… Tu as pas peur de t’ennuyer ? »

Le chevalier : « Avec mes trois petizours naturalistes qui posent une question à la minute et qui n’en ont jamais assez d’inspecter le Pays des Zoisos ? Non, je n’ai pas peur de m’ennuyer. »

Max : « Bien. On continue ? »

Léo : « On continue ! »

Samuel : « C’est la journée des cygnes qui volent… »

Max : « Là ! Il passe ! »

Léo : « Et là il y en a deux ! »

Samuel : « Pourquoi ils se mettent l’un derrière l’autre ? »

Max : « C’est vrai ça ! Bonome, pourquoi ? »

Le chevalier : « Vous savez que pour voler un oiseau dépense beaucoup d’énergie. »

Max : « Oui bonome. »

Léo : « Surtout pour un cygne ! Il pèse lourd le cygne, et si il dépense pas d’énergie il tombe. Poum le cygne ! »

Le chevalier : « Oui, c’est à cause de la force de gravitation. Deux corps s’attirent. Là, la Terre attire beaucoup plus le cygne que le cygne attire la Terre. »

Max : « D’accord mais je vois pas le rapport avec la question de Samuel. »

Le chevalier : « En plus de la force de gravitation, il y a une autre force contre laquelle les oiseaux doivent lutter. C’est la force de frottement. »

Max : « Les cygnes frottent ? Mais ils frottent contre quoi ? »

Le chevalier : « Contre l’air mon petitours. »

Max : « Il y a plus d’air derrière le premier cygne ? »

Le chevalier : « Si, mais il y a des turbulences, des mouvements de l’air à cause du premier, qui font que les frottements sont moindres. C’est pour cette raison que les oiseaux se suivent ou se mettent en grand V quand ils volent en groupe. »

Samuel : « Merci chevalier. »

Max : « Mon bonome. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Je suis fatigué. »

Le chevalier : « Tu es fatigué ? »

Samuel : « Moi aussi. »

Léo : « On s’est levés tôt pour faire la géologie et on a fait des choses fort savantes dès potron-minet. »

Max : « Et on a joué à chat-perché. »

Léo : « On a beaucoup marché avec nos petites pattes. »

Le chevalier : « Vous voulez rentrer ? »

Max : « Ben… Moi je profiterai plus de la promenade. Mes petits yeux se ferment tout seuls. »

Léo : « Les miens aussi. »

Samuel : « Tout pareil. »

Le chevalier : « Mes petizours sont fatigués. D’accord, on rentre. »

Max : « On fait demi-tour alors ? Tu nous en veux pas. »

Le chevalier : « Non, moi aussi je suis fatigué. Voulez-vous dormir dans ma poche ? »

Léo : « Ben non. On regarde quand même ! Imagine qu’il y a un beau zoiso et qu’on le rate parce qu’on dort ! »

Samuel : « C’est pas possible quand même ! »

Le chevalier : « Bien. Soyez vigilants. »

Max : « Un héron vient nous voir… »

Léo : « Un cendré ou un pourpré ? »

Max : « Un cendré. Ardea cinerea, Ardéidés. Bonomou, y a t il des hérons pourprés en Vendée ? »

Le chevalier : « Je n’en ai jamais vu… »

Léo : « Il y en a sûrement. La Vendée c’est pas loin de la Charentmaritimie. Il y a pas de raison qu’ils viennent pas jusqu’ici. »

Samuel : « Et celui-là ? C’est qui ce zoiso ? »

Léo : « Un geai des chênes ! Garrulus glandarius, Corvidés ! Rholala ! »

Max : « Tu l’as fotoé ? »

Le chevalier : « J’ai réussi à le suivre en rafalant… Voyons un peu ça… »

Max : « Tu as pas bien centré la focale de l’exposition mon bonome 🙂 »

Léo : « Max, fais pas semblant de connaître le vocabulaire des fotoeurs s’il te plaît. Tu vas passer pour un bêta. »

Max : « J’ai encore eu faux ? Zutalor ! »

Léo : « Je t’expliquerai un jour de pluie. »

Samuel : « C’est beau un zoiso en vol. Elles sont belles tes fotos chevalier. »

Le chevalier : « Merci Samuel. Mais Max a en partie raison : elles ne sont pas très bien cadrées… »

Max : « Ben voilà ! Tu recommences ! ‘Bououou mes fotos sont moches.’ On les aime bien nous. »

Léo : « Et c’est pas ta faute ! Le geai des chênes fait partie des zoisos qui ont un vol ondulé. Ils montent puis descendent puis remontent… »

Max : « Comme picpic ! »

Samuel : « C’est qui picpic ? »

Max : « Picpic ? C’est le pic vert ! Il a un vol assez caractéristique. D’abord il bat des ailes et a une trajectoire un peu ascendante. Puis il replie vite fait les ailes pour se reposer et sa trajectoire devient légèrement descendante. Et il recommence à battre des ailes… »

Samuel : « Le geai des chênes fait ça lui aussi ? »

Léo : « Je suis pas sûr qu’il replie les ailes… Mais il a pas une trajectoire rectiligne. »

Samuel : « Il a de jolies plumes bleues sur les ailes. »

Max : « On pourrait en faire quelque chose de ces plumes… Il faut que je trouve… »

Léo : « Oh ! Une autre cisticole ! »

Samuel : « Cousin Max, elle est pas dans les joncs… »

Max : « Ben oui ! Ça m’étonne pas ! On lui dit rien ! Comment veux-tu qu’elle aille au bon endroit si on lui fait pas de formation pour lui expliquer à quoi ressemblent les joncs ! »

Samuel : « 🙂 Tout à l’heure vous avez parlé de son habitat. Vous connaissez d’autres choses sur les cisticoles ? »

Léo : « Tu veux qu’on t’explique les cisticoles ? »

Samuel : « Ben oui. On est dans leur Royaume. »

Max : « Bonome, tu as entendu Samuel ? On fait une pause sur le banc. »

Le chevalier : « D’accord. Je vois que si Samuel vous demande quelque chose, vous n’êtes plus fatigués 🙂 »

Max : « Si, mais on fait un effort pour notre nouveau cousin. »

Le chevalier : « Je vois et je m’en réjouis. »

Samuel : « Moi aussi 🙂 Merci les cousins. »

Max : « Bonome, aurais-tu l’obligeance de nous aider à nous installer sur le banc et de nous donner mon beau livre s’il te plaît ? »

Le chevalier : « J’ai 🙂 Voilà… »

Max : « Alors… la cisticole… C’est quelle page déjà ? »

Léo : « Page 315. »

Max : « Hein ?! Tu connais la page de la cisticole ? Tu connais les pages de tous les zoisos de mon beau livre ? »

Léo : « Ben non, pas tous… »

Max : « Bonome, tu entends ça ? Il s’excuse presque de pas tout connaître par cœur. »

Léo : « J’aimerais bien… Mais c’est compliqué parce que les zoisos sont pas à la même page dans mon beau livre à moi. Alors je mélange un peu. Et comme je connais pas tous les zoisos je peux pas retenir toutes les pages… »

Max : « Pfff… Bon, la cisticole… Regarde Samuel. »

Samuel : « On la reconnaît bien. »

Max : « Oui, mais c’est pas toujours facile parce que c’est un petit zoiso. Et les petits zoisos sont difficiles à identifier de loin. »

Léo : « Bon, son petit bec fin nous indique que c’est plutôt un insectivore. Mais elle peut manger des graines aussi. Et des araignées. Elle mange l’araignée et après elle prend sa toile pour aménager son nid. Parce que les toiles d’araignées c’est très doux. »

Max : « Mais c’est gluant ! »

Léo : « Quand elles sont neuves. Mais plus après quelques jours. »

Samuel : « La cisticole, elle attrape les insectes en vol ? »

Léo : « Plutôt quand ils sont posés. Sur le sol, les branches… Mais elle fait pas des vols acrobatiques comme on a déjà vu des pouillots le faire. »

Max : « Bien Léo. Pourrais-tu nous parler un peu de leur comportement ? »

Léo : « Je sais pas trop quoi dire… Les cisticoles forment pas de bandes comme les mésanges. On les voit parfois en groupe mais c’est parce qu’elles sont au même endroit. Il y a pas de relations durables entre les individus. Elles sont très actives. Elles passent leur temps à se déplacer. On a eu de la chance de les voir posées calmement comme ça. Voilà… Ah ! J’ai lu qu’elles ont un comportement particulier pendant la parade. Elles volent vers le haut en sifflant sur une seule note puis redescendent brutalement. Enfin, je pense… Je me souviens plus bien. »

Samuel : « Rholala ! Tu connais bien les zoisos cousin Léo. »

Léo : « Cousin Max aussi. Mais, quand il s’agit des zoisos, il me laisse toujours expliquer. Je sais pas pourquoi. Lui aussi pourrait le faire. Même qu’il aimerait bien être spécialiste en zoisos et guide dans des réserves. Il a les connaissances suffisantes. Ce serait un bon guide. Intéressant et rigolo. »

Max : « Personne voudrait embaucher un petitours comme guide dans une réserve… Je serai jamais spécialiste en zoisos. »

Samuel : « Ben si. Tu les connais bien. De mieux en mieux même. Encore un peu de temps et tu seras spécialiste. On s’en fiche si c’est pas ton métier. »

Léo : « Samuel a raison Maxou. »

Max : « Peut-être… N’empêche que j’aimerais bien être guide. Ou alors être dans un observatoire et accueillir les visiteurs pour leur présenter et expliquer les zoisos… »

Léo : « Bonome, la prochaine fois qu’on va en Charentmaritimie on s’installe à l’Observatoire et Maxou fait l’ornithologue pour les visiteurs. »

Le chevalier : « Bonne idée Léo. On lui trouvera un gilet de la LPO. »

Max : « La LPO ? La Ligue de Protection des Zoisos ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Bonome, pourquoi tu es pas adhérent de la LPO ? »

Le chevalier : « Je n’y avais jamais pensé. »

Max : « Tu adhères en rentrant. Tu te débrouilles mais tu fais partie de la LPO dès ce soir. Hopla ! »

Samuel : « Dites, c’est qui ces gros zanimos ? »

Max : « Les moutons ? Tu connais pas les moutons ? »

Samuel : « Non, je connais pas les moutons Maxou. »

Max : « Bonome m’a déjà expliqué les moutons, il y a longtemps. Je me souviens plus de tout mais on relira mon blog ensemble. Comme ça tu les connaîtras toi aussi. »

Léo : « On arrive bientôt à notre monture… »

Le chevalier : « Quelque chose me dit que vous n’allez pas chahuter dans ma poche pendant la chevauchée du retour. »

Max : « Non, on va dodoer. »

Le chevalier : « Dodoer ? »

Max : « Oui, en petitoursien, faire dodo se dit dodoer. Le petitoursien est une langue simple et concise. Efficace quoi… Pas comme le français. »

Léo : « Une aigrette garzette ! »

Max : « Le premier et le dernier zoiso qu’on aura vu dans ce marais. L’aigrette garzette est l’alpha et l’oméga du Marais des Cisticoles 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou. Bon, installez vous confortablement. Nous rentrons. »

En arrivant dans la cabane de Vendée, on dormait encore. Mais bonome nous a réveillés. Il voulait qu’on aille à la douche à cause qu’on avait beaucoup crapahuté dans la nature et qu’on était tout sales. La douche c’est toujours le moment de chamailler entre petizours. A chaque fois c’est pareil. On chahute, bonome arrive avec son air sévère, comme ça, et on l’éclabousse en rigolant. Il fait semblant de nous gronder et on rigole encore plus en l’éclaboussant plus fort. Après il nous sèche et nous chatouille et on rigole toujours. Là, comme on était fatigués, il nous a couchés tout de suite après la douche. On lui a demandé de nous raconter un histoire mais il voulait se doucher lui aussi avant de nous la raconter. Alors il nous a laissés un instant. Pas longtemps. Il s’est dépêché. Mais on était trop fatigués pour l’attendre. Quand il est revenu on dormait déjà tous les trois. Samuel se serre toujours contre Léo pour dormir. Pauvre Léo. Il peut plus bouger la nuit à cause de Samuel. Mais comme il aime beaucoup son nouveau cousin il le laisse faire. Il doit pas bien dormir mon Léo.

Voilà Princesse pour notre première journée en Vendée. C’était une journée assez dense. Mais bonome nous a prévenus que lundi ce serait vraiment dense. Je sais pas bien comment on peut faire plus qu’aujourd’hui… On a quand même vu les volcans de l’Ordovicien exploser partout, les zoms préhistoriques faire la poterie et l’agriculture et les zoisos du marais…

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

129 – Les porphyroïdes de la Sauzaie

Samedi 29 Octobre, An III (suite)

Le chevalier : « Mes petizours ! Nous sommes arrivés ! »

Max (qui sort la tête de la poche) : « On est arrivés ? »

Le chevalier : « Oui, regarde un peu ça… »

Max : « On chahutait dans ta poche ! On a pas vu le temps passer. Les cousins ! On est arrivés ! »

Trois têtes de petizours émergent de la poche du chevalier…

Léo : « On est arrivés ? »

Samuel : « On va aller explorer ? »

Le chevalier : « Oui, mais regardez un peu avant… »

Samuel : « Ooooh ! C’est bôôôô ! »

Max : « Bonome, il y a encore de l’eau dans la mer là. C’est pas encore la marée basse… »

Le chevalier : « Ce n’est pas un problème. »

Max : « Pas un problème ! Tu veux aller explorer les rochers sous l’eau ? Non non non ! Je veux pas ! On sait pas nager et l’eau doit être froide. Il y a surement des congres et j’ai peur des congres. Bonome, on reste là et on attend que l’eau descende. »

Samuel : « Il y a des roches de couleurs différentes… Des roses, des blanches, des noires, des roses plus foncées… »

Le chevalier : « Bien vu Samuel. »

Samuel : « Et les petits rochers, à gauche, sont noirs. »

Léo : « On va tout explorer ? »

Le chevalier : « En attendant que la mer remonte… »

Léo : « Par quoi on va commencer ? »

Le chevalier : « Les roches qui sont sous nos pieds et que nous ne voyons pas bien sur cette foto. Nous pouvons y aller tout de suite. »

Max : « Elles sont pas sous l’eau ? »

Le chevalier : « Non Max 🙂 »

Max : « Tu vas pas nous ploufer ? »

Le chevalier : « Pourquoi vous plouferais-je ? »

Max : « Parce qu’on s’est moqués de toi. »

Le chevalier : « Ce n’est pas une raison suffisante pour que je vous ploufe. Vous m’amusez. Descendons. »

Léo : « C’est étrange comme paysage. »

Samuel : « Mais c’est très beau. »

Max : « Vous avez vu ? Les roches sont penchées. »

Léo : « Tout à l’heure aussi elles étaient penchées. C’est à cause de la tectonique. »

Max : « Elles ressemblent aux ignimbrites de tout à l’heure… »

Léo : « J’entends un rougegorge familier. »

Samuel : « C’est un zoiso ? »

Léo : « Oui petit Sam, un mignon petit zoiso pas poli du tout. Où est-il ce zoiso ? »

Max : « Là ! »

Samuel : « Il a la gorge orange. C’est pour ça qu’on l’appelle le rougegorge je suppose. »

Léo : « Oui. En scientifique il s’appelle Erithacus rubecula et c’est un Muscicapidé. »

Samuel : « Pourquoi tu dis qu’il est pas poli ? »

Léo : « C’est un zoiso territorial. Il protège son territoire contre les intrus et, quand il en repère un, il lui crie dessus des choses pas polies que bonome nous a traduites un jour. »

Max : « C’est bien la preuve que tu parles le zoiso bonome. »

Samuel : « Alors là, le joli rougegorge nous crie dessus pour qu’on s’en aille ? »

Léo : « Oui Sam. »

Samuel : « Petit rougegorge, on veut pas t’embêter nous. On fait la géologie avec un grand chevalier. Il faut pas nous crier dessus. »

Léo : « Sam parle aux zoisos 🙂 »

Max : « Comme bonome 🙂 »

Léo : « Dis chevalier, c’est vrai que saint François d’Assise parlait aux zanimos ? »

Le chevalier : « Oui et non. François savait que les gens venaient l’écouter quand il parlait aux animaux. Alors il faisait semblant de leur parler mais c’est bien aux humains qu’il s’adressait. »

Max : « C’est malin comme méthode 🙂 »

Samuel : « On peut revenir à la géologie ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Venez voir… »

Max : « C’est bien ce que je disais. Ça ressemble aux ignimbrites de tout à l’heure. »

Léo : « Mais c’est pas tout à fait pareil quand même. Les cristaux sont plus grands. »

Le chevalier : « Oui, on parle de phénocristaux ou phénoblastes. Une roche contenant de grands cristaux est qualifiée de porphyroïde. »

Max : « Alors on est sur des porphyroïdes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Et comme nous sommes au lieu-dit La Sauzaie on appelle ces roches les porphyroïdes de la Sauzaie. »

Léo : « C’est encore des rhyolites d’un volcan qui faisait rien qu’à exploser ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et il y a Sabine qui l’habite ? »

Le chevalier : « De la sanidine et de l’albite ! »

Max : « C’est exactement ce que j’ai dit ! »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou 🙂 »

Max : « Ben oui 🙂 »

Samuel : « Maxou, tu dis des bêtises 🙂 »

Le chevalier : « Sérieusement, ici aussi ce sont des feldspaths alcalins, surtout des feldspaths potassiques. »

Léo : « C’est lequel déjà celui qui contient du potassium ? »

Le chevalier : « La sanidine. »

Léo : « Tu as l’air contrarié. »

Le chevalier : « Oui… J’ai lu qu’ici on observait de l’orthose et de la microcline… Je ne me souviens plus… Sanidine, orthose et microcline ont la même formule chimique : KAlSi3O8. »

Léo : « Alors c’est quoi la différence ? »

Le chevalier : « Le système cristallin peut-être…»

Max : « Et c’est grave si tu te souviens pas ? »

Le chevalier : « Non, c’est un peu contrariant mais ce n’est pas grave. »

Max : « Alors on s’en fiche ! Il y a des feldspaths alcalins et hopla ! »

Léo : « Il y a du quartz aussi. On le voit bien. Ce sont les grains gris. »

Samuel : « Et un verre volcanique. Même qu’il est verdâtre le verre 🙂 »

Léo : « Et il y a comme de fines couches ondulées… »

Le chevalier : « Léo, veux-tu grimper sur le rocher pour servir d’échelle ? »

Léo : « J’y vais ! … Ça va comme ça ? »

Le chevalier : « Parfait ! »

Max : « Bonome, regarde là-bas ! »

Le chevalier : « Oui, qu’y a t il ? »

Max : « Ben c’est pas pareil ! C’est plus rose et il y a des gros gros cristaux dedans ! C’est pas le volcan qui a expulsé des grands cristaux comme ça ! »

Le chevalier : « Approchons nous… »

Le chevalier : « Effectivement, ces cristaux n’ont pas été éjectes par le volcan. »

Max : « Ils se sont formés comment alors ? »

Le chevalier : « Vous avez remarqué que les roches sont penchées et qu’il y a des fines couches ondulées dedans. Et il y a ces lentilles riches en feldspaths alcalins. »

Max : « On a vu tout ça. »

Léo : « Comment tu l’expliques ? »

Le chevalier : « Il y a eu un épisode de métamorphisme entre les dépôts volcaniques et aujourd’hui. »

Léo : « Samuel, le métamorphisme c’est quand un roche est chauffée et comprimée. Mais pas trop. Elle reste à l’état solide mais elle subi des transformations. »

Max : « Les atomes se réorganisent entre eux. »

Samuel : « Elles sont chauffées et comprimées comment ? »

Max : « C’est à cause de la tectonique. C’est toujours à cause de la tectonique quand c’est compliqué. La tectonique elle complique tout. C’est son travail de tectonique. Pour que les géologues s’ennuient pas. »

Léo : « T’es trop bête 🙂 Les roches sont enfouies et ce qu’il y a au-dessus d’elles les comprime. »

Max : « Et en profondeur la température est plus élevée. »

Léo : « Du coup les roches se transforment. Mais sans fondre, sinon c’est plus du métamorphisme. »

Samuel : « C’est comme ça que les lentilles de feldspaths sont apparues ? »

Le chevalier : « Oui Sam. »

Samuel : « Mais tout à l’heure les ignimbrites étaient pas comme ici. »

Le chevalier : « Les ignimbrites que nous avons vues tout à l’heure n’ont pas été métamorphisées. »

Max : « Il faudra en tenir compte quand on reconstituera l’histoire de la région. »

Le chevalier : « L’étude de la forme des lentilles et d’autres détails nous indique qu’il y a eu des mouvements de cisaillement de l’est vers l’ouest. »

Max : « Tu vois ça toi ? »

Le chevalier : « Ça saute au yeux 🙂 »

Samuel : « Elles datent de quand ces ignimbrites ? »

Le chevalier : « De l’ordovicien inférieur. »

Léo : « Le Trémadoc ? Comme tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Samuel : « Et on peut dater le métamorphisme ? »

Le chevalier : « Les spécialistes le peuvent. Mais pas moi. »

Léo : « Je résume : des rhyolites se sont mises en place sous forme de coulées de lave visqueuses ou d’ignimbrites lors de la distension crustale au sein de Rodinia au début de l’Ordovicien. Ces distensions ont abouti à la séparation de la petite plaque Armorica de la grande plaque Gondwana et à la formation de l’océan centralien. »

Max : « Tu parles comme bonome 🙂 Personne comprend ce que tu dis mais tu es content 🙂 »

Léo : « Tu comprends pas ? »

Max : « Ben si ! »

Léo : « Alors toi aussi tu parles comme bonome ! »

Max : « Je m’y ferai jamais… Je me bonomise de plus en plus… »

Samuel : « Moi aussi et j’en suis bien content 🙂 Je comprends le bonomien 🙂 »

Léo : « 😀 »

Max : « Mon bonome, puis-je poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Quand le volcan produit des nuées ardentes qui donneront les ignimbrites, il expulse brutalement des fragments de lave qui vont ensuite se souder à chaud. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Quand il rejette tout ça le volcan, c’est pas bien rangé ! Or, là, les cristaux de feldspaths sont disposés en couches. Comment expliques-tu ça ? »

Le chevalier : « On parle de linéation minérale. »

Max : « Oui bien sûr. Et alors ? »

Le chevalier : « Nous avons déjà dit que ces roches ont été comprimées. Lors de la compression des surfaces apparaissent perpendiculairement aux contraintes. On les appelle des plans de schistosité. Les feldspaths se disposent préférentiellement le long de ces plans et ils forment une linéation minérale. »

Max : « D’accord. Merci bonome. »

Léo : « C’est compliqué quand même. »

Le chevalier : « Oui, arrêtons-nous là pour les porphyroïdes de la Sauzaie. »

Max : « Regardez moi ça… »

Léo : « C’est beau les roches… »

Samuel : « C’est parce que tu as de la beauté dans les yeux cousin Léo. »

Léo : « Toi aussi petit Sam. »

Max : « Bonome, pourquoi là-bas les roches sont plus blanches et qu’elles ressemblent pas tout à fait ? »

Le chevalier : « Bonne question. Puis-je y répondre après la pause ? »

Max : « On fait une pause ? »

Le chevalier : « Oui, si vous voulez bien ! »

Max : « Et on a le droit de chahuter ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Vous entendez ça les cousins ? Bagarre de petizours ! »

Après quelques minutes de manifestations groupales compulsives…

Le chevalier : « Vous vous êtes bien amusés ? »

Max : « On a joué à chat-perché 🙂 »

Le chevalier : « Vous êtes tout essoufflés 🙂 »

Léo : « Ben oui. On a couru et grimpé partout. »

Samuel : « On est même pas tombés 🙂 »

Max : « On a bien rigolé 🙂 »

Le chevalier : « Mes petizours… Asseyez-vous quelques instants pour vous remettre. »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Tu nous gratouillerais pas le front ? »

Le chevalier : « Si. Mais je n’ai que deux mains. »

Max : « Pas grave. Occupe toi de Léo et Samuel. »

Le chevalier : « Venez là tous les trois. »

Les petizours : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn … »

Quelques minutes plus tard…

Léo : « Et si on reprenait ? »

Max : « On y va ! »

Léo : « On en était aux roches plus blanches de là-bas. »

Samuel : « Il faut aller voir. »

Max : « Elles sont vertes et roses. C’est à cause de l’état d’oxydation du fer. Soit il est oxydé, soit il l’est pas. »

Léo : « J’aperçois de drôle de reliefs là-haut ! Vous voyez ? »

Le chevalier : « Je vois. »

Max : « Il faut fotoer bonome. »

Léo : « Max, pour fotoer il va devoir tout escalader ! Avec son appareil à la main en plus ! »

Max : « Ah oui… »

Samuel : « Il grimpe ! »

Max : « Bonome ! Fais attention ! Descend de là ! On s’en fiche des fotos ! »

Le chevalier : « Elles sont faites 🙂 »

Max : « Montre nous alors. »

Léo : « C’est beau ! C’est quoi ? »

Le chevalier : « Ce sont des figures d’érosion. »

Max : « L’érosion c’est quand les roches s’usent. »

Samuel : « Vous m’expliquerez plus tard l’érosion. Pour le moment je voudrais comprendre ces roches là. »

Max : « Tu entends Samuel bonome ? Explique nous ces roches. »

Léo : « On va voir de plus près. »

Max : « Ben oui, on verra mieux. »

Samuel : « Parce que les naturalistes doivent observer avant d’expliquer. »

Léo : « Tu as raison petit Sam. L’observation est une étape vraiment importante. »

Max : « Voilà ! Là on voit bien ! »

Samuel : « Il y a des cristaux. Mais ils sont tous petits. Il y a pas des grands comme tout à l’heure. »

Léo : « Ce sont surtout des grains de quartz. »

Max : « Sabine l’habite pas ? »

Le chevalier : « Max ! Tu ne t’arrêteras donc jamais de dire des bêtises ? »

Max : « Moi ? Non 🙂 »

Léo : « Il y a des feldspaths dans cette roche ? »

Le chevalier : « Oui, plus d’un quart des cristaux sont des feldspaths. Le reste est essentiellement constitué de quartz. Ces cristaux sont cimentés par un ciment argileux. »

Léo : « Tu nous as déjà expliqué que les argiles venaient de l’érosion de roches. »

Le chevalier : « On parle plutôt d’altération des roches dans ce cas. »

Léo : « Je peux faire une hypothèse ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « A côté il y a les ignimbrites qui contiennent des gros quartz et des grands feldspaths dans un verre de même composition. Imaginons qu’il y ait érosion et altération de ces ignimbrites. Les quartz et les feldspaths deviennent plus petits. Le verre s’altère et donne des argiles. Et après, les petits grains de quartz et de feldspaths se retrouvent cimentés dans les argiles. »

Max : « Ça c’est une belle hypothèse dites donc. »

Le chevalier : « Ce n’est pas une hypothèse. C’est ce qui s’est passé. Bravo mon Léo. Je suis fier de toi. »

Léo : « Merci chevalier. C’est toi qui m’as appris 🙂 »

Samuel : « Il y a quelque chose que je comprends pas quand même. Si ce que dit Léo est vrai, les roches blanches devraient être au-dessus des ignimbrites. Pas à côté. »

Max : « Tu oublies que les roches sont penchées Sam. Du coup, ce qui devrait être au-dessus semble à côté. »

Samuel : « Ah ben oui… »

Max : « Il reste une question non résolue. »

Léo : « Laquelle ? »

Max : « Comment on appelle ces roches blanches qui viennent de l’érosion et de l’altération des ignimbrites ? »

Le chevalier : « Ce sont des arkoses mon Maxou. »

Max : « Alors maintenant on connaît tout de cette première formation. Léo, veux-tu nous faire un résumé ? (à Samuel) Léo est très fort pour faire des résumés 🙂 »

Léo : « Je veux bien essayer. Bien… Alors… Je recommence aux volcans du début de l’Ordovicien. Ici, ils ont rejeté des nues ardentes. Ces nuées ardentes sont à l’origine des ignimbrites. Puis, le volcan s’est arrêté. Les ignimbrites ont été érodées et altérées. Ça a donné comme du sable fait de grains de quartz et de feldspaths avec de l’argile. Puis, je sais pas quand, l’argile a durci et a cimenté les grains. Du coup, il y a eu des arkoses au-dessus des ignimbrites. Plus tard, la tectonique s’en est mêlée. Les roches ont été penchées et métamorphisées et il y a des plans de je sais plus quoi. Et les gros cristaux de feldspaths se sont formés dedans. Normalement on devrait trouver des gros feldspaths et des gros quartz dans les arkoses aussi. Et puis voilà. J’ai fini de résumer. »

Max : « Tu es un bon résumeur 🙂 Bonome, tu en penses quoi ? »

Le chevalier : « Que je n’aurais pas fait mieux. Encore une fois bravo mon petitours. »

Léo : « J’aime bien quand tu m’appelles mon petitours. »

Samuel : « Tu es fort en géologie cousin Léo. »

Léo : « Toi aussi tu le seras petit Sam. »

Max : « Bonome, Léo a dit qu’on devrait trouver des lentilles de quartz ou de feldspaths dans les arkoses. C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui, regardez. »

Max : « Ce sont des lentilles de quartz ou de feldspaths ? »

Le chevalier : « L’un ou l’autre… »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Et tu cherches pas à savoir ? »

Le chevalier : « Je devrais grimper avec un beau cristal de feldspath pour regarder si ceux de la paroi le rayent. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Le quartz est plus dur que les feldspaths. »

Max : « Mais tu le fais pas ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « C’est l’heure de ton sandouich ? »

Le chevalier : « Je commence à avoir faim, en effet. »

Max : « On fait la pause sandouich ? »

Le chevalier : « Oui, si vous êtes d’accord. »

Léo : « Pourquoi on serait pas d’accord ? Pause ! »

Max : « Tu as pris du chocolat ? »

Le chevalier : « Je ne vais quand même pas vous laisser mourir de faim. »

Max : « Merci bonomou. Bon, on s’installe sur ce rocher et on fait la pause. »

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