La narse de Clamouze

24 Août an X (suite)

Max : « Tu nous emmènes où bonome ? »

Le chevalier : « Par là… »

Max : « D’accord. Oui oui oui… Par là donc. »

Léo : « C’est déjà pas mal. »

Samuel : « Il aurait pu répondre : ‘A la cabane’. »

Yann : « Là on sait qu’on continue. »

Max : « Ça vous dérange pas de pas savoir où on va ? »

Léo : « Bof. »

Samuel : « Pas trop. »

Yann : « Ça changerait rien du tout. »

Léo : « Et puis comme ça on aura la surprise. »

Max : « Des fous ! Je suis entouré par des fous ! »

Yann : « Profite du paysage Maxou. »

Samuel : « Regarde un peu ça… »

Puy de Paillaret
Puy de Paillaret

Max : « C’est un volcan qu’on voit là ? »

Le chevalier : « Oui Max. Le Puy de Paillaret. »

Max : « C’est quoi comme roche ? »

Le chevalier : « Tiens, voici la carte géologique. »

Carte géologique du Puy de Paillaret (Source : Géoportail)

Max : « Merci bonome. Tu expliques ? »

Le chevalier : « Non. Je marche. »

Max : « Tu expliques pas ? Et comment on va faire pour savoir le Puy de Paillaret nous ? »

Le chevalier : « Vous étudierez. »

Max : « Je vois. Vous êtes témoins que bonome nous aime plus et qu’il va nous abandonner sur le bord de la route. »

Les trois autres : « 😀 »

Le chevalier : « Ce n’est pas ce que j’ai dit ! »

Max : « C’est pareil. Tu veux pas nous expliquer le Puy de Paillaret… C’est bien que tu nous aimes plus et que tu vas nous abandonner. »

Léo : « Max, je crois que tu exagères un tout petit peu. »

Samuel : « Bonome a pas envie d’expliquer. C’est pas grave. »

Yann : « Laisse-le se reposer un peu. »

Max : « Ça vous dérange pas d’être abandonnés sur le bord de la route ? »

Samuel : « Cousin Max… »

Max : « Oui petit cousin ? »

Samuel : « Le coin… »

Max : « Pfff… abandonné et au coin ! »

Yann : « Sauf si tu laisses bonome se promener tranquillement. »

Léo : « Ce sont sûrement des basaltes, des mugéarites et des benmoréites des différentes phases de volcanisme. Pour une fois on saura pas tout. »

Yann : « Et puis je voudrais voir ces plantes à fleurs ! Elles sont très belles. »

Œillet des chartreux

Samuel : « Encore des œillets des Chartreux ! »

Yann : « Je me disais bien qu’on les connaissait déjà ! »

Léo : « On voit pas beaucoup de zoisos… »

Samuel : « J’entends des pouillots véloces. »

Max : « Tschiff tschaff tschiff tschaff… J’en peux plus des pouillots véloces moi ! »

Léo : « Yann, l’allergie de Maxou pour les véloces date de l’un de nos séjours en Bretagne, au Cap Fréhel. Il y en avait tous les 10 mètres et on les entendait à longueur de journée. »

Yann : « C’est pas le chant le plus mélodieux que je connaisse mais de là à faire l’allergie… »

Samuel : « Il est là ! »

Pouillot véloce (Phylloscopus collybita, Phylloscopidés)

Max : « Tu veux toujours pas nous dire où on va bonome ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Surtout que ce n’est qu’un détour avant d’aller ailleurs. »

Léo : « Après on va ailleurs ? »

Le chevalier : « Oui, vite fait. Je ne sais pas trop ce que ça va donner… »

Yann : « La chaaance ! »

Samuel : « Surtout que le ciel s’est dégagé. »

Paysage
Puy de Chambourguet

Le chevalier : « Je crois que nous approchons… »

Max : « On approche de quoi ? »

Léo : « Chut ! Écoutez ! »

Yann : « J’entends ! On approche d’une cascade ! »

Max : « On va voir une cascade ? »

Le chevalier : « Tu vas voir petit impatient ! »

Samuel : « A l’oreille c’est bien ça ! »

Yann : « La voilà ! »

Cascade de la Barthes

Max : « Alors toi ! Tu abordes les cascades par le haut ! Il y a que toi qui fais ça… »

Le chevalier : « Si tu veux la voir par le bas, tu peux descendre si tu veux. »

Max : « Vous voyez ! Il veut m’abandonner et me jeter dans la cascade !!! »

Léo : « Mmmm… Je commence à le comprendre. »

Yann : « Je suis pas loin d’être d’accord moi. »

Samuel : « Ça suffit ! Cousin Max, tu arrêtes de dire que bonome veut nous abandonner. Tu ronchonnes parce que tu es fatigué. Cousin Léo et cousin Yann, vous cessez de dire des bêtises. On va voir la cascade et on profite de la journée sans trop poser de questions parce que sinon ça fait trop de travail pour graver les articles du blog de Max. Et ça nous repose un peu nous aussi ! On peut pas tout savoir tout le temps ! »

Léo : « Petit Sam, tu es la voix de la sagesse 🙂 »

Yann : « Il est tout petit le ruisseau… »

Cascade de la Barthes

Ruisseau de Neuffond

Le chevalier : « C’est le ruisseau de Neuffond. »

Léo : « C’est une bien belle cascade. Merci bonome. »

Samuel : « Ça fait quand même beaucoup de marche pour la voir. Il faut retourner à la monture maintenant. »

Le chevalier : « Oui. C’est un peu le défaut de ce détour… »

Yann : « Tu vas être tout fatigué. Pauvre bonome. »

Le chevalier : « Ça vous ennuie si je trottine un peu ? Ça ira plus vite. »

Léo : « C’est toi le chef bonome ! »

Max : « Ça va nous secouer un peu mais tant pis. C’est pas drôle les marches de transition. »

Samuel : « C’est parti ! En petites foulées ! Hop hop hop ! »

Yann : « C’est sûr que ça va plus vite 🙂 »

Max : « Tu feras quand même une pause pour fotoer la callune et la chapelle qu’on voit là-bas. »

Le chevalier : « Oui Max ! Tout de suite Max ! »

Callune

Max : « La callune c’est pour montrer la végétation et la chapelle c’est pour que tu nous racontes une histoire pendant que tu trottines. »

Notre Dame de Vassivière

Léo : « Tu la connais cette chapelle ? »

Le chevalier : « Nous irons la voir un jour. C’est Notre Dame de Vassivière. Le nom est tirée du celte. ‘Vas’ signifie demeure ou temple. ‘iver’ veut dire eau ou rivière. Vassivière indique donc qu’il y a eu un temple de l’eau ici il y a fort longtemps. Le christianisme s’est approprié le lieu et une chapelle a été construite. Je ne sais pas de quand date la première construction. Cette chapelle accueille la statue d’une Vierge noire. Après la destruction de l’ancienne chapelle la statue a été transférée à l’église saint André de Besse. En 1547 un protestant recouvre la vue après avoir vénéré cette statue. »

Max : « Pourtant les protestants vénèrent pas les statues ! Ils sont pas très emballés par le culte marial. »

Le chevalier : « Pierre Gef a oublié ce principe en raison de sa cécité récente. »

Yann : « Pierre Gef ? C’est le protestant qui a retrouvé la vue ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Yann : « Il a dû être bien content ! »

Le chevalier : « Et surpris ! Le lendemain la statue avait disparu. On l’a retrouvé à son ancien emplacement. Cela s’est reproduit trois fois de suite. Du coup, Catherine de Médicis qui était propriétaire des lieux a ordonné de faire reconstruire une chapelle là il y en avait une pour y installer la statue. Un premier pèlerinage a eu lieu le 6 juin 1555. »

Léo : « Il existe encore ce pèlerinage ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Au 17e siècle c’était l’un des plus populaire de France. Actuellement il est un peu plus confidentiel. Il y a à côté de la chapelle un chemin de croix et surtout la chapeloune. »

Max : « La chapeloune ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Un petit abri qui abrite la source. »

Léo : « Je suis curieux de voir ça 🙂 »

Samuel : « Le pèlerinage c’est le 15 août je suppose. »

Le chevalier : « Non mon petit Sam. Il sa fait en deux temps. Il y a ‘la montée’. La statue qui passe l’hiver à Besse est remontée à la chapelle le 2 juillet, jour de la fête de la Visitation. Elle y reste jusqu’au dimanche qui suit la saint Mathieu (21 septembre). C’est la ‘dévalade’. »

On est effectivement allés à cette chapelle plus tard… Mais je mets les fotos maintenant…

Notre Dame de Vassivière
Notre Dame de Vassivière
Notre Dame de Vassivière
Croix sur le paysage
Croix sur le paysage
La chapeloune et le Sancy

Léo : « Tu as dépassé le lieu où nous avons laissé la monture bonome. »

Yann : « Ben oui ! On va ‘ailleurs’ ! »

Max : « Oh ! C’est qui ces zoisos ? »

Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)

Bruant jaune (Emberiza citrinella, Embérizidés)

Léo : « Des bruants jaunes !!! Rhooo la chaaance ! »

Yann : « Vous en aviez jamais vu ? »

Max : « Une femelle première année. C’était… Léo, tu t’en souviens ? »

Léo : « En Charentmaritimie. Un Royaume de bord de mer, pas loin du Petit Royaume des Barges. »

Max : « C’est ça ! Bravo Léo ! »

Yann : « Donc vous en avez déjà vu 🙂 »

Samuel : « Ben oui ! On en a vu pendant la première sortie de ce séjour !!! Les bruants s’appellent Emberiza mais c’est lequel lui déjà ? »

Léo : « Emberiza citrinella »

Yann : « Ils ont l’air pressés. »

Max : « Oui ! Une petite pause sur le fil de fer et zou ! Plus de bruants jaunes ! »

Samuel : « Quand est-ce qu’on va au Sancy bonome ? »

Le chevalier : « Tu poses la question parce qu’on le voit d’ici ? »

Samuel : « Oui mon bonome 🙂 »

Massif du Sancy

Le chevalier : « Demain. La montée se fera par la face nord. »

Max : « Tu dis ça comme si on allait grimper le Malaya. »

Léo : « Je suppose que tu parles de l’Himalaya. »

Max : « En petitoursien on dit le Malaya. Bon, on sait où on va demain mais là, on va où ? »

Le chevalier : « A la narse de Clamouze. »

Max : « La quoi ? Qu’est ce que tu dis encore ? »

Le chevalier : « La narse de Clamouze. C’est ça ! »

La narse de Clamouze

Max : « D’accord… Alors on est venus en Auvergne pour voir les volcans qui sont des montagnes et toi tu vas au seul endroit tout plat… Mais qui m’a fichu un bonome pareil ???!!! »

Yann : « A mon avis c’est un bel endroit. »

Léo : « La vue est jolie. »

Samuel : « Et puis ça va reposer bonome. Demain il a Sancy 🙂 »

Max : « D’accord. C’est quoi ton machin bonome ? »

Le chevalier : « La narse de Clamouze ? Ou l’appelle aussi la Barthe. C’est une zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique. »

Max : « C’est une ZNIEFF ??? Type 1 ou type 2 ? Tu pouvais pas le dire tout de suite ? »

Yann : « C’est quoi une ZNIEFF ? »

Léo : « Comme bonome l’a dit c’est une zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique. C’est un endroit où on trouve un milieu, des plantes ou des animaux rares qui méritent qu’on protège la zone. »

Yann : « Je comprends. Merci Léo. »

Le chevalier : « Type 1 Max. »

Max : « Ah… Très protégée alors. Je suppose qu’il est interdit de sortir du sentier en bois. »

Le chevalier : « Tu supposes bien. Et puis, il ne vaut mieux pas. En fait nous allons rester dans la partie classée en zone 2. »

Léo : « Évidemment. Je crois comprendre que c’est une tourbière. »

Max : « Sauf que c’est la sécheresse depuis des mois. Elle doit pas être très humide la tourbière. »

Samuel : « On sort quand même pas du chemin. C’est interdit. »

Léo : « Lui, il aurait dû sortir du chemin… »

Léo et une chenille

La chenille du petit paon de nuit (Saturna pavonia, Saturnidés)

Yann : «Ah bah oui !!! Zutalor ! Elle s’est fait crabouiller cette chenille. »

Samuel : « Il me semble que c’est un Saturnidé. »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Saturnia pavonia ou petit paon de nuit. C’est bien un Saturnidé. Bravo petit Sam. »

Léo : « Je connaissais pas la chenille… »

Yann : « Dommage qu’on la voit dans cet état. »

Max : « Mon cher petit bonome, tu te rends compte que tu vas devoir faire un aller-retour ? Parce qu’il y a pas d’autre chemin. »

Le chevalier : « Pas bien grave… »

Le chemin

Yann : « Encore une chenille morte ! »

Une autre chenille du petit paon de nuit (Saturna pavonia, Saturnidés)

Max : « Je sais pas quoi penser. Soit ça veut dire qu’il y en a beaucoup dans le secteur, soit il y a une forte mortalité… »

Léo : « Je pense qu’il y a en beaucoup. Il y a les plantes hôtes des chenilles un peu partout. Mais il y a aussi une forte mortalité à cause de la sécheresse. »

Max : « La sécheresse… Elle est pas bien humide cette tourbière… »

La tourbière

La tourbière

Yann : « Vous connaissez ces plantes ? »

Léo : « Si je dis pas des erreurs il y a de la molinie et de la callune. »

Max : « Je sais pas si c’est vraiment intéressant de cheminer sur ce chemin bonome. Tu vas avoir besoin de force demain. »

Le chemin

Le chevalier : « Je peux continuer d’avancer un peu… »

Léo : « a gauche c’est tout la lande humide à callune… »

Lande humide à callune

Lande humide à callune

Max : « Et à droite c’est la tourbière à molinie. Là-bas on voit carrément la tourbe ! »

La tourbe

La tourbe

Yann : « Vous m’expliquez la tourbe s’il vous plaît ? »

Max : « La tourbe ? C’est de la matière organique fossile. C’est quand les végétos peuvent pas se décomposer à cause du manque de dioxygène. Ça arrive dans les milieux humides et toujours saturés en eau. La tourbe est composée surtout de cellulose et de lignine. Ce sont des groooosses molécules que seuls les végétos fabriquent. Elles se décomposent mal. Les zoms digèrent par ces molécules. Sans dioxygène, ces molécules s’accumulent. Si je dis pas des erreurs elles peuvent constituer jusqu’à 90 % de la tourbe. Le reste c’est la matière organique dégradée et du carbone. Il y a beaucoup d’eau aussi. La tourbe s’accumule petit à petit. Environ 5 cm par an. Ça va pas très vite. Le problème pour la nature est que la tourbe ça fait un combustible et les zoms exploitent les tourbières. Après, il y en a plus. A la place il y a des étangs ou des marais. C’est embêtant parce que les tourbières sont rares et ce sont des milieux qui accueillent beaucoup d’espèces qu’on trouve pas ailleurs. »

Yann : « C’est pour ça que c’est une ZNIEFF alors. »

Max : « Oui. Il faut protéger les tourbières. Elles méritent d’exister. Il y a pas de raison que les zoms les fassent disparaître. »

Léo : « Et puis on peut pas protéger les espèces si on protège pas le milieu. »

Max : « Bonome, tu connais les espèces rares d’ici ? »

Le chevalier : « Je te donnerai un document bien complet. »

Max : « Merci bonome. »

Tourbière

Pelouse

Samuel : « C’est tellement humide qu’il y a même un ruisseau… »

Eau douce

Le chevalier : « Une ‘tourbière’ est généralement une mosaïque de milieux. Ce n’est pas étonnant de trouver un ruisseau. »

Max : « Bon, mon bonome, tu fais quelques fotos de plantes et on rentre. Il faut pas que tu t’épuises aujourd’hui. »

Le chevalier : « C’est gentil ça 🙂 Quels plantes veux-tu ? »

Max : « Elles ! Elles sont très belles ! »

Pensée des vosges

Pensée des vosges

Le chevalier : « Viola lutea Violacées. »

Yann : « Elle ! »

Reine des près

Le chevalier : « La reine des près 🙂 Très bon choix Yann. »

Samuel : « Elle s’appelle comment en scientifique ? »

Le chevalier : « Filipendula ulmaria. C’est une Rosacées. »

Max : « Pas envie de faire la botanique. »

Le chevalier : « Tu voulais que je fotoe des plantes ! »

Max : « C’est pas pareil bonome. Fotoer des plantes c’est regarder de la beauté et en garder une trace. Faire la botanique c’est étudier. Et là j’ai pas envie. Vous avez envie vous ? »

Léo : « Pas vraiment. Je commence à fatiguer. »

Samuel : « Tout pareil ! »

Yann : « Je suis d’accord avec Max. J’ai envie de voir la beauté pas d’étudier. »

Le chevalier : « Alors un œillet… »

Œillet des chartreux

Le chevalier : « La casse-lunettes… »

Casse-lunettes

Léo : « On l’a vue dans les Alpes ! Euphrasia officinalis, Orobranchacées. La petite euphraise ou euphraise des champs. Elle soigne les problèmes de vue d’où sont nom de casse-lunettes. »

Le chevalier : « Bravo Léo ! Bien, installez-vous bien dans ma poche. Je cavale et je chevauche vers la cabane. »

Max : « On peut siester ? »

Le chevalier : « Mmmm… Vous n’aurez plus sommeil ce soir. »

Yann : « Ah si ! Oulala ! »

Le chevalier : « Alors siestez bien 🙂 »

Le soir on a été sages. Douche, repas et câlins. On a laissé bonome se reposer parce que demain, il va grimper le Sancy. Et ça m’a pas l’air tout facile !

A bientôt !

Continuer la promenade

Des rochers de Saint-Guénolé à La Torche

Max : « Allez bonome ! Prépare-toi ! On a une longue marche au programme aujourd’hui ! »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Il fait pas très beau… »

Max : « C’est pas ça qui va arrêter notre bonome ! »

Samuel : « Il va pleuvoir ? »

Le chevalier : « Je n’espère pas. »

Max : « Tu es prêt ? On peut y aller ? »

Le chevalier : « Oui Max 🙂 »

Max : « Alors c’est parti ! »

Léo : « C’est étrange une journée qui commence pas par la question rituelle de Maxou. »

Yann : « Je peux la poser moi si vous voulez. »

Léo : « Oui, s’il te plaît 🙂 »

Yann : « Bonome, on va où aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Là ! »

Les rochers de Saint Guénolé

Max : « Des rochers ! Nous sommes à Saint-Guénolé. Je suppose que ce sont les rochers de Saint-Guénolé. »

Samuel : « Cousin Max, tu es très perspicace 🙂 »

Léo : « Ça ressemble à la Bretagne ça 🙂 »

Max : « Avec un petit air de Ploumanac’h. C’est quoi comme roche ? »

Le chevalier : « Je vais vous laisser découvrir mais pas tout de suite. »

Léo : « C’est du granite. Ça se voit même de loin. »

Yann : « Je peux réviser à voix haute comme petit Sam ? »

Léo : « Bien sûr Yann. »

Yann : « Observez ce rocher. »

Un rocher

Yann : « Il a une encoche arrondie un peu au-dessous de son sommet. Ça indique le niveau du sol autrefois. L’acide humique qu’il y avait dans ce sol a altéré le granite alors que la partie qui dépassait a pas été altérée. On connaît donc la hauteur du sol d’autrefois. J’ai bon ? »

Samuel : « Tu as bon cousin breton 🙂 »

Yann : « Merci petit cousin 🙂 Là-bas il y a un autre rocher avec une encoche. »

Les rochers de Saint Guénolé

Yann : « Au premier plan le granite est altéré en pelures d’oignon. »

Léo : « Oh ! Regardez ce rocher ! »

Le tire-bouchon

Le tire-bouchon

Yann: « Il est étrange. »

Samuel : « L’encoche à sa base est vraiment asymétrique. »

Max : « On va pas tout refaire l’altération du granite. Ça donne des formes étranges aux rochers et puis voilà ! »

Léo : « Oui Max. On avance bonome ! »

Yann : « On approche d’une petite crique. »

Paysage

Max : « Ça ressemble vraiment à Ploumanac’h. »

Léo : « C’est moins haut, moins rose… mais oui. »

Yann : « Il y a même l’écume de mer comme à Men Ruz 🙂 »

Écume de mer

Une petite crique

Une petite crique

Max : « C’est dommage qu’il fasse pas très beau. Les fotos seront pas magnifiques. Tu fotoes quand même bonome ! »

Le chevalier : « Je sais Max. Pour montrer la beauté à tes lecteurs 🙂 »

Max : « Ceux qui ont de la beauté dans les yeux s’en fichent si le ciel est pas bleu. »

Yann : « Je dois en avoir moi parce que je trouve ça très beau. »

Léo : « Ça on sait Yann 🙂 »

Samuel : « Regardez le rocher. »

Un rocher

Léo : « Qu’est ce qu’il a ? »

Samuel : « Vous avez pas remarqué qu’il a comme des couches penchées ? J’ai déjà observé ça tout à l’heure. Un granite ça a pas des couches. »

Le chevalier : « Ça peut arriver. »

Max : « Ah oui ? Et depuis quand ? »

Le chevalier : « Mmmm… Il me semble que vous le savez. »

Léo : « Comme des couches dans le granite et on le sait… Mmmm… »

Max : « Tu trouves Léo ? Petit Sam, tu as pas ça dans tes fiches ? »

Samuel : « Non, j’en faisais pas encore à l’époque. Cousin Léo, pense à Brétignolles. »

Léo : « Brétignolles ? Il y a pas de granite là-bas ! »

Samuel : « Je sais 🙂 »

Max : « Les porphyroïdes de la Saussaie ? Ça ressemble vaguement à un granite… »

Léo : « Mais oui ! Bien sûr ! Bien joué petit Sam ! C’est la foliation ! »

Yann : « La foliation ? C’est quoi ça ? »

Léo : « Le granite a été comprimé. Il y a eu augmentation de la température et de la pression ce qui l’a légèrement modifié. »

Yann : « C’est le métamorphisme ça. »

Léo : « Oui Yann. Là, il a pas été très intense. C’est juste que des plans sont apparus. Il me semble qu’ils sont perpendiculaires à la contrainte et dans ces plans il y a eu recristallisation. On devrait voir des minéraux orientés. »

Max : « Il a bon bonome ? »

Le chevalier : « Le mieux est d’aller voir 🙂 Voici Porzh Karn. »

Porzh Karn

Le chevalier : « Allez vous dégourdir les pattes et observer le granite. »

Max : « On descend ! »

Après quelques minutes de jeu du chat…

Max : « Bon, on l’observe ce granite ? »

Léo : « Ben oui. Bonome, petit Sam nous a ratatinés à chat comme d’habitude. »

Yann : « Tu es trop fort petit cousin 🙂 »

Samuel : « Observez le granite au lieu de me flatter 🙂 »

Max : « Alors Léo ? Foliation ou pas ? »

Léo : « Mmmm… J’ai un doute… J’hésite entre foliation et schistosité. »

Max : « Ah bah ça ! Oulala ! Grave dilemme ! Bonome tu en penses quoi ? Bonome ? BONOME ! Tu vas pas dans ta tête ! Tu restes avec nous et tu réponds à ton petit Léo ! »

Le chevalier : « Mmmm ? Schistosité ou foliation ? Ici ? Schistosité S orientée N60 et cisaillements C orientés N30. Ils déterminent des plans privilégiés propices à l’altération. »

Max : « Ben voilà Léo, tu as ta réponse. A mon avis il faut pas demander plus d’explications. »

Léo : « Merci bonome. »

Samuel : « Ça nous dit pas ce que c’est ce granite. Aloraloralor… »

Yann et Léo observent le granite

Yann et Léo observent le granite
Le granite

Samuel : « Il est bien orienté. Ça se voit au niveau des minéraux. Quels sont ces minéraux ? Quartz, feldspaths, biotite, muscovite… C’est ça. C’est un granite à deux micas, un leucogranite relativement pauvre en silice mais riche en aluminium. Je crois qu’on dit hyperalumineux. Les leucogranites se forment le plus souvent lors de collisions continentales et ont pour origine l’anatexie de métasédiments relativement riches en eau. C’est un granite intrusif mais je sais pas dans quoi. »

Léo : « Comment tu sais ça toi ? »

Max : « Il a dû faire des fiches… Bonome tu as compris ce qu’a dit ton petitours préféré ?

Le chevalier : « C’était plutôt clair 🙂 »

Max : « Oui oui. Tout le monde a compris. Pfff… »

Léo : « Ben… C’est pas si difficile que ça. La vraie question est de savoir comment petit Sam connaît tout ça. »

Samuel : « Le granite est en face de moi. C’est pas très difficile de savoir ! »

Yann : « Ben moi j’aurais pas bien vu les minéraux alors j’aurais pas pu dire que c’est un leucogranite hyper lumineux. Du coup, pour l’interprétation… »

Léo : « Hyperalumineux Yann, pas hyper lumineux. »

Max : « Il est autiste ! Cette fois j’en suis sûr ! »

Samuel : « Cousin Max. »

Max : « Oui petit Sam ? »

Samuel : « Je suis au regret de te dire que je suis banalement neurotypique et que par conséquent je comprends tout à fait ce que tu dis ! Tu vas cesser de dire que je te suis autiste ou JE TE METS AU COIN ! »

Yann : « A ta place je présenterais des excuses à notre petit cousin, Max. »

Max : « Euh… Petit Sam je te présente toutes mes excuses. »

Samuel : « Et elles sont acceptées mais si tu étudiais un peu plus tu connaîtrais les leucogranites toi-aussi. »

Max : « J’étudie quand j’en ai le temps ! Bonome, fotoes ton petitours préféré ! »

Samuel : « Je veux bien si tu viens avec moi ! »

Le chevalier : « D’accord ! »

Max et Samuel

Yann : « Ben et nous ? »

Le chevalier : « Installez-vous mais faites attention au vent. »

Les petizours

Léo : « Petit Sam, tu nous as tout dit sur ce granite ? »

Samuel : « J’ai dit ce que je savais. »

Max : « Bonome, ô grand bonomou, prince des naturalistes, splendeur de la Nature, aurais-tu quelque chose à ajouter ? »

Le chevalier : « 😀 Pas pour le moment. A part que c’est le granite de Pont-l’Abbé et qu’il occupe une grande partie du Finistère sud. »

Samuel : « Tu peux donner le code ? Il y a toujours une espèce de code. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Si tu veux 🙂 gγA2AL »

Max : « Tu vas retenir ça petit Sam ? »

Samuel : « Je vais le noter dans mes fiches 🙂 »

Yann : « C’est beau ici… »

Porzh Karn

Porzh Karn

Le chevalier : « Oui. Et on va là-bas… »

Beg an dorchenn

Yann : « Tu vas cavaler tout ça ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas si loin… »

Léo (à Samuel) : « J’ai bien aimé ton ‘Je suis banalement neurotypique’ 🙂 »

Samuel : « C’est factuel 🙂 »

Léo : « Oui petit Sam. Tu es neurotypique 🙂 »

Yann : « Vous allez vous moquer si je dis que c’est très beau. »

Samuel : « Ben non. Tu as raison cousin Yann. C’est très beau. »

L’estran et c’est beau

Léo : « Et pourtant c’est même pas le grand beau temps. »

Max : « La nature est belle tout le temps. Pas besoin du grand soleil pour ça. »

Léo : « Il y a des rochers sur l’estran… Ils affleurent à peine. »

L’estran

Max : « Bonome, on peut descendre voir ? « 

Le chevalier : « Bien sûr. Évitez de vous mouiller s’il vous plaît. »

Léo : « C’est étrange ça. Qu’en penses-tu petit Sam ? »

Samuel : « J’en pense que c’est étrange… »

Max : « Petit Sam, tu fais l’échelle et bonome nous explique. »

Samuel : « Oui chef ! »

Une roche énigmatique

Une roche énigmatique

Max : « Alors bonome ? »

Le chevalier : « Alors… Observons un peu mieux. »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Pour moi la journée se limitait au granite de Pont-l’Abbé. »

Yann : « Tu comptes sur ces affleurements pour t’aider ? Ça va pas être facile… »

La roche in situ

Samuel : « Là ? C’est mieux ? »

Une roche énigmatique

Max : « On retrouve la même chose que tout à l’heure… »

Léo : « Là, on voit cette roche énigmatique et… ça doit être le granite… »

Une roche énigmatique

Yann : « Je vais sur le granite ! Léo, sur l’autre roche ! »

Léo : « C’est parti ! »

Une roche énigmatique et sa relation avec le granite

Max : « Ça t’aide mon bonome ? »

Le chevalier : « Pfff… Disons que c’est une enclave, un lambeau de roche dans laquelle le granite s’est injecté. Je ne m’attendais pas à ça. »

Léo : « Et qu’est ce que ça pourrait être ? »

Le chevalier : « Le granite est intrusif dans les gneiss fins micacés et micaschistes du groupe de Nerly. »

Samuel : « Ce serait ces gneiss fins micacés et micaschistes ? »

Le chevalier : « Je ne vois pas ce que ça peut être d’autre. »

Max : « Il est où normalement ce groupe de Marly ? »

Le chevalier : « Nerly Max. Il forme une écharpe au nord du granite de Pont-l’Abbé jusqu’au delà de Quimper. Le contact entre les deux formations est généralement progressif. »

Léo : « Avec des zones de transition à cause de la chaleur ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Les métasédiments se sont transformés en paragneiss et le granite en orthogneiss et il y a des dykes de pegmatites, d’aplites et de granitoïdes. »

Yann : « Alors on va trouver des pegmatites, des aplites ou des granitoïdes dans le secteur. »

Le chevalier : « On devrait 🙂 »

Max : « Il faut chercher ! C’est parti ! »

Le chevalier : « Si je leur avais dit de ne pas courir ils n’en auraient pas tenu compte… »

Max : « BONOME ! BONOOOM’ ! LES COUSINS ! »

Le chevalier : « Qu’est ce que tu as vu Max ? »

Max : « Venez voir ! »

Les trois autres : « On arrive ! »

Max sur le granite

Léo : « Ah oui ! »

Yann : « D’accord. »

Samuel : « Ça c’est pas pareil que tout à l’heure. »

Max : « Il est pas beau mon granite ? »

Léo : « Il est orthogneissifié 🙂 »

Samuel : « C’est plus tout à fait du granite. »

Yann : « Vous m’expliquez ? »

Léo : « Je sais pas trop pourquoi mais ici la température et la pression ont augmenté. Il y a eu des réarrangements des atomes. Ça a favorisé la croissance des plus gros cristaux existants perpendiculairement aux contraintes. »

Yann : « Ça a l’air facile quand tu expliques Léo. »

Léo : « Je simplifie parce que je comprends pas tout. »

Yann : « Ta simplification me va bien. Merci Léo. »

Samuel : « Je crois que je vais compliquer un peu les choses. »

Léo : « Qu’est ce que tu as vu petit Sam ? »

Samuel : « Un gros feldspath. Avec un gros cristal comme ça on est pas loin des pegmatites. »

Max : « J’ai de gros quartz moi ! »

Samuel et de gros feldspaths

Max et de gros quartz

Léo : « Bonome, on a déjà parlé des pegmatites aux Ébihens. Tu nous as dit que ce sont des roches caractérisées par la présence de gros cristaux. Mais comment on explique ces gros cristaux ? Pourquoi ils forment des filons ? »

Le chevalier : « Ça risque d’être long. »

Max : « On est pas pressés, si ? »

Léo : « Non. »

Samuel : « Non plus. »

Yann : « J’ai tout le temps moi ! »

Le chevalier : « Les pegmatites… Elles ont généralement la composition d’un granite : quartz, feldspaths, micas, surtout de la muscovite. On y trouve que très rarement des minéraux basiques. »

Max : « Explique-nous bonome. Vas-y ! Lâche-toi ! Fais ton exposé interminable et soporifique. Je vois bien que tu en meurs d’envie. »

Le chevalier : « Il se trouve que je n’ai pas vraiment le choix si vous voulez que j’explique vraiment. Je me lance… Au fur et à mesure de la cristallisation du magma granitique, un liquide résiduel se forme. Il contient les éléments qui cristallisent en derniers et les éléments dits incompatibles c’est-à-dire ceux qui ne s’incluent que très tard dans la formation des cristaux. »

Max : « Tu es un élément incompatible toi 🙂 »

Samuel : « Cousin Max, pourrais-tu cesser d’interrompre bonome ? »

Max : « Oui petit Sam. »

Léo : « Tu peux détailler les éléments qui cristallisent en derniers et les incompatibles ? »

Le chevalier : « Ça va être long 🙂 Qui rappelle les éléments majeurs ? »

Max : « Les majeurs ? Ceux qui forment leurs propres cristaux ? Mais il y en a beaucoup ! »

Le chevalier : « Une dizaine d’entre eux constituent l’essentiel de la Terre. »

Samuel : « Oxygène, silice, aluminium, fer, magnésium, sodium, potassium et calcium ! L’oxygène et le silicium interviennent dans presque tous les minéraux. D’abord il y a le fer et le magnésium. Puis ce sera les alcalins et le calcium. »

Le chevalier : « Vous ai-je déjà parlé des séries de Bowen ? »

Max : « Je sais plus… »

Léo : « Ça me dit rien. »

Le chevalier : « L’ordre de cristallisation des minéraux ? »

Max : « Pfff… Peut-être. »

Samuel : « Tu nous expliques tellement de choses… »

Le chevalier : « Je vous montre quand même… »

Yann : « Je comprends pourquoi tu montres ça. Les premiers minéraux qui cristallisent restent au fond et les autres éléments vont dans le liquide. Ce liquide est donc enrichi en silice et alcalins. »

Samuel : « On sait donc expliquer la composition des pegmatites mais pourquoi elles forment des filons ? »

Le chevalier : « Il y a toujours de l’eau et d’autres molécules volatiles dans un magma. Elles-aussi s’accumulent dans le liquide résiduel. Ces molécules volatiles finissent par passer à l’état gazeux ce qui augmente fortement la pression. Des fracturations apparaissent. Surtout à la périphérie du pluton. »

Max : « Vous suivez les cousins ? »

Yann : « Jusque là oui ! »

Max : « Alors tu peux continuer bonome. »

Le chevalier : « Avec la pression, le liquide résiduel s’injecte dans les fractures et les fissures et c’est la qu’il cristallise. Le liquide étant riche en silice et alcalins il y a des gros quartz, des gros feldspaths… Et parfois des minéraux accessoires riches en éléments incompatibles. »

Yann : « C’est pas si difficile que ça en fait. »

Léo : « Bonome a simplifié. »

Le chevalier : « Pas tant que ça Léo. »

Samuel : « Donc les pegmatites se mettent en place à la toute fin de la cristallisation du pluton et elles correspondent aux résidus de cristallisation. »

Le chevalier : « C’est ça. »

Léo : « On sait donc que le sud de Cap Caval est formé du leucogranite de Pont-l’Abbé et que ce leucogranite est bordé au nord par des gneiss micacés et des micaschistes. On sait aussi que la transition se fait en douceur avec orthogneissification du granite et pegmatitisation.  Hoplà ! »

Samuel : « Tu savais tout ça en arrivant bonome ? »

Max : « Il savait même pas qu’il y avait des enclaves d’une formation qu’il connaissait pas dans le granite ! »

Samuel : « Tu te crois drôle à te moquer de bonome ? »

Léo : « Je vois où tu veux en venir Sam. Fais attention à toi Maxou 🙂 »

Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? »

Léo : « Tu verras 🙂 »

Max : « Où veux-tu en venir petit Sam ? »

Samuel : « Toi tu te moques de bonome mais lui il explique tout alors qu’il connaissait même pas avant de venir et toi tu connais rien du tout ! »

Yann : « Et vlan Maxou ! »

Le chevalier : « 🙂 Je ne comprends pas tout… Que pensez-vous de la promenade ? »

Yann : « Moi j’aime beaucoup. Comment tu dis déjà ? Ah oui ! C’est vivifiant 🙂 »

Le chevalier : « Ça fait du bien de marcher non ? »

Léo : « Ben… Nous on poche. C’est toi qui cavale Megapus. »

Le chevalier : « Alors je vous le dis : ça fait du bien de marcher 🙂 »

Max : « Tu penses au retour ? Tu penses jamais au retour… »

Le chevalier : « Je ne préfère pas. J’y penserai au retour 🙂 »

Max : « Un jour tu seras allé tellement loin que tu arriveras pas à rentrer. »

Le chevalier : « Non Maxou. »

Léo : « On va là ? »

Beg an dorchenn

Le chevalier : « On va là 🙂 »

Max : « Il y a des Paillepeurs ! »

Léo : « Piper Max ! »

Max : « C’est exactement ce que je viens de dire 🙂 »

Piper (Il était blessé à une patte et ça nous a brisé le coeur).

Yann : « Ben oui ! Ce sont nos zoisos-gardiens des estrans sableux ! C’est normal qu’ils soient là 🙂 »

Max : « Tu veux bien filmer ? »

Le chevalier : « Même si ils sont solitaires ? »

Max : « Oui mon bonome. »

Le chevalier : « D’accord. »

 

Samuel : « Ça fait du bien le grand estran sableux. On prend l’air et on fait pas grand-chose. »

L’estran et la Pointe de la Torche

Yann : « C’est reposant. »

Le chevalier : « Dites que je vous fatigue 🙂 »

Max : « La journée est bien dense. »

Le chevalier : « Ah… Elle n’est pas terminée 🙂 »

Max : « On a l’habitude avec toi. On marche plusieurs jours chaque jour 🙂 »

Yann : « Et on apprend des tas de choses fort savantes. »

Léo : « Ça te plaît d’apprendre des choses savantes Yann ? »

Yann : « Oui bien sûr. Mais… Je peux vous avouer quelque chose ? »

Max : « Pourquoi tu pourrais-pas ? »

Yann : « J’ai un peu peur… »

Samuel : « Il faut pas cousin Yann. »

Yann : « Merci petit Sam 🙂 Je suis pas tout à fait comme vous. J’aime beaucoup apprendre des choses et étudier la nature mais c’est pas grave si je retiens pas. J’apprends doucement et je m’en fiche si j’ai des lacunes. Je suis pas tout à fait un petitours naturaliste. Je suis un petitours heureux 🙂 »

Max : « Ça alors ! »

Yann : « Je te déçois Maxou ? »

Max : « Oulala non ! Non non non ! Oula ! Je crois que tu viens même de changer de statut ! »

Yann : « Comment ça ? »

Max : « Avec une telle déclaration c’est toi maintenant le préféré de bonome 🙂 »

Le chevalier : « Tous mes petizours c’est mon préféré 🙂 Yann, ce que tu viens d’avouer ne m’étonne pas de toi 🙂 »

Samuel : « Ça se voit que tu es un petitours heureux cousin breton 🙂 »

Yann : « Il faut dire que vous m’avez bien accueilli. »

Max : « Je propose qu’on s’arrête là pour le moment. On continuera ce soir à l’apéro ! On pourra picoler nous aussi bonome ? »

Le chevalier : « Picoler vous aussi ? »

Max : « Ben oui. Quand on est en Bretagne tu picoles toi. Pourquoi on pourrait pas nous ? »

Le chevalier : « Je picole ? »

Max : « Bah… L’apéro, parfois un verre à table, le digestif… Moi j’appelle ça picoler. »

Le chevalier : « Mais pour qui tu vas me faire passer ???!!! »

Max : « Un grand chevalier qui s’adapte à son environnement. Tu t’intègres à la culture locale. Tu es en Bretagne donc tu picoles 🙂 »

Léo : « Tu me fais bien rigoler Maxou 😀 »

Max : « J’en suis ravi mais ça répond pas à ma question ! On pourra chouchenner nous aussi ? Il y a du miel dans le chouchen et il est bien connu que les ours aiment le miel 🙂 »

Le chevalier : « Je picole… »

Max : « C’est les vacances oulala ! Tu picoles si tu veux ! Tu chevauches même pas après ! »

Samuel : « Je propose qu’on reprenne l’inspection. On revient au granite de Pont-l’Abbé. »

L’estran et la Pointe de la Torche

Yann : « Avec la Pointe de la Torche en point de mire. Beg an dorchenn… »

Max : « On y va Yann. On y va ! »

Samuel : « Oh ! »

Le granite

Max : « Le granite est taché de sang 🙂 »

Léo : « T’es trop bête toi ! Il est juste oxydé. La tache est centrée sur les fractures. L’eau s’est infiltrée et elle a oxydé les minéraux riches en fer. »

Samuel : « Je préfère la version de cousin Max. C’est plus poétique quoi qu’un peu… morbide. »

Léo : « Ça c’est étrange… »

Max : « Koiça ? »

Léo : « Ça ! Là ! »

Les granites !

Yann : « Je vais faire l’échelle ! »

Yann donne l’échelle

Max : « Bon… Vu comme ça c’est la même composition mais pas la même texture. Grain grossier et grain fin… Comment tu expliques ça bonome ? »

Le chevalier : « Pfff… Encore une injection tardive du granite dans le granite 🙂 »

Léo : « C’est ta seule hypothèse ? »

Le chevalier : « Oui. »

Samuel : « Elle est valable. Un peu brève mais valable. »

Yann : « Bonome nous a déjà expliqué beaucoup de choses aujourd’hui. On a pas fini l’aller et il y a le retour. On pourrait peut-être cesser de l’importuner avec notre soif de savoir. »

Max : « Et on fait quoi ? On est heureux ? »

Samuel : « Oui ! On fait ça ! On sourit la truffe au vent 🙂 »

Léo : « D’accord ! »

Max : « C’est une bonne idée 🙂 Mais je sais pas ce que je vais raconter dans mon blog… »

Léo : « A ce qu’il paraît tes articles sont trop longs. Quelques lignes de bonheur ça sera suffisant 🙂 »

Samuel : « Merci cousin Yann. »

Yann : « Pour quoi petit cousin ? »

Samuel : « De nous rappeler qu’il faut être heureux. »

Max : « On est déjà arrivés ! On est sur la pointe ! »

Yann : « Ar beg… »

Léo : « Si on regardait les vagues ? »

Le chevalier : « Le lieu est connu pour ses vagues. C’est un spot de surf. »

Max : « On a déjà fait du surf nous ! »

Yann : « C’est vrai ? »

Max : « Un jour je retrouverai les fotos pour te montrer. »

Léo : « On a pisciné en fait. Bonome nous a fait faire un peu de surf sur un os de sèche mais c’était pas les grosses vagues comme ici. »

Les vagues

Les vagues

Samuel : « Un zoiso ! Un zoiso ! »

Max : « Ouça ? »

Léo : « Là ! Là ! Oulala ! Le rate pas bonome ! »

Yann : « Je sais qu’on a pas vu beaucoup de zoisos aujourd’hui mais quand même ! »

Max : « On le connaît pas lui ! Tu as réussi les fotos ? Dis moi que tu les as réussies !! »

Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis, Calcariidés)

Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis, Calcariidés)

Max : « Rholala ! Léo, regarde ça ! Sam ! Yann ! »

Samuel : « Tu le connais cousin Léo ? »

Léo : « Je crois. Bonome, tu as le beau livre de zoisos de Max ? J’ai pas pris le mien. »

Max : « On peut demander à monsieur Internet. Donne ton téléphone à Léo bonome ! »

Léo : « Je peux ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « Merci bonome… Alors oiseaux.net… Mmmm… On dirait bien 🙂 Qu’est ce que vous en pensez ? »

Max : « Le bruant des neiges ? Ici ? »

Samuel : « On dirait bien ! »

Yann : « Ça m’a l’air d’être une bonne nouvelle ça 🙂 »

Max : « Ah bah c’est pas tous les jours qu’on voit un bruant des neiges ! »

Samuel : « C’est notre premier 🙂 »

Léo : « Même ici il est rare 🙂 »

Max : « On a vu un bruant des neiges… »

Samuel : « J’ai plutôt l’impression que c’est lui qui est venu nous voir… »

Max : « Tu filmes les vagues bonome ? »

Le chevalier : « Oui. Le film n’aura pas beaucoup d’intérêt mais j’aime bien 🙂 »

Max : « Je le mettrai dans mon blog. »

Pipit maritime (Anthus petrosus, Motacillidés) Notre zoiso-gardien des roches est jamais loin.

Léo : « Allez ! On avance ! »

Yann : « Très beau rocher… »

Les vagues sur le Veilleur

Les vagues sur le Veilleur

Le chevalier : « C’est Le Veilleur 🙂 Une star locale 🙂 »

Max : « Il encaisse bien les vagues. »

Le chevalier : « Mais moi je me dispenserais bien des embruns. Venez, j’ai quelque chose à vous montrer. »

Max : « Venez… Tu vas jamais cesser de dire ça ! ON EST DANS TA POCHE ! »

Le chevalier : « Ah oui 🙂 Bon ben… Je dis quoi alors ? »

Léo : « ‘Venez’ c’est bien 🙂 »

Max : « C’est quoi ça ? »

L’allée couverte

Yann : « C’est une allée couverte. C’est fréquent en Bretagne ça. »

Samuel : « Tu connais les allées couvertes cousin Yann ? »

Yann : « Juste un peu comme ça. Bonome va dire des mots compliqués que personne connaît à part lui pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé mais moi je vais dire simplement. »

Max : « Et vlan bonome ! Il est bien ce petitours breton 🙂 »

Yann : « 🙂 Une allée couverte c’est des gros cailloux qui délimitent une allée. Normalement il y a des cailloux verticaux qui portent des cailloux horizontaux qui forment le toit. A un moment de l’allée, il y a une paroi qui délimite une chambre. Il me semble que c’est un monument funéraire et qu’on enterrait un mort dans la chambre du bout de l’allée. Autrefois, elles étaient couvertes de terre. Parfois il y a des petits cailloux autour pour éviter que la terre glisse. Je dis autrefois mais je sais pas de quand ça date. »

Max : « Alors bonome ? Tu penses quoi de ce que dit Yann ? »

Le chevalier : « Je suis impressionné. Bravo Yann 🙂 »

Max : « Je suppose que tu vas tout reprendre en faisant en sorte que personne comprenne… »

Le chevalier : « Je relève le défi 🙂 Une allée couverte est un très long dolmen composé d’une chambre unique. Ce dolmen est constitué d’orthostates portant des tables horizontales. Un dalle transverse délimite la cella de l’antecella. Normalement la hauteur de l’antecella est inférieure à celle de la cella. Effectivement les allées couvertes étaient recouvertes de terre pour former un tumulus. »

Samuel : « La version de cousin Yann est plus facile à comprendre. »

Léo : « Moi j’aime bien les mots alors j’aime bien la version de bonome. »

Max : « Il y a quand quelque chose qui va pas dans ce que vous dites… »

Léo : « Ah ? Mais quoi ? »

Max : « Observez un peu au lieu de bavasser ! »

Samuel : « On bavasse pas nous ! »

Max : « Vous n’observez pas quand même sinon vous verriez que ça va pas ! »

L’allée couverte
L’allée couverte
L’allée couverte

Samuel : « Ah oui… »

Léo : « Effectivement… »

Yann : « C’est un peu plus compliqué qu’une simple allée couverte… »

Max : « Comment explique-tu ça bonome ? Il y a pas qu’une seule allée et j’arrive pas bien à voir mais la cella est pas toute seule… »

Le chevalier : « Ce site est occupé depuis très longtemps. Au néolithique ancien un premier monument a été construit. Il s’agit d’un dolmen dont la galerie s’ouvre sur deux chambres latérales trapézoïdales. Il date de 4000 à 3500 ans B.-C. Ce premier édifice se trouve à l’ouest. Plus tard, au néolithique final, entre 2500 et 2000 B.-C. Une allée couverte a été ajoutée. Au total, de monument funéraire comporte cinq chambres dont quatre latérales. En réalité l’histoire est bien plus longue et complexe. »

Léo : « Ben raconte ! »

Le chevalier : « Si on creusait, on tomberait sur plusieurs couches anthropiques. »

Max : « Des couches anthropiques… Oui oui oui… »

Le chevalier : « Au-dessus du granite, il y a un premier sol. Il est lui même couverts d’amas coquilliers. »

Yann : « Les zoms préhistoriques ont mangé des huîtres ici ? »

Le chevalier : « Oui mais pas seulement 🙂 Par dessus, il y a un premier cairn c’est-à-dire une accumulation de cailloux. Dans ce premier cairn ont été découverts deux squelettes proprement inhumés. Au-dessus il y a un second cairn évidemment plus tardif. Les monument que nous voyons fait partie de ce second cairn. Une dernière chose… Si je me souviens bien, les morts étaient inhumés à l’extérieur des allées couvertes le temps que la chair se décompose. Ce n’est qu’après ça que les squelettes étaient transférés dans les chambres funéraires. »

Max : « Merci pour ces précisions bonome. »

Yann : « C’est effectivement plus long et plus complexe… »

Le chevalier : « Environ 6 000 ans d’occupation continue par les zoms 🙂 »

Léo : « Je comprends. Ce site est magnifique 🙂 »

Samuel : « Et majestueux. Dès qu’un site est un peu original, les zoms en font un site sacré. »

Le chevalier : « Tu ne crois pas si bien dire mon petit Sam. Saviez-que non loin d’ici, à Lestriguiou, 600 à 700 menhirs disposés sur quatre rangées pointent exactement vers le sommet de ce tumulus ? »

Max : « Nooon ? C’est vrai ? »

Léo : « Te moques pas Maxou 🙂 »

Samuel : « La Bretagne est vraiment une terre mystérieuse pleine de légendes… »

C’est sur cette belle parole de notre petit Sam que nous avons décidé à l’unanimité de bonome tout seul qu’il fallait rentrer. Le retour on vous le raconte pas. C’est pas la peine. On a tous fait comme Yann : on a été heureux 🙂 On a pas fait les naturalistes. Quand les chardonnerets rigolos sont passés nous voir on les a juste salués chaleureusement. Même les quelques gouttes de pluie ont pas fait disparaître nos sourires béats. Il a raison Yann. C’est bien d’apprendre des choses fort savantes mais le plus importants est d’être heureux. Bonome a pris tout son temps pour le retour et quand on est revenus aux rochers c’était le coucher de soleil. Alors on en a profité.

Continuer la promenade

Penmarc’h (2) Le bord de mer

Max : « La mer… »

La mer

Léo : « Maxou, la cabane est juste au bord de l’eau et on est arrivés hier. On l’a déjà vue la mer. »

Max : « C’est pas pareil là. Bonome va tout cavaler. On est vraiment au bord de la mer et en plus on y est pour un moment 🙂 »

Yann : « Il y a des îles… »

L’archipel des Etocs

Max : « On va y aller ? Ce sont des îles où on va à pieds ? »

Le chevalier : « Pas sûr qu’on y aille… Elles n’ont pas vraiment d’intérêt et notre planning est chargé. »

Léo : « Tu as dit que tu voulais juste marcher. »

Le chevalier : « Et faire quelques belles observations 🙂 »

Samuel : « Elles s’appellent comment ces îles ? »

Le chevalier : « L’archipel des Etocs. »

Max : « Ce sont de bien belles îles. »

Léo : « Ici on a l’impression qu’il y a pas vraiment de limite entre la terre et la mer. C’est comme si les rochers penchaient juste un peu et qu’ils glissaient tout doucement dans la mer. »

Samuel : « C’est beau ce que tu dis cousin Léo. »

Le chevalier : « Et c’est tout à fait ça. Au moins dans ce secteur. »

Max : « On regarde les zoisos ? »

Léo : « Ben oui ! »

Yann : « Tu dis ça pour l’aigrette garzette qui est là ? »

Max : « Oui 🙂 »

Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)

Samuel : « Tu as reconnu l’aigrette garzette ! Bravo cousin Yann ! »

Yann : « On en voit souvent 🙂 Et là ses doigts jaunes sont bien visibles. »

Léo : « Et ceux de là-bas ? Tu le reconnais Yann ? »

Yann : « Sur le rocher ? Ils sont loin ! »

Max : « Bonome, tu tout-zoomes et tu montres à Yann. Il a interro 🙂 »

Des zoisos
Encore des zoisos

Yann : « Mmmm… »

Max : « Tu mmmmes en te grattant la tête !!! Les cousins, vous avez vu ça ? Il mmmme et se grattant la tête ! »

Léo : « Tu ressembles à bonome 🙂 »

Max : « Yann. Yaaahaaannn ! Il est dans sa tête ! Il entend rien du tout ! »

Samuel : « Notre cousin breton se bonomise lui aussi. C’est du mimétisme 🙂 »

Yann : « Alors… Il y a des tournepierres à collier qui s’appellent Arenia interpres et pas Pierre Petitpierre 🙂 Ce sont des Scolopacidés. Des… Je suis pas sûr. Je dirais des pluviers argentés. Pluvialis squatarola, Charadriidés. Et j’en vois qui sont un peu plus grands et qui ont un long bec. Mais je les vois pas assez pour les identifier. »

Max : « Bonome, je t’ai dit de tout-zoomer ! Tu veux que ton petit-dernier rate son interro ? »

Le chevalier : « Oulala ! Je tout-zoome alors ! »

Barges à queue noire (Limosa limosa, Scolopacidés)

Yann : « Merci bonome 🙂 C’est bien ça. Ce sont des barges à queue noire. Limosa limosa, Scolopacidés. Des Charadriiformes classiques du bord de mer. J’ai bon ? »

Max : « Ben oui… C’est même pas drôle. »

Léo : « Tu as fait des progrès Yann. »

Yann : « Petit Sam me fait réviser. Parfois il me prête ses fiches. »

Max : « Tu as des fiches pour les zoisos ? »

Samuel : « Oui 🙂 »

Max : « Comment ça se fait qu’on les voit jamais tes fiches ? Tu en as pour les roches, les minéraux, les zoisos… Tu dois en avoir des centaines et je les vois jamais. »

Samuel : « Parce qu’elles sont bien rangées. »

Le chevalier : « Ce n’est pas comme les échantillons de Max qui s’entassent sur les étagères et qui constituent sa ‘collection’. »

Max : « Hé ! Le grand dadais, je t’interdis de critiquer ma collection. C’est juste que je suis très occupé et que j’ai pas le temps de m’en occuper. Je te rappelle que je suis maître-assistant à la schola et si je devais pas faire ton travail j’aurais beaucoup plus de temps libre. »

Léo : « Pas de chamailleries ! »

Yann : « Tiens, un héron cendré ! Ils viennent à la mer les hérons cendrés ? »

Héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés)

Léo : « Ça arrive. Ici aussi il y a des poissons. Le marais est juste à quelque coups d’ailes d’ici. Il vient manger et retourne là-bas. »

Max : « Ah bah quand même ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il se passe Max ? »

Max : « Là ! »

Pipit maritime (Anthus petrosus, Motacillidés)

Pipit maritime (Anthus petrosus, Motacillidés)

Léo : « 🙂 Ça me fait plaisir de te voir pipit maritime 🙂 »

Samuel : « Cousin Yann, je sais pas si tu sais mais le pipit maritime est notre zoiso-gardien en bord de mer. Il y en a toujours à portée de vue. Ils vérifient qu’on va bien. »

Yann : « Vous l’avez déjà dit mais j’en reviens toujours pas que vous ayez des zoisos-gardiens. »

Max : « On surveille la nature alors la nature nous surveille 🙂 »

Léo : « Quand bonome s’est tout cassé à Kameled il y avait deux pipits-maritimes prêts à décoller. Ils l’ont pas fait parce que bonome s’est relevé et qu’il s’est réparé tout seul. Mais ils étaient bien là. »

Yann : « C’est rassurant de les savoir là. Vous les remerciez ? »

Max : « Ben oui ! On est pas des sauvages nous ! »

Léo : « On est déjà au phare ! »

Le chevalier : « Ben oui. Vous papotez, vous papotez… »

Max : « Dis donc le grand machin, si tu veux faire la crise de misanthropie et la cure de silence, il faut pas avoir une tribu de petizours. »

Le chevalier : « D’accord. Descendez. »

Max : « QUOI ??? »

Le chevalier : « Je veux faire la crise de misanthropie et de silence alors je ne dois pas avoir ma tribu. Descendez. »

Max : « Mmmm… Misanthropie vient du grékancien Anthropos qui veut dire zom. Nous, on est pas des zoms. On est des petizours. Tu peux donc faire la misanthropie tant que tu veux en notre présence. Et puis si tu veux on chuchote. Tu nous entendras plus. Donc on descend pas. »

Yann : « Tu veux vraiment qu’on reste là ? »

Le chevalier : « Non Yann 🙂 Je plaisantais. Je peux faire la misanthropie avec vous. »

Yann : « On parle trop ? »

Le chevalier : « Non, vos doux babillages me bercent. »

Léo : « Tu vas quand même pas t’endormir en marchant ? »

Le chevalier : « Je dormirai ce soir. »

Max : « Tu fotoes pas le phare le plaisantin ? »

Le chevalier : « Pas envie. On est trop près et il y a trop de lumière. »

Samuel : « Ça c’est pas le phare… »

La tour de la corne de brume et le sémaphore mais pas le phare 🙂

Léo : « Non. Il y a la tour de la corne de brume et le sémaphore. Ça doit être un terrain militaire. Il faut faire attention bonome. Si tu fais des fotos les sentinelles vont croire que tu es un espion. »

Max : « Oui ben comme ça il ira en prison et il pourra faire la misanthropie tant qu’il veut. »

Samuel : « Je veux pas que bonome aille en prison ! »

Le chevalier : « Je n’irai pas mon petitours. »

Léo : « Encore une bergeronnette de Yarrell ! »

Bergeronnette de Yarrell (Motacilla alba yarrelli, Motacillidés)

Yann : « Léo, chez nous tu aurais dit que c’est une bergeronnette grise. Pourquoi ici tu l’appelle bergeronnette de Yarrell ? »

Léo : « Petit Sam t’as pas montré sa fiche ? 🙂 La bergeronnette grise a le dos et les ailes gris. Seule la tête et le plastron sont noirs. Si tu observes bien celle-là elle est presque toute noire. Alors on dit que c’est une Yarrell. En vrai, c’est la même espèce mais des sous-espèces distinguables. L’une est Motacilla alba alba et l’autre est Motacilla alba yarrellii. »

Yann : « Merci Léo. Et elle sont rares les Yarrell ? »

Max : « Ça dépend où. Ici apparemment elles sont pas rares du tout. En Charentmaritimie on en voit parfois. Chez nous, il y en a que très rarement. »

Yann : « Petit cousin, as-tu une fiche ? »

Samuel : « Oui cousin breton 🙂 »

Max : « Il a des fiches sur tout… »

Yann : « Encore un pipit maritime ! »

Pipit maritime (Anthus petrosus, Motacillidés)

Pipit maritime (Anthus petrosus, Motacillidés)

Max : « Ben oui Yann. Il va falloir t’y habituer. On va en voir tout le temps en bord de mer. »

Léo : « Pas forcément. Le pipit maritime c’est Anthus petrosus. Petrosus comme pierre. Il habite là où il y a des rochers. Si on inspecte des estrans sableux ce seront plutôt des Pipers. »

Yann : « Des Pipers ? »

Max : « C’est le surnom du bécasseau sanderling 🙂 A cause d’un petit dessin-animé. On te le montrera. »

Samuel : « Les Pipers… Je les aime beaucoup moi. »

Max : « La mer les fait danser. J’espère qu’on les verra. Bonome, tu feras pas d’acrobaties pour aller les filmer s’il te plaît. »

Léo : « Yann, à Kameled en Kraozon, bonome a voulu descendre la digue pour arriver plus vite et les filmer pour Max. C’est là qu’il a fait la chute et qu’il s’est tout cassé. »

Yann : « Il est incorrigible ce bonome 🙂 Tu seras prudent pendant ce séjour ? »

Le chevalier : « Je le suis toujours Yann. »

Max : « Mouai… Prudent à ta façon. Je sais… Tu fotoes enfin le phare le grand dadais. »

Le phare d’Eckmühl

Léo : « Le phare, la tour de la corne de brune, le sémaphore… »

Max : « Tu racontes pas l’histoire des phares ? Je suppose qu’ils se sont succédé au fil du temps. »

Le chevalier : « Oui, il y en a eu plusieurs mais je n’ai pas envie d’en narrer l’histoire. »

Max : « Tu narres pas ? »

Le chevalier : « Pas envie. »

Max : « A cause de la misanthropie ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « La cure de silence ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas envie de narrer alors je ne narre pas. »

Max : « D’accord. Tu narres pas. Nous on saura pas les phares mais si tu as pas envie de narrer pourquoi narrerais-tu ? »

Le chevalier : « Exactement. »

Léo : « Yann, il arrive à ces deux… énergumènes de se lancer dans un numéro de duettistes qui pourrait durer des heures si on y met pas un terme. »

Yann : « Je sais 🙂 Je l’ai déjà remarqué. J’ai une idée. Maxou, il y a un chevalier mais je me souviens plus lequel. Tu veux bien m’aider ? »

Max : « Un chevalier Scolopacidé ou un chevalier comme le grand dadais qui nous sert de bonome et qui refuse de narrer ? »

Yann : « Un chevalier Scolopacidé. »

Max : « Ah… Iléou ? »

Yann : « Là. Mais il y en a un autre là. »

Chevalier gambette (Tringa totanus, Scolopacidés)

Chevalier gambette (Tringa totanus, Scolopacidés)

Max : « Ah oui… Je vois. Et tu le reconnais pas ? »

Yann : « J’ai un doute. Je pense que c’est un gambette mais j’arrive pas à exclure l’arlequin. »

Max : « Ah bah non ! C’est pas un arlequin. Le plumage de l’arlequin est plus homogène et puis son bec est plus long et légèrement crochu au bout. Non non ! C’est un gambette ça ! Enfin, ce sont des gambettes. Tringa totanus, Scolopacidés. Samuel, tu montreras tes fiches à Yann. On peut pas confondre des gambettes et des arlequins ! Ça fait pas sérieux. »

Léo : « Yann est très sérieux. Je te rappelle que toi aussi tu les confondais autrefois. »

Max : « Oui c’est vrai. Si j’oublie ça je vais devenir insupportable. Un vieux grincheux imbu de lui-même. Je veux pas ça moi. »

Léo : « Tu es déjà insupportable 🙂 »

Max : « Moi ? Mais je suis le plus gentil des petizours ! »

Yann : « Non, ça c’est notre petit cousin 🙂 »

Max : « Tu vas où comme ça bonome ? »

Le chevalier : « Sur la digue… »

Léo : « C’est un petit port. »

Le chevalier : « Le port de Kérity. »

Samuel : « Tu cherches quelque chose ? »

Le chevalier : « Pas vraiment. Une impression… Observez bien la surface de l’eau. »

Yann : « On cherche quoi ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Yann. Mais je sens… »

Samuel : « 🙂 C’est notre bonome 🙂 Tu sentirais pas la présence d’un zoiso ? »

Le chevalier : « Si. Je ne sais pas lequel. Mais il est là quelque part. »

Samuel : « Ben oui ! C’est Gréba ! Il est là bonome 🙂 »

Gréba, le grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis, Podicipédidés)

Gréba, le grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis, Podicipédidés)

Léo : « Oh ! Gréba ! »

Samuel : « Cousin Yann, Gréba, c’est le grèbe à cou noir, Podiceps nigricollis, Podicipédidés. »

Max : « Bonome, je comprends pas bien. Tu savais qu’il était là ? »

Le chevalier : « Non. Enfin… J’avais l’impression qu’il y aurait une rencontre. Sans savoir laquelle. »

Max : « Tu te souviens du port de Kameled juste avant ta chute ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Max : « C’est la même scène là. Tu scrutais la surface de l’eau et Gréba est arrivé. »

Yann : « Vous avez rendez-vous avec Gréba dans les ports bretons ? »

Léo : « Apparemment 🙂 »

Le chevalier : « Je peux vous montrer quelque chose ? »

Max : « Tu vas narrer si tu montres ? »

Le chevalier : « Juste un peu. Venez. »

Max : « Bonome, quand vas-tu comprendre qu’il est inutile de nous dire de venir puisqu’on est dans tes poches !!! Mais quelle tête de linotte ! Il est bête ! Mais il est bête ! »

Léo : « Max, c’est pas très gentil ça. »

Max : « Tu trouves ça utile de nous dire de venir ? »

Léo : « C’est une façon de s’exprimer Maxou. »

Max : « C’est mal choisi. »

Samuel (à Yann) : « Aujourd’hui cousin Max fait le duettiste avec tout le monde 🙂 »

Yann : « C’est parce qu’il est content d’être en Bretagne 🙂 »

Léo : « J’ai vu ce que tu voulais nous montrer bonome. C’est très beau. »

Max : « Ah oui 🙂 »

Un œil de Pierre de Chanteau

Un œil

Un œil

Max : « C’est pas l’œil d’Horus ça 🙂 »

Le chevalier : « Non, c’est un œil de Pierre Chanteau. »

Samuel : « C’est qui ce monsieur ? »

Le chevalier : « Un artiste, mosaïste, qui sème des yeux un peu partout en Bretagne. »

Léo : « Il y en a d’autres ? »

Le chevalier : « Ah ça oui ! Je n’arrive pas à savoir combien. 116 ou 133… »

Max : « Ah oui quand même ! »

Le chevalier : « Il me semble qu’il en pose dans toutes les communes du littoral. »

Max : « Bonome, il faut qu’on trouve les yeux ! »

Le chevalier : « Je m’attendais à ça. Maxou, tu sais que j’ai envie de me reposer et que le programme est déjà chargé. »

Max : « Oui. Et alors ? On aura bien le temps de chercher les yeux ! Monsieur Pierre il a pas mis des yeux partout pour qu’on les trouve pas ! On va chercher les yeux et puis c’est tout. »

Léo : « Bonome, je crois que tu n’as pas le choix. Il va falloir chercher des yeux 🙂 »

Yann : « Pourquoi il met des yeux partout monsieur Pierre ? »

Le chevalier : « Parce que ça lui plaît 🙂 Je propose une pause. »

Max : « A la taverne je suppose. »

Le chevalier : « Oui, j’ai faim. »

Max : « C’est parti pour une crêpe au chocolat ! »

Bon, on a pas trouvé des crêpes au chocolat. Vous vous rendez compte ? En Bretagne ! Pas de crêpe au chocolat !!! Bonome s’est rabattu sur de la charcuterie et du pain. Et une cervoise… Il picole jamais bonome alors une cervoise… On a eu peur qu’il tombe sur les rochers. Mais non. Il marchait droit quand même 🙂 Pour le retour…

L’estran de Kérity

Yann : « J’aime bien le bord de mer. »

Max : « C’est un peu normal. Tu es breton. »

Samuel : « Cousin Max, tu dis des erreurs. La plus grande partie de la Bretagne n’est pas le bord de mer. Tous les bretons voient pas la mer tout le temps. »

Max : « Certes. Mais un breton est jamais très loin de la mer. »

Léo : « Bonome, on va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas envie aujourd’hui. C’est le granite de Pont-l’Abbé. Nous aurons l’occasion de le voir demain. »

Léo : « D’accord. Le granite on connaît. Aujourd’hui on zoisote. »

Yann : « Chouette ! Je vais pouvoir réviser. Là il y a des courlis. Mais on les voit pas bien et j’arrive pas à savoir si ce sont des corlieux ou des cendrés. »

Courlis cendré (Numenius arquata, Scolopacidés)

Courlis cendré (Numenius arquata, Scolopacidés)

Max : « Voyons ça… Oui, quand ils dorment c’est pas facile. Là, ils dorment pas. Regarde bien la calotte Yann. »

Yann : « La calotte ? Elle a rien de spécial. Ah oui ! Il y a pas de raie claire ! Ce sont donc pas des corlieux. Ce sont donc des courlis cendrés. »

Léo : « C’est ça. Bravo Yann. »

Samuel : « Tu peux réviser les goéland. Il y en a là. »

Goélands bruns (Larus fuscus, Laridés)

Yann : « Les goélands. Ça devrait pas être trop difficile. Dos plutôt sombre, pattes jaunes. Ce sont des goélands bruns. Larus fuscus. C’est normal les stries sur le visage ? »

Max : « Oui oui. C’est comme ça l’hiver. »

Yann : « Là il y a des gambettes et un tournepierre à collier… »

Chevaliers gambettes (Tringa totanus, Scolopacidés)

Yann : « Et votre zoiso-gardien. »

Pipit maritime (Anthus petrosus, Motacillidés)

Samuel : « C’est aussi le tien cousin Yann. Tu fais partie de la tribu ! »

Le chevalier : « La tribu… J’ai une tribu de petizours… »

Max : « C’est peut-être le moment de la prendre en foto ta tribu ! »

Le chevalier : « Si vous voulez. Installez vous sur le rocher. »

Les petizours

Les petizours

Léo : « Bonome, c’est quoi cette roche verte ? »

Le chevalier : « Une roche verte ? »

Une roche verte

Léo : « Ben oui. Là. Tu as l’air surpris. Je vais faire l’échelle. »

Léo sur une roche verte

Le chevalier : « Une roche verte ici… »

Samuel : « Il y en a une autre là. J’y vais ! »

Samuel sur une autre roche verte

L’autre roche verte

Le chevalier : « Une autre roche verte !!! »

Max : « Ben, apparemment il y en a partout. Regarde… »

Encore une roche verte

Le chevalier : « Des roches vertes… »

Max : « Pourquoi tu répètes ça ? Tu aimes pas les roches vertes ? »

Le chevalier : « Ah si ! Oulala ! J’espérais bien en voir. Mais pas ici ! Ici c’est le granite de Pont l’Abbé, pas des roches vertes ! »

Léo : « Tu nous expliques ces roches vertes s’il te plaît. »

Le chevalier : « Non non. Pas ici. Elles ne sont pas à leur place ces roches vertes. »

Max : « Elles font du tourisme ? »

Le chevalier : « Je ne vois pas d’autre explication. Rien à faire ici ces roches vertes. C’est pas ici les roches vertes. »

Max : « Euh… Bonomou, il faut te remettre. Si tu veux on les remettra à leur place. Mets les dans ton sacado. »

Le chevalier : « Elles sont trop lourdes. »

Samuel : « Je déduis de cette scène qu’il y a des roches vertes quelque part dans la région 🙂 »

Yann : « Je suis curieux de savoir ce que sont ces roches. Oulala ! C’est quoi ça ? On dirait une méduse. Je vais voir ! »

Le chevalier : « Fais attention Yann ! Ne touche surtout pas cet animal ! Tu restes à distance s’il te plaît. »

Yann : « C’est dangereux ? »

Le chevalier : « Oui. »

Yann : « D’accord. Je touche pas. Tu as fotoé ? Je peux revenir ? »

Le chevalier : « Oui, dépêche toi. »

Une physalie (Physalia physalis, Physaliidés)

Yann et la physalie

Léo : « C’est une méduse ? Elle est dangereuse ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas une méduse mais c’est très dangereux. »

Max : « C’est quoi si c’est pas une méduse ? »

Le chevalier : « Un siphonophore. Elle appartient à un ordre d’Hydrozoaires. Les Siphonophores sont des organismes coloniaux. En réalité ce ne sont pas des organismes mais des colonies de zoïdes. Il en existe quatre types. »

Léo : « Ça me fait penser aux Bryozoaires dont tu nous avais parlé en Normandie. »

Le chevalier : « Oui et non. Les Bryozoaires sont bien des colonies mais d’un seul type de polypes. »

Yann : « C’est étrange. La colonie forme un zanimo qui ressemble pas aux petits zanimos qui le constituent. »

Le chevalier : « C’est ce que les scientifiques appellent un superorganisme. »

Samuel : « Il s’appelle comment ce superorganisme ? »

Le chevalier : « Je ne l’ai pas dit ? C’est la galère portugaise ou vessie de mer : Physalia physalis, Physaliidés. »

Max : « Vessie de mer. C’est à cause du flotteur ? »

Le chevalier : « Oui. Et galère portugaise car ce flotteur ressemble au casque des conquistadors portugais. »

Yann : « Tu peux expliquer les zoïdes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je peux essayer 🙂 Chaque zoïde est un individu. Il en existe quatre types. Je ne sais pas comment s’appellent ceux qui constituent le flotteur. Je ne m’étendrai pas là-dessus. Sous le flotteur il y a les tentacules qui mesurent couramment 10 mètres de long mais peuvent en atteindre 50. Ils sont constitués de dactylozoïdes. Leur caractéristique principale est la présence de cellules urticantes : les cnidocystes. »

Léo : « C’est pas chez les Cnidaires les cnidocystes ? »

Le chevalier : « Cnidaires > Hydrozoaires > Siphonophores. »

Léo : « Au temps pour moi 🙂 »

Max : « Elles urtiquent beaucoup les physalies ? »

Le chevalier : « Elles peuvent oui. Les symptômes sont variables : douleur intense, douleurs musculaires localisées ou généralisées, gène respiratoire, crise hémolytique, défaillance rénale… »

Max : « Ah oui, quand même… »

Le chevalier : « Surtout que les cnidocystes restent dangereux même sur un animal échoué et/desséché. »

Yann : « Je comprends pourquoi tu m’as dit de faire attention bonome. »

Max : « Les petizours peuvent pas faire tous ces symptômes. »

Le chevalier : « Tant que je n’aurai pas lu d’études sur l’envenimation des petizours je vous interdis de toucher les physalies ! »

Max : « Oui chef ! »

Samuel : « Ça peut être mortel la physalie ? »

Le chevalier : « Je n’en serais pas surpris. »

Max : « Continue avec les zoïdes. »

Le chevalier : « Il y a les gastrozoïdes. Eux sont spécialisés dans la digestion. Celle-ci peut être interne ou externe. Ce sont les individus nourriciers. Et il y a les gonozoïdes qui assurent la reproduction. »

Samuel : « C’est vraiment étrange un superorganisme. Il y a des populations d’individus spécialisés dans des fonctions. »

Max : « Au passage on retrouve les deux grandes fonctions du vivant : la nutrition et la reproduction. »

Léo : « C’est pas si étrange quand on y pense. Après tout, un organisme pluricellulaire est lui aussi constitué de différents types cellulaires et chacune de ses cellules est comme un individu. »

Samuel : « Sauf qu’elle peut pas vivre toute seule. »

Le chevalier : « Les zoïdes non plus. »

Max : « Alors c’est quoi la différence entre un zoïde et une cellule ? »

Le chevalier : « Bonne question… »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Pas vraiment non. »

Samuel : « Tu peux pas tout savoir bonome. »

Yann : « Il y en a beaucoup des Physalies ? »

Le chevalier : « Il ne devrait pas en avoir ici. »

Max : « Il devrait pas en avoir ? Alors pourquoi il y en a ? »

Le chevalier : « Elles vivent plutôt sous les tropiques dans l’océan Atlantique et Indien. »

Léo : « Qu’est ce qu’elles font là alors ? »

Le chevalier : « Elles dérivent à cause du vent. »

Max : « Le Vent y est pour rien ! Il fait son travail de vent ! »

Le chevalier : « Je sais Max. Je pense que le vrai coupable est le réchauffement climatique. »

Max : « Le réchauffement climatique est coupable de rien. Il est la conséquence des bêtises des zoms. Ce sont les zoms les coupables ! »

Yann : « Je comprends pas bien… »

Le chevalier : « Je ne sais pas comment expliquer autrement l’augmentation du nombre d’individus observés sur les côtes européennes. Le réchauffement climatique augmente la fréquence des tempêtes qui soufflent vers l’ouest et les eaux se réchauffent petit à petit. Il y a donc plus d’individus qui dérivent vers le nord-ouest et ils survivent plus. »

Yann : « D’accord. »

Max : « Il faut prévenir les gens ! Sinon ils vont pas savoir que c’est très dangereux et ils vont se faire gravement urtiquer ! »

Le chevalier : « Que veux-tu que je fasse Max ? »

Léo : « C’est pourtant pas compliqué : on touche jamais un zanimo qu’on connaît pas ! »

Samuel : « Oui mais les nageurs ? Ils peuvent se faire surprendre. »

Léo : « Un danger de plus… »

Max : « Au moins mes lecteurs seront prévenus. »

Samuel : « Tu es d’utilité publique cousin Max 🙂 »

Max : « Mouai… »

Yann : « Il est beau ce rocher… »

Figure d’érosion dans le granite.

Max : « La beauté dans les yeux Yann, la beauté dans les yeux 🙂 »

Samuel : « Sa forme nous dit qu’il était enfoncé dans le sol. C’est l’acide humique qui l’a érodé. La partie supérieure, plus large, dépassait du sol. On sait donc que la mer a avancé. »

Léo : « Bravo petit Sam ! Bravo ! »

Samuel : « C’est pas très difficile. Bonome nous a déjà expliqué ça à Ploumanac’h. Plus précisement au Toëno. J’ai révisé à voix haute. Désolé pardon. »

Yann : « Tu as pas à désoler pardon petit cousin. Moi je me souviens pas de tout comme toi alors ça me fait du bien d’entendre tes révisions à voix haute. »

Samuel : « Je te remercie pour ton indulgence cousin Yann. »

Léo : « Bonome va aller en prison ! »

Max : « Pourquoi ? »

Léo : « Il a fotoé le sémaphore ! C’est écrit partout que c’est interdit ! C’est une installation militaire bonome ! Les sentinelles vont croire que tu es un espion ! »

Léo : « Tu fotoes encore le phare bonome ? Tu vas aller en prison ! »

Yann : « Si tout celui qui fotoe le phare va en prison, les prisons vont déborder 🙂 »

Tout ça de tours.

Léo : « Il y a des bécasseaux… »

Max : « Mais c’est pas l’estran sableux. La mer les fait pas danser. »

Bécasseau variable (Calidris alpina, Scolopacidés)

Bécasseau variable (Calidris alpina, Scolopacidés)

Yann : « J’ai révisé les bécasseaux ! Alors… Il est tout gris dessus et blanc dessous. C’est fréquent chez les bécasseaux ça. Pas très grand. Son bec est très légèrement courbé vers le bas. On tombe dessus directement. Autant dire que c’est pas la peine que je cherche dans les espèces rares. C’est un bécasseau variable calidris alpina Scolopacidés. Il est en plumage internuptial. C’est un peu logique vu la saison. C’est fini la saison des amours 🙂 »

Léo : « Tu es un bon petit ornithologue Yann. C’est petit Sam qui t’a fait réviser ? »

Samuel : « Cousin Yann a pas besoin de moi. Il se débrouille très bien tout seul. »

Léo : « Tu mmmmes en te grattant la tête, tu es autonome… Parfois tu es dans ta tête. Fais attention Yann, tu te bonomises à grande vitesse. »

Max : « Si ça continue comme ça tu vas faire des phrases avec des mots compliqués que personne connaît et on va croire que tu parles breton. Et tu auras plus d’amis. »

Yann : « J’ai pas besoin d’amis. J’ai vous et bonome. »

Max : « Oulala ! Vous avez entendu ? »

Léo : « ‘J’ai pas besoin d’amis’. Là c’est clair. Il est gravement atteint. »

Samuel : « Bonomite chronique à un stade avancé. »

Léo : « Syndrome bonomien aigu et sévère ! »

Max : « C’est irréversible. »

Yann : « Vous êtes bêtes ! Mais vous êtes bêtes ! »

Le chevalier : « Laisse les dire Yann. Ils sont jaloux. »

Max : « On est jaloux rien du tout ! »

Yann : « Je préfère regarder les huîtriers-pies. »

Huîtriers-pies (Haematopus ostralegus, Haematopodidés)

Max : « On s’approche de la cabane… »

Léo : « Je suppose que tu as pas envie de rentrer. »

Max : « Tu supposes bien. »

Léo : « Moi non plus. »

Samuel : « Les petizours ont jamais envie de rentrer mais il le faut bien. »

Yann : « Et puis demain on va encore cavaler partout ! »

Max : « On peut connaître le programme de demain ? »

Le chevalier : « Maintenant ? Mais et ta question rituelle du matin ? Elle ne va pas te manquer ? »

Max : « Mmmm… Non ! J’ai envie de savoir ! »

Léo : « Ça changera des improvisations habituelles. »

Samuel : « Je suis d’accord. »

Le chevalier : « Yann ? »

Yann : « Pourquoi je serais pas d’accord ? »

Le chevalier : « Bien. Alors demain je vais tout cavaler 🙂 Départ : Rochers de Saint-Guénolé ; arrivée : Pointe de la Torche. »

Max : « Je me rends pas bien compte. »

Le chevalier : « Longue promenade Maxou. Surtout qu’il y a le retour. »

Yann : « Nos autres zoisos-gardiens ! »

Bécasseaux sanderling (Calidris alba, Scolopacidés)

Bécasseaux sanderling (Calidris alba, Scolopacidés)

Max : « Des paillepeurs ! »

Léo : « Piper Max ! Piper ! »

Max : « Je vois pas bien la différence… »

Samuel : « Ils viennent voir si on rentre bien. »

Max : « Ben oui. On rentre bien les paillepeurs. Merci de veiller sur nous. »

Continuer la promenade

Penmarc’h (1)

Max : « Bonjour bonome ! »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. Déjà levés ? »

Léo : « Ben oui 🙂 On a hâte d’aller inspecter le pays Bigouden. »

Yann : « Puis-je faire une remarque ? »

Max : « Bien sûr Yann ! »

Yann : « On parle plus de Cap Caval que de pays bigouden. Ça fait plus historique. Pays bigouden c’est un peu pour les touristes. »

Max : « Comment tu sais ça toi ? »

Samuel : « Cousin Max, je te rappelle que cousin Yann est notre cousin Breton. »

Max : « Oui mais il vient du Pays de Penthièvre ! »

Léo : « Et alors ? Ça l’empêche pas de connaître le reste de la Bretagne. »

Max : « Bien. Bon, d’accord. On est donc en Cap Caval. On y va bonome ? »

Léo : « Tu ne demandes pas où on va ? »

Max : « Pas la peine 🙂 Longue chevauchée hier donc pas de monture aujourd’hui. Bonome va se dégourdir ses longues pattes de Tringa megapus dans le secteur. Vous avez vu sa tête ? Les cernes et tout ça… Il a besoin de caféine notre bonome. On va donc commencer par aller au village pour ses 18 premiers cafés. Évidemment il va trouver un prétexte quelconque pour étaler sa science mais en touristant. Ensuite, on ira au bord de la mer. C’est juste là. Là-bas, il y a le phare. Il va vouloir y aller. Mais comme il a besoin de marcher pour se vider la tête – qui est déjà vide du fait que son cerveau est tout fondu parce qu’il porte jamais sa casquette – il va dépasser le phare. Il faudra qu’on le surveille un peu parce que sinon il va marcher huit jours de suite sans s’arrêter. Sauf qu’il va falloir qu’il fasse une pause pour ses 22 cafés suivants. Ensuite, on va faire le retour par le bord de mer. Voilà voilà 🙂 »

Léo : « 🙂 Bonne analyse Maxou 🙂 »

Samuel : « Tu connais bien ton bonome cousin Max. »

Yann : « Ben moi ça me va comme programme 🙂 »

Max : « On y va alors ? »

Le chevalier : « On y va ! Mais si ça ne vous dérange pas j’ajoute un petit détour sur le chemin du village. »

Samuel : « Tu veux aller où ? »

Le chevalier : « Il y a un marais signalé sur la carte. On peut y passer si vous voulez. »

Max : « Un marais ? Avec des zoisos ? »

Le chevalier : « Je ne connais pas Max. Je ne peux pas garantir qu’il y a des zoisos. »

Max : « On va voir quand même ! »

Bon, il était pas terrible ce marais. Une looongue route toute droite avec des plans d’eau et des prairies plus ou moins inondées. On y est pas restés longtemps. Voici les quelques fotos présentables que bonome y a fait.

Moineau domestique (Passer domesticus, Passéridés)

Moineau domestique (Passer domesticus, Passéridés)

Tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés)

Ensuite on est allés au village. Parce que Penmarc’h c’est pas vraiment une ville. Je comprends pas bien. Il y a des quartiers avec des noms, des panneaux… On a commencé par Saint-Guénolé. Et on a vu une église. Enfin, une église…

Yann : « Oulala ! C’est quoi cette tour carrée ? »

La Tour Carrée

La Tour Carrée

Le chevalier : « C’est la Tour Carrée de Saint-Guénolé. »

Max : « Merci bonome. On sait donc que cette tour carrée est la Tour Carrée. On a fait des progrès là. »

Léo : « C’est le reste d’une église ? On dirait le massif occidental. Entrée à deux porches mais pas de statue au trumeau. Les piédroits se prolongent par des voussures en arcs-brisés. Le tympan est pas décoré mais il est surmonté d’un gâble. Des gros contreforts avec des niches superposées mais sans statues. Tiens, il y a des pinacles au deuxième niveau des contreforts. C’est original ça. »

Max : « Qu’est ce qu’il dit ? »

Le chevalier : « Tu maîtrises bien le vocabulaire de l’architecture religieuse mon Léo. »

Léo : « C’est du gothique. Tardif mais gothique quand même. On a déjà visité des églises gothiques. Et parfois je m’ennuie… »

Max : « Et alors ? Moi aussi. C’est pas pour ça que je parle comme toi. »

Léo : « Toi quand tu t’ennuies tu embêtes tout le monde 🙂 Moi je lis. Et si tu connaissais un peu plus ton bonome, tu saurais qu’il a écrit des pages et des pages sur la Grande Église de Saint-Denis. Et c’est du gothique… »

Yann : « L’étendue de ta culture m’impressionne Léo. »

Léo : « Elle est pas si étendue que ça 🙂 J’ai des bases mais il faudrait que j’étudie un peu plus. On peut voir des détails ? »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. Approchons-nous… »

Max : « Ah bah le voilà le prétexte ! Pfff… Qu’est ce que tu vas trouver à raconter à partir des détails ? »

Le chevalier : « Il faut déjà que je les observe 🙂 »

Max : « J’ai une idée. Tu fotoes tout ce que tu veux. Et après, pour ton exposé interminable et soporifique, on va à la taverne. Tu pourras assouvir tes deux vices préférés : te caféiner et nous assommer avec tes longs discours. Évite de pétuner s’il te plaît. »

Samuel : « C’est une bonne idée ça cousin Max. »

Le chevalier : « Alors c’est d’accord. On fait quand même le tour. »

La Tour Carrée

La Tour Carrée

Max : « Tu as tous les détails que tu veux mon bonomou ? »

Le chevalier : « J’en ai quelques uns 🙂 »

Yann : « Il en reste pas grand-chose de cette église… »

Samuel : « Tu connais son histoire ? Tu sais pourquoi elle est dans cet état ? »

Max : « Bien sûr qu’il sait ! Il va tout raconter son histoire et ça va prendre des heures et des heures. ‘Tout commence par un beau soir d’été dans la Grèce antique’… »

Le chevalier : « 🙂 Toutes mes histoires ne commencent pas par un beau soir d’été dans la Grèce antique, si ? »

Max : « Euh… Parfois le ciel est couvert mais c’est quand même la Grèce antique. Tu oublieras pas notre chocolat bonome. »

Léo : « Dites, on est quatre petizours maintenant. On pourrait pas avoir deux chocolats ? »

Max : « Bonne idée ! Je voudrais voir ta tête mon bonome quand tu vas commander deux cafés et deux chocolats avec quatre pailles alors que tu es tout seul 🙂 Tous les taverniers que tu as croisés pensent que tu es fou dans ta tête 😀 »

Yann : « Surtout quand on s’installe face à toi sans bouger et que tu nous parles 🙂 »

Léo : « On arrive. »

Quelques minutes plus tard…

Max : « On t’écoute bonome. »

Le chevalier : « Que voulez-vous que je vous raconte ? »

Max : « Bah… L’église et les détails voyons ! »

Le chevalier : « L’église et les détails. D’accord. Donc il y a une église. Ou plutôt un reste d’église. Et dessus il y a des détails. Voilà. Ce n’était pas trop long ou soporifique ? »

Samuel : « Et vlan cousin Max ! »

Max : « Vlan rien du tout ! Bon, va t-il falloir que je me fâche pour que tu racontes ? »

Yann : « Cries pas Maxou. Ça me fait mal aux oreilles. »

Max : « Si le grand dadais raconte pas urgemment… »

Le chevalier : « D’accord. J’urge ! Je commencerai donc vers le 5ème siècle. Peut-être le 6ème. Une chapelle est fondée sous le vocable de saint Fiacre. C’est une petite chapelle pour un petit hameau. Cette chapelle est desservie par des chapelains pendant des siècles dans la quartier d’Enez Raden. En 1301, Raoul, recteur de Beuzec, fonde une autre chapelle. C’est la chapelle Saint-Guénolé. Mais elle est rapidement trop petite et au seizième siècle elle ne suffit plus. La population a augmenté en raison du développement de la pêche. Les maîtres de barques se sont enrichis et désirent une église. Ils obtiendront la construction d’une église tréviale. Elle est dédiée à saint Guénolé et donnera son nom au quartier. Saint-Guénolé devient donc une trève de Beuzec. »

Max : « Une église triviale dans le quartier des nez radins et Saint-Guénolé qui fait une trêve de peu sec ? Qu’est ce que tu racontes ? Commande toi d’autres cafés là. Tu dis des erreurs. On comprend rien du tout à ce que tu dis. »

Le chevalier : « Trève d’une paroisse, église tréviale… Vous ne connaissez pas ? »

Samuel : « Pas du tout. Cousin Léo ? »

Léo : « Ça me dit rien. »

Yann : « Comment tu sais que ce sont les maîtres de pêche qui ont voulu une église ? »

Le chevalier : « Une question à la fois 🙂 Nous venons d’arriver dans la région. Vous ne connaissez pas bien. Ici l’habitat est très dispersé. Il y a peu de communes. Elles sont très étendues et comportent de nombreux petits hameaux. Très petits mêmes puisqu’ils ne comptent parfois que quelques maisons. Les paroisses étaient donc gigantesques et il était difficile pour les paroissiens d’aller à la messe. Au moment de la construction de la Tour Carrée nous aurions été ici sur le territoire de la paroisse de Beuzec qui fait partie du Cap Sizun. »

Léo : « C’est pas Cap Caval ça ! »

Le chevalier : « Non. C’est même très loin. Et ce qui est vrai pour le petit territoire où nous sommes l’est pour des tas de petits territoires. Ah oui ! Je n’ai pas parlé de nez radin mais d’Enez Raden. »

Yann : « L’île fougère. »

Le chevalier : « Oui Yann. Merci pour la traduction 🙂 C’est l’ancien toponyme du lieu. Le droit canon s’est adapté à cette situation. Il n’est pas possible de laisser des chrétiens ne pas aller à la messe parce qu’elle a lieu trop loin mais il n’est pas possible non plus de construire des églises partout au frais de l’institution. Reste la solution des trèves. Une église tréviale est construite au frais de la population. Les tréviens ont également à leur charge le desservant de l’église auquel ils doivent la subsistance. »

Samuel : « Si je comprends bien, dans une trève ce sont les habitants qui payent tout : l’église, le presbytère et la nourriture du prêtre. »

Le chevalier : « C’est ça mon petit Sam. Le motus vivendi entre le prêtre desservant et les tréviens est fixé par le pape. Enfin, je suppose que c’est l’évêque qui s’en occupe et que le pape se contente d’officialiser. Il y a beaucoup de trèves en Bretagne et ça se voit dans la toponymie. »

Samuel : « Comment ça ? »

Le chevalier : « N’avez-vous pas remarqué que beaucoup de noms de lieux commencent par Tré- ? »

Max : « Trégastel, Trébeurden. »

Le chevalier : « Tréogat non loin d’ici. »

Léo : « Le tré- vient de trève ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « J’aime bien apprendre des choses 🙂 »

Yann : « Tu as pas répondu à ma question. Comment tu sais qu’il y a les maîtres de barques dans l’histoire ? »

Le chevalier : « Les détails mon petit Yann ! Les détails ! Regardez ! »

Un bateau

Un autre bateau

Encore un bateau

Des poissons dans les voussures

Max : « Des bateaux et des poissons ! Et ça te suffit pour savoir que ce sont les maîtres de barques qui ont obtenu la construction de l’église tréviale ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Samuel : « Je peux poser une question bête ? »

Le chevalier : « Il n’y a pas de question bête mon petitours. »

Samuel : « Tu es gentil bonome 🙂 C’est quoi les maîtres de barques ? »

Le chevalier : « Actuellement on parlerait d’armateurs. Ce sont les gens riches qui possèdent les bateaux qui servent à la pêche. »

Max : « Je vois. Ce sont les messieurs aux gros ventres qui gagnent plein d’argent pendant que les marins émaciés et aux visages burinés risquent leur vie pour les enrichir. »

Léo : « C’est la luuuutteeeuuu finaaaaleeeeuuu ! »

Samuel : « Groupons-nous zéééé demaiiiin ! »

Yann : « 😀 Max, je pense que Samuel et Léo se moquent de toi 🙂 »

Max : « Pensez ce que vous voulez. Je sais que j’ai raison. »

Le chevalier : « N’entrons pas dans ce genre de débats. »

Max : « Il y aurait pas de débats bonome. Je te connais bien 🙂 »

Léo : « Samuel, peux-tu résumer ? »

Samuel : « Une chapelle est fondée en 1301 et plus tard les maîtres de barques obtiennent la construction d’une église tréviale dépendant de la paroisse de Beuzec mais je sais pas quand. »

Max : « C’est vrai ça ! Elle date de quand cette église ? »

Le chevalier : « Sa construction est décidée en 1488 et elle est terminée en 1489. »

Léo : « C’est tard pour du gothique. »

Le chevalier : « Pas vraiment… Surtout dans les campagnes. »

Max : « Bonome, mon bonomou… Léo a justement fait remarquer qu’il n’y a pas de statues dans les niches pourtant prévues à cet effet. Serait-ce la conséquence malheureuse des guerres de religions ? »

Le chevalier : « Absolument 🙂 La guerre de la Ligue a eu plus d’effets en Bretagne qu’ailleurs. Elle a réactivé les divisions qui existaient un siècle plus tôt lors de la guerre d’indépendance de Bretagne. Le gouverneur général de Bretagne est alors le duc de Mercoeur. C’est un cousin des de Guise mais il ne prend pas tout de suite parti pour la Ligue. Il préfère inciter la noblesse et la population à le faire. Il encourage notamment un petit jeune à se livrer à des exactions. Il s’agit de Guy Eder de la Fontanelle. Lui est ouvertement du côté de la Ligue. Sauf quand il change d’alliance pour son propre intérêt. La Fontanelle a multiplié les rapines, les coups de mains, les pillages… un peu partout en Bretagne. Il mettra à sac Penmarc’h et c’est à ce moment que l’église a perdu son clocher. La Fontanelle poursuit ses méfaits à tel point que son protecteur, le duc de Mercoeur, finit pas se lasser et le lâcher. Au moment de la réconciliation entre catholiques et huguenots, le bon roi Henri IV lui accorde tout de même son pardon. Mais il ne résistera pas à la tentation de comploter contre le roi au profit des espagnols. »

Max : « A son profit tu veux dire ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 Disons qu’à ce moment son intérêt se confond avec celui des espagnols. Cette fois sa participation à la conspiration du Duc de Biron contre le roi ne passe. Il est condamné par le grand conseil du parlement de Paris pour haute trahison au supplice de la roue qu’il subira le 27 septembre 1602. »

Max : « Aïe ! »

Le chevalier : « Oui. Aïe ! Ouille ! »

Léo : « En même temps il l’a un peu cherché. On peut pas se livrer à des exactions pendant des années et trahir tout le monde sans en payer les conséquences un jour. »

Yann : « C’était quand le sac de Penmarc’h ? »

Le chevalier : « 1596. L’église a été restaurée mais la population n’avait plus les moyens d’entretenir la trève. »

Max : « Bah après la guerre d’indépendance puis la guerre de la Ligue… »

Le chevalier : « Trop dégradée, trop dangereuse… L’ordonnance épiscopale du 23 avril 1722 supprime tout culte dans cette église. La nef, longue de 38 mètres, menace ruine et elle sert de carrière. En 1835, il me semble, une chapelle est construite pour fermer le massif occidental. Cette église est actuellement classée monument historique. »

Max : « C’est plus une église bonome. C’est la Tour Carrée 🙂 »

Yann : « Tu as fotoé un autre détail. Tu nous montres ? »

Les armoiries de Tanguy du Chastel

Samuel : « Ce sont des armoiries. »

Le chevalier : « Fascé de six pièces timbré d’un casque et d’un lambrequin. Je n’arrive pas à voir ce qu’est le cimier du casque. Je dirais un chien?. Et il y a un chardon sur la droite. »

Max : « Je sais pas si je t’admire pour ton savoir ou si je te déteste pour ton langage incompréhensible… »

Yann : « Moi j’admire le savoir. J’ai rien compris du tout mais c’était agréable à entendre 🙂 »

Le chevalier : « Merci Yann. Ces quelques paroles me réchauffent le cœur 🙂 »

Samuel : « Et ce sont les armoiries de qui ? »

Le chevalier : « Pfff… Tanguy de Chastel. Les de Chastels forment une grande famille de Landunvez où ils ont un château. Je pense qu’il s’agit des armoiries de Tanguy Ier du Chastel, mort en 1352 ou 1363, capitaine de Brest et lieutenant général des armées de Jean de Montfort lors de la guerre de succession de Bretagne. »

Léo : « Jean de Monfort ? Celui qui s’était proclamé Duc de Bretagne et qui s’est allié aux anglais contre le roi de France pour l’indépendance de la Bretagne ? »

Le chevalier : « Lui-même 🙂 Mais c’est peut-être Tanguy IV du Chatel, neveu du précédent et mort en 1477. Il fut grand écuyer de France, gouverneur du Roussillon et grand sénéchal de Provence. Ces armoiries ont été gravées à la demande de Gilette de Chastel, épouse de Charles Ier du Quelennec vicomte du Faou. Les pierres sont de réemploi vu qu’elles sont sur la chevet de la chapelle. »

Max : « La Gilette était indépendantiste ? »

Le chevalier : « Difficile de savoir mais c’est probable. »

Max : « Tu as tout dit ? »

Le chevalier : « J’en ai dit assez 🙂 »

Max : « Un dernier café ? »

Le chevalier : « Volontiers 🙂 »

Léo : « On va en bord de mer maintenant ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « On passe par le marais ? »

Le chevalier : « Si tes cousins sont d’accord, pourquoi pas… »

Max : « Pourquoi on serait pas d’accord avec Léo ? »

Le chevalier : « Alors c’est parti ! »

Bon, pas plus de zoisos qu’au premier passage. On a entendu les alouettes des champs. Bonome a même réussi à en fotoer une au sol. C’est pas la foto du siècle quand même… Et puis il y a eu une spatule blanche…

Alouette des champs (Alauda arvensis, Alaudidés)
Spatule blanche (Platalea leucorodia, Threskiornithidés)

Léo : « Bof bof ce marais… »

Yann : « Ce commentaire m’étonne de toi Léo. Tu apprécies plutôt la nature d’habitude. »

Léo : « J’ai apprécié. Le Vent qui nous caresse le visage, les chants des zoisos… Mais c’est quand même pas mon endroit préféré de Bretagne. »

Max : « Une église ! »

La chapelle Notre Dame de la Joie

Le chevalier : « Il va falloir vous y habituer. Il y a des églises, des chapelles, des calvaires ou des croix un peu partout. »

Léo : « Elle est juste au bord de la mer ! »

La chapelle Notre Dame de la Joie

Le chevalier : « Comme un ultime rempart contre l’océan 🙂 Elle est juste dans le prolongement du marais. Si la digue se rompt ici rien n’empêche la mer de s’avancer loin dans les terres. »

Léo : « C’est vraiment l’ultime rempart alors. Tu avais raison bonome. »

Samuel : « Elle est entre Saint-Guénolé et le hameau là-bas. »

Le chevalier : « Saint-Pierre. Effectivement. »

Max : « C’est encore une trève ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. C’est surtout le lieu d’un pardon. »

Léo : « Un pardon ? C’est quoi ? »

Yann : « En Bretagne il y en a beaucoup. C’est un peu comme un pèlerinage. Les fidèles prient pour remercier et obtenir le pardon de leurs péchés. »

Le chevalier : « Cette chapelle, Notre-Dame de la Joie, est effectivement le lieu d’un pardon qui se déroule tous les 15 août. Les marins ayant survécu à une tempête viennent pieds et têtes nus pour remercier la Vierge de les avoir sauvés. »

Max : « Et les messieurs aux gros ventres ont les meilleures chaises dans l’église… »

Yann : « Il est beau ce calvaire… »

Le calvaire

Le calvaire

Le calvaire

Le calvaire

Max : « On entre ? J’aimerais prier pour les élèves. Et pour toi aussi bonome. »

Le chevalier : « Entrons… »

Le reste, je vous raconte pas. C’est privé. Bonome a quand même fait quelques fotos. Elles, je peux vous les montrer. J’espère qu’elles seront apaisantes pour vous.

La nef et le chevet

Le choeur peu éclairé

Verrine de paon du jour

Verrine de paon du jour
Ça j’aime bien 🙂

Une sirène

La même
La chapelle Notre-Dame de la joie

 

Continuer la promenade

Le Pays Bigouden

Max : « Demat penn sardin ! »

Léo : « Demat aussi ! »

Samuel : « On rentre de Bretagne 🙂 »

Yann : « C’était biiieeen 🙂 »

Max : « Ah bah oui ! C’est toujours bien la Bretagne ! Cette fois on est allés au Pays Bigouden. »

Yann : « Vro Vigoudenn. »

Max : « Tu bretonnises Yann ? »

Yann : « Un peu 🙂 »

Léo : « On vous a pas prévenus de notre départ parce qu’on savait pas nous-mêmes que nous partions. »

Samuel : « Bonome nous a annoncé ça un soir. ‘Préparez vos malles. Nous partons demain en Bretagne.’ Évidemment cousin Max l’a grondé. A vrai dire, bonome est tout fatigué. Tout le monde est tout fatigué en ce moment. Il avait pas envie d’y aller. »

Yann : « Mais il a pas résisté à l’appel d’Ar Mor 🙂 »

Léo (contrit) : « Je le savais moi qu’on allait en Bretagne… »

Max : « QUOI ???!!! Tu le savais ??? Tu as recommencé à avoir un secret ! Léo, tu es incorrigible ! »

Samuel : « Comment tu as su cousin Léo ? Tu as encore fouiné dans les affaires de bonome. »

Léo : « Non. C’est Tante Yvonne qui es venue dans un rêve. Elle m’a fait monter dans son bateau et elle m’a montré les côtes du Pays Bigouden. On était avec Chien, la mouette blessée et Le Vent. Il soufflait fort Le Vent. Parce que même si toute la Bretagne c’est son territoire, il se sent mieux au Cap Caval. C’est parce qu’il arrive de l’Atlantique. Rien ne l’a freiné jusque là. »

Yann : « Pourquoi tu nous as rien dit Léo ? »

Léo : « Je pensais que c’était qu’un rêve. Un très beau rêve mais juste un rêve. »

Max : « Il est bête ! MAIS IL EST BÊTE ! Quand Tante Yvonne vient dans nos rêves c’est pas pour rien ! Mais qui m’a fichu un cousin pareil !!! »

Samuel : « Je crois que j’aurais fait comme toi cousin Léo. Les beaux rêves, on les raconte pas toujours. On se les garde comme des trésors. »

Yann : « Comment va Tante Yvonne ? »

Léo : « Bien 🙂 Elle a Chien et la mouette blessée. Chien est toujours aussi coquin mais il est très gentil avec la mouette. Il la protège. Et il est très affectueux avec Tante Yvonne. On revient à nos moutons ? »

Samuel : « Oui. Donc bonome avait pas trop envie d’y aller. »

Yann : « Il a même dit qu’il connaissait pas, qu’il voulait rien préparer et qu’on se contenterait de chercher quelques zoisos. »

Max : « Pfff ! On est à peine arrivés qu’il a cavalé partout sur les rochers. »

Léo : « Du coup, on a fait la géologie. Mais de façon un peu originale. Vous verrez ça 🙂 »

Yann : « La géologie ça a été un peu compliqué parce que Vro Vigoudenn c’est un peu le plat pays. Il y a pas des énormes rochers. Le point culminant est à 37 mètres. »

Samuel : « On a pu faire en bord de mer mais il y a beaucoup des paluds. Ce sont des marais ou des lagunes littorales. »

Max : « Chers lecteurs, n’ayez pas peur de la géologie. Même Léo comprend et c’est pourtant pas le couteau le plus affûté du tiroir 🙂 »

Léo : « Oh ! Comment tu parles de moi toi ! »

Samuel : « C’était rigolo 🙂 »

Yann : « Tu es très affûté comme couteau Léo. Écoute pas Maxou. »

Léo : « Ah si ! Oulala ! Je l’écoute ! Je m’en souviendrais 🙂 »

Samuel : « Donc nous sommes allés en plein Pays Bigouden. Vous allez nous demander où c’est. Je vous explique ça avec une carte. »

Localisation du Pays Bigouden

Max : « Comme vous le voyez, c’est la pointe sud de la Bretagne. Le pays Bigouden est bordé au nord, de l’ouest vers l’est, du Pays du Cap Sizun, du Pays Penn Sardin et de Pays Glazik. »

Léo : « Le Pays Penn Sardin 🙂 C’est autour de Douarnenez. »

Samuel : « Je continue. Voici une carte de la Bretagne. »

Carte géologique de la Bretagne (source : BRGM)

Samuel : « Il y a une tache qui indique un vaste batholite de granite. Ben c’est là. »

Léo : « Je préfère le schéma structural. »

Schéma structural de la Bretagne montrant les différents domaines. Le pays Bigouden se trouve à l’ouest du domaine sud armoricain.

Léo : « Comme vous le voyez, le Pays Bigouden, Vro Vigoudenn, se trouve à l’extrémité ouest du domaine sud-armoricain breton, au sud du grand Cisaillement Sud Armoricain qui passe par la Pointe du Raz. Ce domaine est essentiellement granitique mais pas seulement. On vous racontera ça. »

Max : « On a un peu inspecté mais pas beaucoup. Nous on était à Penmarc’h avec vue sur le phare d’Eckmühl. »

Léo : « C’est lui le phare d’Eckmühl. »

Le phare d’Eckmühl

Yann : « Il éclairait la chambre la nuit. Un éclat d’un dixième de seconde toutes les cinq secondes. »

Max : « Voilà voilà… »

Samuel : « Vous savez où nous sommes allés 🙂 »

Léo : « Inutile de préciser que dès notre arrivée nous sommes allés jeter un œil aux zoisos de l’estran juste sous la cabane. On montre ? »

Max : « On est là pour ça 🙂 »

Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)
Bergeronnette de Yarrell (Motacilla alba yarrellii, Motacillidés)
Bergeronnette de Yarrell (Motacilla alba yarrellii, Motacillidés)
Un goéland argenté de première année qui ne veut pas finir son crabe.
Il a pas l’air d’aimer ça le crabe.
Huitrier-pie (Haematopus ostalegus, Haematopodidés)
Bécasseaux variables (Calidris alpina, Scolopacidés)
Bécasseaux variables, sanderlings et grands gravelots (Calibris alba et calidris alpina, Scolopacidés ; Charadrius hiaticulata, Charadriidés)
Grands gravelots (Charadrius hiaticulata, Charadriidés)
Laridés

Samuel : « Cousin Léo, tout à l’heure tu as parlé de Cap Caval. Qu’est ce que c’est ? »

Léo : « Cap Caval ? C’est l’ancien nom du Pays Bigouden. Mais c’est aussi un bagad. Écoutez un peu ça. »

Max

Max : « Ben voilà. On va s’arrêter là pour l’introduction. »

Samuel : « A bientôt pour la suite 🙂 »

Continuer la promenade

Collection hiver an X :)

Décembre an X

Max : « Bonjour à tous ! »

Léo : « Nous revoici pour un point d’actualité. »

Samuel : « Ça fait un moment qu’on en a pas fait. »

Yann : « J’aime bien l’actualité moi 🙂 »

Max : « On va faire vite parce qu’on a pas que ça à faire nous ! »

Léo : « Maaax ! »

Samuel : « Cousin Max a un peu raison quand même. »

Yann : « On va vous présenter rapidement quelques zanimos que nous avons rencontrés au cours des mois de novembre et décembre de l’an X. »

Samuel : « Il y a des beaux zoisos 🙂 »

Max : « Tous les zoisos c’est un beau zoiso petit Sam. »

Samuel : « Je sais bien mais là… »

Léo : « Il y a pas que des zoisos. Je propose que nous commencions pas les Mammifères. »

Max : « Bonne idée ! Je précise que pendant les vacances de Noël nous sommes allés en Charentmaritimie. C’est là que nous avons vu les Mammifères. »

Yann : « Goupil arpentait son territoire aux abords de la Réserve. »

Renard roux (Vulpes vulpes, Canidés)

Renard roux (Vulpes vulpes, Canidés)

Renard roux (Vulpes vulpes, Canidés)

Renard roux (Vulpes vulpes, Canidés)

Max : « On vous raconte pas Goupil. Vous le connaissez déjà bien. »

Léo : « On est toujours contents de le voir. »

Samuel : « Mais il vient jamais discuter avec nous. Dès qu’il nous voit il se sauve. »

Yann : « C’est un timide Goupil. »

Max : « On a vu un chevreuil aussi. C’est pas tous les jours en Charentmaritimie. »

Chevreuil européen (Capreolus capreolus, Cervidés)

Chevreuil européen (Capreolus capreolus, Cervidés)

Samuel : « Et nous avons eu une visite un jour à la cabane. »

Max : « C’est lui 🙂 »

Hérisson européen (Erinaceus europaeus, Erinacéidés)

Hérisson européen (Erinaceus europaeus, Erinacéidés)

Hérisson européen (Erinaceus europaeus, Erinacéidés)

Hérisson européen (Erinaceus europaeus, Erinacéidés)

Léo : « On l’avait vu cet été mais de nuit. »

Samuel : « On le voyait pas bien. »

Max : « Là, il est resté un peu. Il devait pas être très bien. Normalement il est nocturne et en plus, en cette saison, il devrait hiberner. »

Léo : « Il fait pas très froid cette année. Il a fait jusque 15°C pendant notre séjour. »

Max : « Oui mais quelques jours avant notre arrivée il faisait -3°C ! »

Samuel : « Bon, voilà pour les Mammifères. C’est déjà pas mal. »

Max : « Ah bah oui ! »

Léo : « On passe au zoisos ? »

Max : « Bien sûr Léo ! »

Samuel : « Je précise que nous sommes allés à l’Île d’O. »

Max : « Pour un repérage géologique. On a juste découvert rapidement. On y retournera plus tard et on gravera un loooong article pour vous expliquer tout ça. »

Yann : « On vous montre quand même quelques fotos. »

Max : « Les falaises du Chat si Rond. C’est tout au bout de l’Île d’O. »

Le phare du Chat si Rond

La Pointe du Chat si Rond

La falaise
La falaise aussi

Yann et une ammonite

Max et un fossile

Max : « On a trouvé juste deux fossiles pas très beaux. »

Léo : « Je crois que ça va être compliqué de comprendre toutes les couches… »

Samuel : « On était là comme géologues mais superbonome a quand même repéré un zoiso qui se nourrissait au loin. »

Max : « C’est lui 🙂 »

Plongeon catmarin (Gavia stellata, Gaviidés)

Léo : « Vous le reconnaissez ? »

Max : « Pas facile 🙂 Et encore ! Là il est tout super-méga-zoomé 🙂 »

Samuel : « Si je vous dit qu’il faisait rien qu’à plonger, ça vous aide ? »

Yann : « C’est un plongeon. »

Plongeon catmarin (Gavia stellata, Gaviidés)

Plongeon catmarin (Gavia stellata, Gaviidés)

Léo : « C’est même le plongeon catmarin. »

Samuel : « Gavia stellata, Gaviidés. »

Max : « Bon, on est pas tout à fait sûrs. On hésite un peu avec le plongeon imbrin mais Faune Charente-Maritime nous a pas corrigé. »

Léo : « Nos validateur préféré est peut-être occupé. On vous tiendra au courant si on s’est trompés. »

Plongeon catmarin (Gavia stellata, Gaviidés)

Plongeon catmarin (Gavia stellata, Gaviidés)

Yann : « Le plongeon catmarin est pas vraiment rare mais on le voit quand même pas souvent. »

Max : « C’est surtout vers la Pointe du Chat si Rond qu’il est vu. Ou bien au large de l’Île d’Ut, vers la Pointe. »

Samuel : « Il faut dire qu’il aime bien les eaux agitées. On va pas le trouver entre les îles et le continent lui. »

Yann : « Il habite plus au nord où il se reproduit. Mais il migre vers le sud et certains s’arrêtent ici. »

Max : « Nous ça nous arrange bien comme ça on le voit 🙂 »

Plongeon catmarin (Gavia stellata, Gaviidés)

Samuel : « Voilà pour le plongeon de la Pointe du Chat si Rond. »

Max : « On vous parle pas des autres zoisos de Charentmaritimie. Rien de spécial à signaler. »

Léo : « On revient chez nous. Une seule sortie mais quelle sortie ! »

Yann : « C’était biiiieeeen ! »

Max : « Ah bah ça ! Des sorties comme ça c’est pas tous les jours 🙂 On est allés au Grand Étang. Bonome avait envie de se dégourdir ses longues pattes. Quand on est arrivés, il y avait du monde. On s’est doutés qu’il se passait quelque chose. Mais on savait pas quoi. »

Léo : « En réalité, il y avait des macreuses brunes depuis quelques jours alors les ornithos venaient les voir. »

Yann : « Vous en aviez déjà vu ici ? »

Léo : « Une seule fois. »

Samuel : « C’est elle la macreuse brune. Melanitta fusca, Anatidés. »

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Max : « Elle aussi est une migratrice qui vient du nord. »

Léo : « Il y en avait trois au Grand Étang et d’autres au Royaume de Rien du Tout. »

Samuel : « Ça arrive l’hiver. Je pense qu’elles sont restées là parce qu’il fait doux. »

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Yann : « On est restés un long moment à les observer. J’aime bien la façon dont elles ploufent. »

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Max : « On vous le remontre. »

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Léo : « Vous avez vu comme elle écarte les ailes au moment de ploufer ? »

Max : « Voilà pour la macreuse brune. »

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Macreuse brune (Melanitta fusca, Anatidés)

Samuel : « Passons à la suite 🙂 »

Max : « On a failli pas les voir ! »

Léo : « Encore ouf qu’un monsieur a demandé à bonome si les bernaches du Canada étaient pas des bernaches nonnettes ! »

Yann : « Du coup il a fotoé tout là-bas pour voir ! »

Max : « Et vlan ! Des oies rieuses ! »

Samuel : « Anser albifrons. »

Oies rieuses (Anser albifrons, Anséridés)

Oies rieuses (Anser albifrons, Anséridés)

Léo : « Encore des migrateurs 🙂 »

Max : « L’oie rieuse est une oie grise comme l’oie cendrée qui est assez fréquente. »

Samuel : « On peut la confondre avec l’oie naine si on fait pas bien attention. »

Oies rieuses (Anser albifrons, Anséridés)

Oies rieuses (Anser albifrons, Anséridés)

Max : « Cinq oies rieuses le même jour que les macreuses brunes 🙂 »

Léo : « Et c’est pas fini ! »

Samuel : « Nous avons été informés de la présence d’un autre zoiso rare sur le chemin. »

Max : « Il était pas difficile à trouver. Il y avait quatre fotoeurs qui le fotoaient 🙂 »

Yann : « C’est Nicolas qui l’a trouvé. »

Max : « Le voici ce zoiso. »

Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis, Phylloscopidés)

Léo : « Difficile de l’identifier. Je pense qu’on l’aurait pris pour un pouillot véloce. »

Max : « Bah… Le pouillot de Sibérie c’est une sous-espèce du véloce. »

Samuel : « Phylloscopus collybita tristis, Phylloscopidés. »

Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis, Phylloscopidés)

Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis, Phylloscopidés)

Yann : « Si j’ai bien compris le pouillot de Sibérie se reconnaît à son lore noir, son bec et ses pattes noirs et le dessous blanc sans trace de jaune. »

Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis, Phylloscopidés)

Pouillot de Sibérie (Phylloscopus collybita tristis, Phylloscopidés)

Max : « Nos fotos sont pas terribles mais il faut s’en contenter. »

Léo : « Alors ? C’était pas une belle sortie ça ? »

Max : « Macreuses brunes, oies rieuses et pouillot de Sibérie. Tout ça en quelques heures ! »

Samuel : « Nous voulions partager ça avec vous 🙂 »

Yann : « Voilà ! C’est tout pour aujourd’hui. »

Max : « On se retrouve je sais pas quand 🙂 »

Samuel : « A bientôt ! »

Continuer la promenade

Le Lac Pavin

24 Août an X

Max regarde tristement par la fenêtre…

Le chevalier : « Bonjour Maxou. »

Max : « ‘jour bonome. Faipabo… »

Le chevalier : « Tu es seul ? »

Max : « J’ai conseillé aux cousins de rester au lit. Faipabo. Tu vas pas vouloir sortir. »

Le chevalier : « Faipabo ? »

Max : « Ben non. Faipabo… »

Le chevalier : « ipleu ? »

Max : « Non mais faipabo quand même… »

Le chevalier : « Va chercher tes cousins alors. »

Max : « Tu veux sortir par ce temps là ? »

Le chevalier : « Tant qu’il ne pleut pas… »

Max : « LES COUSINS ! LES COUSINS ! LE GRAND DADAIS VEUT BIEN SORTIR MÊME SI FAIPABO ! »

Samuel, Léo et Yann arrivent avec leur sac sur le dos…

Léo : « Je te l’avais bien dit ! »

Samuel : « Ce sont pas quelques nuages qui vont arrêter notre bonome ! »

Yann : « Quelque chose me dit que la neige l’arrêterait pas non plus 🙂 »

Léo : « Il y a que la grosse pluie qui l’empêche de sortir. Et encore ! »

Max : « Bon, on y va là ? »

Le chevalier : « On y va ! »

Un peu plus tard…

Max : « Tu nous emmènes où ? »

Le chevalier : « Voir un volcan. »

Max : « Ah. Merci. D’accord. On est en Auvergne bonome ! Des volcans il y a en a partout ! »

Yann : « Max : un point ! »

Le chevalier : « Celui-là devrait vous plaire… »

Max : « Il est en chocolat ? »

Léo : « Tu penses qu’à manger ! »

Max : « Un volcan de chocolat… Avec des fontaines de chocolat et des coulées de chocolat… Rholalaaaa… »

Léo : « Mais il est pas possible ce petitours ! Il faut aller voir le docteur de la tête ! ‘Bonjour monsieur le docteur de la tête. Ça va pas du tout. Je pense qu’au chocolat. C’est grave ?’ »

Max : « C’est pas ma faute ! J’ai pas pris mon petit déjeuner… »

Samuel : « Zutalor ! Mais pourquoi cousin Max ? »

Max : « Ben… Comme faipabo j’ai cru qu’on sortirait pas et que j’avais le temps pour le petit-déjeuner… »

Samuel : « Bonome, je donne ma part de chocolat du déjeuner à cousin Max ! »

Le chevalier : « Maintenant ? »

Samuel : « Ben oui. Sinon il va faire le malaise de l’inanition… »

Max : « Merci petit Sam ! »

Yann (à Léo) : « Je comprends pourquoi petit Sam est le préféré de tout le monde 🙂 »

Léo : « Il est comme ça petit Sam 🙂 »

Max (se goinfrant de chocolat) : « Oulala ça fait du bien… »

Léo : « On est où là ? »

Le lac Pavin

Le lac Pavin

Le chevalier : « Le volcan dont je vous avais parlé. »

Max : « Bonome, je sais bien qu’il y a du brouillard, qu’on est un peu dans les nuages… mais regarde bien s’il te plaît. Ça, c’est un lac. Quand il y a un trou avec de l’eau c’est pas un volcan. C’est un lac. Ou bien un étang. Ça dépend s’il y a une thermocline permanente ou pas. Mais c’est pas un volcan. »

Samuel : « Sauf si… »

Yann : « Sauf si quoi ? »

Samuel : « C’est peut-être bien un maar. »

Max : « Petit Sam, voyons ! Tu as pas mangé assez de chocolat. Ton cerveau reçoit pas assez de glucose. Il produit pas assez d’énergie et tu dis des erreurs. On dit une mare pas un mare. »

Léo : « Sauf si c’est vraiment un maar buteo trois fois ! Tu peux pas arrêter de penser au chocolat et redevenir un tout petit peu naturaliste option géologie ? »

Max : « Vous êtes témoins ? Léo m’a insulté ! »

Yann : « Euh… Je suis surtout témoin que c’est mérité tête de piaf 🙂 »

Léo : « Une vraie tête de linotte ce cousin Max 🙂 »

Le chevalier : « Vous savez que je n’aime pas trop quand vous vous échangez des noms d’oiseaux. »

Léo : « Je sais bonome. Mais on est un peu obligés là. »

Le chevalier : « C’est pas faux 🙂 »

Max : « Hé ! Ho ! Je suis là ! »

Léo : « Toi oui mais ton cerveau est resté à la cabane je crois 🙂 »

Yann : « Petit Sam, peut-être devrais-tu rappeler à Maxou ce qu’est un maar. »

Samuel : « C’est vrai ? Cousin Max, tu sais plus ? »

Max : « Un maar, terme allemand signifiant ‘cratère’, est un cratère volcanique d’explosion, parfois rempli par un lac ou la mer. L’explosion atteint le substratum. Les maars sont souvent le résultat d’éruptions phréato-magmatiques. Voilà voilà. J’attends vos excuses. »

Léo : « Alors là bravo ! Pour un petitours sans cerveau tu t’en sors plutôt bien 🙂 »

Max : « Je suis pas aussi bête que vous le pensez. Nous serions donc en présence d’un maar… »

Yann : « Je crois même que nous sommes dedans. »

Samuel : « Il va plus exploser ? »

Le chevalier : « Normalement non. »

Max : « ‘Normalement non’ ? C’est tout ? C’est de la précision scientifique ça ? Et si il explose, qu’est ce qu’on devient nous ? »

Le chevalier : « Nous sommes poussières et nous redeviendrions poussières… »

Léo : « Dispersés un peu partout dans le secteur. On nous retrouverait pas du tout. Rien. Plus de bonome et plus de petizours. »

Yann : « Il y a une jolie fleur dans l’eau. »

Renoncule aquatique

Max : « Alors lui ! On risque d’être pulvérisés et dispersés et il s’extasie devant une jolie fleur… »

Samuel : « Ben il a raison. On sait pas si on va être pulvérisés et dispersés. Peut-être que oui mais peut-être que non. Alors autant profiter de la promenade. C’est qui cette jolie fleur bonome ? »

Léo : « Une renoncule aquatique. Ranunculus aquatilis, Ranunculaceae. »

Max : « Tu donnes la famille en latin maintenant ? »

Léo : « Oui. C’est plus rigoureux. »

Samuel : « Merci cousin Léo. »

Max : « Bonomou, on avance un peu. Tu trouves un endroit qui t’inspire pour t’asseoir un peu et tu nous raconte ce maar. D’accord ? »

Le chevalier : « Je m’attendais à ça 🙂 »

Le lac Pavin

Léo : « On entend pas des zoisos… »

Max : « C’est vrai que c’est plutôt calme… »

Samuel : « On avance, on avance… »

Max : « On voit pas grand-chose… »

Yann : « Pas vrai ! Regardez là ! »

Des parois verticales

Yann : « On voit bien les parois verticales du lac. Il va falloir expliquer ça. Et puis là… »

Des parois pentues

Yann : « C’est très pentu mais pas vertical. Il faut expliquer aussi. En plus on peut voir des roches volcaniques de-ci de-là… »

Max : « Il faut les fotoer ! »

Samuel : « Je descends faire l’échelle ! »

Une roche

Une autre roche
Samuel donne l’échelle

Max : « Bonome, il est temps de nous parler un peu de ce lac. »

Le chevalier : « D’accord. Vous savez déjà qu’il est la conséquence d’une éruption phréato-magmatique. »

Léo : « Oui, ça on sait. Le magma est remonté et il a rencontré une nappe phréatique. L’eau s’est immédiatement évaporée. Son volume a considérablement augmenté et toute la roche au-dessus a été projetée sous forme de fragments de petite taille un peu partout. Je pense que les parois verticales correspondent au trou qui est apparu dans le socle. Les parois pentues sont faites de roches volcaniques parce qu’après l’explosion il y a eu l’éruption presque normale. »

Le chevalier : « Le problème est qu’il y a un autre volcan juste à côté et je ne sais pas si les roches que j’ai fotoées viennent du Pavin ou du Montchal… »

Max : « Le Montchal ? »

Le chevalier : « Le Puy Montchal. Il est juste là… »

Le Puy de Montchal

Max : « Dans le brouillard ? »

Le chevalier : « Dans les nuages, oui. »

Yann : « On va y aller ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Max : « Bon. On sait l’éruption phréato-magmatique. »

Samuel : « Elle a eu lieu quand ? »

Le chevalier : « Il y a 6 900 ans environ. »

Léo : « 6 900 ans ? Mais c’est tout récent ! C’est bien plus jeune que la Chaîne des Puys ! »

Le chevalier : « Exact Léo. C’est, il me semble, le plus jeune volcan d’Auvergne et donc le plus jeune volcan de France continentale. »

Yann : « Je peux poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr Yann. »

Yann : « Il a explosé comment le Pavin ? Fort ? Très fort ? Pas fort ? »

Samuel : « Bonne question cousin Yann. »

Le chevalier : « Très fort. 75 millions de mètres cubes de roches ont été projetés. Les scientifiques ont retrouvé des morceaux de roches d’ici dans les sédiments du Lac Léman. »

Max : « Dans le Léman bonome. Pas le lac Léman. »

Léo : « Pourquoi ? »

Max : « Parce que Léman ça veut dire lac. Le lac Léman ça veut donc dire le lac lac et ça va pas du tout. On dit le Léman et puis c’est tout ! »

Yann : « Je me rends pas bien compte de ce que ça fait 75 millions de mètres cubes… »

Max : « Ben non. »

Léo : « Moi non plus mais je me dis que ça fait beaucoup quand même. »

Samuel : « Et le Léman c’est pas juste à côté… »

Le chevalier : « Puis-je continuer ? »

Max : « Oui bonome ! »

Le chevalier : « Le lac Pavin est presque parfaitement circulaire. Il a un diamètre compris entre 700 et 800 mètres. Sa profondeur moyenne est de 29 mètres mais elle atteint 92 mètres par endroit. »

Yann : « 92 mètres ! Ça fait beaucoup de petizours ça ! »

Max : « Ah bah oui ! Il y a la thermocline permanente alors ! C’est bien un lac. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Et c’est même un lac méromictique. »

Max : « Ben voilà ! On était bien là, tous ensemble. On papotait tranquillement et d’un coup, paf ! Un mot compliqué que personne comprend à part toi ! Tu peux vraiment pas t’en empêcher… Ça veut dire quoi mes gros mythiques ? »

Yann : « Je crois pas que bonome ait dit mes gros mythiques 🙂 »

Le chevalier : « Exact Yann 🙂 Le Pavin est un lac méromictique. »

Max : « Et on sait pas ce que ça veut dire… »

Léo : « Non, mais on va bientôt le savoir et on aura encore appris des choses fort savantes. »

Samuel : « Bonome, nous t’écoutons sagement. »

Le chevalier : « Je vous ai dit que ce lac à une profondeur moyenne de 29 mètres. »

Max : « Oui bonome. Même que par endroits elle atteint 92 mètres. »

Le chevalier : « Tu as bien écouté 🙂 Il se trouve que le mélange des eaux ne se fait que sur les 60 premiers mètres. »

Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Pour différentes raisons. Le lac est encaissé. Vous avez vu que les parois sont verticales et qu’elles se prolongent par un talus assez haut. Le vent ne peut pas vraiment agiter l’eau. »

Max : « C’est pas sa faute ! Il fait toujours son travail Le Vent ! »

Le chevalier : « Je le sais bien Maxou. Ici, son action est gênée par le relief. La forme du lac ne favorise pas non plus l’agitation de ses eaux. Il est très profond pour son diamètre. Et il y a une troisième raison. Des sources souterraines se jettent en profondeur et elles minéralisent les eaux profondes qui restent plus denses que les eaux de surface. »

Samuel : « Elles peuvent pas remonter alors. »

Yann : « Alors il y a une couche d’eau profonde qui reste toujours au fond ? »

Le chevalier : « Oui. Cette eau est anoxique. »

Max : « Pfff ! »

Samuel : « Cousin Max j’ai dit que nous écoutions sagement ! »

Léo : « En plus tu sais très bien ce que ça veut dire anoxique. »

Yann : « Ben pas moi. »

Samuel : « Ça veut dire qu’il y a pas de dioxygène dans l’eau. L’oxygénation se fait au contact de l’air. Là, l’eau profonde peut pas s’oxygéner puisqu’elle reste toujours en profondeur. »

Yann : « D’accord. Et c’est grave si l’eau est anoxique ? »

Max : « Il y a pas des êtres vivants si l’eau est anoxique. Ils pourraient par respirer. »

Léo : « Et la matière organique peut pas bien se décomposer. »

Le chevalier : « Vous avez raison tous les deux. Quoi que… »

Max : « ‘Quoi que’ quoi encore ? »

Le chevalier : « Les eaux profondes sont très riches en Archées méthanogènes. Ce sont des êtres vivants. »

Yann : « C’est un peu compliqué là les arquées mets ta géhenne… »

Léo : « Les Archées sont des bactéries. Enfin pas vraiment sinon on dirait pas que ce sont des Archées 🙂 C’est un peu pareil quand même sauf qu’elles respirent pas avec du dioxygène. Et puis méthanogène ça veut dire qu’elles produisent du méthane. »

Samuel : « Méthane : CH4 C’est un gaz. »

Le chevalier : « Oui, c’est un gaz. Et il y en a d’autres en profondeur. »

Max : « Lesquels ? »

Le chevalier : « Du dioxyde de carbone, du diazote, de l’hydrogène sulfuré… »

Yann : « Et il y en a pas au-dessus ? »

Le chevalier : « Non. Il reste en profondeur. »

Samuel : « C’est quand même étrange… Regardez le lac… »

Le lac Pavin

Samuel : « Tout ce qu’on voit c’est un grand lac dans un trou tout rond aux parois verticales. Et là on découvre qu’il est très profond et qu’il y a deux couches d’eau qui communiquent pas. »

Léo : « Je suppose que c’est ça un lac méromictique. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 Je continue ? »

Max : « Il y a autre chose à savoir ? »

Le chevalier : « Oui, les lacs méromictiques peuvent connaître des éruptions limniques. »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Mon bonome… »

Le chevalier : « Mon Maxou 🙂 »

Max : « Je crois que je vais me ploufer dans ce lac mes gros mythiques qui a des éruptions je sais pas quoi. J’en peux plus de toi et de tes mots compliqués que personne connaît à part toi. Adieu les cousins. Je vous aimais bien. »

Léo : « Reste là machin à casquette ! »

Max : « Machin à casquette ? C’est de moi dont tu parles ? »

Samuel : « Tu es un machin. Tu as une casquette… »

Max : « JE SUIS PAS UN MACHIN ! »

Léo : « Mais tu restes là et tu ploufes pas ! Je crois que je sais ce que c’est l’éruption limnique. »

Max : « Ah oui ? »

Léo : « C’est qu’une hypothèse… »

Yann : « Léo il a toujours des hypothèses 🙂 »

Samuel : « Dis nous cousin Léo ! »

Léo : « Au fond du lac il y a des gaz. Normalement, ils restent au fond. Mais imaginons qu’un jour, ils décident de remonter. Ça ferait comme une grosse bulle qui remonterait très vite et en explosant à la surface ça ferait comme une éruption. »

Max : « Hypothèse intéressante. Mais pourquoi ils décideraient de remonter d’un coup les gaz ? »

Léo : « Rupture d’équilibre ! Réfléchissons… »

Samuel : « Vous pensez qu’une avalanche ça pourrait suffire ? »

Yann : « Une avalanche ? »

Samuel : « Oui. Mais pas de neige. Autour du lac il y a des talus avec des roches. Selon moi, il doit arriver qu’il y ait des effondrements et des chutes de roches dans l’eau. Vous pensez que ça pourrait suffire pour faire remonter les gaz ? »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Si la quantité de roches est suffisante et qu’elle intervient au bon moment, oui 🙂 »

Léo : « Vous voyez ! Déjà une cause possible ! »

Max : « Bonomou, tu as dit qu’il y a des sources qui arrivent au fond du lac il me semble. »

Le chevalier : « Je l’ai dit ! »

Max : « Parfois il y a plus d’eau qui arrive. Ça fait plus de dioxyde de carbone dissous. Mais il me semble qu’au bout d’un moment, l’eau est saturée et que les gaz dissous peuvent plus être dissous. Il me semble même que quand ça commence à faire des bulles ça s’emballe un peu. Comme quand on ouvre une bouteille de soda. »

Léo : « Il a bon ? »

Le chevalier : « Oui, il a bon. »

Yann : « Et on sait quand ça va arriver ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Ça veut dire que si on fait tomber un caillou dans l’eau ça peut déstabiliser les eaux profondes et faire l’éruption limnique ? »

Le chevalier : « Ça pourrait… »

Samuel : « Ça ferait comme un tsunami. »

Yann : « Un tsunami ? »

Samuel : « Ben oui ! Si les gaz remontent brutalement, ils repoussent l’eau. L’eau déborde et ça fait une grosse vague autour du volcan. Comme un tsunami. »

Max : « Pfff ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il y a encore Maxou ? »

Max : « On est là, au bord d’un lac, tranquillement, alors qu’il peut faire l’éruption limnique n’importe quand et faire le tsunami ! En plus il est tellement récent le volcan que peut-être il va refaire l’éruption phréato-magmatique et qu’on va être pulvérisés et que les géologues du futur vont retrouver des morceaux de notre peluche dans le Léman. On va peut-être être tout mort ! »

Le chevalier : « On peut mourir d’hypoxie aussi 🙂 »

Max : « Quoi ça ? »

Samuel : « Je sais ! Je sais ! Si une grosse bulle de dioxyde de carbone explose à la surface, elle peut nous tuer. On le verra pas ce gaz mais comme il est plus dense que l’air, il formerait une nappe au raz du sol. On pourrait plus respirer et on serait tout mort ! »

Max : « C’est possible ça ? »

Le chevalier : « Cela s’est produit au lac Nyos, au Cameroun, en 1986. Personne n’a assisté à l’éruption limnique mais des centaines d’animaux et d’humains on été retrouvés morts autour du lac. Une bulle de dioxyde de carbone a explosé et le dioxyde de carbone s’est répandu autour du lac en profitant des vallées. C’est un très beau lac le lac Nyos. »

Max : « Tu connais ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 Je vais chercher. Je dois avoir quelques photos. »

Max : « Il connaît le lac Nyos du Cameroun… »

Léo : « Il est surprenant ce bonome 🙂 »

Yann : « Ce lac aussi est surprenant. Je pensais pas que c’était un potentiel ‘mass-killer’. »

Max : « Princesse est au courant ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Max. »

Max : « Je vais lui envoyer un rapport. Il faut mettre des panneaux pour dire aux touristes qu’ils risquent l’éruption limnique, le tsunami ou l’hypoxie. Ils savent rien du tout les touristes. Ils se promènent, comme ça, les mains dans les poches en disant ‘oh ! C’est vraiment un beau lac !’ et si ils meurent ils porteront plainte parce qu’ils étaient pas au courant. »

Léo : « Ça m’étonnerait 🙂 »

Max : « Ah oui ? Et pourquoi s’il te plaît ? »

Léo : « Parce que si on est mort on peut pas porter plainte tête de piaf 🙂 »

Samuel : « Et vlan cousin Max ! Bonome, on sait tout sur ce lac ? »

Le chevalier : « Tout, non. Mais vous connaissez l’essentiel. »

Yann : « J’ai une question moi. »

Le chevalier : « Je t’écoute Yann. »

Yann : « Ça veut dire quoi Pavin ? »

Le chevalier : « Bonne question 🙂 Cela vient du latin Pavens qui signifie épouvantable, effroyable. Cela vient de la couleur de l’eau par temps orageux. »

Max : « Oui ben pas seulement ! C’est pas la couleur de l’eau par temps orageux qui est la plus épouvantable ou effroyable ! »

Léo : « C’est rigolo 🙂 Le nom même de ce lac est un avertissement au danger mais personne le sait 🙂 »

Samuel : « Il y a Rougegorge ! »

Rougegorge

Max : « Bonjour Rougegorge ! Tu vas bien ? Tu veux pas nous servir de guide. On va au sommet du Puy de Montchal nous. »

Le chevalier : « On y va ? »

Max : « Ben oui ! On va pas passer la journée ici ! On se poche et c’est parti. »

Yann : « Rougegorge est parti. »

Max : « Nous aussi 🙂

Vers le Montchal

Max : « Allez ! Grimpe bonome ! »

Le chevalier : « Je grimpe, je grimpe. »

Max : « Tu devrais arrêter l’apéro le soir en rentrant. Le saucisson, le fromage, l’hypocras… Ça te fait du gras là et après tu te traînes en montée. »

Léo : « Max tu exagères ! »

Samuel : « Et toi tu es rempli de chocolat ! »

Yann : « Bonome arrive plus à te porter. C’est pour ça qu’il traînes 🙂 »

Le chevalier : « Je crois que nous sommes arrivées au sommet… »

Le Puy de Montchal

Max : « Ah oui ! Ça c’est une jolie vue panoramique. On voit bien le brouillard… »

La vue

La vue

Le chevalier : « Nous devrions voir le Sancy… »

Léo : « On voit surtout les nuages 🙂 »

La vue

Samuel : « On commence à bien connaître les nuages. On les a bien vus dans les Alpes. »

Max : « Oui oui ! Oulala ! On était en plein dedans. »

Yann : « Tu vas nous raconter le Puy de Montchal ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « Bien sûr qu’on veut ! On est naturalistes nous ! On va pas sur un volcan sans apprendre son histoire. »

Le chevalier : « D’accord. Une petite précision en préambule. Le Puy de Montchal fait partie d’un ensemble de quatre volcans qui sont, dans l’ordre chronologique, Montcineyre, Estivadoux, Montchal et Pavin. »

Carte géologique du groupe Pavin (source : BRGM)

Max : « Comment on connaît l’ordre ? »

Le chevalier : « Téphrochronologie à partir des coupes réalisées dans le secteur au-dessus des dépôts morainiques ou périglaciaires qui garnissent la surface des vieux basaltes du Cézallier. »

Max : « Et ça veut dire quoi ? »

Le chevalier : « Les géologues ont étudié les dépôts de roches volcaniques et surtout leur ordre de succession. Il ont abouti à la chronologie que je vous ai donnée. Les quatre éruptions ont eu lieu en 4 à 500 ans. »

Samuel : « En gros c’est il y a 7000 ans. »

Léo : « Autant dire que c’était hier 🙂 »

Yann : « Et le Montchal ? »

Le chevalier : « C’est un cône strombolien. »

Léo : « Explique le cône strombolien s’il te plaît. »

Le chevalier : « C’est le volcan effusif type. Je vous rappelle que pour les volcans effusifs le magma est fluide. Les gaz s’en séparent et forment des bulles qui remontent facilement entraînant la lave avec elles. »

Max : « Bonome, dois-je te rappeler que je suis maître-assistant à la schola et que je l’enseigne ça. »

Le chevalier : « Pardon Max. »

Yann : « Moi je connais pas. »

Le chevalier : « Alors je continue. Arrivés à la surface, les gaz projettent des fragments de lave de taille variable. Ces fragments de lave se solidifient pendant leur trajet en l’air. En retombant ils forment un cône. »

Max : « Selon la taille et la présence ou l’absence de vacuoles on parle de scories ou de bombes. »

Le chevalier : « La lave peut également s’écouler en grandes coulées fluides. Contrairement à ce que pensent les gens, les coulées ne sortent pas du cratère mais à la base du cône, en créant un tunnel. Le Montchal a donné trois coulées. »

Léo : « Mais il a été perturbé par l’explosion du Pavin le Montchal. »

Le chevalier : « Oui Léo. Une partie du cône a été éjecté lors de l’éruption du Pavin. »

Yann : « Si je comprends bien, quand le magma remonte, il peut faire des pauses et après il sort pas tout à fait au même endroit que lors de l’éruption précédente. »

Léo : « C’est un peu ça. »

Max : « Bonome, on connaît la profondeur du réservoir magmatique ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Il est peu profond. Quelques kilomètres tout au plus. »

Yann : « Ah quand même ! »

Max : « Quand l’éruption s’arrête, la lave qui reste dans la cheminée se solidifie et ça bouche le passage. Après, elle est bien obligée de passer ailleurs. Bon, on sait tout sur le groupe Pavin. On fait quoi maintenant ? »

Léo : « On sait tout ? »

Samuel : « On a pas étudié les roches ? »

Max : « On fera à la fin. Bonome, tu fotoes des roches et on étudie ça plus tard. »

Le lac Pavin
Mésange noire (Periparus ater, Paridés)
Le lac Pavin et le Puy de Montchal

Un peu plus tard…

Max : « Bien bien bien… On est revenus à notre monture. On peut regarder les roches maintenant. Montre celles pour lesquelles petit à fait l’échelle s’il te plaît bonomou. »

Une roche

Samuel donne l’échelle

Léo : « Vous voyez des cristaux verts ? »

Max : « Non. »

Samuel : « Non plus. »

Yann : « C’est quoi les cristaux verts ? »

Léo : « L’olivine. »

Samuel : « (Fe,Mg)2[SiO4] Si c’est que le fer c’est la fayalite. Avec que du magnésium c’est la forstérite. »

Yann : « Merci et bravo petit Sam 🙂 »

Léo : « Si il y a pas d’olivine, on peut exclure le basalte. »

Le chevalier : « Pas toujours. »

Max : « Si si ! Sinon on y arrivera jamais. Et puis c’est trop clair pour un basalte. »

Léo : « Trachyandésite ? »

Le chevalier : « Aïe ! »

Max : « Pourquoi ‘Aïe !’ »

Le chevalier : « Disons qu’il règne une certaine confusion dans la nomenclature des trachyandésites d’Auvergne. »

Max : « Ah… »

Le chevalier : « Voici un petit document que j’ai commis il y a quelques années déjà. »

Léo : « Ah oui, effectivement… »

Max : « Quelqu’un s’y retrouve ? »

Le chevalier : « Je me le demande 🙂 »

Samuel : « Tu as pas un autre document avec les minéraux de ces roches ? »

Le chevalier : « Si mon petitours. Le voici. »

Les minéraux des différentes roches d’Auvergne

Max : « Tu vas l’apprendre par cœur petit Sam ? »

Samuel : « Je vais faire une fiche. Ça pourrait resservir. »

Léo : « Bon, je suppose que nous arriverons pas à identifier ces roches à partir de ces fotos. »

Le chevalier : « Tu supposes bien. »

Max : « On s’arrête à trachyandésite et c’est déjà pas mal. Bon, on fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Vous voulez continuer ? »

Léo : « Ben… »

Yann : « J’ai pas vraiment envie de rentrer moi. »

Samuel : « Je suis sûr qu’il y a quelque chose d’autre à voir dans le coin. »

Max : « Et si on rentre tu vas encore prendre l’apéro et tu vas avoir encore plus de gras là. Je te conseille d’aller marcher pour éliminer, à titre préventif. C’est pour ta santé bonome. »

Le chevalier : « Je m’incline 🙂 Si c’est pour ma santé. »

Max : « Alors on y va ! »

Continuer la promenade

Les Roches Tuilière et Sanadoire

Au col de Guéry (1268m)…

Max : « Brrr… Il fait froid ! On sort pas de ta poche ! »

Léo : « Le petit vent du jour est frisquet. Bonjour Le Vent ! »

Max : « On est pas au mois d’Août là ? »

Samuel : « Si. »

Max : « Et il fait combien ? »

Le chevalier : « 9°C. Avec le petit vent frisquet la température ressentie est encore plus basse. Mais c’est vivifiant 🙂 »

Max (à Yann) : « Yann, je sais pas si tu l’as remarqué mais quand tout le monde a froid bonome dit que c’est vivifiant. Je l’ai jamais vu avoir eu froid ce bonome. Bonome, tu sais ce que ça veut dire ‘froid’ ? »

Le chevalier : « Oui je sais Maxou. »

Léo : « Tu nous as pas donné le programme du jour ! »

Samuel : « On a chevauché sans rien savoir du tout ! »

Le chevalier : « Le programme va bientôt apparaître… Voilà ! »

Les Roches Tuilière et Sanadoire

Max : « Ah oui ! Ça c’est un beau programme 🙂 On va faire l’escalade ? »

Le chevalier : « Je ne préfère pas. »

Léo : « Je suppose que nous allons voir ces deux roches de près. »

Le chevalier : « Ce n’est pas si facile. Elles sont entourées d’arbres mais nous allons y aller. »

Samuel : « Tu fais les présentations s’il te plaît ? »

Le chevalier : « A gauche c’est la Roche Tuilière et à droite la Roche Sanadoire. »

La Roche Tuilière

La Roche Sanadoire

Yann : « C’est tout ? »

Max : « C’est un peu court jeune ! On pouvait dire… Oh mon dieu ! Bien des choses en somme ! »

Léo : « Tu la fais à chaque fois celle-là 🙂 »

Max : « Je l’aime bien 🙂 »

Le chevalier : « Vous voulez certainement que j’affine. »

Max : « Ben oui ! »

Le chevalier : « Commençons par la Roche Tuilière. »

La Roche Tuilière

Le chevalier : « Son altitude est de 1288 mètres et elle se situe sur la commune de Rochefort-Montagne. Vous voyez peut-être d’ici qu’elle est constituée de prismes qui se débitent assez facilement en plaques minces et régulières. Ces plaques, appelées lauzes, servent à couvrir les toits des maisons et des églises du secteur. Les lauzes servant de tuiles, la roche est devenue la Roche Tuilière. »

Yann : « C’est la roche qui sert à faire des tuiles ? »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Léo : « C’est quelle roche ? »

Le chevalier : « Nous en parlerons sur place. Pour le moment je me contenterais de dire que c’est une phonolite. »

Léo : « Tu nous parles de l’autre ? »

La Roche Sanadoire

Le chevalier : « La Roche Sanadoire… Son nom viendrait d’une déformation de son, sonnatoire… Les phonolites ‘sonnent’ quand on frappe dessus. »

Yann : « Comme les Roches Sonnantes de Bretagne ? »

Samuel : « Le filon de dolérite en bordure de l’Arguenon ? »

Yann : « Oui, les Roches Sonnantes ! »

Le chevalier : « Ce ne sont pas les mêmes roches mais les phonolites sonnent aussi 🙂 La Roche Sanadoire est haute de 1286 mètres, deux de moins que la Roche Tuilière, et elle se situe sur la commune d’Orcival. »

Samuel : « La limite entre les deux communes passe dans la vallée alors. »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. Elle doit suivre la rivière qui occupe la Vallée de Fontsalade. Ce ruisseau prend naissance entre le lac de Guéry et ces deux roches. »

Max : « Continue avec la Roche Sanadoire. »

Le chevalier : « Pourquoi penses-tu que j’ai autre chose à ajouter ? »

Max : « Je te connais mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Le sommet de cette roche était autrefois occupé par un château. »

Samuel : « Je vois pas de château moi. »

Le chevalier : « J’ai bien dit autrefois petit Sam. Réputé imprenable, il fut détruit par une suite de tremblements de terre qui eurent lieu entre 1477 et 1490. »

Yann : « Il y a des tremblements de terre ici ? »

Le chevalier : « Un peu partout en Auvergne mais pas très souvent. »

Max : « Tu nous racontes ce château s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas grand-chose à en dire. Je ne sais pas de quand il date. Pendant la Guerre de Cent Ans il servit de repaire pour les mercenaires anglais qui écumaient la région. Ces mercenaires furent délogés par le Duc de Bourbon et le seigneur d’Auvergne après un siège de trois semaines. Le chef de ces routiers a été écartelé en place de Grève en 1386. Je n’ai rien d’autre à ajouter. »

Léo : « C’est le Massif du Sancy ici ? »

Le chevalier : « Non Léo. Il faut que j’explique un peu. Les Monts-Dore sont en réalité constitués de quatre ensembles volcaniques. »

Samuel : « Je suppose que tu les connais. »

Le chevalier : « J’espère ne pas dire d’erreurs… L’histoire débute il y a environ trois millions d’années par une éruption plinienne cataclysmique. Cette éruption a éjecté une quantité phénoménale de ponces, sur près de 100 km² et une épaisseur atteignant parfois 20m. C’est la nappe de Rochefort-Montagne. A la fin de cette éruption le toit de la chambre magmatique s’est effondrée et une caldeira est apparue. C’est la caldeira de la Haute-Dordogne. »

Max : « Elle est grande comment cette caldeira ? »

Le chevalier : « Difficile à dire… Ses contours ne sont pas très bien connus. »

Léo : « Et ensuite ? »

Le chevalier : « Entre de 2,2 et 1,8 millions d’années c’est ce qui va devenir le Massif de l’Aiguillier qui sera actif. C’est ce Massif qui est en face de nous et auquel appartiennent les deux roches, le Puy de l’Ouire… La Banne d’Ordanche située un peu plus à l’ouest date à peu près de cette époque. »

Max : « On va voir la Banne d’Ordanche ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas. »

Samuel : « On peut pas tout voir. Ensuite ? »

Le chevalier : « Le calme revient pendant près d’un million d’années jusqu’à une seconde explosion plinienne qui donnera naissance au Sancy. »

Léo : « Lui on va le voir ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 J’ai bien envie de cavaler sur ce stratovolcan. »

Yann : « C’est quoi un stratovolcan ? »

Le chevalier : « Un volcan polygénique qui a fonctionné pendant une longue période et qui s’est construit par couches successives se recouvrant les unes les autres. Ce type de volcan se distingue des volcans monogéniques comme ceux de la Chaîne des Puys qui, pour la plupart, n’ont connu qu’une seule éruption relativement courte d’environ une à deux semaines. »

Yann : « Merci bonome. »

Samuel : « Il manque un ensemble volcanique. »

Le chevalier : « C’est le Massif Adventif. Il s’est mis en place entre 0,5 et 0,2 millions d’années à 5 km au NNE du Sancy. »

Max : « On a les quatre ensembles 🙂 »

Le chevalier : « Je reprends quand même 🙂 1. Volcanisme acide de la Haute-Dordogne. 2. Massif de l’Aiguillier à trachyandésites et phonolites. 3. Sancy à trachyandésites variées. 4. Massif adventif à cônes de laves, nuées ardentes, tufs et maar. »

Max : « Il y a trop de mots compliqués dans cette phrase. »

Léo : « Ça va être compliqué de tout comprendre… »

Le chevalier : « Effectivement. Je suis toujours admiratif du travail des géologues qui ont réussi à décrypter toutes ces roches pour en tirer l’histoire de la région. »

Samuel : « Dis bonome, on va passer la journée ici à papoter ? »

Le chevalier : « Non mon petitours 🙂 Je voulais profiter du paysage pour vous présenter un peu le secteur. Nous y allons ! »

Max : « Tu démarres d’ici ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Une petite chevauchée va nous emmener au point de départ. »

Après la petite chevauchée…

Léo : « C’était pas très loin. »

Le chevalier : « Mais cela m’évite environ deux heures de marche 🙂 »

Yann : « C’est la Roche Sanadoire ça ? »

Le sommet de la Roche Sanadoire

Le chevalier : « C’est son sommet. »

Léo : « Elle est moins impressionnante vue d’ici. »

Max : « Il reste des traces du château ? »

Le chevalier : « Il me semble que le tremblement de terre à fait chuter le sommet de la roche. Il ne doit rien en rester. Ou alors sous forme de décombres dans les éboulis au pied de la roche. Là, la vue est un peu plus dégagée. »

La Roche Sanadoire

Le chevalier : « En me décalant un peu nous aurons une vue un peu plus large. »

Le Puy Loup

Le chevalier : « Il y a la Roche Sanadoire, la Tuilière et au fond c’est le Puy Loup il me semble. »

Max : « On y va bonome ? J’ai peur que le temps se gâte… »

Le chevalier : « C’est parti ! »

Léo : « Oulala ! Tu vas là ? Tu vas descendre tout ça ? »

La descente

Le chevalier : « Il faut bien descendre dans le vallon 🙂 »

Max : « Et il va surtout falloir remonter à la fin… »

Samuel : « On est dans la forêt et il y a pas beaucoup de lumière… »

Léo : « J’entends pas des zoisos… »

Le chevalier : « Oui, certes… Oserais-je dire que cela m’arrange ? »

Samuel : « Ça te fait moins de travail 🙂 »

Max : « On peut se concentrer sur la géologie si tu veux. »

Yann : « Ça m’arrange aussi. Comme ça j’ai moins de choses à retenir. »

Léo : « On verra bien. »

Champignon

Max : « Euh… Si on se concentre sur la géologie on peut faire l’arthropodologie un peu quand même ? »

Léo : « Qu’est ce que tu as vu Maxou ? »

Max : « Lui. »

Un huit pattes fine

Samuel : « Ça c’est un huit pattes fines 🙂 »

Léo : « Ça décrit assez bien 🙂 »

Max : « Tu connais les huit pattes fines Yann ? »

Yann : « J’en ai déjà vu. Mais je dirais pas que je connais. »

Max : « Alors bonome, au travail ! Explique les huit pattes fines à Yann ! »

Le chevalier : « Je commence par quoi ? »

Max : « Ben… Au début. »

Le chevalier : « Par le domaine ?! »

Léo : « C’est quoi le domaine ? »

Le chevalier : « Biota. »

Max : « Oui ben ça c’est pas très difficile ! Ça veut dire que c’est un être vivant. »

Le chevalier : « Je passerais volontiers sur Animalia, Eumetazoa, Bilateria, Protostomia, Cuticulata, Ecdyozoa et Panarthropoda. »

Max : « Ça je ferais donc la Faune de Max. »

Le chevalier : « Ça fait des années que tu en parles Max. »

Max : « Et j’y travaille ! Non mais oh ! Tu crois que j’ai que ça à faire ? Je suis maître-assistant à la schola ! Dois-je te le rappeler ? Et puis il y a toutes les bestioles que tu as fotoées et que tu as jamais identifiées ! Qui doit le faire ? C’est Max ! Je dois tout faire dans cette cabane ! »

Léo : « Je suis témoin que Max y travaille. »

Samuel : « Moi aussi. »

Max : « Ben forcément que vous êtes témoin ! Vous m‘aidez beaucoup. »

Yann : « Vous arrêtez jamais de travailler ? »

Léo : « Si si 🙂 »

Max : « On revient à la bestiole ? »

Le chevalier : « C’est un opilion. »

Max : « Ben oui… Les huit pattes fines ça s’appelle des opilions. Opiliones même ! »

Le chevalier : « Pas envie de faire la classification… »

Max : « Bon d’accord. Tu as envie de rien. C’est moi qui vais faire. J’y ai déjà travaillé de toute façon. Je dois vraiment tout faire ! »

Léo : « Tu vas sortir ta fiche ? »

Max : « Il faut bien qu’elle serve à quelque chose… »

Fiche descriptive de Mitopius morio

Max : « Voilà. C’est donc Mitopus morio 🙂 »

Léo : « Bonome, tu savais que cette fiche a été validée pour la galerie de insecte.org ? »

Le chevalier : « Tu es inscrit sur insecte.org Max ? »

Max : « Ben oui ! Comment je fais pour être sûr de mes identifications sinon ? Tu connais bien tes petizours toi ! Ça fait plaisir ! Mais qui m’a fichu un bonome pareil ! »

Le chevalier : « Je suis fier de toi Maxou 🙂 »

Max : « Oui ben je voulais la retravailler mais comme elle a été validée comme ça je laisse tomber. Je ferai mieux pour les prochaines. »

Yann : « C’est le petit ruisseau ? »

Ruisseau de Fontsalade
Ruisseau de Fontsalade

Le chevalier : « Oui Yann. Le ruisseau de Fontsalade. Nous ne sommes pas très loin du pied de la Roche Tuilière. »

Yann : « On la voit même pas ! »

Max : « Avec tous ces arbres c’est un peu normal. On voit rien du tout. »

Léo : « Tu vas grimper là ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Il faut le bien 🙂 On commence à l’apercevoir. »

La Roche Tuilière

Samuel : « C’est impressionnant vu d’ici. »

Max : « Il fallait nous dire qu’on irait au pied d’une falaise ! On aurait pris nos casques ! »

Le chevalier : « Vous pourriez penser à les mettre dans mon sac et les y laisser. »

Léo : « C’est une bonne idée ça ! On peut laisser l’une de nos malles dans ton sacado ? »

Le chevalier : « Oui. Cela m’évitera les reproches de Max parce qu’il a encore oublié quelque chose. »

Yann : « Fais attention à toi bonome ! »

Le chevalier : « Merci Yann 🙂 »

La Roche Tuilière
La Roche Tuilière

Max : « On peut sortir de ta poche pour observer la roche ? »

Le chevalier : « J’allais vous le proposer. Dépêchez-vous s’il vous plaît. Je n’aime pas trop rester au pied d’une falaise. »

Léo : « On y va ! »

Max et Samuel sur la phonolite

Yann et Léo sir la phonolite

Max : « Mouai… Tu veux pas nous aider bonome ? C’est quoi cette roche ? »

La phonolite

Léo : « On peut dire qu’elle est très claire et qu’elle ne contient pas de gros cristaux. C’est une roche microlithique aphyrique. »

Max : « Les roches claires sont souvent riches en silice. »

Le chevalier : « Pas ici. Ou pas vraiment. »

Samuel : « Comment ça ? Tu peux expliquer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Nous sommes en présence d’une phonolite c’est à dire d’une roche sous-saturée en silice. Elle contient que des microcristaux notamment de feldspaths et de felspathoïdes. »

Max : « C’est quoi ça un feldspathoïde ? »

Le chevalier : « C’est comme un feldspath mais avec moins de silice. Petit Sam, te souviens-tu de la formule d’un feldspath sodique ? »

Samuel : « L’albite ? NaAlSi3O8. »

Max : « Il a bon ? »

Léo : « Bien sûr qu’il a bon ! »

Yann : « Bravo petit Sam ! »

Le chevalier : « Quand il y a moins de silice dans le magma, il y aura plus de cations par molécule de silice. Ici, c’est de la néphéline qui s’est formée après l’albite. »

Léo : « Dis nous la néphéline ! »

Le chevalier : « Na3KAl4Si4O16 »

Max : « Je vois ! Dans l’albite il y a 3 atomes de silicium pour deux cations alors que dans la néphéline il y en a 4 pour… 8 cations ! »

Samuel : « Donc, pendant la cristallisation, au début c’est l’albite qui se forme et quand la silice vient à manquer c’est la néphéline. »

Le chevalier : « C’est ça petit Sam. »

Max : « Bon d’accord. On sait la roche. Mais comment on explique cette forme en dôme ? »

Léo : « J’ai une hypothèse. »

Yann : « Léo tu as toujours des hypothèses 🙂 »

Léo : « Ben, j’essaye d’être scientifique et les scientifiques font des hypothèses. »

Max : « Nous t’écoutons Léo. »

Léo : « On dirait comme une cheminée volcanique dans laquelle le magma visqueux se serait arrêté et aurait cristallisé assez rapidement pour qu’il y ait pas de gros cristaux. »

Yann : « Ça se serait formé en profondeur ? »

Léo : « Pas très profond quand même. Juste en dessous du volcan. »

Max : « Alors bonome ? Que penses-tu de l’hypothèse de Léo ? »

Le chevalier : « J’aimerais savoir… Léo, comment t’es venue cette hypothèse ? »

Léo : « Par l’observation bonome ! La forme de la Roche Tuilière, la structure de la phonolite… »

Le chevalier : « C’est tout ? »

Léo : « Non 🙂 L’Îlot du Verdelet 🙂 »

Max : « Les tranche de mite de la tombola du verre de lait ! »

Léo : « Oui. Les trondjhémite du tombolo du Verdelet. On avait hypothésé que c’était un neck il me semble. Ou plutôt les restes d’un neck ayant subi un métamorphisme. »

Le chevalier : « Bravo Léo ! En général on reconstitue le plus ancien à partir du plus récent et toi tu réussis l’inverse ! »

Max : « Ben forcément ! Quand on fait la géologie tu fais tout dans le désordre ! »

Yann : « Bravo cousin Léo ! Mais quelqu’un peut faire un résumé ? »

Max : « Ça c’est le rôle de petit Sam 🙂 »

Samuel : « Je peux pas. Je sais pas d’où vient le magma. »

Léo : « Si j’ai bien compris, il s’agit d’une distension dans l’arrière pays alpin à cause de la subduction puis de la collision. »

Max : « Il y aurait fusion de la lithosphère ce qui expliquerait le caractère du volcanisme. »

Samuel : « D’accord. Alors le magma remonte sous le volcan mais il est tellement visqueux et peu chaud que sa remontée s’arrête et qu’il cristallise dans la cheminée. Plus tard, ce qu’il y a au-dessus est érodé mais la cheminée qui est plus dure que ce qui l’entoure reste en place et forme ce neck. »

Yann : « Merci petit Sam. Et elle date de quand cette cheminée ? »

Le chevalier : « Environ 1,8 millions d’années. On dit que c’est une protusion volcanique. C’est la rétractation de la roche pendant son refroidissement qui est à l’origine de la formation des hexagones verticaux qu’on appelle orgues volcaniques. Voilà ! Vous savez tout de la Roche Tuilière. »

Samuel : « Alors on peut partir de dessous la falaise. J’ai pas envie de me faire crabouiller par un rocher qui tombe ! »

Léo : « Bonne idée petit Sam 🙂 »

Max : « On se poche ! »

La Roche Tuilière – vue partielle

Le chevalier : « C’est reparti ! »

Max : « On va à la Roche Sanadoire ? »

Le chevalier : « Pas tout de suite. J’ai envie de faire un petit détour par La Malvialle puis le Puy du Cro. Je ne sais pas si nous irons jusque là. Je pense descendre vers le hameau avant d’aller vers la Sanadoire. »

Léo : « C’est toi qui cavales bonome. C’est toi qui choisis 🙂 »

Max : « Bonome, tu as pas le droit d’aller là ! C’est écrit ‘Chantier forestier. Chemin interdit’. »

Le chevalier : « Tu entends des machines ? »

Max : « Non. »

Le chevalier : « Veux-tu faire un détour à pattes ? »

Max : « Non. »

Léo : « Alors on passe ! »

Yann : « C’est quoi La Malvialle ? »

Le chevalier : « C’est ça. »

La Malvialle

Samuel : « C’est ce petit hameau ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas si on parle de hameau. Il s’agit d’un monastère orthodoxe. »

Max : « Un monastère orthodoxe perdu au milieu de nulle part ? »

Le chevalier : « Les moines apprécient les déserts. »

Yann : « Les déserts ? Mais c’est pas le désert ici ! »

Léo : « Yann, le désert des moines est pas le désert des géographes. Pour un moine, le désert c’est là où il y a personne et rien d’autre que la nature. »

Yann : « Ah oui. Je comprends. Alors c’est carrément le désert ici 🙂 »

Remarque de Max : Pendant les inspections, on a pas le temps de tout faire et on sait pas toujours ce qu’on va voir alors on est pas préparé et on regarde pas bien. Là, bonome a fait sa pause sandouich sur la petite fontaine qu’il a même pas fotoée et il a repris son chemin. C’est en faisant des recherches pour graver cet article que nous avons découvert que la grange-étable de ce monastère est inscrite sur à l’inventaire des monuments remarquables d’Auvergne. Pour ceux qui connaissent c’est la liste Mérimée. Elle a une charpente remarquable cette grange-étable. Regardez…

Je devrais plutôt dire qu’elle AVAIT une charpente remarquable. Parce que là…

La charpente remarquable est pas très en forme…

Reprenons le compte-rendu avec quelques fotos de zoisos…

Mésange nonnette (Poecile palustris, Paridés)

Rougegorge juvénile (Erithacus rubicula, Muscicapidés)

Pinson des arbres (Fringilla coelebs, Fringillidés)

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapila, Sylviidés)

Max : « La Roche Sanadoire apparaît enfin ! »

La Roche Sanadoire et le Puy de l’Ouire

Yann : « C’est très beau 🙂 »

Léo : « La promenade était très plaisante. »

La Roche Sanadoire et le Puy de l’Ouire

Max : « Zutalor ! Il y a plein d’éboulis sous la roche. On va pas pouvoir s’en approcher. »

Le chevalier : « Peut-être que je pourrais approcher du pierrier. »

Max : « Fais voir la carte ! »

Le chevalier : « Je n’ai pas de carte. »

Max : « QUOI ! TU PARS SANS CARTE ! Et si on se perd ? Tu sais où on va ? »

Le chevalier : « Oui je sais où on va ! Là haut, juste un peu à droite de la Roche Sanadoire. »

Max : « Et s’il y a pas de chemin ? »

Le chevalier : « Azimut brutal. »

Max : « Azimut brutal ? C’est quoi ça azimut brutal ? »

Le chevalier : « Disons que c’est un tout droit en direction du point d’arrivée. »

Max : « Tu vas pas faire ça ? Tout droit dans la forêt sans savoir où tu vas ? Non mais tu vas pas bien dans ta tête toi. Et vous là ! Vous dites rien ? »

Samuel : « Ça doit être rigolo l’azimut brutal 🙂 »

Léo : « Je serais curieux de voir bonome azimuter brutalement 🙂 »

Yann : « C’est un peu l’aventure 🙂 »

Max : « Ils sont fous ! Je suis dans une tribu de fous ! »

Le chevalier : « Je pense que je trouverais un chemin Maxou. »

Yann : « Oh ! C’est qui ce zanimo ? »

Un six pattes à ailes

Léo : « Un hyménoptère ! Maxou, tu peux me rappeler ton moyen mnémotechnique pour se souvenir des deux sous-ordres ? »

Max : « Chez les Hyménoptères il y a les sans filtres et les hypocrites 🙂 »

Léo : « C’est ça ! Les Symphites et les Apocrites ! »

Samuel : « Les Apocrites sont eux-mêmes divisés en Aculéates et Térébrants. »

Yann : « Moi j’aurais juste dit que ce zanimo ressemble à une guêpe. »

Max : « Parce qu’on tu en as pas vus beaucoup. A part ceux de l’Estuaire. »

Samuel : « Là, l’Hyménoptère a pas une taille de guêpe. C’est un Symphite. »

Léo : « Bonome, tu le connais ? »

Le chevalier : « C’est la tenthrède de la scrofulaire. Tenthredo scrofulariae, Tenthrédinidés. »

Léo : « Ça tombe bien, elle est sur une scrofulaire 🙂 »

Max : « Bon, après cette courte pause arthropodologique revenons à nos belles roches. On voit les deux là. »

Les deux Roches
La Roche Tuilière

Samuel : « Tu as grimpé au pied de la paroi verticale tout à l’heure bonome ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Léo : « Je m’étais pas rendu-compte que ça grimpait autant ! Oulala ! »

Yann : « Bravo bonome ! Bravo ! »

Max : « Bonome, tu connais la montagne derrière la Roche Sanadoire ? »

La Roche Sanadoire

Le chevalier : « C’est le Puy de l’Ouire. Il appartient lui aussi au Massif de l’Aiguillier. Je n’en sais pas plus. »

Yann : « On a avancé que quelques centaines de mètres et le paysage a changé 🙂 »

La Roche Sanadoire

Max : « Bonome, tu peux tout zoomer sur la Roche Sanadoire. »

Le chevalier : « Bien sûr Max. Que veux-tu voir en particulier ? »

Max : « Il y a des orgues volcaniques aussi il me semble. »

Le chevalier : « Bien vu 🙂 »

Les orgues phonolitiques
Les orgues phonolitiques
Les orgues phonolitiques

Léo : « Il y en a dans tous les sens ! »

Samuel : « C’est étrange ça. »

Yann : « Mais c’est très beau. »

Samuel : « Tu trouves tout très beau cousin Yann 🙂 »

Max : « C’est à cause de la beauté dans les yeux. Bon, bonome, comment expliques-tu qu’il y a des orgues dans tous les sens ? »

Le chevalier : « La Roche Tuilière est le résultat d’une remontée unique de magma. Pour la Roche Sanadoire il y en a au moins cinq. Peut-être sept. »

Léo : « Dans la même cheminée ? »

Le chevalier : « Presque. Elles sont contiguës. »

Samuel : « Et quand la remontée de lave pouvait plus avancer à cause d’une plus ancienne elle a obliqué et c’est pour ça qu’il y a des orgues horizontales. »

Yann : « Ça a toujours l’air simple quand petit Sam explique. »

Max : « Apparemment il y a un chemin qui va vers la Roche Sanadoire… »

Léo : « On est au pied de la Tuilière 🙂 »

La Roche Tuilière

La Roche Tuilière

Le chevalier : « Pas tout à fait… On voit bien la structure litée de la roche. »

Les orgues phonolitiques de la Roche Tuilière

Samuel : « Des phonolites à néphéline… »

Léo : « Tu apprends petit Sam ? »

Samuel : « C’est pas tous les jours qu’on voit une protusion de phonolite à néphéline. Ce serait dommage d’oublier ça. »

Max : « Tu oublies jamais rien toi. »

Samuel : « C’est pas vrai, malheureusement… »

Yann : « Petit Sam, je suis pas là depuis longtemps mais je suis d’accord avec les cousins. Tu as une mémoire prodigieuse 🙂 »

La Roche Sanadoire

Max : « Oulala ! Il est énooorme ce pierrier ! »

Léo : « Bonome, promets-moi que tu vas pas l’escalader ! »

Le chevalier : « Promis. Nous irons juste au bord. »

Max : « Juste au bord ? Tu sais que si il fait l’avalanche on sera tout crabouillés quand même. »

Le chevalier : « Il ne fera pas l’avalanche. »

Max : « Ah oui ? Comment tu le sais ? »

Le chevalier : « Bon d’accord. On y va pas et demain je me mets au tricot. C’est pas dangereux le tricot. »

Max : « Maladroit comme tu es tu réussirais à te planter une aiguille dans la main ! »

Yann : « 🙂 Bonome est pas maladroit. Il est un peu brusque parfois. »

Samuel : « Rhooo ! »

Les orgues phonolitiques
Les orgues phonolitiques
Le pierrier

Léo : « C’est vrai que c’est pas tous les jours qu’on voit ça 🙂 »

Yann : « C’est encore la phonolite à néphéline ? »

Le chevalier : « C’est un peu plus compliqué que ça. »

Max : « Ben explique quand même ! On a pas fait tout ce chemin pour pas savoir la phonolite de la Roche Sanadoire. »

Le chevalier : « Asseyez-vous alors. »

Yann : « Sur les rochers ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Yann : « Chouette alors ! »

Max : « On est installés. Tu peux y aller. »

Le chevalier : « La roche sur laquelle vous êtes installés est une roche microlithique porphyrique à phénocristaux de sanidine plongés dans une pâte vitreuse dans laquelle on trouve quelques cristaux millimétrique de titanite jaune d’or, d’olivine, d’analcime et de noséane ou d’haüyne. »

Max : « Comment tu avais dit ? ‘C’est un peu plus compliqué que ça.’ Je crois bien que oui… La roche porphyrique à phénocristaux de Sabine, plongée dans des pattes visqueuses, avec la ‘tite amie de john dort, d’olives, d’Anna slim et de la nausée d’Anne qui couine. Dois-je te faire remarquer que ça veut rien dire ? C’est qui tous ces gens ? »

Le chevalier : « Je vais reprendre. La roche est constituée d’un verre volcanique c’est à dire que ce n’est pas cristallisé. »

Yann : « Il y a pas de cristaux. »

Le chevalier : « Sauf de gros cristaux de sanidine. La sanidine est un feldspath potassique. »

Samuel : « KAlSi3O8 ! »

Le chevalier : « Oui petit Sam 🙂 Ces cristaux se sont probablement formés dans la chambre magmatique, entourés d’une phase gazeuse qui a permis leur croissance et qui les a fait flotter dans le haut de la chambre. »

Samuel : « On a donc une roche porphyrique à phénocristaux de sanidine. D’accord. »

Le chevalier : « On trouve parfois des cristaux de titanite (CaTiSiO5). Ils sont jaune-d’or. »

Léo : « Jusque là ça va. »

Le chevalier : « Il y également de l’olivine. »

Samuel : « (Mg,Fe)SiO4 ! »

Max : « Tu les connais tous ? »

Samuel : « Ceux que bonome nous a déjà présentés. Mais pas forcément tous… »

Le chevalier : « Il y a également de l’analcime NaAlSi2O6.H2O Le problème est que je ne sais pas bien si c’est un minéral primaire, formé lors de la cristallisation du magma, ou un minéral secondaire qui s’est formé par altération de la néphéline. »

Max : « C’est embêtant ça. »

Le chevalier : « En effet… »

Max : « Et la nausée d’Anne ? »

Le chevalier : « La nauséane ? Na8Al6Si6O24(SO4) »

Max : « Ça se complique… »

Le chevalier : « C’est un feldspathoïde. Comme l’haüyne. »

Samuel : « Tu donnes pas la formule de l’haüyne ? »

Le chevalier : « (NaCa)4-8[Al6Si(O,S)24](SO4,Cl)1-2 »

Max (à Samuel) : « Tu vas la retenir celle-là ? »

Samuel : « Mmmmm… Je crois pas. Je vais la noter dans mes fiches mais je vais pas la retenir. »

Léo : « Je remarque quand même la présence de chlore et de soufre… C’est pas tout le temps ça… »

Le chevalier : « En général, ces éléments s’échappent sous forme de gaz qui, combinés à l’eau, donnent des acides : acide chlorhydrique ou sulfurique… »

Léo : « Il y a quelque chose qui me chiffonne… »

Max : « Ça faisait longtemps 🙂 »

Le chevalier : « Je t’écoute Léo. »

Léo : « La coexistence d’olivine et de feldpathoïdes… C’est normal ça ? »

Le chevalier : « Bonne question. L’olivine est le premier minéral qui se forme lors de la cristallisation. Il apparaît quand le magma est riche en fer et magnésium et pas trop riche en silice. Sinon, ça commence par les pyroxènes. Ou plutôt les olivines vont réagir avec la silice résiduelle pour donner des pyroxènes. »

Max : « Ok ! Donc, si j’ai bien compris, il y avait un magma relativement pauvre en silice mais riche en alcalins et en fer et magnésium. »

Léo : « Et de titane ! »

Max : « C’est compliqué ça. Fer, magnésium, titane… Ça vient du manteau. »

Léo : « Ça va avec la pauvreté relative en silice. »

Max : « Mais il y a les alcalins… Il y en a beaucoup des alcalins… »

Samuel : « Je vous rappelle qu’on est probablement dans un contexte de distension crustale en arrière d’une chaîne de montagnes. »

Max : « Et ? »

Samuel : « Ben… La croûte contient des alcalins plus que le manteau… »

Yann : « Pfff ! Je suis perdu moi. »

Léo : « Nous aussi 🙂 »

Le chevalier : « Magmatisme intra-plaque sous une croûte épaisse. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « C’est déjà pas mal 🙂 Après réflexion je suis pas sûr de moi pour l’olivine. Et j’ai oublié les hornblendes brunes. Et pour votre culture, la titanite s’appelle parfois sphène. »

Yann : « Oui ben la roche est peut-être sous-saturée mais moi je sature 🙂 »

Léo : « Moi aussi. »

Max : « Je voudrais juste savoir de quand elle date cette protusion ? »

Le chevalier : « Ces protusions tu veux dire 🙂 2,1 millions d’années. »

Max : « Merci bonome. »

Samuel : « Rougequeue noir vient nous voir ! »

Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Max : « C’est notre zoiso-gardien d’Auvergne ? »

Le chevalier : « Demande lui 🙂 »

Max : « Je parle pas le zoiso moi ! Tu veux pas nous apprendre le zoiso ! Tu veux même pas dire que tu parles le zoiso ! »

Samuel : « Tu as fait peur à rougequeue ! »

Yann : « Dites, ça vous ennuierait d’aller ailleurs. J’ai peu de me faire crabouiller par les rochers. »

Max : « On y va ! »

Bonome a vite trouvé le chemin qui remontait à notre monture. Il a pas eu à faire l’azimut brutal. J’ai du mal à reconnaître que ça m’aurait bien plu de le voir faire ça 🙂 Bon, le chemin était déjà un peu un azimut brutal. Mais c’est pas pareil. En rentrant, bonome a décidé de s’arrêter manger une gaufre au chocolat. C’est son petit plaisir des vacances ça. Manger des gaufres au chocolat. On s’est arrêtés au col de la Croix Morand. Et on a vu des zoisos 🙂

La Banne d’Ordanche depuis le Col de la Croix-Morand
Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Pipit farlouse (Anthus pratensis, Motacillidés)

Pipit farlouse (Anthus pratensis, Motacillidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)
Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Continuer la promenade